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Bilan critique des approches céramologiques,


du Néolithique à l'Époque moderne

journée d'exposés-débats organisée et éditée par

Jean Rosen
(CNRS, UMR 5594, Dijon)
communications de
Alain Beeching
Armand Desbat
Jean Rosen
Laure Salanova
Frans Verhaeghe
Joël Vital

dans le cadre du thème transversal de l'UMR 5594


Matériaux, techniques et sociétés du Néolithique à l'Époque moderne
« non nova sed nove »

avec le soutien de l'ED 202 LIS


le concours de la MSH de Dijon
Université de Bourgogne
lundi 6 décembre 2004

UMR 5594 – DIJON - JUIN 2005


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AVANT-PROPOS

"J'écrivais tout à l'heure que cette montre de Céramique nous ranimait tout un
passé. Davantage : elle nous manifeste avec précision la nature même de tout
passé. Le passé n'est point ce qu'on croit. Le passé n'est point ce qui fut ; il n'est
que ce qui subsiste de ce qui fut. Vestiges et souvenirs. Le reste n'a nulle
existence.
Regardez bien tous ces objets dans le Musée, et songez à présent aux
étonnantes quantités de pareils objets qui furent nécessairement en usage ;
songez aux millions d'assiettes, de plats et de tasses qui durent être faits et
utilisés pendant la période ici représentée ; songez alors à l'action, sur ce
nombre immense de pièces, de toutes les causes imaginables de destruction,
aux tonnes de tessons, aux montagnes de débris qui sont le complément de ce
qui subsiste ; songez à la mortalité des choses fragiles, à la durée probable
d'une soucoupe ou d'un saladier.
[...] Rien ne ressemble plus à notre capital actuel de connaissances, à notre
Avoir en matière d'histoire, que cette collection d'objets accidentellement
préservés. Tout notre savoir est, comme elle, un résidu. Nos documents sont des
épaves qu'une époque abandonne à une autre, au hasard et en désordre"
Paul Valéry1.

***
"L'homme prend l'argile dans ses mains, la lave, la façonne, puis la soumet à
l'action du feu et, par la maîtrise de l'air au cours de la cuisson, lui donne son
aspect définitif : cette union symbolique des quatre éléments domestiqués par
l'homme, est, dit-on, l'un des tout premiers gestes fondateurs de la civilisation.
Depuis le Néolithique, à chaque stade de l'évolution, différents types de
céramique portent ainsi le témoignage des sociétés qui les ont produites, et les
archéologues qui se penchent sur ces périodes, jusqu'à l'aube de l'époque
moderne, continuent encore largement à considérer ces artefacts comme un des
signes essentiels, et souvent même un repère précieux pour leurs investigations".
(Rosen 1995).

***

Cette journée de séminaire baptisée Bilan critique des approches céramologiques, du


Néolithique à l'Époque moderne a été organisée avec le soutien de l'École doctorale LIS 202 de
l'Université de Bourgogne, en association avec la Maison des Sciences de l'Homme de Dijon. Elle
constitue le troisième volet des activités du thème transversal "Matériaux, techniques et sociétés du
Néolithique à l'époque moderne" dont je suis responsable pour le contrat quadriennal 2002-2006 à
l'UMR 5594 du CNRS à l'Université de Bourgogne de Dijon.
Il est nécessaire de rappeler tout d'abord que les activités de ce thème transversal ne visent
pas à reproduire ou à souligner ce qui a pu ou peut être fait au sein des équipes déjà organisées dans
la recherche par périodes chronologiques. Elles n'ont pas davantage pour ambition de se consacrer à
une histoire des techniques étudiée dans d'autres lieux. Leur spécificité est de constituer un outil
d'investigations et de réflexion à plusieurs niveaux. Leur objet concerne les rapports et les interactions
entre les matériaux, leurs techniques de mise en œuvre et les sociétés où s'opèrent ces phénomènes,
considérés dans leur ensemble, du Néolithique à l'Époque moderne, c'est-à-dire dans une perspective
historique sur le très long terme. Dans ce lieu d'échanges, il devrait être possible non seulement de

1 Paul Valéry, "Variations sur la céramique illustrée", préface au catalogue de l'exposition "La vie française
illustrée par la céramique", Musée national de céramique de Sèvres, Paris, 1934 publiée in Pièces sur l'Art, Paris,
1934, p. 276-277.
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mener des études comparatives concernant les rapports et les interactions entre les différents
matériaux et les différentes périodes considérées, mais aussi de réfléchir sur les modes d'approche et
les moyens mis en œuvre par les différents opérateurs de la recherche pour étudier ces phénomènes
complexes. L'accent particulier est mis sur la céramique, qui constitue un matériau commun à toutes
les époques considérées. Étant donné le vaste champ énoncé dans l'intitulé, il est bien évident qu'il ne
peut s'agir d'une ambition exhaustive, mais seulement d'une expérimentation opérant par coups de
projecteur sur des aspects significatifs qui offrent des potentialités de réflexion en commun.

Trois manifestations ont déjà été organisées depuis 2002 sous la forme de séminaires. Elles
n'ont pas donné lieu à des publications, mais en voici le programme, à titre d’information :

* Céramique et sociétés (20 juin 2002) :


Intervenants et programme :
- Sophie Méry, CNRS, MAE, Nanterre : "Archéologie des échanges dans le Golfe persique et le Nord
de l'océan durant la Protohistoire : l'apport de la céramologie".
- Rémi Martineau, CNRS, UMR 5594, Dijon :"Le façonnage des poteries du Néolithique de la France
de l'Est et de la Suisse occidentale. Comment et pourquoi mettre en évidence des traditions
techniques?"
- Jean Rosen, CNRS, UMR 5594, Dijon : "Problèmes de diffusion et de circulation des styles, des
savoir-faire et des ouvriers : l'apport de la période moderne sur le long terme (XIIIe-XIXe s.)".

* L’archéologue et l’archéomètre (14 octobre 2003) :


Intervenants et programme :
- Philippe Colomban, CNRS, LADIR, UMR 7075, CNRS-Université Paris VI, Thiais : “ Que peut
apporter une analyse Raman des céramiques, verres, gemmes… en Archéologie, Histoire de l'art et
des techniques - Analyse sur site ou au laboratoire. Tessons et/ou pièces exceptionnelles”.
- Nathalie Huet, directrice du laboratoire Arc'Antique, Nantes et UMR 6566, Rennes : “ La restauration,
phase privilégiée pour l’étude approfondie des objets archéologiques : l’exemple du laboratoire
Arc’Antique, à Nantes ”.
- Michel Pernot, CNRS, CRPAA, UMR 5060, Institut de recherche sur les archéomatériaux, Université
Michel de Montaigne Bordeaux 3, Pessac : “ Mais que fabriquaient ces artisans ? Du bon usage des

poubelles pour retrouver le geste et la pensée des métallurgistes : un passage obligé par la science
des matériaux”.
- Maurice Picon, CNRS, laboratoire de céramologie du CNRS de Lyon (UMR 5138) & Jean Rosen,
CNRS, UMR 5594, Dijon : “ Détermination d’origine des céramiques en laboratoire : analyses et
stratégies ”.
- Vincent Seernels, Laboratoire de Minéralogie et de Pétrographie, Dépt. De Géosciences, Université
de Fribourg, Suisse : “ Faut-il remplir les dépôts de fouilles avec des scories ? ”.
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Il m'a donc semblé opportun de mettre enfin à exécution un projet qui me tenait à cœur depuis
plus de cinq ans : celui de susciter un bilan comparatif critique des approches céramologiques sur le
très long terme, sous la forme de panoramas très généraux. Le but de cette entreprise était de
permettre à la fois aux spécialistes et à un public plus large d'étudiants, d'archéologues et de
spécialistes de toutes disciplines et périodes confondues de comparer collectivement les diverses
approches d'un même matériau aux différentes périodes chronologiques, et d'en débattre, sans a
priori sur les résultats qui pourraient apparaître in fine de cet exercice.

Les intervenants sollicités, que je remercie vivement d'avoir bien voulu accepter la gageure de
ce bilan en plus de leurs charges habituelles, étaient les suivants :

Période néolithique : Alain Beeching, CNRS, UMR 5594, Centre d'Archéologie Préhistorique, 4,
Place des Ormeaux, 26000 - Valence, cap.valence@wanadoo.fr

Campaniforme : Laure Salanova, CNRS, MAE, UMR 7041, équipe Protohistoire européenne, 21 allée
de l'Université, 92 023 Nanterre CEDEX, <salanova@mae.u-paris10.fr>

Âges des métaux : Joël Vital, CNRS, UMR 5594, Centre d'Archéologie Préhistorique, 4, Place des
Ormeaux, 26000 Valence, <cap.valence@wanadoo.fr>

Période gallo-romaine : Armand Desbat, CNRS, Laboratoire de céramologie, UMR 5138, 7, rue
Raulin, 69007 Lyon, <a.desbat@laposte.net>

Période médiévale : Frans Verhaeghe, Prof. Université de Bruxelles, Provinciebkan 78 A, 9270


Laarne, Belgique, <frans.verhaeghe@skynet.be>

Époque moderne : Jean Rosen, CNRS, UMR 5594, Faculté des Sciences, 6, Bd Gabriel, 21000
Dijon, <jean.rosen@u-bourgogne.fr>

Selon une règle du jeu fixée à l'avance, et de manière à ce que les bilans soient aisément
comparables, chaque intervenant devait aborder obligatoirement les quatre points suivants, dans
l'ordre :
- historiographie de la discipline (apparition, grandes figures et grands moments, organisation
actuelle de la recherche) ;
- exposé des méthodes (outils, classements typologiques, archéologie expérimentale, analyses de
laboratoire, etc…) ;
- bilan actuel des connaissances (où en est-on ? progrès déterminants ou stagnation ? qu'est-ce que
l'étude de la céramique de cette période a apporté à la connaissance des sociétés considérées ?) ;
- perspectives et directions souhaitables de la recherche pour la décennie à venir.

Les communications et les débats, enregistrés par les soins de la MSH de Dijon, avec l'aide
de Tomoko Watanabe, stagiaire à l'UMR 5594, ont d'abord été retranscrits par Fabrice Moncada
(DESS de Physique appliquée à l'étude du Patrimoine, Bordeaux), puis repris par les divers
intervenants et par moi-même. Certaines interventions ont pu être totalement réécrites ; d'autres, en
fonction de la disponibilité et de la charge de travail des intervenants, ont simplement été corrigées, ce
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qui explique la différence de densité des unes ou des autres. De même, les bibliographies, d'inégale
importance suivant qu'elles ne concernent que les ouvrages cités ou qu'elles constituent une
proposition d'approche du sujet plus ambitieuse, sont données telles quelles à titre d'information, avec
des codes de normalisation éventuellement différents suivant les matières et les intervenants. Les
débats qui suivent certaines communications, comme le débat final, ont simplement été adaptés en
langue écrite, ce qui explique le style très proche de l'oral des interventions.

Que tous les partenaires de cette entreprise, aussi bien les communicants et les soutiens
financiers et logistiques que les assistants techniques et le nombreux public qui a assisté à la journée,
trouvent ici l'expression de toute ma gratitude.

Je m’étais engagé à ce que tous les participants à cette manifestation aient une version
informatique de ces exposés et de ces débats dans un délai raisonnable. Voilà qui est fait. Mais il est
bien évident que le compte-rendu des travaux d'une seule journée, fût-elle bien remplie, ne constitue
qu'une première approche pour un sujet aussi ambitieux. Tout membre de la communauté scientifique
qui souhaiterait reprendre ces données pour les compléter et pousser la réflexion un peu plus loin
sera le bienvenu…

Jean Rosen, le 21 juin 2005, Dijon


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LA CÉRAMIQUE NÉOLITHIQUE
Alain Beeching, CNRS, UMR 5594

C'est un raccourci pratique de confondre les débuts du Néolithique et ceux de la céramique, et


même de considérer qu’il y a totale adéquation entre son existence et des organisations sociales de
vie collectives stables dues à l’économie de production et à la sédentarisation. On sait pourtant que, à
travers le monde, la céramique apparaît parfois avant — comme la poterie en Chine, au Japon, en
Amazonie, voire même les statuettes du Paléolithique supérieur de Moravie, de Sibérie ou du
Japon — ou après — comme au Pérou — le début de l’économie de production, et que des peuples
pasteurs nomades ont usé de la poterie, certes en quantité plus réduite... Au Proche-Orient, comme
pour l’émergence du Néolithique, l’apparition de la céramique est étalée dans le temps. On peut dire
qu'il faut attendre -7 500 à -7 200 pour que les céramiques soient véritablement attestées dans les
sociétés, alors que depuis un bon millénaire on connaît la céramique en tant que nouveau matériau
utilisé pour des figurines animales ou humaines, ou pour des micro-vases qui n’ont pas de fonction
utilitaire : les inventions arrivent avant d’être réellement intégrées dans une économie matérielle
efficace.
En Europe occidentale, on considère volontiers que l’ensemble du bagage technique
néolithique, dont la céramique, arrive en même temps, bien qu’avec un décalage entre les deux
grandes aires méditerranéenne et centre européenne ; mais il reste beaucoup à comprendre aussi
bien sur les acculturations des zones tampon ou périphériques que sur un premier tournant proto-
néolithique qui, parfois, consisterait plus en une exploitation maîtrisée du milieu qu’en de véritables
économies (et sociétés) de production.
Matériau nouveau, la céramique est le premier réellement créé par l’homme, puisqu’il n’existe
pas à l’état naturel et qu’il faut une transformation pour en faire quelque chose de différent. Comme la
transformation du plâtre, elle nécessite la maîtrise des premières technologies du feu : le contrôle des
températures et, très vite, la cuisson fermée.

I - HISTORIOGRAPHIE
En Europe Occidentale, dans les temps pionniers du début de la Préhistoire, jusque vers les
années 1880 environ, le Néolithique qui s’appelle encore le "Robenhausien" (Âge de la pierre polie) a
du mal à se dégager des celtomanies et des traditions englobant dans une seule vision tout ce qui est
post-diluvien, où pratiquement tous les horizons à poteries archaïques sont confondus. A cette
époque là, c’est surtout l’anthropologie des crânes qui mobilise l’attention, et secondairement les silex
dans lesquels on essaye de voir, pour le Néolithique, une sorte de prolongement des industries les
plus anciennes antédiluviennes ou les plus archaïques qui commencent à être retrouvées dans les
grottes du sud de la France et des terrasses du Nord. La poterie est reconnue, mentionnée, mais peu
décrite.
C'est Joseph Déchelette qui va donner sa véritable place à la céramique. L’un des premiers, il
va lui accorder son importance archéologique, comme matériel pouvant permettre des classifications.
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Dans son Manuel d’Archéologie Celtique de 1908 pour le premier tome, le chapitre 8, de 25 pages et
d'une dizaine de figures, est entièrement consacré à la céramique, ce qui est assez révolutionnaire à
une époque où l'on ne s’appuie pas sur ce document pour tenter les sous-classifications du
Néolithique. Il y reconnaît l’obstacle de la diversité des formes, couleurs, décors et renonce d’une
certaine manière à un classement systématique poussé. Il n'y a pas de travail analytique ; on
considère seulement ce document dans sa globalité et surtout on s’intéresse à quelque traits
décoratifs. Les constats généraux faits alors sont assez pertinents ; on peut même dire qu’un certain
nombre d'entre eux sont toujours valables. La distinction entre céramique grossière — assimilée à de
la céramique domestique — et céramique fine — qu’on dit faire l'objet d’un commerce — est
soulignée.
« Ces derniers sont en argile mal épurée et mélangée de grains de quartz qui servaient peut-
être à donner plus de consistance à la pâte. La nuance est rarement homogène sur toute la surface
du vase. À la cassure, la pâte, qu’une cuisson imparfaite n’a pas également pénétrée, présente
souvent une coloration plus ou moins rougeâtre sur les parois et grise à l’intérieur. Pour la même
raison, elle est peu tenace et parfois poreuse. Les vases étaient cuits à l’air libre et non pas au four.
En Europe Centrale, quelques-uns uns étaient lustrés à l’ébauchoir, mais jamais revêtus de peinture. Il
n’en est pas de même en Egypte et dans certaines régions du sud-est de l’Europe où l’on rencontre
déjà à cette période la poterie peinte, polychrome. L’usage du tour est inconnu, les potiers façonnant à
la main tous leurs produits. A l’époque néolithique, comme chez certaines peuplades sauvages
moderne, les vases domestiques d’usage courant devaient être façonnés dans la plupart des villages
lorsque l’argile ne faisait pas défaut. Leur préparation était sans doute l’ouvrage des femmes. Depuis
quelques années, la céramique néolithique des pays d’outre-Rhin a fait l’objet d’études nombreuses.
Les archéologues allemands ont essayé de déterminer l’ordre de succession des différents types,
groupés par famille, tentative d’autant plus intéressante que leur classification générale permettrait
d’établir sur des bases définitives la division chronologique jusque-là mal définie des temps
Néolithiques » (Déchelette 1908, ch. 8).
En rapportant ce bref passage, on constate que pratiquement toutes les pistes de l’étude
céramologique sont posées, aussi bien concernant le matériau que son utilisation et son intérêt
archéologique. À l’exemple des recherches allemandes, c’est surtout le décor qui retient l’attention. En
s'appuyant sur elles, J. Déchelette distingue le décor cordé, les "caliciformes" et des décors en
bandes spiraliques du Néolithique ancien rubané. Mais, faute de séquences diachroniques et de
sériations, il mélange tous ces types décoratifs et l’on ne sait encore pas trop bien lequel est le plus
ancien. En cherchant des liens décoratifs entre les différentes régions de l’Europe et du Proche-
Orient, et en insistant sur la dimension géographique des questions posées, il explore une autre piste
importante et porteuse d'avenir.
Pour le Néolithique de la France, J. Déchelette perçoit l’originalité de la céramique du Camp
de Chassey. Si bon nombre de décors sont décrits (qui sont d’ailleurs pratiquement tous représentés),
les céramiques inornées ne sont pas oubliées, mais il faudra attendre de nombreuses décennies pour
qu’on puisse arriver à les classer pour en obtenir des informations. Il les décrit, dans leurs formes,
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leurs aspects, isolant bien les organes de préhension ou de suspension auxquels il accorde autant de
place descriptive qu’au décor. Une fois de plus, on peut dire que c’est une approche globale,
descriptive mais absolument pas analytique. Il n’essaye pas de séquencer le document céramique
pour isoler certains points et les comparer. Il tente des comparaisons à très longue distance avec la
Turquie, Chypre, la Transylvanie, la Bohème, pour essayer de resituer le Chasséen, qu’il n’appelle
pas comme cela puisqu’il faudra attendre trente ans pour que ce nom apparaisse, dans le concert du
Néolithique européen et proche oriental.

Dans les années 1920 à 1950, l’émergence des études sur le Néolithique est lente et
laborieuse. Concernant le document céramique, il n’y a pas de progrès essentiel. La mise en place
des chronologies est longue dans la mesure ou elle s’appuie surtout sur l’industrie lithique, sur
certains aspects morphologiques des séries et sur leur localisation avec la définition de sous-groupes
géographiques. C’est par exemple la belle époque du Campinien. Il faut attendre les années 1950 où
un déclic se produit avec la génération du Docteur Jean Arnal dans le Sud et de Gérard Bailloud au
Nord puis dans l’ensemble de la France ; leurs ouvrages font référence au début des années 1950.
Ce sont les premiers à accorder réellement une place prééminente à la céramique pour identifier et
classer les cultures néolithiques. J. Arnal apporte le premier un regard nouveau et par exemple, pour
le Chasséen, il donne une synthèse de l’évolution des approches concernant les céramiques
néolithiques. C’est dans la première moitié des années 1950 qu’il propose une première subdivision
entre Chasséen A et B uniquement basée sur la céramique. Il décrit un certain nombre de types,
toujours considérés globalement, mais il en propose une sériation chronologique sur la base de
séquences stratigraphiques de référence (Grotte de la Madeleine, Roucadour et quelques autres
grottes). Les travaux ultérieurs vont remettre en cause en grande partie ces bases stratigraphiques et
donc ces classements, mais il en reste encore quelque chose, surtout dans son approche céramique.
Il y a ainsi une filiation évolutive nette de J. Arnal à J. Vaquer, en passant par J.-P. Thevenot
dans ce que l'on pourrait qualifier de « morphologique globale » s'attachant à la globalité des formes,
quitte à les subdiviser sur des bases de relations dimensionnelles et proportionnelles.
Pour définir le Chasséen, en 1960 (Arnal, Bailloud, Riquet 1960), onze types globaux sont
identifiés : vase support, assiette à rebord, écuelles de La Lagozza (tous les carénés), trois types de
vases à col, vases "sacciformes" que l’on appelle maintenant les jarres marmites, écuelles en calotte,
micro-vases, cuillères, bouchons qui sont des sous-types secondaires.
A la fin des années 1960, J.-P. Thevenot poursuit le travail d’Arnal. Il retrouve ces mêmes
types, en trouve des nouveaux, notamment un certain nombre des types précédents sont subdivisés,
comme les écuelles de La Lagozza pour lesquelles il est fait une subdivision entre carène anguleuse
et carène molle ou sinueuse. La grande famille imprécise des vases à col et des "sacciformes" est
subdivisée ; on en est à dix-neuf types, mais on reste dans une approche globalisante.
Le vocabulaire actuel est fixé par J. Vaquer mais, avec ses quarante-sept types auxquels
s'ajoutent des subdivisions typométriques, il reste redevable de la logique descriptive de ses deux
prédécesseurs. L'apport réellement novateur est la classification sur la base de la typométrie, c'est-à-
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dire des rapports dimensionnels entre les différentes parties des récipients. Par exemple, pour la
famille des « vases à fond bombé paroi dégagée » (expression reprise de J. P. Thevenot mais qui
n’est plus employée aujourd’hui), c'est-à-dire des ex-écuelles de La lagozza, J. Vaquer définit quatre
groupes et dix-neuf sous-groupes morphologiques qui sont basés uniquement sur des rapports
dimensionnels entre diamètre maximum, diamètre d’ouverture, hauteur relative de la position de la
carène, relation hauteur/diamètre…

Le deuxième courant né dans les années 1950 est la typologie analytique qui, pour l’approche
de l’industrie lithique, a longtemps surtout été illustrée par les travaux de J. Laplace par exemple. Mais
il faut aussi citer J.-C. Gardin qui a mis au point une typologie analytique de la céramique dès le milieu
des années 1950. Elle sera publiée seulement en 1976. Celle-ci est basée sur le principe d’une
subdivision des éléments à décrire, en l’occurrence la céramique, en sous parties : la lèvre, le col, la
panse… et préconise de faire pour chacune de ces subdivisions, l’inventaire de tous les cas
possibles, les lister, leur donner un code... la description de l’objet se faisant ensuite par accumulation
de toutes occurrences descriptives observées. Ce travail a été surtout utilisé pour le Néolithique par
Alain Gallay dans un travail de la fin des années 1960, début des années 1970, publié en 1977
(Gallay 1977), et qui porte sur le Néolithique moyen des plaines de la Saône et du Plateau suisse,
avec des comparaisons jusque dans le Sud de la France et l’Allemagne. Un tableau de référence
s'appuie sur toutes les configurations possibles. Quatre catégories de proportions (ex : relation
hauteur/diamètre) et vingt-deux catégories de formes sont distinguées, ce qui conduit à quatre vingt-
huit formules associatives, plus encore quatre vingt dix autres pour les préhensions. Le problème de
cette méthode survient quand il s'agit d'évaluer par la quantification la représentativité des
assemblages décelés. Aucune série céramique homogène ne permet une approche quantitative, donc
statistique, à partir de ces formules lourdes. A. Gallay a donc regroupé des séries pour définir des
horizons. On a donc plusieurs séries dans une même formule, par exemple pour comparer le
Cortaillod récent du plateau suisse avec le Chasséen du Sud de la France (quatre ou cinq séries pour
le Cortaillod et au moins dix pour le Sud de la France).
Depuis, pour le Néolithique où les séries sont trop variables en regard de leur importance pour
permettre cette approche, personne n’a continué dans cette voie strictement analytique. Il y a eu des
tentatives, par exemple de F. Chifferdecker qui travaillait lui aussi sur le Cortaillod et a fait des
propositions intéressantes de subdivisions, faisant lui aussi des catégories de proportions
dimensionnelles et un certain nombre de familles d’association de critères. Divers travaux
universitaires ont bien repris la piste des subdivisions lourdes et détaillées (d'ailleurs pas analytiques
au sens de Laplace, Gardin et Gallay) mais ont aussi buté sur l'écueil soulevé ci-dessus. Plusieurs
centaines de types ou sous-types possibles sont dégagés, mais seulement quelques dizaines sont
réellement utilisés pour faire la classification finale. La grande grille large et descriptive a alors surtout
valeur de système de débroussaillage, mais en fin de compte ce n’est pas celle-là qui est utilisée.
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Dans les années 1970, un code descriptif complet des céramiques avait été aussi élaboré
pour le programme de la Vallée de l'Aisne ; mais il n'a pas non plus, à notre connaissance, été
systématiquement appliqué.
Le décor
Le codage du décor, que je ne fais que mentionner puisqu'il sera plus longuement abordé
dans les autres contributions, a également connu des fortunes diverses, glissant de la grille
systématique à la sélection pragmatique. Le code du programme "vallée de l'Aisne", inspiré par celui
qu'avait contribué à élaborer B. Soudsky à Bylany et repris plus ou moins adapté par de nombreux
travaux sur le courant danubien, distingue la technique d'exécution de la thématique, le décor principal
des registres complémentaires, les thèmes (classes d'organisation générale) des motifs (sous-classes
des figures élémentaires)...(URA 12, 1973-75).
Pour les courants méridionaux, en dehors de tentatives académiques théoriques (Hameau
1978) il a fallu attendre plus longtemps (Taras, 1991, 1992 ; Manen 2000 ; Van Willigen 1995), les
deux premières s'attachant — à des degrés de précision divers, notamment concernant la
hiérarchisation des thèmes et des motifs — à distinguer aussi les techniques de la composition, et le
troisième mêlant les deux dans la définition de critères stylistiques.

II – MÉTHODES : LES ANALYSES DE LABORATOIRE


Pour la céramique du Néolithique mais aussi pour les céramiques archaïques en général,
elles ont été faites très tôt : A. Brongniart, un minéralogiste, s'est penché sur la question dès le milieu
du XIXe siècle (Brongniart 1844). P. Du Chatelier (du Chatelier 1897), un archéologue généraliste,
s’est appuyé sur des spécialistes de la manufacture de Sèvres pour essayer de caractériser les pâtes
des poteries préhistoriques à la fin de ce même XIXe siècle. L. Franchet, chimiste, a abondamment
produit sur les pâtes et la technologie céramique (Franchet 1910).
C’est surtout à partir des années 1950 et 1960 qu’il va y avoir un certain nombre de progrès,
aux USA, en Angleterre (Shepard, Hodges, Pickock), et en France, surtout l'abbé Bordet et L. Courtois
(Bordet et Courtois 1967 a). L'approche de la céramique archéologique se fait à partir de lames
minces pour reconnaître les constituants de la pâte, présents dans l'argile de départ et rajoutés en
dégraissants, comme on peut le faire en minéralogie. Ce type de travail sera prolongé par J.-C.
Echallier, Cl. Constantin, et toute une série de successeurs.
La voie de l'analyse chimique des constituants, moins empirique mais confondant dans la
mesure le naturel et le rapporté, surtout efficace pour l'identification des productions d'ateliers, a été
peu employée en pré-protohistoire, du moins en France. La succession des deux opérations est
parfois nécessaire, mais encore une fois peu ou pas utilisée pour la France.
L’intérêt de ces approches des pâtes a plusieurs buts : pour les productions plus récentes, la
recherche de lieux de production, d’ateliers, et la mise en évidence de diffusion, de voies
commerciales et de liens économiques. Pour la Préhistoire, on s’est rabattu sur des approches de
provenance, mais à des échelles plus ponctuelles, ou sur des systèmes de fabrication ou de
composition d’une vaisselle.
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On peut signaler aussi que le travail d'observation directe du matériau céramique,


macroscopique, à l'oeil ou la loupe binoculaire, est abondamment pratiqué pour des sériations avant
analyse ou pour la mise en évidence des gestes techniques de fabrication, montage, finition,
cuisson... et la reconnaissance des systèmes techniques, particulièrement aptes à la définition des
comportements culturels. La perception des signes et des stigmates techniques est un premier pas,
mais elle n'est pleinement utilisable que rapportée à l'identification de gestes ou d'options techniques
précises qui ne peuvent être approchés que comparativement, par l'expérimentation ou l'observation
de productions céramiques actuelles dans des conditions comparables à celles de l'objet d'étude
(anthropologie des techniques, ethnoarchéologie).

III - BILAN
Les tendances actuelles sont davantage pragmatiques. Certaines, minoritaires, consistent à
chercher des critères empiriques efficaces et restreints, mais pour lesquels on peut réellement
maîtriser l'information sans employer des instruments très lourds et très larges : C. Constantin a tenté
une approche de la "culture" de Villeneuve-Saint-Germain (Néolithique ancien du Bassin Parisien-nord
de la France) en croisant la description des décors (position et structure générale) avec un certain
nombre de techniques pour les obtenir. S. Van Willigen a, comme je l'avais fait moi-même, isolé des
critères techno-stylistiques supposés pertinents du Néolithique méridional, pour en voir la variation
d'un site à l'autre (Van Willigen 1995).
La plupart des autres élaborent des systèmes efficaces très adaptés à une série ou une entité
culturelle précise, mariant grandes subdivisions morphologiques, seuils typométriques et détails
stylistiques évidents.

IV - PERSPECTIVES
On a vu que l'approche classificatoire des morphologies et des décors avait perdu de ses
prétentions et de sa prééminence pour revenir à des systèmes efficaces plus simples et se combiner
avec des approches nouvelles. Il n'est pourtant, pour l'instant, pas question de s'en passer, les
sériations typologiques restant à la fois le chronomètre et le système de caractérisation les plus
employés pour situer les "cultures" archéologies dans le réseau de l'espace-temps.
Par contre, ce qui semble se développer, c’est une prise en compte plus forte des paramètres
technologiques pour comprendre comment on faisait les céramiques néolithiques, essayer de
reconstituer les gestes de la fabrication, les chaînes opératoires de l’obtention des vases, la matière
première employée, les approvisionnements, les techniques de montage, de décoration, de cuisson,
les transferts d'un groupe ou d'une région à l'autre… dans le but de trouver de nouvelles pistes de
caractérisation des cultures préhistoriques.
12 / 129

Orientations bibliographiques
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LE CAMPANIFORME
Laure Salanova, CNRS, UMR 7041 – Protohistoire européenne (MAE – Nanterre)

Le Campaniforme est avant tout défini par une céramique en forme de cloche, richement
décorée, associée à différents types d'objets qui apparaissent principalement en contexte funéraire :
poignards en cuivre, pointes de flèche, petites plaquettes rectangulaires le plus souvent en schiste
perforées aux extrémités et que l'on interprète comme des brassards d’archer, quelques types de
parure en os (boutons perforés en V, perles tubulaires, pendentifs arciformes) et plus rarement en or
(plaquettes, tortillons, diadèmes). Cet assemblage se retrouve dans la deuxième moitié du IIIe
millénaire avant J.-C., de l'Océan Atlantique à la Pologne et des Iles Britanniques aux côtes de
l'Afrique du Nord (fig. 1).
Malgré une apparente uniformité, les recherches ont très tôt montré la variabilité régionale de
l’assemblage campaniforme. Au sein des céramiques, on distingue les vases standardisés, gobelets
sinueux de couleur rouge décorés de lignes ou de bandes hachurées, des vases de style régional aux
formes et aux décors plus variés. En France, plusieurs styles régionaux ont ainsi été définis : le style «
provençal » et le style « pyrénéen » dans le sud de la France, deux styles assez proches et qui se
caractérisent par des décors incisés et estampés, le style « épimaritime » que l'on trouve sur le littoral
atlantique de la France et qui se caractérise par des motifs géométriques variés imprimés au peigne.
Les recherches sur le Campaniforme ont surtout été axées sur la céramique et ce n’est que très
récemment que d’autres composantes, l’industrie lithique notamment, ont fait l’objet d’études
détaillées.

I - LES GRANDES ETAPES DE LA DEFINITION DU CAMPANIFORME


L’histoire des recherches sur le Campaniforme se décompose en trois grandes étapes (fig. 2).
1ère étape : la reconnaissance du Campaniforme
- 1886 : première mention du Campaniforme par E. Cartailhac, appelé « Caliciforme » jusque dans les
années 1950-1960 par les chercheurs francophones, « Drinking Cup » par les anglophones. Le terme
« campaniforme » (de l'espagnol « campana » qui signifie « cloche ») s’impose vers le milieu du XXe
siècle ( Bell Beaker en anglais, Glockenbecher en allemand).
- Années 1920-1930 : plusieurs synthèses descriptives donnent corps au Campaniforme, aboutissant
à la synthèse européenne de Del Castillo en 1928. À partir des formes et des décors des vases, cet
auteur découpe l’Europe en de multiples groupes régionaux.

- Années 1950-1960 : foisonnement de synthèses régionales. En France, Jean L’Helgouach dresse un


bilan sur la Bretagne (L’Helgouach 1961), Jean Guilaine sur les Pyrénées françaises (Guilaine 1967).

1 – Assemblages et répartition du Campaniforme


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2e étape : l’interprétation du phénomène


- 1974 : colloque d’Oberreid (Pays-Bas), organisé par J. N. Lanting et J. D. Van der Waals. Cette
rencontre marque un réel tournant dans les recherches. De nouvelles approches voient le jour,
bénéficiant des premières fouilles d'habitat et des premières dates radiocarbone. Les interprétations
sont plus évolutionnistes et sous le joug de la New Archaeology. J. N. Lanting et J. D. Van der Waals
formulent le « Dutch Model », montrant une évolution sur place du Campaniforme (fig. 3). Ce modèle
convainc à la quasi unanimité.
- Années 1980 : relatif abandon des études. Le Campaniforme devient le terrain de jeu éphémère de
théoriciens.
2 – Schéma d’évolution des recherches sur le Campaniforme

3 – Le modèle hollandais (J.N. Lanting et J.D. Van der Waals)

3e étape : la renaissance
- Début des années 1990 : reprises des recherches, alimentées par la multiplication des fouilles,
notamment de sauvetage, par l'ouverture des pays de l'Est et par de nouvelles approches
spécialisées.
- 1996 : naissance de l’association « Archéologie et gobelets », fondée par M. Besse. Les membres
de cette association organisent chaque année des rencontres internationales dans un pays différent,
maintenant un certain dynamisme dans les recherches.
- 1998 : colloque de Riva del Garda (Italie), organisé par F. Nicolis. Une nouvelle synthèse
européenne, qui s’imposait du fait de l’explosion des données sur le sujet, est publiée (Nicolis éd.
2001).
Ces trois étapes dans la définition du Campaniforme correspondent aussi à trois moments
différents dans l’interprétation du phénomène.
Jusque dans les années 1970, la céramique campaniforme est perçue comme les indices d’un
peuple se répandant en Europe, poussé par la recherche de gisements cuprifères. Tous les lieux
d’origine ou presque ont été envisagés, depuis l’Egypte jusqu’à l’Europe centrale en passant par la
Péninsule ibérique (pour les différents modèles proposés, voir Harrison 1974).
Dans les années 1970-1980, sous l'impact de la New Archaeology, le Campaniforme est
assimilé à un bien de prestige, aux mains de l’élite sociale de l’Europe préhistorique.
Depuis les années 1990, notamment sous l'impulsion de Christian Strahm et de son équipe, le
Campaniforme est interprété comme le marqueur d'une nouvelle idéologie, de nouveaux symboles
adoptés en Europe (Strahm éd. 1995).

II - METHODES
Dans un premier temps, les études typologiques avaient pour objectif de cerner l’évolution du
Campaniforme, son origine et les voies de circulation. Ce n’est que très récemment que les approches
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technologiques et pétrographiques se sont développées, destinées à comprendre la nature et l'origine


des échanges.
La typologie des formes a fait l’objet de plusieurs essais, mais c’est dans la synthèse de
F. Treinen-Claustre sur le Campaniforme en France que la première typologie mathématique voit le
jour (Treinen 1970). La prise en compte de 6 indices (relatifs à la hauteur relative du gobelet, la
hauteur de la panse et son volume, la hauteur et l'évasement du col, l'étroitesse du fond) a permis à
cet auteur d'obtenir plusieurs groupes à caractère régional, parmi lesquels elle distingue des formes
bretonnes, rhénanes et centre européennes. Pour ma part, j’ai proposé une typologie des formes plus
intuitive, que j’ai corrélée à des aspects technologiques et décoratifs : plus le vase s’éloigne du
modèle en cloche, plus le décor est atypique, voire inexistant (Salanova 2000). En fait, toute la
difficulté de l’étude typologique des formes provient de l’extrême diversité des formes basses (coupes,
écuelles, bols à profils variés) et, a contrario, de la standardisation des formes hautes que l’on peut
quasi systématiquement classer dans la catégorie des gobelets à profil en S.
En ce qui concerne la typologie des décors, le répertoire ornemental campaniforme regroupe
des motifs géométriques classiques (hachures, chevrons, triangles pour l’essentiel). Les aspects
quantitatifs et l’organisation du décor sont davantage discriminants. Ainsi, on observe une plus grande
diversité des thèmes ornementaux dans le sud que dans le nord de la France, où le décor tend à la
monotonie (lignes horizontales ou bandes hachurées en thème unique). Pour cerner la structure du
décor, j’avais emprunté aux chercheurs américains une méthode d’analyse de la symétrie et de la
syntaxe décorative. Le décor est ainsi décomposé et la façon dont les éléments sont répétés permet
de mettre en évidence des schémas d’agencement du décor. L’étude que j’avais conduite à l’échelle
de la France a été, dans ce domaine, peu concluante. Tout au plus avais-je noté que les vases du sud
de la France montraient une nette tendance à l’asymétrie, la réflexion miroir propre aux décors
campaniformes étant toujours brisée par l’ajout d’un thème secondaire. Je pense que le manque de
résultats dans mon analyse de la symétrie est largement imputable à la fragmentation du corpus
étudié. Néanmoins, je réfléchis actuellement, sur un corpus d’une tout autre nature, à des
améliorations méthodologiques.
La céramique non décorée, quant à elle, a été étudiée plus récemment. Alain Gallay a
commencé à s’y intéresser à la fin des années 1970, suite à la découverte d’habitats campaniformes
en Suisse. La céramique domestique d’Europe occidentale est comparable à la Begleitkeramik
(« céramique d’accompagnement » : coupes et pichets non décorés associés aux gobelets ornés)
propre aux tombes campaniformes d’Europe centrale, mais elle présente également d’autres types de
formes (urnes à cordons préoraux ou à perforations préorales). A. Gallay a tout d’abord regroupé cet
ensemble de vases sous le terme « complexe rhodano-rhénan » (Gallay 1986). Depuis, les
découvertes n’ont cessé de se multiplier et le terme « céramique commune » semble désormais
mieux adapté à la réalité des faits archéologiques (Besse et Strahm 2001) : ces vases se retrouvent
dans tout le domaine campaniforme (excepté certaines régions de la Péninsule ibérique) et ils sont
majoritaires dans les ensembles domestiques. Dans sa récente thèse, M. Besse a repris l’étude de la
céramique commune à l’échelle de l’Europe : 800 sites étudiés, 83 types morphologiques distingués
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dont 26 élevés au rang de types principaux (les plus fréquents) et par conséquent cartographiés
(fig. 4) (Besse 2003). Au final, l’analyse spatiale des types a permis à M. Besse de distinguer trois
domaines géographiques en constante interaction : un domaine méridional, un domaine oriental et un
domaine septentrional (fig. 5). Les influences du monde Cordé et centre-européen semblent assez
nettes dans la genèse de plusieurs types céramiques.
4 – Les principaux types de céramique commune (M. Besse)

5 – Les trois domaines de la céramique commune (M. Besse)

La vision offerte par la céramique non décorée est très différente des conclusions tirées de
l’étude des décors et on ne s’en étonnera pas : le Campaniforme n’est que le résultat d’un
enchevêtrement de réseaux d’échange qui, dans certains régions, se cristallisent (Salanova 2002).
En ce qui concerne les approches technologiques, elles restent une spécificité française.
C’est pourtant un chercheur hollandais, Sander Van der Leeuw, qui le premier s’intéressa aux
techniques de montage des vases campaniformes (Leeuw 1976). Son étude visait à confirmer le
modèle hollandais de continuité PFB- AOO-Campaniforme. Il a ainsi reconstitué les principales
chaînes opératoires et mis en évidence une technique de montage très particulière : une fois la base
du vase modelé, les colombins empilés sont soutenus par des éléments souples (cordelettes, bandes
de cuir) au cours du séchage, afin d’éviter l’écroulement des fines parois des gobelets plutôt élancés
(fig. 6). Cordelettes et emplacement des bandes imprimées doivent donc être perçues non seulement
comme des éléments décoratifs, mais également comme des éléments liés à l’étape de façonnage du
vase. Ces techniques spécifiques ont été reconnues dans le corpus français en faible nombre
(Salanova 2000). La fragmentation des corpus ne permet pas d’aller au-delà dans le domaine des
techniques de montage, mais il est vrai qu’aucun travail de fond n’a été mené dans ce domaine.

6 – Chaîne opératoire du façonnage des vases AOO aux Pays-Bas (S. Van der Leeuw)

Les techniques décoratives ont par contre fait l’objet d’une étude plus systématique (résumée
dans Salanova 2000). Un protocole d’étude des décors a été mis en place, prenant en compte les
différents paramètres (technique, préparation du support, identification de l’outil, geste employé par le
potier, chronologie des tracés). Contrairement aux analyses de formes ou de façonnage, cette
approche peut être développée sur un corpus fragmenté. Elle a été particulièrement concluante pour
le groupe des vases standardisés que l’on pensait être homogène d’un bout à l’autre de l’Europe. Rien
qu’à l’échelle de la France, onze façons de tracer le décor standardisé ont été mises en évidence, à
partir d’empreinte à la pâte à modeler et de reconstitutions expérimentales (fig. 7). La corrélation entre
les thèmes décoratifs et les techniques permet d’aborder la circulation du Campaniforme sous un
autre angle. Quel élément circule en Europe ? Un schéma esthétique ou un schéma opératoire ? Les
décors standardisés se caractérisent non seulement par des thèmes spécifiques (lignes horizontales
et bandes hachurées), mais aussi par un décor imprimé préférentiellement à la coquille dans toute
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l’Europe occidentale. Il ne s’agit donc pas seulement de la circulation d’une mode, mais aussi de
techniques de fabrication.

