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Juillet 2008
Enquête du RTP Archéométrie (matériaux et sites ) - CNRS EDD
P. Guibert, responsable
Institut de Recherche sur les Archéomatériaux
Centre de Recherche en Physique Appliquée à l'Archéologie
UMR 5060 CNRS - Université de Bordeaux
Maison de l'Archéologie
33607 Pessac cedex
(guibert@u-bordeaux3.fr)
avec le concours de :
Ayed Ben Amara (IRAMAT)
Floréal Daniel (IRAMAT),
Agnès Genevey (LC2RMF),
Philippe Lanos (IRAMAT),
Véronique Michel (CEPAM)
Avertissement :
- Ce rapport résulte du dépouillement de l'enquête effectuée entre juillet et décembre 2007 par le
RTP archéométrie. Seule la composante "sciences physiques" de l'archéométrie a été ciblée lors
de cette enquête.
Axes de recherche
Imagerie
De la source à l'objet Altération, évolution Chronologie Paléoenvironnement
Géophysique des
milieux anthropisés
La force de l’archéométrie française réside dans son association étroite avec les équipes
d’archéologie, d’histoire, de préhistoire et de paléoenvironnement en lien avec l'activité humaine. Elle
réside aussi dans sa structuration en réseau de compétences, lentement bâti depuis la fin des années
1970 à travers des associations informelles, puis formalisées depuis 2007 avec le Réseau
Thématique Pluridisciplinaire Archéométrie. Ce lien indissociable avec l'archéologie au sens large
est un gage de la qualité des recherches effectuées et de la qualité des interprétations.
L’archéométrie est devenue une activité scientifique fondée sur la pluridisciplinarité et ce principe doit
être pris en compte dans la définition d'une structure réunissant ces laboratoires.
Quelle qu'en soit leur organisation, les recherches dans le champ de l’archéométrie devront
assurément être rattachées aux mêmes instituts que l’archéologie et le paléoenvironnement, soit
INSHS et/ou INEE.
Les archéomètres sont détenteurs d’un savoir-faire spécifique, à l’interface des sciences
physico-chimiques, des sciences de la Terre et des sciences humaines. Ils se définissent comme des
chercheurs interagissant fortement avec le terrain archéologique (échantillonnages raisonnés, études
de sites,...), spécialistes des matériaux, utilisant des méthodes physico-chimiques pour acquérir des
données complémentaires à l’étude archéologique, historique, et interprétant les données d’analyses
de laboratoire en tenant compte de toutes les autres informations disponibles. L'archéomètre doit,
dans ses fonctions, également être apte à faire évoluer les méthodes. Les archéomètres rappellent
donc leur attachement à la pluridisciplinarité qui est l'un des principes fondateurs du CNRS et qui
devra être largement promu avec le redéploiement des départements actuels en instituts.
Le tableau 1 présente les équipes qui ont instruit l'enquête archéométrie. Il convient de
signaler que certains groupes n'ont pas estimé utile de répondre à ce recensement, auquel cas ils ne
sont pas comptabilisés ici. Nous avons par ailleurs délibérément centré notre analyse sur les
organismes publics. Nous signalons qu'il existe des petites entreprises privées d'expertise et
d'accompagnement à l'archéologie et aux études patrimoniales qui utilisent des moyens
archéométriques. Enfin, nous devons aussi signaler l'intérêt pour la démarche du RTP émanant de
certains groupes généralement jusqu'à présent hors du champ traditionnel de l'archéométrie, en
particulier des collègues physiciens ou chimistes implantés dans des laboratoires de sciences dites
dures et pour lesquels une reconnaissances des travaux dans le domaine du patrimoine apparaît
comme une motivation forte.
L'examen du tableau 1 fait apparaître que 340 personnes ont été déclarées effectuer des
travaux archéométriques en lien direct avec l'archéologie et les objets du patrimoine. Les déclarations
sont qualitatives. En effet, nous n'avons pas demandé la part du temps de recherche consacrée aux
activités archéométriques de chaque personne, cependant notre connaissance du milieu nous permet
de dire que l'implication en archéométrie est extrêmement variable d'un groupe à l'autre : du temps
complet à l'opération ponctuelle. Nous avons ainsi estimé 3 degrés d'implication des groupes
déclarés : activité largement majoritaire, activité minoritaire mais permanente, activité occasionnelle.
Globalement, 340 personnes ont été recensées dans 43 unités. Parmi elles, 140 personnes
(membres du CNRS, de l'université, du Ministère de la Culture, de l'INRAP pour quelques-unes) sont
rattachées à des unités mixtes du département des Sciences Humaines et Sociales du CNRS et ont
toutes une implication à 100% de leur ETPR (Equivalent Temps Plein Recherche). Nous devons
ajouter à ce personnel, celui du LC2RMF (CNRS-Chimie et Min. Culture) qui représente la seconde
unité d'archéométrie en termes d'effectifs (43 personnes).
Le reste de la population, soit un peu moins de la moitié de l'ensemble des archéomètres,
appartient à d'autres groupes du secteur de la Chimie, de la Physique, des Sciences de la Terre et de
l'Univers, des Sciences du Vivant. Ils relèvent d'unités du CNRS, ou d'équipes d'accueil universitaires
ou encore d'équipes du CEA.
Il convient de noter le mode de répartition des équipes archéométriques, 6 UMR regroupant
près de la moitié de l'ensemble des archéomètres : l'IRAMAT (Pessac-Rennes, Orléans, Belfort-
Saclay), le LC2RMF (Louvre, Paris), CReAAH (Rennes), HNHP (IPH Paris), Archéométrie et
Archéologie (Lyon), Archéozoologie (Paris). Notons à l'attention de la direction scientifique SHS que
nous y trouvons 85% du personnel archéométrique géré par ce département. Sur le seul plan des
effectifs, il est difficile d'imaginer d'après nos données que l'archéométrie est aujourd'hui marginale en
SHS. A l'exclusion du LRMH et du CICRP, le reste du personnel est réparti dans de nombreuses
unités et forme des ensembles de petit effectif (une seule personne dans certains cas). On pourra
consulter avec intérêt la courbe cumulative des effectifs (figure 1) et les histogrammes de répartition
des groupes selon les classes d'effectifs (figure 2). On constate que les petits, voire très petits
groupes sont davantage présents en sciences dites dures mise à part l'exception du LC2RMF. Dans
une certaine mesure, et il faut relativiser, la présence d'archéomètres dans ces laboratoires de
physique ou de chimie peut résulter davantage d'une évolution de carrières individuelles de
chercheurs, que d'une politique scientifique collective délibérée. L'existence de petits groupes ou de
personnes isolées dans des équipes SHS peut aussi résulter de la règle de recrutement et
d'affectation des chercheurs qui prévalait et prévaut certainement toujours, de ne pas affecter le
personnel dans le laboratoire où le jeune chercheur a été formé. Les limites de ce système pour les
spécialistes de disciplines rares issues des grosses unités d'archéométrie sont évidemment très vite
Comme il vient d'être exprimé, cet éparpillement n'est pas a priori synonyme d'isolement
scientifique, car nos collègues sont tous impliqués par leurs programmes de recherche dans différents
réseaux archéologiques et archéométriques qui leur assurent échanges, confrontation des idées et
dialogues. Cependant le partage quotidien de l'expérience de spécialistes réunis sur un même lieu est
un atout considérable entre autres exemples pour la richesse des discussions scientifiques, pour le
montage de dossiers de financement auprès de l'ANR, où une implication minimale de chaque groupe
est demandée, bien au-delà d'un seul équivalent temps plein. Là où l'éparpillement peut surtout être
pesant et inefficace, c'est au niveau technique et instrumental, pour la maintenance des équipements
en propre par exemple, car de petits groupes ne peuvent bénéficier du concours du personnel
technique de grosses unités dédiées.
UMR 6113 Institut des Sciences de la Terre d'Orléans 4 232 1.1 65.0
UMR 5189 Histoire et Source des Mondes Antiques 1 261 0.3 73.1 1 0.6
UMR 6619 Centre de Recherche sur la Matière Divisée 5 329 1.4 92.2
EA 2119 :
Laboratoire d'Etude des Phénomènes de
ERL CNRS 2 354 0.6 99.2
Transfert Appliqués au Bâtiment
au 1/1/08
Laboratoire d'Électrochimie et de Chimie
UMR 7575 2 356 0.6 99.7
Analytique
Tableau 1 : nature, effectifs des équipes ayant instruit l'enquête archéométrie 2007-2008. Les équipes gérées par SHS représentent un effectif global de 140
personnes tous statuts et toutes tutelles confondus. Notre connaissance du milieu nous permet d'évaluer la part d'implication du personnel déclaré dans des
études archéologiques ou patrimoniales, selon un classement qualitatif : implication très majoritaire (plus de 50% ETPR), implication minoritaire mais récurrente,
implication occasionnelle.
