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rchéométrie

matériaux et sites

structure nationale

un état des lieux en France

Juillet 2008
Enquête du RTP Archéométrie (matériaux et sites ) - CNRS EDD
P. Guibert, responsable
Institut de Recherche sur les Archéomatériaux
Centre de Recherche en Physique Appliquée à l'Archéologie
UMR 5060 CNRS - Université de Bordeaux
Maison de l'Archéologie
33607 Pessac cedex
(guibert@u-bordeaux3.fr)

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 1 Etat des lieux 2007-2008


Ont participé à la rédaction de ce document :

les membres du bureau :


Philippe Dillmann (IRAMAT),
Christophe Falguères (HNHP),
Bernard Gratuze (IRAMAT),
Pierre Guibert (IRAMAT),
Tiziana Lombardo (LISA),
Vivien Mathé (LIENSs),
Christine Oberlin (A&A),
Martine Regert (LC2RMF),
Ina Reiche (LC2RMF),
Anne Schmitt (A&A)

avec le concours de :
Ayed Ben Amara (IRAMAT)
Floréal Daniel (IRAMAT),
Agnès Genevey (LC2RMF),
Philippe Lanos (IRAMAT),
Véronique Michel (CEPAM)

Coordination : Pierre Guibert

Mise à jour 20 juin 2008

Avertissement :

- Ce rapport résulte du dépouillement de l'enquête effectuée entre juillet et décembre 2007 par le
RTP archéométrie. Seule la composante "sciences physiques" de l'archéométrie a été ciblée lors
de cette enquête.

- Nous faisons référence aux départements scientifiques de l'époque "pré-institut" du CNRS à la


fin de laquelle s'est inscrite l'enquête.

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 2 Etat des lieux 2007-2008


Champs thématiques et compétences des
équipes archéométriques françaises

Axes de recherche
Imagerie
De la source à l'objet Altération, évolution Chronologie Paléoenvironnement
Géophysique des
milieux anthropisés

Pôles de compétences spécifiques

Datation : Matériaux : Prospection géophysique

- Radiocarbone - Céramologie Prospection électrique


- Luminescence - Verre Prospection magnétique
- Archéomagnétisme - Métallurgie Prospection électromagnétique
- Résonance Paramagnétique Electronique - Pigments, supports peints
Prospection radar-sol
et Uranium-Thorium
- Matières organiques, biomatériaux
- Argon-Argon
- Matériaux lithiques
- Géochimie isotopique (études
paléoenvironnementales)

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 3 Etat des lieux 2007-2008


RTP Archéométrie (matériaux et sites) 4 Etat des lieux 2007-2008
Sommaire

Archéométrie : Etat des lieux ………………… 5


• Des relations organiques avec l'archéologie 7
• Un essai de définition de l'archéométrie 7
• Identité structurelle des groupes archéométriques 8

Axes de recherche …………………………………………………………………………………… 17


• De la source à l’objet 17
• Altération, évolution : mécanismes d'altération, risques, conservation 17
• Chronologie 17
• Imagerie géophysique des milieux anthropisés 18
• Paéoenvironnement 18
Des axes de recherche aux pôles de compétence 19

Pôle de compétence datation ………………………………………………………………………… 21


• Pôle datation : Radiocarbone 22
• Pôle datation : Archéomagnétisme 25
• Pôle datation : Thermoluminescence, Luminescence Optiquement Stimulée 28
• Pôle datation : Résonance de spin électronique (ESR) et les séries de l’uranium (U/Th) 30
• Pôle datation : Argon-Argon 32

Pôle de compétence matériaux ……………………………………………………………………… 35


• Pôle matériaux : Céramologie 36
• Pôle matériaux : Verre 38
• Pôle matériaux : Métallurgie 40
• Pôle matériaux : Pigments, supports peints 42
• Pôle matériaux : Histoire, caractérisation, altération et conservation des
matériaux organiques et des matériaux 45
• Pôle matériaux : Matériaux lithiques 49
• Pôle géochimie isotopique, études paléoenvironnementales 52

Pôle de compétence prospection géophysique


…………………………………………………………………… 57

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 5 Etat des lieux 2007-2008


RTP Archéométrie (matériaux et sites) 6 Etat des lieux 2007-2008
Archéométrie (matériaux et sites) : Etat
des lieux des laboratoires

Des relations organiques avec l'archéologie

La force de l’archéométrie française réside dans son association étroite avec les équipes
d’archéologie, d’histoire, de préhistoire et de paléoenvironnement en lien avec l'activité humaine. Elle
réside aussi dans sa structuration en réseau de compétences, lentement bâti depuis la fin des années
1970 à travers des associations informelles, puis formalisées depuis 2007 avec le Réseau
Thématique Pluridisciplinaire Archéométrie. Ce lien indissociable avec l'archéologie au sens large
est un gage de la qualité des recherches effectuées et de la qualité des interprétations.
L’archéométrie est devenue une activité scientifique fondée sur la pluridisciplinarité et ce principe doit
être pris en compte dans la définition d'une structure réunissant ces laboratoires.
Quelle qu'en soit leur organisation, les recherches dans le champ de l’archéométrie devront
assurément être rattachées aux mêmes instituts que l’archéologie et le paléoenvironnement, soit
INSHS et/ou INEE.

Un essai de définition de l'archéométrie

Les archéomètres sont détenteurs d’un savoir-faire spécifique, à l’interface des sciences
physico-chimiques, des sciences de la Terre et des sciences humaines. Ils se définissent comme des
chercheurs interagissant fortement avec le terrain archéologique (échantillonnages raisonnés, études
de sites,...), spécialistes des matériaux, utilisant des méthodes physico-chimiques pour acquérir des
données complémentaires à l’étude archéologique, historique, et interprétant les données d’analyses
de laboratoire en tenant compte de toutes les autres informations disponibles. L'archéomètre doit,
dans ses fonctions, également être apte à faire évoluer les méthodes. Les archéomètres rappellent
donc leur attachement à la pluridisciplinarité qui est l'un des principes fondateurs du CNRS et qui
devra être largement promu avec le redéploiement des départements actuels en instituts.

Les équipes constitutives de l’archéométrie comprennent des personnels du CNRS, de


l'université, et parfois d'autres tutelles comme le Ministère de la Culture et de la Communication. Ce
sont des ingénieurs, des chercheurs et des enseignants-chercheurs. Les parcours professionnels des
personnels identifiés comme spécialistes d'une des disciplines de l'archéométrie sont assez variés.
Historiquement, il y a eu une double approche : dans les années 1970, il s'agissait de physiciens et de
chimistes dont les champs thématiques les ont amenés à développer des applications vers le
patrimoine et l'archéologie, plutôt pour les périodes historiques ; parallèlement, l'école française de
Préhistoire, si nous nous permettons de la nommer ainsi, a formé des biologistes et des géologues
spécialistes des paléoenvironnements. De ces deux communautés, l'une, la première citée, a forgé le
concept d'archéométrie que l'on retrouve depuis la fin des années 1980 dans les mots-clés de
l'actuelle section 32, la seconde a préféré conserver la dénomination multiple de ses spécialités, peut-
être parce que la problématique de la reconnaissance des activités correspondantes ne se posait pas,
et elle se retrouve essentiellement dans la définition des prérogatives de la section 31. Les objets
scientifiques de la préhistoire et de l'histoire sont à l'évidence différents, cependant les méthodologies
mises en oeuvre sont communes et nous regrouperons dans le terme "archéométrie", l'ensemble des
champs disciplinaires ainsi définis.

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 7 Etat des lieux 2007-2008


Identité structurelle des groupes archéométriques

Le tableau 1 présente les équipes qui ont instruit l'enquête archéométrie. Il convient de
signaler que certains groupes n'ont pas estimé utile de répondre à ce recensement, auquel cas ils ne
sont pas comptabilisés ici. Nous avons par ailleurs délibérément centré notre analyse sur les
organismes publics. Nous signalons qu'il existe des petites entreprises privées d'expertise et
d'accompagnement à l'archéologie et aux études patrimoniales qui utilisent des moyens
archéométriques. Enfin, nous devons aussi signaler l'intérêt pour la démarche du RTP émanant de
certains groupes généralement jusqu'à présent hors du champ traditionnel de l'archéométrie, en
particulier des collègues physiciens ou chimistes implantés dans des laboratoires de sciences dites
dures et pour lesquels une reconnaissances des travaux dans le domaine du patrimoine apparaît
comme une motivation forte.

L'examen du tableau 1 fait apparaître que 340 personnes ont été déclarées effectuer des
travaux archéométriques en lien direct avec l'archéologie et les objets du patrimoine. Les déclarations
sont qualitatives. En effet, nous n'avons pas demandé la part du temps de recherche consacrée aux
activités archéométriques de chaque personne, cependant notre connaissance du milieu nous permet
de dire que l'implication en archéométrie est extrêmement variable d'un groupe à l'autre : du temps
complet à l'opération ponctuelle. Nous avons ainsi estimé 3 degrés d'implication des groupes
déclarés : activité largement majoritaire, activité minoritaire mais permanente, activité occasionnelle.

La présentation du tableau 1 répond à 2 clés hiérarchiques de classement :


1. Le degré d'implication archéométrique,
2. L'effectif archéométrique du groupe.
Le fond coloré permet de visualiser les équipes gérées majoritairement par le département
SHS du CNRS (fond jaune), par le Ministère de la Culture exclusivement (fond orange), par des
départements du CNRS autres que SHS ou par d'autres établissements publics de recherche (fond
vert).

Globalement, 340 personnes ont été recensées dans 43 unités. Parmi elles, 140 personnes
(membres du CNRS, de l'université, du Ministère de la Culture, de l'INRAP pour quelques-unes) sont
rattachées à des unités mixtes du département des Sciences Humaines et Sociales du CNRS et ont
toutes une implication à 100% de leur ETPR (Equivalent Temps Plein Recherche). Nous devons
ajouter à ce personnel, celui du LC2RMF (CNRS-Chimie et Min. Culture) qui représente la seconde
unité d'archéométrie en termes d'effectifs (43 personnes).
Le reste de la population, soit un peu moins de la moitié de l'ensemble des archéomètres,
appartient à d'autres groupes du secteur de la Chimie, de la Physique, des Sciences de la Terre et de
l'Univers, des Sciences du Vivant. Ils relèvent d'unités du CNRS, ou d'équipes d'accueil universitaires
ou encore d'équipes du CEA.
Il convient de noter le mode de répartition des équipes archéométriques, 6 UMR regroupant
près de la moitié de l'ensemble des archéomètres : l'IRAMAT (Pessac-Rennes, Orléans, Belfort-
Saclay), le LC2RMF (Louvre, Paris), CReAAH (Rennes), HNHP (IPH Paris), Archéométrie et
Archéologie (Lyon), Archéozoologie (Paris). Notons à l'attention de la direction scientifique SHS que
nous y trouvons 85% du personnel archéométrique géré par ce département. Sur le seul plan des
effectifs, il est difficile d'imaginer d'après nos données que l'archéométrie est aujourd'hui marginale en
SHS. A l'exclusion du LRMH et du CICRP, le reste du personnel est réparti dans de nombreuses
unités et forme des ensembles de petit effectif (une seule personne dans certains cas). On pourra
consulter avec intérêt la courbe cumulative des effectifs (figure 1) et les histogrammes de répartition
des groupes selon les classes d'effectifs (figure 2). On constate que les petits, voire très petits
groupes sont davantage présents en sciences dites dures mise à part l'exception du LC2RMF. Dans
une certaine mesure, et il faut relativiser, la présence d'archéomètres dans ces laboratoires de
physique ou de chimie peut résulter davantage d'une évolution de carrières individuelles de
chercheurs, que d'une politique scientifique collective délibérée. L'existence de petits groupes ou de
personnes isolées dans des équipes SHS peut aussi résulter de la règle de recrutement et
d'affectation des chercheurs qui prévalait et prévaut certainement toujours, de ne pas affecter le
personnel dans le laboratoire où le jeune chercheur a été formé. Les limites de ce système pour les
spécialistes de disciplines rares issues des grosses unités d'archéométrie sont évidemment très vite

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 8 Etat des lieux 2007-2008


atteintes, car on ne monte pas si facilement que cela un environnement technique ad hoc hors des
laboratoires formateurs existants dès lors que des équipements semi-lourds sont en jeu.
On se rend bien compte, en analysant l'appartenance et la composition des différents
groupes, que la seule structuration proprement collective d'archéomètres appartient aux secteurs de
l'archéologie, du patrimoine et du paléoenvironnement. On pourrait ajouter que même un archéomètre
isolé dans une équipe archéologique classique, malgré les difficultés techniques inévitables pour
l'utilisation d'équipements, est certainement plus à son aise que dans une équipe de physique ou de
chimie dont les orientations sont industrielles et non patrimoniales. Ce serait une grave erreur pour
l'archéologie et le paléoenvironnement de reconduire les archéomètres hors des frontières des
sciences archéologiques et paléoenvironnementales, au cours d'un éventuel quoiqu'improbable
recentrage ultra-disciplinaire de la recherche au CNRS.

Comme il vient d'être exprimé, cet éparpillement n'est pas a priori synonyme d'isolement
scientifique, car nos collègues sont tous impliqués par leurs programmes de recherche dans différents
réseaux archéologiques et archéométriques qui leur assurent échanges, confrontation des idées et
dialogues. Cependant le partage quotidien de l'expérience de spécialistes réunis sur un même lieu est
un atout considérable entre autres exemples pour la richesse des discussions scientifiques, pour le
montage de dossiers de financement auprès de l'ANR, où une implication minimale de chaque groupe
est demandée, bien au-delà d'un seul équivalent temps plein. Là où l'éparpillement peut surtout être
pesant et inefficace, c'est au niveau technique et instrumental, pour la maintenance des équipements
en propre par exemple, car de petits groupes ne peuvent bénéficier du concours du personnel
technique de grosses unités dédiées.

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 9 Etat des lieux 2007-2008


cumul effectif
effectif % effectif
indifférencié % effectif % effectif archéom. des
Id nom de l'équipe archéométrie archéomé-
(toutes déclaré cumulé unités gérées
déclaré trique SHS
institutions) par Dpt SHS

Institut de Recherche sur les


UMR 5060 61 61 17.1 17.1 61 37.4
ArchéoMATériaux
Centre de Recherche et de Restauration des
UMR 171 43 104 12.0 29.1
Musées de France

UMR 6566 CREAAH (ex-C2A) 28 132 7.8 37.0 28 17.2

Laboratoire de Recherche des Monuments


MCC - LRMH 26 158 7.3 44.3
Historiques

Cente de Recherche sur la conservation des


UMR 7188 19 177 5.3 49.6 19 11.7
collections SHS/MNHN

Les hominidés au quaternaire : milieux et


UMR 5198 comportements - Histoire naturelle de 13 190 3.6 53.2 13 8.0
l'Homme préhistorique
Archéométrie et Archéologie "Origine,
UMR 5138 10 200 2.8 56.0 10 6.1
datation et technologie des matériaux"
Archéozoologie, Histoire des Sociétés
UMR 5197 9 209 2.5 58.5 9 5.5
humaines et des Peuplements animaux

Group. Intérêt Centre Interrégional de Conservation et


8 217 2.2 60.8
Public Restauration du Patrimoine

Institut des Sciences de l'Evolution -


UMR 5554 5 222 1.4 62.2 5 3.1
Montpellier

UMR 6130 et Centre d'étude Préhistoire, Antiquité, Moyen


6 228 1.7 63.9 6 3.7
UMR 6526 Âge

UMR 6113 Institut des Sciences de la Terre d'Orléans 4 232 1.1 65.0

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 10 Etat des lieux 2007-2008


cumul effectif
effectif % effectif
indifférencié % effectif % effectif archéom. des
Id nom de l'équipe archéométrie archéomé-
(toutes déclaré cumulé unités gérées
déclaré trique SHS
institutions) par Dpt SHS

UMR 6250 Littoral ENvironnement et SociétéS 4 236 1.1 66.1

UMR 7592 Institut Jacques Monod 4 240 1.1 67.2

Laboratoire des Sciences du Climat et de


UMR 1572 3 243 0.8 68.1
l'Environnement

Travaux et Recherches Archéologiques sur


UMR 5608 3 246 0.8 68.9 3 1.8
les Cultures, les Espaces et les Sociétés

Centre de Recherches Archéologiques et


UMR 6577 3 249 0.8 69.7 3 1.8
Historiques Médiévales
Laboratoire Inter-Universitaire des Systèmes
UMR 7583 3 252 0.8 70.6
Atmosphériques
SC
Synchrotron IPANEMA 3 255 0.8 71.4
Soleil
Archéorient "Environnements et sociétés de
UMR 5133 2 257 0.6 72.0 2 1.2
l'Orient ancien"
de la Préhistoire à l'Actuel : Culture,
UMR 5199 2 259 0.6 72.5 2 1.2
Environnement et Anthropisation
Hellénisation et Romanisation dans le Monde
EA 3811 1 260 0.3 72.8
Antique

UMR 5189 Histoire et Source des Mondes Antiques 1 261 0.3 73.1 1 0.6

Économies, sociétés et environnements


UMR 6636 1 262 0.3 73.4 1 0.6
préhistoriques

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 11 Etat des lieux 2007-2008


cumul effectif
effectif % effectif
indifférencié % effectif % effectif archéom. des
Id nom de l'équipe archéométrie archéomé-
(toutes déclaré cumulé unités gérées
déclaré trique SHS
institutions) par Dpt SHS