7 – Techniques décoratives des vases du standard (L. Salanova)

Les analyses de matériaux, quant à elles, sont de plus en plus nombreuses. Elles alimentent
considérablement les problématiques liées à la circulation. Néanmoins, les analyses de matériaux
sont souvent ponctuelles, réalisées à l’échelle d’un seul site. Seuls F. Convertini et G. Querré pour la
France et X. Clop pour l’Espagne ont travaillé sur de larges échelles.
Les premiers résultats obtenus sur la provenance des argiles ont été accueillis avec surprise.
Dans le cadre d’un mémoire de maîtrise réalisé en 1990 à l’Université de Paris I sur le Campaniforme
du Sud-Finistère, Guirec Querré (alors au Laboratoire des Musées de France) avait prélevé une
cinquantaine de vases, soit la moitié de ce petit corpus issu de sépultures mégalithiques fouillées à la
fin du XIXe siècle (Querré et Salanova 1995). Il s’est avéré que la plupart de ces vases avaient
probablement été produits sur place et certains chercheurs en furent étonnés, tant il était considéré
comme évident que les vases campaniformes étaient exogènes en Bretagne. Cependant, un groupe
de dix vases, dégraissés à l’aide de roches volcaniques, témoignait d’une production extrarégionale,
dont l’origine est encore recherchée aujourd’hui.
Néanmoins, dans ce domaine, les études les plus systématiques ont été menées par Fabien
Convertini, dans le cadre d’une thèse soutenue à l’Université de Bordeaux en 1994 (Convertini 1996).
Dans ce travail, il a analysé des corpus du Campaniforme et du Chalcolithique du sud et de l’est de la
France et de Suisse. Outre le fait que les productions se sont avérées quasi systématiquement
locales, il a aussi montré que les matériaux étaient identiques dans les séries pré-campaniformes et
campaniformes. Il a également mis en évidence l’emploi fréquent de la chamotte, surtout dans la
vallée du Rhin, s’interrogeant ainsi sur le rôle de marqueur culturel de ce dégraissant.
Depuis, un programme d’analyses a été entrepris au Portugal, dans le cadre des projets « ATIP
jeunes chercheurs » du CNRS (2002-2004, Salanova dir.). Avec la collaboration d’archéologues
portugais (J. Arnaud, J. L. Cardoso, V. Gonçalves et A. Valera), huit sites d’habitats localisés dans la
région de l’estuaire du Tage et dans l’arrière-pays ont été sélectionnés et les séries campaniformes
échantillonnées (analyses en lames minces par G. Querré, analyses chimiques par M. I. Dias et M. I.
Prudêncio). Cette étude visait à cerner la circulation non seulement dans la moitié sud du Portugal,
mais aussi le long de la façade atlantique de l’Europe. Les analyses sont en cours, mais les premiers
résultats témoignent d’une situation complexe. Dans la région de l’estuaire du Tage, caractérisée par
une grande densité de vases campaniformes, la production semble très organisée, avec des centres
producteurs et distributeurs à l’échelle régionale : les vases circulent donc à l’échelle de la région.
Dans l’arrière-pays (en Alentejo), où les vases campaniformes sont plus fugaces, chaque village
semble produire sa série de vases, pourtant très proches stylistiquement du Campaniforme espagnol.
Il est prévu d’étendre ce programme à l’ensemble de la Péninsule ibérique, avec la création d’une
base de données commune aux chercheurs français, espagnols et portugais, aussi bien archéologues
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qu'archéomètres. Cette base aura le mérite de regrouper des informations pour le moment disparates,
mais sa création doit s’accompagner de nouvelles analyses à l’échelle régionale, permettant de
prendre en compte les aspects quantitatifs.

III - BILAN DES CONNAISSANCES


Typo-chronologies et périodisation du Campaniforme
Les périodisations proposées pour le Campaniforme ont été établies principalement à partir des
décors céramiques, selon une logique linéaire : les décors les plus simples (lignes horizontales et
bandes hachurées, ce que j’ai nommé « le standard ») seraient les plus anciens, suivis de décors
présentant une plus grande complexité et diversité tant dans les agencements que dans les
techniques. Ce modèle, adopté dans les années 1960/1970 un peu partout en Europe à l’appui de
dates C14 de toute façon trop imprécises pour conforter une évolution si fine, est à présent défendu
par certains chercheurs français, sur la base de rares stratigraphies (à vrai dire deux seulement), qui
n’offrent que des visions partielles. Ailleurs en Europe, ce schéma chronologique est critiqué sur la
base d’associations en milieu clos, notamment dans les sépultures individuelles. Ainsi, le modèle
hollandais n’est plus vraiment d’actualité, depuis que des associations de vases AOO (soit disant pré-
campaniformes) ont été découverts dans des tombes en association stricte avec des vases
campaniformes standardisés.
J’ai pour ma part critiqué l’évolution linéaire classique, sur la base des observations
technologiques que j’avais réalisées. En effet, en l’absence de datations absolues suffisamment fines
et de stratigraphies conséquentes, seules les associations peuvent réellement nous permettre de
progresser dans ce domaine. Or, les associations relevées dans l’ensemble de l’Europe occidentale
montrent bien que, à l’instar d’autres cultures du Néolithique, plusieurs types de décors coexistent.
Pour proposer un schéma cohérent, plusieurs critères doivent être pris en compte : les contextes
renvoyant à la fonction des vases, la répartition géographique des différents styles et leur ordre
d’arrivée dans chaque région. Il s’avère en effet que le standard est pour l’essentiel découvert en
contexte funéraire. Toutes les régions d’Europe n’en livrent pas, ou du moins pas dans les mêmes
quantités. Plusieurs indices montrent que de toute évidence ce style perdure et que certaines parties
d’Europe ne connaissent que la version évoluée. Ces premiers résultats d’un travail en cours montrent
toute l’importance des observations technologiques : au-delà de la présence de tel ou tel motif,
l’organisation du décor et les procédés de réalisation sont plus pertinents en termes chronologiques.
Quoi qu’il en soit, l’évolutionnisme implicite dans les recherches sur le Campaniforme
conditionne naturellement les essais d’interprétation du phénomène. Pourtant sans fondation solide,
toute tentative de construction théorique reste vaine…

Circulation : routes et mécanismes


Si la variabilité régionale du Campaniforme a été très tôt soulignée, il revient à A. Gallay d’avoir
posé les bases d’un modèle distinguant plusieurs réseaux de circulation selon le type de récipients.
Pour cerner les voies de circulation du Campaniforme, chaque élément qui compose l’assemblage
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classique doit en effet être traité séparément. A l’heure actuelle, l’origine de chacune des
composantes céramiques fait l’objet d’un quasi consensus, mais il est encore difficile de reconstituer
avec assurance les itinéraires, surtout que la voie maritime semble avoir joué un rôle prépondérant.
En revanche, les mécanismes de ces circulations soulèvent encore de nombreuses questions.
Dans un modèle proposé pour l’Europe occidentale, j’avais proposé de distinguer quatre types de
mécanismes : des circulations de vases qui sont attestées en faible nombre, des déplacements de
personnes qui seuls peuvent expliquer les similitudes technologiques observées entre des régions
parfois éloignées, des imitations de schémas esthétiques dont témoignent des styles syncrétiques
associant formes et décors du Chalcolithique local et organisation décorative campaniforme, et enfin
des mécanismes inconnus (fig. 8). Les circulations de vases et de personnes s’observent rarement
dans les mêmes régions. Toutefois, pour étayer ce modèle et l’affiner, certaines données
quantitatives, en particulier celles relatives aux analyses de matériaux, manquent à l’appel.

8 – Modèle relatif aux mécanismes de circulation du Campaniforme (L. Salanova)

Origine du Campaniforme
L’origine du Campaniforme fait quant à elle l’objet d’un consensus. Après avoir envisagé
plusieurs foyers potentiels, le débat s’est progressivement focalisé sur la Péninsule ibérique et la
vallée du Rhin. Rares sont à présent les partisans du foyer rhénan. La Péninsule ibérique a retenu la
préférence de la plupart des chercheurs (paradoxalement sauf les chercheurs ibériques), sur la base
des séries de dates C14 qui montrent une plus grande antiquité du Campaniforme espagnol et surtout
portugais.

Cependant, la passion l’emporte toujours dans ce genre de débat et l’on oublie souvent que le
Campaniforme n’est pas un bloc monolithique mais un agrégat d’éléments hétéroclites. Les styles
standardisés semblent puiser leur origine dans l’estuaire du Tage portugais, région où ils sont le plus
densément concentrés en Europe. L’origine des styles régionaux ne pose pas réellement de
problème, même si certains, comme le style incisé de la Meseta espagnole, a des ramifications au
Portugal et dans le sud de la France. La céramique commune, comme nous l’avons vu, tire ses
racines de l’Europe septentrionale et centrale. L’origine des autres éléments de l’assemblage
(poignards en cuivre, « brassards d’archer », boutons perforés en V) est plus problématique et aucun
chercheur ne s’est réellement penché sur la question.

Signification du phénomène
L’interprétation de ce phénomène de grande ampleur reste par contre incertaine. Les grandes
invasions des théories migrationnistes du début du XXe siècle sont abandonnées, même si les
déplacements de personnes ne doivent pas être minimisés pour expliquer la propagation des styles et
des objets.
La valeur du vase campaniforme est revue à la baisse (production locale, somme toute banale
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dans l’histoire de la céramologie, absence de matériaux rares, production en très grand nombre,
possession accessible à un très grand nombre), si bien que sa fonction comme « bien de prestige »
n’est plus vraiment d’actualité.
La fonction symbolique du vase est mise en avant dans les travaux récents, penchant en faveur
du modèle proposé par C. Strahm et son équipe. C’est en fait un constat d’impuissance car la sphère
symbolique des sociétés préhistoriques échappe pour l’essentiel à l’analyse du fait de l’indigence des
données.

IV - PERSPECTIVES DE RECHERCHE
Décomposer
Bien que les chercheurs s’accordent sur l’hétérogénéité du Campaniforme, rares sont ceux qui
ne l’abordent pas comme un bloc monolithique dès lors qu’il s’agit d’interpréter les données. Pourtant,
seules les études spécialisées menées sur chacune des composantes de ce phénomène permettront
à terme de proposer un schéma objectif et cohérent du Campaniforme. L’étude des vases ne saurait
suffire : les données doivent être corrélées aux résultats d’analyses à développer sur les autres
catégories de matériaux.

Analyser et quantifier
Pour aborder les problématiques liées à la circulation des vases, les études technologiques
souffrent d’un manque de référentiel à l’échelle de l’Europe. Certains travaux en cours combleront ce
manque sur la frange occidentale de l’Europe. Néanmoins, on pourrait rêver d’étendre les analyses à
toutes les régions d’Europe concernées par le Campaniforme.
Dès lors que l’analyse peut englober une large zone, la quantification des données devient possible et
cette quantification est capitale. En effet, aborder le Campaniforme en Europe en présence/absence
biaise considérablement la perception que l’on peut avoir de ce phénomène. La plupart des cartes de
répartition ont pourtant été dressées à l’aide de cette méthode.

Cerner sur le long terme


Enfin, dans la plupart des régions d’Europe, le Campaniforme s’insère dans un Néolithique
final (ou « Chalcolithique ») mal connu, surtout en contexte domestique, et perdure jusqu’à un Bronze
ancien à peine défini. Il est donc difficile de comprendre les processus qui ont mené à sa genèse, son
développement et les causes de rejets manifestes de la part de certaines régions.
Cette problématique dépasse le cadre d’une seule étude, mais son développement
contribuera grandement à la compréhension du phénomène.
***
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APPROCHES TYPOLOGIQUES DES CÉRAMIQUES


DE L'ÂGE DU BRONZE ET PERSPECTIVES : UN RÉSUMÉ

Joël Vital, UMR 5138 du CNRS, Centre d'Archéologie Préhistorique, Valence

INTRODUCTION
Le propos de cette contribution au "Bilan critique des approches céramologiques du
Néolithique à l'époque moderne" a été centré sur l'âge du Bronze du Sud-Est de la France, sujet un
peu étendu d’un point de vue chronologique et géographique pour certains aspects. Il concerne donc
des productions de céramiques non tournées et non soumises semble-t-il aux standards de la
production d'atelier et à la diffusion par voie de marchés sous leurs formes les plus emblématiques. Le
détail des méthodes d’analyses présentées au cours de cette journée céramologique à Dijon, qui
utilisait des supports graphiques, n’a pas été repris ici. La bibliographie permet en grande partie de
remonter aux sources.

I - ASPECTS HISTORIOGRAPHIQUES
Nous pouvons distinguer trois moments dans la mise au point de la chronologie de l'âge du
Bronze : "l'invention" de l'âge du Bronze, la période de dominante typochronologique, enfin l'ère de la
chronotypologie dans laquelle nous nous situons et qui s'accommode parfaitement de la survie
nécessaire de la précédente (Vital 2002a et 2002b). Jusqu'à une date récente, ces travaux ont eu
pour cadre les régions d'Europe centrale et septentrionale. Cet état de fait résulte en général de la
prise en compte plus précoce et plus active du patrimoine archéologique. Les possibilités de
connexions avec le monde de l'Archéologie classique circum-méditerranéenne constituaient un
second facteur décisif.
Dans un premier temps, les objets qui ont fourni les indices nécessaires à l'"invention" et à la
définition de l'âge du Bronze sont exclusivement les témoins métalliques, de cuivre, de bronze et de
fer, qui s'imposaient il est vrai aux premiers observateurs. Il faudra attendre la première moitié du XIXe
siècle pour que soient acceptés, en Europe du Nord en premier lieu, le concept d'âge du Bronze et
l'évidence d'une période distincte prenant la suite de l'âge de la Pierre et précédant celui du Fer et la
période gallo-romaine. Dans le même temps, en France, les discussions sur l'individualisation de cette
période intermédiaire sont encore âpres. Il faudra attendre le dernier quart du XIXe siècle et le travail
d'E. Chantre, initié sur les découvertes du bassin rhodanien, pour clore le débat.
À une première phase marquée par la tendance à l'individualisation des objets, exclusivement
métalliques, d'après leur fonction présumée (rasoir, épée, hache, ...) succède rapidement une
nouvelle étape de la typologie appliquée à des vestiges de nature plus variée, dont les productions
céramiques. Cette pratique demeure cependant partielle en ne tenant compte que des associations
d'objets considérés comme des "fossiles directeurs" qui définiraient des périodes précises et de portée
géographique non limitée. Cette classification repose sur le principe d'une équation, et de son
corollaire inverse, entre analogie morphologique et synchronie. Un avatar de ces développements est
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illustré par les objets présents dans deux phases successives qui contraignaient parfois le typologue à
faire se chevaucher leurs limites temporelles. Dans le champ géo-culturel, les auteurs anglo-saxons
ont insisté sur l'erreur visant à l'équation entre culture matérielle et ethnie, les approches combinées
ou systémiques des constructions sociales, quelles qu'elles soient, permettant seules la définition des
cultures archéologiques, de formes polythétiques (Clarke 1978).
Dans le sud de la France, de 1870 à 1950 environ, l'évolution des idées oscillera entre deux
tendances. La première discute de la place à accorder à l'âge du Cuivre entre le Néolithique et l'âge
du Bronze avérés ; la seconde défend l'idée plus générale d'un "Enéolithique", notion héritée de
l'archéologie italienne et qui éclipsera par son rayonnement les âges qui l'encadrent. La
reconnaissance des trois phases de l'âge du Bronze interviendra finalement dans la seconde moitié
de ce siècle, sous l'impulsion des archéologues œuvrant dans les régions continentales et sur la base
de leurs sériations.
La place accordée à l'âge du Bronze dans les recherches historiques souffre cependant
toujours d'un déficit d'intérêt injustifié, contrainte par la part et le poids que représentent, d'une part, la
période emblématique de la "révolution" néolithique et d'autre part, en aval, par la "brillante" civilisation
celte.

II - OPTIONS METHODOLOGIQUES
Actuellement, la démarche typologique se définit relativement à un ensemble bien circonscrit
de vestiges et constitue une étape intermédiaire de mise en ordre des données entre collecte,
compilation et description d'une part, explications et interprétation d'autre part. La méthode consiste à
rechercher sur l'objet d'étude les corrélations entre propriétés intrinsèques (physiques, géométriques,
sémiotique) et attributs extrinsèques (de lieu, de temps, de fonction), afin de parvenir à une mise en
ordre opératoire dans ces deux champs, notamment dans l'espace et dans le temps, selon les
propositions de J.-C. Gardin (1979, 1989).
Selon que l'on accorde le primat à la typologie ou à la chronologie, on individualisera
respectivement deux tendances : typochronologique et chronotypologique. Dans la première forme,
"les classes temporelles ne sont définies que sur le seul plan relatif ; le temps est découpé en phases
successives dont l'amplitude et la valeur absolue ne sont pas précisées" ; dans la seconde "la partition
est replacée sur l'échelle absolue du temps" selon les définitions accordées par A. Gallay. Seule cette
dernière est propre à conduire à l'utilisation de méthodes permettant de faire émerger les dynamiques
d'évolutions culturelles sous-jacentes.

La pratique typochronologique
À l'origine de cette pratique se situe la valorisation des collections du musée national danois
de Copenhague et la première tentative de mise en ordre chronologique, publiée en 1836, à laquelle
se livra C. J. Thomsen dès 1816. À partir de l'examen d'associations d'objets en milieux clos ou
funéraires, ce dernier établit la succession des âges de la Pierre, du Bronze et du Fer. La première
grille typochronologique de l'âge du Bronze est due au savant scandinave O. Montelius qui livre en
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1885 ses propositions de découpage en six périodes. Les bases de cette construction sont les mêmes
que celles de son prédécesseur, la nomenclature typologique s'enrichissant notablement. L'intérêt de
la démarche réside surtout dans les comparaisons conduites entre des pièces métalliques du monde
méditerranéen classique et d'Europe : la méthode du cross-dating est née, qui permet une mise en
parallèle chronologique à longue distance des productions. La théorie de l'évolution émise par
C. Darwin dans les mêmes années n'est pas étrangère à ce tronçonnage typochronologique dont
deux des postulats sont la nécessaire diversification de l'outillage ainsi que l'amélioration continue de
ses qualités techniques.
En France, il faut retenir les travaux d'E. Chantre à l'échelle hexagonale (1875), mais plus
encore la première classification synthétique, sur le modèle de celle d'O. Montelius, réalisée par J.
Déchelette dans la première décennie du XXe siècle. Elle préfigure le découpage évolutionniste,
encore utilisé en France, entre âges du Bronze ancien, moyen et final, de portée géographique
générale. J. Déchelette distingue cependant un certain nombre de provinces géographiques
subdivisées en groupes secondaires en fonction des peuplements présumés, identifiés sur la base
des textes des géographes de l'Antiquité : Ligures, Celtes, Ibères, ... À peu près à la même époque, P.
Reinecke propose pour l'Allemagne, toujours sur le canevas scandinave, une typochronologie pour les
âges du Bronze et du Fer (Bronze A, B, C, D, Hallstatt A, B, C, D, ...) — que J. Déchelette ne suivra
pas — et qui reste le référentiel fondamental en usage en Europe centrale et au nord des Alpes. Cette
période de recherche correspond aux premières tentatives de discrimination d'entités culturelles
géographiquement distinctes, confondues auparavant à l'intérieur des grands tiroirs de la chronologie.
La céramique est graduellement appelée dans ces constructions, à partir du début du XXe siècle
principalement.
Ces systèmes donnent ensuite lieu à des développements et des enrichissements notables de
la part des archéologues d'Europe du Nord. Le plus marquant est la publication de l'important travail
de synthèse réalisé par H. Müller-Karpe (1959) qui mobilise une somme énorme de documentation de
la Sicile à la vallée du Rhin, englobant le pivot que constitue l'Arc alpin. Cet auteur parvient par la
sériation chronologique d'ensembles clos de vestiges (dont ceux principalement tirés des nécropoles)
à édifier un classement typologique se référant à une chronologie "absolue" que permet la mise en
parallèle avec les données calées sur le calendrier solaire du monde méditerranéen (de l'Egypte à
l'Italie méridionale).
Succédant à cette entreprise, plusieurs dizaines de travaux de synthèse, très souvent à
vocation plus régionaliste, seront menés à partir des années 1960 dans toute l'Europe. Ils aboutissent,
jusqu'au début des années 1980, à la constitution d'un formidable corpus documentaire région par
région, sans cesse enrichi, mais sans que ce mouvement conduise à de nouvelles hypothèses fortes
sur le plan historico-culturel.

La pratique chronotypologique
L'introduction de la variable chronométrique dans l'établissement des typochronologies est à
l'origine d'une inversion hiérarchique des deux paramètres, conceptuelle et sémantique, et de la notion
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de chronotypologie. Plusieurs conséquences emblématiques sont liées à l'établissement du référentiel


chronotypologique de l'âge du Bronze.
L'une tient à l'allongement général de la période (traditionnellement de 1800 à 725 B. C. ;
actuellement de 2 300/2 200 à 800/750 av. J.-C.). Le Bronze ancien est particulièrement marqué par
ce phénomène puisque sa durée passe de trois à six siècles, ce qui n'est pas sans conséquences au
plan de sa dynamique interne. Les décalages sont ensuite minorés pour le début du Bronze final et
insensibles pour la fin de cette période.
L'étude des très importants ensembles céramiques helvétiques ont ensuit permis de souligner
les limites des propositions typochronologiques ou des premiers essais de classement
chronotypologiques (Rychner 1998). Les séries céramiques du Plateau suisse bénéficient en effet de
calages chronométriques à l'année près dans la plupart des cas, grâce à leurs contextes de
découverte, les villages en milieu humide, qui conservent de nombreux restes ligneux propres à
permettre des mesures dendrochronologiques et une chronométrie à l'année près. Il apparaît que des
types céramiques se distribuent dans des périodes différentes. Dans de telles conditions, les cadres
typochnonologiques conventionnels sont soumis à une rude confrontation qui conduit à retenir une
chronologie de styles se succédant et se mêlant au sein des phases reconnues antérieurement et
dont l'herméticité typochronologique est rejetée (Rychner et coll. 1995).
Une autre conséquence concerne les rapports historiques entre les cultures
méditerranéennes et la séquence européenne — d'Europe centrale principalement — qui allaient dans
le sens exclusif d'une dette de la seconde par rapport aux premières. La calibration des dates
radiocarbone a abouti à considérer qu'il fallait tenir compte de la possibilité de transferts de mobilier
dans les deux sens et a surtout conduit à envisager cette question sous ses aspects sociaux,
économiques et technologiques, plus que suivant la seule hypothèse du déplacement d'individus. Les
plus récents développements des travaux dans le bassin des Carpates vont même dans le sens d'une
antériorité des gisements de la grande plaine hongroise par rapport aux sites du domaine
méditerranéen, avec lesquels ils montrent des affinités stylistiques.
Ce changement de perspective entre typochronologie et chronotypologie permet d'approcher
les dynamiques évolutives, les enchaînements et les héritages culturels à large échelle. De fait, il est
nécessaire d'œuvrer à petite échelle géographique pour construire des séquences d'évolution
régionale, pour ensuite tenter des corrélations à des échelles de complexité croissante, qu'il s'agisse
de la couverture spatiale ou de la variété des productions sociales.

Les modalités d'analyse


Jusqu'aux années 1970, la céramique est utilisée dans les constructions archéologiques à des
fins chronométriques et pour identifier des groupes culturels, avec les approximations induites. À partir
des années 1970, les grandes synthèses régionales offriront de plus en plus de place au document
céramique, exigeant le passage d'un vocabulaire empirique en langage naturel à un vocabulaire
nécessitant une clarification des définitions, puis à un vocabulaire en langage scientifique s'appuyant
sur des données ne faisant plus uniquement appel à la sensibilité, mais à des critères descriptifs
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précis et à des constructions graphiques (Vital 1984, 1990). La typologie passait ainsi du statut de
"passage obligé" du discours savant ne présentant pas toujours toute la cohérence interne
souhaitable, à celui d'étape intermédiaire de la construction scientifique entre compilation des
données et interprétation historico-culturelle. Pourtant, un tournant était pris dès 1956 à la suite de la
publication du travail d'A. O. Shepard Ceramics for the archaeologist comme le rappelle C. Orton
(Orton, Tyers et Vince 1994). En investissant notamment les thèmes de la description, de la
classification morphologique et de la physique du matériau, le propos visait à fournir des réponses
simultanées dans les domaines de la chronologie, de la fabrication, de la diffusion et de l'évolution
technologique. Une certaine distance était prise avec l'analyse typologique comparatiste considérée
comme voie principale d'approche reposant sur un a priori : l'équation ensemble "céramique = ethnie".
L'archéologie anglo-saxonne des années 1970 a développé ensuite nombre d'approches
fonctionnalistes suggérant l'universalité des processus d'adaptation auxquels donnait accès la culture
matérielle vis-à-vis des environnements sociaux et physiques.

Le champ de la description
Les différentes formes de description des productions céramiques se rangent globalement en
deux groupes : celui du référentiel fonctionnel ou morphologique et celui de la visée chrono-culturelle.
La description qui fait appel au référentiel fonctionnel ou morphologique s'appuie jusque dans les
années 1970 sur l'existence d'un vocabulaire empirique diffusé par l'école allemande (assiettes,
terrines, écuelles, coupes,...) et sur les nomenclatures de formes contemporaines ou antiques
(cruche, amphore, ...) dans lesquelles les aspects fonctionnels sont implicitement présents.
La visée chrono-culturelle peut être déclinée en trois partis pris. Elle se développe surtout par
ses exigences méthodologiques, à partir des années 1970.
Le premier parti pris concerne les nomenclatures et listes-types. Elles trouvent leur origine
dans l'histoire de la recherche relative à l'outillage lithique paléolithique. Elles produisent les mêmes
effets, soit un enfermement dans un cadre rigide et fixé, et sa traduction graphique en histogrammes
ou diagrammes cumulatifs dont la lisibilité est mauvaise, et qui ne tient pas compte au plan des
effectifs des effets liés à la loi des grands nombres. Pour un domaine antérieur à l'âge du Bronze, les
travaux de G. B. Arnal illustrent cette démarche. L’appareil descriptif l’emporte souvent sur la
puissance de l’analyse, comme dans l’introduction à l’étude des poteries préhistoriques de M.-R.
Séronie-Vivien.
Le deuxième correspond aux typologies à portée universalistes théoriques, qui s'appuient sur
une décomposition en formes géométriques simples des parties constitutives des récipients, dans un
souci de clarification terminologique et de classification. De telles applications sont connues pour le
Néolithique (A. Guerreschi) et pour la Protohistoire. On peut citer notamment les travaux de B. Dedet
et M. Py qui font appel à des codages et qui proposent pour le Languedoc méditerranéen une
approche purement descriptive et une grille classificatoire à portée universelle, au sein de laquelle les
formes céramiques doivent logiquement trouver leur place (Dedet et Py 1975).
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Le troisième peut être qualifié de typologie analytique en ce sens qu'il fait appel à un langage
descriptif codé et hiérarchisé. Il n'est pas très éloigné du précédent si ce n'est par sa portée réduite,
correspondant mieux au statut intermédiaire des typologies et s'éloignant des préoccupations propres
aux nomenclatures générales. Elles peuvent croiser critères quantitatifs et qualitatifs, à visée
chronologique, et faire appel à des a priori fonctionnalistes (vases à boire, Brun 1986). L'étude de
séries découvertes hors de tout contexte stratigraphique se prête aussi à cet exercice (Vital 1990).
D'autres démarches font appel à des critères et à des rapports dimensionnels permettant une
traduction du profil géométrique de la poterie. Elle réclament par contre des ensembles de pièces
complètes et sont d'un degré d'applicabilité lié au contexte de découverte. C'est par exemple le cas
pour les tombes de l'âge du Fer aquitain (Mohen 1980). L'analyse se fonde sur le traitement des
données chiffrées par classification automatique et permet un classement chronologique ainsi qu'une
caractérisation spatiale des productions dont le degré de rapprochement est donné par le coefficient
de Jacquard. Des travaux comparables ont été conduits sur les riches séries des sites littoraux du
Bronze final de Suisse occidentale par M. A. Borrello, mais dont l'utilisation n'est pas aisée. La critique
des typologies conventionnelles que suggèrent les assemblages et l'évolution des corpus de ces
gisements n'est pas suivie d'une remise en cause de ces constructions typochronologiques.
L'introduction des méthodes et outils statistiques dans les années 1980, et notamment les
analyses factorielles, sont pour beaucoup dans le développement de ces classifications automatiques,
qu'elles fassent appel aux analyses des correspondances ou en composantes principales (Djindjian
1991), ou aux bases de ces calculs par simple recours à la mesure de l'écart à la moyenne (Vital
1990). Ces travaux et l'introduction du test du Chi 2 permettent de mesurer des distances typologiques
en termes statistiques et de tester les dynamiques évolutives .
Ces recherches n'ont cependant souvent visé qu'à isoler dans un souci croissant de finesse
des productions utilisées comme marqueur chronométrique ou géographique, à chaque unité
correspondant parfois même un type. Les techniques et systèmes de production et leurs inférences
sur le plan socio-économique demeurent des champs de recherche presque entièrement neufs. Il
reviendra aux travaux en cours de démontrer si le peu de succès de ces problématiques est dû à une
tendance, jamais explicitée, de leur faible potentiel heuristique, ou à l'investissement lourd et
spécifique nécessaire à leur conduite, passant par l'observation actualiste et l'expérimentation.

IV - BILAN DES CONNAISSANCES ET PERSPECTIVES


Nous nous placerons là d'un point de vue général, transchronologique. Le succès du
document céramique dans la construction d'hypothèses historico-culturelles cache mal un contrôle
souvent insuffisant de certaines caractéristiques propres à ce genre de production, facteur limitant
auquel personne n'échappe (Vital 2002c). Il en est ainsi des modes et de la spécification de la
production (conjonction/disjonction potier-groupe social), des vecteurs de la diffusion et des différentes
formes d'utilisation des récipients. Les modalités d'abandon suivies par les utilisateurs et les
processus de dégradation physico-chimiques successifs interviennent ensuite directement dans la
formation des sites archéologiques. Les règles d'établissement, de transfert et de signification des
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paramètres morphologiques vis-à-vis des exigences de fonctionnement, de conformité, d'usage,


d'efficience... ne sont pas aisément déterminables dans les situations contemporaines. Leur sens
échappe parfois même aux populations concernées. Elles risquent alors de demeurer à jamais
inaccessibles à l'archéologue, à l'image des cosmologies, des valeurs sociales et des "réservoirs
symboliques" qui les alimentent.
Les modèles fonctionnalistes des années 1970 laissant une part prépondérante à l'universalité
des processus ont été critiqués dans la décennie suivante pour leur caractère univoque et
déterministe, de nombreux exemples ethnographiques ayant montré à cette occasion l'importance du
contexte historique dans la signification des styles céramiques liés à la réciprocité dynamique entre
production, distribution et utilisation. La variabilité des liens de causalité dans les situations actuelles
rencontrées a rapidement conduit à la constitution d'un grand nombre d'interprétations dont la
plausibilité archéologique exige des procédures de validation croisées propres à cette discipline.
La recherche des relations entre production matérielle et faits sociaux demande un détour
explicite par des situations actuelles ou historiques permettant d'éclairer les actions passées. C'est le
but de l'ethnoarchéologie que de réduire et de définir le champ des combinatoires possibles entre
caractéristiques géographiques, chronométriques, fonctionnelles, physiques, morphologiques,
symboliques. De nouvelles voies sont explorées et conduisent à aborder la technologie culturelle par
l'analyse des savoir-faire, comme par la caractérisation physico-chimique des productions.
Fonctionnement de la production et de la diffusion, constitution des assemblages, taux et vitesse de
remplacement de la vaisselle, constat des archaïsmes, des perdurations, des innovations, sont autant
de thèmes de recherche développés actuellement ( Ethnoarchéologie 1992). La question des chaînes
opératoires et du recrutement des matières premières sont au cœur de ces préoccupations. En aval
de ce processus, la question des fonctions est aussi posée. La qualité des fouilles et contextes
archéologiques de découvertes sont ici importants.
La structure de la production devra également être analysée aux différentes échelles spatiales
et temporelles, ainsi qu'en considérant le biais qu'introduisent les stylistiques individuelles, les
contraintes culturelles plus larges liées à l'identification et à l'unité du groupe, sans omettre les
contraintes et déterminismes éventuellement liés aux lieux, aux procédés de fabrication, aux
apprentissages et à la fonction des produits.
Chaque champ analytique produit des structures chronologiques et spatiales, qu'il s'agisse
des contours des corpus morphologiques, des signes et des symboliques sous-jacentes par la voie
des systèmes de décoration, des techniques de façonnage, de l'origine des matières premières,...
C'est un enjeu actuel que de déterminer les rapports entre ces différentes formes spatiales et de
donner un sens aux observations conduites dans cette perspective.
À elle seule, la céramique ne peut être considérée comme le seul et le plus pertinent des
descripteurs archéologiques, dont on sait par ailleurs qu'ils n'ont pas toujours la capacité de
retranscrire la totalité des phénomènes historico-culturels. C'est pourtant paradoxalement une
tendance qui s'est longtemps manifestée en référence aux modèles généraux, évolutionnistes ou
diffusionnistes, de comportements à valeur universelle ou transculturelle. Plusieurs travaux sur les
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céramiques orientales et africaines protohistoriques et actuelles, pour lesquelles existe une tradition
de l'oral et de l'écrit (Barrelet et Gardin 1986), indiquent bien à quelles difficultés nous sommes
confrontés pour corréler variabilité d'un corpus céramique dans le temps et dans l'espace et identité
du groupe ethnique producteur, ou utilisateur. L'importance, la nature et les causes de l'une renvoient
le plus souvent de manière équivoque à différents acteurs sociaux et à leurs différents degrés de
fixation aux lieux de l'autre. Conduire conjointement l'étude céramologique et celle d'autres traits
culturels, avec lesquels il peut exister des liens relationnels, et œuvrer dans un contexte d'étude dont
les contours sont assez bien connus, demeurent les voies les plus fiables.

***
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32 / 129

LA CÉRAMIQUE À LA PÉRIODE ROMAINE

Armand Desbat (CNRS, UMR 5138, LYON)

I – HISTORIOGRAPHIE
C’est à la fin du XIXe siècle qu’apparaissent les premières études sur la céramique romaine
correspondant à des critères qui sont un peu les nôtres. Il y a presque cent dix ans qu' Hans
Dragendorff publiait son article « Terra Sigillata » et la première typologie de la céramique sigillée à
laquelle on fait encore référence quotidiennement (Dragendorff 1895). Plus tôt, un autre chercheur
Allemand, Heinrich Dressel, avait réalisé une étude de lots d’amphores à Rome qui avait servi de
base à la première typologie des amphores romaines, publiée en 1899 dans le corpus d’inscriptions
latines (CIL) (Dressel 1895-1). Ce sont en effet les inscriptions peintes qui avaient suscité son intérêt
plus que la céramique en tant que récipient. Elles avaient permis de déterminer les contenus et les
origines de ces amphores et d’établir un rapport entre forme du récipient, contenu et origine. Par
ailleurs, le même Dressel publiait dans le CIL la première typologie des lampes à huile (Dressel
1895 2).
Joseph Déchelette, en 1904, faisait un bilan des connaissances sur les céramiques de la
Gaule romaine dans une publication en deux volumes où il classait les productions par régions et
dressait même un catalogue de tous les poinçons de céramique sigillée, en classant les ateliers du
Sud et du Centre de la Gaule (Déchelette 1904). C’est la publication du camp de Haltern par Siegfried
Lœschcke en 1909 (Lœschcke 1909), qui marque un tournant car, pour la première fois, on étudie la
totalité des céramiques d’un site et de nouvelles catégories de céramiques font l’objet d’une définition
et d’une typologie. Cette étude va servir de modèle pendant de nombreuses années et de base pour
la chronologie des sigillées en particulier. Il s’agit d’un des camps occupés lors de l’incursion romaine
au-delà du Rhin, qui fut abandonné vers 9 ap. J.-C., après le désastre de Varus. Lœschcke publie un
catalogue d’estampilles novateur, une typologie fréquemment utilisée lorsqu’on parle des sigillées
augustéennes.
Durant la période qui suit, l’école allemande est à la pointe de la recherche et sert de modèle.
D’autres monographies du type de celle de Haltern voient le jour en Allemagne et en Grande-
Bretagne, avec la publication des camps de Newstead (Curle 1911), Hofheim (Ritterling 1913),
Niederbieber (Œlmann 1914), Alzei (Unverzagt 1916), Oberaden (Albrecht 1942). Ces travaux portent
sur des sites militaires d’occupation courte qui deviennent autant de références fondamentales pour la
chronologie des céramiques. Ces études conduisent à multiplier les typologies, car pour chaque
nouvelle fouille on établit une typologie interne au site.

Pendant ce début du XXe siècle, de nombreuses publications sont consacrées aux sigillées à
partir des fouilles d’ateliers, comme les publications de l’Abbé Hermet sur la Graufesenque en 1934
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(Hermet 1934), de Chenet en 1941 pour l’Argonne (Chenet 1941), ainsi que de nouvelles synthèses
sur les sigillées comme les travaux de Knorr entre 1905 et 1919 (Knorr 1919). Plus tard viendront
l’index des potiers publié en 1931 par Oswald (Oswald 1931) et l’index de tous les poinçons de
sigillées qui paraîtra en 1936 (Oswald 1936). Durant cette période, les archéologues s’intéressent
surtout aux céramiques fines, indépendamment de ces monographies de sites, la fouille en
stratigraphie n’étant pas encore à l’ordre du jour ; les chronologies sont fondées essentiellement sur
des sites datés historiquement. Aujourd’hui encore c’est la céramique de l’époque augustéenne qui
est la mieux connue. On arrive quelquefois à des précisions de l’ordre de l’année alors qu’on en est
loin pour les Ier et IIe siècles ap. J.-C : c’est grâce à des sites tels que les camps du Rhin, ou Pompéi,
qui va livrer une caisse de sigillées de la Graufesenque attestant le commerce à longue distance des
productions du Sud, et donnant une datation à l’année près pour cette caisse de céramique qui fournit
un point d’encrage chronologique extrêmement utile.
Dans les années 1950 intervient une nouvelle étape, pour laquelle il faut souligner le rôle
majeur de Nino Lamboglia qui publie en 1950 la totalité du matériel des fouilles de Vintimille en
stratigraphie (Lamboglia 1950), ce qui l’amène à travailler sur un certain nombre de céramiques qui
n’avaient jamais été étudiées et à définir de nouvelles catégories. C’est lui qui va établir la première
typologie de la céramique campanienne, intervenant 50 ans après la première typologie sur les
sigillées. Il va définir et étudier les céramiques à paroi fine et définir les sigillées claires avec des
groupes universels qui n’englobent pas que des productions locales. Dans ces années 1950, se
développe aussi l’archéologie sous-marine, qui va donner un souffle nouveau à l’étude des amphores.
On commence à fouiller les premières épaves, ce qui conduit à compléter la typologie de Dressel.
C’est aussi l’époque où l’on ne cherche à raisonner que sur les ensembles clos, et les épaves
semblent être un exemple type jusqu’à ce qu’on découvre, dans le cas de l’épave du Grand Conglué
par exemple, qu’on a deux épaves superposées.
Les années 1970 constituèrent une autre étape fondamentale avec trois phénomènes
parallèles, le premier étant la révolution informatique qui permit une reprise et une nouvelle vision des
travaux de J.-C. Gardin (Gardin 1956), avec les analyses formelles et les typologies analytiques, et
l'espoir que l’ordinateur allait pouvoir gérer facilement toutes ces descriptions et définir des types qui
soient univoques comme le souhaitait Gardin. Le point culminant pour l’archéologie romaine a été le
colloque de Rome en 1974, intitulé « Méthodes classiques et formelles dans l’étude des amphores »
où ont été faites des propositions de description des amphores insistant sur la forme des différentes
parties, les angles, les rapports dimensionnels. L’informatique s’est avérée ensuite très utile pour
gérer les données, mais le rêve typologique a fait long feu.
Parallèlement c’est aussi l’ère des grandes opérations de sauvetage en milieu urbain, qui vont
générer des masses de matériel, obligeant les chercheurs à mettre en place une nouvelle méthode
d’étude et à modifier les approches. On a pour cela beaucoup bénéficié des avancées
méthodologiques anglo-saxonnes, car c’est en Angleterre que l’archéologie urbaine s’est développée
à grande échelle.
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Le troisième élément de cette mutation des années 1970 est le développement des méthodes
de laboratoire, analyses pétrographiques mais également chimiques, ainsi que les datations
archéomagnétiques.
Face à ces nouveautés, on a vu la volonté de ne plus utiliser la céramique comme seulement
un élément de datation mais également comme un marqueur culturel, social et économique. On peut
ainsi citer les travaux de Michel Bats qui ont montré comment l’étude de la céramique traduisait des
changements culturels, la période de romanisation, le passage et la confrontation entre les habitudes
culinaires méditerranéennes et celles celtiques ou indigènes s’étant traduit par des modifications de la
vaisselle et de la batterie de cuisine (Bats 1988).

Cette évolution s’est traduite par une complexification des problèmes, la vision quelques
années en arrière étant assez simpliste. Par exemple, le problème des amphores est devenu un
casse tête, car tous les jours on découvre de nouveaux types. Certains types sont produits dans
plusieurs régions très éloignées les unes des autres, il y a des copies, des réutilisations, ce qui nous
emmène loin de l’idée ancienne où à chaque type formel correspond un contenu et une origine. On
s’est mis à étudier également de nouvelles catégories, car après la période où l’on n’étudiait les
amphores qu’à partir des épaves, on s’est mis à s’intéresser aux fouilles terrestres, et bien que le
matériel soit très fragmenté à la différence des épaves, toutes les avancées récentes dans ce
domaine sont dues aux fouilles terrestres. C’est vraiment les tessons des dépotoirs qui ont totalement
renouvelé l’approche du commerce par le biais des amphores.
La céramique commune est aussi devenue un thème de prédilection, car elle est également
porteuse de renseignements sur les coutumes alimentaires. Il existe désormais un Congrès
International Méditerranéen sur les amphores et les céramiques communes du Bas Empire, ce qui
était inimaginable 20 ans en arrière à cause de cette vision très restrictive que l’on avait sur les
céramiques communes. Ces dernières peuvent voyager loin, même si beaucoup sont produites à
l’échelle régionale. On constate ainsi ces dernières années une multiplication des études régionales,
alors qu'on a un déficit de synthèses un peu plus larges.