UMR 5060
UMR 171
UMR 6566
occasionnelle)
MCC - LRMH
UMR 7188
UMR 5198
UMR 5138
UMR 5197
14
UMR 7592
UMR 1572
UMR 5608
UMR 6577
UMR 7583
SC Synchrotron Soleil
UMR 5133
UMR 5199
EA 3811
UMR 5189
UMR 6636
UMR 7619
UPR 8011
UPR 2300
EA 3167
UMR 7075
UMR 7182
UMR 5563
UMR 6619
UPR 2940
EA 932
UMR 5797
UMR_E 3 /CEA
UMR 5620
LCPC (EPST)
EA 2119 : ERL CNRS au 1/1/08
UMR 7575
CEA Valrhô DTCD/SECM
décroissant (en rouge). La discontinuité observée résulte du classement hiérarchique selon le niveau d'implication du groupe (activité majoritaire, minoritaire,
Figure 1 : Courbe cumulative des effectifs archéométriques des groupes ayant instruit l'enquête 2007-2008 (en bleu) ; effectifs des groupes par ordre
UMR 5085
UMR 5249
18
16
activité
majoritaire
14
12
activité
10
minoritaire ou
8 occasionnelle
6 total
4
2
total
0
plus de
20 11 - 20
6 - 10
3-5
1- 2
Figure 2 : histogramme de répartition des groupes archéométriques en fonction de leurs effectifs. Les
groupes aux effectifs les plus élevés relèvent du département SHS du CNRS et du Ministère de la
Culture, à l'exception du LC2RMF dont la part CNRS relève principalement du département Chimie.
Les grands groupes résultent d'une structuration collective délibérée et donc d'une politique à long
terme de structuration. Il est essentiel que le département SHS ou les instituts qui lui succèderont
prennent la mesure de cette richesse pluridisciplinaire et assurent la pérennité des équipes en les
dotant de moyens suffisants.
L'examen des thématiques des groupes archéométriques fait apparaître les principaux axes
de recherche explicités ci-après.
De la source à l’objet
La compréhension des sociétés humaines, toutes périodes et toutes origines confondues ne
peut se faire sans l’apport de l’étude de leurs matériaux (outillage, parure, construction) et des
relations qu’elles entretiennent avec leurs contemporains et avec leur environnement. Pour les
périodes plus récentes l’étude de l’origine des matières premières et de la diffusion des produits des
arts du feu (métaux, verres et céramiques) nous apporte des informations inestimables sur le savoir
de ces sociétés et sur leurs aires de diffusion culturelle et de rayonnement économico-politique.
Les recherches menées à l’intérieur de cet axe s’articulent donc autour d’une thématique
principale qui concerne l’origine – extraction et transformation – des matières premières, les modalités
de travail de la matière pour aboutir à l'objet et la diffusion – échange ou commerce - des produits
finis ou semi-finis. Cette thématique, qui implique le croisement de disciplines et de spécialités, réunit
plusieurs équipes ou unités d'archéométrie autour de l’origine et de la diffusion des matériaux, de
l'archéotechnologie et de leurs implications en terme de développement des sociétés humaines de la
préhistoire à l’époque moderne.
Cette fédération renforcera ce champ thématique par des perspectives de collaboration
nouvelles et par une meilleure cohérence des recherches effectuées. Elle assurera une plus grande
visibilité de cet axe au niveau national : l'étude de l’origine et de la diffusion des archéomatériaux
dans le cadre d’une approche combinant l’histoire des sciences et des techniques avec celle de
l’économie au sens large.
Chronologie
(méthodes physiques : Archéo et paléo magnétisme, radiocarbone, luminescence, résonance
paramagnétique électronique, déséquilibre de l'uranium, potassium-argon, …)
Le temps est l'une des variables fondamentales des archéosciences et sa mesure concerne
autant la Préhistoire que les périodes historiques. De même, les reconstructions des
paléoenvironnements dans lesquels l'évolution de l'Homme s'est déroulée depuis près de 3 millions
Les niveaux de technicité et de complexité des méthodes de datation auxquelles nous faisons
référence ici sont extrêmement variés. Si certaines d'entre elles peuvent être considérées comme des
méthodes de routine (par exemple le radiocarbone) car d'énormes efforts ont été réalisés dans le
passé au niveau international et de très nombreux laboratoires ont participé, d'autres (par exemple la
luminescence) sont des méthodes en élaboration permanente et la recherche méthodologique est
une part importante du travail des chronologues.
Au-delà de ce travail de fond, selon les champs chronologiques et les applications auxquelles
le chercheur consacre ses activités, la constitution de vastes bases de données chronologiques
critiques (intégrant une évaluation de la qualité des mesures et de l'échantillonnage vis-à-vis de
l'événement à dater) est aussi une nécessité. Par ailleurs, des recherches sur l'application des
statistiques bayésiennes aux données chronologiques gagnent aujourd'hui à être développées en
raison des performances accrues des machines de calcul.
Les recherches menées à l’intérieur de cet axe s’articulent autour d’une thématique principale
visant à décrypter l’enregistrement dans les sols de témoignages de l’activité humaine. Cette
thématique implique d’une part de caractériser les contrastes des propriétés physiques des volumes
de sol étudiés et d’autre part de comprendre les processus d’évolution de ces environnements, en
essayant de découpler les forçages naturels des perturbations anthropiques.
Cette fédération renforcera cet axe de recherche en lui donnant une meilleure visibilité au
niveau national. Elle permettra l’émergence de nouvelles collaborations non seulement entre les
équipes impliquées dans cet axe mais aussi avec d’autres équipes d’archéomètres au travers de
projets transversaux.
Paléoenvironnement
Les études paléoenvironnementales utilisant une approche isotopique permettent d’observer
les variations climatiques (températures, hydrologies, enregistrement d’événements climatiques
particuliers), de déterminer les paléorégimes alimentaires (herbivores, carnivores, omnivores, marins,
terrestres), de sonder les sources d’approvisionnement et la diffusion de la matière première, de
suivre la migration des populations, ou encore d’explorer l’adaptation des populations à des milieux
avec des environnements spécifiques et d’étudier des paléopollutions sur les populations. Elles sont
complémentaires aux recherches paléoenvironnementales classiques et indissociables des pôles de
compétences « datation » et « caractérisation et altération des matériaux ».
Les instruments dont les groupes archéométriques sont équipés, sont liés aux compétences
des chercheurs et ingénieurs, et sont donc nécessairement localisés dans des laboratoires répartis
sur le territoire. Le "plateau technique" offert par les groupes archéométriques est donc un ensemble
délocalisé où l'on peut distinguer des points forts bien identifiés, dans le sens où l'équipe est
reconnue pour une activité particulière, conséquence de l'histoire des laboratoires.
Nous avons voulu montrer ici une image détaillée de l'archéométrie française, et non une
"image d'Epinal" aux équations rapides (tel site = telle activité unique), nous voulons délibérément
montrer une image de la richesse thématique et de la richesse de compétences en prenant le risque
de considérer l'archéométrie comme un ensemble dispersé pour un observateur par trop pressé.
Si certains aspects de la mise en oeuvre des méthodes de datation sont relativement bien
définis et peuvent donc être considérés comme des opérations de routine (radiocarbone,
archéomagnétisme en partie), les équipes de datation ont aussi développé leurs propres champs
d'investigation pour rendre leur "production" (c'est-à-dire les résultats de datation) plus précise et
pertinente et élargir leur champ d'application. Il s'agit là véritablement d'un travail de recherche
méthodologique qui ne peut se réaliser que parce qu'il y a des datations à effectuer. Il est donc
totalement légitime que l'activité chronologique appartienne au domaine des sciences du passé, et
soit intégrée au département SHS, ou dans un futur institut qui inclura les sciences archéologiques
dans ses mots-clés fondamentaux.
Les principales méthodes utilisées en archéologie sont présentes sur le territoire (figure 3) :
radiocarbone (C14), archéomagnétisme (AM), luminescence (TL-OSL), résonance paramagnétique
électronique (ESR), uranium-thorium (U-Th) et argon-argon (Ar-Ar).
Champs thématiques
La datation des matières carbonées par dosage du carbone 14 est la méthode de datation la
plus utilisée en archéologie depuis plus de cinquante ans. Elle a conduit à l’élaboration d’un véritable
calendrier carbone 14 retraçant toutes les étapes de l’histoire de l’homme jusqu’à 50 000 ans environ.