Structure et fonctionnement des systèmes


UMR 7619 10 272 2.8 76.2
hydriques continentaux

Centre d'Elaboration des Matériaux et


UPR 8011 6 278 1.7 77.9
d'Etudes Structurales

UMR 7072 Laboratoire de Tectonique 16 294 4.5 82.4

Centre de Recherches Pétrographiques et


UPR 2300 7 301 2.0 84.3
Géochimiques
Laboratoire d'Etude des Matériaux en Milieux
EA 3167 6 307 1.7 86.0
Agressifs
Laboratoire de Dynamique, Interactions et
UMR 7075 6 313 1.7 87.7
Réactivité
Institut de Chimie et des Matériaux de Paris-
UMR 7182 6 319 1.7 89.4
Est
Laboratoire des Mécanismes et Transferts en
UMR 5563 5 324 1.4 90.8
Géologie

UMR 6619 Centre de Recherche sur la Matière Divisée 5 329 1.4 92.2

UPR 2940 Institut Néel 5 334 1.4 93.6


Laboratoire de Chimie Bio-Organique et de
EA 932 4 338 1.1 94.7
Systèmes Moléculaires Vectoriels
Centre d'Etudes Nucléaires de Bordeaux-
UMR 5797 4 342 1.1 95.8
Gradignan
UMR_E 3 Laboratoire de Chimie Inorganique et
4 346 1.1 96.9
/CEA Biologique
Laboratoire de Physico-Chimie des Matériaux
UMR 5620 3 349 0.8 97.8
Luminescents

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 12 Etat des lieux 2007-2008


cumul effectif
effectif % effectif
indifférencié % effectif % effectif archéom. des
Id nom de l'équipe archéométrie archéomé-
(toutes déclaré cumulé unités gérées
déclaré trique SHS
institutions) par Dpt SHS

Laboratoire Central des Ponts et Chaussées


LCPC (EPST) 3 352 0.8 98.6
Section de Reconnaissance et Géophysique

EA 2119 :
Laboratoire d'Etude des Phénomènes de
ERL CNRS 2 354 0.6 99.2
Transfert Appliqués au Bâtiment
au 1/1/08
Laboratoire d'Électrochimie et de Chimie
UMR 7575 2 356 0.6 99.7
Analytique

CEA Valrhô Laboratoire d'Etude du Comportement à long


2 358 0.6 100.3
DTCD/SECM Terme des matériaux de conditionnement

Centre Interuniversitaire de Recherche et


UMR 5085 1 359 0.3 100.6
d'Ingenierie des MATériaux
Laboratoire de Chimie et Biologie des Métaux
UMR 5249 1 360 0.3 100.8
en Biologie

Tableau 1 : nature, effectifs des équipes ayant instruit l'enquête archéométrie 2007-2008. Les équipes gérées par SHS représentent un effectif global de 140
personnes tous statuts et toutes tutelles confondus. Notre connaissance du milieu nous permet d'évaluer la part d'implication du personnel déclaré dans des
études archéologiques ou patrimoniales, selon un classement qualitatif : implication très majoritaire (plus de 50% ETPR), implication minoritaire mais récurrente,
implication occasionnelle.

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 13 Etat des lieux 2007-2008


0
50
100
150
200
250
300
350
400

UMR 5060

UMR 171
UMR 6566

occasionnelle)
MCC - LRMH

UMR 7188

UMR 5198

UMR 5138
UMR 5197

RTP Archéométrie (matériaux et sites)


effectif cumulé

Group. Intérêt Public


UMR 5554

UMR 6130 et UMR 6526


UMR 6113
UMR 6250

14
UMR 7592
UMR 1572

UMR 5608
UMR 6577
UMR 7583

SC Synchrotron Soleil
UMR 5133

UMR 5199
EA 3811

UMR 5189
UMR 6636

UMR 7619

UPR 8011

Etat des lieux 2007-2008


UMR 7072

UPR 2300
EA 3167
UMR 7075
UMR 7182
UMR 5563

UMR 6619

UPR 2940
EA 932
UMR 5797
UMR_E 3 /CEA

UMR 5620
LCPC (EPST)
EA 2119 : ERL CNRS au 1/1/08
UMR 7575
CEA Valrhô DTCD/SECM
décroissant (en rouge). La discontinuité observée résulte du classement hiérarchique selon le niveau d'implication du groupe (activité majoritaire, minoritaire,
Figure 1 : Courbe cumulative des effectifs archéométriques des groupes ayant instruit l'enquête 2007-2008 (en bleu) ; effectifs des groupes par ordre

UMR 5085
UMR 5249
18
16
activité
majoritaire
14
12
activité
10
minoritaire ou
8 occasionnelle
6 total
4
2
total
0
plus de
20 11 - 20
6 - 10
3-5
1- 2

Figure 2 : histogramme de répartition des groupes archéométriques en fonction de leurs effectifs. Les
groupes aux effectifs les plus élevés relèvent du département SHS du CNRS et du Ministère de la
Culture, à l'exception du LC2RMF dont la part CNRS relève principalement du département Chimie.
Les grands groupes résultent d'une structuration collective délibérée et donc d'une politique à long
terme de structuration. Il est essentiel que le département SHS ou les instituts qui lui succèderont
prennent la mesure de cette richesse pluridisciplinaire et assurent la pérennité des équipes en les
dotant de moyens suffisants.

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 15 Etat des lieux 2007-2008


RTP Archéométrie (matériaux et sites) 16 Etat des lieux 2007-2008
A xes de recherche

L'examen des thématiques des groupes archéométriques fait apparaître les principaux axes
de recherche explicités ci-après.

ƒ De la source à l’objet
La compréhension des sociétés humaines, toutes périodes et toutes origines confondues ne
peut se faire sans l’apport de l’étude de leurs matériaux (outillage, parure, construction) et des
relations qu’elles entretiennent avec leurs contemporains et avec leur environnement. Pour les
périodes plus récentes l’étude de l’origine des matières premières et de la diffusion des produits des
arts du feu (métaux, verres et céramiques) nous apporte des informations inestimables sur le savoir
de ces sociétés et sur leurs aires de diffusion culturelle et de rayonnement économico-politique.
Les recherches menées à l’intérieur de cet axe s’articulent donc autour d’une thématique
principale qui concerne l’origine – extraction et transformation – des matières premières, les modalités
de travail de la matière pour aboutir à l'objet et la diffusion – échange ou commerce - des produits
finis ou semi-finis. Cette thématique, qui implique le croisement de disciplines et de spécialités, réunit
plusieurs équipes ou unités d'archéométrie autour de l’origine et de la diffusion des matériaux, de
l'archéotechnologie et de leurs implications en terme de développement des sociétés humaines de la
préhistoire à l’époque moderne.
Cette fédération renforcera ce champ thématique par des perspectives de collaboration
nouvelles et par une meilleure cohérence des recherches effectuées. Elle assurera une plus grande
visibilité de cet axe au niveau national : l'étude de l’origine et de la diffusion des archéomatériaux
dans le cadre d’une approche combinant l’histoire des sciences et des techniques avec celle de
l’économie au sens large.

ƒ Altération, évolution : mécanismes d'altération, risques, conservation


Les recherches sur les phénomènes d’altération et l’évolution des matériaux du patrimoine
culturel sont un des axes de recherche importants de l’archéométrie. Elles concernent tous les types
d'archéomatériaux (verres, céramiques, glaçures, métaux, pierres, pigments, matériaux organiques et
biomatériaux).
Il est important d’étudier les mécanismes (bio-, géo-)physico-chimiques d’altération des
matériaux du patrimoine culturel afin d’évaluer au mieux les informations qu’ils renferment dans leur
morphologie, leur structure ainsi que dans leur composition chimique et isotopique. Pour établir des
stratégies de conservation - restauration et pour prédire le comportement des matériaux à longue
terme, il est également indispensable de comprendre les mécanismes d’altération sous-jacents.
D'un point de vue méthodologique, il est nécessaire d’utiliser une approche multi-technique
permettant une analyse structurale, élémentaire et isotopique des matériaux de l’échelle
macroscopique à l'échelle nanométrique. Pour remonter aux mécanismes d’altération, il est
nécessaire de combiner cette approche analytique des matériaux anciens avec l’étude des matériaux
modèles (analogues récents) vieillis artificiellement en laboratoire ou en milieu naturel. Ceci permet
une modélisation de l'évolution des matériaux dans le temps et ainsi une meilleure évaluation de leur
potentiel informatif sur les modes de vie des sociétés humaines du passé.
De ce fait, ces recherches doivent bénéficier d'une structuration transversale permettant des
approches diachroniques et permettant de travailler systématiquement de façon interdisciplinaire,
voire transdisciplinaire, à l'interface de la science des matériaux, de la chimique analytique, de la
chimie environnementale et de l'archéologie.

ƒ Chronologie
(méthodes physiques : Archéo et paléo magnétisme, radiocarbone, luminescence, résonance
paramagnétique électronique, déséquilibre de l'uranium, potassium-argon, …)

Le temps est l'une des variables fondamentales des archéosciences et sa mesure concerne
autant la Préhistoire que les périodes historiques. De même, les reconstructions des
paléoenvironnements dans lesquels l'évolution de l'Homme s'est déroulée depuis près de 3 millions

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 17 Etat des lieux 2007-2008


d'années nécessitent bien évidemment le recours aux méthodes de datation. Il est aujourd'hui difficile
d'envisager l'étude d'un phénomène culturel ou naturel sans le situer dans une trame chronologique
établie par des méthodes de datation physico-chimiques.

Les niveaux de technicité et de complexité des méthodes de datation auxquelles nous faisons
référence ici sont extrêmement variés. Si certaines d'entre elles peuvent être considérées comme des
méthodes de routine (par exemple le radiocarbone) car d'énormes efforts ont été réalisés dans le
passé au niveau international et de très nombreux laboratoires ont participé, d'autres (par exemple la
luminescence) sont des méthodes en élaboration permanente et la recherche méthodologique est
une part importante du travail des chronologues.

Au-delà de ce travail de fond, selon les champs chronologiques et les applications auxquelles
le chercheur consacre ses activités, la constitution de vastes bases de données chronologiques
critiques (intégrant une évaluation de la qualité des mesures et de l'échantillonnage vis-à-vis de
l'événement à dater) est aussi une nécessité. Par ailleurs, des recherches sur l'application des
statistiques bayésiennes aux données chronologiques gagnent aujourd'hui à être développées en
raison des performances accrues des machines de calcul.

ƒ Imagerie géophysique des milieux anthropisés


La compréhension d’un site archéologique n’est accessible sans une vision globale de son extension
et sans connaissance de son environnement. Ces informations s’avèrent indispensables non
seulement avant les fouilles archéologiques afin d’optimiser l’implantation de celles-ci, mais aussi
après afin de replacer leurs observations précises mais localisées dans un contexte plus général. Les
méthodes de reconnaissance archéologique basée sur l’observation visuelle du sol, telles la
prospection aérienne ou la prospection pédestre, apportent des informations permettant d’évaluer
l’extension d’un site. Cependant, seule l’imagerie géophysique est capable de révéler de manière non
destructive la présence de vestiges enfouis sans la moindre trace en surface. Elle apporte également
des informations sur l’évolution du paysage et de l’environnement du site, ainsi que sur la nature, la
morphologie et la profondeur du sous-sol.

Les recherches menées à l’intérieur de cet axe s’articulent autour d’une thématique principale
visant à décrypter l’enregistrement dans les sols de témoignages de l’activité humaine. Cette
thématique implique d’une part de caractériser les contrastes des propriétés physiques des volumes
de sol étudiés et d’autre part de comprendre les processus d’évolution de ces environnements, en
essayant de découpler les forçages naturels des perturbations anthropiques.

Cette fédération renforcera cet axe de recherche en lui donnant une meilleure visibilité au
niveau national. Elle permettra l’émergence de nouvelles collaborations non seulement entre les
équipes impliquées dans cet axe mais aussi avec d’autres équipes d’archéomètres au travers de
projets transversaux.

ƒ Paléoenvironnement
Les études paléoenvironnementales utilisant une approche isotopique permettent d’observer
les variations climatiques (températures, hydrologies, enregistrement d’événements climatiques
particuliers), de déterminer les paléorégimes alimentaires (herbivores, carnivores, omnivores, marins,
terrestres), de sonder les sources d’approvisionnement et la diffusion de la matière première, de
suivre la migration des populations, ou encore d’explorer l’adaptation des populations à des milieux
avec des environnements spécifiques et d’étudier des paléopollutions sur les populations. Elles sont
complémentaires aux recherches paléoenvironnementales classiques et indissociables des pôles de
compétences « datation » et « caractérisation et altération des matériaux ».

Il s’agit notamment de rechercher des marqueurs (généralement au niveau isotopique)


caractéristiques des conditions dans lesquels les matériaux se sont formés ou dans lesquelles les
individus ont évolué. La spectrométrie de masse isotopique est généralement utilisée pour étudier les
13 15 18 87 86
rapports isotopiques du δ C, δ N, δ O, Sr/ Sr et du Pb des matériaux ayant des caractéristiques
d’archives du passé. Ces matériaux enregistrent dans leur composition chimique et isotopique les
conditions environnementales dans lesquelles ils ont été formés ou ont évolué durant la vie. On peut

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 18 Etat des lieux 2007-2008


citer principalement les matières dures animales ou végétales (les ossements, les dents, les
coquillages, le bois) ou les spéléothèmes (concrétions carbonatées des cavités karstiques).

Pour l’exploitation des résultats d’analyse isotopique, il est généralement indispensable de


combiner ces recherches à la datation des matériaux. Il est également important de considérer les
altérations des matériaux possibles lors du temps d’enfouissement dans le sol. Ces recherches
nécessitent donc en général des interactions fortes entre les différentes disciplines et se placent
nécessairement à l’interface de l’archéologie, l’archéologie environnementale et la géologie ainsi que
de la biochimie, la biologie, la géochimie et la chimie analytique.

Des axes de recherche aux pôles de compétence

On ne peut séparer thématiques de recherche et compétences techniques. La diversité des


thématiques et des matériaux étudiés induit naturellement des champs de compétences délimités. La
notion de pôle de compétence que nous employons ici est large. Elle regroupe des savoirs
fondamentaux, des pratiques de la recherche, et des instruments très souvent spécifiques. Cette
notion peut comprendre aussi des activités de routine ou de service, ce qui est le cas par exemple
pour la préparation des matériaux et l'analyse par radiocarbone. Cependant, d'une manière générale,
les laboratoires sont dans l'ensemble organisés en structures de recherche et non de service car le
plus souvent, ce sont les chercheurs qui assurent l'ensemble de la chaîne opératoire analytique, en
amont des interprétations archéologiques.

Les instruments dont les groupes archéométriques sont équipés, sont liés aux compétences
des chercheurs et ingénieurs, et sont donc nécessairement localisés dans des laboratoires répartis
sur le territoire. Le "plateau technique" offert par les groupes archéométriques est donc un ensemble
délocalisé où l'on peut distinguer des points forts bien identifiés, dans le sens où l'équipe est
reconnue pour une activité particulière, conséquence de l'histoire des laboratoires.

Nous avons voulu montrer ici une image détaillée de l'archéométrie française, et non une
"image d'Epinal" aux équations rapides (tel site = telle activité unique), nous voulons délibérément
montrer une image de la richesse thématique et de la richesse de compétences en prenant le risque
de considérer l'archéométrie comme un ensemble dispersé pour un observateur par trop pressé.

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 19 Etat des lieux 2007-2008


RTP Archéométrie (matériaux et sites) 20 Etat des lieux 2007-2008
P ôle de compétence datation
Le temps est l'une des variables fondamentales des archéosciences et sa mesure concerne
autant la Préhistoire que les périodes historiques. De même, les reconstructions des
paléoenvironnements dans lesquels l'évolution de l'Homme s'est déroulée depuis près de 3 millions
d'années nécessitent bien évidemment le recours aux méthodes de datation. Il est aujourd'hui difficile
d'envisager l'étude d'un phénomène culturel ou naturel sans le situer dans une trame chronologique
établie par des méthodes de datation physico-chimiques.

Si certains aspects de la mise en oeuvre des méthodes de datation sont relativement bien
définis et peuvent donc être considérés comme des opérations de routine (radiocarbone,
archéomagnétisme en partie), les équipes de datation ont aussi développé leurs propres champs
d'investigation pour rendre leur "production" (c'est-à-dire les résultats de datation) plus précise et
pertinente et élargir leur champ d'application. Il s'agit là véritablement d'un travail de recherche
méthodologique qui ne peut se réaliser que parce qu'il y a des datations à effectuer. Il est donc
totalement légitime que l'activité chronologique appartienne au domaine des sciences du passé, et
soit intégrée au département SHS, ou dans un futur institut qui inclura les sciences archéologiques
dans ses mots-clés fondamentaux.

Les principales méthodes utilisées en archéologie sont présentes sur le territoire (figure 3) :
radiocarbone (C14), archéomagnétisme (AM), luminescence (TL-OSL), résonance paramagnétique
électronique (ESR), uranium-thorium (U-Th) et argon-argon (Ar-Ar).