II – MÉTHODES
Concernant les méthodes et les outils dont on dispose aujourd’hui, on peut dire qu’en termes
de classification, il y a une profusion de typologies et de classifications dans la céramique romaine, ce
qui est dû à l’histoire assez longue et à la diversité des catégories.
Parmi les outils dont on dispose aujourd’hui, il y a le Dictionnaire des céramiques antiques en
Méditerranée nord-occidentale publié en 1993, à Lattes, dans lequel est abordé la chronologie et la
typologie de 99 catégories de céramiques (Py 1993). La tendance étant d’avoir aujourd’hui des
systèmes d’enregistrement, on y trouve par exemple pour les céramiques à figures noires, les codes
utilisés destinés à être mis en pratique selon l’enregistrement sur les sites. Pour chaque type il y a à la
fois des références bibliographiques, une description, une utilisation et une chronologie. Cet ouvrage
est très axé vers les régions méditerranéennes et peu utilisé à l’extérieur. Il a l’inconvénient de mêler
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les catégories de céramiques étudiées depuis de longues années, pour lesquelles les synthèses déjà
effectuées sont à peu près admises, et d’autres céramiques dont l’étude n’en est encore qu’à ses
débuts. De ce fait, on n’a pas du tout la même fiabilité sur les datations de telle catégorie par rapport à
telle autre, ce qui constitue un problème pour un dictionnaire qui est utilisé comme argent comptant.
En ce qui concerne les classifications, on trouve des classifications typologiques qui sont
du genre de celle de Dragendorff, qui consiste simplement à distinguer des formes et à les numéroter
sans qu’il y ait de cohérence dans l’ordre, mais il y a eu un effort pour essayer de structurer les
classifications sans qu’elles soient forcément totalement analytiques et pour essayer de trouver des
critères pertinents. Une tentative de travail a été faite par Jean-Paul Morel (Morel 1981) sur la
céramique campanienne, avec une classification un peu calquée sur les classifications naturalistes, et
une hiérarchisation des critères qui permet théoriquement, même sur un simple fragment, d’identifier
le type. Le problème auquel on est en effet confronté est d’identifier les fragments d’un point de vue
typologique et pas seulement les formes complètes, surtout lorsqu’on raisonne en terme de typo-
chronologie. La typologie qui est alors très fine, conduit à multiplier le nombre de types, et par rapport
aux typologies classiques de Dragendorff ou de Lamboglia, il n’est plus question de se rappeler tous
les types. Cela devient plus complexe pour la communication, ce qui n’est pas le cas lorsqu’on
raisonne sur des types qui ne dépassent pas la vingtaine ou la trentaine. Cette typologie a été très
critiquée à cause de cela. Ce qui se fait en général, c’est que les nouvelles typologies ne sont utilisées
que pour les types nouveaux.
Le travail publié récemment sur les céramiques de Chartres constitue un autre exemple : les
céramiques fines et communes sont classées à partir de critères formels, ce qui revient à renommer
des types connus et à multiplier les parallèles, mais est-il nécessaire de redonner une nouvelle
nomenclature aux vases sigillés connus depuis très longtemps ?

Dans les méthodes qui sont largement pratiquées, figurent les méthodes de quantification.
Depuis ces dernières années, on prend en compte la quantification et on essaye de ne pas raisonner
uniquement sur la présence/absence, ce qui a été le cas pendant très longtemps. Un exemple de
tableau montrant la comparaison des faciès typologiques amphoriques dans des contextes
augustéens, en ne prenant en compte que le critère de présence, donne une homogénéité parfaite.
Mais si on traduit cela en termes quantitatifs, l’image n’est plus du tout la même : certains types sont
très dominants et les types rares ne sont pas présents sur tous les sites, ce qui pose un problème de
représentativité de l’échantillon. Il faut donc essayer de prendre en compte les données quantitatives,
pour ce qui est mesure des échanges mais aussi pour la chronologie, car c’est cela qui permet de voir
apparaître ou disparaître un type, et de mettre en évidence le mobilier résiduel. Cette notion n’était
pas du tout prise en compte il y a une trentaine d’années, car on considérait que pour un ensemble
clos, tout le matériel était contemporain et les datations étaient établies en fonction de cela.
Pour la quantification, il y a un certain consensus, mais dans la pratique, les manières de
compter restent encore différentes : on n’est pas toujours à même de pouvoir comparer les
ensembles. Il reste surtout la difficulté d’obtenir un consensus dans la définition des catégories, alors
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que l’on compte les céramiques par catégories. Ainsi, lorsqu’on travaille sur les périodes de transition,
on voit que les critères utilisés par les protohistoriens ne sont pas les mêmes que ceux des gallo-
romanistes et si l'on veut pouvoir comparer les choses en termes d’évolution, il faut retraduire avec
son propre vocabulaire un certain nombre de tableaux. Par exemple pour les protohistoriens du Midi,
toutes les cruches à pâte claire sont déjà considérées comme des céramiques fines, alors que pour la
période Romaine, elles sont définies comme céramique commune. On avance sur ce problème de
définition, mais on n’arrive pas à un consensus comme celui qui peut exister dans d’autres pays
comme l’Angleterre, où la définition des groupes est faite grâce aux types et aux caractéristiques
techniques (Tomber et Dore 1998). En France, dans les années 1980, il y a eu des tentatives de créer
des classifications de ce type sous l’influence des travaux anglais, mais cela n’a pas fonctionné, peut
être parce qu’il y a une très grande diversité sur le territoire français. Mais en France il y a beaucoup
de définitions qui n’ont de valeur que localement, ce qui fait que l’on n’est pas toujours certain de
parler de la même chose lorsqu’on regarde la céramique à l’échelle de tout le territoire : le terme «
terra nigra » peut ainsi s’appeler « savonneuse » d’un côté ou « fumigée » de l’autre, etc…, alors qu’il
s’agit du même groupe techno-typologique.
Pour ce qui est des études quantitatives, on aurait pu s’attendre à ce que cela débouche sur
des considérations un peu plus poussées, car elles n’apportent souvent pas grand chose, le problème
majeur étant aussi que l’on compte parce qu’il faut compter. Mais les problèmes de représentativité de
l’échantillon sont rarement pris en compte, et le calcul des moyennes est, lui aussi, peu fréquent. On
peut prendre comme exemple les pourcentages d’amphores calculés à Augst, en prenant en compte
différents éléments : à partir d’un comptage uniquement sur les lèvres, avec une population de 2930
individus, on obtient un premier pourcentage, et un second pourcentage calculé sur les lèvres et sur
les anses, les fonds, et sur tous les éléments stylistiques : finalement on voit qu’on obtient la même
image, ce qui est rassurant lorsqu’on ne prend que les lèvres, mais à condition d’avoir un nombre
suffisant pour qu’il soit représentatif. Quel que soit le mode de calcul, il faut dépasser un certain seuil,
pour obtenir un résultat qui ait quelque valeur, mais si on fait cela sur moins de 100 individus, cela ne
veut plus dire grand chose. Lorsqu’il s’agit d’utiliser les chiffres, on constate que de manière générale,
il n’y a pas beaucoup de recul. Il est évident que l’on ne peut pas inventer les quantités que l’on n’a
pas, mais on ne peut pas non plus parler de grand commerce, d’importations, etc… avec un nombre
d’individus trop peu représentatif, ce qui est un travers récurrent en céramologie gallo-romaine.
Comme le disait P. Courbin dans un de ses articles, les typologies formelles sont vouées à
l’échec car elles utilisent dans les proportions des seuils inadéquats lorsqu’on raisonne sur des
productions et des formes céramiques et, à moins de multiplier à l’excès les critères, on a des
découpages identiques pour des formes très différentes (Courbin 1983).
En revanche c’est grâce à la typologie classique qu’a été mis en évidence, par rapport à des
proportions ou à la forme générale, le fait que les détails de formes sont souvent les plus significatifs,
en termes de chronologie et d’origine d’atelier. À travers la diversité du grand nombre d’ateliers ayant
produit des amphores Dressel 1 en Méditerranée, on s’aperçoit que le critère qui évolue de manière
régulière est la hauteur de la lèvre. Ce sont les exemplaires très bien datés sur des épaves ou sur des
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contextes où l’on a des datations absolues qui permettent de cerner cette évolution. La hauteur de la
lèvre est un critère qui, comme on s’en aperçoit maintenant, est de plus en plus pertinent et permet de
faire des sériations chronologiques.
Concernant les céramiques communes, la tendance est d’essayer d’en tirer des
renseignements sur le quotidien et les coutumes alimentaires. Mais il faut avoir une connaissance
minimum des techniques, un domaine où l’archéologie gallo-romaine est en retard. Néanmoins on
peut citer l’exemple d’études faites sur des ateliers, comme celui de la Boissière-Ecole (Dufaÿ et al.
1997), qui montre qu’il existe des gabarits, que les productions dans les ateliers correspondent à des
volumes, et où l’on voit qu’il y a une rationalisation et une standardisation des productions, car on est
face à un stade artisanal avancé.
En ce qui concerne les analyses de laboratoire, la percée de ces méthodes dans les années
1970, notamment des analyses physico-chimiques, a montré qu’elles étaient tout à fait adaptées pour
les céramiques fines, alors que la pétrographie se prête bien à l’inverse pour les analyses des
céramiques grossières. Dans ce domaine, il y a eu des travaux novateurs, tels ceux de Maurice Picon,
et des études de cas qui on montré la pertinence de ces méthodes (Picon 1973). Ainsi l'un des grands
résultats obtenus dans les années 1970 a été la mise en évidence d’une succursale de l’atelier
d’Arezzo à Lyon : le transfert depuis Arezzo de moules, de main-d’œuvre et de matériel, donnait ainsi
les mêmes estampilles à Arezzo et à Lyon. Les analyses ont permis d’ailleurs de constater que
certaines estampilles étaient apposées sur des argiles italiques et d’autres sur des argiles lyonnaises.
Ce résultat a changé notre façon de voir sur les déplacements des ateliers, sur leur organisation, et
révélé qu’il s’agissait de quelque chose de très planifié, avec certainement des investisseurs.
Aujourd’hui, c’est un domaine en crise, et il y a une responsabilité des archéologues qui n’ont
pas fait l’effort de comprendre la spécificité de ces méthodes. Ces derniers ont souvent pensé que
l’appareil donnait directement l’origine, n’imaginant pas le travail colossal de constitution du référentiel
nécessaire si l’on travaille sur des céramiques commercialisées à longue distance et qui couvrent
toute la Méditerranée. Il faut d'abord construire un réseau de référence à l’échelle régionale, puis en
élaborer un plus large, et définir une problématique archéologique derrière ces analyses. Ne
comprenant pas la lourdeur des procédures, on pouvait penser qu’en multipliant les petits laboratoires,
cela allait résoudre le problème. Pour obtenir un résultat fiable, c’est souvent 1000 analyses qu’il faut
effectuer pour résoudre le problème et non pas 100 et bien sûr le coût n’a plus rien à voir.
C’est la raison pour laquelle on s’est beaucoup tourné vers la pétrographie qui est beaucoup
moins lourde en termes d’appareillage et de coût, mais qui ne rend pas les mêmes services. Une
simple binoculaire ne permet pas de résoudre tous les problèmes. Il faut tout un appareil critique sur la
constitution des références et aussi tout un appareil critique archéologique, car il y a des exemples de
méconnaissance de la technique céramique qui ont donné lieu à des interprétations erronées de la
pétrographie. Par exemple, le dégraissant n’est pas forcément naturel dans l’argile, mais a pu voyager
et être ajouté, ce qui donne des possibilités totalement différentes quant à l’origine géologique de
l’argile. Pour faire des déterminations à la loupe binoculaire, il est vrai qu’il faut un apprentissage et
tout le référentiel qui va avec. Pour un seul atelier, lors d’essais de classification à la loupe binoculaire,
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on trouve quelquefois 60 groupes de pâtes : on se noie dans les détails, par manque de connaissance
des argiles, alors que l’on n’a jamais vu un même atelier utiliser 60 types d’argiles. Là, les critères ne
sont pas bons. De plus, on combine souvent cela avec les couleurs qui sont liées à la cuisson et à ses
défauts : c’est un exercice difficile à manier que de faire du bon travail analytique. Par contre, en
Angleterre, il y a tous les groupes de pâtes référencés et quand on veut classer on a toutes les
comparaisons.

L’archéologie expérimentale semble, quant à elle, moins pertinente en céramique romaine


que dans d’autres domaines, et elle a porté essentiellement sur les cuissons, avec un apport
scientifique extrêmement limité. Le problème est que la conduite d’un four nécessite un
investissement financier important, mais pas seulement, car il faut aussi au moins une vingtaine de
cuissons pour savoir comment marche un four. Ce n’est pas en faisant deux cuissons que l’on peut
faire un article et dire comment cuisaient les Romains. L’apport scientifique par rapport à la
connaissance des techniques et celle de la céramique en particulier est quasi nul. Les problématiques
sont aussi souvent mal posées, peut être parce que le domaine de la connaissance des techniques
céramiques pour l’époque romaine n’est pas assez pris en compte, même si l’ouvrage de Picon paru
en 1973 est mentionné, à défaut d’être toujours lu. Il y a tout de même des critères faciles à mettre en
œuvre pour distinguer des céramiques culinaires de céramiques non culinaires par exemple. Sur cette
question là, il y a eu peu d’études. On aurait pu, plus que l’archéologie expérimentale, développer
l’ethnoarchéologie, car pour ceux qui s’intéressent aux techniques de cuisson, on apprend
beaucoup plus en allant voir des ateliers traditionnels qui cuisent encore au bois qu’en construisant
son four soit-même. Pour tirer des renseignements des cuissons, il faut arriver à optimiser ces
structures. C’est pour cela qu’il faut multiplier les expériences pour être sûr d’avoir obtenu le
rendement maximum par rapport à sa structure, quels que soient ses défauts. Par exemple, si l'on fait
des fours à tirage vertical de type romain, on a très facilement une surcuisson sur l’arrière, et c’est très
difficile d’équilibrer, sauf si l'on connaît parfaitement son four. Mais même comme cela, beaucoup de
potiers qui travaillent sur les fours à bois ont pratiquement toujours ce problème de différence de
température. On peut compenser cela par différents moyens, comme recuire les vases mal cuits, mais
il est toujours plus intéressant d’étudier ce phénomène grandeur nature, ce qui est pareil pour les
cadences de production. Ainsi, ce n’est pas en apprenant à tourner soi-même qu’on aura une idée des
cadences de production d’un potier romain ; en revanche, si l’on se réfère à la bibliographie des XVIIe,
XVIIIe et XIXe siècles, on aura des chiffres de production qui vont largement dépasser les estimations
des archéologues.

III - BILAN
Les acquis ont été extrêmement nombreux, dans la définition de groupes régionaux, dans la
datation, l’étude et l’organisation des ateliers. Les fouilles de sauvetage ont par exemple permis de
découvrir des ateliers ruraux dont on ne soupçonnait pas l’existence, comme tout récemment l’atelier
de Gambach-la-Ville dans la plaine d’Alsace, et d’avoir une vision en extension de ces ateliers, ce qui
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est plus difficile en milieu urbain. Le cas du site du Chapeau Rouge constitue une exception : on a un
atelier complet avec six fours, neuf emplacements de tours, plusieurs dépotoirs et les fosses de
préparation de l’argile (Desbat 2000). Cet atelier permet d’avoir des renseignements passionnants et
inédits sur les structures de production, mais il est possible que ce ne soit là qu’une vision partielle
des ateliers lyonnais : il y avait peut-être d’autres ateliers de l’autre côté de la rue, qui n'ont pas été
fouillés.
On a aussi une meilleure connaissance de la diffusion par la multiplication des découvertes.
L’exemple d’une carte récente de la diffusion de la céramique arétine en Méditerranée n’a rien à voir
avec celle qu’on aurait pu donner auparavant, même si dans ce cas on aurait à peu près la même
répartition, mais avec une densité moindre. Il est frappant de voir pour la répartition des amphores
Dressel 1 la carte que donnait Calender en 1965 lorsqu’il a fait la première synthèse sur leur diffusion.
Celle-ci traduit aussi la carte des publications, avec presque autant de publications à cette époque là
en Angleterre qu’il y en avait dans toute la Gaule. Aujourd’hui, la dernière carte publiée par Fitzpatrick
en 1985 montre que ces amphores sont omniprésentes, surtout sur les grands axes de circulation,
mais il n’y a presque pas de site de La Tène sur lesquels il n’y ait pas d’amphores Dressel 1. Et l'on
s’aperçoit aujourd’hui que la pénétration des amphores italiques en Gaule, y compris dans le Nord, est
très forte dès la fin du IIe siècle av. J.-C. Notre vision du commerce et de la diffusion a évidemment
beaucoup progressé. On s’est mis aussi à travailler en essayant, non plus de faire des cartes de
diffusion comme la carte citée précédemment, simplement avec des points, mais en essayant de voir
les zones de forte densité par rapport aux marges.
Quoiqu'il en soit, il est intéressant de voir que la céramologie occupe maintenant une place
prépondérante, alors qu’il y a eu des périodes de remise en cause peu lointaines. La céramique est en
effet incontournable et si on l’enlève d’une fouille, il devient difficile de raisonner sur la plupart des
questions. Un des avantages dans les outils a été la constitution d’associations nationales et
internationales, ce qui a facilité les échanges et les publications. Pour notre territoire, la création de la
SFECAG a joué un rôle moteur, puisque aujourd’hui il y a 500 adhérents, les frontières sont
dépassées, et cette association publie 500 pages minimum par an.

IV – PERSPECTIVES
Il reste tout de même le souhait qu'un effort soit fait pour prendre en compte la technique.
D'autre part, en Angleterre, il y a vraiment des tessonniers de référence pour toutes les catégories de
céramiques, et tout le monde a les mêmes critères descriptifs, les mêmes références et les mêmes
noms ; en France, on en est vraiment loin. Par rapport au nombre d’ateliers et de productions
régionales, la part des études faites dans cette optique là est vraiment ridicule par rapport à ce qui
reste à faire. Enfin, la prolifération des données fait qu’aujourd’hui il y a un manque de synthèses, et
que la plupart des thèses réalisées le sont à l’échelle régionale, plus personne n’osant faire une thèse
à l’échelle du territoire, alors que cela devient indispensable, même si on à toujours tendance à
attendre que chaque synthèse soit définitive et que celle-ci soit la seule référence pendant quelques
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décennies. Du fait de ce manque de synthèse, on a l’impression que les grandes questions ne sont
pas posées et que l’on commence à stagner.

BIBLIOGRAPHIE de l'article :
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(Œllman 1914) : OELLMAN P., Die Keramik des Kastells Niederbieber , Materialen zur römisch-
germanischen Keramik I, 1914.
(Oswald 1931) : OSWALD F., Index of potters' stamps on terra sigillata, Margidunum, 1931.
(Oswald 1936) : OSWALD F., Index of figures-types on terra sigillata, Liverpool, 1936.
(Oswald et al. 1920) : OSWALD F., PRYCE T.D., An introduction to the study of terra sigillata, London,
1920.
(Picon 1973) : PICON M., Introduction à l'étude technique de la céramique sigillée de Lezoux, Dijon
(Centre de recherche sur les techniques gréco-romaines), 1973.
(Py 1993) : PY M. (dir.), Dictionnaire des céramiques antiques en Méditerranée nord-occidentale,
Lattara 6, Lattes, 1993.
(Ritterling 1913) : RITTERLING E., Das frührömische Lager bei Hofheim im Taunus, Wiesbaden, 1913.
(Tomber et al. 1998) : TOMBER R. DORE J., The Roman Fabric Reference Collection, a Handbook,
MoLAS monograph 2, Museum of London, 1998.
(Unverzagt 1916) : Unverzagt W., Die Keramik des Kastells Alzei, 330-410, Frankfurt, 1916.

DISCUSSION

Remarque générale de Rémi Martineau (CNRS, UMR 5594, Dijon) :


On a peu parlé d’analyse fonctionnelle des résidus alimentaires. Tout ce qui concerne la
chimie organique se développe depuis quelques années, notamment en Angleterre mais aussi en
France avec les travaux de Martine Regert, (C2RMF, Paris). C’est un domaine très prometteur. On a
parlé de typologie fonctionnelle mais finalement il n’y a pas de fonction derrière. On ne sait pas à quoi
ont servi ces poteries, c'est un piège qui n’apporte rien pour les périodes anciennes. En revanche,
pour des périodes assez récentes, cela a un sens car on connaît les fonctions des poteries par
d'autres sources d'information. Mais pour certaines périodes comme le Néolithique et l’Âge du Bronze
pour lesquelles on ne connaît pas la fonction des objets, tout un travail de recherche reste à
développer, en relation étroite avec les chimistes.
Réponse d'Armand Desbat :
Pour la période Romaine, lorsqu'on parle de catégorie fonctionnelle, la distinction essentielle
se fait pour la céramique à feu à partir des formes et des traces d’usages. Quelques recherches ont
été faites avec les résidus, avec de nouvelles techniques mais il est vrai que c’est un domaine peu
exploré. Par rapport à la fonctionnalité des céramiques, il y a une grande différence avec les périodes
plus anciennes où l’on n’a presque jamais le vase en contexte. D’après la forme, on peut aussi dire la
fonctionnalité du vase, comme dans le cas des vases à liquide. Il y a des vases dont la fonction est
d’après moi complètement décorative, et si l'on regarde à la suite des travaux de Bats les propositions
qui avaient été faites de classer les vases à partir de la forme et non pas des résidus, on a par
exemple dans la catégorie des vases à liquide, les vases à verser, à boire, etc… Et si l'on regarde le
travail de Lattara 6 (Py 1993), tous les vases sont classés comme cela, avec un certain nombre de
fonctions complètement théoriques, l’usage n’ayant jamais été avéré : à la sortie, on n’en tire rien.
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Mais il y a un certain nombre de vases pour lesquels on peut donner une fonctionnalité lorsqu’on se
penche sur la technique. C’est le cas pour les nombreux récipients que l’on a appelés « cruches » et
qui sont les œnochoés ou les vases à vin, ces récipients à col étroit qui sont en réalité des bouilloires,
car si l'on regarde les traces, pour une pâte identique à celle des vases culinaires, on voit à la fois des
traces de feu et des dépôts de calcaire à l’intérieur. Il y a aussi d’autres types de vases dont on ne
connaît pas la fonction, mais lorsqu’on les trouve en contexte humide, on voit qu’il sont
systématiquement poissés, qu’ils n’ont pas de vernis à l’intérieur et qu'ils recevaient tout le temps un
goudron. Cela doit bien entendu correspondre à un usage. Mais neuf fois sur dix, ces analyses de
résidus ne sont pas faites pour les céramiques romaines.
Rémi Martineau :
Sur l’approche des techniques et l’utilité des chaînes opératoires dans la connaissance des
sociétés, il y a aussi un intérêt à étudier cela pour le Bronze final. A cette époque, il y a des
céramiques qui apparaissent, extrêmement bien faites, fines, des céramiques noires, etc… qui
demandent des savoir-faire particuliers, en apparence différents de ceux des périodes précédentes.
En effet, sur ces céramiques, il y a des indices qui peuvent montrer comment elles ont été montées ;
par exemple, on dit souvent qu'à l'Âge du Bronze, il n’y a pas de tour de potier, donc que les pots sont
façonnés sans mouvement rotatif, mais la présence de colombins ne signifie pas seulement des
boudins montés les uns sur les autres. Il y a beaucoup de techniques différentes pour les associer, et
dans ces techniques, il y a une façon de faire et une façon de penser le pot qui peut être assez
complexe. Par exemple, pour les céramiques de quelques millimètres d’épaisseur, quelqu’un qui n’a
pas d’expérience peut difficilement arriver à un tel résultat, cela nécessite un apprentissage important
au préalable.
Est-ce qu’en archéologie, on serait prêt à accepter l’idée que si l'on arrive à montrer des
différences technologiques concernant l'ensemble d’une chaîne opératoire entre une région et une
autre, on pourrait conclure qu’il s’agit de deux populations différentes ?
Frans Verhaeghe :
On peut penser que ce n’est pas vraiment le cas pour la période médiévale, pour laquelle la
notion de culture céramique ne veut pas dire grand chose : il n’y a pas d’ethnie associée à une culture,
mais c'est certainement le cas pour les périodes antérieures.
Mais alors, est-ce qu’un même groupe peut produire deux produits de façon complètement
différentes pour une même époque ?
La réponse semble être unanime pour les productions céramiques de toutes les périodes.
Jean Rosen :
La céramique est une forme de langage des sociétés, et l’on peut parfaitement comparer les
modes d’expression céramique aux modes d’expression linguistiques que l’on connaît. En effet les
exemples en ethnologie sont encore très vivants : on peut par exemple parler un patois différent d’un
village à un autre encore dans nos régions, tout en faisant partie d’un même peuple. Une même
région peut avoir deux modes de production différents. Autant de possibilités linguistiques, autant de
possibilités d’expression céramique, au moins.
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Armand Desbat :
Généralement, à l’intérieur d’une communauté, il y a un savoir-faire commun, ce qui ne veut
pas dire que dans le village voisin qui fait partie de la même ethnie, il ne va pas y avoir de différences.
Mais ces différences seront moins grandes que par rapport à une autre ethnie. Tout dépend de ce que
l’on appelle différence. On peut voir des différences technologiques pour des villages d’une même
région, mais globalement c’est la même technique, comme dans le cas de certaines vallées de l’Atlas.
Il n’y a pas de mise en doute de l’utilité des approches technologiques, il faut simplement faire
la démonstration de l’utilité d’une technique ou d’une approche. Je voulais plutôt mettre en évidence la
part des approches ethnoarchéologiques et des approches techniques dans l’étude du matériau
céramique, notamment pour revenir à une époque où les ethnoarchéologues avaient la prétention que
leur discipline pouvait englober tout le discours archéologique, alors qu’il faudrait plutôt voir
l’ethnoarchéologie comme un élément permettant d'enrichir notre réflexion. Dans ce cadre là, les
approches technologiques ont aussi leur place et sont indispensables. Dans les perspectives actuelles
de recherche, ces disciplines sont très difficiles à valoriser car elles demandent un investissement en
temps considérable.
Rémi Martineau :
Ce qui a l’air de se mettre en place peu à peu dans une vision un peu francophone, c’est que
l’ethnoarchéologie peut être un point de départ pour alimenter la connaissance des techniques et des
différentes méthodes, notamment pour l’archéologie, donnant des exemples de ce qui est possible, de
ce qui existe. À partir de là, on peut proposer des hypothèses concernant l’archéologie, et les tester
par la voie expérimentale, qui est incontournable pour permettre les applications liées à des contextes
particuliers du passé.
Armand Desbat :
C’est pour la période romaine que je disais que l’intérêt de la chose n’a pas été montré. Pour
ce qui est par exemple des cadences, des températures de cuisson, il y a d’autres façons pertinentes
d’avoir des réponses que par l’expérimentation. L’ethnoarchéologie apporte à mon sens beaucoup
plus, en élargissant le champ de vision. On peut imaginer bêtement qu’il n’y a que deux façons de
faire une forme de vase, alors qu’il y a des tas de procédés. L’ethnoarchéologie apporte la théorisation
à partir de l’expérimentation, et les cas où l'on va démontrer la validité d’un procédé en expérimentant
soi-même ne sont pas si nombreux.
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LA CÉRAMIQUE ET LA CÉRAMOLOGIE MÉDIÉVALES


(dans l’Europe du Nord-Ouest)
Frans Verhaeghe, Vrije Universiteit Brussel (Université libre de Bruxelles)

INTRODUCTION
Cette contribution vise à dresser un bilan critique des approches céramologiques concernant
le Moyen Âge, époque qui ne pouvait faire défaut dans le vaste panorame allant du Néolithique à
l’époque moderne, même si cette céramologie médiévale est en fait encore relativement jeune. Quatre
thèmes seront traités : l’historiographie de cette sous-sous-discipline qu’est la céramologie médiévale,
les méthodes principales (outils et techniques, etc.) utilisées dans ce domaine, l’état actuel de nos
connaissances et des apports de la céramologie à la connaissance des sociétés médiévales, et, enfin,
quelques perspectives et directions souhaitables pour l’avenir. Mais quelques remarques préliminaires
semblent indiquées et, de toute évidence, cet exposé se caractérise par des limitations sévères, car le
sujet est complexe et le but est non pas de présenter un manuel mais plutôt une esquisse de bilan de
l’état du terrain.
La période concernée est bien entendu celle située traditionnellement entre environ 500 et
1 500 de notre ère. Mais ce schéma classique cache des réalités complexes. Ainsi, la période
comprend des phases pendant lesquelles les sociétés sont totalement différentes, pour ne mentionner
que les époques mérovingienne, le Moyen Âge dit « classique » ou le Bas-Moyen Âge. A fortiori, cela
vaut pour leur culture matérielle, leur organisation et leurs comportements économiques, sociaux et
culturels, ainsi que pour les composantes individuelles de ces cultures matérielles et donc aussi pour
la poterie. Comme la céramique est une composante dynamique et active et non pas seulement
passive de cette culture matérielle, les questions et les modèles interprétatifs doivent s’adapter aux
phases en question. Ainsi, la poterie mérovingienne remplit des fonctions parfois très différentes de
celles remplies par les céramiques du Bas-Moyen Âge, reflétant des sociétés et des comportements
très différents. De même, pour quelques régions, on peut soutenir qu’à certains égards le Bas-Moyen
Âge céramique, si l’on ose utiliser ce terme, ne se termine pas au XVIe siècle mais continue bien au-
delà. Dans une certaine mesure, il est donc question du Moyen Âge long.
Le cadre géographique choisi est celui de l’Europe du Nord-Ouest, en d’autres termes celui de
l’Europe de la Mer du Nord et de la Mer Baltique. Non pas parce que la région méditerranéenne ne
présenterait pas d’intérêt, mais pour des raisons simplement pratiques : je connais un peu mieux le
Nord, et le fait d'inclure la France, l’Italie et l’Espagne méditerranéennes me mènerait trop loin.
L’exposé ne comprend pas non plus des séries de chronologies ou de typo-chronologies, ni même un
survol général de cette céramique dans l’Europe du Nord-Ouest, car elle constitue un ensemble par
trop complexe de phénomènes et de développements supra-régionaux entremêlés de faciès, de
traditions et de développements régionaux et parfois même locaux que nous ne pouvons continuer de
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nier. Si nous pouvons d’ores et déjà identifier quelques grandes lignes évolutives, des travaux récents
montrent bien qu’il reste sage de ne pas trop généraliser et de proposer des interprétations
diachroniques trop poussées.
Enfin, soulignons que pour bien appréhender les approches et les résultats en matière de
céramologie médiévale, ce que l’on appelle parfois de manière dénigrante — et à tort à mon avis — la
théorie de l’archéologie et de l’étude de la culture matérielle ne peut être isolée du contexte de
l’archéologie en général, de l’archéologie médiévale et de son evolution, ainsi que de la pratique
archéologique sur le terrain.

I - HISTORIOGRAPHIE
Le premier constat est tout simplement que l’historiographie de cette sous-sous-dicipline reste
à faire, surtout en combinaison avec et dans le contexte naturel de l’archéologie en général et de
l’archéologie médiévale en particulier. Or, l’histoire de l’archéologie médiévale n’a guère été étudiée
que pour l’Angleterre, notamment par Christopher Gerrard (Gerrard 2003). Ce dernier souligne le rôle
des antiquarians — les amateurs d’antiquités — qui dès le XVIe siècle ont rassemblé des informations
sur les antiquités de leur région et ont parfois collectionné des objets, les antiquités médiévales —
bâtiments, inscriptions, etc. — n’étant pas exclues de leurs efforts. Pour l’instant, cela ne semble pas
s’être passé de la même façon sur le Continent. Il y a bien des exceptions comme les tombes royales
de Jelling au Danemark, qui ont attiré l’attention de quelques érudits, mais dans l’ensemble, le
médiéval — le gothique — ne semble pas avoir été très prisé. Les collections d’objets, les cabinets de
curiosités, selon le terme de l’époque (et qui allaient souvent devenir le noyau de musées nationaux
ou autres), ne semblent guère avoir compris de céramiques médiévales, mais il faudrait regarder cela
de plus près. En Angleterre, la situation a été quelque peu différente. Dans le contexte de la Society of
Antiquaries of London, qui a réémergé dès 1717 et où l’influence des approches des antiquarians a
été évidemment très forte, des poteries médiévales apparaissent déjà dans les compte-rendus des
réunions dès 1725. Cela aide à comprendre, mais seulement en partie, le fait que l’étude de ces
objets soit devenue plus rapidement acceptable en Angleterre qu’ailleurs.
Le XIXe siècle a été d’une importance capitale et trois éléments peuvent être soulignés ici :
l’émergence du nationalisme, celle du romantisme et celle du positivisme au sens général du terme.
Ce positivisme lié aux sciences naturelles ou aux sciences de la terre allait bien sûr jouer un rôle
important dans le développement de l’archéologie, discipline parasitaire par excellence, tandis que le
nationalisme et le romantisme attiraient l’attention sur les grands moments de l’histoire nationale,
comme par exemple les Vikings en Scandinavie, les villes en Flandre, etc. Le Moyen Âge était revenu.
Mais tandis qu’en Angleterre, cela s'est combiné avec la tradition des antiquarians, les travaux sur le
Continent semblent s’être cantonnés dans les domaines de l’histoire et de l’histoire de l’art. Et ce sont
là les véritables pères de l’archéologie médiévale. D’ailleurs, même en Angleterre, la situation n’a pas
toujours été évidente. La première fouille dite scientifique concernant le médiéval semble avoir été
celle du général Pitt Rivers à « Caesar’s Camp » près de Folkestone dans le Kent en 1878, mais Pitt
Rivers paraît avoir été un peu déçu, car le site était Normand et, comme il le souligne dans sa
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publication, il laisse donc le champ aux historiens. Entre temps, les vrais antiquarians continuaient à
collectionner des objets et notamment des poteries médiévales anglaises. En 1991, John Hurst — un
nom qui reviendra — a dressé une liste de ces collectionneurs, ces antiquaries, et cette liste trahit un
accent évident mis sur des poteries complètes et de préférence assez exotiques, comme la céramique
dite "très décorée" des XIIIe-XVe siècles (Hurst 1991, 7-24). J’ai d’ailleurs constaté que beaucoup
d’anciennes réserves de musée en Belgique semblent offrir une image comparable : les pièces plus
ou moins complètes et les pièces ou fragments exotiques sont de toute évidence surreprésentés. Il
n’était donc alors guère question d’une céramologie médiévale telle que nous l’entendons maintenant.
Pitt Rivers inclut cependant les céramiques médiévales trouvées sur différents sites dans ses rapports
publiés vers la fin du XIXe siècle et de toute évidence, il progresse dans la direction de la séquence
chrono-typologique, une technique combinant des notions reprises de la géologie et de la biologie. Il
apparaît souvent comme le représentant de la transition de la phase "histoire de l’art" à la phase
"archéologie historique", tendance qui s'est précisée vers le début du XXe siècle, consolidée par de
nombreux catalogues rédigés par des conservateurs de musée qui tendaient également vers la
chrono-typologie et vers l’étude de l’artisanat et de ses caractéristiques.
Mais sur le Continent, la situation continuait à être différente. Là, le XIXe siècle reste l’époque
d’une archéologie médiévale largement convertie en histoire de l’architecture et des arts décoratifs
médiévaux. Au cours du troisième quart de ce siècle, Viollet-le-Duc (1814-1879) en est peut-être le
représentant le plus connu, avec son Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe
siècle (1854-1868) et aussi son Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carolingienne à
la Renaissance (1858-1878). Dans ce dernier ouvrage figurent seulement quelques types de poteries
de qualité ou « bizarres » et quelques terres cuites architecturales plus ou moins remarquables
comme des épis de faîtage, documentés notamment par des textes. Et ce genre d’approche
continuera en fait jusqu’au milieu du XXe siècle, comme le démontrent par exemple le Glossaire
archéologique du Moyen Âge et de la Renaissance, publié par Victor Gay entre 1883 et 1928, ou
encore les volumes du Manuel d’archéologie française depuis les temps mérovingiens jusqu'à la
Renaissance de Camille Enlart, publiés autour de la Première Guerre Mondiale. De rares exceptions
confirment la règle, comme A. de Loë, conservateur de la section "Belgique Ancienne" aux Musées
royaux d’Art et d’Histoire à Bruxelles, qui a prospecté et parfois fouillé partiellement des mottes
castrales ou d’autres sites qui se sont ensuite avérés dater du Moyen Âge. Et il a effectivement publié
des notices sur ces travaux, mais celles-ci trahissent souvent son espoir de trouver autre chose, et
notamment des tumuli romains. Quand il publie en 1939 un catalogue descriptif des collections, une
salle annexe de la section intitulée « la période Franque » comprend des vitrines où sont conservées
quelques poteries du Bas-Moyen Âge, mais c’est tout (De Loë 1939). La littérature de l’époque
suggère d’ailleurs généralement que cette céramique, parfois qualifiée de « barbare », n’était qu’assez
difficilement datable parce qu’elle évoluait peu. Mais pour l’époque mérovingienne, avec ses tombes
livrant des objets entiers, la situation était différente et, déjà au XIXe siècle, elle suscitait beaucoup
plus d’attention. Il s’agissait généralement de nécropoles, et ce sont souvent des collectionneurs qui
s’en occupaient. Néanmoins, l’archéologie mérovingienne était considérée comme acceptable en tant
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que partie de l’archéologie, ce qui n’était pas le cas pour l’archéologie des périodes ultérieures. C’est
une situation qui perdurera jusqu’au milieu du XXe siècle et même au-delà dans bon nombre de pays,
dont notamment la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne et d’autres. Les explications avancées — et
c’était encore le cas quand je faisais mes études dans les années soixante — étaient que, d’abord, il
ne s'agissait pas d’archéologie mais de l’étude architecturale des grands monuments médiévaux,
abbayes, églises, châteaux, et qu’ensuite, qu’à partir du IXe siècle, on disposait de textes, ce qui sous-
entendait que l’on n’avait pas besoin de l’archéologie. Cela touche directement aux relations difficiles
entre l’histoire et l’archéologie, entre les archéologues et les historiens, et donc aussi à la question du
sens et de la ou des finalités de la céramologie médiévale.
L’approche en « histoire de l’art » a cependant aussi eu une certaine influence sur cette
céramologie, notamment en Angleterre. Au cours de la première moitié du XXe siècle, c'est ainsi le cas
de Bernard Rackham et de Herbert Read, dont les travaux se sont surtout attachés aux productions
de qualité. Rackham s’est intéressé en premier lieu aux majoliques, et son ouvrage de 1948 sur les
poteries médiévales anglaises comprend surtout des pichets très décorés (Rackham 1972), la
céramique dite "commune" restant en dehors de l’image. Mais au cours des années 1950 (et aussi
sous l’influence de la publication de certaines collections de musée, avec des découvertes
archéologiques datant du Moyen Âge, comme par exemple la collection du Musée de Londres) (Ward
Perkins 1940), cela a changé de fond en comble. Ici, il faut mentionner deux chercheurs anglais :
Gerald Clough Dunning et John Gillian Hurst. Sans entrer dans les détails, on peut souligner que leur
influence a été (et d’une certaine manière est toujours) considérable. Ils ne sont pas seulement
intéressés aux productions de qualité (y compris les poteries importées en Angleterre) mais aussi à la
poterie commune. Tous deux issus de la tradition des antiquarians, mais combinant cela avec leur
charge d’inspecteur des monuments (dont des châteaux et des sites ruraux), ils ont vraiment mis la
céramologie médiévale sur la carte. Et leur influence ne s’est pas seulement fait sentir en Angleterre,
mais aussi ailleurs en Europe (et notamment en France, aux Pays-Bas et, dans une moindre mesure,
en Allemagne), où ils ont cherché les lieux de production de céramiques médiévales importées en
Angleterre, notamment celles provenant de Saintonge ou de Rhénanie. Leurs travaux étaient
essentiellement d’ordre chrono-typologique, mais ils s’intéressaient évidemment aussi au contexte
économique et notamment aux échanges commerciaux supposés révélés par les poteries importées.
Leur influence ne s'est par ailleurs pas limitée à la céramologie, car ils ont également joué un rôle
important dans la création de sociétés telles que la Society for Medieval Archaeology (1956), la
Society for Post-Medieval Archaeology (1966), le Deserted Medieval Village Research Group (1952)
et la Medieval Pottery Research Group (1997), ainsi que dans d’autres domaines appartenant au
monde de l’archéologie médiévale2. À titre d'exemple, il faut citer le domaine de l’archéologie des
villages désertés et du monde rural dans le cas de John Hurst, initiateur avec l’historien Maurice