Le carbone 14 fait partie du « paysage » archéologique. En Préhistoire, il n’est pas d’étude
interdisciplinaire sur un site archéologique ou sur une question archéologique importante, comme
l’apparition d’une technique ou l’extension d’une civilisation à une région par exemple, qui ne
comporte un programme de datations par le radiocarbone. La méthode est aussi beaucoup utilisée
pour les périodes historiques jusqu’à la fin du Moyen Age.
L’archéologie ne représente qu’une partie des applications possibles du radiocarbone : cette
méthode peut aussi bien s’appliquer en géologie, en paléobotanique, en hydrogéologie, en
paléoenvironnement …
Equipements de datation
Les laboratoires da datation par le carbone 14 sont tous équipés des bancs de chimie
nécessaires pour assurer le prétraitement et la préparation des échantillons sélectionnés. Les bancs
de combustion des échantillons coûtent entre 40 et 80 k€, selon le type de mesure envisagé, sans
compter les petits équipements indispensables (pompes à vide, lyophilisateur, broyeur,…)
La mesure de la radioactivité résiduelle (datation conventionnelle) nécessite des compteurs
présentant à la fois une très grande stabilité et une basse radioactivité interne ou « bruit de fond »
pour être très sensibles.
Il existe principalement deux types de compteurs :
les compteurs dit « proportionnels à gaz » où l’échantillon carboné est introduit sous forme de
gaz carbonique CO2, principalement. Ils ont l’inconvénient de nécessiter une très grande purification
des gaz de comptage et surtout un très long temps de comptage. Non commercialisés, leur prix est
difficilement estimable.
Les compteurs pour les mesures en phase liquide, dit compteurs à scintillation, du type de ceux
installés au Centre de Datation de Lyon. Ils ont l’avantage d’avoir assez facilement une grande
stabilité et un bas bruit de fond. Ce sont des appareils de coût moyen (60 à 90 k€) et qui sont
largement les plus utilisés dans le monde.
La mesure par spectrométrie de masse couplée à un accélérateur (SMA) : elle nécessite des
appareils beaucoup plus volumineux et plus chers que des compteurs. Leur prix se situe autour de 3
millions d’euros et leur coût de fonctionnement est très élevé.
Tendances
La datation par le radiocarbone peut être considérée comme une méthode de routine.
Cependant, la variété des matériaux archéologiques, les conditions d'enfouissement et de
Tableau 2 : équipements de datation radiocarbone mis en oeuvre dans les laboratoires cités : X en propre, (X)
par collaboration dans d'autres équipes
La datation par archéomagnétisme est appliquée aux structures "restées en place" depuis
leur dernière cuisson (fours, foyers). Elle est aussi appliquée aux "objets déplacés" comme les tuiles,
les briques ou encore les céramiques.
Champs thématiques
Applications à l’archéologie
En France, la méthode est sollicitée pour la datation des terres cuites essentiellement de la
protohistoire à nos jours. Les interventions sont effectuées soit dans le cadre de sites fouillés en
archéologie préventive, soit dans le cadre de programmes de recherche de type GDR, PCR, ACR,
ANR, etc. les problématiques archéologiques sont généralement liées à l’étude de centres de
production de terres cuites (ateliers de potiers, ateliers de briquetiers, foyers d’habitat), ou bien à
l’étude du bâti à partir des terres cuites architecturales.
Développements méthodologiques
L’application de la méthode dépend de la connaissance des courbes d’étalonnage des
variables inclinaison, déclinaison et intensité en fonction du temps. Ces courbes doivent être établies
par régions géographiques d’environ 1000 km de diamètre du fait des anomalies régionales du CMT.
En France, ces courbes sont plus ou moins bien documentées selon les périodes au cours des trois
derniers millénaires. Cet étalonnage nécessite un travail de longue haleine basé sur des contacts
étroits et suivis avec les archéologues et les spécialistes des autres méthodes de datation (14C, TL,
dendrochronologie…) pour collecter les données qui serviront de référence. Il s’agit de compléter les
périodes encore trop mal documentées, et aussi d’améliorer la précision pour l’obtention de résultats
de datation encore plus précis, l’objectif étant de descendre à des incertitudes sur les dates de l’ordre
de quelques décennies.
Des développements méthodologiques sont en cours au niveau des processus d’acquisition de
l’aimantation afin de mieux comprendre et corriger les effets de l’anisotropie et des vitesses de
refroidissement. L’analyse de la minéralogie magnétique est aussi un élément essentiel en particulier
pour mieux contrôler la qualité des déterminations des archéo-intensités. Un nouveau magnétomètre
triaxial vibrant a par ailleurs été conçu récemment à l’Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP)
pour permettre la mesure rapide et automatique des archéo-intensités.
Tendances
La datation par archéomagnétisme est une méthode de routine sous certaines conditions :
lorsque les courbes d’étalonnage du CMT sont connues avec suffisamment de précision, et pour les
matériaux permettant des mesures directement interprétables. Le protocole de mesure dans ce cas
est relativement standard.
Parallèlement à cette activité, les spécialistes sont amenés à poursuivre les recherches au niveau de
l’établissement et de l’amélioration de la précision des courbes d’étalonnage. Les recherches sur
l’intensité du champ ancien ont repris à Rennes et Paris depuis une bonne dizaine d’années à des
fins d’étude du géomagnétisme et aussi pour utiliser cette troisième variable du champ comme
paramètre de datation.
En plus des aspects de datation archéomagnétique (une cinquantaine de datations
archéomagnétiques par an en collaboration et dans le cadre de fouilles INRAP), les équipes du
LC2RMF et de l’IPGP s’intéressent en particulier aux relations possibles entre la variation séculaire
du champ géomagnétique et les fluctuations climatiques pluri-décennales, ces dernières ayant pu
avoir un impact sur l’histoire de certaines civilisations.
Le laboratoire de Rennes développe aussi une approche originale au niveau de la datation des terres
cuites architecturales (tuiles et briques) en combinant étude de l’intensité et de l’inclinaison, selon une
méthodologie, concernant l’inclinaison, dont il est le leader au niveau international.
Depuis 2007, le groupe Archéomagnétisme SHS rennais est rattaché à l’UMR 5060 IRAMAT-
CRP2A (CNRS SHS - Univ. Bordeaux3) avec 1 chercheur (CR CNRS) et 1 Assistant-ingénieur (AI
CNRS). Ce groupe est installé dans l’UMR 6118 Géosciences-Rennes, à Rennes, via une convention
d’accueil signée entre le CNRS et les Universités de Bordeaux 3 et de Rennes 1. Cette collaboration
scientifique implique côté Géosciences-Rennes 1 professeur en géophysique et 1 IATOSS. Ce
groupe met en commun, entre SHS et SDU, un ensemble d’équipements de mesure et de savoir-faire
de même qu’il a une forte interaction avec l’équipe bordelaise du CRP2A (couplage AM - TL pour la
datation des terres cuites). A moyen terme, des collaborations au niveau de la caractérisation
magnétique des matériaux étudiés seront aussi envisageables.
Le LC2RMF (CNRS Chimie, SHS - Min. Culture) dispose d'un personnel CR (CNRS)
spécialisé en archéomagnétisme. Cette chercheuse travaille en collaboration avec deux autres
spécialistes en archéomagnétisme à l’IPGP (1 DR et un IR CNRS, UMR 7154), où se trouve de
nombreux équipements de mesures. Les travaux du LC2RMF portent en partie sur des thématiques
recouvrant celles de l'IRAMAT-CRP2A, avec un effort tout particulier porté sur la construction des
courbes d’étalonnage des variations séculaires du champ magnétique terrestre.
Tableau 3 : équipements utilisés dans le cadre de la datation par archéomagnétisme. Ce matériel se trouve dans
des unités de géosciences X en propre, (X) par collaboration dans d'autres équipes
Champs thématiques
Parmi les champs thématiques de la datation par luminescence, on notera de nombreuses
applications pour la construction de référentiels chronologiques afin de mieux caractériser les cultures
paléolithiques, les implantations humaines, la progression de traits culturels (par exemple le
néolithique), l'histoire des techniques et des matériaux. La tendance hors hexagone, est un
renforcement de l'utilisation de l'OSL à des fins de reconstruction paléoenvironnementale (évolution
des cours d'eau, mise en place de sédiments, etc.) qu'il serait aussi nécessaire de valoriser en France
en soutenant les équipes majeures, car la méthode est parfaitement adaptée aux recherches dans le
cadre général de la thématique interactions Homme-milieux.