Figure 3. Répartition des laboratoires de


datation en France.
z laboratoires émargeant en SHS, ou
qui hébergent un groupe de chercheurs
rattachés aux sections 31 et 32 du
comité national,
z laboratoires d'autres départements
2 scientifiques, détenteurs d'équipements
de datation utilisés dans le cadre de
9 8 1 3 problématiques de recherche "SHS".
10 13
1 LSCE Gif-sur-Yvette (TL-OSL, C14,
U-Th, Ar-Ar),
2 LC2RMF Paris (TL-OSL),
3 HNHP Paris (ESR, U-Th),
4 4 CDRC Lyon (C14),
5 LPC Clermont (TL),
5 6 Géosciences Azur (Ar-Ar),
8 7 CEPAM (Ar-Ar : utilisation d'
équipements à Géosciences Azur),
8 IRAMAT-CRP2A Pessac (TL-OSL,
6 ESR) et Rennes (AM: utilisation
d'équipements à Géosciences
11 12 7 Rennes),
9 Géosciences Rennes (AM),
10 UMR 8148 IDES, Orsay (TL, Ar-Ar)
11 Géosciences Montpellier (Ar-Ar)
UMR 5248
12 CEREGE (U-Th)
13 Institut de Physique du Globe de
Paris (AM)

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 21 Etat des lieux 2007-2008


Pôle datation : Radiocarbone

ƒ Champs thématiques
La datation des matières carbonées par dosage du carbone 14 est la méthode de datation la
plus utilisée en archéologie depuis plus de cinquante ans. Elle a conduit à l’élaboration d’un véritable
calendrier carbone 14 retraçant toutes les étapes de l’histoire de l’homme jusqu’à 50 000 ans environ.
Le carbone 14 fait partie du « paysage » archéologique. En Préhistoire, il n’est pas d’étude
interdisciplinaire sur un site archéologique ou sur une question archéologique importante, comme
l’apparition d’une technique ou l’extension d’une civilisation à une région par exemple, qui ne
comporte un programme de datations par le radiocarbone. La méthode est aussi beaucoup utilisée
pour les périodes historiques jusqu’à la fin du Moyen Age.
L’archéologie ne représente qu’une partie des applications possibles du radiocarbone : cette
méthode peut aussi bien s’appliquer en géologie, en paléobotanique, en hydrogéologie, en
paléoenvironnement …

ƒ Mise en œuvre et compétences requises


Si le principe de la méthode est remarquablement simple et son application générale à toutes
les matières carbonées fossiles théoriquement possible, la sélection des échantillons et la mise en
oeuvre technique sont un peu moins aisées. Une bonne connaissance des problématiques
archéologiques et une longue expérience des critères de sélection des échantillons du point de vue
des compositions chimiques et isotopiques et des susceptibilités à la pollution sont essentielles dans
les études de chronométrie 14C.
La datation par le radiocarbone implique de mesurer très précisément la teneur en
radiocarbone résiduelle dans l’échantillon et, par la mesure d’un standard, de connaître celle qu’il était
supposé avoir à l’origine. Pour déterminer la teneur en carbone 14 résiduel, on peut soit mesurer la
radioactivité résiduelle de l’échantillon avec des compteurs proportionnels ou des détecteurs à
scintillation (datation dite conventionnelle), soit depuis les années 1980, compter le nombre d’atome
14
de C restants (datation par spectrométrie de masse couplé à un accélérateur = datation SMA).

ƒ Equipements de datation
Les laboratoires da datation par le carbone 14 sont tous équipés des bancs de chimie
nécessaires pour assurer le prétraitement et la préparation des échantillons sélectionnés. Les bancs
de combustion des échantillons coûtent entre 40 et 80 k€, selon le type de mesure envisagé, sans
compter les petits équipements indispensables (pompes à vide, lyophilisateur, broyeur,…)
La mesure de la radioactivité résiduelle (datation conventionnelle) nécessite des compteurs
présentant à la fois une très grande stabilité et une basse radioactivité interne ou « bruit de fond »
pour être très sensibles.
Il existe principalement deux types de compteurs :
les compteurs dit « proportionnels à gaz » où l’échantillon carboné est introduit sous forme de
gaz carbonique CO2, principalement. Ils ont l’inconvénient de nécessiter une très grande purification
des gaz de comptage et surtout un très long temps de comptage. Non commercialisés, leur prix est
difficilement estimable.
Les compteurs pour les mesures en phase liquide, dit compteurs à scintillation, du type de ceux
installés au Centre de Datation de Lyon. Ils ont l’avantage d’avoir assez facilement une grande
stabilité et un bas bruit de fond. Ce sont des appareils de coût moyen (60 à 90 k€) et qui sont
largement les plus utilisés dans le monde.

La mesure par spectrométrie de masse couplée à un accélérateur (SMA) : elle nécessite des
appareils beaucoup plus volumineux et plus chers que des compteurs. Leur prix se situe autour de 3
millions d’euros et leur coût de fonctionnement est très élevé.

ƒ Tendances
La datation par le radiocarbone peut être considérée comme une méthode de routine.
Cependant, la variété des matériaux archéologiques, les conditions d'enfouissement et de

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 22 Etat des lieux 2007-2008


conservation nécessitent une adaptation des protocoles de préparation. Par conséquent, les
laboratoires mènent constamment des recherches méthodologiques sur des matériaux dits "difficiles"
comme les mortiers de chaux, les poteries, par exemple. Les ossements font aussi l'objet de
nombreux travaux. On peut envisager à présent de choisir au sein même du collagène les parties les
moins dégradées ou bien encore, dans certains cas d'os fortement dégradés, de ne sélectionner que
la fraction minérale.
D’autres problématiques telles que les datations sur les échantillons issus des milieux
aquatiques ou les ossements d’humains des habitats côtiers ou lacustres sont actuellement
développées. Ils posent en effet le problème de l'effet réservoir de l'eau et ses conséquences sur les
datations.
En ce qui concerne les équipements de mesure du radiocarbone, on assiste à une diminution
de la taille des « accélérateurs » qui, devraient devenir, dans les 10 prochaines années, des
instruments "de paillasse" aussi peu gourmands en fonctionnement qu'un spectromètre de masse
classique. Actuellement, ces "petits" accélérateurs ont une sensibilité insuffisante pour rivaliser avec
les grosses installations pour les échantillons très vieux (plus de 20 000 ans).
Enfin, les outils mathématiques (statistique bayésienne, en particulier) initiés par des équipes
anglaises à des fins de calibration des dates radiocarbones, et actuellement développés en France
(Ph. Lanos, IRAMAT-CRP2A), offrent maintenant la possibilité de combiner dates radiocarbones et
données de terrain pour affiner les chronologies. Les nombreuses dates accumulées sur certaines
périodes et certaines régions pourront faire l'objet, grâce à ces outils, de synthèses raisonnées et
devront être l'occasion de dialogues entre les laboratoires et les archéologues.

ƒ Les équipes françaises en SHS et hors champ SHS


Le Centre de Datation par le Radiocarbone (CDRC) de Lyon (CNRS, UMR 5138) est
spécialisé dans la datation des matières carbonées provenant des sites archéologiques. Le CDRC
travaille en collaboration avec de nombreuses équipes de recherche du CNRS, de l'INRAP, du
ministère de la Culture, du Ministère de l’Education Nationale et du Ministère des Affaires Etrangères.
Cette équipe dispose des bancs de chimie nécessaires pour assurer la préparation des échantillons
sélectionnés dans les sites. Si la quantité est suffisante, la datation se fait à Lyon par comptage de
radioactivité. Si non, la mesure se fait par le système des accélérateurs avec spectrométrie de masse
(S.M.A) à Saclay (ARTEMIS, UMS 2572-LMC14), en Angleterre (Radiocarbon Accelerator Unit
d’Oxford) ou aux Pays-Bas (Centrum voor Isotopen Onderzoek de Groningue). Sur le plan des
effectifs, l’équipe est composée de 1 IR, 1 AI et 2 T CNRS ainsi que de 1 IE et 1 T (sur fonds propres)
Le laboratoire de mesure du carbone 14 (UMS 2572-LMC14, CNRS, CEA, Min. Culture, IRD,
IRSN) dispose d’un spectromètre de masse couplé à un accélérateur : ARTEMIS (Accélérateur pour
la Recherche en sciences de la Terre, Environnement, Muséologie, Implanté à Saclay)
Inauguré en avril 2004, sur le site du CEA de Saclay, par le CNRS, le Commissariat à
l’énergie atomique (CEA), le ministère de la Culture et de la Communication (MCC), l’Institut de
radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et l’Institut de recherche pour le développement (IRD),
l’accélérateur ARTEMIS, entièrement dédié à la mesure du carbone 14, a pour objectif de répondre
aux besoins des laboratoires opérant dans le domaine de l’environnement et du climat, et de la
communauté archéologique et muséographique.
Il existe plusieurs laboratoires de préparation des échantillons destinés à la mesure du
carbone 14 sur ARTEMIS
- le laboratoire de préparation du LMC14 qui prépare les échantillons de l’INSU, du CEA, de
l’IRD et de l’IRSN et est localisé sur le campus du CNRS de Gif-sur-Yvette
- le laboratoire rattaché au LC2RMF (CNRS Chimie, SHS, Min. Culture) qui prépare les
échantillons des musées
- le CDRC (CNRS-SHS, UMR 5138) qui traite les échantillons archéologiques des équipes
CNRS-SHS et du Ministère de la Culture
- le laboratoire rattaché au LSCE (UMR1572, CEA-CNRS-UVSQ)
- le laboratoire rattaché à LOCEAN (UMR 7159, MPPU, EDD) qui traite plus spécifiquement
des échantillons des zones arides

Le LSCE (UMR1572, CEA-CNRS-UVSQ) à Gif-sur-Yvette dispose, en plus, d’un équipement


pour la datation conventionnelle par le radiocarbone. Deux chercheurs du CEA, spécialisés en
datation par le radiocarbone, travaillent l’un, sur la chronologie du Paléolithique et plus
particulièrement sur les Hommes de Neandertal et les premiers Hommes modernes (Europe, Proche-
Orient, Afrique du Sud), ainsi que sur la chronologie de l’Art Pariétal, et l’autre, sur l’archéologie de

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 23 Etat des lieux 2007-2008


l’Amérique du Sud, de l’Amérique du Nord (Paléo-Indiens), du Sénégal, ainsi que sur le Néolithique
du Maroc.
L’équipe LOCEAN (Université P. et M. Curie, Paris) dispose d’un ingénieur (Min. Education
Nationale), spécialiste de la datation par le radiocarbone et d’un équipement pour la datation
conventionnelle, en plus de la préparation SMA. Son activité est centrée sur les zones arides
(essentiellement sur l’Afrique).

Laboratoire Compteurs proportionnels gaz Compteurs Scintillation liquide SMA


CDRC UMR 5138 X
LSCE UMR 1572 X
LOCEAN X
ARTEMIS
X
UMS 2572-LMC14

Tableau 2 : équipements de datation radiocarbone mis en oeuvre dans les laboratoires cités : X en propre, (X)
par collaboration dans d'autres équipes

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 24 Etat des lieux 2007-2008


Pôle datation : Archéomagnétisme

La datation par archéomagnétisme est appliquée aux structures "restées en place" depuis
leur dernière cuisson (fours, foyers). Elle est aussi appliquée aux "objets déplacés" comme les tuiles,
les briques ou encore les céramiques.

Champs thématiques

Applications à l’archéologie
En France, la méthode est sollicitée pour la datation des terres cuites essentiellement de la
protohistoire à nos jours. Les interventions sont effectuées soit dans le cadre de sites fouillés en
archéologie préventive, soit dans le cadre de programmes de recherche de type GDR, PCR, ACR,
ANR, etc. les problématiques archéologiques sont généralement liées à l’étude de centres de
production de terres cuites (ateliers de potiers, ateliers de briquetiers, foyers d’habitat), ou bien à
l’étude du bâti à partir des terres cuites architecturales.
Développements méthodologiques
L’application de la méthode dépend de la connaissance des courbes d’étalonnage des
variables inclinaison, déclinaison et intensité en fonction du temps. Ces courbes doivent être établies
par régions géographiques d’environ 1000 km de diamètre du fait des anomalies régionales du CMT.
En France, ces courbes sont plus ou moins bien documentées selon les périodes au cours des trois
derniers millénaires. Cet étalonnage nécessite un travail de longue haleine basé sur des contacts
étroits et suivis avec les archéologues et les spécialistes des autres méthodes de datation (14C, TL,
dendrochronologie…) pour collecter les données qui serviront de référence. Il s’agit de compléter les
périodes encore trop mal documentées, et aussi d’améliorer la précision pour l’obtention de résultats
de datation encore plus précis, l’objectif étant de descendre à des incertitudes sur les dates de l’ordre
de quelques décennies.
Des développements méthodologiques sont en cours au niveau des processus d’acquisition de
l’aimantation afin de mieux comprendre et corriger les effets de l’anisotropie et des vitesses de
refroidissement. L’analyse de la minéralogie magnétique est aussi un élément essentiel en particulier
pour mieux contrôler la qualité des déterminations des archéo-intensités. Un nouveau magnétomètre
triaxial vibrant a par ailleurs été conçu récemment à l’Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP)
pour permettre la mesure rapide et automatique des archéo-intensités.

Des développements méthodologiques sont réalisés dans le domaine du traitement statistique


des données de mesures pour construire les courbes d’étalonnage et mieux prendre en compte
l’information chronologique issue de l’archéologie (stratigraphie, chrono-typologie) pour le calage
temporel des données de référence.

Mise en oeuvre et compétences requises

La mise en oeuvre de la datation par archéomagnétisme commence sur le terrain. La


connaissance des problématiques archéologiques auxquelles les spécialistes contribuent est un
préalable indispensable. Il en résulte une pertinence dans le choix des échantillons (contrôle du degré
de cuisson, prise en compte du contexte géomorphologique).
Au laboratoire, les mesures en archéomagnétisme suivent des protocoles identiques à ceux utilisés
en paléomagnétisme : l’instrumentation ainsi que les outils statistiques de traitement des mesures
sont communs. D’ailleurs, la plupart des laboratoires d’archéomagnétisme, dans le monde, sont
associés à des laboratoires de paléomagnétisme au sein d’unités de recherche en Sciences de la
Terre, voire en Physique. Les compétences requises sont en physique et géophysique pour ce qui est
des disciplines mères, et les compétences interdisciplinaires sont à l’interface entre la physique et
l’archéologie. Il est souvent essentiel pour un archéomagnéticien de pratiquer la fouille, et pour le
moins de s’investir dans la problématique chronologique des sites, en relation avec les autres
méthodes de datation relative ou absolue.

Equipements de datation par archéomagnétisme


Les laboratoires d’archéomagnétisme de Rennes et de l’IPGP possèdent au moins les équipements
suivants :

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 25 Etat des lieux 2007-2008


− Magnétomètres cryogéniques et magnétomètres de type fluxgate
− Fours pour les désaimantation thermiques et les ré-aimantations sous champ contrôlé
(détermination de l’intensité, étude de l’anisotropie et des effets des vitesses de
refroidissement).
− Systèmes de désaimantation par champs alternatifs
− Systèmes pour la mesure de l'anisotropie de susceptibilité magnétique
− Systèmes pour la détermination des points de Curie
− Systèmes pour l'acquisition d'aimantations rémanentes isothermes
− Matériel de prélèvement archéo et paléo-magnétiques pour le terrain
− Scies et foreuses pour la préparation des échantillons au laboratoire
− Salle chimie pour les indurations des terres cuites fragiles, avant sciage ou carottage des
spécimens de mesure.

Equipements développés en archéomagnétisme à l’IPGP :


− Inductomètre adapté à la mesure de gros échantillons
− Magnétomètre triaxial vibrant pour la mesure des aimantations à toute température
− Système de mesure des paramètres d’hystéresis à toute température

Tendances
La datation par archéomagnétisme est une méthode de routine sous certaines conditions :
lorsque les courbes d’étalonnage du CMT sont connues avec suffisamment de précision, et pour les
matériaux permettant des mesures directement interprétables. Le protocole de mesure dans ce cas
est relativement standard.
Parallèlement à cette activité, les spécialistes sont amenés à poursuivre les recherches au niveau de
l’établissement et de l’amélioration de la précision des courbes d’étalonnage. Les recherches sur
l’intensité du champ ancien ont repris à Rennes et Paris depuis une bonne dizaine d’années à des
fins d’étude du géomagnétisme et aussi pour utiliser cette troisième variable du champ comme
paramètre de datation.
En plus des aspects de datation archéomagnétique (une cinquantaine de datations
archéomagnétiques par an en collaboration et dans le cadre de fouilles INRAP), les équipes du
LC2RMF et de l’IPGP s’intéressent en particulier aux relations possibles entre la variation séculaire
du champ géomagnétique et les fluctuations climatiques pluri-décennales, ces dernières ayant pu
avoir un impact sur l’histoire de certaines civilisations.
Le laboratoire de Rennes développe aussi une approche originale au niveau de la datation des terres
cuites architecturales (tuiles et briques) en combinant étude de l’intensité et de l’inclinaison, selon une
méthodologie, concernant l’inclinaison, dont il est le leader au niveau international.