2 Sur Dunning et Hurst, voir notamment les contributions sur leurs bibliographies dans les volumes de mélanges
qui leur ont été offerts (Evison et al. 1974 ; Gaimster 1992) ; une collection de contributions concernant John
Hurst est prévue dans l'un des prochains volumes de la revue Medieval Pottery.
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Beresford des fouilles du village déserté de Wharram Percy (à partir de 1950), qui ont marqué un
changement profond dans l’archéologie médiévale anglaise.
Sur le Continent, la céramologie médiévale a commençé également à prendre son envol dans
les années 1950, notamment en Rhénanie allemande, dans la vallée de la Meuse belge, et en
Scandinavie. Cela nous mènerait trop loin de détailler ici les progrès réalisés à cette époque, mais on
peut souligner que le travail a été du même genre qu’en Angleterre, se caractérisant essentiellement
par sa nature chrono-typologique, avec une attention particulière pour les centres de production.
Plus à l’Est, notamment en Pologne et en Russie, il se passait également des choses, l’une
d’entre elles, et non des moindres, étant la notion de culture matérielle, d’origine marxiste. Mais
l’influence de cette archéologie de l’Est restera limitée, à l’Ouest, notamment pour des raisons politico-
idéologiques, et malgré le fait que, par exemple, des liens entre des équipes françaises et polonaises
se soient alors forgés dans le domaine de l’archéologie médiévale.
Dès les années 1960, les choses ont commençé à bouger, et cela à plusieurs égards :
l’approche explicitement archéologique du monde castral (avec un intérêt marqué pour les
fortifications de terre et les mottes castrales) s'est développée, notamment avec le premier colloque
international Chateau-Gaillard en 1962 ; d’autres sujets particuliers — et notamment celui du monde
rural et des villages désertés — sont devenus partie intégrante de cette discipline, et d’autres encore
ont émergé. De manière très générale, l’évolution de l’archéologie et de la céramologie médiévales de
cette époque cadre assez bien avec celle de l’archéologie en général, tant en ce qui concerne les
techniques que les questions et les approches. La seconde moitié de cette décennie connut
cependant deux évolutions particulières.
D’abord, il y eut l’émergence de l’archéologie urbaine comme sous-discipline, car on se rendit
compte qu'il s'agissait d'un patrimoine important, et que cette source archéologique disparaissait très
rapidement sans être documentée. Cette archéologie urbaine qui a percé dès les années 1970, en
France du Nord, en Angleterre, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Scandinavie et même en Belgique, a
bien évidemment livré des masses énormes de tessons. Les données du problème céramologique —
surtout en matière de pratiques et de gestion — ont commençé à changer.
L’autre évolution a été celle du développement de ce qu’il convient d’appeler la théorie de
l’archéologie, ou l’archéologie théorique. Les années 1950 et surtout 1960 sont l’époque de la
« Nouvelle archéologie », la New Archaeology ou Processual Archaeology d’origine anglo-saxonne et
surtout américaine, en partie influencée par le fait que l’archéologie américaine se pratiquait souvent
dans le cadre de l’anthropologie en non pas de l’histoire ou de l’histoire de l’art. Or, cette archéologie
théorique n’a que très peu affecté l’archéologie et même la céramologie médiévales, à l’exception de
quelques chercheurs — surtout anglais et hollandais —, de certains aspects de l’archéologie du Haut-
Moyen Âge et de l’introduction de la quantification et des analyses de laboratoire. Cette quantification
et ces analyses de laboratoire appliquées aux poteries médiévales ne découlent d’ailleurs pas
exclusivement de l’archéologie théorique anglo-saxonne. Pensons tout simplement au Centre de
Recherches Archéologiques Médiévales (CRAM) de l’Université de Caen, où Michel de Boüard avait
dès les années 1960 mis en place un laboratoire d’analyses, notamment pour les céramiques, et où
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l’arrivée de la sériation et des approches par ordinateur a été en fait pratiquement annoncée avec
l’élaboration du Code pour l’analyse des poteries médiévales, adapté par Marie Leenhard à partir des
travaux de Jean-Claude Gardin. Cette expérience ne fut pas suivie, mais les bases de données
actuelles démontrent que l’approche avait du bon.
Dans l’ensemble, cependant, la céramologie médiévale restait dans la phase chrono-
typologique, et elle y est toujours, ce qui n’est pas nécessairement une critique, comme on le verra
plus loin. Seulement, elle aurait pu aller de l’avant de manière plus résolue et s’attaquer plus
directement à des questions dépassant les niveaux de l’identification des productions et de la
classification chrono-typologique. Néanmoins, la discipline se consolidait et la base de données
croissait de manière spectaculaire. On peut également mentionner quelques étapes importantes, telle
la création du Medieval Pottery Research Group vers 1977, groupe qui publie depuis l'une des seules
revues annuelles consacrée au sujet, Medieval Ceramics, revue qui, soulignons le en passant,
s’intéresse également aux siècles postérieurs. Le MPRG s’est également efforcé de coordonner les
efforts, notamment en matière de méthodes, d’approches et même de terminologie. Pour le reste, le
développement de cette céramologie est en fait surtout ponctué par des congrès ou colloques où se
retrouvent les spécialistes du genre. Ils sont trop nombreux pour les énumérer ici, même si, pour la
France, je pourrais certainement mentionner le 1er congrès de la Société d’Archéologie Médiévale à
Paris en 1985, consacré à la céramique, les colloques organisés par le groupe de Recherches et
d’Etudes sur la Céramique dans le Nord-Pas-de-Calais, groupe maintenant défunt (Lille en 1988,
Outreau en 1992 et Douai en 1995). Il y en a évidemment eu bien d’autres, des congrès réguliers
organisés par l’Association Internationale pour l’Étude de la Céramique Médiévale Méditerranéenne,
(AIECM2) ou des congrès d’Albisola et de Faenza jusqu’à bon nombre de colloques individuels,
organisés par des associations (comme par exemple quelques-uns en Allemagne dans le cadre
d’associations s’occupant de l’étude ethnographique des céramiques post-médiévales et modernes),
ou à l’initiative d’individus — comme encore récemment le colloque tenu à Caen, consacré à la
céramique du Haut-Moyen Âge et organisé par Philippe Husi et Vincent Hinckier en 2004. Mais on ne
peut guère dresser une liste exhaustive ici et il peut suffire de dire que cela reste la voie principale de
la recherche en la matière, malgré l’émergence de revues spécialisées en archéologie médiévale
parmi lesquelles on peut mentionner Medieval Archaeology (depuis 1957), Post-Medieval Archaeology
(depuis 1967), Archéologie Médiévale (depuis 1971), Archeologia Medievale (depuis 1974),
Archeologia postmedievale (depuis 1997), le Zeitschrift für Archäologie des Mittelalters (depuis 1973),
etc. De manière générale, ces revues constituent bien la colonne vertébrale de la recherche en
matière d’archéologie médiévale et la céramique y est relativement bien présentée. Mais la
bibliographie reste malgré tout assez chaotique et hormis la bibliographie publiée annuellement pour
les Îles Britanniques dans Medieval Ceramics, il n’y a guère de systématisation, et la recherche
systématique reste difficile.
Ces quelques commentaires d’ordre historiographique rentrent de toute évidence beaucoup
moins dans le détail en ce qui concerne les deux ou trois dernières décennies, et l’on remarquera
également que je n’ai pratiquement pas cité de noms de chercheurs pour cette période. Il y a à cela
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des raisons. Le fait est que, des années 1960 à nos jours, nous avons été passablement nombreux à
étudier la céramique médiévale, et nous avons tous contribué de manière à peu près comparable au
sujet. Le travail a surtout été d’ordre chrono-typologique, avec l’identification de nombreux groupes et
sous-groupes et avec l’identification de centres de productions ou d’ateliers de production à travers le
Nord-Ouest de l’Europe. D’aucuns ont travaillé de manière plutôt analytique, d’autres se sont plutôt
intéressés à des interprétations, d’autres encore — on peut penser notamment à Stephen Moorhouse
dans les années 1980 ou encore aux travaux de Jean Chapelot sur la production céramique dans le
contexte du monde économique rural — ont essayé de dépasser le niveau du tesson pour arriver à
l’étude des comportements. Mais à mon avis, soit personne n’a de mérites supérieurs à ceux d’un
John Hurst par exemple, soit nous avons tous des mérites comparables. Mais il est vrai que
l’historiographie complète de cette discipline reste à faire, et qu’il faudra bien un jour préparer une
étude systématique et poussée pour mieux cerner le rôle de quelques chercheurs individuels.
Enfin, un mot rapide sur l’organisation actuelle de la recherche en la matière s’impose. Rapide
en effet, car on ne peut guère parler de recherche organisée. En d’autres termes, la céramologie
médiévale est largement le fait d’individus et de travaux individuels, même si les chercheurs se
retrouvent occasionnellement pour une publication ou un colloque. Dès lors, on retrouve cette
céramologie dans presque tous les organismes et toutes les institutions, de l’entreprise archéologique
privatisée aux musées et aux universités. Les seuls organismes qui structurent plus ou moins les
recherches sont les associations et quelques groupes de recherche déjà mentionnés, comme le
Medieval Pottery Research Group en Angleterre, quelques associations mixtes en Allemagne et
quelques groupes de recherche en France, comme notamment celui qu’anime Philippe Husi dans le
Centre et l’Ouest de la France. Mais ces associations sont évidemment essentiellement volontaristes.
C’est à la fois une faiblesse et une force : une faiblesse parce que cela fragmente souvent les efforts,
et une force parce que cela laisse de la place à l’initiative. Mais de toute évidence, une structuration
plus poussée ne serait pas inutile, surtout afin de mieux coordonner les efforts. On ne peut nier que de
nos jours, dans l’archéologie que nous vivons actuellement, on a parfois trop tendance, comme le veut
l’expression à "réinventer l’eau chaude".

II - MÉTHODES ET TECHNIQUES PRINCIPALES : QUELQUES REMARQUES


Il ne semble pas utile dans le présent contexte d’entrer dans les détails en ce qui concerne les
méthodes et les techniques pratiques utilisées dans le traitement de la céramique médiévale, surtout
dans la mesure où, concrètement, celles-ci ne sont pas fondamentalement différentes de celles
utilisées pour les céramiques des époques précédentes ou postérieures. En effet, dans l’ensemble, il
me paraît que la céramologie médiévale n’est pas très novatrice en la matière : tous les outils et
toutes les techniques classiques possibles sont utilisées assez couramment, qu’il s’agisse d’analyse
descriptive, de quantifications et de sériations, d’analyses chronologiques, de classements
typologiques, d’analyses technologiques et d’analyses de laboratoire, ou encore d’archéologie
expérimentale. Cela ne veut pas dire que la céramologie médiévale serait passive ou par trop passive
dans ces domaines, bien au contraire, car elle teste régulièrement ces méthodes et ces techniques, et
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contribue par là à leur développement. C’est là un processus lent mais, du moins il me semble,
continu. Les différences avec notamment ce qui se fait en céramologie romaine me semblent quand-
même assez limitées. Cela explique d’ailleurs pourquoi l'un des manuels de céramologie les plus
importants des dernières décennies, publié en 1993 par Clive Orton, Paul Tyers et Alan Vince dans la
série des Cambridge Manuals in Archaeology traite ensemble les poteries romaines et médiévales et
même post-médiévales (Orton, Tyers & Vince. 1993). Et cela se comprend aisément si l’on accepte
que mutatis mutandis, les poteries de ces périodes soulèvent essentiellement des questions
comparables — comparables mais pas identiques — quant aux techniques et aux pratiques de la
production, de la distribution et de la consommation. Il y a cependant quelques réflexions à formuler.
Un premier point concerne l’archéologie dite expérimentale qui, de manière générale, ne
semble pas jouer un rôle important, quoique l’on puisse citer des exemples de reconstructions de
fours et de cuissons. Mais dans l’ensemble, ces expérimentations ne paraissent pas avoir une
influence très grande sur la pratique de la céramologie médiévale, et il me semble d’ailleurs que bon
nombre d’entre elles se font un peu dans le vide. On peut également se demander — avec Orton,
Tyers et Vince — si bon nombre de ces efforts ne pourraient pas être en partie avantageusement
remplacés par de bons travaux ethno-archéologiques. Cependant, cette approche expérimentale —
du moins si l’on tient compte du fait qu’elle ne prouve pas ce qui s’est passé mais démontre ce qui est
possible — peut nous alerter, concernant différents aspects techniques de la production, par exemple.
C’est du moins ce que suggèrent les expériences de Kenneth Hudson en Angleterre, un potier anglais
qui se spécialise dans la production de copies, mais qui travaille en collaboration avec les
céramologues, étant par là à même de démontrer qu’il reste de nombreuses questions techniques
pratiques. En matière de céramologie, il serait donc peut-être utile de faire revivre un peu une
combinaison entre l’ethno-archéologie et l’archéologie expérimentale. Mais les temps ne semblent pas
très favorables à cela. Quant à l’ethno-archéologie, la littérature montre clairement que depuis le début
des années 1990, elle est pratiquement absente de la céramologie médiévale, et cela parce que cette
recherche ne constitue plus — tout à fait à tort d’ailleurs — qu’une activité plus ou moins annexe dans
le contexte de la pratique archéologique actuelle.
Un second point concerne la quantification. De toute évidence, les masses de tessons
médiévaux — et autres, d’ailleurs — que livre l’archéologie rendent la quantification absolument
nécessaire pour les besoins de l’interprétation et des comparaisons tant intrasites qu’intersites, même
à des échelles géographiques différentes. En céramologie médiévale, c’est devenu une approche plus
ou moins standard depuis les années 1980 et les techniques les plus fréquemment utilisées sont le
nombre de tessons, le nombre minimum d’individus (NMI) et l’estimations d’équivalents vases (EVE),
technique développée par Clive Orton. De nos jours, on combine fréquemment deux ou trois
techniques. Certains chercheurs, dont Clive Orton, Philippe Husi et d’autres, ont continué à essayer
de raffiner et de tester des techniques et des approches statistiques. Pour ma part, je reste arrêté à la
constatation que pour l’interprétation, il semble généralement suffisant d’avoir des ordres de grandeur
permettant des comparaisons, et non pas des chiffres extrêmement précis.
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Dans le domaine des analyses de laboratoire, il n’y pas non plus de limites de principe en
céramologie médiévale, mais la littérature montre bien qu’il y a des secteurs priviliégiés, notamment
l’analyse pétrographique des inclusions et des pâtes, essentiellement destinée à identifier des
groupes et les origines des matières premières, ainsi que quelques aspects techniques. Nous devons
peut-être regretter un peu le manque de structuration de la recherche et des travaux qui se font un
peu ici et là, sans trop de coordination et parfois même sous la forme de contrats temporaires. Il y a
bien sûr des exceptions, comme par exemple Maurice Picon et son équipe à Lyon ou encore Alan
Vince en tant qu’entrepreneur privé en Angleterre, et d’autres, comme Daniel Dufournier dans le cadre
du Centre de Recherches Archéologiques Michel de Boüard à l’Université de Caen. Et les résultats
sont généralement utiles, mais cela n’empêche pas qu’à mon avis, une mesure de coordination et une
meilleure cohésion des efforts seraient les bienvenues.
Du côté plus typiquement archéologique, il y a bien sûr la typologie et la chrono-typologie.
C’est une activité qui reste importante dans la céramologie médiévale, même si bon nombre
d’archéologues soutiennent que la phase chrono-typologique en archéologie est révolue. En fait, cela
ne semble pas être tout à fait le cas, car il reste beaucoup trop d’incertitudes quant aux nombreux
faciès régionaux de la céramique médiévale, tant en ce qui concerne les aspects morphologiques des
produits qu’en ce qui concerne (éventuellement) leurs décors. Il est vrai que l’on peut identifier un
certain nombre de phénomènes plus généraux et même des phènomènes d’uniformisation
morphologique pour ne pas dire de standardisation, surtout à partir du XIIe siècle. Mais des
recherches basées sur des études régionales poussées récentes démontrent bien que ces
phénomènes se manisfestent de façon différente ou prennent des formes différentes ou encore
apparaissent à des époques différentes dans différentes régions. Le problème de l’évolution
morphologique et donc typologique devient alors beaucoup plus complexe, et comme il n’y a pas mal
de régions où nos connaissances restent malgré tout assez fragmentaires, nous continuons à avoir
besoin de ce travail typologique. Certes, il ne faut pas oublier qu’il s’agit là d’un outil et non pas d’un
but en soi. D’ailleurs, les typologies reflètent pratiquement toujours nos perceptions à nous et non pas
celles des producteurs ou des consommateurs de l’époque. Mais il n’y a que cet outil pour mettre de
l’ordre dans les masses de fragments et d'objets anonymes, pour identifier des groupes et ensuite, par
l’adjonction de l’élément chronologique, pour identifier l’évolution de ces groupes. C’est ce travail de
nature en fait descriptive qui peut permettre de formuler des interprétations explicatives,
interprétations qu’il faut d’ailleurs contextualiser. Au cours des dernières années, j’ai connu ou j’ai
dirigé un certain nombre de thèses de doctorat concernant des céramiques médiévales et/ou post-
médiévales trouvées dans des regions limitées et plus ou moins précises, et il m’est devenu clair que
seule une analyse fine et détaillée sur base régionale est à même de nous faire avancer. C’est un
constat qui a son importance, car il y a dans l’archéologie contemporaine des tendances que je
n’hésite pas à considerer comme inquiétantes, pour ne pas dire dangereuses.
Toujours dans le domaine de la typologie, il y a bien entendu les nombreuses difficultés liées
aux choix de critères de classification et même de terminologie. C’est un débat qui dépasse largement
le cadre de la céramique médiévale et tout comme la céramologie d’autres périodes, la céramologie
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médiévale connaît les discussions entre ceux qui « globalisent » et ceux qui divisent jusqu’à un niveau
de détail très poussé, ou encore les discussions entre ceux qui prônent une classification
morphologique et les partisans de classifications basées sur la ou les fonctions des objets. Pour
l’instant, il est impossible de trancher pour savoir quelle approche est vraiment la meilleure, même s’il
me semble qu’étant donné les lacunes qui subsistent et la complexité du sujet telle qu’elle a été
documentée par quelques thèses de doctorat récentes, basées sur une approche régionale, il vaut
mieux opter pour une classification très fine, quitte à grouper les classes et les types ensuite.
Procéder du général au détail au lieu de suivre le chemin inverse peut sembler plus efficace (et plus
facile), mais de toute évidence cela risque d’obscurcir des différences qui se révèlent ultérieurement
importantes et significatives. La discussion concernant les critères nous mènerait cependant trop loin
pour pouvoir être détaillée ici3.
Tout ceci vaut également pour les classifications basées sur les caractéristiques techniques
des matériaux, pour lesquelles on peut également faire appel aux analyses de laboratoire, et qui
visent surtout à identifier des groupes techniques et, au-delà, éventuellement des centres de
production. Cette approche reste très importante si l’on veut étudier les zones de commercialisation
de centres de production et notamment aussi de centres de production d’importance régionale, sujet
encore plein d’avenir. La meilleure solution pratique reste en fait le système essentiellement anglais
des fabrics, développé au cours des années 1960. Il s’agit de groupes de matériaux céramiques
caractérisés par une argile et une matrice argileuse ainsi que par des inclusions (type(s) et quantités),
parfois aussi par une gamme de couleurs particulière. Il faut d’ailleurs souligner que pour gérer
l’information fournie par les véritables masses de tessons, les résultats des analyses en laboratoires
devraient être confrontés plus systématiquement à l’analyse à l’œil nu ou à la loupe, et qu’il serait utile
que — bien entendu dans la mesure du possible — ces résultats soient également « traduits » en
termes utilisables en analyse à l’œil nu.
Quant à la terminologie, soulignons tout simplement que de nombreux systèmes ont été
développés et proposés — du « formalisé » au « simplifié » et du « général » au « régional » — mais
la céramologie médiévale est loin d’un consensus 4. Pour l’instant, les solutions s’organisent plutôt de
manière pragmatique et semblent se développer au niveau régional. Cela n’est pas nécessairement
une mauvaise chose, étant donné l’importance de ce niveau régional. En passant, on peut mentionner
que la documentation historique écrite offre parfois quelques solutions (notamment pour des produits
précis et/ou particuliers), mais pour le Moyen Âge, elle n’est pas à même d’apporter toutes les
réponses souhaitées, étant donné le fait qu’elle ne s’intéresse que passagèrement aux objets
céramiques.
Plus haut, il a été question de tendances inquiétantes dans la pratique archéologique actuelle.
Cela mérite un autre commentaire. De nombreux travaux récents montrent que les groupes
techniques et morphologiques en céramique médiévale sont beaucoup plus complexes que ne l’ont

3 Au sujet des problèmes de typologie, voir la bibliographie spécialisée à la fin de cet article.
4 A titre d’exemple, voir les différentes approches et les systèmes proposés dans la bibliographie sur le sujet
située infra .
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suggéré les travaux précédents, avec tout ce qui s’en suit en termes d’interprétation — évolutions,
dynamiques, distributions, adaptations, innovations, traditions, etc., tout cela au pluriel. Je suis
convaincu que bon nombre d’identifications (morphologiques, chronologiques, et d’origine) proposées
et publiées, même au cours de l’avant-dernière décennie ne sont plus valables, ou peuvent être
affinées, et qu’il faudra en fait revoir une bonne partie de ce matériel. Mais simultanément,
l’archéologie se muant en pratique de gestion du patrimoine, on ne laisse plus que des miettes de
temps pour ce genre de travail. En même temps, et notamment pour rentabiliser une pratique
archéologique de plus en plus privatisée, il y a des instances qui cherchent à développer des outils de
références informatisés qui permettent des identifications rapides et « sûres ». Un exemple en a été
fourni depuis quelques années aux Pays-Bas, par la création d’un système référentiel formalisé et
informatisé et par des tendances à présenter une ou deux synthèses basées sur un corpus de
sources limitées comme des ouvrages de référence englobant l’ensemble de la céramique des Pays-
Bas du Moyen Âge au XIXe siècle5. Les buts de ce genre d’exercice ont plus à voir avec des systèmes
de gestion du travail en archéologie qu’avec la recherche archéologique et, en fait, d’autres notions se
cachent derrière, à savoir des présupposés qui suggèrent que nous avons déjà la plupart des
réponses, que les territoires nationaux actuels (ou du moins de grandes régions comme en France ou
en Allemagne) se caractérisent par l’homogénéité en matière de culture matérielle (et donc aussi de
céramiques), ou encore que la production était standardisée. Or, nous savons que cela n’était pas le
cas et si de telles approches et de tels systèmes facilitent effectivement le travail de comparaison, ils
« figent » les connaissances, alors qu’il reste de très nombreuses lacunes et même des différences
qui peuvent éventuellement sembler minimes, mais qui méritent cependant d’être expliquées et
comprises. Cela ne constitue pas une critique à l’encontre de la synthèse, qui est toujours provisoire
et constitue autant un point de départ (par l’identification de lacunes et de nouvelles questions) qu’un
point d’arrivée. En d’autres mots, s’il est certes admissible d’essayer de rationaliser le travail, il ne faut
quand-même pas perdre de vue ce que nos connaissances actuelles représentent en termes de
zones d’ombre et de lacunes. Plus important encore, il ne faut pas perdre de vue la complexité de ce
qu’il convient de grouper sous le terme de « culture matérielle » (comme nous le montrent depuis
quelques années les anthropologues et les sociologues, notamment ceux qui travaillent dans le
contexte de l’école de Londres et publient dans la revue Journal of Material Culture). En tant que
composante intégrée de la culture matérielle médiévale, reflétant non seulement des fonctions
utilitaires mais également bon nombre de perceptions, d’attitudes et de comportements, la céramique
médiévale a encore beaucoup plus à nous dire, et ne devrait pas être réduite à un simple fossile-
indicateur d’ordre essentiellement chronologique ou autre. Des réflexions comparables peuvent être
formulées dans le cas des systèmes de sélection préemptive que d’aucuns cherchent à mettre en

5 Je pense plus particulièrement au système dit "de Deventer" qui minimise l’analyse détaillée et tend à
promouvoir la rapidité, mais comporte justement le risque de la facilité qui tend à nous faire perdre de vue la
complexité encore largement sous-estimée de la céramique. Dans le même ordre d’idées, l’ouvrage de synthèse
de Bartels (Bartels 1999) a certainement beaucoup de mérites, mais tend à présenter les données pour quelques
villes comme un canevas plus ou moins uniforme et valable pour l’ensemble des Pays-Bas. Voir la liste de ces
ouvrages dans la bibliographie thématique infra .
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place, parfois déjà lors du travail de terrain, afin de « rentabiliser » le travail, comme c’est le cas en
Angleterre et aux Pays-Bas. Certes, de tels systèmes ne sont pas nécessairement totalement inutiles,
mais la question est de savoir si nos connaissances de cette céramique sont suffisantes pour que cela
nous permette d’éliminer des données de base (comme par exemple les simples tessons de panse).
Or, on peut en douter, et il faut donc évaluer les situations cas par cas, en tenant compte de l’état des
connaissances locales et aussi des situations stratigraphiques particulières.

III – ÉTAT ACTUEL DES CONNAISSANCES : APPORTS DE LA CÉRAMOLOGIE À LA


CONNAISSANCE DES SOCIÉTÉS MÉDIÉVALES
Le développement le plus marquant des trois ou quatre dernières décennies est
l’accroissement sensationnel des données de base tant en ce qui concerne les fours, ateliers et sites
de production qu’en ce qui concerne les véritables masses de tessons permettant des approches
mieux ciblées, tant analytiques que synthétiques. N’importe quel survol de la littérature montre bien
comment et combien la céramologie médiévale a progressé et comment l’on est passé de l’analyse
anecdotique et du catalogue descriptif à la confrontation de la complexité du sujet, même si le
mouvement semble parfois se ralentir un peu aux cours des années récentes. De même, la
chronologie des ces céramiques s’est sensiblement affinée, ce qui est important pour n’importe quelle
approche interprétative (et même si l’on devrait mieux se rendre compte du fait que cette céramique
ne constitue pas toujours un fossile directeur d’ordre chronologique très précis ou parfois même très
fiable).
Dans le cadre limité de cette contribution, il n’est pas vraiment possible d’énumérer et de
commenter en détail les acquis de la céramologie médiévale en termes d’apports à la connaissance
de cette céramique et à la connaissance des sociétés médiévales. On pourrait bien entendu souligner
le fait que quelques phénomènes généraux ont pu être identifiés pour certaines époques médiévales,
comme les phénomènes de vulgarisation, d’innovation, de standardisation partielle, de diversification
et de spécialisation fonctionnelle des objets, etc., pour le Bas-Moyen Âge (Verhaeghe 1987) ou
encore les résultats des travaux sur le rôle et le contexte contexte socio-économique et culturel de la
production céramique dans le monde rural médiéval (Chapelot 2000). On pourrait également
mentionner certaines études concernant le contexte macro-économique de la production et de la
consommation, céramique ou autres (Courtney 2004, 181-201) ou encore des exemples de tentatives
d’interprétation économique et/ou sociale et/ou même ethniques des céramiques et de la production
céramique au Haut-Moyen Âge (Châtelet 2002). Enfin, on pourrait souligner les nombreuses
contributions dans lesquelles la distribution, les échanges et le commerce de poteries ou d’autres
produits céramiques sont évoqués, même si l’interprétation des données de base devrait parfois
s’accompagner d’un sens critique un peu plus développé et s’il faut se méfier des interprétations trop
rapides (Verhaeghe 1999, 137-169). Les discussions sur les contextes de production (éventuellement
à l’aide de sources autres qu’archéologiques) devraient aussi nous alerter quant à un autre problème,
à savoir les rôles respectifs du potier, du consommateur, du marché, etc., dans l’évolution de cette
céramique. Il s’agit ici de considérer notamment les choix de formes et de décors, le développement
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de la gamme de produits, et, à un autre niveau, des changements à une autre échelle, comme par
exemple le glissement d’un marché dominé par le consommateur vers un marché progressivement
dominé par le producteur — ou l’inverse. Mais comme il déjà été dit, tout cela dépasse le cadre limité
de cette contribution.
Il me paraît plus important ici de souligner trois points. D’abord, force est de constater que
dans ce qui a été publié, la description — l’identification, la provenance, la datation, la classification —
l’emporte sur le travail interprétatif, et de loin. Ce travail descriptif est bien entendu d’une importance
capitale, mais ce n’est pas ou ce ne devrait pas constituer un but en soi. S’il est vrai qu’un bon nombre
de chercheurs se sont déjà intéressés aux significations multiples de ces poteries et à leur contexte de
production, de commercialisation et d’utlisation, il n’en reste pas moins que de manière générale, il
constituent une minorité et, pire encore, que le développement actuel de la pratique archéologique
n'est pas très propice à une amélioration de cette situation. En d’autres mots, les acquis de la
céramologie médiévale en matière de connaissances des sociétés médiévales resteront bien en
dessous de ce que l’on peut en attendre ou en espérer, si nous n’arrivons pas à remédier à cette
situation.
Le deuxième point concerne la nécessité d’approcher cette céramique — tout comme
n’importe quel autre type ou catégorie d’objet archéologique, du paysage, du château ou de l’abbaye
aux accessoires de vêtement — comme une composante active et interactive de la culture matérielle,
reflétant divers aspects du comportement, et d’évaluer plus systématiquement ses possibilités et ses
limites en tant que source d’information. Cela implique une attention plus poussée pour ce qui se fait
dans le domaine de la théorie de la culture matérielle, y compris la théorie telle qu’elle se développe
notamment dans les domaines de l’anthropologie sociale et de la sociologie (Miller 2004, 396-419 ;
Buchli 2004, 178-194 ; Journal of Material Culture et Anthropological Theory). Et cela veut dire
également qu’il faut appréhender la céramique en termes d’indicateur social, économique et culturel,
mais d’abord et surtout en tant que céramique, avec, pour ainsi dire, son language propre et ses
valeurs d’indicateur spécifiques. Il s’agit aussi de ne pas oublier que la céramique n’est qu’un
indicateur possible très indirect pour les sociétés dans lesquelles elle est produite et consommée : la
céramique nous renseigne d’abord et surtout sur la céramique, ensuite — et beaucoup plus
indirectement — sur quelques secteurs particuliers (la production d’une part, la consommation et la
fonctionnalité de l’autre), enfin — et encore plus indirectement — sur certains aspects du
comportement social et sur des évolutions économiques et sociales plus larges.
Cela mène d’une certaine façon au troisième point, qui lui aussi dépasse le cadre de la
céramologie. Pour la période médiévale (tout comme pour les périodes postérieures), nous disposons
bien évidemment aussi d’autres types de sources d’informations, textuelles et iconographiques. Dès
lors, la question se pose de savoir dans quelle mesure ces autres types de sources peuvent nous
aider à mieux comprendre la céramique médiévale. Cela touche au débat concernant les relations
entre l’archéologie et l’histoire, relations difficiles et souvent empreintes d’un manque de
compréhension un peu navrant. S’il est généralement accepté que l’archéologie (surtout l’archéologie
du Moyen Âge et des siècles postérieurs) est dans un certain sens une discipline de nature historique
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au sens large du terme, on ne peut nier qu’à quelques exceptions près, son impact sur le discours et
les approches des historiens spécialistes des sources écrites reste assez limité. On peut ainsi donner
suffisamment d’exemples d’études d’historiens, même très récentes, dans lesquelles les données
archéologiques sont réduites à un rôle de fournisseur d’illustrations, voire franchement ignorées. À
l’inverse, si les archéologues travaillant sur les époques indiquées acceptent d’utiliser les sources
écrites et/ou iconographiques comme des sources d’information valables et importantes, il n’en reste
pas moins que, dans la majorité des cas, cet emploi se limite au niveau de ce que l’on peut appeler la
complémentarité primaire, c’est-à-dire que les sources écrites ou iconographiques sont utilisées
simplement pour identifier et/ou dater des faits archéologiques, plus rarement pour donner quelques
données supplémentaires sur le contexte plus large de ces faits archéologiques. Cela n’est certes pas
sans intérêt, mais en fait, un travail plus systématique sur ces sources écrites et iconographiques peut
apporter beaucoup plus, à savoir que l’on peut éventuellement « contextualiser » les données
archéologiques en les situant dans un cadre économique, social et/ou culturel. C’est là un autre
niveau de complémentarité. Quelques archéologues, parmi lesquels Jean Chapelot et d’autres, ont
déjà démontré ce que cela peut apporter dans le domaine de la céramologie médiévale, mais il n’en
reste pas moins qu’il s’agit plutôt d’exceptions que de la règle. Un problème supplémentaire est que
l'on oublie peut-être trop souvent que les faits archéologiques (les traces, les objets) appartiennent au
monde matériel qui est non seulement passif — c’est-à-dire qu’il subit l’infuence de l’action des
hommes et s’en trouve modifié —, mais aussi actif —, c’est-à-dire qu’il influence l’action, le
comportement et même la perception de l’homme —, voire même interactif — c’est-à-dire que les
composantes individuelles du monde matériel ont une influence sur les autres composantes de ce
même monde matériel et leur évolution. C’est (probablement) cette nature complexe du monde
matériel et de ses composantes qui explique (en partie) des phénomènes de tous genres, comme par
exemple l’établissement de traditions, le développement de chaînes opératoires dans la production,
etc. Cela implique qu’il faut approcher ces objets et ces phénomènes matériels avec des questions qui
ne sont pas nécessairement des questions telles que les posent les historiens ou les historiens d’art.
En outre, il s’agit aussi de ne pas perdre de vue que les sources écrites ou iconographiques sont des
traductions ou des transcriptions de perceptions du monde, et non pas nécesairement de reflets plus
ou moins fidèles des réalités passées ou du monde de naguère, qu’il soit matériel ou autre. Le débat
sur les relations entre l’histoire (au sens réduit du terme, c’est-à-dire basée sur les sources écrites) et
l’histoire de l’art (en tant que basée sur des sources iconographiques) est très loin d’être clos.
Pensons notamment aux symboliques multiples, apparentes ou cachées, dans par exemple les
natures mortes du XVIIe siècle (qui ne sont pas des photographies) 6. En tout cas, il devrait d’ores et

6 En matière de sources iconographiques médiévales, un travail considérable a déjà été réalisé en France,
notamment par D. Alexandre-Bidon et, pour le monde rural, par P. Mane. L’approche n’est pas nouvelle et, par
exemple, les céramiques de qualité — italiennes, ibériques ou autres — visibles dans des peintures du bas
Moyen Âge et du XVIe siècle ont dejà attiré l’attention de quelques chercheurs dès la première moitié du XXe
siècle. De manière générale, il faut regarder ces images avec un sens critique qui tient compte d’éléments très
divers : contexte de l’image, genre (miniature, peinture, sculpture, etc.), capacités et même formation de l’artiste,
buts de l’œuvre et destinataires, etc. Il est cependant à noter qu’encore trop souvent les sources iconographiques
sont utilisées de manière anecdotique, suivant ce qui a été dit plus haut sur la complémentarité primaire au sujet
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dejà être évident que la mise en œuvre d’approches intégrées et systématiquement basées sur
l’utilisation des trois grandes classes traditionnelles de sources — archéologiques, écrites et
iconographiques — requiert des efforts qui dépassent largement la recherche de la complémentarité
primaire ; c’est l'un des domaines où l’interdisciplinarité reste à être mise en œuvre de manière
beaucoup plus poussée7.
Une question annexe à ce thème concerne la possibilité de développer à partir des sources
écrites ou autres — et en confrontation et/ou combinaison avec les données archéologiques — des
modèles interprétatifs qui peuvent ensuite être utilisés ou du moins testés dans le cas de sites, de
phénomènes ou de séries d’objets pour lesquels la documentation écrite ou iconographique est limitée
ou franchement inexistante (ce qui est le cas pour une grande partie des céramiques médiévales).
D’une certaine façon, cette problématique est comparable à celle des apports réels ou possibles de
l’archéo-ethnographie ou même de l’archéologie expérimentale. Et il y a certes lieu d’essayer d’utiliser
les expériences ou les acquis concernant certaines periodes pour expliquer et/ou essayer de combler
les lacunes dans les connaissances constatées pour des périodes, des sites, des régions moins bien
documentées. Cependant, il ne faut pas perdre de vue ce que cette approche peut avoir de
dangereux : les situations et les évolutions ne sont pas nécessairement identiques ou même
comparables à travers le temps ou à travers l’espace.
Dans le cadre de cette discussion, il reste au moins encore un autre point à mentionner ici.
Suite à l’évolution de la recherche et au développement des spécialisations, qui sont eux-mêmes une
conséquence inéluctable de la complexité du champ archéologique, la céramique est non seulement
devenue l’apanage de spécialistes en la matière, mais se retrouve de plus en plus souvent assez
isolée du monde matériel dont elle faisait pourtant partie intégrante et intégrée. En d’autres mots, on
semble être en train de perdre de vue que cette céramique remplissait des fonctions — pratiques,
sociales, voire même symboliques au sens large du terme — dans un cadre plus vaste, de la cuisine,
de la cave et de la table au contexte socio-économique et culturel. C’est un problème qui n’affecte pas
que la céramique, mais que l'on constate également dans pratiquement tous les domaines de
l’archéologie. L’étude de la production céramique semble souffrir un peu moins de ce mal, mais dans
d’autres cas la situation est devenue assez regrettable. En guise d’exemple pour la céramique, on
peut ainsi se poser la question des relations entre cette céramique et d’autres classes d’objets, dont
les verres ou les objets de table ou de cuisine en métal. Tout comme dans le cas des relations entre
l’archéologie et l’histoire, cela s’explique surtout par l’étendue et la complexité du champ
d’investigations possible, combinées avec l’évolution des structures et des pratiques de recherche.
Mais il semble évident qu’il faudra faire mieux et qu’une approche beaucoup plus holistique, faisant
appel à des spécialistes venus de tous les horizons, est à prôner. Un bel exemple de cette approche a

des sources écrites. En outre, on peut noter que, dans la majorité des cas, les questions relatives aux liens
possibles entre sources archéologiques et sources iconographiques ne se posent guère en termes d’étude de la
culture matérielle mais presqu’exclusivement en termes de documentation pour ne pas dire d’illustration de cette
culture matérielle (voir par exemple Alexandre-Bidon & Lorcin 2003).
7 Au sujet des relations entre l’histoire (au sens traditionnel du terme), les sources iconographiques et
l’archéologie — surtout en ce qui concerne les périodes dites « historiques » — la littérature est assez abondante
et ne peut être reprise ici. L’auteur du présent texte prépare une étude sur ce sujet.
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été fourni récemment par quelques discussions au colloque intitulé La cuisine et la table dans la
France de la fin du Moyen Âge. Contenus et contenants du XIVe au XVIe siècle, qui a eu lieu à Sens,
en janvier 2004, à l’initiative de Fabienne Ravoire et de ses collègues, et où la poterie des XIVe-XVIe
siècles tenait sa juste place dans la cuisine et sur la table de cette période, avec la confrontation
d'historiens, d'historiens de l’art et d'archéologues, de spécialistes de céramique, de verrerie, de
recettes de cuisine, d’archéo-zoologie, d’archéo-botanique, et j’en passe. À cette occasion, la poterie
cessait d’être un sujet pour devenir un chaînon dans un contexte, avec de nouvelles questions qui en
découlaient. Comme cela est si souvent le cas, même en ce qui concerne les relations entre la
céramologie archéologique traditionnelle et les analyses de laboratoire, il s’avérait qu’il n’était pas
nécessairement facile de réaliser le rêve de l’interdisciplinarité active, mais conceptuellement, c’est
bien le chemin à suivre si l’on veut arriver à une meilleure compréhension de la céramique, tout
comme d’autres classes ou d'autres catégories d’objets.

IV - BILAN ET PERSPECTIVES ET DIRECTIONS SOUHAITABLES POUR L’AVENIR


Dans l’optique de ce qui a été dit dans les paragraphes précédents, le bilan actuel des
connaissances et des pratiques en matière de céramique médiévale est en fait mitigé. Du côté positif,
il y a tout d’abord bien évidemment le fait que notre base de données factuelles s’accroît
exponentiellement et que, grâce aux nombreuses fouilles des trente ou quarante dernières années,
nous commençons à avoir une idée de la complexité du sujet. On peut rapidement énumérer les
progrès les plus marquants des dernières décennies : nos connaisances des fours et des
technologies de production, de la diversité des productions en termes de groupes techniques, de la
gamme morphologique et de l’évolution chronologique des produits et, dans une moindre mesure, de
leurs décors, et enfin, de la distribution, tant géographique que sociale. En outre, nous commençons à
appréhender les diversités régionales de manière plus systématique.
Mais le qualificatif de « mitigé » a sa raison d’être. De manière générale — et donc avec des
excuses à tous ceux qui ont effectivement posé les questions utiles ou même de nouvelles
questions — la céramologie médiévale me paraît quand-même stagner un peu. La littérature en fournit
d’ailleurs la preuve : depuis à peu près une décennie, les approches plus synthétiques, concernant
soit une région entière, soit une période et une région, soit un groupe céramique précis, se font plus
rares. Cela ne veut pas dire qu’elles aient disparu ou qu’il n’y ait plus de contributions de nature
synthétique et/ou s’attaquant à une problématique précise. En France, il y en a eu quelques-unes
dans les dernières années, de même qu’en Allemagne où toute une série d’études de la céramique
médiévale dans une région ou même un Land spécifique ont vu le jour entre environ 1990 et 2001.
Mais en Angleterre ou aux Pays-Bas, par contre, et à quelques rares exceptions près, les publications
synthétiques ont pratiquement disparu depuis environ 1995.
De même, force est de constater que la grande majorité des questions d’ordre interprétatif
semble déjà avoir été posée dans les années 1980, et que ce questionnement a, depuis, pratiquement
disparu. Le contexte de la pratique archéologique actuelle est en partie responsable de cette situation
et même un certain nombre de jeunes archéologues commencent à se poser des questions quant aux
60 / 129

finalités conceptuelles et intellectuelles du travail archéologique. De toute évidence, il s’agit là d’un


débat très difficile, mais il me paraît utile de poser la question de savoir si l’archéologie sert à créer
des monuments et à collectionner des données pour les montrer dans des musées (ou encore pour
les enterrer dans des réserves ou dépôts en tous genres), ou si elle sert au contraire à documenter
notre évolution et à fournir les données requises pour une meilleure compréhension de notre passé et
par là de nous-mêmes et de notre monde ? Cette question en soulève une autre. Il va sans dire que le
fait de sauver les informations que recèle un patrimoine archéologique menacé par une érosion
destructrice continue est une tâche importante. Mais est-ce que la fouille et le simple stockage de
données descriptives, aussi intéressantes soient elles, apportent des réponses aux nombreuses
questions d’ordre interprétatif qui restent ouvertes, ou ne serait-il pas préférable de procéder dans un
contexte où l’interprétation et les travaux de terrain se confrontent dans une dialectique constante (ce
qui est de moins en moins le cas aujourd’hui) ? Il me paraît qu’un meilleur équilibre entre le travail de
terrain et l’acquisition de données utiles d’une part, et le travail interprétatif de l’autre, est devenu très
souhaitable8. Cela veut dire également que l’on doit laisser aux archéologues le temps nécessaire
pour effectivement étudier les données recueillies sur le terrain, et cela dans une optique qui dépasse
en termes d’interprétation les simples identification, classification et datation des traces et des objets.
Dans le cas de la céramique médiévale, cela veut dire que la collection de quelques centaines
de milliers de tessons supplémentaires ou même la fouille de fours et d’ateliers de potiers ne mènent
à des résultats utiles que si elles peuvent répondre à des questions et des problématiques bien
définies, dans le cadre d'une approche visant à étudier l’évolution des dynamiques de la culture
matérielle et du comportement matériel, dans une perspective également socio-économique et socio-
culturelle. Toujours dans le cas de la céramique médiévale et moderne, cela veut également dire qu’il
ne faut pas délaisser les autres possibilités d’information que sont les textes et les sources
iconographiques. Il est cependant utile de souligner que les questions interprétatives ne doivent pas
suivre aveuglément ces autres sources. Il ne s’agit pas de confirmer ou d’illustrer telle ou telle source
écrite ou iconographique. Bien au contraire, il s’agit d’essayer de faire parler les données matérielles
de leur propre manière et de « contextualiser » l’information matérielle. Cela implique que la
céramologie a tout à gagner à se renseigner auprès des ethnographes, des sociologues, des
anthropologues et des historiens, et que les acquis théoriques et méthodologiques de ces autres
disciplines méritent beaucoup plus d’attention. Cela ne vaut d’ailleurs pas que pour la céramologie,
mais également pour l’ensemble de l’archéologie.
Il est bien évidemment très tentant d’essayer de formuler des agendas de recherche et de
proposer des idées pour des projets futurs. Mais dans le contexte de la contribution présente, cela ne
peut pas dépasser le niveau général de quelques commentaires très brefs. En outre, il reste difficile
de prévoir comment évoluera la pratique archéologique et donc de prévoir ce qui sera faisable.