Tableau 4 : Equipements mis en oeuvre dans le cadre de la datation par luminescence X en propre, (X) par
collaboration dans d'autres équipes
Méthode ESR
Cette méthode présente un potentiel important car elle s’adresse à de nombreux échantillons
dont les carbonates (continentaux et marins), l’émail de dents fossiles de grands herbivores et les
grains de quartz détritiques. Cette polyvalence permet de réaliser de nombreuses études
chronologiques sur des sites en grotte et de plein air sur une période qui s’étend sur tout le
Quaternaire (deux derniers millions d’années). En milieu non volcanique, c’est la seule méthode qui
peut proposer des estimations d’âge pour les périodes très anciennes (Pléistocène inférieur et
moyen). À ce titre, elle s’applique parfaitement à des sujets de recherche importants tels que « Les
premiers peuplements en Eurasie », thème majeur de l’UMR5198 et c’est l’une des raisons pour
laquelle cette unité a fortement contribué au développement de cette méthode. L’autre raison,
initialement, était de développer des méthodes capables de prendre le relais du radiocarbone afin de
pouvoir dater des événements dont l’âge se situait entre 50 000 et 500 000 ans, période marquée en
Europe par de nombreux événements importants tels que "l’arrivée" de la culture acheuléenne (Mode
2), l’utilisation du débitage Levallois et la maîtrise du feu.
Séries de l’uranium
Les méthodes de datation utilisant les séries de l’uranium sont fondées sur la mesure de la
radioactivité de l’uranium et de ses isotopes. Parmi les nombreux rapports utilisés notamment pour
dater des événements géologiques, les rapports 230Th/234U et 231Pa/235U représentent un potentiel
important pour la datation puisqu’ils permettent de dater de nombreux types de matériels trouvés
dans les sites paléontologiques et préhistoriques. La méthode uranium-thorium (U-Th) a été mise au
point sur les coraux au cours des années cinquante. Depuis, les analyses se sont étendues, avec une
fiabilité et une précision plus ou moins grandes, aux carbonates continentaux (stalagmites, planchers
stalagmitiques, travertins), marins (coquilles de mollusques) et aux ossements et dents fossiles dont
l'âge est compris entre 10 ka et 350 ka environ. Les récentes applications de la spectrométrie de
masse permettent de dater des événements plus anciens. Actuellement les limites de ces méthodes
sont repoussées vers 600 ka.
Concernant l’ESR, ce paragraphe est identique à celui rédigé pour les méthodes de la
luminescence.
Pour les séries de l’uranium, le développement de la spectrométrie de masse a permis de
réaliser des progrès très importants dans le domaine de la précision et de la fiabilité des âges
(étalonnage du 14C pour les périodes récentes). L’utilisation de ces techniques permet également de
progresser dans le domaine de la haute résolution des prélèvements. Enfin, le développement de la
spectrométrie de masse couplée à un plasma par induction utilisant un laser permet des analyses très
fines et représentatives des échantillons analysés sans les détruire.
Equipements
Pour effectuer une datation ESR, il est nécessaire d’avoir un spectromètre ESR qui, selon les
critères du CNRS, correspond à un équipement mi-lourd (> 130 000 Euros). La dose annuelle est
mesurée soit directement sur le terrain par un spectromètre gamma portable de type NaI
(20 000 Euros) soit en laboratoire par l’utilisation d’un spectromètre gamma au germanium à haute
résolution et à bas bruit de fond (50 000 Euros). Les échantillons sont préparés par voie chimique
nécessitant une installation d’un laboratoire de chimie avec hottes et matériel de chimie (10 000 Euros
par an de fonctionnement). Les échantillons doivent être irradiés par des sources gamma et cette
opération passe par la collaboration de laboratoires habilités. Pour nos échantillons, cette irradiation
se fait en étroite collaboration avec le LNHB de Saclay (CEA) et représente un budget supplémentaire
Tendances
La datation par ESR s’effectue sur plusieurs types d’échantillons. Pour les dents fossiles de
grands herbivores, les données obtenues à partir des séries de l’uranium et celles obtenues par ESR
sont combinées. Un âge « modélisé » est obtenu. Cette combinaison de méthodes permet en principe
d’obtenir des âges sur une période comprise entre 2 Ma et 100 000 ans mais fortement assujettie à la
précision obtenue sur les rapports isotopiques. Le développement de cette méthode passe cependant
par l’utilisation de méthodes sophistiquées, telles que la spectrométrie de masse par ionisation
thermique (TIMS) et la spectrométrie de masse couplée à un plasma par induction (ICPMS). Ces
méthodes permettent d’obtenir des domaines d’erreur très petits nécessaires à la précision des
résultats.
Tableau 5 : Equipements mis en oeuvre dans le cadre de la datation par résonance de spin électronique : X en
propre, (X) par collaboration dans d'autres équipes
Champs thématiques
La méthode de datation 39Ar/40Ar peut être appliquée à la datation de sites préhistoriques
lorsque les formations géologiques, en relation, contiennent des roches ou minéraux volcaniques. Elle
vise à dater des sites très anciens à Hominidés et en Eurasie des gisements du Paléolithique moyen
et inférieur, à situer chronologiquement les émergences diverses de populations humaines fossiles.
Elle permet aussi une comparaison des âges avec d’autres méthodes de datation utilisées telles que
la méthode U-Th, la datation ESR , la thermoluminescence.
Tendances
Les protocoles utilisés lors du chauffage par paliers de température, par fusion totale, la
spectrométrie de masse et les interprétations des données sont en développement continu. La
méthode Ar-Ar utilisée pour des sites préhistoriques anciens (plus vieux que 2Ma) est en cours de
développement pour la datation de sites jusqu’à 10 ka. C’est une méthode de datation fiable qui
recouvre toute l’histoire de l’humanité (plusieurs millions d’années) et dont l’utilisation peut répondre à
des interrogations chronologiques d’événements historiques.
Tableau 6 : Equipements mis en oeuvre dans le cadre de la datation par argon-argon : X en propre, (X) par
collaboration dans d'autres équipes. Le matériel utilisé par le chercheur du CEPAM est géré par Géosciences
Azur
Les matériaux conservés en contexte archéologique sont de nature très variée et présentent
des états de transformation ou d'altération plus ou moins importants en fonction de leur degré
d'exploitation par l'homme et des processus naturels qui ont présidé à leur dégradation.
Issus du monde biologique ou minéral, ils peuvent être de nature inorganique (matériaux
lithiques, céramiques, verres, pigments, métaux), organique (produits de la ruche, résines, boissons
fermentées, etc.). Certains sont également composites, tels les ossements contenant un part minérale
et une fraction organique. Ils ont enregistré en leur sein une partie de leur histoire liée à leur formation
mais aussi à leur exploitation par l'homme puis à leur altération après abandon à l'échelle
macroscopique mais également au niveau élémentaire, isotopique et structural. De ce fait, une partie
des recherches menées sur les archéomatériaux relève de l'archéométrie et se situe à l'interface des
sciences physico-chimiques et de l'archéologie.
Au-delà des développements analytiques nécessaires à la connaissance de ces matériaux et
de leur histoire, les grandes problématiques abordées sont sous-tendues par les thématiques
transversales "de la source à l'objet" et "conservation, altération".
Quels que soient les matériaux considérés, les équipes s'intéressent généralement aux
questions de provenance (territoires exploités, réseaux d'approvisionnement et d'échange, routes
commerciales), aux techniques de fabrication, aux modes d'utilisation et d'abandon et aux processus
naturels d'altération (voir aussi RTP Taphonomie).
La structuration des équipes travaillant sur les archéomatériaux n'est cependant que
partiellement déterminée par ces grandes problématiques. Les matériaux et leurs propriétés
conditionnent en effet largement les méthodologies d'étude. Ces dernières, souvent lourdes,
complexes et onéreuses, nécessitent un degré de spécialisation élevé, ce qui explique la structuration
des équipes essentiellement par rapport aux matériaux étudiés et aux techniques d'analyse mises en
œuvre, même si une certaine spécialisation géo-chronologique ou thématique dans le champ de
l'archéologie existe également. En outre, la nécessité de réaliser des référentiels liés aux matériaux
étudiés est également un élément important de ces recherches.