Les équipes françaises en SHS et hors champ SHS

Depuis 2007, le groupe Archéomagnétisme SHS rennais est rattaché à l’UMR 5060 IRAMAT-
CRP2A (CNRS SHS - Univ. Bordeaux3) avec 1 chercheur (CR CNRS) et 1 Assistant-ingénieur (AI
CNRS). Ce groupe est installé dans l’UMR 6118 Géosciences-Rennes, à Rennes, via une convention
d’accueil signée entre le CNRS et les Universités de Bordeaux 3 et de Rennes 1. Cette collaboration
scientifique implique côté Géosciences-Rennes 1 professeur en géophysique et 1 IATOSS. Ce
groupe met en commun, entre SHS et SDU, un ensemble d’équipements de mesure et de savoir-faire
de même qu’il a une forte interaction avec l’équipe bordelaise du CRP2A (couplage AM - TL pour la
datation des terres cuites). A moyen terme, des collaborations au niveau de la caractérisation
magnétique des matériaux étudiés seront aussi envisageables.
Le LC2RMF (CNRS Chimie, SHS - Min. Culture) dispose d'un personnel CR (CNRS)
spécialisé en archéomagnétisme. Cette chercheuse travaille en collaboration avec deux autres
spécialistes en archéomagnétisme à l’IPGP (1 DR et un IR CNRS, UMR 7154), où se trouve de
nombreux équipements de mesures. Les travaux du LC2RMF portent en partie sur des thématiques
recouvrant celles de l'IRAMAT-CRP2A, avec un effort tout particulier porté sur la construction des
courbes d’étalonnage des variations séculaires du champ magnétique terrestre.

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 26 Etat des lieux 2007-2008


Fours à Susceptibilimètre
Atelier de Magnétomètre Autres désaimantation Champ alternatif
Laboratoires
préparation Cryogénique magnétom. et champ Balance de Curie
contrôlé autres
IRAMAT CRP2A
UMR 5060
et Géosciences- X X X X X
Rennes UMR
6118
LC2RMF UMR
(X) (X) (X) (X) (X)
171

IPGP UMR 7154 X X X X X

Tableau 3 : équipements utilisés dans le cadre de la datation par archéomagnétisme. Ce matériel se trouve dans
des unités de géosciences X en propre, (X) par collaboration dans d'autres équipes

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 27 Etat des lieux 2007-2008


Pôle datation : Thermoluminescence,
Luminescence Optiquement Stimulée

ƒ Champs thématiques
Parmi les champs thématiques de la datation par luminescence, on notera de nombreuses
applications pour la construction de référentiels chronologiques afin de mieux caractériser les cultures
paléolithiques, les implantations humaines, la progression de traits culturels (par exemple le
néolithique), l'histoire des techniques et des matériaux. La tendance hors hexagone, est un
renforcement de l'utilisation de l'OSL à des fins de reconstruction paléoenvironnementale (évolution
des cours d'eau, mise en place de sédiments, etc.) qu'il serait aussi nécessaire de valoriser en France
en soutenant les équipes majeures, car la méthode est parfaitement adaptée aux recherches dans le
cadre général de la thématique interactions Homme-milieux.

ƒ Mise en oeuvre et compétences requises


La mise en oeuvre de la datation par luminescence et par résonance paramagnétique (cf.
infra) commence sur le terrain, et la plupart du temps, les chercheurs spécialistes participent aux
travaux archéologiques. La connaissance des problématiques archéologiques auxquelles ils
contribuent est un préalable indispensable. Il en résulte une pertinence dans le choix des échantillons
qui intègre aussi les spécificités méthodologiques (prise en compte des conditions d'enfouissement,
des possibilités d'altération du milieu et du matériau au cours du temps,...). Des mesures de
radioactivité sur site sont également réalisées. Au laboratoire, une parfaite connaissance des
matériaux et de la manière de les traiter est nécessaire, ainsi que celle de la physique de la
luminescence cristalline. De plus, la mesure de la dose annuelle requiert la maîtrise des méthodes
d'analyse élémentaire d'éléments en traces, ou mieux, de spectrométrie nucléaire (mesures de K, U,
Th et du déséquilibre des séries de l'uranium), et de géochimie, dans la mesure où le degré
d'altération du matériau et de son environnement radioactif compte sensiblement dans l'interprétation
des mesures et la détermination de l'âge. Il est notable à présent que la fiabilité de la méthode
nécessite de regrouper dans un même laboratoire des spécialistes aux compétences
complémentaires.

ƒ Equipements de datation par luminescence


L'équipement nécessaire à la mise en oeuvre de la datation par luminescence est constitué
d'appareils de coût moyen : machines automatisées de TL/OSL comportant des sources radioactives
artificielles (60-150 k€ selon les modèles), équipement de spectrométrie gamma à bas bruit de fond
(80 k€), de spectrométrie alpha (10 k€), de gammamètres de terrain (15-20 k€), d'irradiateurs (20 k€),
mais aussi des ateliers de préparation équipés de hotte d'attaque, et de nombreux petits équipements
de chimie et sédimentologie. Ces laboratoires sont tous en connexion organique avec des ateliers
d'électronique et de mécanique pour optimiser les instruments et développer des outils spécifiques.
Nous ajouterons qu'il est nécessaire de détenir une autorisation d'utiliser des sources radioactives, ce
qui est un élément administratif non négligeable dans le fonctionnement d'un laboratoire.
ƒ Tendances
La datation par luminescence n'est pas exactement une méthode de routine. Les protocoles
varient selon la nature du matériau traité et ils évoluent avec le degré de connaissance de la physique
sous-jacente. Les spécialistes sont amenés à développer, parallèlement aux programmes
archéologiques, des recherches méthodologiques. Les champs d'investigation actuels sont orientés
vers une meilleure compréhension de la physique des défauts ponctuels dans les solides et vers une
modélisation des irradiations à l'échelle du parcours des particules alpha, béta et gamma. Autre
champ en plein développement, l'avènement des méthodes dites de grain unique, où la datation est
effectuée à l'échelle du grain minéral individuel. Une fois mise en place en France, cette méthode
devrait accroître considérablement les possibilités de datation dans tous les domaines de
l'archéologie et des études paléoenvironnementales.

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 28 Etat des lieux 2007-2008


ƒ Les équipes françaises en SHS et hors champ SHS
Depuis l'automne 2007, le laboratoire le plus important sur le plan des effectifs est celui de
l'IRAMAT-CRP2A (UMR 5060 CNRS SHS - Univ. Bordeaux3) avec 4 chercheurs spécialistes (2 CR
CNRS, 1 IR CNRS (HDR), 1 MC Bx3). Cette équipe, qui dispose d'équipements de TL et d'OSL
standard, et de spectromètres gamma performants, se propose aujourd'hui de mettre en oeuvre un
ensemble instrumental intégrant un système d'OSL monograin et d'introduire ainsi en France une
méthode en cours de développement depuis quelques années au Royaume-Uni et au Danemark. L'un
des autres points forts, par rapport au standard international, est de disposer au sein du CRP2A
d'outils de caractérisation des matériaux et des compétences techniques correspondantes, permettant
ainsi une interprétation raisonnée des mesures et leur validation. Les champs thématiques du groupe
de Pessac concernent en 2008 l'archéologie préhistorique et l'archéologie médiévale.
Le LC2RMF (CNRS Chimie, SHS - Min. Culture) dispose d'un personnel IR (Min. Culture)
spécialisé en datation par luminescence et d'équipements de caractérisation des matériaux et
d'analyse élémentaire. Les travaux du LC2RMF portent sur des thématiques voisines de celles de
l'IRAMAT-CRP2A, avec une spécialisation particulière dans l'étude des objets de collections.
Le LSCE à Gif (CNRS EDD - CEA), l'un des laboratoires pionniers de l'introduction de la
thermoluminescence en France au début des années 1970, abrite une chercheuse du CEA
internationalement reconnue depuis les années 1980 pour sa contribution à la chronologie par
thermoluminescence des occupations paléolthiques. Le LSCE dispose des équipements de TL-OSL
nécessaires à cette activité, ainsi que les moyens de caractérisation et d'analyse de radioactivité
correspondants. Un chercheur du CEA émarge aussi dans cette équipe et travaille à IDES Orsay
(UMR 8148) en instrumentation et en volcanologie depuis quelques années.
On citera également l'équipe universitaire (1PR, 1MC), installée au Laboratoire de Physique
Corpusculaire (IN2P3) à Clermont-Ferrand dont l'activité chronologique est centrée sur la
volcanologie et l'environnement. Elle est équipée d'un appareil de TL, de spectromètres gamma et
d'irradiateurs. Elle dispose des moyens techniques de l'IN2P3 pour la simulation par informatique et la
mécanique.

MO, outils de spectromètres spectro.


spectro.
laboratoire caractérisation OSL-TL irradiateurs gamma bas gamma
alpha
des matériaux bruit terrain
IRAMAT
X X X X X X
UMR 5060
LC2RMF
X X X X
UMR 171
LSCE X X X X (X) (X)
LPC IN2P3 (X) X X X X

Tableau 4 : Equipements mis en oeuvre dans le cadre de la datation par luminescence X en propre, (X) par
collaboration dans d'autres équipes

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 29 Etat des lieux 2007-2008


Pôle datation : Résonance de spin électronique (ESR) et
les séries de l’uranium (U/Th)

ƒ Rappel du principe et champs thématiques

ƒ Méthode ESR

Cette méthode présente un potentiel important car elle s’adresse à de nombreux échantillons
dont les carbonates (continentaux et marins), l’émail de dents fossiles de grands herbivores et les
grains de quartz détritiques. Cette polyvalence permet de réaliser de nombreuses études
chronologiques sur des sites en grotte et de plein air sur une période qui s’étend sur tout le
Quaternaire (deux derniers millions d’années). En milieu non volcanique, c’est la seule méthode qui
peut proposer des estimations d’âge pour les périodes très anciennes (Pléistocène inférieur et
moyen). À ce titre, elle s’applique parfaitement à des sujets de recherche importants tels que « Les
premiers peuplements en Eurasie », thème majeur de l’UMR5198 et c’est l’une des raisons pour
laquelle cette unité a fortement contribué au développement de cette méthode. L’autre raison,
initialement, était de développer des méthodes capables de prendre le relais du radiocarbone afin de
pouvoir dater des événements dont l’âge se situait entre 50 000 et 500 000 ans, période marquée en
Europe par de nombreux événements importants tels que "l’arrivée" de la culture acheuléenne (Mode
2), l’utilisation du débitage Levallois et la maîtrise du feu.

ƒ Séries de l’uranium

Les méthodes de datation utilisant les séries de l’uranium sont fondées sur la mesure de la
radioactivité de l’uranium et de ses isotopes. Parmi les nombreux rapports utilisés notamment pour
dater des événements géologiques, les rapports 230Th/234U et 231Pa/235U représentent un potentiel
important pour la datation puisqu’ils permettent de dater de nombreux types de matériels trouvés
dans les sites paléontologiques et préhistoriques. La méthode uranium-thorium (U-Th) a été mise au
point sur les coraux au cours des années cinquante. Depuis, les analyses se sont étendues, avec une
fiabilité et une précision plus ou moins grandes, aux carbonates continentaux (stalagmites, planchers
stalagmitiques, travertins), marins (coquilles de mollusques) et aux ossements et dents fossiles dont
l'âge est compris entre 10 ka et 350 ka environ. Les récentes applications de la spectrométrie de
masse permettent de dater des événements plus anciens. Actuellement les limites de ces méthodes
sont repoussées vers 600 ka.

ƒ Mise en oeuvre et compétences

Concernant l’ESR, ce paragraphe est identique à celui rédigé pour les méthodes de la
luminescence.
Pour les séries de l’uranium, le développement de la spectrométrie de masse a permis de
réaliser des progrès très importants dans le domaine de la précision et de la fiabilité des âges
(étalonnage du 14C pour les périodes récentes). L’utilisation de ces techniques permet également de
progresser dans le domaine de la haute résolution des prélèvements. Enfin, le développement de la
spectrométrie de masse couplée à un plasma par induction utilisant un laser permet des analyses très
fines et représentatives des échantillons analysés sans les détruire.

ƒ Equipements

Pour effectuer une datation ESR, il est nécessaire d’avoir un spectromètre ESR qui, selon les
critères du CNRS, correspond à un équipement mi-lourd (> 130 000 Euros). La dose annuelle est
mesurée soit directement sur le terrain par un spectromètre gamma portable de type NaI
(20 000 Euros) soit en laboratoire par l’utilisation d’un spectromètre gamma au germanium à haute
résolution et à bas bruit de fond (50 000 Euros). Les échantillons sont préparés par voie chimique
nécessitant une installation d’un laboratoire de chimie avec hottes et matériel de chimie (10 000 Euros
par an de fonctionnement). Les échantillons doivent être irradiés par des sources gamma et cette
opération passe par la collaboration de laboratoires habilités. Pour nos échantillons, cette irradiation
se fait en étroite collaboration avec le LNHB de Saclay (CEA) et représente un budget supplémentaire

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 30 Etat des lieux 2007-2008


de 5 000 Euros par an environ. Les grains de quartz détritiques subissent une illumination afin de les
« blanchir » (vidange des pièges) au moyen d’un simulateur solaire (10 000 Euros).

ƒ Tendances

La datation par ESR s’effectue sur plusieurs types d’échantillons. Pour les dents fossiles de
grands herbivores, les données obtenues à partir des séries de l’uranium et celles obtenues par ESR
sont combinées. Un âge « modélisé » est obtenu. Cette combinaison de méthodes permet en principe
d’obtenir des âges sur une période comprise entre 2 Ma et 100 000 ans mais fortement assujettie à la
précision obtenue sur les rapports isotopiques. Le développement de cette méthode passe cependant
par l’utilisation de méthodes sophistiquées, telles que la spectrométrie de masse par ionisation
thermique (TIMS) et la spectrométrie de masse couplée à un plasma par induction (ICPMS). Ces
méthodes permettent d’obtenir des domaines d’erreur très petits nécessaires à la précision des
résultats.

ƒ Les équipes françaises


L’UMR 5198 est actuellement le seul laboratoire en France à faire des datations par ESR sur
quartz, carbonates et dents fossiles. L’UMR 5060 développe des recherches sur la caractérisation et
la datation de carbonates ainsi que celle des quartz notamment dans l’utilisation de cristaux de
synthèse diversement dopés en élements traces, d’identifier aisément les défauts ponctuels
intrinsèques du réseau de la silice comme ceux résultant de la présence d’impuretés chimiques.
La datation par les séries de l’uranium utilisant la spectrométrie de masse (TIMS et ICPMS)
passe par une collaboration avec des laboratoires relevant du département INSU, tels que le
CEREGE et le LSCE. Cette collaboration doit être renforcée car le SHS ne peut pas en tout état de
cause financer l’acquisition de tels instruments qui sont très onéreux.

MO, outils de spectro. plateforme


spectro spectromètres spectro.
laboratoire caractérisation irradiateurs gamma TIMS
RPE amma bas bruit alpha
des matériaux terrain (U-Th)
HNHP
X X (X) (γ) X X X
UMR 5198
IRAMAT
X X X (β) X X X
UMR 5060
LSCE X X X X X
CEREGE X X

Tableau 5 : Equipements mis en oeuvre dans le cadre de la datation par résonance de spin électronique : X en
propre, (X) par collaboration dans d'autres équipes

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 31 Etat des lieux 2007-2008


Pôle datation : Argon-argon

ƒ Champs thématiques
La méthode de datation 39Ar/40Ar peut être appliquée à la datation de sites préhistoriques
lorsque les formations géologiques, en relation, contiennent des roches ou minéraux volcaniques. Elle
vise à dater des sites très anciens à Hominidés et en Eurasie des gisements du Paléolithique moyen
et inférieur, à situer chronologiquement les émergences diverses de populations humaines fossiles.
Elle permet aussi une comparaison des âges avec d’autres méthodes de datation utilisées telles que
la méthode U-Th, la datation ESR , la thermoluminescence.

ƒ Mise en oeuvre et compétences requises

Une bonne connaissance du site préhistorique à dater et de son environnement sont


nécessaires.
Compte tenu de l’âge jeune de certains échantillons et de la période de désintégration du
potassium, les quantités d’isotope fils produites sont très faibles et imposent pour des raisons de
sensibilités analytiques de travailler sur des minéraux riches en potassium tels que des sanidines, des
biotites. Il s’agit de les extraire du sédiment volcanique à dater, par séparation magnétique, par
liqueurs denses et de les analyser au microscope binoculaire avec une analyse à la microsonde
(MEB, Ecole des Mines, Sophia Antipolis) pour vérifier la présence suffisante de K.
Lorsqu’il s’agit d’une roche, la première étape consiste à une observation minutieuse de lame
mince au microscope. La deuxième étape comprend l’extraction des minéraux après broyage, une
séparation magnétique et un tri au microscope binoculaire.
La mise en œuvre et l’application de la méthode de datation Ar-Ar requiert la maîtrise de la
spectrométrie de masse en phase gazeuse.

ƒ Equipements de datation par Ar-Ar


Le laboratoire Géosciences Azur s’est doté de microscopes binoculaires, d’une salle de
broyage, d’une salle de séparation des minéraux (hotte pour liqueurs denses), de séparation
magnétique (séparateurs électromagnétiques Frantz). Il est équipé de deux lignes d’extraction en inox
reliées à deux spectromètres de masse respectifs (600 k€). Les élévations de température des
échantillons se font dans un four à induction couplé à un spectromètre de masse prototype à source
Baur-Signer (année 1985) ou par l’application d’un faisceau laser CO2 couplé à un spectromètre de
masse VG 3600 (année 1993). Un vide de 10-9 à 10-10 Torr est maintenu dans les lignes et
spectromètres par un système complexe de pompes à vide (primaire, turbo-moléculaire et ionique).
La ligne four permet l’analyse d’une population importante de minéraux, la ligne laser est
destinée aux mono-grains ou aux populations de minéraux restreintes.
Il est nécessaire de détenir une autorisation de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) pour
l’utilisation de source radioactive et une habilitation pour l’utilisation d’un faisceau laser CO2.