8 Dans le cas de l’étude de la céramique médiévale, les changements de la pratique archéologique ont déjà été
identifiés comme n’étant pas nécessairement très propices au développement de la recherche proprement dite
(Mellor 1994).
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Néanmoins, quelques propositions générales — avec tout ce qui celles-ci peuvent avoir de
provisoire — semblent possibles :
Tout d'abord, les nombreuses lacunes qui subsistent dans les chrono-typologies existantes
devront continuer à être comblées, ce qui souligne bien l’intérêt des fouilles, mais à condition que
celles-ci suivent dans une certaine mesure des questions programmées et ne courent pas plus ou
moins aveuglément derrière les bulldozers.
Il serait ensuite très utile de maximaliser l’approche régionale, combinée avec des études à la
fois détaillées et synthétiques, permettant de mieux évaluer les acquis, les lacunes et les
problématiques d’interprétation. L’approche régionale, jointe à des analyses détaillées d’ensembles
que l’on peut mettre en série, devrait également permettre de mieux cerner la distribution régionale et
les zones d’impact pour la céramique commune régionale, sujets qui restent quand-même un peu
sous-développés en comparaison avec ce que l’on sait concernant la distribution supra-régionale ou
même internationale.
De même, le champ de la production (fours, ateliers, etc.) mérite encore des efforts
supplémentaires, non seulement en ce qui concerne la technologie, mais aussi en ce qui concerne le
contexte économique, social et culturel, notamment par l’intermédiaire d’approches interdisciplinaires
où ne se retrouvent pas seulement l’archéologie et les analyses de laboratoire, mais aussi l’histoire,
l’ethnographie et l’anthropologie sociale9. En outre, il ne faut pas perdre de vue que, malgré le nombre
de fours et ateliers déjà (partiellement) documentés, les lacunes, tant géographiques que
chronologiques, restent considérables 10.
Enfin, il faudrait absolument activer les recherches dans le domaine de l’étude de la
consommation de cette céramique, y compris tous les aspects sociaux et culturels qui y sont liés. Là
encore, des approches interdisciplinaires sont à prôner, car il faudrait maximaliser la complémentarité
(avec les éventuelles contradictions) entre les différentes classes de sources que l’archéologie
médiévale, tout comme l’archéologie des Temps Modernes, peut exploiter. Les relations en termes de
concordances, de différences, etc. entre la céramique et d’autres composantes du monde matériel de
l’époque devraient autant que possible être intégrées dans ces recherches.
Ces propositions — pour ne pas dire ces souhaits — valent ce qu’elles valent, étant donné
leur nature générale. Mais prises ensemble, elles soulignent la nécessité de rendre à la recherche la
place dont celle-ci a besoin pour pouvoir rentabiliser les apports de l’archéologie de terrain. Elles
tendent également à valoriser la céramique en tant que source historique au sens très large du terme.
Simultanément, elles tendent à souligner le besoin de considérer la céramique comme une
composante active et même interactive de la culture matérielle et du monde matériel de son époque,
avec tout ce que cela implique de réflexions théoriques, méthodologiques et interprétatives. La

9 Certains travaux d’Odette Chapelot et de Jean Chapelot, ainsi que de Stephen Moorhouse ou encore de Paul
Courtney, ont suffisament démontré ce que cela peut apporter.
10 A ce sujet, il convient de mentionner la mise en opération d’une inventarisation en forme de banque de
données des centres de production et fours en Europe, sous l’égide du Medieval Pottery Research Group
(colloque Oxford avril 2005).
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compilation de catalogues descriptifs, aussi importante qu’elle soit, ne suffira pas pour arriver à une
meilleure compréhension du sujet.

***

Références biliographiques citées dans l’article ci-dessus (ordre alphabétique) :


Alexandre-Bidon, D. & M.-Th. Lorcin. 2003. Le quotidien au temps des fabliaux. Textes, images,
objets. Paris : Editions A. & J. Picard, 2003 (Collection "Espaces Médiévaux").
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Chapelot, O. & J. Chapelot. 2000. L'artisanat de la poterie et de la terre cuite architecturale : un
moyen de connaissance des sociétés rurales du Moyen Âge. Dans : Mousnier, M. (ed.). 2000.
L'artisan au village dans l'Europe médiévale et moderne. Actes des XIXe Journées Internationales
d'Histoire de l'Abbaye de Flaran, 5-6-7 Septembre 1997. Toulouse : Presses universitaires du Mirail,
2000, 87-147.
Châtelet, M. 2002. La céramique du haut Moyen Âge du sud de la vallée du Rhin supérieur (Alsace et
Pays de Bade). Typologie, chronologie, technologie, économie et culture. Montagnac : Editions
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Bruxelles : Vromant & Co. Imprimeurs Editeurs, 1939.
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augmentée de la publication de 1948].
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de la concurrence. Dans : Chapelot J., Galinié H. et Pilet-Lemière J. (éds.). 1987. La céramique (Ve-
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d'archéologie médiévale (Paris, 4-6 octobre 1985). Société d'Archéologie Médiévale, Caen, 1987, 203-
225 (résultats à ré-évaluer à la lumière de nombreuses études nouvelles).
Verhaeghe, F. 1999. Trade in ceramics in the North Sea region, 12th to 15th centuries : a
methodological problem and a few pointers. Dans : Gläser, M. (ed.). 1999. Lübecker Kolloquium zur
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Kolloquium zur Stadtarchäologie im Hanseraum, II), 137-169.
Ward Perkins, J.B. 1940. London Museum. Medieval catalogue. London : H.M.S.O.
64 / 129

NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE
Etant donné la complexité du sujet, et afin de fournir aux étudiants intéressés quelques indices
concernant les sources d’informations publiées, il m’a paru utile d’ajouter une notice bibliographique à
cet exposé. Cette notice reprend la bibliographie introductive publiée dans D'Anna, A., A. Desbat, D.
Garcia, A. Schmitt & F. Verhaeghe, La céramique. La poterie du Néolithique aux Temps Modernes.
Paris : Editions Errance, 2003 (Collection « Archéologiques »), avec quelques rajouts. Il faut
cependant souligner que la liste a été conçue comme une bibliographie introductive et qu’elle est très
incomplète.

INTRODUCTION

Etant donné l’émergence relativement tardive de la céramologie médiévale et moderne et la


complexité du sujet où se rencontrent archéologie, sciences de la terre, histoire et histoire de l’art,
établir une orientation bibliographique pour l’étude des céramiques médiévales et modernes pose de
sérieux problèmes. Le fait qu’il n’y ait pour l’instant pas vraiment d’outils bibliographiques
systématiques suffisamment exhaustifs complique encore la situation. De manière générale, le
chercheur est contraint de suivre les indications bibliographiques fournies dans les études consacrées
à ces poteries et publiées dans toute une gamme de rapports de fouilles, de monographies, de
volumes d’actes de congrès et de catalogues d’exposition.
C’est pour ces raisons, et afin de fournir au lecteur une première « entrée » dans le sujet, que
nous avons préféré fournir un volet bibliographique un peu différent de celui qui accompagne
habituellement les chapitres et les volumes publiés dans la collection « Archéologiques ». Les
indications qui suivent concernent essentiellement l’étude de la céramique médiévale et moderne en
France, mais il faut bien être conscient du fait que, pour des aspects méthodologiques et pour
certaines catégories de poteries, comme par exemple certains grès, pour les majoliques, les faïences
et les porcelaines, la littérature concernant les pays limitrophes ne peut être négligée ; cela vaut
également pour la poterie plus commune dans les régions frontalières où le comportement social et
culturel et donc aussi la céramique reflètent souvent des caractéristiques communes.
Soulignons tout d’abord qu’il n’y pratiquement pas de séries ou de périodiques spécialisés.
Parmi les exceptions, on peut signaler la revue Medieval Ceramics, publiée annuellement par le
Medieval Pottery Research Group (MPRG, Royaume-Uni). Quoique essentiellement voués à la
céramique médiévale et moderne en Grande-Bretagne, ces volumes offrent une bibliographie annuelle
pour les Îles Britanniques (y compris des aspects méthodologiques) et des contributions dont
quelques-unes concernent le Continent. Pour le reste, il convient de suivre les contributions traitant
spécifiquement d’ensembles de céramiques et/ou de sites de production, ainsi que les rapports de
fouilles publiés dans les revues majeures. Pour la France, on peut se référer à Archéologie Médiévale
et Archéologie du Midi Médiéval (cette dernière avec une bibliographie régionale annuelle), ainsi qu’à
des revues interrégionales et régionales majeures comme par exemple la Revue du Nord, la Revue
Archéologique du Centre et d’autres. Parmi les revues d’un intérêt particulier, on peut aussi
mentionner le Bulletin du Groupe de Recherches et d’Etudes de la Céramique du Beauvaisis
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(GRECB). Dans les pays limitrophes, des revues comme Zeitschrift für Archäologie des Mittelalters
(Allemagne) (avec une bibliographie thématique annuelle), Archeologia Medievale et Archeologia
Postmedievale (Italie), Medieval Archaeology et Post-Medieval Archaeology (Royaume-Uni) peuvent
également rendre des services, notamment dans le domaine de la méthodologie et, le cas échéant,
pour des poteries ayant fait l’objet d’échanges interrégionaux. Cela vaut également pour le périodique
Historical Archaeology, publiée par la Society for Historical Archaeology aux États-Unis, qui apporte
des données sur la céramique des Temps Modernes et même surtout sur la céramique des XIXe-XXe
siècles.
Pour les céramiques de qualité comme les majoliques, les faïences et les porcelaines, il
convient aussi de consulter les nombreuses revues dans le domaine de l’histoire de l’art et de l’histoire
des arts appliqués ou arts décoratifs, que nous ne pouvons énumérer ici. Mais parmi les exemples,
nous pouvons citer les Cahiers de la céramique et des arts du feu (1959-1977), la Revue de la
céramique et du verre, entre autres. Il faut cependant souligner que, dans cette littérature, les
approches explicitement archéologiques sont relativement rares et que l’accent est le plus souvent
mis sur les décors, les produits de haute gamme, les marques et l’histoire des productions et des
manufactures. Ces données sont néanmoins utiles et il convient que l’étude de ces classes de
produits en tienne compte. Mais, assez souvent, une utilisation critique de cette littérature s’impose.
Nous avons inclus ici quelques ouvrages et catalogues, à titre d’illustration.
Pour d’autres catégories de poteries et de terres cuites architecturales, la littérature se limite
souvent à des articles ou des contributions dans des revues ou des rapports de fouille et il n’existe
que peu ou pas d’aperçus plus généraux, concernant par exemple l’ensemble de la France. C’est
notamment le cas pour la céramique mérovingienne, pour laquelle il faut donc se référer aux revues
citées ci-dessus, ainsi qu’à certains volumes d’actes de congrès ou de colloque, à certains catalogues
d’exposition et/ou à de nombreux rapports de fouilles concernant des sites particuliers (parmi lesquels
bon nombre de nécropoles) pour entamer des recherches bibliographiques plus systématiques.
Enfin, pour les travaux concernant l’application des sciences de la terre et des sciences de
datation à la poterie, nous renvoyons au chapitre général sur la méthodologie, par DESBAT, A. & A.
SCHMITT. 2003. Techniques et méthodes d'étude. Dans : D'Anna, A., A. Desbat, D. Garcia, A. Schmitt
& F. Verhaeghe. 2003. La céramique. La poterie du Néolithique aux Temps Modernes. Paris : Editions
Errance, 2003 (Collection "Archéologiques"), 7-84.

CONGRÈS, COLLOQUES ET MÉLANGES


La céramique médiévale et moderne fait assez souvent l’objet de colloques spécialisés et les
actes de ces réunions méritent une attention particulière. Pour le monde méditerranéen, on consultera
surtout les actes des congrès internationaux tenus depuis quelques années, entre autres sous l’égide
de l’Association Internationale pour l’Etude des Céramiques Médiévales en Méditerranée ( AIECM2).
ALVES DA SILVA, L. & R. MATEUS (éds.). A cerâmica medieval no Mediterrâneo Ocidental. Lisboa, 16-22
novembro 1987. Mertola : Campo Arquelogico de Mertola, 1991.
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ANONYM. (éd.). 1985. La ceramica invetriata tardoromana e alto medioevale. Atti del convegno - Como
14 marzo 1981. Como : Museo Civico Archeologico "Giovio" & Edizioni New Press, 1985 (Archeologia
dell'Italia Settentrionale, 2).
BECK, P. (ed.). 1998. L'innovation technique au Moyen Âge. Actes du VIe congrès international
d'archéologie médiévale. 1 - 5 octobre 1996, Dijon - Mont Beuvray - Chenôve - Le Creusot - Montbard.
Paris : Editions Errance, 1998 (Collection "Archéologie Aujourd'hui"). [Ne concerne qu’en partie la
céramique médiévale].
BLIECK, G. (éd.). 1989. Travaux du Groupe de Recherches et d'Etudes sur la Céramique dans le Nord-
Pas-de-Calais. Actes du colloque de Lille (26-27 mars 1988). (Nord-Ouest Archéologie, numéro hors-
série). S.l. : C.R.A.D.C., 1989.
CHAPELOT, J., H. GALINIÉ & J. PILET-LEMIÈRE J. (éds.). 1987. La céramique (Ve-XIXe s.). Fabrication-
Commercialisation-Utilisation. Actes du premier colloque international d'archéologie médiévale (Paris,
4-6 octobre 1985). Caen : Société d'Archéologie Médiévale, 1987.
DAVEY, P.J. & R. HODGES. (eds.). 1983. Ceramics and trade. The production and distribution of later
medieval pottery in North-West Europe. Sheffield : Dept. of Prehistory and Archaeology, Univ. of
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Normandie, Beauvaisis, Ile-de-France. (Publications de l'Université de Rouen, 202, Cahiers
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occidentale, Xe-XVe siècles. Valbonne, 11-14 septembre 1978. (Colloques internationaux du Centre
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DÉMIANS D'ARCHIMBAUD, G. (éd.). 1997. La céramique médiévale en Méditerranée. Actes du VIe
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1997.
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1984. Firenze : Edizioni All'Insegna del Giglio, 1986.
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l'Europe du Nord-Ouest. (Nord-Ouest Archéologie, numéro hors-série). S.l. : G.R.A.C.C. & G.R.E.C.
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PITON, D. (éd.). 1996. La céramique très décorée dans l'Europe du Nord-Ouest (Xe - XVe siècles).
Actes du colloque de Douai (7 - 8 avril 1995). Travaux du Groupe de Recherches et d'Etudes sur la
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Archeologia Medievale, 14).
STANA, C. (éd.). 1994. Slawische Keramik in Mitteleuropa vom 8. bis zum 11. Jahrhundert. Kolloquium
Mikulcice, 25.-27. Mai 1993. Brno : Archäologisches Institut der Wissenschaften der Tschechischen
Republik, 1994 (Internationale Tagungen in Mikulcice, I).
ZOZAYA, J. (éd.). Segundo coloquio internacional de ceramica medieval en el Mediterraneo occidental.
Madrid : Ministerio de Cultura, 1986.

CONGRÈS ANNUELS DU CENTRO LIGURE PER LA STORIA DELLA CERAMICA À ALBISOLA


(dont nous nous indiquons les volumes suivants à titre d’exemple) :
ANONYM. (éd.). 1996. Atti. XXVI Convegno Internazionale della ceramica. "I bacini murati medievali.
Problemi e stato della ricerca". Albisola, 28-30 maggio 1993. Albisola & Firenze : Centro Ligure per la
Storia della Ceramica & Edizioni All'Insegna d el Giglio s.a.s., 1996.
ANONYM. (éd.). 1997. Atti. XXVII Convegno Internazionale della ceramica. "La ceramica postmedievale
in Italia. Il contributo dell'archeologia". Albisola : Centro Ligure per la storia della ceramica, 1997.
ANONYM. (éd.). 1998. Atti. XXVIII Convegno Internazionale della Ceramica, 1995. XXIX Convegno
Internazionale della Ceramica, 1996. Albisola & Firenze : Centro Ligure per la storia della ceramica &
Edizioni All'Insegna d el Giglio, 1998, 298 pp.,
ANONYM. (éd.). 1999. Atti del XXX & XXXI Convegno Internazionale della Ceramica. Contenitori da
trasporto e da magazzino tra tardo Antico e basso Medioevo, Alsbisola, 16-17-18 maggio 1997.
Peninsola Iberica e Italia : rapport i e influenze nella produzione ceramica dal Medioevo al XVII
secolo , Albisola, 29-31 maggio 1998. Albisola : Centro Ligure per la Stori a della Ceramica, 1999.
ANONYM. (éd.). 2001. Atti. XXXII Convegno Internazionale della Ceramica, 1999. XXXIII Convegno
Internazionale della Ceramica, 2000. Albisola & Firenze : Centro Ligure per la storia della ceramica &
Edizioni All'Insegna d el Giglio, 2001.
ANONYM. (éd.). 2002. Atti. XXXIV Convegno Internazionale della Ceramica, 2001. Problemi e aspetti
delle produzioni ingobbiate. Origini e sviluppi, tecniche, tipologie. Savona, 25-26 maggio 2001.
Albisola & Firenze : Centro Ligure per la storia della ceramica & Edizioni All'Insegna d el Giglio, 2002.
68 / 129

ANONYM. (éd.). 2002. Atti. XXXV Convegno Internazionale della ceramica. "Ceramica in blu. Diffusione
e utilizzazione del blu nella ceramica." Savona, 31 maggio - 1 giugno. Albisola & Firenze : Centro
Ligure per la Storia della Ceramica & Edizioni All'Insegna d el Giglio s.a.s., 2002.

CATALOGUES

Une autre source d’informations (ponctuelles aussi bien que bibliographiques) est constituée
par les catalogues d’expositions consacrées à la céramique médiévale et/ou moderne ou à
l’archéologie médiévale et moderne dans des régions spécifiques, ou encore à des secteurs où cette
céramique est très présente, comme par exemple la table et la cuisine. Ces ouvrages comprennent
souvent des chapitres ou des introductions de groupes ou d’ensembles de poteries. Parmi les
nombreux exemples et à titre d’illustration, on retiendra notamment :
ABEL, V., H. AMOURIC H. & A. KAUFFMANN A. (éds.). 1993. Un goût d'Italie. Céramiques et céramistes
italiens en Provence du Moyen Âge au XXe siècle. Aubagne : Ville d'Aubagne, 1993.
ALLIOS, D. 2004. Le villain et son pot. Céramiques et vie quotidienne au Moyen Âge. Rennes : Presses
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siècle au début du XXe siècle. S.l. [La Tour d'Aigues] : Conseil Général de Vaucluse & Musée des
faïences Château de la Tour d'Aigues, 1996.
ANONYM. (éd.). 1999. L'art de la terre vernissée du Moyen Âge à l'an 2000. Paris : Editions de la
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CARRU, D. (éd.). 1995. De l'Orient à la table du pape. L'importation des céramiques dans la région
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Vaucluse et L.A.M.M., 1995.
CHAPELOT, J. & A. DESVALLÉES (éds.). 1975. Potiers de Saintonge. Huit siècles d'artisanat rural. Musée
national des arts et traditions populaires, 22 novembre 1975 - 1er mars 1976. Paris : Editions des
Musées Nationaux, 1975.
GOY, C. & S. HUMBERT (éds.). 1995. Ex pots … Céramiques médiévales et modernes en Franche-
Comté. Montbéliard : Musées des Ducs de Wurtemberg, 1995.
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GUILLOT DE SUDUIRAUT, S. & D. SOMMIER-PAGE (éds.). 1980. La céramique dans la Région Centre de
l'époque gallo-romaine au XXe siècle. S.l. : Association des Conservateurs de la Région Centre, 1980.
KLIJN, E.M.Ch.F. 1995. Loodglazuuraardewerk in Nederland. De collectie van het Nederlands
Openluchtmuseum. Lead-glazed earthenware in The Netherlands. The collection of the Nederlands
Openluchtmuseum. Arnhem : Nederlands Openluchtmuseum, 1995.
LEENHARDT, M. (éd.). 1995. Poteries d'Oc. Céramiques languedociennes, VIIe-XVIIe siècles. Nîmes,
Musée Archéologique, 15 octobre 1995 - 28 février 1996. [Aix-en-Provence] : Narrations Editions,
1995.
MESQUIDA GARCIA, M. (éd.). 2002. La cerámica de Paterna. Reflejos del Mediterráneo. Museo de
Bellas Artes de Valencia del 19 de Abril al 9 de Junio de 2002. Valencia : Generalitat Valenciana,
2002.
ROY, N. (éd.). 1999. Pots de terre, fragments d'histoire. Catalogue d'exposition. Rouen, Musée
Départemental des Antiquités, 28 juin - 15 novembre 1999. Rouen : Musée Départemental des
Antiquités, 1999.
Terres de Durance. Céramiques de l’Antiquité aux Temps Modernes. [Digne] : Musée de Digne et
Musée Départemental de Gap, 1995.

Certains catalogues ou colloques ne concernent que partiellement la poterie, mais ils offrent
des données intéressantes sur divers aspects du contexte de production et/ou d’utilisation de ces
objets. Parmi les exemples, citons :
ANONYM. (éd.). 1990. Se nourrir à Besançon au Moyen Âge. À la table d'un vigneron de Battant.
Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon, 10 mars - 10 juin 1990. S.l. [Besançon] :
Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon, 1990.
ANONYM. (éd.). 1985. Les Français et la table. Musée National des Arts et Traditions Populaires, 20
novembre 1985 - 21 avril 1986. Paris : Editions de la Réunion des Musées Nationaux, 1985.
CUISINIER, J. & R. GUADAGNIN (éds). 1988. Un village au temps de Charlemagne. Moines et paysans
de l’abbaye de Saint-Denis du VIIe siècle à l’An Mil. Musée des Arts et Traditions Populaires, 28
novembre 1988 – 30 avril 1989. Paris : Editions de la Réunion des Musées Nationaux, 1988.
FAURE-BOUCHARLAT, E. (éd.). 1990. À la fortune du pot. La cuisine et la table à Lyon et à Vienne, Xe-
XIXe siècles, d'après les fouilles archéologiques. Lyon - Vienne - Mâcon, 1990 - 1991. ( Archéologie en
Rhône-Alpes, numéro spécial). S.l. [Lyon] : Musée de la Civilisation Gallo-Romaine, 1990.
LEBEAU, Cl. (éd.). 1998. Aspects méconnus de la Renaissance en Île-de-France. Paris & Guiry-en-
Vexin : Editions d'art Somogy et Conseil général du Val-d'Oise, 1998.
MOORHOUSE, S. (éd.). 1987. The medieval kitchen and its equipment. Synopsis of papers presented to
a joint meeting of the Finds Research Group and the Medieval Pottery Research Group held in The
Lecture Theatre, The Art Gallery, Leeds on Monday 28th September 1987. S.l., 1987 [Stencillé].
SCHNITZLER, B. (éd. gén.). 1990. Vivre au Moyen Âge. 30 ans d'archéologie médiévale en Alsace.
Strasbourg : Editions Les Musées de Strasbourg, 1990.
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Strasbourg. 10 ans d’archéologie urbaine. De la caserne Barabade aux fouilles du Tram. (Fouilles
récentes en Alsace, 3). Strasbourg : Les Musées de la Ville de Strasbourg, 1994.

APERÇUS GÉNÉRAUX
Il y a relativement peu d’aperçus d’envergure nationale, ce qui s’explique par la complexité du
sujet, mais on peut mentionner :
BARTELS, M. 1999. Steden in scherven. Vondsten uit beerputten in Deventer, Dordrecht, Nijmegen en
Tiel (1250-1900). 2 volumes, Zwolle & Amersfoort : Stichting Promotie Archeologie & Rijksdienst voor
het Oudheidkundig Bodemonderzoek, 1999. [Avec les caveats indiqués dans la note 10].
LÜDTKE, H. & SCHIETZEL, K. (éds.). 2001. Handbuch zur mittelalterlichen Keramik in Nordeuropa.
Neumünster : Karl Wachholtz Verlag, 2001, 3 volumes.
MCCARTHY, M.R. & C.M. BROOKS. 1988. Medieval Pottery in Britain AD 900-1600. Leicester : Leicester
University Press, 1988 [à être complété].

APPROCHES RÉGIONALES ET LOCALES


Étant donné l’importance accordée à l’approche régionale, il paraît utile de mentionner
quelques exemples de publications de ce genre (auxquelles on peut ajouter quelques-unes des
publications mentionnées dans le paragraphe consacré aux colloques et congrès et dans le
paragraphe suivant) :
ABEL, V. & H. AMOURIC (éds.). 1991. La céramique, l'archéologue et le potier. Etudes de céramiques à
Aubagne et en Provence du XVIe au XXe siècle. Aubagne : Ville d'Aubagne, 1991.
BAUCHE, R.-D. 1997. Die Keramik des 12. Jahrhunderts zwischen Köln und Aachen. Bonn : R. Habelt
GmbH (in Kommission), 1997 (Deutsche Gesellschaft für Ur- und Frühgeschichte e.V.,
Archäologische Berichte, 9).
BERTI, F. 1997. Storia della ceramica di Montelupo. Uomini e fornaci in un centro di produzione dal XIV
al XVIII secolo. Vol. 1. Le ceramiche da mensa delle origini alla fine del XV secolo. Montelupo :
Fiorentino : Aedo, 1997.
BÖING, A., W. ELLING, G. INHESTER & A. MENKE (éds.). 2000. Töpfer - Kramer - Pottenbakkers. Keramik
zwischen IJssel und Berkel – Keramiek tussen IJssel en Berkel. Borken : Kreis Borken, s.d. [2000].
BRATHER, S. 1996. Feldberger Keramik und frühe Slawen. Studien zur nordwestslawischen Keramik
der Karolingerzeit. Bonn : In Kommission bei Dr. R. Habelt Verlag, 1996 (Universitätsforschungen zur
prähistorischen Archäologie, 34 Schriften zur Archäologie der germanischen und slawischen
Frühgeschichte, 1).
BROWN, D.H. 2002. Pottery in medieval Southampton, c. 1066-1510. York : Council for British
Archaeology, 2002 (C.B.A. Research Report, 133 Southampton Archaeology Monographs, 8).
BÜSCHER, A. 1996. Die mittelalterlicher Keramik der Altstadt von Hannover. Studien zu
stadtgeschichtlichen Fragestellungen. Oldenburg : Isensee Verlag, 1996 (Veröffentlichungen der
urgeschichtlichen Sammlungen des Landesmuseums zu Hannover, 46).
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CHÂTELET, M. 2002. La céramique du haut Moyen Âge du sud de la vallée du Rhin supérieur (Alsace
et Pays de Bade). Typologie, chronologie, technologie, économie et culture. Montagnac : Editions
Monique Mergoil, 2002, (Europe médiévale, 5).
COLL CONESA, J., J. MARTI OLTRA & J. PASCUAL PACHECO. 1988. Ceramica y cambio cultural. El transito
de la Valencia Islamica a la Cristiana. Madrid : Ministerio de Cultura, 1988 (Museo Nacional de
Ceramica y de las Artes Suntuarias "Gonzales Marti").
CZYSZ, W. & W. ENDRES. 1988. Archäologie und Geschichte der Keramik in Schwaben. Ausstellung
des Schwäbischen Volkskundemuseums Oberschönenfeld, des Bayerischen Landesamtes für
Denkmalpflege, Aussenstelle Augsburg, und der Stadt Neusäss. 25. Juni bis 2. Oktober 1988.
Neusäss : Kulturkreis Neusäss e.V., 1988.
DARK, K. 2001. Byzantine pottery. Stroud : Tempus Publishing Ltd., 2001.
DE GROOTE, K. 2004. Het aardewerk in de regio Oudenaarde in de Volle en Late Middeleeuwen (10de-
16de eeuw). Technische en typologische analyse, chronologie, evolutie en betekenissen. 3 volumes,
s.l. [Brussel & Gent] : Author, doct. diss., ms., unpublished. 2004
DEAGAN, K. 1987. Artifacts of the Spanish colonies of Florida and the Caribbean, 1500 - 1800. Vol. 1 :
Ceramics, glassware, and beads. Washington D.C. & London : The Smithsonian Institution Press,
1987.
DÉMIANS D'ARCHIMBAUD, G., L. VALLAURI & J. THIRIOT. 1980. Céramiques d'Avignon. Les fouilles de
l'Hôtel de Brion et leur matériel. Avignon : Académie de Vaucluse, 1980.
DÉROCHE, V. & J.-M. SPIESER (éds.). 1989. Recherches sur la céramique byzantine. Actes du colloque
organisé par l'Ecole française d'Athènes et l'Université de Strasbourg II (Centre de Recherches sur
l'Europe Centrale et Sud-Orientale). (Athènes, 8-10 avril 1987). Athènes & Paris : Ecole française
d'Athènes & De Boccard, 1989 ( Bulletin de Correspondance hellénique, Supplément XVIII).
ENDRES, W. & W. LOIBL (éds.). 1988. Beiträge zur handwerklichen fränkischen Keramik. Referate des
18. Internationalen Hafnerei-Symposiums des Arbeitskreises für Keramikforschung. 31.10.1985-
3.11.1985, Lohr am Main. Lohr am Main : Geschichts- und Museumsverein Lohr am Main, 1988
(Schriften des Geschichts- und Museumsvereins Lohr am Main, Folge 22).
ENDRES, W., W. CZYSZ & G. SORGE. 1993. Forschungen zur Geschichte der Keramik in Schwaben.
München : Bayerisches Landesamt für Denkmalpflege, 1993 ( Bayerisches Landesamt für
Denkmalpflege, Arbeitsheft 58).
FAURE-BOUCHARLAT, E., T. VICARD, B. MACCARI-POISSON & S. SAVAY-GUERRAZ. 1996. Pots et potiers
en Rhône-Alpes. Époque médiévale. Époque moderne. Lyon : Service Régional de l'Archéologie de
Rhône-Alpes, 1996 (Documents d'Archéologie en Rhône-Alpes, 12).
FEHRING, G.P. (éd.). 1990. Glas- und Keramikfunde des späten Mittelalters und der frühen Neuzeit aus
Lübeck. Bonn : Dr. R. Habelt GmbH, 1990 (Lübecker Schriften zur Archäologie und Kulturgeschichte,
19).
FRANCOVICH, R. 1982. La ceramica medievale a Siena e nella Toscana meridionale (secc. XIV-XV).
Materiali per una tipologia. Firenze : All'Insegna del Giglio, 1982 (Ricerche di Archeologia
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GÜLL, P. 2003. L'industrie du quotidien. Production, importations et consommation de la céramique à
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GUTIÉRREZ GONZÁLEZ, J.A. & R. BOHIGAS ROLDAN (éds.). 1989. La cerámica medieval en el norte y
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SCHOLTEN-NEESS, M. & W. JÜTTNER. 1971. Niederrheinische Bauerntöpferei 17.-19. Jahrhundert.
Düsseldorf : Rheinland-Verlag GmbH, 1971 (Werken und Wohnen. Volkskundliche Untersuchungen
im Rheinland, 7).
SEGSCHNEIDER, E.H. 1983. Das alte Töpferhandwerk im Osnabrücker Land. Bramsche : Verlag Rasch
Bramsche, 1983, 208 pp., (Nordwestniedersächsische Regionalforschungen, 4).
STEPHAN, H.-G. 1981. Coppengrave. Studien zur Töpferei des 13.-19. Jahrhunderts in
Nordwestdeutschland. Hildesheim, 1981 (Materialhefte zur Ur- und Frühgeschichte Niedersachsens,
17).
STEPHAN, H.-G. 1992. Keramik der Renaissance im Oberweserraum und an der unteren Werra.
Beiträge der Archäologie zur Erforschung der Sachkultur der frühen Neuzeit. Köln : Rheinland-Verlag
GmbH & Bonn : Dr. R. Habelt GmbH, 1992 ( Zeitschrift für Archäologie des Mittelalters, Beiheft 7).
STEPHAN, H.-G. 1995. Grossalmerode. Ein europäische Zentrum der Herstellung von technischer
Keramik. Die Geschichte der keramische Gewerbe in Grossalmerode und Epterode und die
Entwicklung ihrer Produktion vom 12. bis zur 19. Jahrhundert. Teil II. Technische und Baukeramik,
Tonpfeifen, Knicker, Steingut, Porzellan, Aspekte von Handel, früher chemischer Industrie, Bergbau
und Gewerbeschichte. Grossalmerode : Glas- und Keramikmuseum Grossalmerode, 1995.
STEUER, H. & W.-D. TEMPEL. 1979. Die Keramik aus der frühgeschichtliche Wurt Elisenhof. Die
Kämme aus der frühgeschichtliche Wurt Elisenhof. Frankfurt am Main, Bern & Las Vegas : Verlag
Peter D. Lang GmbH, 1979 (Studien zur Küstenarchäologie Schleswig-Holsteins. Serie A. Elisenhof,
Band 2).
THIER, B. 1994. Die spätmittelalterliche und neuzeitliche Keramik des Elbe-Weser-Mündungsgebietes.
Ein Beitrag zur Kulturgeschichte der Keramik. Oldenburg : Isensee Verlag, 1994 (Probleme der
Küstenforschung im südlichen Nordseegebiet, 20).
TIMPEL, W. 1990. Mittelalterliche Keramik im westlichen Thüringen 8.-12. Jahrhundert. II : Katalog und
Tafeln. Weimar : Museum für Ur- und Frühgeschichte Thüringens, 1990 (Weimarer Monographien zur
Ur- und Frühgeschichte, 33).
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TIMPEL, W. 1995. Die früh- und hochmittelalterliche Keramik im westlichen Thüringen (8.-12. Jh.).
Weimar & Stuttgart : Thüringisches Landesamt für Archäologische Denkmalpflege & Konrad Theiss
Verlag, 1995 (Weimarer Monographien zur Ur- und Frühgeschichte, 33).

MONOGRAPHIES ET CATÉGORIES DE CÉRAMIQUES PARTICULIÈRES

Hormis les nombreuses études publiées sous forme d’article et que nous ne pouvons
énumérer ici, quelques monographies présentent des aperçus thématiques ou régionaux. Parmi les
exemples, citons :
STEPHAN, H.-G. 1987. Die bemalte Irdenware der Renaissance in Mitteleuropa. Ausstrahlungen und
Verbindungen im gesamteuropäischen Rahmen. München : Deutscher Kunstverlag, 1987
(Forschungshefte herausgegeben vom Bayerischen Nationalmuseum München, 12).
VAYSSETTES, J.-L.1987. Les potiers de terre de Saint-Jean-de-Fos. S.l., 1987.

MAJOLIQUES ET FAÏENCES
Pour les majoliques et les faïences en France, nous disposons d’une introduction qui offre en
outre une bonne bibliographie :
ROSEN, J. 1995. La faïence en France du XIVeau XIXe siècle. Histoire et technique. Paris : Editions
Errance, 1995, 215 p.
On consultera aussi avec intérêt certains catalogues signalés plus haut et les ouvrages
suivants :
ARCHER, M. 1997. Delftware. The tin-glazed earthenware of the British Isles. A catalogue of the
collection in the Victoria and Albert Museum. London : The Stationery Office and the Victoria and
Albert Museum, 1997.
BURHENNE, V., D.R.M. GAIMSTER, H.-G. STEPHAN & L. SCHILLING. 1991. Frühe dekorierte Irdenware.
Malhorndekor und Kammstrichverzierung vom Niederrhein und aus dem Köln-Frechener Raum. Köln
& Bonn : Rheinland Verlag GmbH & Dr. R. Habelt GmbH, 1991.
CAIGER-SMITH, A. 1973. Tin-glaze pottery in Europe and the Islamic world. The tradition of 1000 years
in maiolica, faience & delftware. London : Faber and Faber Ltd., 1973, 236 pp.,
CAIGER-SMITH, A. 1991. Lustre pottery. Technique, tradition and innovation in Islaand the western
world. New York : New Amsterdam Books, 1991 [Réimpression de la publication de 1985].
DUMORTIER, Cl. 2003. Céramique de la Renaissance à Anvers. De Venise à Delft. Bruxelles & Paris :
Editions Racine & Les Editions de l'Amateur, 2002.
ENDRES, W. (éd.). 1990. Volkstümliche Keramik aus Europa. Band 3. München : Kommission für
bayerische Landesgeschichte & Bayerisches Nationalmuseum München, 1990 ( Bayerische Schriften
zur Volkskunde, 1).
FOUREST, H.-P. 1980. Delftware. Faience production at Delft. Translated by K. Watson. London :
Thames and Hudson Ltd., 1980, 201 pp.,
GAIMSTER, D. (éd.). 1999. Maiolica in the North. The archaeology of tin-glazed earthenware in north-
west Europe, c. 1500 - 1600. Proceedings of a colloquium hosted by the Department of Medieval and
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Later Antiquities on 6-7 March 1997. London : The Trustees of the British Museum, 1999 (British
Museum. Occasional Paper , 122).
GERRARD, CH.M., A. GUTIÉRREZ & A.G. VINCE (éds.). 1995. Spanish medieval ceramics in Spain and
the British Isles. Ceramica medieval española en España y en las Islas Britanicas. S.l. [Oxford] :
Tempus Reparatum, 1995 ( B.A.R., International Series, 610).
HÜSELER, K. 1956. Deutsche Fayencen. Ein Handbuch der Fabriken, ihrer Meister und Werke. Band I.
Stuttgart : Anton Hiersemann, 1956.
HÜSELER, K. 1957. Deutsche Fayencen. Ein Handbuch der Fabriken, ihrer Meister und Werke. Band II.
Stuttgart : Anton Hiersemann, 1957.
HÜSELER, K. 1958. Deutsche Fayencen. Ein Handbuch der Fabriken, ihrer Meister und Werke. Band
III. Stuttgart : Anton Hiersemann, 1958.
MOHEN, J.-P. (éd.). 2004. Terres cuites de la Renaissance. S.l. [Paris] : Centre de recherche et de
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Firenze : All'Insegna del Giglio, 2000 (Quaderni di Archeologia Medievale, III).
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VERHAEGHE, F. 1996. Aspects sociaux et économiques de la céramique très décroée. Quelques
réflexions. Dans : PITON, D. (éd.). 1996. La céramique très décorée dans l'Europe du Nord-Ouest (Xe -
77 / 129

XVe siècles). Actes du colloque de Douai (7 - 8 avril 1995). Travaux du Groupe de Recherches et
d'Etudes sur la céramique dans le Nord - Pas de Calais. (Nord-Ouest Archéologie, n° 7). S.l. :
G.R.E.C. Nord – Pas-de-Calais. et C.R.A.D.C., 1996, p. 233-247.

GRÈS
Pour les grès et surtout pour leur potentiel en tant que document culturel, voir :
BAADEN, F., U.CH. FINKE, A. GAUSE-REINHOLD, K.-R. H ENKES, J. KRIEGESMANN, M. KÜGLER, H. RASCH,
H. REINHOLD & A. SCHMIDT-WALGUNY. 1990. Keramikmuseum Westerwald. Deutsche Sammlung für
historische und zeitgenössische Keramik, Hörh-Grenzhausen Braunschweig : Georg Westermann
Verlag GmbH, 1990 (Museum).
BECKMANN, B. 1975. Der Scherbenhügel in der Siegburger Aulgasse. I. Die Formen der Keramik von
ihren Anfängen bis zu Beginn der sogenannten Blütezeit (Perioden 1 bis 4). Köln & Bonn : Rheinland-
Verlag & Dr. R. Habelt GmbH, 1975 (Rheinische Ausgrabungen, 16).
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1994.
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guide to the collections of the British Museum, Victoria & Albert Museum and Museum of London.
London : British Museum Press for The Trustees of the British Museum, 1997.
GÖBELS, K. 1971. Rheinisches Töpferhandwerk gezeigt am Beispiel der Frechener Kannen-, Düppen-
und Pfeifenbäcker . Frechen : Stadt Frechen.
HÄHNEL, E. (éd.). 1987. Siegburger Steinzeug. Bestandskatalog. Band 1. Eine Ausstellung im
Rheinischen Freilichtmuseum, Landesmuseum für Volkskunde, Kommern. Köln : Rheinland-Verlag
GmbH & Bonn : Dr. R. HABELT GmbH, 1987 (Führer und Schriften des Rheinischen Freilichtmuseums
und Landesmuseum für Volkskunde in Kommern, 31).
HÄHNEL, E. (éd.). 1992. Siegburger Steinzeug. Bestandskatalog. Band 2. Köln : Rheinland-Verlag
GmbH & Bonn : Dr. R. Habelt GmbH, 1992 (Führer und Schriften des Rheinischen Freilichtmuseums
und Landesmuseum für Volkskunde in Kommern, 38).
KLINGE, E. 1979. Deutsches Steinzeug der Renaissance- und Barockzeit. 23.9.-25.11.1979. Hetjens-
Museum- Deutsches Keramikmuseum. Düsseldorf : Hetjens-Museum - Deutsches Keramikmuseum,
1979
KRÖLL, J. 1980. Creussener Steinzeug; ein Handbuch für Sammler und Liebhaber . Braunschweig :
Klinkhardt & Biermann, 1980 ( Bibliothek für Kunst- und Antiquitätenfreunde, LIV).
REINEKING VON BOCK, G. 1986. Steinzeug. Köln : Kunstgewerbemuseum der Stadt Köln, 1986
(Kataloge des Kunstgewerbemuseums Köln, 4). [3e édition revue et augmentée de la publication de
1971].