Les céramiques font partie des premiers matériaux de synthèse que l’Homme a su valoriser et
adapter tout au long de son évolution. L’étude pluridisciplinaire de ces matériaux, reflet matériel des
sociétés du passé, est indispensable pour appréhender l’évolution des contextes socio-économiques
et culturels, des échanges, des savoir-faire…
Dans les Unités Mixtes de Recherche UMR 5138 (Archéométrie et Archéologie, Lyon) et
UMR 6577 (Centre de recherches archéologiques et historiques médiévales, Caen), les études
concernent la confrontation des approches typo-chronologiques et des caractéristiques géochimiques
des pâtes céramiques. Ces recherches permettent de réfléchir sur l’organisation des ateliers de
céramiques, leurs spécificités, leurs spécialisations et leur mode de diffusion. La diffusion est-elle liée
à des facteurs tels que la conjoncture politique et économique, le développement de voies
commerciales, la nature du contenu ou la commercialisation en complément de cargaison d’autres
produits ? Les bases de données très importantes disponibles dans les laboratoires de Lyon
(domaine méditerranéen, de la période gallo-romaine au moyen âge) et Caen (Europe du Nord-
Ouest, de la période gallo-romaine au moyen âge) constituent un outil de comparaison remarquable.
Notons que les travaux menés actuellement à Caen s’inscrivent prioritairement dans une réflexion sur
les voies et les espaces d’échanges en tant que facteurs participant aux dynamiques spatiales, un
thème qui est abordé dans un cadre élargi aux rivages de la Manche.
Les équipements utilisés pour répondre à ces problématiques se composent essentiellement de
fluorescence X en dispersion de longueur d’onde et de diffraction de rayons X (Lyon), et d’ICP-AES
(Caen) en plus des moyens traditionnels d'observation (microscopie optique).
Les questions de provenance sont développées ponctuellement dans les unités UMR 171
(Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France, C2RMF, Paris) et UMR 5060
(composante bordelaise de l’IRAMAT : Centre de Recherche en Physique Appliquée à l’Archéologie,
CRP2A, Bordeaux). Le point fort de leur « activité céramique » concerne les aspects technologiques
afin de relier l’objet fini aux matières premières utilisées et de préciser les différentes étapes des
chaînes opératoires de fabrication. Ces informations sont obtenues essentiellement grâce à l’examen
de la texture de ces matériaux composites et à la caractérisation des compositions élémentaire,
isotopique et/ou minéralogique. Ceci fait appel à plusieurs méthodes d’examen (microscope optique,
MEB, TEM…), à des techniques d’analyse élémentaire (EDX, fluorescence X, PIXE…), et d'analyse
structurale (diffraction de rayons X, spectrométrie Raman…). Une bonne partie des équipements
appartient aux unités citées.
Des études méthodologiques sont menées particulièrement au C2RMF pour développer des
méthodes non destructives et portables, qui s’appuient notamment sur l’accélérateur AGLAE (micro-
PIXE/PIGE, RBS et ERDA).
Figure 4 :
Répartition géographique des équipes
archéométriques effectuant des
FRE 3119 recherches sur les céramiques
UMR 7075 UMR 171 anciennes :
Les problématiques liées à l’étude du verre, autre matériau issu des arts du feu, concerne à la
fois les verres archéologiques et les verres de vitraux du moyen âge.
Volets thématiques
Le deuxième volet est principalement centré sur l’étude des processus d’altération des verres
de vitraux, études indispensables à la mise au point de stratégies de conservation préventive
adéquates. Ces recherches sont principalement menées sur des homologues, expressément conçus
en laboratoire afin de comprendre les cinétiques d’altération en milieu atmosphérique, et sur des
vitraux déposés, afin de caractériser l’altération sur les longues durées d’exposition. Une particularité
de ces travaux est de coupler l’analyse des matériaux d’intérêt avec celle de l’environnement
(atmosphérique) qui est une des causes de son altération.
Équipements
Les outils indispensables dans le cadre de cette thématique réunissent des méthodes
d’analyse des matériaux et celles qui relèvent de la chimie atmosphérique. Il s’agit de techniques
d’observation et analyses microscopiques (microscope optique et MEB-EDS, Microscope
Interférométrique, Microsonde Electroniques) des techniques spectroscopiques (FTIR, µRaman)
minéralogiques (µXRD) et de chimie analytiques (HPLC, ICP-AES). Certains de ces appareils
(microscope optiques, MEB, Microscope Interférométrique, HPLC, ICP-AES) sont présents dans
l’unité UMR 7583, les autres sont accessibles au travers de collaborations scientifiques avec des
laboratoires CNRS, universitaires ou du ministère de la culture.
Trois équipes sont plus particulièrement impliquées sur les verres archéologiques : l’IRAMAT
(UMR 5060), Archéologie et Archéométrie (UMR 5138) et le LC2RMF (UMR 171). On note une petite
équipe du LPCML (UMR 5620) de Lyon qui développe occasionnellement des travaux sur le verre
archéologique.
Les recherches portant sur l'altération et la conservation des vitraux sont menées
principalement au LISA (UMR 7583) en étroite collaboration avec un des laboratoires du ministère de
la culture, le LRMH.
Les tendances futures de la recherche dans le domaine du verre concernent d’une part
l’identification plus fine des ateliers primaires et la diffusion de leur production. A ce titre les analyses
isotopiques (Sr, Nd) couplée à celle des éléments traces sont appelées à se développer si l’on en
UMR 171
UMR 7583
UMR 5060
Figure 5 :
Répartition géographique des équipes
archéométriques effectuant des
recherches sur le verre
UMR 5620
z équipes à forte composante SHS
UMR 5138 UMR 5060, Bordeaux et Orléans
UMR 5138, Lyon
UMR 5060
z équipe SHS minoritaire ou hors
champ SHS :
UMR 171, Paris
UMR 7583, Paris
UMR 5620, Lyon
La recherche sur les matériaux métalliques dans les sociétés anciennes s’organise en 4 axes
complémentaires :
Compréhension des chaînes opératoires et des filières liées à la production des métaux
Ce premier axe s’intéresse tant au matériau métallique quand il peut être retrouvé sur les
sites archéologiques de production (ce qui est peu souvent le cas) qu’aux déchets de cette production
(scories, parois de fours et de foyers). Ainsi, cet axe met en œuvre des techniques de la
métallographie (microscopies optiques et électroniques notamment) et géologiques (lames minces…).
La structure des matériaux doit également être sondée à différentes échelles, ainsi, la diffraction et
micro diffraction des RX sont nécessaires. Enfin, afin de réaliser des bilans matières pouvant donner
des informations cruciales sur les rendements et les capacités de productions des méthodes donnant
accès à la composition en éléments majeurs et parfois mineurs sont nécessaires (XRF, EDS, EPMA,
ICP AES, MS, Activation neutronique). Pour des questions plus spécifiques (métallurgie de l’argent
par exemple) des techniques plus spécifiques de mesures de porosités peuvent être mises en œuvre.
Avec l’application de ces méthodes, certaines étapes cruciales des chaînes opératoires pourront être
mieux comprises et, ainsi, les déchets et sites mieux interprétés (coupellation pour la métallurgie de
l’argent, épuration et affinage pour la sidérurgie etc…).
Les thématiques de circulation et de provenance sont couramment traitées pour les métaux
homogènes (or, argent) ou à la fois de techniques permettant d’attendre les teneurs à l’état de trace
sont utilisées (activation, ICP-MS, AES, XRF) mais également pour certains métaux des techniques
isotopiques. Depuis quelques années des travaux similaires ont ouvert de grands espoirs pour les
métaux ferreux. Du fait de leur hétérogénéité, aux techniques précédemment mentionnées doivent
s’ajouter des analyses à l’échelle microscopique que seules certaines techniques permettent (µXRF,
ICPMS-LA, LIBS…). Il conviendra, quel que soit le métal, de réaliser, à partir de l’analyse
macroscopique de minerais et de déchets, une banque de données représentative des régions
étudiées. Ce travail représente à notre sens une des priorités pour la recherche à venir. Dans le
champs particulier des études numismatiques, lorsque des minerais peuvent être caractérisés par des
éléments-traces spécifiques, il est possible d'identifier les objets qui en sont issus et donc d'étudier les
utilisations et les aires de diffusion de ces minerais.
Les caractéristiques mécaniques des matériaux métalliques et partant leur qualité sont liées à
la fois à leur composition et à leur structure. Ainsi, afin d’appréhender ces paramètres, l’ensemble des
techniques précédemment citées doivent être mises en œuvre. A cela, s’ajoutent dans certains cas
des tests spécifiques mécaniques qui doivent être menés dans des laboratoires spécialisés selon des
protocoles définis en commun dans les laboratoires d’archéométrie et de mécanique. D’un autre point
de vue, en numismatique, la détermination de la pureté du métal (purification et altération) est
fondamentale et permet de reconstituer et d'interpréter historiquement les politiques monétaires Des
enquêtes portant sur la reconstitution des modes de fabrication et de contrôle permettent entre autres
de distinguer faux et imitations.