ƒ Tendances
Les protocoles utilisés lors du chauffage par paliers de température, par fusion totale, la
spectrométrie de masse et les interprétations des données sont en développement continu. La
méthode Ar-Ar utilisée pour des sites préhistoriques anciens (plus vieux que 2Ma) est en cours de
développement pour la datation de sites jusqu’à 10 ka. C’est une méthode de datation fiable qui
recouvre toute l’histoire de l’humanité (plusieurs millions d’années) et dont l’utilisation peut répondre à
des interrogations chronologiques d’événements historiques.

ƒ Les équipes françaises en SHS et hors champ SHS


Une collaboration étroite entre le Cépam (UMR6130, SHS, 1 CR) et l’équipe de
géochronologie, géochimie, pétrologie de Géosciences Azur (UMR6526, SPU, 1 IRD, 4 MC, 1
vacataire, 1 ITA CNRS, 1 IATOS MEN) permet une recherche axée sur la datation de sites
préhistoriques par la méthode Ar-Ar. Les frais de maintenance (5 k€/an) sont nécessaires au bon

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 32 Etat des lieux 2007-2008


fonctionnement du laboratoire et au développement de la méthode Ar-Ar (5 k€/an) à l’archéologie
dans un laboratoire français et le soutien du département SHS est fondamental.

MO, outils de Salle de tri


Méthode Système de Spectrométrie
laboratoire caractérisation et de
Ar-Ar chauffage de masse
des matériaux broyage
Cépam
UMR 6130
Géosciences Azur Laser CO2 X
UMR 6526 X X X
Four haute fréquence X

Tableau 6 : Equipements mis en oeuvre dans le cadre de la datation par argon-argon : X en propre, (X) par
collaboration dans d'autres équipes. Le matériel utilisé par le chercheur du CEPAM est géré par Géosciences
Azur

Le laboratoire de Géochronologie (UMR 8148, SPU) à Orsay, le laboratoire LSCE (UMR1572,


SPU) au CEA à Gif-sur-Yvette, le laboratoire Géosciences (UMR 5243, SPU) à Montpellier proposent
des thématiques de recherche Ar-Ar en géologie et occasionnellement des analyses en archéologie.

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 33 Etat des lieux 2007-2008


RTP Archéométrie (matériaux et sites) 34 Etat des lieux 2007-2008
P ôles de compétence matériaux

Les matériaux conservés en contexte archéologique sont de nature très variée et présentent
des états de transformation ou d'altération plus ou moins importants en fonction de leur degré
d'exploitation par l'homme et des processus naturels qui ont présidé à leur dégradation.
Issus du monde biologique ou minéral, ils peuvent être de nature inorganique (matériaux
lithiques, céramiques, verres, pigments, métaux), organique (produits de la ruche, résines, boissons
fermentées, etc.). Certains sont également composites, tels les ossements contenant un part minérale
et une fraction organique. Ils ont enregistré en leur sein une partie de leur histoire liée à leur formation
mais aussi à leur exploitation par l'homme puis à leur altération après abandon à l'échelle
macroscopique mais également au niveau élémentaire, isotopique et structural. De ce fait, une partie
des recherches menées sur les archéomatériaux relève de l'archéométrie et se situe à l'interface des
sciences physico-chimiques et de l'archéologie.
Au-delà des développements analytiques nécessaires à la connaissance de ces matériaux et
de leur histoire, les grandes problématiques abordées sont sous-tendues par les thématiques
transversales "de la source à l'objet" et "conservation, altération".
Quels que soient les matériaux considérés, les équipes s'intéressent généralement aux
questions de provenance (territoires exploités, réseaux d'approvisionnement et d'échange, routes
commerciales), aux techniques de fabrication, aux modes d'utilisation et d'abandon et aux processus
naturels d'altération (voir aussi RTP Taphonomie).
La structuration des équipes travaillant sur les archéomatériaux n'est cependant que
partiellement déterminée par ces grandes problématiques. Les matériaux et leurs propriétés
conditionnent en effet largement les méthodologies d'étude. Ces dernières, souvent lourdes,
complexes et onéreuses, nécessitent un degré de spécialisation élevé, ce qui explique la structuration
des équipes essentiellement par rapport aux matériaux étudiés et aux techniques d'analyse mises en
œuvre, même si une certaine spécialisation géo-chronologique ou thématique dans le champ de
l'archéologie existe également. En outre, la nécessité de réaliser des référentiels liés aux matériaux
étudiés est également un élément important de ces recherches.

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 35 Etat des lieux 2007-2008


Pôle matériaux : Céramologie

Les céramiques font partie des premiers matériaux de synthèse que l’Homme a su valoriser et
adapter tout au long de son évolution. L’étude pluridisciplinaire de ces matériaux, reflet matériel des
sociétés du passé, est indispensable pour appréhender l’évolution des contextes socio-économiques
et culturels, des échanges, des savoir-faire…

ƒ Les équipes émargeant en SHS


Globalement, les études archéométriques des céramiques anciennes s’intègrent dans les
thématiques de recherche de quatre équipes. Les champs thématiques sont complémentaires. Ils
influencent directement la nature des équipements mis en œuvre.

Dans les Unités Mixtes de Recherche UMR 5138 (Archéométrie et Archéologie, Lyon) et
UMR 6577 (Centre de recherches archéologiques et historiques médiévales, Caen), les études
concernent la confrontation des approches typo-chronologiques et des caractéristiques géochimiques
des pâtes céramiques. Ces recherches permettent de réfléchir sur l’organisation des ateliers de
céramiques, leurs spécificités, leurs spécialisations et leur mode de diffusion. La diffusion est-elle liée
à des facteurs tels que la conjoncture politique et économique, le développement de voies
commerciales, la nature du contenu ou la commercialisation en complément de cargaison d’autres
produits ? Les bases de données très importantes disponibles dans les laboratoires de Lyon
(domaine méditerranéen, de la période gallo-romaine au moyen âge) et Caen (Europe du Nord-
Ouest, de la période gallo-romaine au moyen âge) constituent un outil de comparaison remarquable.
Notons que les travaux menés actuellement à Caen s’inscrivent prioritairement dans une réflexion sur
les voies et les espaces d’échanges en tant que facteurs participant aux dynamiques spatiales, un
thème qui est abordé dans un cadre élargi aux rivages de la Manche.
Les équipements utilisés pour répondre à ces problématiques se composent essentiellement de
fluorescence X en dispersion de longueur d’onde et de diffraction de rayons X (Lyon), et d’ICP-AES
(Caen) en plus des moyens traditionnels d'observation (microscopie optique).

Les questions de provenance sont développées ponctuellement dans les unités UMR 171
(Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France, C2RMF, Paris) et UMR 5060
(composante bordelaise de l’IRAMAT : Centre de Recherche en Physique Appliquée à l’Archéologie,
CRP2A, Bordeaux). Le point fort de leur « activité céramique » concerne les aspects technologiques
afin de relier l’objet fini aux matières premières utilisées et de préciser les différentes étapes des
chaînes opératoires de fabrication. Ces informations sont obtenues essentiellement grâce à l’examen
de la texture de ces matériaux composites et à la caractérisation des compositions élémentaire,
isotopique et/ou minéralogique. Ceci fait appel à plusieurs méthodes d’examen (microscope optique,
MEB, TEM…), à des techniques d’analyse élémentaire (EDX, fluorescence X, PIXE…), et d'analyse
structurale (diffraction de rayons X, spectrométrie Raman…). Une bonne partie des équipements
appartient aux unités citées.
Des études méthodologiques sont menées particulièrement au C2RMF pour développer des
méthodes non destructives et portables, qui s’appuient notamment sur l’accélérateur AGLAE (micro-
PIXE/PIGE, RBS et ERDA).

ƒ Les équipes hors champ SHS


Les études archéométriques des céramiques anciennes sont menées de manière limitée dans
trois autres groupes hors du champ SHS. Il s’agit aussi de travaux de qualité, menés généralement
par un chercheur qui s’intéresse au domaine et qui met en œuvre les moyens disponibles pour
d’autres thématiques.

Au Centre d’Elaboration de Matériaux et d’Etudes Structurales (CEMES, CNRS – UPR 8011),


un chercheur CNRS, avec une doctorante depuis 2007, consacrent leur activité à retrouver les
techniques de fabrication de poteries anciennes, notamment les sigillées, à partir d’une
caractérisation structurale et chimique des couches décoratives à différentes échelles (de quelques
nanomètres à plusieurs microns).

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 36 Etat des lieux 2007-2008


Plus ponctuelle, l’activité céramique ancienne concerne aussi quelques universitaires à l'Institut
Néel (CNRS-UPR 2940, équipe « Structure et Propriétés des Matériaux : Conditions Extrêmes » du
département Matière Condensée, Matériaux et Fonctions) et au Laboratoire de Dynamique,
Interactions et Réactivité (LADIR, UMR 7075).

Figure 4 :
Répartition géographique des équipes
archéométriques effectuant des
FRE 3119 recherches sur les céramiques
UMR 7075 UMR 171 anciennes :

z équipe à forte composante SHS


UMR 5138 Lyon
UMR 5060, Bordeaux
FRE 3119, Caen

z équipes SHS minoritaire et hors


UMR 5138
champ SHS
UMR 171, Paris
UPR 2940
UMR 5060
UMR 7075, Thiais
UPR 2940, Grenoble
UPR 8011, Toulouse.
UPR 8011 en italique : activité occasionnelle ;
en gras : activité récurrente

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 37 Etat des lieux 2007-2008


Pôle matériaux : Verre

Les problématiques liées à l’étude du verre, autre matériau issu des arts du feu, concerne à la
fois les verres archéologiques et les verres de vitraux du moyen âge.

ƒ Volets thématiques

Le premier volet présente de nombreux points communs avec ceux de la céramique. Il


regroupe principalement les études portant sur l’origine et la mise en œuvre des matières premières
utilisées pour fabriquer ces matériaux ainsi que l’étude de la diffusion des productions des différents
ateliers. La compréhension des circuits de distribution de ces objets permet l’identification des
réseaux de distribution à courte, moyenne et longue distance. Les aires géographiques étudiées et
les périodes impliquées sont vastes et étendues. D’un point de vue géographique, les études
couvrent la totalité de l’Ancien Monde (Afrique et Eurasie). Des échanges à longue distance de ce
matériau ont en effet été mis en évidence dès les premiers siècles de notre ère entre le Bassin
Méditerranéen et l’Asie du Sud-Est. Pour les périodes plus récentes, elles s’étendent aussi au
Nouveau Monde et aux îles du Pacifique avec les perles en verre. Chronologiquement les études
débutent avec l’invention du verre au cours du second millénaire avant notre ère et se poursuivent
jusqu’à notre époque.
Les problématiques abordées concernent les modes de productions (ateliers primaires et
secondaires), la nature et l’origine des matières premières utilisées par l’industrie verrière (les sources
de silice –sable ou quartz–, les fondants d’origine minérale ou végétale, les matières colorantes et
opacifiantes, …), les techniques de mises en œuvre de ces matériaux (température de fusion,–
moulage, soufflage…- mode d’introduction des opacifiants) mais aussi la diffusion des produits finis et
semi-finis.

Le deuxième volet est principalement centré sur l’étude des processus d’altération des verres
de vitraux, études indispensables à la mise au point de stratégies de conservation préventive
adéquates. Ces recherches sont principalement menées sur des homologues, expressément conçus
en laboratoire afin de comprendre les cinétiques d’altération en milieu atmosphérique, et sur des
vitraux déposés, afin de caractériser l’altération sur les longues durées d’exposition. Une particularité
de ces travaux est de coupler l’analyse des matériaux d’intérêt avec celle de l’environnement
(atmosphérique) qui est une des causes de son altération.

ƒ Équipements

Les outils indispensables dans le cadre de cette thématique réunissent des méthodes
d’analyse des matériaux et celles qui relèvent de la chimie atmosphérique. Il s’agit de techniques
d’observation et analyses microscopiques (microscope optique et MEB-EDS, Microscope
Interférométrique, Microsonde Electroniques) des techniques spectroscopiques (FTIR, µRaman)
minéralogiques (µXRD) et de chimie analytiques (HPLC, ICP-AES). Certains de ces appareils
(microscope optiques, MEB, Microscope Interférométrique, HPLC, ICP-AES) sont présents dans
l’unité UMR 7583, les autres sont accessibles au travers de collaborations scientifiques avec des
laboratoires CNRS, universitaires ou du ministère de la culture.

ƒ Les équipes françaises en SHS et hors champ SHS

Trois équipes sont plus particulièrement impliquées sur les verres archéologiques : l’IRAMAT
(UMR 5060), Archéologie et Archéométrie (UMR 5138) et le LC2RMF (UMR 171). On note une petite
équipe du LPCML (UMR 5620) de Lyon qui développe occasionnellement des travaux sur le verre
archéologique.
Les recherches portant sur l'altération et la conservation des vitraux sont menées
principalement au LISA (UMR 7583) en étroite collaboration avec un des laboratoires du ministère de
la culture, le LRMH.

Les tendances futures de la recherche dans le domaine du verre concernent d’une part
l’identification plus fine des ateliers primaires et la diffusion de leur production. A ce titre les analyses
isotopiques (Sr, Nd) couplée à celle des éléments traces sont appelées à se développer si l’on en

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 38 Etat des lieux 2007-2008


juge par les nombreuses communication sur ce sujet lors des derniers colloque de l’Association
Internationale de l’Histoire du Verre. Parmi les champs thématiques qui vont se développer on peut
aussi considérer les recherches menées sur les modes et techniques d’élaboration des verres (modes
d’introductions des constituants, température de fusion, atmosphère des four…).

UMR 171
UMR 7583

UMR 5060
Figure 5 :
Répartition géographique des équipes
archéométriques effectuant des
recherches sur le verre

UMR 5620
z équipes à forte composante SHS
UMR 5138 UMR 5060, Bordeaux et Orléans
UMR 5138, Lyon
UMR 5060
z équipe SHS minoritaire ou hors
champ SHS :
UMR 171, Paris
UMR 7583, Paris
UMR 5620, Lyon

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 39 Etat des lieux 2007-2008


Pôle matériaux : Métallurgie

La recherche sur les matériaux métalliques dans les sociétés anciennes s’organise en 4 axes
complémentaires :
ƒ Compréhension des chaînes opératoires et des filières liées à la production des métaux

Ce premier axe s’intéresse tant au matériau métallique quand il peut être retrouvé sur les
sites archéologiques de production (ce qui est peu souvent le cas) qu’aux déchets de cette production
(scories, parois de fours et de foyers). Ainsi, cet axe met en œuvre des techniques de la
métallographie (microscopies optiques et électroniques notamment) et géologiques (lames minces…).
La structure des matériaux doit également être sondée à différentes échelles, ainsi, la diffraction et
micro diffraction des RX sont nécessaires. Enfin, afin de réaliser des bilans matières pouvant donner
des informations cruciales sur les rendements et les capacités de productions des méthodes donnant
accès à la composition en éléments majeurs et parfois mineurs sont nécessaires (XRF, EDS, EPMA,
ICP AES, MS, Activation neutronique). Pour des questions plus spécifiques (métallurgie de l’argent
par exemple) des techniques plus spécifiques de mesures de porosités peuvent être mises en œuvre.
Avec l’application de ces méthodes, certaines étapes cruciales des chaînes opératoires pourront être
mieux comprises et, ainsi, les déchets et sites mieux interprétés (coupellation pour la métallurgie de
l’argent, épuration et affinage pour la sidérurgie etc…).

ƒ Circulation des matériaux, diffusion des procédés

Les thématiques de circulation et de provenance sont couramment traitées pour les métaux
homogènes (or, argent) ou à la fois de techniques permettant d’attendre les teneurs à l’état de trace
sont utilisées (activation, ICP-MS, AES, XRF) mais également pour certains métaux des techniques
isotopiques. Depuis quelques années des travaux similaires ont ouvert de grands espoirs pour les
métaux ferreux. Du fait de leur hétérogénéité, aux techniques précédemment mentionnées doivent
s’ajouter des analyses à l’échelle microscopique que seules certaines techniques permettent (µXRF,
ICPMS-LA, LIBS…). Il conviendra, quel que soit le métal, de réaliser, à partir de l’analyse
macroscopique de minerais et de déchets, une banque de données représentative des régions
étudiées. Ce travail représente à notre sens une des priorités pour la recherche à venir. Dans le
champs particulier des études numismatiques, lorsque des minerais peuvent être caractérisés par des
éléments-traces spécifiques, il est possible d'identifier les objets qui en sont issus et donc d'étudier les
utilisations et les aires de diffusion de ces minerais.

ƒ Emploi et usages, liés à la notion de qualité des métaux

Les caractéristiques mécaniques des matériaux métalliques et partant leur qualité sont liées à
la fois à leur composition et à leur structure. Ainsi, afin d’appréhender ces paramètres, l’ensemble des
techniques précédemment citées doivent être mises en œuvre. A cela, s’ajoutent dans certains cas
des tests spécifiques mécaniques qui doivent être menés dans des laboratoires spécialisés selon des
protocoles définis en commun dans les laboratoires d’archéométrie et de mécanique. D’un autre point
de vue, en numismatique, la détermination de la pureté du métal (purification et altération) est
fondamentale et permet de reconstituer et d'interpréter historiquement les politiques monétaires Des
enquêtes portant sur la reconstitution des modes de fabrication et de contrôle permettent entre autres
de distinguer faux et imitations.