THÈMES PARTICULIERS : ATELIERS, FOURS ET PRODUCTION


Hormis les nombreux articles sur des fours et ateliers particuliers, on consultera avec profit :
78 / 129

AMIGUES, F. et BAZZANA A. (éds.). 1990. Fours de potiers et « testares » médiévaux en Méditerranée


occidentale. Méthodes et résultats. Colloque organisé par la Casa de Velázquez, Madrid, 8-10 janvier
1987. S.l. [Madrid] : Casa de Velázquez, 1990 ( Publications de la Casa de Velázquez. Série
Archéologie, XIII)
CHAPELOT, O. & J. CHAPELOT. 2000. L'artisanat de la poterie et de la terre cuite architecturale : un
moyen de connaissance des sociétés rurales du Moyen Âge. Dans : Mousnier, M. (éd.). 2000.
L'artisan au village dans l'Europe médiévale et moderne. Actes des XIXe Journées Internationales
d'Histoire de l'Abbaye de Flaran, 5-6-7 Septembre 1997. Toulouse : Presses universitaires du Mirail,
2000, p. 87-147.
COLEMAN-SMITH, R. & T. PEARSON. 1988. Excavations in the Donyatt Potteries. Chichester : Phillimore
& Co. Ltd., 1988.
FICHET DE CLAIRFONTAINE, F. (éd.). 1996. Ateliers de potiers médiévaux en Bretagne. Paris : Editions
de la Maison des Sciences de l'Homme, 1996 (Documents d'Archéologie Française, 55).
FLAMBARD-HÉRICHER, A.-M. 2002. Potiers et poteries du Bessin. Histoire et archéologie d'un artisanat
rural du XIe au XXe siècle, en Normandie. Caen : Publications du C.R.A.M., 2002.
GREEN, Ch. 1999. John Dwight's Fulham pottery. Excavations 1971-79. London : English Heritage,
1999 ( English Heritage Archaeological Report, 6).
GUADAGNIN, R. 2000. Fosses – Vallée de l’Ysieux. Mille ans de production céramique en Ïle-de-
France. Volume 1. Les données archéologiques et historiques. Caen : Publications du CRAM, 2000.
HEEGE, A. 1993. Die Töpferei am Negenborner Weg. Einbecks ältester Gewerbebetrieb. Oldenburg :
Isensee Verlag, 1993 ( Kleine Schriften des Städtischen Museums Einbeck, Heft 1).
HÜBENER, W. 1969. Absatzgebiete frühgeschichtlicher Töpfereien in der Zone nördlich der Alpen. 2
volumes. Bonn : Dr. R. Habelt Verlag GmbH, 1969 ( Antiquitas, Reihe 3 - Serie in-4°, 6).
KÖPKE, W. 1985. Töpferöfen. Die Brennanlagen der traditionellen Töpfereien Spaniens. Arten,
Verbreitung und Entwicklung. 2 volumes, Bonn : Dr. R. Habelt GmbH, 1985 (Marburger Studien zur
vergleichenden Ethnosoziologie, 13).
MARCHESI, H., J. THIRIOT & L. VALLAURI [avec la collaboration de M. Leenhardt] (éds.). 1997. Marseille,
les ateliers de potiers du XIIIe s. et le quartier Sainte-Barbe (Ve-XVIIe s.) . Paris : Éditions de la Maison
des Sciences de l'Homme, 1997 (Documents d'Archéologie Française, 65)
MOORHOUSE, S. & I. ROBERTS. 1992. Wrenthorpe potteries. Excavations of 16th and 17th-century potting
tenements near Wakefield, 1983-1986. S.l. : West Yorkshire Archaeology Service, 1992 ( Yorkshire
Archaeology, 2).
REDKNAP, M. 1999. Die römischen und mittelalterlichen Töpfereien in Mayen. Dans : Wegner, H.-H.
(éd.). 1999. Berichte zur Archäologie an Mittelrhein und Mosel. 6. Trier : Selbstverlag des Rheinischen
Landesmuseum Trier, 1999 ( Trierer Zeitschrift, Beiheft 24), p. 11-401.
RÖBER, R. (éd.). 2002. Mittelalterliche Öfen und Feuerungsanlagen. Beiträge des 3. Kolloquiums des
Arbeitskreises zur archäologischen Erforschung des mittelalterlichen Handwerks. Stuttgart : Konrad
Theiss Verlag, 2002 ( Materialhefte zur Archäologie in Baden-Württemberg, 62).
79 / 129

THIRIOT, J. 1986. Les ateliers médiévaux de poterie grise en Uzège et dans le Bas-Rhône. Premières
recherches de terrain. Paris : Editions de la Maison des Sciences de l'Homme, 1986 (Documents
d'Archéologie Française, 7).
WEISER, B. 2002. Töpferöfen von 500 bis 1500 n.Chr. im deutschsprachigen Raum und in
angrenzenden Gebieten. Bonn : Dr. R. Habelt GmbH, 2003 (Zeitschrift für Archäologie des
Mittelalters. Beiheft 15).

THÈMES PARTICULIERS : TEXTES ET TRAITÉS SUR LA PRODUCTION DE LA CÉRAMIQUE


BRONGNIART A. Traité des arts céramiques ou des poteries considérées dans leur histoire, leur
pratique et leur théorie. Troisième édition avec notes et additions par A. Salvetat. 3 volumes, Paris,
1877, et Atlas, tableaux et planches. [réimpression anastatique publiée par Dessain et Tolra, Paris,
1977].
L'Encyclopédie Diderot et d'Alembert. Planches et commentaires présentés par Jacques Proust.
Paris : Hachette & Comité National du Bicentenaire Diderot, 1985.
PICCOLPASSO, C. I tre libri dell'arte del vasaio. Rédigé vers 1548 (édition par G. Conti, Firenze :
Edizioni all'Insegna del Giglio, 1976).
VON MILLY, Graf. Die Kunst Porcelain zu machen. Unter Approbation der Königl. Akademie der
Wissenschaften zu Paris. Aus dem Französischen übersezt, mit Anmerkungen vermehrt und den
nöthigen Kupfertafeln versehen. Joh. Wendelin Halle & Joh. Samuel Halle, Brandenburg, 1774.
(réimpression anastatique, Georg Olms Verlag, Hildesheim et New York, 1976, Nachdrucke zur
Keramikgeschichte).
WEBER F. J. Die Kunst das ächte Porzellain zu verfertigen. Gebr. Hahn, Hannover, 1798 (réimpression
anastatique, Georg Olms Verlag, Hildesheim et New York, 1977, Nachdrucke zur Keramikgeschichte).
Pour les sources écrites d’époque médiévale, on consultera aussi avec profit – outre diverses
monographies concernant des productions ou ateliers particuliers – les articles suivants :
LE PATOUREL, J. 1968. Documentary evidence and the medieval pottery industry. Dans : Medieval
Archaeology, 12, 1968, p. 101-126.
MOORHOUSE, S. 1983 Documentary evidence and its potential for understanding the inland movement
of medieval pottery. Dans : Medieval Ceramics, 7, 1983, p. 45-87.

THÈMES PARTICULIERS : LA TERMINOLOGIE


BALFET, H., M.-F. FAUVET-BERTHELOT & S. MONZON. 1983. Pour la normalisation de la description des
poteries. Paris : Editions du CNRS, 1983.
BALFET, H., M.-H. FAUVET & S. MONZON (éds.). 1988. Lexique plurilingue pour la description des
poteries. En allemand, anglais, espagnol, français, néerlandais et portugais. Paris : Editions du CNRS,
1988 ( Musée de l'Homme, Département de technologie comparée, RCP 748).
BALFET, H., M.-F. FAUVET-BERTHELOT & S. MONZON. 2000. Lexique et typologie des poteries. Pour la
normalisation de la description des poteries. Paris : Presses du CNRS, 2000 (Collection CNRS Plus).
[Edition revue de la publication de 1989].
80 / 129

BAUER, I., W. ENDRES, B. KERKHOFF-HADER, R. KOCH & H.-G. STEPHAN. 1993. Leitfaden zur
Keramikbeschreibung (Mittelalter - Neuzeit). Terminologie - Typologie - Technologie. Kallmünz/Opf. :
Verlag Michael Lassleben, 1993 ( Kataloge der Prähistorischen Staatssammlung, Beiheft 2). [2e
édition]
BLONDEL, N. [Avec la collaboration de O. Leconte]. 2001. La céramique. Vocabulaire, technique.
Paris : Monum, Éditions du Patrimoine, 2001 ( Principes d'analyse scientifique).
BROWN, D., S. JENNINGS & L. MEPHAM (eds.). 1998. A guide to the classification of medieval ceramic
forms. S.l. : M.P. R.G., 1998 ( Medieval Pottery Research Group. Occasional Paper, 1).
ENDRES, W. 1996. Gefäße und Formen. Eine Typologie für Museen und Sammlungen. München :
Weltkunst Verlag GmbH, 1996 ( Museum-Bausteine, 3).
ERDMANN, K.J.K., H. LÜDTKE, E. RING & E. WESSEL 1984. Rahmenterminologie zur mittelalterlichen
Keramik in Norddeutschland. Dans : Archäologisches Korrespondenzblatt 14, 1984, 417-436.

Enfin, et à l’instar des céramiques de qualité commentées par des historiens d’art et des
collectionneurs, les poteries dites récentes, c’est-à-dire datant des XIXe et XXe siècles, n’ont encore
que très occasionnellement suscité l’attention des archéologues. Cela semble surtout être l’apanage
d’ethnographes et de folkloristes. Pourtant, cette catégorie d’objets peut nous apprendre beaucoup,
comme le démontrent de nombreuses contributions américaines, notamment celles publiées dans la
revue Historical Archaeology, publiée annuellement depuis 1967 par la Society for Historical
Archaeology (Tucson, Arizona). Il est aussi à retenir que les poteries importées découvertes en
Amérique du Nord peuvent livrer des données intéressantes, d’ordre chronologique et d’ordre socio-
économique et culturel. En guise d’exemple, on peut se référer aux volumes publiés par la Direction
des relations publiques du Ministère de la Culture et des Communications du Gouvernement de
Québec, dont certains concernent des poteries françaises.
Voir également :
SCHAEFER, R.G. 1995. A typology of seventeenth-century Dutch ceramics and its implications for
American historical archaeology. Ann Arbor, Michigan : UMI Dissertation Services, 1995 [Facsimile de
la dissertation de doctorat de 1994].

THÈMES PARTICULIERS : POTERIES ET SOURCES ICONOGRAPHIQUES


ALEXANDRE-BIDON, D. & M.-TH. LORCIN. 2003. Le quotidien au temps des fabliaux. Textes, images,
objets. Paris : Editions A. & J. Picard, 2003 (Collection "Espaces Médiévaux").
ALEXANDRE-BIDON, D. & P. MANE. 1990. Une fouille en contexte médiéval : les plaisirs de la table.
Dans : Anonyme (éd.). 1990. Se nourrir à Besançon au Moyen Âge. A la table d'un vigneron de
battant. Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon, 10 mars - 10 juin 1990. S.l.
[Besançon] : Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon, 1990, p. 27-33.
ALEXANDRE-BIDON, D. 2000. Le poêle : une histoire en images (fin XVe-XVIIe siècle). Dans : Richard,
A. & J.-J. Schwien (éds.), Archéologie du poêle en céramique du haut Moyen Âge à l'époque
81 / 129

moderne. Technologie, décors, aspects culturels. Actes de la table ronde de Montbéliard, 23-24 mars
1995. Dijon : Editions S.A.E., 2000 (Revue Archéologique de l'Est, Supplément 15), p. 192-207.
ERDMANN, E. 1989. Gefässe und deren Darstellung. Zu "Realitäts"-ebenen mittelalterlicher Bildquellen.
Dans : Lüdtke, H, F. Lüth & F. Laux (éds.). 1989. Archäologische Befund und historische Deutung.
Festschrift für Wolfgang Hübener zu seinem 65. Geburtstag am 15. Juni 1989. Neumünster : Karl
Wachholtz Verlag, 1989 (Hammaburg, Neue Folge, 9). p. 319-340.
ERDMANN, E. 1991. Mittelalterliche Keramik in zeitgenössischen Darstellungen. Dans : LÜDTKE, H. &
R. VOSSEN (éds). 1991. Töpfereiforschung. Archäologisch, ethnologisch, volkskundlich. Beiträge des
Internationalen Kolloquiums 1987 in Schleswig. Bonn : Dr. R. Habelt GmbH, 1991 (Töpferei- und
Keramikforschung, 2)., p. 445-474.

Il y a également le problème des relations entre les arts et la céramique de qualité, plus
particulièrement en ce qui concerne l’iconographie utilisée sur les objets. La bibliographie en histoire
de l’art est relativement riche pour les procelaines et les faïences. Pour quelques exemples
intéressants plus directement liés à l’archéologie, voir :
GAIMSTER, D. 2003. Pots, prints and Protestantism : changing mentalities in the urban domestic
sphere, c. 1480-1580. Dans : Gaimster, D. & R. Gilchrist (éds.). 2003. The archaeology of
Reformation 1480-1580. Papers given at the Archaeology of Reformation Conference, February 2001.
Leeds : W.S. Maney & Son Ltd., 2003 (The Society for Post-Medieval Archaeology. Monograph 1), p.
122-144.
DUMORTIER, Cl. 2003. Céramique de la Renaissance à Anvers. De Venise à Delft. Bruxelles & Paris :
Editions Racine & Les Editions de l'Amateur, 2002.

Le potentiel de ce type de source reste largement inexploré, malgré les nombreux documents
disponibles. Cela vaut également pour les Temps Modernes, avec leur grand nombre de scènes de la
vie quotidienne, de natures mortes et d’autres types de représentation. Pour le verre, le travail
comparable semble beaucoup plus avancé.

ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES ET THÉORIQUES.


Enfin, il semble utile de mentionner quelques-unes des publications d’ordre méthodologique
qui ont vu le jour au cours des deux dernières décennies et qui offrent des informations de type ethno-
archéologique ou autre. Ces publications ne concernent pas nécessairement la céramique médiévale
ou moderne, mais offrent cependant matière à réflexion. À toutes fins utiles, quelques contributions
consacrées aux techniques d’étude de base et à la quantification ont également été reprises.
ADAMS, W.Y. & E.W. ADAMS. 1991. Archaeological typology and practical reality. A dialectical
approach to artifact classification and sorting. Cambridge : Cambridge University Press, 1991.
ANONYM. (éd.). 1992. Ethno-archéologie. 1992. Ethno-archéologie. Justification, problèmes, limites.
Actes des rencontres, 17-18-19 novembre 1991. Juan-les-Pins : Editions A.P.D.C.A., 1992 (XIIe
rencontres internationales d'archéologie et d'histoire d'Antibes).
82 / 129

ANONYM. (ed.). 1994. Terre cuite et société. La céramique, document echnique, économique, culturel.
Actes des rencontres, 21-22-23 octobre 1993. Juan-les-Pins : Editions A.P.D.C.A., 1994 (XIVe
Rencontres Internationales d'Archéologie et d'Histoire d'Antibes).
ARCELIN, P. & M. TUFFREAU-LIBRE (éds.). 1998. La quantification des céramiques. Conditions et
protocole. Actes de la table ronde du Centre archéologique européen du Mont Beuvray (Glux-en-
Glenne, 7-9 avril 1998). Glux-en-Glenne : Centre archéologique européen du Mont Beuvray, 1998
(Collection "Bibracte", 2).
ARNOLD, D.E. 1985. Ceramic theory and cultural process. Cambridge : Cambridge University Press,
1985 (New Studies in Archaeology).
ARNOLD, Ph. J. III. 1991. Domestic ceramic production and spatial organization. A Mexican case study
in ethnoarchaeology. Cambridge : Cambridge University Press, 1991 (New Studies in Archaeology).
BEY, G.J. III & CH.A. POOL (éds.). 1992. Ceramic production and distribution. An integrated approach.
Boulder, San Francisco & Oxford : Westview Press, 1992 (Westview Special Studies in Archaeological
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DESBAT, A. & A. SCHMITT. 2003. Techniques et méthodes d'étude. Dans : D'Anna, A., A. Desbat, D.
Garcia, A. Schmitt & F. Verhaeghe. 2003. La céramique. La poterie du Néolithique aux Temps
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SYSTÈME RÉFÉRENTIEL FORMALISÉ ET INFORMATISÉ (PAYS-BAS)


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TERRES CUITES ARCHITECTURALES


Il existe une littérature abondante sur les terres cuites architecturales médiévales et
modernes, y compris sur leur importance économique. Pour les productions de carreaux et de tuiles,
on regardera surtout les ouvrages d’Odette Chapelot (notamment pour la Bourgogne). Nous laissons
la brique en dehors du champ pour des raisons d’ordre pratique. Pour le reste, on consultera avec
profit les ouvrages suivants, qui mèneront le lecteur à une bibliograhie plus extensive :
AMOURIC, H., L. VALLAURY & J.-L. VAYSSETTES. 2003. Intimités de faïence. Carreaux de pavements et
revêtements mureaux en Languedoc et Provence XVIe-XVIIIe siècles. Aix-en-Provence : Musée des
Tapisseries, 2003
ANONYM. (éd.). 1996. Petits carrés d'histoire. Pavements et revêtements muraux dans le Midi
méditerranéen du Moyen Age à l'époque moderne. Palais des Papes, Avignon, 20 octobre 1995 - 14
janvier 1996. S.l. [Avignon], 1995.
BARBIER, M., D. CAILLEAUX & O. CHAPELOT. 1987. Carreaux de pavement du Moyen Âge et de la
Renaissance. Catalogue des collections des Musées de Chaumont et de Saint-Dizier (Haute-Marne).
Chaumont & Saint-Dizier : Musée municipal de Chaumont & Musée municipal de Saint-Dizier, 1987.
BON, Ph. 1992. Les premiers "bleus" de France. Les carreaux de faïence au décor peint fabriqués
pour le Duc de Berry, 1384. S.l. [Paris] : Groupe Hist. et Arch. de la Région de Mehun-sur-Yèvre &
Picard, 1992.
CARETTE, M. & D. DEROEUX. 1985. Carreaux de pavement médiévaux de Flandre et d'Artois (XIIIe -
XIVe siècles). Musée de Saint-Omer, Exposition du 8 juin au 1er septembre 1985. Arras : Commission
dép. d'Histoire et d'Archéologie du Pas-de-Calais, 1985 (Mémoires de la Commission départementale
d'Histoire et d'Archéologie du Pas-de-Calais, XXII1).
CHAPELOT, O. & P. BENOIT (éds.). 1985. Pierre & métal dans le bâtiment au Moyen Âge. Paris :
Editions de l'EHESS, 1985 (Recherches d'histoire et de sciences sociales, 11).
CHAPELOT, O. (ed.). 2001. Du projet au chantier. Maîtres d'ouvrage et maîtres d'œuvre aux XIVe-XVIe
siècles. Paris : Editions de l'EHESS, 2001.
COULTHARD, N. & F. DELACAMPAGNE. 1995. Pavés et plates-tombes. Collection de la Société des
Antiquaires de Normandie, conservée au Musée de Normandie. Caen : Musée de Normandie,
Annales de Normandie & Conseil Général du Calvados, 1995 (Cahier des Annales de Normandie, 27).
DEROEUX, D. (éd.). 1986. Terres cuites architecturales au Moyen Âge. Musée de Saint-Omer. Colloque
des 7-9 juin 1985. Arras : Commission dép. des Monuments Historiques du Pas-de-Calais, 1986
(Mémoires de la Commission Départementale d'Histoire et d'Archéologie du Pas-de-Calais, XXII).
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1550. 3 volumes, Stuttgart : Kommissionsverlag Konrad Theiss Verlag, 1993 (Forschungen und
Berichte der Archäologie des Mittelalters in Baden-Württemberg, 14/1-3).
MAYER, J. (éd.). 1999. Pavement. Carreaux de sol en Champagne au Moyen Âge et à la Renaissance.
Paris : Editions du Patrimoine, 1999 (Albums du Centre de Recherches sur les Monuments
Historiques).
MINNE, J.-P. 1977. La céramique de poêle de l'Alsace médiévale. Strasbourg : Editions Publitotal,
1977.
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24 mars 1995. Dijon : Editions S.A.E., 2000 (Revue Archéologique de l'Est, Supplément 15).
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XXII), 108-156.
87 / 129

LES CÉRAMIQUES DE L'ÉPOQUE MODERNE (XIIIe-XIXe siècle)


Jean Rosen, CNRS, UMR 5594, Dijon

VOUS AVEZ DIT "MODERNE" ? (PRÉAMBULE)


Pour aborder l’Époque dite "moderne", il est nécessaire de préciser tout d’abord un certain
nombre de choses concernant les problèmes de chronologie, déjà évoqués précédemment par Frans
Verhaeghe. En France, on a malheureusement pris depuis longtemps l’habitude de ranger les
époques et les disciplines dans des catégories bien fermées et isolées les unes des autres 11, ce qui,
concernant la place réservée aux études modernistes, est parfois la source de situations pour le
moins curieuses, et, en tout cas, la preuve manifeste du peu d’intérêt — ou du moins de l'intérêt très
récent — porté à cette question. Tout se passe comme si, en dehors du champ proprement historique,
les études concernant certaines formes de modernité arrivaient comme des intruses, occupant ou
prenant, selon les cas, l’espace qu’elles trouvent au moment où elles se manifestent, les autres
disciplines devant, bon gré mal gré, se pousser un peu pour leur faire de la place. Ainsi, s’il est
convenu depuis assez longtemps qu’en histoire, la période moderne commence symboliquement en
1492 — date de la fin du Moyen Âge et de la découverte du « Nouveau Monde » — et se termine en
1789, date de la chute de l’Ancien Régime et début de l’Époque contemporaine, en histoire de l’art, en
revanche, la (même ?) période moderne commence en 1905-1906 et se termine aux environs des
années 1960, début de l’art contemporain. Au CNRS, les "mondes médiévaux" sont associés aux
"mondes anciens" (section 32) tandis que les "mondes modernes et contemporains" sont considérés
dans un ensemble (section 33) qui mêle historiens, historiens d’art et mondes non-européens. Dans le
domaine de l’archéologie, apparemment à la suite de la Grande Bretagne, la fin des années 1980 a vu
le développement en France de la notion "d'archéologie moderne", avec, entre autres, le Centre
d'archéologie moderne et contemporaine de l’Université de Paris Sorbonne, alors dirigé par Philippe
Bruneau, et l'existence de la Revue d'Archéologie Moderne et d'Archéologie Générale (RAMAGE)12.
En 1990, la recherche archéologique officielle, dans le programme H 19, incluait "Les ateliers
médiévaux et modernes, l'archéologie industrielle : organisation et diffusion", et insérait "dans une
problématique commune, les différentes structures et productions qui concourent à l'étude
économique du Moyen Âge et des Temps Modernes", mais déplorait le fait que "l'archéologie
industrielle en France reste encore peu développée" (La recherche archéologique 1990, 235). Par
ailleurs, les fouilles des manufactures de faïence des XVIIIe-XIXe siècles que j’ai réalisées dans les
années 1985-1990 étaient inscrites dans le programme "médiéval" de la sous-direction de

11 De là, les airs d’Arlésienne que prend la pluridisciplinarité, dont tout le monde parle et vante les mérites, mais
que bien peu ont effectivement rencontrée. En outre, cela ne laisse guère de place à l’étude institutionnelle des
périodes-charnières, d’une fécondité et d’une richesse encore trop peu exploitées.
12 Sur la notion d'archéologie moderne, voir (Verhaeghe & Otte (dir.) 1988), ainsi que la contribution intéressante
et engagée de Bruno Bentz sur "Les fouilles modernes et contemporaines" (Bentz 1990). Il faut noter que Philippe
Bruneau n’a pas été remplacé lors de son départ en retraite.
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l’archéologie, de même que celles du château de Marly, ultime passion du vieux roi Louis XIV,
inscrites sous le n° de code H 18, "villages et terroirs médiévaux et post-médiévaux" (Bentz 1990).

Pour préciser ces limites chronologiques, dans l’approche des céramiques de l’Époque
moderne présentée ici, on considèrera que cette période commence au XIIIe siècle et se termine au
XIXe siècle, ce qui, à première vue, peut nécessiter une explication13. En effet, c’est au début du XIIIe
siècle que se propagent en France, venus du monde arabe, un certain nombre de concepts et d’idées,
de sciences, de fondements scientifiques et de découvertes technologiques qui seront à la base de ce
que Jean Gimpel a appelé la Révolution industrielle du Moyen Âge (Gimpel 1975). Ce sont bien
souvent ces mêmes phénomènes qui, trouvant à s’exprimer dans un contexte politique et économique
véritablement favorable, connaîtront in fine une expansion considérable dans l'Angleterre du XVIIIe
siècle, avant d’atteindre la France, au cours de ce qu’il est convenu d’appeler la Révolution
industrielle — de l’Époque moderne, cette fois.
D’autre part, j’insiste bien pour employer l’expression « les céramiques de l’Époque
moderne », plutôt que « la céramique moderne », et je ne parlerai ici que de la France, où, comme
dans d’autres pays et pour la plupart des autres disciplines (et notamment l’histoire de l’art et la
musique), les productions « modernes » ne peuvent être véritablement comprises que si l’on a
connaissance de toutes les étapes (technologiques, entre autres) qui ont précédé, ce qui est bien le
signe que l’on a affaire à des productions éminemment culturelles, étroitement liées à l'histoire des
sociétés et de leur évolution.
Ce qui caractérise la période moderne, c’est donc la présence simultanée de plusieurs types
céramiques bien différents, sinon bien différenciés, non seulement par l’aspect, mais aussi par la
nature des matières premières et des mélanges, la composition physico-chimique, la température de
cuisson, l’origine géographique et culturelle, etc… La manifestation culturelle contemporaine la plus
significative que l’on puisse comparer aux céramiques modernes pourrait être le jazz, famille
multiforme où les apparitions successives de nouveaux styles ne font pas disparaître les anciennes
formes, mais viennent au contraire renforcer l’arborescence en autant de branches nouvelles. A
contrario, l’une des conséquences malheureuses de cette abondance de types céramiques différents
est la spécialisation de ceux qui s'en occupent, ce qui, comme on le verra, induit une division et une
dispersion des études sans doute regrettable et nuisible aux visions d'ensemble et aux tentatives de
synthèse, avec des différences parfois considérables dans les approches.

13 Précisons que cette option, quoique poussée ici à l'extrême, n'est pas si incongrue qu'il y paraît : "L'une des
orientations de recherche — peut-être la principale — de l'archéologie industrielle française vise à retracer sa
longue durée, en recherchant ses origines au cœur du Moyen Âge et ses continuités" (La recherche
archéologique 1990, 235).
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INTRODUCTION : LES DIFFÉRENTS TYPES CÉRAMIQUES DE L'ÉPOQUE "MODERNE" (XIIIe-


XIXe siècle) : DÉFINITIONS, HISTOIRE, CARACTÉRISTIQUES ET POSSIBILITÉS D'ÉTUDE

Avant d’aborder l’historiographie des céramiques modernes, il n’est pas inutile, me semble-t-il,
de passer rapidement en revue les principaux types qui seront évoqués dans la suite de cette
discussion, en évoquant leurs caractéristiques techniques, leur histoire, et les possibilités d'étude
qu'ils offrent.

- la céramique à glaçure plombifère transparente (dite "terre vernissée")

ill. 1 : céramiques communes, avec ou sans glaçure,


Metz, fin du XVe-début du XVIe siècle (Metz médiéval, 1995).

C’est la céramique indigène du Moyen Âge dont il a été question plus haut. Elle se développe
considérablement surtout à partir du XIIIe siècle, à côté des céramiques communes non glaçurées qui
continuent à remplir des fonctions utilitaires. Elle continue à exister pendant toute l’Époque moderne,
jusqu’au début du XXe siècle. Ces "terres vernissées"14 décorées aux engobes —argiles liquides
jaune pâle ou foncé, brun ou brun-rouge — et aux oxydes métalliques — essentiellement de cuivre
(vert), de manganèse (aubergine) et de fer (jaune à brun) — sont le plus souvent cuites en une seule
fois à une température relativement basse (autour de 900 ° C) et revêtues d'une glaçure plombifère
transparente (ill. 1). Les exemples en sont nombreux : les plus connus sont les carreaux glaçurés
bicolores qui ornent les sols de nombreux édifices médiévaux, tant religieux que civils, publics et
privés. Ce sont également les tuiles "vernissées" qui recouvrent certains toits, ainsi que les pichets et
autres récipients à liquide du Moyen Âge, dont les plus élaborés sont dits "très décorés" par les
spécialistes 15. Les productions de Bernard Palissy (1510-1590), tout comme les imitations de ses
successeurs, très à la mode pendant toute la seconde moitié du XIXe siècle, en font également partie.
C'est, enfin, le cas de tout le vaisselier utilitaire céramique qui connaîtra son Âge d’or dans les
campagnes du XIXe siècle, jusqu'à la Première Guerre Mondiale.

- la faïence stannifère
La faïence est une céramique dont la technique est complètement différente : la glaçure n’est
plus transparente, mais va au contraire servir d’écran pour masquer la couleur de la terre (Rosen
1995). Opacifié grâce à l’apport d’oxyde d’étain, ce fond blanc va pouvoir recevoir des décors posés
avec des oxydes métalliques — verts de cuivre, aubergine de manganèse, mais aussi bleus de cobalt

14 Le terme de "terre vernissée" couramment employé pour désigner ces céramiques est impropre, car leur
revêtement est une glaçure, et non un vernis — terme réservé en principe à une préparation organique destinée à
protéger le bois, mais que les hommes de métier de la céramique emploient couramment.
15 Si l’on était au XVIIIe siècle, le même objet serait décrit comme une céramique rustique et banale. Le terme
« très décoré » n’a donc pas toujours le même sens en fonction des objets céramiques et de leur période de
production : on a ici un bel exemple des paradoxes inhérents au vocabulaire descriptif utilisé par les spécialistes.
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et jaunes d'antimoine, voire rouges de fer —, cuits simultanément lors d’une deuxième cuisson proche
de 1000° C, température qui ne peut pas être atteinte dans n’importe quelles conditions, ni par
n’importe qui. Grâce à cette technique va pouvoir s’exprimer une esthétique complètement différente
(ill. 2), utilisée à partir du XIVe siècle comme une manifestation de prestige, parfois juxtaposée à la
céramique glaçurée plombifère, utilisée comme une technique de revêtement de sol beaucoup plus
simple (Rosen & Crépin-Leblond 2000).

ill. 2 : carreau de pavement, faïence stannifère, armoiries de Flandre,


marche d'autel de l'oratoire ducal à la Chartreuse de Champmol (Dijon), vers 1385
(fouilles P. Quarré, Musée des Beaux-Arts, Dijon)

Exemple emblématique des phénomènes historiques sur le long terme évoqués plus haut, la
faïence stannifère est la première et la plus ancienne des céramiques modernes 16. En effet, cette
céramique à glaçure opaque — sans doute initialement destinée à imiter, par sa blancheur, la
porcelaine chinoise — fut à l’origine mise au point par les potiers des environs de Bagdad sous les
Abbassides vers le VIIIe siècle de notre ère — en même temps que l'alchimie, l'astronomie, et
quelques autres inventions capitales —, avant de se répandre dans tout le pourtour méditerranéen.
Cette nouvelle technologie arriva en Europe du sud au XIIIe siècle, et se manifesta à Marseille dès les
premières décennies de ce siècle (Le vert & le brun… 1995). Elle chemina d’abord côte à côte avec la
céramique à glaçure plombifère transparente indigène typique du Moyen Âge jusqu’au XVIIe siècle, au
moins, pour une coexistence intéressante et problématique, avant de prendre le dessus brillamment
au cours du XVIIIe siècle. Cette acculturation progressive et cette intégration exemplaire se
terminèrent peu après le milieu du XIXe siècle, avec la mise en place de la société industrielle, et
l’arrivée de nouveaux types céramiques d’origine anglaise produits dans de véritables usines.
Au milieu du XVIIIe siècle, avec l’avènement de la bourgeoisie, les manufactures vont se
développer d’une manière extraordinaire dans tout le royaume, et produire de plus en plus de faïence
commune, culinaire ou non. À Rouen, apparaît véritablement la polychromie, qui permet de reproduire
les décors « rocaille » des ornemanistes, comme les « chinoiseries », décor de fantaisie qui n’a rien
de chinois, mais plaît beaucoup à une nouvelle clientèle avide d’exotisme (ill. 3)17. Jusqu’à la fin du

16 Il me paraît indispensable de souligner ici que, pour des raisons historiques aussi bien que techniques, le
terme de "faïence" ne peut s'appliquer qu'aux céramiques à corps argileux et à glaçure stannifère, et de dénoncer
avec force le titre "Faïences antiques" de l'exposition au Musée du Louvre (juin-septembre 2005) et du n° 304 des
Dossiers de l'Archéologie (juin 2005). L'exercice qui consiste à intituler de la sorte une exposition "grand public",
pour, à la cinquième ligne de l'introduction, reconnaître que le terme est impropre, me paraît pour le moins
périlleux, voire stupéfiant, ce qui n'empêche pas les auteurs d'utiliser ce terme "impropre" tout au long des
chapitres, en lui mettant des guillemets ou pas suivant les pages. Disons par ailleurs que le consensus des
archéologues sur ce terme "impropre" n'est heureusement pas total. Déclarer en outre que "Tous les efforts des
spécialistes n'ont jamais réussi à faire passer dans l'usage l'utilisation de mots différents pour ces réalités
différentes" constitue une mauvaise excuse. Au contraire, le moment d'essayer de remédier pédagogiquement à
cette carence était idéal : était-il si impensable d'utiliser un terme plus proche de la réalité comme "céramiques
vitreuses de l'Antiquité", ou "proto-céramiques antiques" ?
17 Le comble est que, exportés jusqu’en Chine, ces décors plurent beaucoup aux Chinois, qui les trouvèrent
délicieusement européens, au point de les imiter en porcelaine, et de les exporter en Europe.
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siècle, et encore pendant le demi-siècle suivant, les décors vont se simplifier considérablement, pour
une clientèle dont le niveau sociologique va s’abaisser progressivement.

ill. 3 : assiette, faïence stannifère, grand feu polychrome,


décor "de chinoiserie", Rouen, début du XVIIIe siècle (catalogue de vente suisse).

Il existe aussi des faïences très décorées, réalisées dès le milieu du XVIIIe siècle à Strasbourg
et dans l'Est à partir d’une nouvelle technique de peinture sur émail déjà cuit, dit décor "de réverbère",
cuit à une température inférieure18. Il y a alors trois cuissons : une pour la terre, une pour l’émail
stannifère, et une (voire davantage) pour les décors aux oxydes métalliques, ce qui permet de
multiplier les couleurs et, éventuellement, d'utiliser l’or, le but étant de fabriquer une céramique de luxe
qui ressemble à de la porcelaine allemande, faute d’en maîtriser la technologie (ill. 4). Il s'agit là à
l'origine d'une céramique bourgeoise, dont la production continuera à se développer au cours du XIXe
siècle et jusque dans les années 1850, essentiellement dans le Grand Est de la France, avec des
motifs simplifiés et répétitifs destinés à une clientèle de plus en plus populaire.

ill. 4 : plat ovale à contours à ressauts, faïence stannifère à décor de réverbère polychrome,
Saint-Clément, vers 1770 (coll. part.).

- les grès
Les grès nécessitent des argiles bien spécifiques, contenant très peu, voire pas du tout de
calcaire. Ces céramiques à pâte semi-vitrifiée sont cuites à une haute température, le plus souvent
supérieure à 1 200 ° C. Leur couleur est variable suivant les aléas de la cuisson et les impuretés. Ils
peuvent prendre un aspect éventuellement brillant dû à la présence d'une glaçure (en général
transparente), et peuvent subir des traitements variés : grès azurés, grès blancs (composants
dépourvus d’oxydes colorants), grès "au sel", "au laitier", "à la cendre", émaillés (avec des glaçures
opaques colorées) ou grès "cérames" artificiels.
L’apparition du grès dans les régions disposant de matériaux appropriés — les Pays Rhénans
et le Limbourg hollandais — se situe à partir de la fin du XIIIe siècle. "Elle correspond à l’évolution d’un
produit qui, par approximations successives, a régulièrement répondu aux exigences réciproques
mais, semble-t-il, peu pressantes, de l’artisan (problèmes de température) et de
l’utilisateur (imperméabilité)" (Dufournier & Flambard Héricher 1987). En France, on trouve surtout des
grès dans l’Ouest (Normandie), le Beauvaisis, les Vosges, l’Alsace et le Centre (Puisaye (ill. 5), Berry,
Saône-et-Loire). Les premiers grès ont l'avantage de la sonorité, de la dureté, d'un aspect plus lisse et
de l'imperméabilité, mais, dans les régions où ils apparaissent, ils ne détrônent pas la céramique
glaçurée, qui subsiste dans de nombreux cas. Progressivement, ils seront destinés à la table (cruches

18 Appelée à tort "petit feu" par le commerce d'antiquités et les amateurs, par opposition au "grand feu".
Rappelons que ce terme de "petit feu", qui est une invention des collectionneurs du XIXe siècle, existe bel et bien
en céramique, et désigne le premier stade de la cuisson, qui permet d'éliminer l'eau de constitution de l'argile et
d'assurer l'irréversibilité physico-chimique de la pâte. Le terme le plus approprié, qui figure dans les archives de
l'époque, est celui de peinture "en réverbère", ou "au feu de moufle".
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et pichets, gobelets à boire) ainsi qu'au stockage et au transport. Lié d'abord à l’évolution de
l’agriculture après la Guerre de Cent Ans, leur essor dans la plupart des régions productrices, comme
la Normandie ou la Puisaye, est dû à la spécialisation dans les produits laitiers. Au XIXe siècle, ils
connaîtront un grand succès dans de nombreuses régions agricoles, mais seront aussi recherchés
pour leurs qualités de conservation et leur imperméabilité dans l'industrie des petits contenants —
bouteilles à bière, à encre et à liqueur — et dans l'industrie chimique des acides et autres produits
dangereux. Sous l'influence des réalisations japonaises introduites en France vers la fin du XIXe
siècle, et en réaction contre la virtuosité un peu trop exubérante des céramiques de l'époque, le grès
connaîtra un grand regain d'estime à travers les productions d'artistes créateurs comme Carriès,
rénovateur des grès de Puisaye.

ill. 5 : grès de Puisaye, XVIe-XVIIIe siècle,


fouilles de la Chambre des Comptes du Nivernais, Nevers (J. Viladevall, 1982).

- la porcelaine
Depuis l'émerveillement mythique de Marco Polo devant la porcelaine, cette céramique à pâte
vitrifiée inventée par les Chinois a impressionné les plus grands personnages dans toute l'Europe, du
Moyen Âge jusqu'au début du XIXe siècle, au point de constituer parfois des enjeux considérables.
Parée de vertus extraordinaires — sans doute parce qu'elle est translucide — c'est une céramique à
base de kaolin, de silice et de feldspath, cuite à très haute température, vers 1 350 à 1 400° C. Il faut
dire que le secret de sa fabrication, qui ne fut découvert en Saxe que peu avant 1710 et très protégé,
ne put finalement véritablement être exploité en France par la manufacture royale de Sèvres qu'après
la découverte des gisements de kaolin proches de Limoges et l'annonce officielle de leur découverte
faite à l’Académie des Sciences en 1769 (d'Albis 1999).
Avant cette date, dans l'ignorance de la véritable composition de cette porcelaine "dure", et
afin d'obtenir un produit approchant, on avait mis au point diverses recettes de "pâte tendre" comme
la "porcelaine des Médicis" obtenue vers 1575-1585 à Florence à partir d'une fritte additionnée de sel
marin, de soude, d'argile et de gypse. En France, on ne put obtenir les premières "pâtes tendres" qu'à
Rouen, puis à Saint-Cloud peu avant la fin du XVIIe siècle. Le siècle suivant devait voir le
développement de plusieurs manufactures protégées par les plus grands personnages du royaume,
dont celle de Vincennes, fondée en 1740 puis transportée à Sèvres à 1756, avant que le Roi n'en
devienne l'unique propriétaire en 1759.

ill. 6 : porcelaine dure, assiette "à l'échantillon", XIXe siècle, coll. part.

Après la découverte du kaolin, les manufactures de "porcelaine dure" à décor néo-classique


rehaussé d'or se multiplièrent jusqu'à la fin de l'Empire, essentiellement dans la région parisienne19. À

19 La diffusion de la porcelaine dure n'empêchera pas certains centres comme Arras ou Tournai de continuer à
produire et à diffuser largement de la "pâte tendre" sans kaolin au moins jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, alors
même que la porcelaine à pâte dure, devenue d'un accès très facile, existe partout.
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cette époque, on assista également à des phénomènes précoces de délocalisation vers la province, et
notamment le Centre : la porcelaine se démocratisa, les décors se simplifièrent, et les pièces blanches
sans décor se répandirent, l'esthétique des formes et les qualités du matériau suffisant à satisfaire
une clientèle élargie. La région de Limoges, mais aussi les centres du Berry et de la Marne se
spécialisèrent dans la porcelaine "de fantaisie" destinée à la clientèle des grandes villes. On trouve
parfois des assiettes décorées "à l'échantillon" (ill. 6), pièces qui portent tous les décors réalisés par la
manufacture, afin que le colporteur puisse prendre des commandes au cours de ses déplacements,
système de représentant de commerce déjà moderne pour des productions diffusées à grande
échelle.

- les "terres blanches"


Comme la plupart des types céramiques précédents, cette dernière famille, celle des « terres
blanches », trouve son origine dès le Moyen Âge avec l'exploitation de gisements locaux d'argile
blanche, comme ceux du Bassin Parisien, du Poitou et de nombre d'autres régions, produisant alors
des céramiques pourvues de diverses sortes de revêtements. Au XVIIIe siècle, ces « terres blanches »
apparaîtront comme une solution idéale aux problèmes posés par la céramique à glaçure transparente
ou opaque. Elles sont le fruit d’un raisonnement très simple : plutôt que de faire des objets en terre, de
les cuire et de cacher la couleur de la terre avec un revêtement blanc onéreux, il est préférable de
prendre directement de la terre blanche (du type "terre de pipe") et d'utiliser une glaçure transparente
au plomb. Cette céramique, qui prend fort bien les formes, est cuite à une température intermédiaire,
aux environs de 1 000-1 100 ° C.

ill. 7 : tisanière en "terre blanche" (terre de pipe) à glaçure plombifère transparente,


décor polychrome de réverbère, Lorraine, vers 1780, coll. part.