Altération
Cet axe nécessite de sonder à la fois la structure et la composition à différentes échelles sur
les matériaux (µXRD, µRaman, µXRF…). Des questions liées aux traitements de surface ou aux
polychromies des objets peuvent également être abordées. Mentionnons enfin l’utilité de telles études
pour la prévision du comportement de matériaux sur le long terme (stockage des déchets par
exemple).
En résumé, l’ensemble des approches devant être mises en œuvre de manière systématique
demandent à la fois des techniques des sciences des matériaux et d’analyse chimique de pointe
et activité occasionnelle
UMR 5060 Bordeaux
UMR 7182 Institut de Chimie et des
UMR 5085 Matériaux de Paris Est
UMR5563 UMR 7575 Laboratoire d'Electrochimie et
UMR 5608 Chimie Analytique, Jussieu, Paris
UMR 5085 Centre Interuniversitaire de
Recherche et d'Ingéniérie des Matériaux,
Toulouse
UMR 5563 Laboratoire des Mécanismes
et Transferts en Géologie, Toulouse
Le tableau 7 donne les techniques maîtrisées par chacun des laboratoires à forte composante SHS
Laboratoire MO MEB XRF XRD µXRF µXRD µRaman ICPMS-LA ICPAES Activation
UMR 5060 X X X X X X X X X
UMR 171 X X X X X X X
UMR 6566 X X X
UMR 5608 X (X) (X) (X) (X)
Tableau 7 : Matériel dans les principales composantes archéométriques SHS. X : en propre ; (X) : collaboration
Altérations
L’étude de l’altération physique ou chimique des matériaux de la peinture est indispensable
lorsqu’on se fixe pour objectif de comprendre les techniques picturales anciennes et déterminer
l’ « authenticité » des divers constituants. La dégradation des pigments (entraînant, entre autres, une
modification de la couleur) ou des vernis, par exemple, peut conduire à des erreurs d’interprétation
iconographique. Par ailleurs, il est indispensable de tenter de distinguer les matériaux originels de
restaurations, repeints, ajouts plus tardifs. De plus, les conditions particulières de conservation des
peintures murales et rupestres conduit à identifier et analyser les relations entre couche picturale et,
d’une part, le support (murs, parois), d’autre part, l’environnement climatique et à analyser les
altérations qui peuvent en découler (cristallisation de sels, développement de micro-organismes…)
par des méthodes spécifiques (chromatographie ionique, mise en culture de prélèvements
biologiques…).
La compréhension des mécanismes de dégradation des pigments, liants et autres matériaux
constituant les peintures nécessitent de les reproduire en laboratoire à l’aide d’équipements
spécifiques (systèmes de vieillissement accéléré, enceintes climatiques, xénotest…).
Conservation
Les recherches sur la conservation, c'est-à-dire sur les conditions environnementales dans lesquelles
les supports peints ont évolué ou sont conservés, sont liés à l’étude des altérations. Dans un milieu
contrôlé (archives, bibliothèques, musées), les questions sont plus simples que lorsqu’on a affaire,
par exemple, à des enduits peints en place dans une église ou un château, de polychromies sur la
façade d’une cathédrale soumise aux intempéries ou lorsqu’il s’agit de grottes ornées.
UMR 171
Figure 7
Laboratoires impliqués dans les
UMR 7075
études des pigments et supports
peints
UMR 5060
z SHS majoritaire
z SHS partiel
UMR 5199
UMR 2940
UMR 5060
Il convient, ici, de dire quelques mots à propos des méthodes non destructives et/ou in situ.
Un ensemble d’appareils utilisables in situ est un atout pour l’étude rapide et globale d’un objet qui ne
peut, pour des raisons diverses, subir un prélèvement. Or la définition, en fonction de ce critère, des
méthodes disponibles dépend du type d’objet. Un appareil de µ-Raman de paillasse est considéré
comme une méthode « non invasive » lorsqu’il s’agit de l’employer sur une enluminure mais non si on
se propose d’étudier des peintures murales en place. L’accès à un MEB environnemental (ou à
pression variable) ne nécessitant pas une préparation spécifique de l’échantillon est un atout lorsque
l’ensemble des techniques d’analyse doit s’appliquer à un unique micro-prélèvement. Parmi les
méthodes utilisables, par définition, in situ, se placent celles visant à étudier les conditions
environnementales de conservation (lumière, température, humidité relative, humidité des murs,
thermographie,…), la mesure de la couleur (spectro-colorimètres/radiomètres portables) ou la
présence de matériaux organiques (imagerie sous UV,…).
La figure 7 donne la liste des laboratoires concernés par les thématiques mentionnées.
Notons que, ponctuellement, des laboratoires dont la vocation principale n’est pas l’archéométrie
participent à des études sur les matériaux de la peinture (UMR2940-Institut Néel). La collaboration
1
avec ces laboratoires donnent accès à des instruments lourds comme l’ESRF . Par ailleurs, des
laboratoires dépendant du Ministère de la Culture sont fortement impliqués dans ces problématiques
(LRMH, CICRP).
Le tableau 8 donne les techniques maîtrisées par chacun des laboratoires à forte composante SHS.
1
Installation Européenne de Rayonnement Synchrotron
Radiographie X
Spectrocolorim.
Granulométrie
XRF
Spectro. de flamme
FTIR
TG/ATD
Enceinte climatique
MEB
µRaman
µXRF
XRD
µXRD
UV/VIS
µFTIR
GC/MS
Laboratoire
Tableau 8 : matériel dans les principales composantes archéométrie SHS pour l'étude des pigments et enduits
peints. X : en propre ; (x) : collaboration (notamment dans le cas de l'IRAMAT-CRP2A, accès à la plateforme
infra-rouge du GIS caractérisation des matériaux de Bordeaux 1)
Les substances organiques, au sens chimique du terme, sont des matériaux qui ne se
conservent bien souvent que dans des contextes spécifiques : milieux froids ou chauds et secs ou
milieux très humides (sites lacustres, fluviatiles et marins). Lorsque la matière organique est piégée
au sein d'une matrice minérale, que ce soit dans le biomatériau lui-même (cas des ossements) ou
pour des raisons d'ordre anthropique (matière organique piégée dans la paroi poreuse des récipients
en céramique), la conservation de la matière organique est également optimale.
Les matériaux organiques amorphes, vestiges de l'exploitation de matières grasses animales
ou végétales, des produits laitiers, de boissons fermentées, de produits de la ruche, de résines, de
parfums ou de colorants sont ainsi susceptibles d'être conservés sur des échelles de temps de
plusieurs millénaires, plus exceptionnellement plusieurs dizaines, voire centaines de millénaires.
Les biomatériaux comprenant les ossements humains et animaux, les bois de cervidé, les
ivoires, les coquillages et les cuirs peuvent présenter des états de conservation très variables en
fonction du milieu dans lequel ils ont été préservés, surtout en ce qui concerne leur fraction
organique. La partie minérale, quant à elle, peut survivre plus systématiquement.
L'ensemble de ces matériaux est porteur d'un grand nombre d'informations tant sur leur
histoire naturelle (gisement de matière primaire, diagenèse) qu'anthropique (gestion des matières
naturelles, systèmes techniques et socio-économiques de production, réseaux d'échange, etc.).
D'un point de vue méthodologique, ces informations ne sont bien souvent accessibles qu'au
2
niveau élémentaire , isotopique, structural (au niveau moléculaire ou de la structure cristalline). De ce
fait, les recherches menées sur ces matériaux se situent nécessairement à l'interface de
l'archéologie ou de l'archéologie environnementale et des sciences physico-chimiques.
Les déterminismes qui président aux recherches sur ces matériaux sont de deux ordres, par
ordre de priorité :
1. les matériaux étudiés et leurs propriétés qui déterminent largement les méthodologies
analytiques à mettre en œuvre et donc les compétences requises par les acteurs des
recherches et les équipements des laboratoires ;
2. le contexte géo-chronologique d'étude dont vont dépendre les référentiels à mettre en
place et les interprétations des données dans le champ de l'archéologie.
De ce fait, ce type de recherche ne saurait s'imaginer dans un univers qui cloisonnerait les
approches en fonction des périodes étudiées, le matériau étant le dénominateur commun aux
spécialistes d'un même domaine, même si chacun est également spécialisé en partie par période
chronologique appréhendée et zone géographique ou chrono-culturelle maîtrisée. Ces recherches
doivent donc bénéficier d'une structuration transversale permettant des approches diachroniques
et permettant de travailler systématique de façon interdisciplinaire, voire trandisciplinaire, à
l'interface de l'archéologie, de l'archéologie environnementale et de la chimie analytique et de
la géochimie.