ƒ Altération

Cet axe nécessite de sonder à la fois la structure et la composition à différentes échelles sur
les matériaux (µXRD, µRaman, µXRF…). Des questions liées aux traitements de surface ou aux
polychromies des objets peuvent également être abordées. Mentionnons enfin l’utilité de telles études
pour la prévision du comportement de matériaux sur le long terme (stockage des déchets par
exemple).

En résumé, l’ensemble des approches devant être mises en œuvre de manière systématique
demandent à la fois des techniques des sciences des matériaux et d’analyse chimique de pointe

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 40 Etat des lieux 2007-2008


(traces). Ces techniques sont réunies dans l’ensemble des laboratoires d'archéométrie. Il apparaît
clairement que chacun de ces laboratoires, afin de mailler efficacement l’ensemble du territoire
français se doit de posséder les instruments de base (microscopies optiques et électroniques). Les
instruments plus lourds (ICP-MS, µXRD, µXRF…) pourront, eux, être partagés entre les laboratoires
avec des accès privilégiés pour chacun des membres de la fédération.
.
La figure 6 donne la liste des laboratoires concernés par les thématiques mentionnées :

Figure 6 : Laboratoires impliqués dans


les études des matériaux métalliques
archéologiques

UMR 7182 z dépendant du dpt SHS avec une


UMR 7575 UMR 171 activité récurrente
UMR 6566 UMR 5060 IRAMAT, Belfort-Saclay,
UMR 5060 Saclay Bordeaux, Orléans,
EA Herma, Univ. Poitiers
UMR 5060 Orléans UMR 5608 TRACES, Toulouse
UMR 5060 Belfort UMR 6566 CREAAH , Rennes
z hors champ SHS
EA Herma UMR 171 LC2RMF, Paris

et activité occasionnelle
UMR 5060 Bordeaux
UMR 7182 Institut de Chimie et des
UMR 5085 Matériaux de Paris Est
UMR5563 UMR 7575 Laboratoire d'Electrochimie et
UMR 5608 Chimie Analytique, Jussieu, Paris
UMR 5085 Centre Interuniversitaire de
Recherche et d'Ingéniérie des Matériaux,
Toulouse
UMR 5563 Laboratoire des Mécanismes
et Transferts en Géologie, Toulouse

Le tableau 7 donne les techniques maîtrisées par chacun des laboratoires à forte composante SHS

Laboratoire MO MEB XRF XRD µXRF µXRD µRaman ICPMS-LA ICPAES Activation

UMR 5060 X X X X X X X X X
UMR 171 X X X X X X X
UMR 6566 X X X
UMR 5608 X (X) (X) (X) (X)

Tableau 7 : Matériel dans les principales composantes archéométriques SHS. X : en propre ; (X) : collaboration

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 41 Etat des lieux 2007-2008


Pôle matériaux : Pigments, supports peints
L’étude des pigments et matières colorantes sur les supports peints est orientée suivant trois
axes : la connaissance des matériaux et des techniques, l’étude des altérations, la caractérisation des
conditions de conservation. Cette dernière, du reste, ne peut être dissociée de la connaissance des
méthodes de restauration car il est rare que les peintures n’aient pas fait l’objet, au cours de leur
histoire, d’interventions destinées à leur rendre leur fonction ou leur lisibilité. La diversité des
matériaux et des supports oblige à des approches méthodologiques et à des problématiques
différentes. En ce qui concerne les méthodes d’examen et d’analyse, leur diversité est à l’image de
celle des matériaux.

ƒ Diversité des problématiques

ƒ Connaissance des techniques picturales et matériaux


L’identification des matériaux informe sur l’évolution des techniques picturales, sur
l’enchaînement des étapes d’élaboration et peut, occasionnellement, donner des informations sur la
circulation des matériaux et des ateliers. Par ailleurs, l’identification des matériaux doit être associée
au message véhiculé par la peinture car, lors de la réalisation, ils ont été choisis pour des raisons
liées au contexte historique (économiques, iconographiques ou symboliques). Ces études permettent
de suivre l'évolution et la diffusion des techniques, et de mettre en évidence les différentes influences
culturelles. Elles apportent aussi des données indispensables pour la conservation et la restauration
des objets.
L’approche méthodologique est différente selon qu’on a affaire à des enluminures sur papier
ou sur parchemin (UMR5060 CEB, UMR7075 LADIR), des peintures de chevalet sur bois ou toile
(UMR171), des sculptures polychromes, des enduits peints en place ou déposés (UMR 171,
UMR5060 CRP2A), des grottes ornées (UMR171, UMR5199 PACEA CNP).
De plus, ces matériaux composites que sont les supports peints nécessitent des techniques
d’analyse spécifiques selon la nature inorganique du matériau comme les enduits et mortiers, les
couches de préparation, les pigments, les décors métalliques et dorures (MEB/EDS, µ-DX, µ-
Raman…) ou organique comme les liants, vernis, ou pigments synthétiques (FTIR, GC/MS,
fluorimétrie UV…).
Les méthodes d’examen préalables à l’analyse (dont une des fonctions est d’assurer la
pertinence de l’échantillonnage) sont également fonction du type d’objet (radiographie pour les
peintures de chevalet, imagerie infrarouge ou UV, matériel destiné à examiner la succession des
couches de support/préparation/couches picturales/vernis : matériel d’enrobage, scie à fil,
polisseuses…).

ƒ Altérations
L’étude de l’altération physique ou chimique des matériaux de la peinture est indispensable
lorsqu’on se fixe pour objectif de comprendre les techniques picturales anciennes et déterminer
l’ « authenticité » des divers constituants. La dégradation des pigments (entraînant, entre autres, une
modification de la couleur) ou des vernis, par exemple, peut conduire à des erreurs d’interprétation
iconographique. Par ailleurs, il est indispensable de tenter de distinguer les matériaux originels de
restaurations, repeints, ajouts plus tardifs. De plus, les conditions particulières de conservation des
peintures murales et rupestres conduit à identifier et analyser les relations entre couche picturale et,
d’une part, le support (murs, parois), d’autre part, l’environnement climatique et à analyser les
altérations qui peuvent en découler (cristallisation de sels, développement de micro-organismes…)
par des méthodes spécifiques (chromatographie ionique, mise en culture de prélèvements
biologiques…).
La compréhension des mécanismes de dégradation des pigments, liants et autres matériaux
constituant les peintures nécessitent de les reproduire en laboratoire à l’aide d’équipements
spécifiques (systèmes de vieillissement accéléré, enceintes climatiques, xénotest…).

ƒ Conservation
Les recherches sur la conservation, c'est-à-dire sur les conditions environnementales dans lesquelles
les supports peints ont évolué ou sont conservés, sont liés à l’étude des altérations. Dans un milieu
contrôlé (archives, bibliothèques, musées), les questions sont plus simples que lorsqu’on a affaire,
par exemple, à des enduits peints en place dans une église ou un château, de polychromies sur la
façade d’une cathédrale soumise aux intempéries ou lorsqu’il s’agit de grottes ornées.

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 42 Etat des lieux 2007-2008


En résumé, si les méthodes d’examen s’appliquent souvent à l’ensemble de la peinture,
l’analyse doit tenir compte de la contrainte du micro-échantillonnage et doit faire intervenir des
techniques de microanalyse. Ces techniques sont réunies dans l’ensemble des laboratoires
d'archéométrie. Il apparaît clairement que chacun de ces laboratoires, afin de mailler efficacement
l’ensemble du territoire français se doit de posséder les instruments de base (microscopies optiques
et électroniques). Des plateformes technologiques permettent d’avoir accès à des instruments plus
spécifiques à des matériaux habituellement non traités dans nos laboratoires (3D, fluorimétrie UV, m-
FTIR, enceintes climatiques ou de vieillissement à la lumière,…).

UMR 171
Figure 7
Laboratoires impliqués dans les
UMR 7075
études des pigments et supports
peints
UMR 5060
z SHS majoritaire

z SHS partiel

UMR 5199

UMR 2940

UMR 5060

Il convient, ici, de dire quelques mots à propos des méthodes non destructives et/ou in situ.
Un ensemble d’appareils utilisables in situ est un atout pour l’étude rapide et globale d’un objet qui ne
peut, pour des raisons diverses, subir un prélèvement. Or la définition, en fonction de ce critère, des
méthodes disponibles dépend du type d’objet. Un appareil de µ-Raman de paillasse est considéré
comme une méthode « non invasive » lorsqu’il s’agit de l’employer sur une enluminure mais non si on
se propose d’étudier des peintures murales en place. L’accès à un MEB environnemental (ou à
pression variable) ne nécessitant pas une préparation spécifique de l’échantillon est un atout lorsque
l’ensemble des techniques d’analyse doit s’appliquer à un unique micro-prélèvement. Parmi les
méthodes utilisables, par définition, in situ, se placent celles visant à étudier les conditions
environnementales de conservation (lumière, température, humidité relative, humidité des murs,
thermographie,…), la mesure de la couleur (spectro-colorimètres/radiomètres portables) ou la
présence de matériaux organiques (imagerie sous UV,…).
La figure 7 donne la liste des laboratoires concernés par les thématiques mentionnées.
Notons que, ponctuellement, des laboratoires dont la vocation principale n’est pas l’archéométrie
participent à des études sur les matériaux de la peinture (UMR2940-Institut Néel). La collaboration
1
avec ces laboratoires donnent accès à des instruments lourds comme l’ESRF . Par ailleurs, des
laboratoires dépendant du Ministère de la Culture sont fortement impliqués dans ces problématiques
(LRMH, CICRP).

Le tableau 8 donne les techniques maîtrisées par chacun des laboratoires à forte composante SHS.

1
Installation Européenne de Rayonnement Synchrotron

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 43 Etat des lieux 2007-2008


MO

Radiographie X
Spectrocolorim.

Granulométrie

XRF

Spectro. de flamme

FTIR

TG/ATD

Enceinte climatique
MEB

µRaman
µXRF

XRD

µXRD

UV/VIS

µFTIR

GC/MS
Laboratoire

UMR 5060 X X LV X X X X (x) (x) X X


CRP2A
UMR 5060 X Env. X X X
CEB
UMR 171 X X X X X X X X X X X X
UMR 5199
PACEA CNP X X X X
UMR 7075
LADIR X X X

Tableau 8 : matériel dans les principales composantes archéométrie SHS pour l'étude des pigments et enduits
peints. X : en propre ; (x) : collaboration (notamment dans le cas de l'IRAMAT-CRP2A, accès à la plateforme
infra-rouge du GIS caractérisation des matériaux de Bordeaux 1)

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 44 Etat des lieux 2007-2008


Pôle matériaux : Histoire, caractérisation, altération et
conservation des matériaux organiques
et des biomatériaux

Les substances organiques, au sens chimique du terme, sont des matériaux qui ne se
conservent bien souvent que dans des contextes spécifiques : milieux froids ou chauds et secs ou
milieux très humides (sites lacustres, fluviatiles et marins). Lorsque la matière organique est piégée
au sein d'une matrice minérale, que ce soit dans le biomatériau lui-même (cas des ossements) ou
pour des raisons d'ordre anthropique (matière organique piégée dans la paroi poreuse des récipients
en céramique), la conservation de la matière organique est également optimale.
Les matériaux organiques amorphes, vestiges de l'exploitation de matières grasses animales
ou végétales, des produits laitiers, de boissons fermentées, de produits de la ruche, de résines, de
parfums ou de colorants sont ainsi susceptibles d'être conservés sur des échelles de temps de
plusieurs millénaires, plus exceptionnellement plusieurs dizaines, voire centaines de millénaires.
Les biomatériaux comprenant les ossements humains et animaux, les bois de cervidé, les
ivoires, les coquillages et les cuirs peuvent présenter des états de conservation très variables en
fonction du milieu dans lequel ils ont été préservés, surtout en ce qui concerne leur fraction
organique. La partie minérale, quant à elle, peut survivre plus systématiquement.
L'ensemble de ces matériaux est porteur d'un grand nombre d'informations tant sur leur
histoire naturelle (gisement de matière primaire, diagenèse) qu'anthropique (gestion des matières
naturelles, systèmes techniques et socio-économiques de production, réseaux d'échange, etc.).
D'un point de vue méthodologique, ces informations ne sont bien souvent accessibles qu'au
2
niveau élémentaire , isotopique, structural (au niveau moléculaire ou de la structure cristalline). De ce
fait, les recherches menées sur ces matériaux se situent nécessairement à l'interface de
l'archéologie ou de l'archéologie environnementale et des sciences physico-chimiques.

Les déterminismes qui président aux recherches sur ces matériaux sont de deux ordres, par
ordre de priorité :
1. les matériaux étudiés et leurs propriétés qui déterminent largement les méthodologies
analytiques à mettre en œuvre et donc les compétences requises par les acteurs des
recherches et les équipements des laboratoires ;
2. le contexte géo-chronologique d'étude dont vont dépendre les référentiels à mettre en
place et les interprétations des données dans le champ de l'archéologie.

De ce fait, ce type de recherche ne saurait s'imaginer dans un univers qui cloisonnerait les
approches en fonction des périodes étudiées, le matériau étant le dénominateur commun aux
spécialistes d'un même domaine, même si chacun est également spécialisé en partie par période
chronologique appréhendée et zone géographique ou chrono-culturelle maîtrisée. Ces recherches
doivent donc bénéficier d'une structuration transversale permettant des approches diachroniques
et permettant de travailler systématique de façon interdisciplinaire, voire trandisciplinaire, à
l'interface de l'archéologie, de l'archéologie environnementale et de la chimie analytique et de
la géochimie.

ƒ Champs thématiques
Les champs thématiques pouvant être développés sur les matériaux organiques et les
biomatériaux sont de trois ordres :

• des développements analytiques toujours nécessaires au gré des évolutions


technologiques pour mettre au point des méthodes répondant à la complexité et la spécificité
des archéomatériaux organiques et composites mais aussi pour améliorer certaines
techniques en terme de sensibilité, non destructivité, résolution spatiale, etc. Ces

2
au sens chimique du terme, i.e. au niveau des éléments chimiques (C, N, Ca, etc.) constituant les matériaux.

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 45 Etat des lieux 2007-2008


développements doivent s'inscrire au sein d'approches multi-échelles qui commencent par
des observations de terrain pour aboutir à des analyses parfois nanométriques. Le volet
analytique comprend des approches élémentaires, isotopiques, structurales, mais aussi
d'imageries ;

• l'étude des systèmes techniques et socio-économiques des matériaux organiques et des


biomatériaux exploités afin d'appréhender la gestion des substances naturelles et son
évolution au cours du temps, les réseaux d'approvisionnement et d'échanges voire les routes
commerciales de certains matériaux et enfin les transformations mises en œuvre par les êtres
humains (thermiques, mécaniques, biochimiques avec la fermentation, etc.) et les utilisations
ou usages des matériaux ;

• la compréhension des mécanismes physico-chimiques ou biochimiques d'altération


des matériaux sur le long terme en fonction des contextes dans lesquels les matériaux ont été
découverts avec la prise en compte des nécessités de conservation préventive et de
restauration.

ƒ Mise en oeuvre et compétences requises


En terme de ressources humaines, les compétences requises relèvent de différents champs
disciplinaires qui comprennent la chimie organique et minérale, la géo- et la biochimie ainsi que
l'archéologie et l'archéologie environnementale. Chercheurs et enseignants-chercheurs
nécessairement accompagnés d'un pool non négligeable d'ingénieurs et de techniciens est une
configuration indispensable afin de mener à bien ces recherches qui reposent sur une forte
composante technique.

Au niveau de l'équipement des laboratoires, il est nécessaire de disposer :


• de matériel de prélèvement, de préparation et de stockage adapté des échantillons
• d'outils d'observation, de la loupe binoculaire au MET (Microscope Electronique à
Transmission) en passant par des microscopes optiques et des MEB (Microscopes
Electroniques à Balayage)
• d'appareils d'analyse élémentaire, isotopique, structural et aussi de méthodes séparatives
(chromatographies)
• d'enceintes de vieillissement
• de plates-formes d'expérimentation

Dans l'ensemble, le coût d'équipement et de fonctionnement de ces recherches est


relativement élevé. Néanmoins, il paraît évident que chaque laboratoire ne peut s'équiper de
l'ensemble du panel d'analyses et il est nécessaire de décliner l'accès aux appareillages suivant
différentes modalités :
• au sein de son propre laboratoire s'il est équipé de la technique nécessaire
• en bénéficiant de collaborations formalisées au sein de la Fédération de recherche
Archéométrie telle celle présentée ici mais aussi en exploitant au mieux d'autres modes de
collaboration possibles grâce à des GdR, ANR, etc.
• en ayant accès à des plates-formes d'analyse spécifiques.

Ainsi, si les microscopes sont des appareils indispensables au sein des laboratoires, de
même que certains appareils "mi-lourds" comme les fluorescences X ou les chromatographes par ex.,
l'accès à des spectromètres de masse isotopiques par exemple relèvent plutôt des modes de
fonctionnement 2 et 3.

ƒ L'organisation actuelle des recherches


La carte ci-dessous présente les principaux laboratoires travaillant actuellement sur les
archéomatériaux organiques et les biomatériaux.