Le premier groupe de "terres blanches" qui présente un caractère particulier apparaît à la


Renaissance, avec les objets prestigieux constituant une véritable "orfèvrerie de terre", connus
aujourd'hui sous le nom de "céramique de Saint-Porchaire", souvent ornés d'armoiries royales et
aristocratiques (Crépin-Leblond 1997). Mais la véritable explosion des terres blanchies avec du silex
calciné, revêtues d'une vitrification transparente à base de plomb et cuites au charbon, est une
invention de la Révolution industrielle anglaise, mise au point vers 1720-1740. En 1760, dans le
Staffordshire, 60 000 ouvriers fabriquaient ces produits dénommés "creamware" en raison de leur
couleur, aussi bien destinés au marché intérieur qu'à l'exportation. Ce type céramique révolutionnaire,
produit selon des méthodes industrielles, devait connaître un grand développement dans toute
l'Europe. En France, suivant les régions et l'époque de leur fabrication, on leur donna le nom de "terre
de pipe", "faïence à l'anglaise", terres "de Lorraine" et autres (ill. 7).
Après le traité de Vergennes signé en 1786 avec l’Angleterre, cette céramique à pâte
blanche — qu'elle soit importée ou fabriquée sur place dans de nombreux endroits, souvent par des
ouvriers anglais — devait contribuer à causer la ruine de la faïence locale. Après l'Empire, on utilisa
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des décors réalisés par impression (ill. 8), et l'on améliora encore la composition pour en renforcer la
blancheur et la solidité en y rajoutant du kaolin, avant d'utiliser des glaçures au borax, moins nocif que
le plomb. Ces céramiques furent alors commercialisées sous divers noms comme ceux de "porcelaine
opaque" ou "terre de fer". Après le milieu du XIXe siècle et l'avènement de la société industrielle, les
structures de production de ces céramiques devinrent de véritables usines, comme Sarreguemines,
Choisy-le-Roi ou Digoin, occupant chacune un millier d’ouvriers. Dans le monde du commerce des
antiquités, toutes ces terres blanches sont connues sous le nom de "faïence fine", alors qu'il ne s'agit
ni de faïence, ni de porcelaine, mais tout simplement de terre blanche à glaçure transparente.

ill. 8 : paire d'assiettes (d'une série de huit), "terre blanche" à glaçure transparente dite " faïence fine",
décor par impression, milieu du XIXe siècle, manufacture indéterminée, coll. part.

- quelques réflexions générales sur les céramiques modernes


En mettant en évidence comme il a été fait précédemment à la fois la diversité et la
complexité des types céramiques ainsi que leur évolution progressive, on perçoit ainsi des
comportements évolutifs, des interactions, des phénomènes technologiques et économiques à
l’œuvre dans les sociétés modernes, dont un certain nombre peuvent très bien être constants et/ou
récurrents, et avoir existé dans d'autres sociétés, à des échelles diverses, à d'autres époques, avec
d’autres types de produits.
La possibilité qu’offrent les céramiques modernes par rapport aux céramiques des autres
époques, c’est aussi le fait qu’elles portent et qu'elles transportent souvent des images, source
d’étude extraordinairement riche qui permet l'observation des influences, des échanges commerciaux,
des modes de vie, de certains détails historiques et de bon nombre d'autres phénomènes… En outre,
l'étude comparée de ces images avec les structures de production de ces céramiques, où s'exercent
des conditions de travail et de formation ainsi que des conditions socio-économiques spécifiques et
des contraintes diverses, fournit la matière d'une approche dialectique que l'on pourrait qualifier de
socio-iconologique. En effet, si les grands types de céramique de luxe sont initialement très proches
de la création artistique, avec la richesse de leurs décors et leurs images savantes, leur succès même
entraîne rapidement la production d'imitations de toute nature et de toute qualité. Reproduits et copiés
presque à l'infini, ils servent ainsi de point de départ à tout un système évolutif au cours duquel les
objets sont exécutés petit à petit de manière de plus en plus répétitive, par des ouvriers totalement
étrangers à cette culture, qui sont de simples exécutants de moins en moins qualifiés. Les formes et
les images finissent alors par prendre des aspects fort éloignés de ce qu'ils étaient au départ, les
conditions mêmes de cette fabrication inconsciente entraînant des phénomènes de dégénérescence
naturelle des images, et constituant un agent modificateur extraordinaire. Comme Jean Baudrillard le
faisait remarquer pour d'autres images, "les choses continuent de fonctionner alors que l'idée en a
depuis longtemps disparu. Elles continuent de fonctionner dans une indifférence totale à leur propre
contenu. Et le paradoxe est qu'elles fonctionnent d'autant mieux". L'observation attentive de ces
modifications sur le long terme révèle ainsi autant de facteurs inhérents aux sociétés et à leurs
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mutations : les modes d'organisation sociale, de circulation des idées et des personnes, les conditions
de travail, les contraintes économiques, les évolutions technologiques et les modes de consommation
sont ainsi parfaitement illustrés en retour à travers ce phénomène de dégénérescence des images.
On conviendra que l'étude de ces interactions riches de sens semble a priori plus intéressante que le
rejet dédaigneux pour cause de "décadence" manifesté vis à vis de ces productions par les amateurs
du XIXe et d'une bonne partie du XXe siècle.
Il apparaît ainsi de façon manifeste que l'apport de ces céramiques modernes à l'étude
globale de la "culture matérielle" constitue un terrain de recherches particulièrement fécond, qui n'a
encore que fort peu été labouré, et dont les récoltes à venir semblent particulièrement prometteuses
(Verhaeghe 1998). On quitte alors les domaines de l’histoire de l’art et des arts décoratifs où l'on avait
trop cantonné les céramiques modernes, pour essayer de faire de l’histoire tout court, ce qui, d'une
part semble au moins aussi intéressant et sans doute beaucoup plus utile, et d'autre part, n'invalide
pas pour autant l'étude de notre patrimoine céramique20.

I - HISTORIOGRAPHIE
Le XIXe siècle
Frans Verhaeghe a déjà évoqué plus haut le rôle capital joué par les antiquarians en Grande
Bretagne à propos de la redécouverte et de l'étude des céramiques médiévales. En France, on peut
considérer que la redécouverte des céramiques anciennes de l'Époque moderne, et surtout de la
faïence, a été joué tout au long du XIXe siècle par les divers "curieux" qui peuplèrent le monde de la
"curiosité", terme directement issu des "cabinets de curiosités" des grands collectionneurs du XVIIe au
XIXe siècle, comme Mazarin, Péreisc, l'abbé Nicaise (Schnapper 1988) ou le Baron de Bézenval, l’un
des premiers "curieux" grands collectionneurs de Bernard Palissy au début du XIXe siècle21.
Comme pour la Grande Bretagne à la même époque, cet intérêt des amateurs et des "curieux"
doit être mis en parallèle avec l'esprit positiviste d’un certain nombre d’autorités comme le célèbre
Alexandre Brongniart, ingénieur, directeur de la Manufacture de Sèvres qui, dès les premières
décennies du XIXe siècle, a manifesté un intérêt technique pour les céramiques modernes, favorisant
l’établissement d’une collection nationale d’argiles, de matières à poteries et de poteries, pour faire un
inventaire des pratiques et des productions contemporaines. Cette collection a d’ailleurs été à l’origine
de la création du Musée de Sèvres en 1823, aujourd'hui "Musée national de Céramique", et le traité de
Brongniart, dont la première édition date de 1844, continue à faire référence pour étudier ces
céramiques modernes (Brongniart 1977).
Comme on le sait, le XIXe siècle voit se mettre en place l'étude du patrimoine national et
collectif à la suite de l’intérêt porté aux monuments historiques et au patrimoine du Moyen Âge et de la

20 "L'un des apports les plus remarquables de la recherche de ces dernières années a certainement été de
dépasser la seule utilisation du tesson comme élément de datation pour en faire un document d'histoire" (La
recherche archéologique 1990, 235). Une telle démarche pourrait bien correspondre à celle de "l'historien
improbable" dont parlait François Furet (clin d'œil à Denis Woronoff).
21 Il est symptomatique que l'Intermédiaire des chercheurs et des curieux (Questions et réponses,
communications diverses à l'usage de tous), édité depuis 1864, existe toujours.
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Renaissance par des personnages dont le plus connu est Prosper Mérimée. La deuxième moitié du
siècle verra la création des grands musées de Province, l’apparition du mythe de Bernard Palissy et
les premières découvertes archéologiques de sa production lors de fouilles pratiquées au Louvre22.
Par un glissement progressif, les collectionneurs vont considérer leurs objets céramiques des
périodes médiévale et moderne comme un patrimoine privé équivalent, qui va devenir par là même
digne d'intérêt et de spéculations diverses 23.
En 1855, l’Exposition Universelle de Paris montre la céramique sous toutes ses formes. En
1859, la création de la Gazette des Beaux Arts offre un organe de diffusion en même temps qu'une
tribune à tous les "curieux", et reflète l’évolution rapide des connaissances due essentiellement aux
travaux et aux recherches des érudits locaux sur leurs collections. Un mémoire sur la faïence de
Nevers mené à l'initiative de Louis du Broc de Segange en 1859 aboutit à la publication de l'une des
premières "sommes" sur un grand centre faïencier français (du Broc 1863), suivi quelques années
plus tard en 1869 par un ouvrage fondamental sur Rouen (Pottier 1986).
C'est dire que, à l'origine, l'intérêt pour ces céramiques anciennes vers le milieu du XIXe siècle
est directement lié aux préoccupations des Beaux Arts et des collectionneurs, tendance historique qui
persiste encore largement aujourd'hui. Mais ces objets collectionnés parce qu’ils sont rares, donc
exceptionnels, offrent en fait une image de la réalité inversement proportionnelle à celle des
productions. L’intérêt porté aux objets plus prestigieux ou plus historiques a ainsi tendance à exclure
les objets à usage domestique qui n’intéressent pas le collectionneur, et ne seront que bien plus tard
livrés aux investigations des archéologues. On observe donc une scission, qui existe encore très
largement, entre d'une part, les arts décoratifs et les beaux objets de collection des musées et, d'autre
part, l’archéologie qui ne s’intéresse qu’aux rebuts de la consommation. Je rencontre régulièrement
des amateurs qui affectent une moue dégoûtée devant le mobilier archéologique ("sale et cassé"), et
des archéologues qui détournent chastement le regard devant les vitrines de céramique moderne
("belle et intacte") des antiquaires et des musées. Il est cependant difficile de comprendre les choses
si l'on ne considère pas tous ces objets sous le même angle, c'est-à-dire comme des témoignages,
des sources de connaissance et des éléments disponibles pour l'étude.
En ce qui concerne la recherche, on n'eut donc pour bases de connaissance que les objets
marqués et signés, qui sont en général, dans ce domaine, rarissimes et peu représentatifs. À partir
d'un élément de référence — pas toujours sûr et pas toujours pertinent —, l'on se mit à faire des
attributions de plus en plus éloignées, qui sont parfois le fruit d'élucubrations ahurissantes qui
continuent encore à nous surprendre. Pour noircir exagérément le tableau, disons que l'on se mit à
attribuer un peu tout et n’importe quoi à n’importe qui et n’importe comment. Des mythes se créèrent,

22 Il faut noter que l'intérêt porté aux céramiques de Bernard Palissy à cette époque est double : d'une part,
l'exubérance exotique de ses célèbres "rustiques figulines" — ses plats garnis de lézards, de crapauds et de
serpents — les apparente parfaitement à la "curiosité" au sens propre du terme ; d'autre part, il est largement
instrumentalisé par la République qui en fait un héros vernaculaire au même titre que Vercingétorix et Jeanne
d'Arc (Bernard Palissy, mythe et réalité 1990).
23 Ce monde passionné des collectionneurs de faïence est évoqué non sans humour par Champfleury dans Le
violon de faïence (Champfleury 1877).
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comme celui de Bernard Palissy ou de la "faïence de Henri II"24. Des données approximatives furent
abondamment publiées et diffusées, illustrées de dessins encore plus approximatifs reproduits sous
forme de gravures en noir et blanc (Demmin 1861, Jacquemart 1866, entre autres). Pour compliquer
encore un peu la situation, les faussaires s'en donnèrent à cœur joie, et le marché fut envahi de
copies plus ou moins bien imitées (Rosen 1991 et Slitine 2002). Dès avant la Première Guerre
Mondiale, un public d'amateurs avide de certitudes disposa ainsi de plusieurs "bibles" remplies
d'historiques simplistes, de signatures exceptionnelles et d'images de mauvaise qualité.

Le XXe siècle
Après cette première vague d’intérêts foisonnants, les trois premiers quarts du XXe siècle
furent une longue période de calme relatif, marquée cependant ponctuellement ici et là par des études
de qualité bien connues, qui font encore autorité aujourd'hui, et qu'il serait trop long d'énumérer ici.
Les années 1930 virent la création de la notion d’"Art populaire", parfaitement réactionnaire sur le plan
politique, et qui commença à s’exprimer à l’issue de l’Exposition des Arts Décoratifs de 1925 sur la
modernité (Poncetton 1928, Van Gennep 1931, Duchartre P. L. 1938). L'intérêt pour la tradition, le
régional et le local, avec son cortège d'objets de toute nature conçus dans toutes sortes de matériaux,
connut par la suite — et surtout après les années 1950 — un développement considérable grâce à
des personnalités comme Georges Henri Rivière, à l’origine de la création du Musée des Arts et
Traditions Populaires 25 (Devallées et al. 1975, Gluck et al. 1976). Ainsi naquit toute une tradition
d’étude des céramiques modernes à vocation essentiellement utilitaire, et surtout des grès, des "terres
vernissées" et des faïences communes, connue sous l'appellation A.T.P (Art et Traditions Populaires),
avec ses modes d’approches spécifiques et de classements fonctionnels 26.
En 1932, l'exposition La faïence française de 1525 à 1820 organisée au Musée du Louvre
(Pavillon de Marsan) par l'Union Centrale des Arts Décoratifs donna lieu à l'élaboration du Répertoire
de la faïence française (Répertoire 1935) illustré de 610 planches en noir et blanc, qui passait en
revue la plupart des manufactures connues à l'époque et montrait leurs plus belles pièces de
référence. Il faut noter que le comité de publication faisait la part belle aux grands collectionneurs de
l'époque. Pendant une grande partie du XXe siècle, les connaissances donnèrent malgré tout
l'impression de tourner en rond autour de données officielles rarement remises en cause. Toutefois,
les recherches d’archives se développèrent, et la photographie fit son apparition, souvent encore en
noir et blanc. Mais le problème restait de faire coïncider les nouvelles données historiques avec cette

24 Le rôle de "l'antiquaire" régionaliste poitevin Benjamin Fillon dans ce constat apparaît aujourd'hui comme
symptomatique et déterminant. Il serait très souhaitable qu'une étude approfondie lui soit consacrée
prochainement afin d'éclairer cette période.
25 Le 20 décembre 1954 fut signée une convention aux termes de laquelle la Ville de Paris concédait à l'Etat un
terrain contigu au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, où se trouvait alors un bâtiment de 100 mètres de
long sur 50 de large : le Palmarium, qui, depuis bien des années déjà, était presque inutilisé. Sur cet
emplacement devait s'installer plus tard le Musée des arts et traditions populaires, jusqu'alors confiné dans un
sous-sol du Palais de Chaillot.
26 Ce qui a été une véritable mode dans les années 1970 semble aujourd'hui en perte de vitesse : la polémique
actuelle autour de la mutation du Musée des Arts et Traditions Populaires à Marseille en est la preuve.
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foule d'objets anonymes souvent très semblables en apparence. Le champ de ces investigations
délicates fut rapidement envahi par des amateurs régionaux, héritiers improbables des érudits locaux
du siècle précédent. Cela donna parfois des résultats intéressants ; dans de trop nombreux cas, le
régionalisme étroit allié à une méconnaissance patente du monde de la céramique, des réalités
techniques et des modes successives en arts décoratifs entraîna des confusions regrettables.
Largement publiées et répandues, notamment par les magazines d'art décoratif ou d'antiquités
apparus dans les années 1960, les erreurs s'établirent peu à peu comme autant de données
acquises27.

Cependant, les années 1970-1980 furent marquées par un véritable renouveau, dû en grande
partie aux progrès accomplis dans le domaine des études consacrées à la céramique médiévale
soulignés par Frans Vehaeghe dans la contribution précédente28. Les investigations et les recherches
menées dans divers laboratoires de céramologie, au Centre de Recherches Archéologiques
Médiévales (CRAM) de l’Université de Caen par Michel de Boüard puis Daniel Dufournier, à Lyon par
Maurice Picon ou à Aix-en-Provence par le Laboratoire d'Archéologie Médiévale Méditerranéenne
(LAMM) sous la direction de Gabrielle Démians d'Archimbaud, tout comme les travaux publiés dans la
revue Archéologie Médiévale fondée en 1971, sensibilisèrent peu à peu les archéologues à une
nouvelle approche de la céramique, en l'envisageant dans sa continuité, du Moyen Âge à l’Époque
moderne, et en la traitant sur un plan historique et scientifique, ce qui, du moins pour les céramiques
modernes, constituait une révolution fondamentale. Dans le domaine classique des majoliques
italiennes, le travail de fond de Jeanne Giacomotti permit de publier les collections des musées
nationaux français (Giacomotti 1974). Au Canada, où les travaux conjoints des archéologues et des
ethnologues sur les céramiques domestiques et les productions communes importées de France ont
produit des résultats exemplaires, on peut signaler à cette époque le projet de recherche de J.-F.
Blanchette sur Le rôle des faïences brunes dans les modes français de nutrition au XVIIIe siècle
(Blanchette 1978), et sa thèse sur L’importance des artefacts dans l’étude des modes d’alimentation
en Nouvelle-France entre 1720 et 1760 (Blanchette 1981). À la même époque, les fouilles de la place
Royale, à Québec, donnaient lieu à une étude sur les céramiques modernes d'importation et leur
consommation (Genêt 1980 et Lapointe 1998).

27 Les Cahiers de la céramique et des arts du feu (1959-1977) (Cahiers 1959-1977), très liés à l'association des
Amis du Musée national de céramique et à la personne de son conservateur H.-P. Fourest, constituent un bon
exemple des études officielles et de leur diffusion à cette époque, même si, comme le soulignait Frans Vehaeghe
plus haut, "dans cette littérature, les approches explicitement archéologiques sont relativement rares et l’accent
est le plus souvent mis sur les décors, les produits de haute gamme, les marques et l’histoire des productions et
des manufactures". En revanche, l'un des exemples les plus caractéristiques de la propagation de données
erronées est sans doute le livre de Paul Huillard sur les faïences de la "Bourgogne auxerroise", somme
considérable de divagations rééditée six fois entre 1960 et 1978 (Huillard 1960). Il faut dire que Huillard était le
gendre de Larousse, ce qui explique beaucoup de choses.
28 Ces progrès ne touchèrent toutefois pas immédiatement toutes les céramiques. La grande exposition
Faïences françaises organisée à Paris en 1980 aux Galeries nationales du Grand Palais sous l'égide d'Henry-
Pierre Fourest, conservateur du Musée national de céramique, reprenait, pour l'essentiel, l'approche
exclusivement "arts décoratifs", l'esprit et les données de l'exposition de 1932, limitée à la fin du XVIIIe siècle,
avec un catalogue illustré en noir et blanc additionné de douze planches en couleurs (Faïences françaises 1980).
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Dans le domaine des céramiques à glaçure plombifère dites "terres vernissées", dont les
modes de production comme les types diffèrent souvent assez peu au Moyen Âge et à l'Époque
moderne, de nombreux travaux furent alors consacrés à des études régionales sur le long terme,
comme, parmi bien d'autres, ceux de Jean Chapelot sur la céramique saintongeaise (Chapelot et al.
1976). De même, le travail de J.-L. Vayssettes sur Les potiers de terre de Saint-Jean-de-Fos reste un
modèle du genre (Vayssettes 1987). Le livre de Marc Pillet, Potiers et poteries populaires en France
(Pillet 1982) marqua un temps fort dans la réévaluation de ces céramiques, en soulignant le lien
existant entre la tradition céramique de la "terre vernissée" et la période contemporaine. La poterie des
Sourdive à Cliousclat, dans la Drôme, sous l'impulsion de l'association du village, devint un centre de
formation et un conservatoire incontournable en matière de "terre vernissée" (Cliousclat 1983).

Le 1er Congrès de la Société d'Archéologie Médiévale tenu à Paris en 1985 marqua, dans ce
domaine également, une étape capitale (Chapelot et al. 1987). Pour la première fois, l'archéologie de
la faïence du XVIIIe siècle faisait son apparition aux côtés de celle des céramiques médiévales
(Halbout & Vaudour 1987) 29. La fin des années 1980 devait voir l'amplification et la multiplication des
travaux sur la faïence et des fouilles de faïencerie, à Ancy-le-Franc (fouilles R. et S. Biton), Rouen
(fouilles P. Halbout et Rouen-Archéologie), Arthé (fouilles C. Pellet), Dijon (Blondel et al. 1987) 30,
Langres, Nevers (Rosen 1990-1, 2 et 3), Meillonnas (Rosen 1993-1), etc… En 1987, la publication
Faïences de Charolles et sa manufacture d'hier et d'aujourd'hui, par Georges et Jacques Molin (Molin
1987) fournissait des renseignements précis, des détails très techniques et des illustrations fort utiles.
La même année voyait la publication d'un important travail consacré aux manufactures et aux
marques européennes, qui reste de loin le meilleur actuellement (Cushion et al. 1987). Les
céramiques modernes, aux côtés des médiévales, furent également à l'honneur dans l'exposition A la
fortune du pot organisée par Elise Faure-Boucharlat au Musée de la Civilisation gallo-romaine à Lyon
en 1990 (Faure-Boucharlat 1990). À l'entrée, de chaque côté d'une allée, se faisaient face, dans une
confrontation à la fois provocatrice et très pertinente, céramiques archéologiques anciennes et
ustensiles de cuisine contemporains. En 1991, à l'instigation de Jean-Paul Jacob, conservateur de
l'archéologie en région PACA, le colloque Faïence et archéologie, se tint symboliquement à Moustiers-
Sainte-Marie (Faïence et archéologie 1993), et une journée d'études sur les fours eut lieu à Apt. En
1992, Sèvres, revue (annuelle) de la Société des Amis du Musée national de Céramique (Sèvres
1992-), reprenait la suite des Cahiers de la Céramique et des Arts du Feu interrompus en 1977, et
l'Association Bourguignonne de Recherches Céramiques (ABRC, Dijon) faisait paraître le premier
Bulletin triannuel des Informations de l'ABRC ( Informations 1992-), qui recense l'essentiel des

29 Cette opération archéologique pionnière avait déjà fait l'objet d'un article de vulgarisation dans la revue
Archéologia en mai 1984.
30 Dans la première pièce de l'exposition Faïences de Dijon, organisée au Musée de la Vie Bourguignonne Perrin
de Puycousin à Dijon en 1987, un tas de sable garni de tessons et des vitrines emplies de biscuits et de
fragments de décors accueillaient le visiteur, indiquant par là que l'archéologie avait contribué pour une grande
part à la redécouverte de ces productions méconnues.
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manifestations, expositions et publications sur la faïence et la "terre vernissée" post-médiévales, et


dont le n° 39 vient de paraître31.
Les années 1991 à 1995 connurent une activité sans précédent. L'équipe du LAMM d'Aix-en-
Provence, à l'occasion de manifestations successives organisées à Aubagne et intitulées Argilla,
publia plusieurs volumes sur les céramiques provençales modernes (Amouric et al 1991, Abel et al.
1993, et Amouric et al 1995). En 1993, la même équipe publiait pour la première fois la découverte
fondamentale du premier atelier producteur de faïence stannifère sur le sol français à Marseille, au
début du XIIIe siècle, faisant remonter ainsi la date d'apparition de cette céramique de près d'un siècle
(Marchesi, et al. 1993 et Marchesi et al. 1997). Deux colloques furent consacrés à l'étude des
carreaux de revêtement moderne : Châteaux de faïence, à Marly-Louveciennes (Bentz et al. 1993) et
Les carreaux de faïence stannifère européens du XIXe siècle, (GRECB 1993). Après cinq années de
fouilles de la manufacture et de recherches dans les archives et les collections, paraissait la partie
"arts décoratifs" de ma thèse sur La faïence de Meillonnas (1760-1845) (Rosen 1993-2), dont
l'exposition au Musée de Brou à Bourg-en-Bresse mêlait pièces de collection prestigieuses et mobilier
archéologique, matériel d'enfournement et témoignages de la chaîne opératoire et des décors32.
Dans la foulée de ces avancées, l'année 1995 fut particulièrement riche en expositions et en
publications. Ex pots… céramiques médiévales et modernes en Franche-Comté (Goy et al. 1995),
dont l'évidence du titre attirait l'attention sur le fait que les céramiques modernes faisaient bien partie
des préoccupations archéologiques, fut servie par une scénographie particulièrement audacieuse —
et réussie. La table ronde de Montbéliard sur l'archéologie du poêle en céramique du Haut-Moyen Âge
à l'Époque moderne permit de faire le point d'une manière fort intéressante sur ces questions en
général peu abordées (Richard et al. 2000). Je publiai un essai de synthèse technique et historique
sur La faïence en France du XIVe au XIXe siècle, faisant volontairement l'impasse sur les productions
et l'approche "arts décoratifs" (Rosen 1995). Le projet, quelque peu aride, visait à fournir les
connaissances techniques et historiques indispensables préalables à toute approche visuelle des
objets, chaque chapitre pouvant être considéré comme un projet de recherche à part entière. La
même année, le 6e congrès de l'AIECM2 à Aix-en-Provence (Démians d'Archimbaud 1995) vit
l'éclosion d'un florilège d'expositions et de publications dont les titres reflètent bien le même soin de
considérer la céramique médiévale et les céramiques modernes dans une perspective commune et
sur le long terme : Terres de Durance, céramiques de l'antiquité aux temps modernes (Amouric et al.

31 Association Bourguignonne de Recherches Céramiques (ABRC), prés. N. Autissier, c/o Musée archéologique,
5, rue du Dr Maret, 21000, Dijon. Le bulletin, rédigé par mes soins, est envoyé aux adhérents (cotis. 20 €). On
pourra avoir une bibliographie très complète des publications depuis cette date en consultant les anciens
numéros.
32 Il est symptomatique que cette étude, conçue comme l'approche globale d'une manufacture de céramique
d'époque moderne, mêlant archéologie et étude d'arts décoratifs, n'ait pas pu être publiée telle quelle, et qu'il ait
fallu attendre plus de cinq ans avant que puissent paraître les compléments du versant "arts décoratifs" en deux
volumes différents, le premier consacré à l'étude globale de la manufacture (Rosen 2000-2), et le second sous la
forme d'un CD Rom expérimental de typologie (Rosen 2000-3). De même, alors que les productions les plus
prestigieuses de Meillonnas sont présentées au Musée de Brou, à Bourg-en-Bresse, les productions "moins
nobles" font l'objet d'une salle spéciale évoquant le travail archéologique et la chaîne opératoire au Musée du
Revermont, à Treffort-Cuisiat, à une dizaine de kilomètres.
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1995-1), Poteries d'Oc, céramiques languedociennes VIIe-XVIIe siècles (Leenhardt 1995), 1500 ans de
céramique en Vaucluse. Ateliers et productions de poteries du Ve siècle au début du XXe siècle (1500
ans 1996), Petits carrés d'histoire, pavements et revêtements muraux dans le midi méditerranéen du
Moyen Âge à l'époque moderne (Amouric et al. 1995-2), et Terres au quotidien, XIXe-XXe siècle
(Nougarède 1995).

Plus généralement, depuis une trentaine d'années, de nombreux travaux ont vu le jour, qu'il
serait trop long de mentionner ici ; de nombreux musées ont fait l'effort de publier leurs collections
(Informations 1992-), ce qui n'exclut pas quelques couacs retentissants et quelques pages
malheureuses ici ou là (inventaires GEDA des musées de Bourgogne auxerroise, ou Cadenne 1994,
entre autres). Ce sont souvent des études sérieuses, réalisées à l'occasion d'expositions,
documentées et bien illustrées. Il faut mentionner ici le remarquable travail de mise à jour des
connaissances sur les majoliques italiennes effectué à l'occasion de la publication de l'extraordinaire

collection Gillet du Musée des Arts décoratifs de Lyon (Fiocco et al. 2001). Plus récemment encore,

une exposition prestigieuse a été consacrée à La faïence européenne au XVIIe siècle, replaçant les
centres français dans un panorama plus large qui met en valeur les grands courants et les influences
diverses (Faÿ-Hallé et al. 2003). Le célèbre manuscrit de Pierre-Paul Caussy sur L'art de la faïence,
daté de 1747, et qui constitue probablement la source la plus importante de renseignements sur la
fabrication de la faïence et l'organisation d'une manufacture pour le XVIIIe siècle a été enfin publié,
mais de manière partielle, malheureusement (Le Stum et al. 2003). Enfin, toujours dans le domaine de
la faïence, qui est celui que je connais le mieux, je citerai seulement trois exemples qui me tiennent
particulièrement à cœur, car j'y ai pris une part active.
Le premier concerne la publication volume après volume des recherches archéologiques et
archivistiques entreprises sur les petites manufactures de faïence de la Bourgogne dite "auxerroise"
évoquées précédemment à propos du livre de Paul Huillard, à savoir Arthé (Pellet 1993), l'Auxerrois
(Pellet 1998), Ligny-le-Châtel (Pellet 2000), Montigny (Delor 2000) et Ancy-le-Franc (Biton 2001). Un
travail collectif et régulier sur le long terme, s'appuyant sur l'archéologie, a ainsi montré qu'il était
possible d'étudier à la fois séparément et collectivement de petites faïenceries de la fin du XVIIIe et du
début du XIXe siècle formant une nébuleuse régionale en apparence inextricable, comme on en trouve
dans de nombreuses régions françaises, dans le sud-ouest ou dans l'Argonne, par exemple (Rosen
1996).
Le second travail que je voulais évoquer concerne l'organisation d'un colloque, d'une
exposition et d'un ouvrage de référence sur les Pavements de faïence en France du XIIIe au XVIIe
siècle, qui s'est tenu à Bourg-en-Bresse en 2000 (Rosen et al. 2000). Ces manifestations intitulées
Images du pouvoir ont été l'occasion de rassembler les travaux épars d'archéologues, d'historiens et
d'historiens d'art, afin de proposer une lecture de l'histoire de la faïence stannifère en France sur le
long terme et une réévaluation des données admises depuis plusieurs décennies (Rosen 2000-4).
Enfin, les travaux du Projet Collectif de Recherches sur les faïenceries des régions Bourgogne
et Champagne-Ardenne (1994-1997) a donné lieu en 2001 à la publication de l'ouvrage Faïenceries
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françaises du Grand Est : inventaire Bourgogne - Champagne-Ardenne (XIVe-XIXe s.) (Rosen 2001-1),
qui recense les données connues sur 114 manufactures de ces deux régions. Une étude d'histoire
quantitative de ces connaissances, mises sous la forme d'une base de données numérisée et
spatialisées grâce un système d'information géographique (SIG), a permis de réaliser une synthèse
interrégionale très complète sur les conditions d'existence et l'évolution de l'activité céramique à
l'époque moderne sur le long terme (Habilitation à diriger des recherches soutenue à Dijon en 2003, à
paraître).

En ce qui concerne les autres céramiques modernes, les fouilles du Grand Louvre vers la fin
des années 1980 et la découverte de l'atelier de Bernard Palissy entraînèrent dans la dernière
décennie du XXe siècle un regain d'intérêt pour ces céramiques (Bonnet 1988), et celles de la
Renaissance en particulier. Les recherches permirent alors de rétablir une vérité plus complexe sur le
grand homme qui avait tellement frappé les érudits du XIXe siècle (Revue de l'art 1987, Bernard
Palissy 1990, Amico 1996, Perrin 2000). Le même courant s'attaqua au "sphynx de la curiosité" qui
avait tant intrigué les mêmes personnages, à savoir ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui la
"céramique de Saint-Porchaire" (Barbour et al. 1996, Crépin-Leblond 1997).

Les céramiques à glaçure plombifère de l'époque moderne, dites "terres vernissées", ont
également profité de ces avancées, et leur étude a donné lieu à de nombreux travaux et à des
publications de nature très diverse, qui comprennent aussi bien des ouvrages classiques et très
généralistes englobant les productions contemporaines (Pannequin et al. 1999, Lahaussois et al. s. d.,
Pannequin 2002), des recherches archéologiques ou ethnologiques régionales (Thiriot 1985, Hanusse
1988, Klein 1989, Ravoire 1997, Brut 1998, Roy et al. 1999, La Grésale, Hugoniot 2002, Les
céramiques du Pré-d'Auge 2004), des catalogues de collections de musée (Blazy et al. 1986,
Nougarède 1995) et des monographies (Vayssettes 1998, Garmier 1998, Ratz 2002, Decker et al.
2003) (voir la sélection bibliographique).

Dans le domaine des grès, après l'importante communication sur l'apparition du grès en
Europe occidentale lors du 1er Congrès de la Société d'Archéologie Médiévale tenu à Paris en 1985
(Dufournier et al. 1987), la même période vit la publication des travaux très complets de Marcel Poulet
sur la Puisaye (Poulet 1981, 1998, 2002, 2004). De même, mais plus récemment, Anne-Marie
Flambard-Héricher publia ses recherches sur les grès précoces de Normandie, et plus généralement
sur les céramiques du Bessin sur le long terme (Flambard-Héricher 2002). Enfin, le Groupe de
Recherches sur la Céramique du Beauvaisis, qui constitue un bon exemple de régionalisme intelligent
et bien compris, publie régulièrement dans son Bulletin des articles sur les grès (entre autres) de cette
importante région, du Xve au XXe siècle (GRECB).

Les études sur la porcelaine, tendre et dure, ne furent pas en reste, même si, pour l'essentiel,
il s'agit de monographies du type "arts décoratifs" consacrées à l'histoire des principales manufactures
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et de leurs productions collectionnées, parmi lesquelles Saint-Cloud, Chantilly, Mennecy, Vincennes,


Sèvres, Niderviller et Limoges, la Basse-Normandie, Saint-Gaudens et le Berry (voir bibliographie).
Deux publications récentes, de nature différente, sont ici à signaler : l'étude très complète d'Antoine
d'Albis consacrée récemment aux techniques utilisées à la manufacture de Sèvres (Albis 2003), et les
actes du colloque Faïence fine et porcelaine tenu à Martres-Tolosane en 2001 (Minovez 2003).

Parents pauvres des céramiques modernes, coincées entre la fin de l'Ancien Régime et la
civilisation industrielle, les terres de pipe et autres terres blanches bien mal qualifiées de "faïences
fines" n'ont pas bénéficié de travaux aussi nombreux ni aussi approfondis que les autres céramiques.
Depuis l'exposition de 1969 La faïence fine des origines à 1820 au Musée national de Céramique de
Sèvres (CCVAF 1969), deux ouvrages très généralistes ont repris les données connues sans guère
rentrer dans les détails (Kybalova 1991, Guillemé-Brulon s. d.). Les autres publications sont
essentiellement l'œuvre d'individualités dévoués à ce matériau qui travaillent le plus souvent seuls et
recensent des collections, comme Maddy Ariès (Ariès 1979, 1994, 1995) ou Jacques Bontillot,
courageux promoteur de Creil & Montereau et animateur bénévole des Amis de la faïence fine
(Bontillot 1992-, 1998). Les manufactures les plus étudiées sont les grands centres, comme ceux de
Sarreguemines (Decker et al. 1992, Hiegel 1993, Sarreguemines 1997), de Creil & Montereau, de
Longwy (1798-1998 1998, Noël et al. 1998) ou de Bordeaux (Pasquier 1986 et 2002), mais on s'est
aussi intéressé à des manufactures régionales moins connues comme entre autres, Rubelles (Ravel
d'Esclapon 1988) ou Clairefontaine (Héry 1997). Enfin, les pipes, malgré l'intérêt d'un sujet très lié aux
modes de vie, l'importance économique et la taille respectable des manufactures qui en ont fabriqué,
n'ont guère intéressé la recherche en France (Léo 1971, Deloffre 1991).

La céramique architecturale, qui appartient pour l'essentiel à l'histoire de la fin du XIXe


siècle — donc à la période contemporaine — et constitue un domaine propre de recherche en termes
de patrimoine et d'archéologie industrielle, dépasse le cadre de ce recensement. Néanmoins, et parmi
de nombreux autres travaux, on notera particulièrement les efforts vains d'Anne Maillard pour créer un
musée de ces céramiques dans l'Oise (Maillard 1995), et l'on se réjouira des travaux de l'Écomusée
de la communauté du Creusot-Montceau (Bonnot 1997, Dunias 2004).

II - METHODES
Il semble qu'en céramologie, comme dans d'autres domaines, les méthodes suivent des
modes qui changent en fonction des époques. Néanmoins, les problèmes de méthode récurrents,
outre ceux directement liés à l'archéologie déjà évoqués précédemment par Frans Verhaeghe,
concernent essentiellement, dans l'ordre de leur utilité, les questions de terminologie, de typologie et
d'analyses de laboratoire.
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- questions de normalisation et de terminologie


En 1872, Antoine Cournot, dans ses Considérations sur la marche des idées et des
événements dans les temps modernes, disait qu'"une science existe à l'état de science si elle existe
d'abord à l'état de langue bien faite" (Chapelot et al. 1987, 6). Révélateur des progrès accomplis par la
discipline dans les années 1970-1980, le souci de doter la communauté des céramologues d'outils
descriptifs normalisés a d'abord donné lieu à quelques publications quasi simultanées. Tout d'abord,
la normalisation des systèmes descriptifs date des années 1980 : Normalisation du dessin en
céramologie (Normalisation 1979), Pour la normalisation de la description des poteries (Balfet 1983),
Principes d'analyse scientifique. Objets Civils Domestiques. Vocabulaire ( Arminjon 1984).
D'autre part, les tentatives de mise au point d'une terminologie céramique adéquate, tâche qui
constitue une véritable gageure, ont pris plus de temps. Vers 1985, il existait au moins cinq projets de
ce type. Quatre d'entre eux ont fini par voir le jour quasi simultanément, au tournant du XXe siècle :
Éléments de vocabulaire céramique, recueil de définitions (Bontillot 1998), La céramique. Dictionnaire
encyclopédique de J.-P. van Lith (van Lith 2000), La céramique. Vocabulaire, technique. Principes
d'analyse scientifique (Blondel 2001), et Le savoir des faïenciers aux XVIIIe et XIXe siècles (la
présence de l'écrit dans la transmission du savoir-faire des hommes de métier) (Peiffer 2002). Le plus
difficile, dans ce cas, n'est pas que la terminologie existe, mais qu'elle soit acceptée, ce qui pose
toujours des problèmes, car chaque auteur a tendance à voir midi à sa porte : le commerce des
antiquités a des habitudes prises au XIXe siècle, et ce qui vaut pour l'homme de métier ne convient
pas forcément à l'archéologue.

- questions de typologie
Les classements typologiques nécessairement opérés dans les corpus des céramiques
modernes peuvent varier dans des proportions assez différentes selon les types céramiques, les
époques considérées et les principales préoccupations des personnes qui abordent ce problème.
Les collectionneurs aiment les classements thématiques, opérés en fonction des sujets, des
objets, des manufactures ou des périodes, comme les oiseaux, les "chinois" (Saint Dié 1982), les coqs
(Saint Dié 1986), les encriers, les terres de Ligron, ou les faïences révolutionnaires, qui ont vu se
multiplier les publications pour le Bicentenaire de 1989. On voit qu'il s'agit plus là d'une mise en ordre
que d'un outil de compréhension. Un nombre non négligeable de catalogues et de livres très illustrés
est réalisé à l'intention de ce public. Ces publications sont bien diffusées et assez rentables, les divers
motifs décoratifs y sont présentés successivement, et le texte a peu de place et finalement peu
d'importance. Elles sont essentiellement conçues pour que l'amateur retrouve facilement l'image de
l'objet qui l'intéresse, ce qui est la meilleure façon pour ne rien comprendre à la production dans son
ensemble. On sait que de nombreux types de décors sont réalisés simultanément, pour offrir plus de
diversité ; chaque type de décor évolue en fait en parallèle avec tous les autres, et seule une
organisation chrono-typologique de l'iconographie permet de suivre l'évolution de la production dans
son ensemble. Il existe aussi heureusement des publications bien plus intéressantes et parfois un peu
plus arides qui n’abordent pas forcément le même genre d’objet de la même façon.
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L'approche "Arts et Traditions Populaires", très largement initiée et influencée par les
ethnologues dès avant les années 1960, opte pour des classements typologiques fonctionnels :
récipients pour le service et la consommation des boissons, objets destinés à l’éclairage, objets pour
l'écriture, etc…33 Cette manière d’envisager les choses peut s'avérer intéressante dans un certain
nombre de cas où l'on considère la céramique avec un œil tourné vers la sociologie et l'étude des
modes de vie d'une époque révolue, comme il arrive parfois pour les "terres vernissées" et les grès
d'époque moderne. Comme il est pratique, répandu, et surtout ne demande pas beaucoup de travail ni
de réflexion, on utilise souvent également ce type de classement pour un certain nombre de domaines
où il est inopérant, comme dans le cas des faïences décorées. Les archéologues qui travaillent sur la
céramique moderne issue des fouilles urbaines en sont friands, mais n'en tirent en général que peu de
conclusions.
Les classements typologiques utilisés pour les céramiques modernes reposent aussi
parfois — mais beaucoup plus rarement — sur la technique et l'aspect des céramiques (ex. : "pâte
blanche, glaçure verte, mode de cuisson (atmosphère oxydante et/ou réductrice), approche qui permet
de repérer des approvisionnements, des ateliers, des technologies, des spécificités signifiantes et
éventuellement des groupes sociaux. Héritage de pratiques courantes des céramologues de l'antiquité
classique, ce type d'approche est aussi fréquemment utilisé par les céramologues médiévistes. S'il est
pertinent pour les céramiques glaçurées ou les grès, il n'est pas d'une grande utilité pour les autres
céramiques.
Dans la droite ligne des études traditionnelles des céramiques antiques, le classement
typologique morphologique est sans doute le plus neutre, mais, comme l'approche thématique, il
constitue avant tout une mise en ordre qui devrait n'être qu'un préalable à d'autres considérations, ce
qu'il est rarement. Un certain nombre d'auteurs, suivant les préconisations de normalisation évoquées
précédemment (Balfet 1983), ont clairement opté pour ce classement établi en fonction de critères
strictement morphologiques simples et gradués — formes ouvertes ou fermées —, en adoptant la
méthode des "degrés de fait" exposée par Leroi-Gourhan (Leroi-Gourhan 1943, Pellet 1993).
À titre d'exemple, on peut citer, parmi d'autres, trois tentatives assez récentes de classements
typologiques plus complexes mais surtout plus ouverts, qui ne constituent plus seulement la mise en
ordre obligatoire d'un monceau de tessons, mais visent à élaborer un véritable outil de recherche
dynamique, à partir d'un corpus donné.
Il y a déjà une dizaine d'années, dans l'ouvrage Pots et potiers en Rhône-Alpes, époque
médiévale, époque moderne (Faure-Boucharlat et al. 1996) dont le titre reflète la prise en
considération du long terme nécessaire à une bonne compréhension des phénomènes, Tommy Vicard
présentait un "répertoire illustré des céramiques domestiques en Lyonnais (XIIe-XVIIIe siècle)"
comprenant trois volets, un fonctionnel, un morphologique et un technique, suivis de trois synthèses,
fonctionnelle, technologique et chronologique.