Champs thématiques
Les champs thématiques pouvant être développés sur les matériaux organiques et les
biomatériaux sont de trois ordres :
2
au sens chimique du terme, i.e. au niveau des éléments chimiques (C, N, Ca, etc.) constituant les matériaux.
Ainsi, si les microscopes sont des appareils indispensables au sein des laboratoires, de
même que certains appareils "mi-lourds" comme les fluorescences X ou les chromatographes par ex.,
l'accès à des spectromètres de masse isotopiques par exemple relèvent plutôt des modes de
fonctionnement 2 et 3.
z équipe Culture
UMR 6505
LCBOSMV
CEPAM
• UMR 171 CNRS - MCC, Laboratoire du Centre de Recherche et de Restauration des Musées
de France, direction Christiane Naffah et Philippe Walter. Les équipes travaillant sur les
matériaux organiques s'intéressent essentiellement aux substances naturelles archéologiques
mais aussi à celles retrouvées dans des oeuvres d'art et une partie des travaux est également
orientée sur les polymères synthétiques. L’équipe travaillant sur les biomatériaux étudie
principalement les mécanismes d’altération biogéochimique des ossements, ivoires et bois de
cervidé archéologiques. Deux autres axes des recherches sont consacrées à la mise en
évidence des modifications induites par la chauffe et à la mise en place de protocoles de
conservation adaptés à des objets de musée et issus de fouilles archéologiques.
• UMR 7188 CNRS - Museum - MCC, Centre de Recherche sur la Conservation des
Collections dirigé par Bertrand Lavédrine. Recherches en grande partie articulées autour des
documents graphiques.
• LRMH : Laboratoire de recherche des monuments historiques dirigé par Isabelle Pallot-
Frossard. Pour les matériaux organiques, pôle sur les matières colorantes. Concernant les
biomatériaux, identification des microorganismes responsables de phénomènes d’altération
des matériaux.
• LETIAM : Laboratoire d'Etudes des Techniques et Instruments d'Analyse Moléculaire dirigé
par Alain Tchapla à l'IUT d'Orsay. Un groupe qui travaille sur les matériaux organiques du
patrimoine culturel.
• UMR 7509 : Substances naturelles / chimie moléculaire, dirigé par Françoise Colobert
(ancienne direction : Pierre Albrecht). Strasbourg. Un groupe qui s'intéresse aux substances
naturelles archéologiques.
• UMR 6505 : Photochimie moléculaire et macromoléculaire dirigé par Claire Richard
(Clermont-Ferrand). Un groupe de recherche qui s'intéresse à l'altération des polymères de
restauration des bois gorgés d'eau.
• LCBOSMV (Avignon) : Laboratoire de Chimie Bioorganique et des Systèmes Moléculaires
Vectoriels qui comprend un groupe qui s'intéresse aux substances naturelles du patrimoine.
Il ressort de ce document qu'il y a une concentration des unités en région parisienne et que
plusieurs unités, qu'elles soient CNRS ou Universités relèvent de la chimie ce qui s'explique
probablement par les équipements analytiques nécessaires pour ce type de recherche et donc les
coûts en équipement et en fonctionnement.
Pour les unités CNRS, il s'agit d'UMR dont le Ministère de la Culture peut être un des
partenaires (cas du C2RMF). Seul un laboratoire, le LRMH, a une seule tutelle, le Ministère de la
Culture.
Tendances
Le futur réside probablement dans l'amélioration de la porosité des frontières entre différentes
approches complémentaires mais encore trop menées indépendamment les unes des autres en
raison d'un cloisonnement entre disciplines ou entre laboratoires possédant des équipements et des
compétences différents mais hautement complémentaires.
A l'avenir, il s'agira donc, en mettant en place des réseaux de laboratoires, de faciliter l'accès
aux compétences et équipements afin d'aboutir à une synergie entre approches élémentaires,
structurales, séparatives, isotopiques, biochimiques (ADN) et observation à plusieurs échelles. Il sera
également nécessaire d'étudier conjointement les phases organiques et inorganiques d'un même
système ainsi que leurs interfaces.
Enfin, les recherches en laboratoire devront être plus étroitement liées au terrain
archéologique et il sera nécessaire de conforter les approches diachroniques.
Sous ce vocable très vaste entrent une foule de matériaux qui vont du bloc de pierre utilisé
pour la construction ou l’outillage aux matières premières des industries des arts du feu. Nous ne
considèrerons ici que les matériaux géologiques utilisés tel quel, sans autre transformation que leur
mise en forme. Ce pôle rassemble les travaux de recherche relatifs aux objets en pierre : industries
lithiques taillées et lames en pierre polie (principalement silex, obsidienne, quartz et roche dure),
éléments de parure (lignite, turquoise, variscite, pierres précieuses et semi-précieuses …) mais aussi
éléments architecturaux ...
Les recherches au sein de ce pôle ne se limitent pas à l’outillage, mais concernent aussi les
éléments de parure et les éléments architecturaux.
En ce qui concerne les éléments de parure, nous prendrons en compte la parure dans toute
l'acception du terme : les perles, les bracelets, les lames de roches polies, les pierres serties, les
intailles... Les travaux sur ce type de mobilier traitent tous d'éléments en matières minérales même si
pour certains d'entre-eux, leur origine est biologique comme celle des tests de coquillage.
Pour les éléments architecturaux, en plus des problématiques de provenance se rajoutent les
problématiques liées aux phénomènes d’altération en vue de la conservation ou de la restauration
des œuvres et monuments.
D’un point de vue analytique, les besoins instrumentaux de ce pôle sont principalement liés
aux méthodes de caractérisation élémentaire (fluorescence X en énergie ou en longueur d’onde,
spectrométrie de masse à plasma, spectrométrie d’émission à plasma, PIXE) ou isotopique (isotopes
légers ou lourds), mais peuvent aussi nécessiter le recours à des méthodes de caractérisation
structurelle dans le cas des études d’altération des éléments architecturaux (diffraction X, microscopie
électronique…). Mentionnons aussi pour cette thématique particulière l’utilité de méthodes de
vieillissement accéléré pour la prévision du comportement de matériaux sur le long terme. Ces
méthodes sont particulièrement onéreuses, le coût de la plupart de ces instruments, indispensables
aux recherches effectuées varie entre 100k€ et 400k€. A ce jour, chacun des laboratoires cités
possède en plus des ses instruments de base (microscopies optiques et électroniques…) l’un ou
l’autre de ces moyens lourds.
Figure 9
UMR 5198 Laboratoires impliqués dans l’étude
UMR 171
UMR 7583 des matériaux lithiques (d'après
données de l'enquête archéométrie
UMR 6619 2007)
UMR 6113
UMR 6566
UMR 5060 z équipes à forte composante SHS
UMR 5060 (IRAMAT) Orléans et
Pessac
UMR 5138 (A&A) Lyon
LEPTAB UMR 5198 (MNHN) Paris
UMR 6130 (CEPAM)
UMR 5138 UMR 6566 (CReAAH) Rennes
UMR 5060 UMR 6636 (ESEP) Aix
UMR 5797
z équipe SHS minoritaire hors
UMR 6130 champ SHS
LA-ICP-
Laboratoire MO MEB XRF XRD µXRF µXRD µRaman ICPAES PIXE
MS
UMR5060 X X X X X X X X (X)*
UMR171 X X X X X X X
UMR6566 X X X
UMR5138 X X
UMR6636 X (X)
Tableau 7 : Equipement utilisé des principales groupes d'archéométrie SHS pour l'étude des matériaux
lithiques. X : en propre ; (x) : collaboration. * utilisation de la plate-forme AIFIRA du centre d'études nucléaires
de Bordeaux-Gradignan (CENBG UMR 5797).
Les études réalisées pour reconstituer le climat, les conditions environnementales et les
régimes alimentaires des sociétés anciennes grâce à une approche de géochimie isotopique sont un
des axes de recherche importants et en plein essor de l’archéométrie. Elles sont complémentaires
aux recherches paléoenvironnementales plus classiques basées sur la paléobotanique (palynologie,
carpologie, anthracologie) ou l’archéozoologie et sont indissociables des pôles de compétences
« datation » et « matériaux », car les approches sont analogues. Il s’agit notamment de rechercher
des marqueurs (généralement au niveau isotopique) caractéristiques des conditions dans lesquels les
matériaux se sont formés ou dans lesquelles les individus ont évolué. Les méthodes analytiques
utilisées pour caractériser ces marqueurs sont également très similaires. La spectrométrie de masse
isotopique est généralement utilisée pour étudier les rapports isotopiques du δ13C3, δ15N4, δ18O5,
87
Sr/86Sr et du Pb des matériaux utilisés pour les études paléoenvironnementales. Certains éléments-
traces ou des composés organiques spécifiques (stérols, terpénoïdes, acides humiques) pourraient
aussi servir en tant que marqueurs d’un milieu ou des conditions climatiques particulières.