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 46 Etat des lieux 2007-2008


UMR 5188 (CRCC)
UMR 5197 (MNHN)
UMR 5197 (MNHN)
UMR 7592 (Inst. Monod) UMR 171 Figure 8 : équipes travaillant sur les
LRMH matériaux organiques et
biomatériaux
UMR 7509
UMR 6566 CReAAH Letiam
z équipe à forte composante SHS

z équipe SHS minoritaire ou hors


champ SHS

z équipe Culture
UMR 6505

Arc Nucleart (MCC-CEA) z Université Chimie

LCBOSMV
CEPAM

ƒ Détails des unités de recherche citées

• UMR 171 CNRS - MCC, Laboratoire du Centre de Recherche et de Restauration des Musées
de France, direction Christiane Naffah et Philippe Walter. Les équipes travaillant sur les
matériaux organiques s'intéressent essentiellement aux substances naturelles archéologiques
mais aussi à celles retrouvées dans des oeuvres d'art et une partie des travaux est également
orientée sur les polymères synthétiques. L’équipe travaillant sur les biomatériaux étudie
principalement les mécanismes d’altération biogéochimique des ossements, ivoires et bois de
cervidé archéologiques. Deux autres axes des recherches sont consacrées à la mise en
évidence des modifications induites par la chauffe et à la mise en place de protocoles de
conservation adaptés à des objets de musée et issus de fouilles archéologiques.
• UMR 7188 CNRS - Museum - MCC, Centre de Recherche sur la Conservation des
Collections dirigé par Bertrand Lavédrine. Recherches en grande partie articulées autour des
documents graphiques.
• LRMH : Laboratoire de recherche des monuments historiques dirigé par Isabelle Pallot-
Frossard. Pour les matériaux organiques, pôle sur les matières colorantes. Concernant les
biomatériaux, identification des microorganismes responsables de phénomènes d’altération
des matériaux.
• LETIAM : Laboratoire d'Etudes des Techniques et Instruments d'Analyse Moléculaire dirigé
par Alain Tchapla à l'IUT d'Orsay. Un groupe qui travaille sur les matériaux organiques du
patrimoine culturel.
• UMR 7509 : Substances naturelles / chimie moléculaire, dirigé par Françoise Colobert
(ancienne direction : Pierre Albrecht). Strasbourg. Un groupe qui s'intéresse aux substances
naturelles archéologiques.
• UMR 6505 : Photochimie moléculaire et macromoléculaire dirigé par Claire Richard
(Clermont-Ferrand). Un groupe de recherche qui s'intéresse à l'altération des polymères de
restauration des bois gorgés d'eau.
• LCBOSMV (Avignon) : Laboratoire de Chimie Bioorganique et des Systèmes Moléculaires
Vectoriels qui comprend un groupe qui s'intéresse aux substances naturelles du patrimoine.

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 47 Etat des lieux 2007-2008


• IPH UMR 5198 CNRS –MNHN : Datation et altération des vestiges osseux archéologiques
• UMR 5197 CNRS – MNHN : Archéozoologie, analyses isotopiques
• UMR 7592 CNRS – Institut Jacques Monod : Recherche sur l’altération des ossements et la
conservation de l’ADN ancien, paléogénétique
• UMR 6130 Cépam : Datation et altération des vestiges osseux archéologiques
• UMR 6566 CReAAH (Rennes) : Matières organiques des structures de combustion, restes
culinaires.
• Arc’Nucléart CEA – MCC (Grenoble) : Conservation de collections à caractère archéologique
ou ethnologique en matériaux organiques humides (bois gorgé d'eau, cuir gorgé d'eau,
vannerie, cordage, cuir sec et peaux, andouillers, bois sec, composite bois/métal)

Il ressort de ce document qu'il y a une concentration des unités en région parisienne et que
plusieurs unités, qu'elles soient CNRS ou Universités relèvent de la chimie ce qui s'explique
probablement par les équipements analytiques nécessaires pour ce type de recherche et donc les
coûts en équipement et en fonctionnement.
Pour les unités CNRS, il s'agit d'UMR dont le Ministère de la Culture peut être un des
partenaires (cas du C2RMF). Seul un laboratoire, le LRMH, a une seule tutelle, le Ministère de la
Culture.

ƒ Tendances
Le futur réside probablement dans l'amélioration de la porosité des frontières entre différentes
approches complémentaires mais encore trop menées indépendamment les unes des autres en
raison d'un cloisonnement entre disciplines ou entre laboratoires possédant des équipements et des
compétences différents mais hautement complémentaires.
A l'avenir, il s'agira donc, en mettant en place des réseaux de laboratoires, de faciliter l'accès
aux compétences et équipements afin d'aboutir à une synergie entre approches élémentaires,
structurales, séparatives, isotopiques, biochimiques (ADN) et observation à plusieurs échelles. Il sera
également nécessaire d'étudier conjointement les phases organiques et inorganiques d'un même
système ainsi que leurs interfaces.
Enfin, les recherches en laboratoire devront être plus étroitement liées au terrain
archéologique et il sera nécessaire de conforter les approches diachroniques.

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 48 Etat des lieux 2007-2008


Pôle matériaux : Matériaux lithiques

Sous ce vocable très vaste entrent une foule de matériaux qui vont du bloc de pierre utilisé
pour la construction ou l’outillage aux matières premières des industries des arts du feu. Nous ne
considèrerons ici que les matériaux géologiques utilisés tel quel, sans autre transformation que leur
mise en forme. Ce pôle rassemble les travaux de recherche relatifs aux objets en pierre : industries
lithiques taillées et lames en pierre polie (principalement silex, obsidienne, quartz et roche dure),
éléments de parure (lignite, turquoise, variscite, pierres précieuses et semi-précieuses …) mais aussi
éléments architecturaux ...

L’étude de l’origine et de la diffusion de ces matériaux s’avère en effet indispensable à la


compréhension des aires de diffusion culturelle et des mécanismes d’échange des populations
préhistoriques et des sociétés antiques et modernes.
Les problématiques abordées sont multiples, mais s’articulent autour de ces
questionnements :
• Quels sont les critères de sélection et de gestion des matières premières lithiques ? Quelles
sont les raisons de l'emploi de telle ou telle matière plutôt que de telle autre et inversement ?
• Quelles sont les capacités d'adaptation de l'homme à son environnement et aux ressources
minérales disponibles ?
• Quelles sont les capacités cognitives des hommes et leur évolution dans le temps ? Quelles
relations à courtes, moyennes ou longues distances impliquent ces approvisionnements ?

Les laboratoires d’Orléans (IRAMAT-CEB), Rennes (CREAAH), Lyon (Archéométrie et


Archéologie), Paris (Les hominidés au quaternaire : milieux et comportement) et Sophia-Antipolis
(CEPAM) et jusqu'à récemment celui de Pessac (IRAMAT-CRP2A) sont fortement impliqués dans ces
thématiques, qui couvrent une aire géographique qui s’étend à l’Ancien Monde comme au Nouveau
Monde, et qui chronologiquement, bien que principalement centrée pour l’Eurasie sur le Néolithique,
débute au Paléolithique et finit à l’époque moderne. Ce pôle de compétence implique aussi de
nombreuses autres UMR qui, bien que située en dehors de la fédération proposée, ont établi depuis
longtemps des collaborations avec les équipes d’archéométrie qui la compose.
L’un des buts de la fédération est ici de développer des protocoles d’approche en fonction des
différents matériaux et de rendre plus facilement accessibles les données sur les sources de matières
premières en mettant en commun nos lithothèques de référence et nos bases de données pour les
différents matériaux (voir notamment le pôle céramique).
Parmi les thèmes de recherche qui seront abordés, si le commerce de l’obsidienne, que ce
soit en Méditerranée Occidentale et Orientale, en Europe Centrale, au Proche et au Moyen Orient ou
encore en Amérique du Sud et en Amérique Centrale, restera l’un des thèmes prédominant, les
mécanismes d’échange d’autres matériaux, nettement plus difficile à appréhender d’un point de vue
analytique, comme le silex ou le quartz, seront aussi abordés.
Pour les quartz hyalins alpins, qui font l’objet de diffusions sur de longues distances dès le
néolithique ancien puis, plus particulièrement, au cours des phases formatives du Complexe culturel
chasséen vers 4400 av. JC, les tentatives de caractérisation par analyse des inclusions fluides,
destructrices, n’ont toujours pas donné les résultats escomptés et il est nécessaire d’explorer d’autres
voies de caractérisation.

Les recherches au sein de ce pôle ne se limitent pas à l’outillage, mais concernent aussi les
éléments de parure et les éléments architecturaux.

En ce qui concerne les éléments de parure, nous prendrons en compte la parure dans toute
l'acception du terme : les perles, les bracelets, les lames de roches polies, les pierres serties, les
intailles... Les travaux sur ce type de mobilier traitent tous d'éléments en matières minérales même si
pour certains d'entre-eux, leur origine est biologique comme celle des tests de coquillage.

Pour les éléments architecturaux, en plus des problématiques de provenance se rajoutent les
problématiques liées aux phénomènes d’altération en vue de la conservation ou de la restauration
des œuvres et monuments.

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 49 Etat des lieux 2007-2008


Enfin, une thématique particulière de ce pôle consiste en l’étude de l’altération des matériaux
pierreux utilisés dans le patrimoine bâti. Plus précisément ces recherches concernent l’altération des
propriétés optiques du substrat, induite par le dépôt de particules, en d’autres termes il s’agit de
l’étude de l’encrassement des matériaux. La démarche, qui lie à la fois des études sur le matériau et
sur son environnement, cherche à cerner les paramètres intrinsèques (rugosité, porosité, état de
surface, composition minéralogique du matériau…) et de l’environnement (nature et concentration des
polluants particulaires et gazeux, présence de précipitations…) responsables du processus à la base
de l’encrassement. La connaissance de ce processus répond à un besoin sociétal (perception des
façade des monuments), économique (coût de maintenance et ravalement) et politique (prise en
compte des effets des matériaux de la pollution en voie de la réduction des émissions…). Plusieurs
équipes d'unités mixtes CNRS / Université (UMR 6113 ISTO, UMR 6619 CRMD à Orléans, UMR
7583 Paris) ou d'équipes universitaires (LEPTAB La Rochelle) émargent à cette thématique.

D’un point de vue analytique, les besoins instrumentaux de ce pôle sont principalement liés
aux méthodes de caractérisation élémentaire (fluorescence X en énergie ou en longueur d’onde,
spectrométrie de masse à plasma, spectrométrie d’émission à plasma, PIXE) ou isotopique (isotopes
légers ou lourds), mais peuvent aussi nécessiter le recours à des méthodes de caractérisation
structurelle dans le cas des études d’altération des éléments architecturaux (diffraction X, microscopie
électronique…). Mentionnons aussi pour cette thématique particulière l’utilité de méthodes de
vieillissement accéléré pour la prévision du comportement de matériaux sur le long terme. Ces
méthodes sont particulièrement onéreuses, le coût de la plupart de ces instruments, indispensables
aux recherches effectuées varie entre 100k€ et 400k€. A ce jour, chacun des laboratoires cités
possède en plus des ses instruments de base (microscopies optiques et électroniques…) l’un ou
l’autre de ces moyens lourds.

Figure 9
UMR 5198 Laboratoires impliqués dans l’étude
UMR 171
UMR 7583 des matériaux lithiques (d'après
données de l'enquête archéométrie
UMR 6619 2007)
UMR 6113
UMR 6566
UMR 5060 z équipes à forte composante SHS
UMR 5060 (IRAMAT) Orléans et
Pessac
UMR 5138 (A&A) Lyon
LEPTAB UMR 5198 (MNHN) Paris
UMR 6130 (CEPAM)
UMR 5138 UMR 6566 (CReAAH) Rennes
UMR 5060 UMR 6636 (ESEP) Aix
UMR 5797
z équipe SHS minoritaire hors
UMR 6130 champ SHS

UMR 5797 plateforme AIFIRA


(PIXE) CENBG, Gradignan
UMR 6636 UMR 6113 ISTO Orléans,
UMR 6619 CRMD Orléans,
UMR 7583 LISA Paris,
LEPTAB La Rochelle

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 50 Etat des lieux 2007-2008


Pour les problématiques de provenance les tendances futures sont au développement des
analyses isotopiques et à la caractérisation des inclusions fluides ou solides contenues dans ces
matériaux. Dans ce domaine les besoins d’analyse des éléments traces et des rapports isotopiques
par des méthodes de grande sensibilité et de grande sélectivité vont devenir primordiale. Le
recherche méthodologique couplant différentes approches (géochimiques – composition élémentaire
et isotopique - et géologique – microstructure, minéralogie, texture) devra être développée pour
résoudre les problématiques de provenance de matériaux difficile à appréhender à ce jour (silex,
silices amorphes, quartz, roches sédimentaires…). Les développements passeront aussi par la
création de bases de données rassemblant la totalité des caractéristiques des matériaux ainsi que par
la constitution de lithothèques de références (de façon à rendre disponible les collections de
matériaux issus des sources géologiques à l’ensemble de la communauté archéométrique et
archéologique).

LA-ICP-
Laboratoire MO MEB XRF XRD µXRF µXRD µRaman ICPAES PIXE
MS
UMR5060 X X X X X X X X (X)*
UMR171 X X X X X X X
UMR6566 X X X
UMR5138 X X
UMR6636 X (X)

Tableau 7 : Equipement utilisé des principales groupes d'archéométrie SHS pour l'étude des matériaux
lithiques. X : en propre ; (x) : collaboration. * utilisation de la plate-forme AIFIRA du centre d'études nucléaires
de Bordeaux-Gradignan (CENBG UMR 5797).

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 51 Etat des lieux 2007-2008


P ôle de compétence géochimie isotopique,
études paléoenvironnementales

Les études réalisées pour reconstituer le climat, les conditions environnementales et les
régimes alimentaires des sociétés anciennes grâce à une approche de géochimie isotopique sont un
des axes de recherche importants et en plein essor de l’archéométrie. Elles sont complémentaires
aux recherches paléoenvironnementales plus classiques basées sur la paléobotanique (palynologie,
carpologie, anthracologie) ou l’archéozoologie et sont indissociables des pôles de compétences
« datation » et « matériaux », car les approches sont analogues. Il s’agit notamment de rechercher
des marqueurs (généralement au niveau isotopique) caractéristiques des conditions dans lesquels les
matériaux se sont formés ou dans lesquelles les individus ont évolué. Les méthodes analytiques
utilisées pour caractériser ces marqueurs sont également très similaires. La spectrométrie de masse
isotopique est généralement utilisée pour étudier les rapports isotopiques du δ13C3, δ15N4, δ18O5,
87
Sr/86Sr et du Pb des matériaux utilisés pour les études paléoenvironnementales. Certains éléments-
traces ou des composés organiques spécifiques (stérols, terpénoïdes, acides humiques) pourraient
aussi servir en tant que marqueurs d’un milieu ou des conditions climatiques particulières.

Les informations obtenues par cette approche de géochimie isotopique sont de différents
ordres. Il est possible d’observer les variations climatiques (températures, hydrologies, enregistrement
d’événements climatiques particuliers), de déterminer les paléorégimes alimentaires (herbivores,
carnivores, omnivores, marins, terrestres), de sonder les sources d’approvisonnement et la diffusion
de la matière première, de suivre la migration des populations, ou encore d’explorer l’adaptation des
populations à des milieux avec des environnements spécifiques et d’étudier des paléopollutions sur
les populations.
Ces recherches se placent nécessairement à l’interface de l’archéologie, l’archéologie
environnementale et la géologie ainsi que de la biochimie, la biologie, la géochimie et la chimie
analytique.

Les matériaux avec un fort potentiel informatif sur le paléoenvironnement sont ceux ayant des
caractéristiques d’archives du passé des conditions environnementales dans lesquelles ils ont été
formés ou évolués durant la vie en gardant des traces dans leur composition isotopique ou chimique
(à l’échelle des éléments traces par ex.) comme les matières animales ou végétales (les ossements,
les dents, les coquillages, le bois) ou les spéléothèmes (concrétions carbonatées des cavités
karstiques). La variation des rapports isotopiques ou élémentaires couplée à la datation est utilisée
afin de déterminer le milieu géologique dans lequel ils ont été formé ou pour suivre les modifications
liées à des variations climatiques qui peuvent être de courtes durées (saisonnières, ex. teneurs en Sr
et Mg dans les spéléothèmes) ou être étendues sur de plus grandes périodes (chute de température
lors des glaciations se traduisant par une diminution de la pression CO2 dans l’atmosphère et une
décélération de la formation des concrétions carbonatées dans les grottes karstiques ou modification
des rapports isotopiques du Sr dans les os en fonction du milieu géologique dans lequel vit l’individu).

Ainsi il est possible de découper ce pôle de compétence en deux parties en fonction du type
de matériau utilisé pour les études paléoenvironnementales par une approche de géochimie
isotopique :
• étude des spéléothèmes,
• étude des biomatériaux.

3 δ13C (‰) = [(13Réchantillon/13Rstandard)-1]*1000 avec 13Réchantillon le rapport 13C/12C de l’échantillon et 13Rstandard celui
d’une référence définie internationalement (du carbonate marin Belemnitella americana PDB).
15 15 15 15 15 15 14
4 δ N est défini par δ N(‰) = [( Réchantillon/ Rstandard)-1]*1000 avec R = N/ N et un standard à base d’azote
atmosphérique (AIR).
5 Le rapport isotopique δ 18O est défini comme δ 18O(‰) = [(18Réchantillon/18Rstandard-1]*1000 avec R =18O/16O et un
standard à base de l’eau de mer supposée homogène (V-SMOW).