Les informations obtenues par cette approche de géochimie isotopique sont de différents
ordres. Il est possible d’observer les variations climatiques (températures, hydrologies, enregistrement
d’événements climatiques particuliers), de déterminer les paléorégimes alimentaires (herbivores,
carnivores, omnivores, marins, terrestres), de sonder les sources d’approvisonnement et la diffusion
de la matière première, de suivre la migration des populations, ou encore d’explorer l’adaptation des
populations à des milieux avec des environnements spécifiques et d’étudier des paléopollutions sur
les populations.
Ces recherches se placent nécessairement à l’interface de l’archéologie, l’archéologie
environnementale et la géologie ainsi que de la biochimie, la biologie, la géochimie et la chimie
analytique.
Les matériaux avec un fort potentiel informatif sur le paléoenvironnement sont ceux ayant des
caractéristiques d’archives du passé des conditions environnementales dans lesquelles ils ont été
formés ou évolués durant la vie en gardant des traces dans leur composition isotopique ou chimique
(à l’échelle des éléments traces par ex.) comme les matières animales ou végétales (les ossements,
les dents, les coquillages, le bois) ou les spéléothèmes (concrétions carbonatées des cavités
karstiques). La variation des rapports isotopiques ou élémentaires couplée à la datation est utilisée
afin de déterminer le milieu géologique dans lequel ils ont été formé ou pour suivre les modifications
liées à des variations climatiques qui peuvent être de courtes durées (saisonnières, ex. teneurs en Sr
et Mg dans les spéléothèmes) ou être étendues sur de plus grandes périodes (chute de température
lors des glaciations se traduisant par une diminution de la pression CO2 dans l’atmosphère et une
décélération de la formation des concrétions carbonatées dans les grottes karstiques ou modification
des rapports isotopiques du Sr dans les os en fonction du milieu géologique dans lequel vit l’individu).
Ainsi il est possible de découper ce pôle de compétence en deux parties en fonction du type
de matériau utilisé pour les études paléoenvironnementales par une approche de géochimie
isotopique :
• étude des spéléothèmes,
• étude des biomatériaux.
3 δ13C (‰) = [(13Réchantillon/13Rstandard)-1]*1000 avec 13Réchantillon le rapport 13C/12C de l’échantillon et 13Rstandard celui
d’une référence définie internationalement (du carbonate marin Belemnitella americana PDB).
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4 δ N est défini par δ N(‰) = [( Réchantillon/ Rstandard)-1]*1000 avec R = N/ N et un standard à base d’azote
atmosphérique (AIR).
5 Le rapport isotopique δ 18O est défini comme δ 18O(‰) = [(18Réchantillon/18Rstandard-1]*1000 avec R =18O/16O et un
standard à base de l’eau de mer supposée homogène (V-SMOW).
Les champs thématiques qui peuvent être développés dans ce pôle sont de deux ordres :
• L’étude des oscillations climatiques en suivant les variations du δ18O qui sont liées aux
changement d’hydrologie et de température et celles du δ13C qui peuvent être corrélées avec
des modifications de température (couverture végétale) et la nature du sol.
• Le développement analytique afin d’améliorer la sensibilité des méthodes analytiques
utilisées pour doser précisément les rapports isotopiques, pour augmenter leur résolution
spatiale et diminuer la quantité d’échantillons nécessaires pour l’analyse.
• Par ailleurs, il est intéressant de citer les éléments traces tels que le magnésium et le
strontium ainsi que des molécules organiques comme les stérols, terpénoïdes ou acides
humiques piégées dans la calcite car ils sont également utilisés comme marqueurs
paléoclimatiques des spéléothèmes, même s’il ne s’agit pas d’une approche purement
isotopique.
Pour l’exploitation des résultats d’analyse isotopique, il est généralement indispensable de dater
précisément les matériaux, par les déséquilibres dans la famille de l’uranium dans le cas des
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spéléothèmes et par des méthodes comme le C pour les biomatériaux de type os, etc. Il est
également important de considérer les altérations des matériaux possibles lors du temps
d’enfouissement dans le sol. Ces recherches nécessitent donc en général des interactions fortes
entre les différents pôles de compétences de l’archéométrie, notamment avec ceux de la datation et
des matériaux.
UMR 5197
UMR 5198 Figure 10 : laboratoires utilsant des
méthodes de géochimie isotopique
UMR 1572 dans l'étude du paléoenvironnement
UMR 5204
UMR 5554
Champs thématiques
Parmi les champs thématiques de la prospection géophysique, on notera de nombreuses
applications pour la cartographie du bâti et notamment l’étude de villes disparues ou d’ensembles
monumentaux de grande ampleur. Une large partie de la communauté internationale s’est également
tournée dans cette voie autorisée par la rapidité de mise en œuvre des méthodes d’imagerie
géophysique, de l’ordre de l’hectare couvert par jour. D’autre part, les prospections sont à même de
fournir des informations qui, couplées avec quelques investigations archéologiques, permettent
d’accéder à une donnée essentielle : le plan des structures.
D’autres applications, plus récentes, consistent à étudier l’évolution du milieu en regard des
activités humaines. Citons notamment les travaux sur l’évolution des paléo-littoraux afin de retrouver
les sites portuaires ou bien, a contrario, l’étude des sites archéologiques littoraux pour reconstituer la
variation locale du niveau de la mer.
Tendances
En prospection géophysique, deux activités de recherche doivent être distinguées. D’une part,
les outils géophysiques « commerciaux » sont utilisés en routine par des spécialistes pour répondre à
des problématiques archéologiques. D’autre part, des géophysiciens, issus des Sciences de la terre,
assure le développement instrumental et méthodologique pour mieux adapter l’instrumentation et les
protocoles aux problématiques archéologiques. Les champs d’investigations actuels portent,
principalement pour les méthodes magnétiques et électromagnétiques, sur une meilleure
compréhension du lien qui relie les propriétés des matériaux du sol aux mesures effectuées depuis la
surface. C’est une étape indispensable pour améliorer l’interprétation des prospections (inversion des
données).
L’activité géophysique de l’UMR6250 LIENSS (Univ. La Rochelle – CNRS) repose sur deux
permanents (MdC), sans soutien technique. Elle s’appuie également sur une cellule de valorisation
employant une à deux personnes. Les principales recherches méthodologiques portent sur le signal
magnétique des sols. Ce signal est étudié en combinant prospections de terrain et mesures en
laboratoire (cf. Pôle de datation Archéomagnétisme), ce qui constitue une spécificité française et une
originalité sur le plan international. L’équipe étudie également l’évolution des littoraux au cours des
derniers millénaires, et ce, en relation avec les activités humaines côtières.
L’UMR7619 Sisyphe (Univ. P. & M. Curie Paris – CNRS – ENSMP – EPHE) est le laboratoire
« historique » de développement de la géophysique appliquée à l’archéologie en France. Cette
activité repose actuellement sur six permanents : un ingénieur et cinq enseignants-chercheurs pour
lesquels les applications à l’archéologie constituent un domaine de recherche secondaire (en
moyenne 20% du temps recherche). Les activités de recherche de l’équipe sont principalement
orientées vers l’étude de la structure et du fonctionnement des hydrosystèmes continentaux
L’UMR5133 Archéorient (Univ. Lyon 2 – CNRS) compte dans ses rangs un permanent (CR)
appliquant les prospections magnétiques pour répondre à des problématiques archéologiques liées à
l’urbanisme. Il ne dispose pas de soutien technique.
L’activité géophysique de l’UMR5189 HiSoMA (Univ. Tours & Lyon 2 – CNRS) repose sur une
seule personne (IGR), proche de la retraite, et dont l’instrumentation est ancienne. Elle concerne
l’application des méthodes magnétiques, électriques et électromagnétiques pour soutenir l’activité de
recherche des archéologues.
Figure 11 :
Répartition des laboratoires de
prospection géophysique en France.
UMR 7619 Sisyphe
z laboratoires majoritairement SHS,
appliquant les méthodes
géophysiques mais n’effectuant pas
UMR 5189 HiSoMA de développement méthodologique.
z laboratoires d’autres
départements scientifiques réalisant à
UMR 6250 LIENSS la fois du développement et de
UMR 5138 l’appliqué.
Tableau 8 : Matériel utilisé dans les équipes citées, X : en propre ; (X) : matériel utilisé dans une autre équipe en
collaboration.