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 52 Etat des lieux 2007-2008


ƒ Pôle géochimie isotopique-études paléoenvironnementales : étude des
spéléothèmes

Les spéléothèmes (stalactites, stalagmites et planchers) sont des concrétions constituées de


minéraux formés par précipitation aux parois des cavités karstiques de carbonate de calcium dissous
et transporté par les eaux de percolation. Il s’agit de véritables archives d’événements climatiques
compte tenu de leur structure en lamines de croissance. Ainsi, ils renferment de nombreuses
informations sur le passé dans leur composition chimique et isotopique. Afin de pouvoir caler ces
renseignements dans le temps, il est nécessaire de coupler ces analyses paléoenvironnementales à
des datations des spéléothèmes, notamment par uranium-thorium (U-Th).

Les champs thématiques qui peuvent être développés dans ce pôle sont de deux ordres :
• L’étude des oscillations climatiques en suivant les variations du δ18O qui sont liées aux
changement d’hydrologie et de température et celles du δ13C qui peuvent être corrélées avec
des modifications de température (couverture végétale) et la nature du sol.
• Le développement analytique afin d’améliorer la sensibilité des méthodes analytiques
utilisées pour doser précisément les rapports isotopiques, pour augmenter leur résolution
spatiale et diminuer la quantité d’échantillons nécessaires pour l’analyse.
• Par ailleurs, il est intéressant de citer les éléments traces tels que le magnésium et le
strontium ainsi que des molécules organiques comme les stérols, terpénoïdes ou acides
humiques piégées dans la calcite car ils sont également utilisés comme marqueurs
paléoclimatiques des spéléothèmes, même s’il ne s’agit pas d’une approche purement
isotopique.

ƒ Pôle géochimie isotopique-études paléoenvironnementales : étude des


biomatériaux
Les biomatériaux qui peuvent être utilisés pour les études paléoenvironnementales par une
approche géochimique sont très variés. Il s’agit principalement les ossements animaux ou humains,
les dents ainsi que les coquillages. Compte tenu du fait que ces matériaux issus du vivant se sont
formés et ont évolué en fonction du milieu géologique et les conditions de la vie de l’individu, ils
peuvent être considérés comme « archives » de ces milieux et conditions environnementales car ils
se renouvellent ou croisent continuellement, à l’exception de la dent.

Plusieurs champs thématiques peuvent être définis :


• Les études de la diffusion de la matière première, des migrations et adaptations à des
milieux des populations : ces études sont basées sur la mesure des rapports isotopiques
de 87Sr/86Sr. Ce rapport varie en fonction de la géologie d’un site et se retrouve dans l’eau de
percolation qui est assimilée par les individus qui le fréquentent. Ainsi on peut retrouver un
rapport isotopique caractéristique d’un site dans les différents biomatériaux et il est possible
de mettre en évidence des migrations des populations ou de remonter aux sources
d’approvisonnement (le cas des coquillages par ex.) par une analyse comparative des
rapports isotopiques de Sr dans les biomatériaux.
• Les recherches sur les variations climatiques : Puisque l’oxygène 18O qui varie dans
l’environnement est introduit dans les phosphates de l’apatite des ossements et des dents
par le biais de l’eau et de l’oxygène ingérés, la composition isotopique δ18O de ces matériaux
est représentative des conditions climatiques.
• Les paléorégimes alimentaires (herbivores, carnivores, omnivores, marins, terrestres) : À
condition que les isotopes stables 13C et 15N soient bien préservés dans les vestiges osseux,
la combinaison de ces valeurs contenues dans le collagène peut fournir des informations
précieuses sur les régimes alimentaires, notamment pour distinguer les herbivores des
carnivores ou pour différencier un régime marin d’un régime terrestre. Le fractionnement
isotopique, produit lors des réactions biochimiques dans le corps, engendre une teneur
différente de l’isotope étudié de celle de départ et permet de distinguer entre différents
niveaux du réseau trophique. En effet, la valeur δ13C des animaux est liée à celle des plantes
qui sont à la base du réseau trophique. Les valeurs δ13C dans les plantes ont pour cause les
sources de carbone inorganique, les voies métaboliques et les conditions

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 53 Etat des lieux 2007-2008


environnementales. C’est la raison pour laquelle on observe une grande variabilité de leurs
valeurs δ13C en fonction des espèces et des régions. L’azote se trouve essentiellement dans
les protéines des organismes. Les valeurs δ15N sont alors représentatives du niveau de
l'individu dans le réseau trophique : cette valeur augmente de 2-5 ‰ à chaque niveau.
• Les études de paléopollution : L’analyse des éléments traces et des rapports isotopiques
dans les vestiges osseux peut révéler la pollution de l’environnement des peuples anciens ou
plus récents, les changements de mode de vie et le déplacement des groupes sociaux. Un
élément particulièrement étudié dans le cadre d’études de pollution est le plomb. La plupart
des recherches se base sur la teneur en plomb. Il est également possible d’utiliser ses
isotopes pour identifier les sources environnementales de pollution, les sources de minerai et
les sources de plomb causant l’empoisonnement car chaque dépôt a sa propre signature
isotopique contenant des proportions variables en isotopes de plomb. C’est pourquoi
l’analyse de la teneur en plomb dans les tissus minéralisés permet de caractériser
l’exposition des groupes culturels aux sources de plomb tandis que les isotopes stables
reflètent les provenances particulières puisque les isotopes de plomb ne se fractionnent pas
dans les systèmes biologiques.
• Les études des phénomènes d’altération post-mortem des biomatériaux. Les altérations
peuvent également s’imprégner dans la structure des vestiges archéologiques et modifier
leur composition isotopique. Il est donc indispensable de s’intéresser parallèlement aux
changements provoqués par l’environnement biogéochimique lors du temps
d’enfouissement.

ƒ Mise en oeuvre et compétences requises


Les compétences nécessaires relèvent de différentes disciplines qui comprennent d’abord la
géochimie et la biochimie, la chimie analytique, la géologie, la biologie ainsi que l'archéologie et
l'archéologie environnementale. Ces recherches basées sur une forte composante technique
nécessitent le travail en équipes composées de chercheurs et enseignants-chercheurs mais
également d'un grand nombre d'ingénieurs et de techniciens.

Au niveau de l'équipement des laboratoires, il est nécessaire de disposer :


• de matériel de prélèvement, de préparation et de stockage adapté des échantillons
• d'outils d'observation, de la loupe binoculaire au MEB (Microscopes Electroniques à
Balayage)
• des méthodes séparatives (chromatographies)
• d'appareils d'analyse élémentaire et isotopique extrêment sensibles comme les spectromètres
de masse isotopiques telles que le TIMS

Pour l’exploitation des résultats d’analyse isotopique, il est généralement indispensable de dater
précisément les matériaux, par les déséquilibres dans la famille de l’uranium dans le cas des
14
spéléothèmes et par des méthodes comme le C pour les biomatériaux de type os, etc. Il est
également important de considérer les altérations des matériaux possibles lors du temps
d’enfouissement dans le sol. Ces recherches nécessitent donc en général des interactions fortes
entre les différents pôles de compétences de l’archéométrie, notamment avec ceux de la datation et
des matériaux.

ƒ Organisation actuelle des recherches


La carte ci-dessous présente les principaux laboratoires travaillant actuellement sur le
paléoenvironnement ayant une approche de géochimie isotopique. On remarque une concentration
en région parisienne.

Détails des unités de recherche citées

• UMR 5197 CNRS – MNHN (Paris) : Archéozoologie, analyses isotopiques


• UMR 5198 CNRS –MNHN IPH (Paris) : Datation, études paléoenvironnementales et
altération des vestiges osseux archéologiques
• UMR 1572 LSCE/IPSL CNRS – CEA (Gif-sur-Yvette) : groupe « géochronologie et
géomarqueurs »

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 54 Etat des lieux 2007-2008


• UMR 5554 ISE-M (Montpellier) : équipe paléoenvironnement (paléoclimat, palynologie,
écosystèmes, géochimie des isotopes stables) – biomatériaux (pollen, émail dentaire de
mammifères, coquilles)
• UMR 5204 EDYTEM (Chambéry): paléoenvironnement (paléoclimatologie, paléohydrologie) –
adaptations culturelles des populations alpines

UMR 5197
UMR 5198 Figure 10 : laboratoires utilsant des
méthodes de géochimie isotopique
UMR 1572 dans l'étude du paléoenvironnement

UMR 5204

UMR 5554

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 55 Etat des lieux 2007-2008


RTP Archéométrie (matériaux et sites) 56 Etat des lieux 2007-2008
P ôle de compétence prospection
géophysique

L’organisation spatiale des sites archéologiques est une donnée fondamentale en


archéosciences, quelle que soit l’époque considérée. De plus, la reconstitution de leur environnement
physique, c'est-à-dire géologique et géographique, est une donnée majeure dans la reconstruction
des paléoenvironnements.

ƒ Rappel des méthodes de prospection géophysique


La prospection géophysique est la détermination de propriétés physiques à partir
d’instruments de mesure déplacés à la surface du sol. Les mesures dépendent des propriétés des
matériaux constituant ce dernier. Elles reflètent donc son hétérogénéité. En archéologie, les études
géophysiques portent le plus souvent sur l’interprétation de cartes obtenues à partir de mesures
régulièrement espacées à la surface du sol. Ce sont la géométrie des formes détectées et la valeur
du signal mesuré par les instruments de prospection géophysique qui permettent d’identifier chaque
structure. Le plus souvent, plusieurs méthodes complémentaires décrites ci-dessous sont utilisées
successivement pour améliorer la précision de l’interprétation.
La prospection électrique par mesure de résistivité évalue la difficulté que rencontre le courant
électrique pour circuler dans le sol entre deux électrodes. Elle met avant tout en évidence les
contrastes de teneur en eau et en ions. Elle est particulièrement adaptée à l’étude des milieux
résistants.
La prospection électromagnétique Slingram, comme la précédente, mesure la capacité du
courant à circuler dans le sol. Cependant, la mesure est prise sans contact avec le sol, par
l’intermédiaire de deux bobines coplanaires. Cette méthode est basée sur le principe de l’induction
électromagnétique. Elle est particulièrement adaptée aux milieux conducteurs.
La prospection radar-sol est basée sur la réflexion d’ondes électromagnétiques. Ces ondes,
émises par une antenne, sont réfléchies par des structures présentant un contraste de permittivité
diélectrique, puis enregistrées par une seconde antenne. Cette méthode est particulièrement adaptée
à l’étude des milieux stratifiés.
La prospection magnétique mesure les perturbations du champ magnétique terrestre
générées par l’aimantation du sol. Elle met principalement en évidence les contrastes de teneur en
oxydes de fer, liés à des différences de nature ou d’évolution des matériaux du sol. Elle est
particulièrement adaptée à l’étude des zones chauffées (foyers, fours) et des milieux très secs pour
lesquels les autres méthodes ne sont pas opérationnelles. L’analyse sur échantillons des propriétés
magnétiques complètent avantageusement l’interprétation des mesures de terrain et permettent de
reconstituer l’évolution du sol.

ƒ Champs thématiques
Parmi les champs thématiques de la prospection géophysique, on notera de nombreuses
applications pour la cartographie du bâti et notamment l’étude de villes disparues ou d’ensembles
monumentaux de grande ampleur. Une large partie de la communauté internationale s’est également
tournée dans cette voie autorisée par la rapidité de mise en œuvre des méthodes d’imagerie
géophysique, de l’ordre de l’hectare couvert par jour. D’autre part, les prospections sont à même de
fournir des informations qui, couplées avec quelques investigations archéologiques, permettent
d’accéder à une donnée essentielle : le plan des structures.
D’autres applications, plus récentes, consistent à étudier l’évolution du milieu en regard des
activités humaines. Citons notamment les travaux sur l’évolution des paléo-littoraux afin de retrouver
les sites portuaires ou bien, a contrario, l’étude des sites archéologiques littoraux pour reconstituer la
variation locale du niveau de la mer.

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 57 Etat des lieux 2007-2008


ƒ Mise en œuvre et compétences requises
La mise en œuvre de la prospection géophysique débute systématiquement par une synthèse
des informations disponibles sur le site et son environnement. Cette opération est indispensable pour
adapter le protocole de prospection et répondre au mieux à la problématique. Les investigations de
terrain nécessitant une parfaite connaissance des spécificités méthodologiques, sont suivies d’une
phase de traitement puis d’interprétation des mesures impliquant des compétences pointues en
programmation, en modélisation et en inversion de données. L’interprétation nécessite des
compétences non seulement en archéologie mais aussi en sédimentologie, en géomorphologie et en
pédologie. L’ensemble de la mise en œuvre de la prospection est donc une affaire de spécialiste,
mais pas seulement en géophysique.

ƒ Équipements de prospection géophysique


L’équipement nécessaire à la mise en œuvre de la prospection géophysique est constitué
d’instruments de coût moyen compris entre 10 et 75 k€ l’unité. Cependant, la plupart des études
nécessitent l’utilisation de plusieurs méthodes ce qui implique, pour répondre à une problématique
spécifique, un coût global de l’instrumentation compris entre 50 et 200 k€.

Les frais de fonctionnement de l’ensemble du parc instrumental des laboratoires français


acteurs majeurs dans le domaine s’élèvent à environ 25 k€. Compte tenu du taux d’utilisation des
instruments, une mutualisation du matériel actuel ne peut être envisagée sauf pour faire face aux
pannes. Un seul laboratoire dispose d’ailleurs du soutien d’un agent technique capable d’assurer la
maintenance et le développement du matériel. Ceci constitue un frein important au développement de
la thématique.

ƒ Tendances
En prospection géophysique, deux activités de recherche doivent être distinguées. D’une part,
les outils géophysiques « commerciaux » sont utilisés en routine par des spécialistes pour répondre à
des problématiques archéologiques. D’autre part, des géophysiciens, issus des Sciences de la terre,
assure le développement instrumental et méthodologique pour mieux adapter l’instrumentation et les
protocoles aux problématiques archéologiques. Les champs d’investigations actuels portent,
principalement pour les méthodes magnétiques et électromagnétiques, sur une meilleure
compréhension du lien qui relie les propriétés des matériaux du sol aux mesures effectuées depuis la
surface. C’est une étape indispensable pour améliorer l’interprétation des prospections (inversion des
données).

ƒ Les équipes françaises en SHS et hors champ SHS


Quatre équipes de prospection géophysique ont une activité régulière en archéologie
correspondant au minimum à un permanent en équivalent temps plein. Deux équipes (l’UMR6250
LIENSS et l’UMR7619 Sisyphe), majoritairement hors champ SHS, font du développement et de
l’application. Deux autres équipes (l’UMR5133 Archéorient et l’UMR5189 HiSoMA), rattachées aux
SHS, font uniquement de l’application :

L’activité géophysique de l’UMR6250 LIENSS (Univ. La Rochelle – CNRS) repose sur deux
permanents (MdC), sans soutien technique. Elle s’appuie également sur une cellule de valorisation
employant une à deux personnes. Les principales recherches méthodologiques portent sur le signal
magnétique des sols. Ce signal est étudié en combinant prospections de terrain et mesures en
laboratoire (cf. Pôle de datation Archéomagnétisme), ce qui constitue une spécificité française et une
originalité sur le plan international. L’équipe étudie également l’évolution des littoraux au cours des
derniers millénaires, et ce, en relation avec les activités humaines côtières.

L’UMR7619 Sisyphe (Univ. P. & M. Curie Paris – CNRS – ENSMP – EPHE) est le laboratoire
« historique » de développement de la géophysique appliquée à l’archéologie en France. Cette
activité repose actuellement sur six permanents : un ingénieur et cinq enseignants-chercheurs pour
lesquels les applications à l’archéologie constituent un domaine de recherche secondaire (en
moyenne 20% du temps recherche). Les activités de recherche de l’équipe sont principalement
orientées vers l’étude de la structure et du fonctionnement des hydrosystèmes continentaux

RTP Archéométrie (matériaux et sites) 58 Etat des lieux 2007-2008


anthropisés, plus particulièrement au travers de l’analyse des signaux électriques et
électromagnétiques des milieux poreux peu profonds.

L’UMR5133 Archéorient (Univ. Lyon 2 – CNRS) compte dans ses rangs un permanent (CR)
appliquant les prospections magnétiques pour répondre à des problématiques archéologiques liées à
l’urbanisme. Il ne dispose pas de soutien technique.

L’activité géophysique de l’UMR5189 HiSoMA (Univ. Tours & Lyon 2 – CNRS) repose sur une
seule personne (IGR), proche de la retraite, et dont l’instrumentation est ancienne. Elle concerne
l’application des méthodes magnétiques, électriques et électromagnétiques pour soutenir l’activité de
recherche des archéologues.

Figure 11 :
Répartition des laboratoires de
prospection géophysique en France.
UMR 7619 Sisyphe
z laboratoires majoritairement SHS,
appliquant les méthodes
géophysiques mais n’effectuant pas
UMR 5189 HiSoMA de développement méthodologique.

z laboratoires d’autres
départements scientifiques réalisant à
UMR 6250 LIENSS la fois du développement et de
UMR 5138 l’appliqué.

prospection prospection prospection prospection caractérisation


laboratoire électrique électromagnétique électromagnétique magnétique des propriétés
Slingram radar-sol magnétiques
LIENSS
X X X X
UMR 6250
Sisyphe
X X X X
UMR 7619
Archéorient
X
UMR 5133
HiSoMA
(X) X (X)
UMR 5189

Tableau 8 : Matériel utilisé dans les équipes citées, X : en propre ; (X) : matériel utilisé dans une autre équipe en
collaboration.

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RTP Archéométrie (matériaux et sites) 60 Etat des lieux 2007-2008

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