33 Ces diverses fonctions (vingt rubriques au total) sont énoncées entre autres dans (Arminjon 1984).
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À la suite du travail archéologique et de l'approche intégrée de la manufacture de Meillonnas,


de 1989 à 1993, j'ai élaboré, avec l'aide de Daniel Copret (INRAP), un catalogue typologique de toutes
les céramiques produites par cet atelier, de 1760 à 1870, qu'il s'agisse de luxueuses faïences de
réverbère issues des collections, de faïences archéologiques et de leurs décors, ou de céramiques
plus communes (grand feu, faïence culinaire brune, terres blanches, grès, terre réfractaire et "terres
vernissées"). Le catalogue comprend un corpus de 453 formes (tailles non comprises) présentées
selon une logique morphologique allant du carreau plat et des formes ouvertes jusqu'aux formes les
plus fermées et les plus complexes, ainsi que 118 décors attestés par l'archéologie. Il est présenté
sous la forme d'un CD Rom illustré de dessins et de photos, finalement publié en l'an 2000 (Rosen
2000-1), qui permet d'obtenir, à volonté, tous les types de classement désirés (fonctionnel,
morphologique, archéologique, chronologique, technique, dimensionnel, etc…) et offre en sus la
possibilité de tris croisés sélectifs et l'observation des rapports entre formes et décors. Par exemple,
on peut ainsi, en quelques secondes, isoler un sous-ensemble de tous les récipients en grès à paroi
verticale utilisés pour le service des boissons et produits entre 1820 et 1850 issus de la zone M. 89. 2
du carroyage de fouilles, observer simultanément le même objet réalisé dans trois techniques
différentes, ou voir que le décor "au chinois" n'a guère été utilisé que sur cinq formes spécifiques.
Le travail de Philippe Husi consacré à La céramique médiévale et moderne du Centre Ouest
de la France (XIe-XVIIe siècle) (Husi 2003) publie des planches de chrono-typologies classiques, mais
comporte un CD Rom qui comprend également un répertoire des formes et un tessonnier de référence
avec tous les groupes techniques, ce qui permet d'associer et de croiser les données pour optimiser la
recherche.

- les analyses de laboratoire


Diverses analyses élémentaires ponctuelles avaient déjà été réalisées au laboratoire de la
Manufacture de Sèvres au XIXe siècle, notamment par Salvetat. Mais les analyses de céramiques
modernes en laboratoire, et surtout celles portant sur la faïence, n'ont guère commencé que vers la fin
des années 1980, dans la suite logique des analyses réalisées sur les productions médiévales
mentionnées par Frans Verhaeghe plus haut dans les divers laboratoires cités au début de cette
communication, lors de l'évocation des progrès accomplis par la recherche dans les années 1980.
Pour la faïence, il s'est essentiellement agi à cette époque d'analyses élémentaires en fluorescence X,
effectuées dans les laboratoires de céramologie du CNRS de Caen, sous la direction de Daniel
Dufournier, et de Lyon, avec Maurice Picon. Destinées in fine à permettre des déterminations
d'origine, elles ont porté sur les productions précoces de carreaux de l'Artois (Derœux et al. 1986), sur
le mobilier des fouilles de Meillonnas, de Nevers et de quelques manufactures du Grand Est, ainsi que
sur quelques productions de Moustiers et de Montpellier (Picon 1993-1 et 2, Rosen 1993-2, Rosen
1997-1 et 2, Rosen 2001-2, Rosen 2002-2). Grâce à l'établissement de groupes de référence
cohérents correspondant aux productions des manufactures étudiées, il est ainsi possible aujourd'hui
de faire des attributions d'origine fiables, avec un risque d'erreur négligeable. Enfin, la datation par
thermoluminescence, souvent fort utile pour les périodes anciennes, ne s'applique malheureusement
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que très difficilement pour les périodes postérieures au Moyen Âge, et nécessite une intervention
précoce des archéomètres qui n'est que peu souvent rendue possible.

III - BILAN
À la lecture de tous ces résultats, on peut se rendre compte de l'étendue considérable des
progrès accomplis depuis une trentaine d'années. L'un des points essentiels a sûrement été la prise
en compte de l'Époque et du mobilier céramique modernes par les archéologues, et le changement de
regard porté sur les céramiques modernes grâce à l'archéologie pratiquée depuis quelques
décennies. Il apparaît aujourd'hui — depuis assez peu de temps, mais de plus en plus clairement —
que, dans ce domaine, l'archéologie offre un moyen radical de dépasser le stade des études
stylistiques comparatives traditionnelles effectuées à partir d'objets exceptionnels. Elle permet de ne
pas opérer dans les productions un choix délibérément sélectif, dû pour une grande part aux hasards
de la conservation des objets, et forcément soumis à la subjectivité et à l'histoire du goût. Elle
constitue désormais un moyen d'investigation irremplaçable, situé à mi-chemin de l'étude traditionnelle
des céramiques modernes en tant qu'art décoratif conservées dans les collections, d'une part, et la
triviale considération de la céramique comme repère utile aux investigations plus nobles de
l'archéologue.
L'archéologie permet de constater que les pièces habituellement considérées en art décoratif
comme les seuls éléments dignes d'étude sont en fait exceptionnelles, et cette relativisation salutaire,
en forme de remise en ordre, a pour résultat essentiel de transformer la nature de la recherche : elle
permet de considérer la céramique non plus sous la forme d'objets exceptionnels isolés de leur
contexte de production, mais bien plutôt comme un matériau possédant ses contraintes techniques
propres, ayant servi à réaliser des artefacts très divers — des plus prestigieux aux plus modestes — à
des époques tout aussi diverses, produits de manière plus ou moins homogène et régulière dans une
structure de type industriel, et obéissant aux lois d'une socio-économie bien particulière. Il est ensuite
possible, à partir de ces observations, de recomposer une image plus juste des productions, qui
redonne aux pièces que l'on étudie leur véritable dimension.
Il n'y a encore pas si longtemps, lors de fouilles consacrées à la période antique ou
médiévale, les couches modernes étaient systématiquement négligées et évacuées sans autre forme
de procès. Si la pratique n'a pas complètement disparu, la prise en compte des époques plus récentes
rentre petit à petit dans les mœurs. Les fouilles de sites de production (de faïence) et de
consommation (de toutes les céramiques modernes) se sont considérablement développées, même si
l'on peut regretter qu'elles ne concernent que les sites menacés, dans le cadre de l'archéologie
préventive, et qu'elles ne soient pas davantage orientées vers les endroits stratégiques bien définis à
l'avance, dans le cadre d'opérations programmées. Les importants travaux et les découvertes du
LAMM d’Aix en Provence sur les sites de consommation et sur les échanges commerciaux —
notamment les échanges méditerranéens sur le long terme —, constituent une avancée déterminante
pour la compréhension de ces phénomènes complexes, mais fondamentaux sur le plan historique
(Amouric et al. 1999). Pour les céramiques modernes, il apparaît de manière manifeste, comme le
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soulignait Frans Verhaeghe plus haut, que l'apport de archéologie se trouve en outre
considérablement renforcé par la richesse de la documentation, des archives et des objets qui
subsistent, et vice versa (Verhaeghe 1998).
D'autre part, on observe également des progrès considérables en ce qui concerne les
publications, tant en nombre qu'en qualité, même si les progrès sont différents selon que l’on traite
de la faïence, des "terres vernissées", des grès, de la porcelaine ou des terres blanches.
Globalement, une grande partie de la faïence et la quasi-totalité de la porcelaine restent largement
étudiées dans le cadre des arts décoratifs, sous la forme de monographies. On note aussi un début
d’intérêt assez certain de la part des historiens de l’industrie du XIXe siècle pour les productions de
cette époque, et notamment les "terres blanches" produites dans les grandes usines.
Grâce aux travaux récents qui replacent l'histoire de la faïence dans le long terme, depuis le
XIII jusqu'au XIXe siècle, on s’est rendu compte qu’il n’y a pas de véritable rupture entre la céramique
e

glaçurée médiévale et la faïence "moderne" : contrairement à ce que l'on disait auparavant, cette
dernière n’arrive pas d’un seul coup à la Renaissance comme un deus ex machina. Il n’y a plus de
césure entre le Moyen Âge et l’Époque moderne, mais une rencontre intéressante entre deux
technologies issues de cultures différentes, avec un cheminement dialectique et une acculturation
progressive (Rosen et al. 2000).
Quelques manufactures ont fait l'objet de tentatives d’approches différentes et plus
approfondies, apportant ce que Tommy Vicard appelait des "visions de l’objet différentes mais
complémentaires". Dans les deux volumes consacrés aux Faïences et porcelaines de Strasbourg qui
constituent la publication de sa thèse de 1986, Jacques Bastian évoque l'histoire et les productions de
cette célèbre manufacture en mettant l'accent sur les sources gravées et les modèles
iconographiques, les techniques de réalisation, d'interprétation et l'évolution des décors (Bastian
2002). Pour ma part, je me suis attaché à mettre en évidence les modes d’évolution et le
fonctionnement des décors dans une manufacture — à savoir celle de Meillonnas, dans l'Ain (Rosen
1993) —, en étudiant la manière dont les motifs sont importés et transformés sur place dans le but de
créer un style propre, et comment ce style "personnalisé" évolue en fonction de la situation socio-
économique de la manufacture lors de la transition entre les productions bourgeoises du XVIIIe siècle
et les productions « populaires » ou « rustiques » du XIXe siècle, sans qu’il y ait véritablement là aussi
de rupture.
Depuis quelques années, de nouveaux types d’analyses de laboratoire se développent
également, dans le cadre de l'archéométrie, discipline qui "applique des méthodes scientifiques
interdisciplinaires à l'étude de tous les aspects matériels d'une œuvre" (Techné 20). On peut ainsi
avoir recours au microscope électronique à balayage (MEB) couplé à une microsonde permettant des
analyses en fluorescence X en dispersion d'énergie, ou à d'autres méthodes non destructives comme
le spectromètre Raman, très utile pour analyser les glaçures et les oxydes métalliques. Le laboratoire
du Centre de Recherches et de Restauration des Musées de France (C2RMF) utilise couramment la
technique PIXE (Particle Induced-X-ray Emission). Les progrès dans ce domaine sont rapides et
spectaculaires ( Archéologia 395). Pour étudier les céramiques — modernes, entre autres —, l'on
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dispose ainsi aujourd'hui d'un large éventail d’outils très performants, bien adaptés à différents types
d'approches, et qui permettent, si on en utilise plusieurs, d’arriver à des visions très précises des
objets et d'obtenir des réponses pertinentes — à condition toutefois que les problématiques
archéologiques soient convenablement réfléchies, clairement exposées à l'archéomètre, et fassent
l'objet de véritables programmes de recherche et non de simples prestations de service dont les
résultats chiffrés bruts mis en annexe des publications suffisent à justifier les sommes considérables
engagées.
Mais ce bilan comporte aussi des aspects négatifs. La céramique en général — et a fortiori
les céramiques modernes — constitue un domaine complètement absent des études universitaires,
tout comme l'archéologie moderne, d'où une pénurie de travaux supervisés. L'histoire de la céramique
en tant qu'art décoratif a disparu des programmes de l’Ecole du Louvre, qui restait le seul lieu où l'on
pouvait l'étudier. En dehors des rares musées spécialisés et de quelques musées régionalistes qui
s'intéressent au patrimoine local, les collections dorment souvent dans les réserves des musées, et
nombre d'entre elles n'ont jamais été étudiées, faute de spécialistes, peut-être, et sans doute parce

que les conservateurs ne sont en général pas formés à cette discipline délicate34.
Dans le domaine de la faïence, on peut regretter que les grands ouvrages classiques et autres
"beaux livres" illustrés sur le sujet commencent à la Renaissance pour s'arrêter à la fin du XVIIIe
siècle, et ne fassent que reprendre en général les données du Répertoire de 1935 et, bien souvent,
les mêmes objets (Giacomotti 1963, Fourest et al. 1966, Fay-Hallé et al. 1996). Le XIXe siècle n'a fait
l'objet que d'une publication très sommaire, il y a déjà plus de trente ans (Ernould-Gandouet 1969). Le
tristement célèbre "Tardy" (Lesur et al. 1969), véritable mine d'approximations et d'erreurs en tout
genre, continue de trôner sur de nombreuses étagères. Malgré la multiplication récente de
publications de qualité signalées plus haut, il subsiste quelques lacunes importantes : s'il existe un
certain nombre d'ouvrages récents sur plusieurs grands centres célèbres — sinon bien connus —,
comme Marseille (Desnuelle 1984, Faïence de Marseille 1986, Veuve Perrin 1990, Maternati-Baldouy
1997), Moustiers (Collard-Moniotte 1988, Julien 1991), Paris (Guillebon 1995), Lyon (Deloche et al.
1994), Strasbourg (Bastian 2002), les faïences du Nord, et bien d'autres encore (voir Informations
1992-), il n’y a pas de vrai livre moderne complet sur Rouen, ni sur Nevers ou Montpellier, les trois
plus grands centres faïenciers français des XVIIe-XVIIIe siècles 35. Parmi les chantiers à mettre en
œuvre, on peut signaler que les publications sur La Rochelle sont à revoir totalement, que l'on connaît
encore fort mal les nombreuses manufactures du Sud-Ouest en dehors des Landes et du Bassin de
l'Adour, et que, malgré de nombreuses publications, il reste un certain nombre d'inconnues sur les
faïences de l'Argonne et de la Lorraine, entre autres.

34 Et qui pourrait le leur reprocher, quand on connaît toutes les tâches auxquelles ils sont par ailleurs
confrontés ?
35 Il est probable que ces lacunes soient comblées à plus ou moins long terme : en effet, le LAMM d'Aix-en-
Provence prépare actuellement une publication sur Montpellier à la suite des fouilles récentes, et j'ai moi-même
en projet à moyen terme une publication extensive sur la faïence de Nevers de 1585 à 1900. Quant à Rouen, la
masse de mobilier archéologique consécutive aux fouilles de Saint-Sever (Saint-Sever 1996) et l'importance des
collections n'attend qu'un auteur qui veuille bien se charger de cette tâche considérable.
110 / 129

Malgré de très bonnes études régionales signalées plus haut, une synthèse nationale sur les
grès français comparable à l'étude sur les grès allemands de David Gaimster (Gaimster 1997) fait
cruellement défaut. En matière de synthèse sur la porcelaine, il n'existe pas grand chose depuis les
grands ouvrages classiques du début (Chavagnac et al. 1906) et du milieu du XXe siècle
(Porcelainiers 1964, Lesur et al. 1967).

IV - LES PERSPECTIVES :
S'il a été démontré que la faïence ne commence pas à la Renaissance, mais bien au Moyen
Âge, et qu'il n'existe pas de rupture à proprement parler entre ces deux époques, un certain nombre
de sites restent à découvrir pour les XIVe et XVe siècles, mais aussi pour les périodes plus récentes.
Pour ce faire, il est nécessaire de continuer à faire des repérages et à élaborer des cartes de sites,
avec des études régionales larges préalables, et d'établir une sorte de carte archéologique afin de
pouvoir effectuer des fouilles ciblées en fonction de problématiques bien précises et non plus au
hasard des fouilles de sauvetage urgentes.
D'autre part, il est urgent de prendre en compte d'une manière plus globale la quantité
considérable de mobilier issu des fouilles urbaines récentes de sites de consommation, afin
d'approfondir l'étude des phénomènes de diffusion et de consommation, encore fort mal connus36.
Il faut développer le travail interdisciplinaire et les collaborations, non plus seulement avec les
historiens, mais également avec les géologues et les archéomètres. Les nouvelles possibilités de
datation des céramiques modernes qu'offre l'archéomagnétisme pourraient ainsi se développer
considérablement dans les prochaines années. Il est enfin nécessaire de monter des projets collectifs
pour s'attaquer à des synthèses larges sur des types moins avancés, selon le constat fait au
paragraphe précédent.
Il apparaît ensuite important de vulgariser et de diffuser les nouvelles connaissances, non pas
seulement en direction du grand public, mais également en direction des responsables de
l’archéologie et des responsables politiques. Il faut faire connaître les résultats des recherches et les
possibilités intéressantes qu'offrent ces domaines en terme d'études de la culture matérielle par
l'éclairage original qu'ils apportent dans la connaissance de notre histoire et de notre passé proche,
notamment, mais pas uniquement, en relation avec toute l’action sur le patrimoine.

CONCLUSION
Les progrès constatés dans l'étude des céramiques modernes sont dus en grande partie au
fait que l'on a cessé de considérer les objets pour eux-mêmes, et que l'on s’est davantage intéressé à
la céramique en général pour ce qu'elle pouvait apporter au-delà des rôles qui lui étaient

36 Un tel projet est en cours en ce qui concerne la ville de Lyon, mais l'étude fine des mobiliers céramiques,
quand elle est faite, ne donne en général guère lieu aux approfondissements historiques et sociologiques qui
pourraient en découler (Verhaeghe 1998). On peut à ce sujet déplorer que le travail réalisé par Jacqueline Bonnet
lors des fouilles du Grand Louvre n'ait pas été publié (Bonnet 1988).
111 / 129

habituellement dévolus — élément esthétique d'importance moindre (le bel objet pour l'historien des
"arts mineurs") ou simple "fossile directeur" (l'outil de datation pratique pour l'archéologue).
Les travaux récents de ces trente dernières années ont ainsi permis peu à peu à l’étude des
céramiques modernes de ne plus œuvrer seulement dans l'approche "Arts décoratifs/objets de
musée" ou le régionalisme, pour se tourner vers des approches plus intégrées qui prennent en compte
aussi bien la connaissance des ressources géologiques et les structures de production que l’ensemble
des productions sur le moyen, voire le long terme, ainsi que le rôle des influences, des échanges
culturels, des usages et de la diffusion, et plus généralement tous les nombreux paramètres qui
rentrent en ligne de compte dans l'approche de la culture matérielle (Verhaeghe 1998). Cette
réévaluation qui reste encore largement à poursuivre permet d’envisager une contribution intéressante
de la céramologie, non plus seulement à la connaissance du patrimoine comme auparavant, mais
également à l’étude de l’évolution des civilisations, notamment pour les périodes charnières comme
celle du Moyen Âge à l’Époque moderne ou celle de l’Ancien Régime à la Société industrielle.
Contrairement à celles des périodes plus anciennes, les céramiques de l’époque moderne se
caractérisent aussi par l’abondance de la documentation et des possibilités de connaissance qu'elles
offrent. Devant cette prolixité, il est fondamental que se développe une réflexion approfondie sur ce
que l’on peut et veut faire dire à cette masse de documentation (Verhaeghe 1998). S'il peut alors
apparaître que les céramologues de la période moderne ont des préoccupations de luxe par rapport à
ceux des époques anciennes, du moins offrent-ils la possibilité de proposer des schémas de
fonctionnement et d’évolution, sinon des modèles à suivre à la lettre.

ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE
(par ordre alphabétique, forcément lacunaire, pour constituer une base à compléter). Pour des raisons
faciles à comprendre, on ne sera pas surpris de trouver ci-dessous des titres déjà évoqués dans la
bibliographie de Frans Verhaeghe supra.

Général, archéologie et faïence :


(1500 ans 1996) : 1500 ans de céramique en Vaucluse. Ateliers et productions de poteries du Ve
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(Abel et al. 1993) : Abel V., Amouric H. et al., Un goût d'Italie, Aubagne, 1993, cat. exp. «Argilla 93».
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(Picon 1993-1) : Picon M., «Le laboratoire d'analyse: méthodes d'analyse et de traitement des
données» in Actes du Colloque «Faïence et archéologie», Moustiers-Sainte-Marie, 1er et 2 nov 1991,
n° spécial du Bulletin de l'Académie de Moustiers, Moustiers 1993.
(Picon 1993-2) : Picon M., «Analyse des faïences en laboratoire : objectifs et difficultés» in Actes du
Colloque «Les carreaux de faïence stannifère européens du XIXe siècle», Bulletin du GRECB n° 15,
1993.
(Pillet 1982) : Pillet M., Potiers et poteries populaires en France, Paris, Dessain & Tolra, 1982.
(Plinval 1995) : Plinval de Guillebon R. de, Faïence et porcelaine de Paris, XVIIIe-XIXe s., Dijon, Faton,
1995.
(Poncetton 1928) : Poncetton F. & salles G., Les poteries françaises, Paris, 1928.
(Pottier 1986) : Pottier (André), Histoire de la faïence de Rouen, Caen, 1986 (rééd. du livre de 1869).
(Poulet 2002) : Poulet M., Poteries et potiers de Puisaye et du Val-de-Loire XVIe-Xxe s., 2002.
(Raistrick 1972) : Raistrick A., Industrial archaeology : an historical survey, Londres, 1972.
(Répertoire 1935) : Chompret Dr J., Bloch J., Guérin J., Alfassa P. (dir.), Répertoire de la faïence
française, Paris, éd. Lapina, 1935.
(Revue de l'art 1987) : Revue de l'art n° 78, éd. du CNRS, 1987 (plusieurs articles consacrés aux
fouilles du Louvre et à Bernard Palissy).
(Richard et al. 2000) : Richard A. et Schwien J.-J., Archéologie du poêle en céramique, du Haut
Moyen Âge à l'Époque moderne, technologie, décors, aspects culturels, actes de la table ronde de
Montbéliard, Musée des ducs de Wurtemberg (1995), Revue archéologique de l'Est, XVe supplément,
Dijon, 2000.
(Rosen 1990-1) : Rosen J., « Faïences de Nevers du XVIIe s., résultats des fouilles archéologiques »,
actes du 3e colloque national de céramologie, (Paris, 9 XII 1989), Paris, éd. Varia, 1990, p. 26-31.
(Rosen 1990-2) : Rosen J., « Notes sur le rouge de grand feu dans la faïence de Nevers au XVIIIe s. »,
actes du 3e colloque national de céramologie, (Paris, 9 XII 1989) (communication faite à Rouen, lors
du 1er colloque national de céramologie, le 15 X 1988), Paris, éd. Varia, 1990, p. 41-44.
(Rosen 1990-3) : Rosen J., « La faïence de Nevers au début du XVIIIe s., résultats des fouilles
archéologiques », actes du 4e colloque national de céramologie, (Auxerre, 16 VI 1990), Paris,
éd. Varia, 1990, p. 4-8.
(Rosen 1991) : Rosen J., « Imitations et faux en faïence, quelques exemples », actes du 5e Colloque
national de Céramologie, (Paris, 1 XII 1990), Paris, éd. Varia, 1991
(Rosen 1993-1) : Rosen J., « Le laboratoire d'analyses : l'exemple de Meillonnas », actes du colloque
Faïence et archéologie, (Moustiers-Sainte-Marie, novembre 1991), n° spécial du Bulletin de
l'Académie de Moustiers, août 1993, p. 79-85.
(Rosen 1993-2) : Rosen J., La faïence de Meillonnas, 1760-1845, cat. expo. Bourg-en-Bresse, Musée
de Brou, 23 avr.-5 sept. 1993 / Sèvres, Musée national de Céramique, 28 sept.-3 janv. 1994, Paris,
Adam Biro/Bourg-en-Bresse, Musée de Brou, 1993 (2e édition en 1994).
(Rosen 1996) : Rosen J., « L’archéologie de la faïence : l’expérience bourguignonne », Archéologie
nouvelle, n° 21, 1996, p. 35-42.
118 / 129

(Rosen 1997-1) : Rosen J., « Analyses de faïences en laboratoire (fluorescence X) : méthodologie,


premiers résultats et limites », Salon international de la céramique de collection et des arts du feu, 17-
21 sept 1997, catalogue bilingue, Paris, 1997, p. 40-52.
(Rosen 1997-2) : Rosen J., « X ray fluorescence Analyses of French modern Faïences (XVI-XIX AD) :
first results », 5th Conference of the European Society of Ceramics, (ECERS) Versailles, 1997,
Suisse, Trans Tech Publications, 1997, p. 1483-1486.
(Rosen 2000-1) : Rosen J., La manufacture de Meillonnas (Ain), 1760-1870 : catalogue typologique
des céramiques, CD ROM, Documents d'archéologie en Rhône-Alpes (DARA) n° 19, 2000.
(Rosen 2000-2) : Rosen J., La manufacture de Meillonnas (Ain), 1760-1870 : étude d'une fabrique de
céramique régionale, coll. « Temps modernes », vol. 2, Montagnac, éd. archéologiques Monique
Mergoil, 2000.
(Rosen 2000-3) : Rosen J., La faïence française du XIIIe au XVIIe siècle, « Dossier de l'art » n° 70,
Dijon, éd. Faton, 2000.
(Rosen 2001-1) : Rosen J. (dir.), Faïenceries françaises du Grand Est : inventaire Bourgogne -
Champagne-Ardenne (XIVe-XIXe s.) , Paris, éd. du CTHS, 2001
(Rosen 2001-2) : Rosen J.,« Détermination d'origine des pâtes à faïence par analyse en fluorescence
X : quelques exemples de prélèvements sur des pièces de collection », (avec T. Deiller), CoRe,
conservation et restauration du patrimoine culturel, n° 11, déc. 2001, p. 38-42.
(Rosen et al. 2000) : Rosen J. & Crépin-Leblond T., (dir.), Images du pouvoir. Pavements de faïence
en France du XIIIe au XVIIe siècle, Bourg-en-Bresse, Musée de Brou & Paris, Réunion des Musées
Nationaux, 2000.
(Saint Dié 1982) : Le décor "au chinois" dans les manufactures de céramiques de l'Est (1765-1830),
cat. expo., Société des amis de la Bibliothèque et du Musée de Saint-Dié des Vosges, 1982
(Saint Dié 1986) : Le décor "au coq" dans les manufactures de céramiques de l'Est de la France, cat.
expo., Société des amis de la Bibliothèque et du Musée de Saint-Dié des Vosges, 1986.
(Saint-Sever 1996) : Saint-Sever. Le temps des manufactures de faïence, Rouen-Archéologie,
archéologie en Seine-Maritime, 1996.
(Schnapper 1988) : Schnapper A., Le géant, la licorne et la tulipe, collections et collectionneurs dans
la France du XVIIe siècle, Paris, Flammarion, 1988.
(Sèvres 1992-), Sèvres, revue de la Société des Amis du Musée national de Céramique.
(Slitine 2002) : Slitine F., Samson, génie de l'imitation, Paris, Massin, 2002.
(Techné 20) : Techné, la science au service de l'histoire de l'art et des civilisations, revue du C2RMF,
n° 20, 2001.
(Van Gennep 1931) : Van Gennep A., "Les poteries populaires décorées de la Haute-Savoie", L'art
populaire en France, 1931.
(van Lith 2000) : van Lith J.-P., La céramique. Dictionnaire encyclopédique, Paris, éd. De l'Amateur,
2000.
(Vayssettes 1987) : Vayssettes J.-L., Les potiers de terre de Saint-Jean-de-Fos, Paris, éd. du CNRS,
1987).
119 / 129

(Verhaeghe et al. 1988) : Verhaeghe F. & Otte M. (dir.), Archéologie des temps modernes, actes du
colloque international de Liège (23-26 avril 1985), Études et recherches Archéologiques de l'Université
de Liège, 1988.
(Verhaeghe 1998) : Verhaeghe F., "Medieval and later social networks : the contribution of
archaeology", Die Vielfalt der Dinge : neue Wege zur Analyse mittelalterlicher Sachcultur, actes du
Congrès international de Krems an der Donau, 4-7 octobre 1994, Verlag der Ôsterreichischen
Akademie der Wissenschaften, Vienne, 1998.
(Veuve Perrin 1990) : La faïence de Marseille au XVIIIe siècle, la manufacture de la Veuve Perrin,
(coll.), cat. expo. Centre de la Vieille Charité, Marseille, 1990.

Pour plus de commodité, on trouvera à part ci-dessous une sélection d'ouvrages (toujours
aussi forcément lacunaire) sur la porcelaine, les grès, les terres "vernissées", les "terres
blanches" et la céramique architecturale.

Porcelaine (sélection)
(Albis 1980) : Albis J. d', Romanet C., La Porcelaine de Limoges, Paris, Sous le vent, 1980.
(Albis 1992) : Albis J. d', des Horts N., La porcelaine des Pouyat, Paris, Ed. Varia, 1992.
(Albis 2003) : Albis A. d', Sèvres, 1756-1783, la conquête de la porcelaine dure, histoire inédite de la
manufacture au XVIIIe siècle, Dossier de l'art n° 54, 1999.
(Albis 2003) : Albis A. d', Traité de la porcelaine de Sèvres, Dijon, éd. Faton, 2003.
(Beaux-Laffon 2001) : Beaux-Laffon M.-G., Une grande manufacture pyrénéenne, Saint-Gaudens
Valentine, faïence fine et porcelaine, XIXe siècle, Aspet, Pyrégraph, 2001.
(Besnard 2001) : Besnard A., La céramique parisienne de la seconde moitié du XVIIIe siècle, faïence à
décor de grand feu et de petit feu, faïence fine et porcelaine tendre, Mémoire de DEA, Histoire de l'art,
Paris 4 sous la dir. d'Alain Mérot, 2001.
(Bloit 1988) : Bloit M., Trois siècles de porcelaine de Paris, Paris, Hervas, 1988.
(Bloit 1994) : Bloit M., Deux siècles de porcelaine en Berry, Poitou et Bourbonnais, Paris, Le Temps
apprivoisé, 1994.
(Brunet et al. 1978) : Brunet M., Préaud T., Sèvres, des origines à nos jours, Fribourg, Office du Livre,
1978.
(Chavagnac et al. 1906) : Chavagnac X. de, Grollier marquis de, Histoire des manufactures françaises
de porcelaine, Paris, Picard, 1906.
(Duchon 1988) : Duchon N., La Manufacture de porcelaine de Mennecy Villeroy, Le Mée-sur-Seine,
Ed. Amatteis, 1988.
(Faÿ-Hallé 1991) : Faÿ-Hallé A., La porcelaine en Europe, Paris, Flammarion, 1991.
(Faÿ-Hallé et al. 1983) : Faÿ-Hallé A., Mundt B., La Porcelaine européenne au XIXe siècle, Fribourg,
Office du Livre ; Paris, Vilo, 1983.
(Fourest 1977) : Fourest H.-P. (éd.) Porcelaines de Vincennes. Les origines de Sèvres (cat. exp.
Paris, Grand Palais, 14 octobre 1977 - 16 janvier 1978), Paris, Editions des Musées Nationaux, 1977.
120 / 129

(Heckenbenner 1995) : Heckenbenner D., Porcelaines de Niderviller, cat. expo. Musée du Pays de
Sarrebourg, 1995.
(Landais 1986) : Landais H., La porcelaine francaise, XVIIIe siècle, dans les musées du Nord-Pas-de-
Calais, cat. expo., Lille, Ed. de l'Association des conservateurs de la région Nord - Pas-de-Calais,
1986.
(Le Duc 1996) : Le Duc G., Porcelaine tendre de Chantilly au XVIIIe siècle, héritages des
manufactures de Rouen, Saint-Cloud et Paris et influences sur les autres manufactures du XVIIIe
siècle, Paris, Hazan, 1996
(Le Jeune 1985) : Le Jeune J., Les anciennes manufactures de porcelaine de Basse-Normandie :
Valognes, Bayeux, Isigny, Caen, Cherbourg, éd. La Dépêche, 1985.
(Lelandais 2001) : Lelandais R., Les manufactures de porcelaine de Valognes et Bayeux, Saint-Lô,
Parlers et traditions populaires de Normandie, 2001.
(Lesur et al. 1967) : Lesur A., Tardy, La porcelaine française, Paris, Tardy, 1967.
(Meslin-Perrier 2002) : Meslin-Perrier C., Segonds-Perrier M., Limoges, deux siècles de porcelaine,
Paris, Réunion des musées nationaux, les éd. de l'Amateur, 2002.
(Meyer 1994) : Meyer E., Faïence et porcelaine de Boissettes, Paris, les ed. de l'Amateur, 1994.
(Minovez 2004) : Minovez J.-M. éd., Faïence fine et porcelaine, les hommes, les objets, les lieux, les
techniques, actes du colloque de Martres-Tolosane, 21 et 22 septembre 2001, Toulouse, CNRS,
Université de Toulouse-Le Mirail, 2004.
(Plinval de Guillebon 1972) : Plinval de Guillebon R. de, Porcelaine de Paris, 1770-1850, Paris, Vilo ;
Fribourg, Office du livre, 1972.
(Plinval de Guillebon 1985) : Plinval de Guillebon R. de, La Porcelaine à Paris sous le Consulat et
l'Empire, Genève, Droz, 1985.
(Porcelainiers 1964) : Les porcelainiers du XVIIIe siècle français, Paris, Connaisssnace des Arts,
1964.
(Préaud et al. 1991) : Préaud T., Albis A. d', La porcelaine de Vincennes, Paris, A. Biro, 1991.
(Ravel d'Esclapon 1991) : Ravel d'Esclapon A. de, La porcelaine de Boissettes près Melun, Le Mée-
sur-Seine, Ed. Amatteis, 1991.
(Saint-Cloud 1997) : Il y a 300 ans, la porcelaine à Saint-Cloud, une entreprise pionnière sur les bords
de la Seine, cat. expo., Musée de Saint-Cloud, 1997.
(Valentine 1993) : Porcelaines de Valentine, cat. expo. Musée de Saint Gaudens, 1993.
(Vasseur 1990) : Vasseur M., La porcelaine de Bayeux et des autres manufactures bas-normandes,
Caen, éd. de l'atelier 38, 1990.

Grès (sélection)
(Dufournier et al. 1987) : Dufournier D. et Flambard A.-M., « Réflexions à propos de l’apparition du
grès en Europe occidentale », in Chapelot J., Galinié H. et Pilet-Lemière J. (éds.), La céramique (Ve-
XIXe s.). Fabrication-Commercialisation-Utilisation, actes du 1er colloque international d'archéologie
médiévale (Paris, 4-6 octobre 1985). Société d'Archéologie Médiévale, Caen, 1987, 203-225.
121 / 129

(Flambard-Héricher 2002) : Flambard-Héricher A.-M., Potiers et poteries du Bessin. Histoire et


archéologie d'un artisanat rural du XIe au XXe siècle, en Normandie, Caen, publications du CRAM,
2002.
(Gaimster 1997) : Gaimster D., German Stoneware, 1200-1900, British Museum Press, 1997.
(GRECB) : Bulletin du GRECB (Groupe de Recherches et d'Études sur la Céramique du Bauvaisis).
(Poulet 1981) : Poulet M., Les potiers de Puisaye du XVIIe siècle jusqu'à nos jours, les lieux, les
hommes, les produits, Merry-la-Vallée, 1981.
(Poulet 1998) : Poulet M., Une vaisselle oubliée, les bleus de Puisaye à la table des hauts et puissants
seigneurs du XVIIe siècle d'après les documents archéologiques, "Les cahiers du grès de Puisaye"
n°1, Merry-la-Vallée, 1998
(Poulet 2002) : Poulet M., Poteries et potiers de Puisaye et du Val de Loire, XVIe-XXe siècles, Merry-la-
Vallée, 2002.
(Poulet 2004) : Poulet M., Poteries signées et parlantes dans la tradition du grès de Puisaye, "Les
cahiers du grès de Puisaye" n° 3, Merry-la-Vallée, 2004.

Céramiques à glaçure plombifère (dites "terres vernissées") (sélection)


(Blazy et al. 1986) : Blazy S. & Dilly G. (dir.) : Terres vernissées (XVIIe-XIXe siècle) dans les musées
du Nord-Pas-de-Calais (coll. ), cat. expo., Hazebrouck, Lille, Berck-sur-Mer, éd. Association des
conservateurs de la région Nord-Pas-de-Calais, 1986.
(Brut 1998) : Brut C., La céramique du Moyen Age à Paris : potiers et pots de terre, tuiliers, tuiles et
carreaux de pavement des XIIIe et XIVe siècles, thèse , Lille, Atelier national de reproduction des
thèses, 1998.
(Decker et al. 2003), Decker E. (dir.), 150 ans de production en Alsace, La céramique de
Soufflenheim, "L'inventaire" hors-série, Inventaire général des monuments et des richesses artistiques
de la France, 2003.
(Demay 1984) : Demay B., La poterie culinaire, "Terres vernissées d'Alsace", éd. du Bastberg, 2004.
(Echallier 1984) : Echallier J.-C., Éléments de technologie céramique et d'analyse des terres cuites
archéologiques, Lambesc, Association pour la diffusion de l'archéologie méridionale, 1984,
(Documents d'archéologie méridionale. Numéro spécial. Méthodes et techniques ; 3).
(Garmier 1998) : Garmier J.-F., La poterie de Cluny, tradition & fantaisie, cat. expo. Cluny, 1998,
Cahiers du Musée d'art et d'archéologie de Cluny n° 3, 1998.
(La Grésale) : La Grésale, La revue de la poterie en Midi toulousain et Gascogne, publiée par le
Groupe de Recherche en Ethnographie, Céramologie et Archéologie en Midi toulousain.
(Hanusse 1988) : Hanusse C., L'artisanat de la poterie de terre en Bordelais-Bazadais du Moyen Age
au XVIIIe siècle d'après les sources écrites, thèse, Bordeaux, 1988.
(Herbet 2004) : Herbet Yves, La vaisselle de terre à Lyon aux XVIIe et XVIIIe siècles : consommation,
production, commercialisation, milieu social, thèse Université Lumière (Lyon), sous la dir. de
Françoise Bayard, 2004.
122 / 129

(Hugoniot 2002), Hugoniot J.-Y., Terres de Saintonge, l'art de la poterie XIIe-XIXe siècle, Paris,
Somogy, 2002.
(Klein 1989) : Klein G., Poteries populaires d'Alsace, Ed. du Bastberg, 1989.
(Lahaussois et al. Sd.), Lahaussois C. & Pannequin B., Terres vernissées, sources et traditions, Paris,
Massin, sd.
(Nougarède 1995) : Nougarède M. (dir.), Terres au quotidien, XIXe-XXe siècle, cat. Expo. Musée du
Vieux Nîmes, 1995.
(Les céramiques du Pré-d'Auge 2004) : Les céramiques du Pré-d'Auge, 800 ans de production (coll.),
cat. expo. (avec CD Rom), Musée de Lisieux, 2004.
(Pannequin 2002) : Poteries vernissées, comment les reconnaître, Paris, Bonneton, 2002.
(Pannequin et al. 1999) : Pannequin B. & Lahaussois C. dir, L'art de la terre vernissée : du Moyen âge
à l'an 2000, cat. expo., Musée national de céramique de Sèvres, Arras, Paris, RMN, 1999.
(Ratz 2002) : Ratz A., Potiers et mineurs de terre : histoire d'un village de l'Uzège : Saint-Victor-des-
Oules (Gard) , Pont-Saint-Esprit (Gard) : La Mirandole, "Images et traditions", 2002.
(Ravoire 1997) : Ravoire F., La vaisselle de terre cuite en Ile-de-France entre la fin du XVe et la
première moitié du XVIIe siècle. Définition d'un faciès régional, thèse sous la dir. de Léon Pressouyre,
1997.
(Roy et al. 1999) : Roy N. (dir.), Adrian Y.-M., Calderoni P., Cartier J. et al., Pots de terre : fragments
d'histoire, cat. expo. Musée départemental des antiquités de Rouen, Musée départemental des
antiquités de la Seine-Maritime, Rouen, 1999.
(Thiriot 1985) : Thiriot J. (dir.), La terre-cuite en Uzège : un artisanat ancien, cat. expo. Saint-Quentin-
la-Poterie, Dieulefit, Arles, 1985.
(Vayssettes 1998) : Vayssettes J.-L., Céramique à Uzès, de la faïence fine aux terres mêlées, "Les
petits carnets de la terre cuite", 1998

Terres blanches & terres de pipe (sélection)


(Ariès 1994) : Ariès M., Creil, faïence fine et porcelaine, 1797-1895, Paris, Librairie Guénégaud, 1994.
(1798-1998 1998) : 1798-1998, 2000 ans d'histoire et de création, faïences et émaux de Longwy, cat.
expo. Assoc. Patrimoine du Pays de Longwy, 1998.
(Ariès 1979) : Ariès M., Donation Millet et faïences fines du Musée, Sceaux, Musée de l'Ile-de-France,
1979.
(Ariès 1995) : Ariès M., Au service de l'épopée, des assiettes pour l'Empereur, cat. expo. Musée
national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau, Paris, RMN,1995, ,
(Bontillot 1992- ) : Bontillot J., Fiches documentaires, 1992- ; Passion faïence 1992-, Les dossiers de
la faïence fine, n° 1 à 13, 1995-2003.
(Bontillot J. 1998-1) : Bontillot J., Les faïences de Creil & Montereau, deux siècles d'évolution des
techniques et des décors, Montereau, CERHAME, 1998.
(Bontillot J. 1998-2) : Bontillot J., Le Creil & Montereau sort de la réserve, Montereau, CERHAME,
1998.
123 / 129

(CCVAF 1969) : Cahiers de la céramique, du verre et des arts du feu, n° 44, 1969.
(Chaussard 1990) : Chaussard P., La faïencerie de Digoin, Images de Saône-&-Loire, 1990.
(Decker et al. 1992) : Decker E., Thévenin C., Faïences de Sarreguemines, les arts de la table, Nancy,
PUN, 1992.
(Deloffre 1991) : Deloffre V., Pipes et pipiers de Saint-Omer , Saint-Omer, Musée Sandelin, 1991.
(Duronsoy 1982) : Duronsoy A., Poteries et faïences de Ferrière-la-Petite, Maubeuge, 1982.
(Guillemé-Brulon s. d.) : Guillemé-Brulon D., La faïence fine française, 1750-1867, Massin, s. d.
(Guineau 1979) : Guineau B., La manufacture de faïences fines de La Charité-sur-Loire (Nièvre),
1802-1812, Assoc. Amis de La Charité-sur-Loire, 1979.
(Héry 1997) : Héry A., La faïencerie de Clairefontaine, 1804-1932, Lunéville, 1997.
(Hiegel 1993) : Hiegel H. & C., La faïencerie de Sarreguemines de 1790 à 1838, Musée de
Sarreguemines, 1993.
(Kybalova 1991) : Kybalova J. & Gautier B., La faïence fine, Paris, Gründ, 1991.
(Léo 1971) : Léo J., Les pipes en terre françaises du XVIIIe siècle à nos jours, Bruxelles, 1971.
(Noël et al. 1998) : Noël M. (dir.), Faïences et émaux de Longwy, cat. expo. Assoc. Le Pays-Haut n° 1
& 2, Bibliothèque municipale de Longwy, 1998.
(Pasquier 1986) : Pasquier J. du, Eclectisme et japonisme, cat. expo. Musée des Arts décoratifs,
Bordeaux, 1986.
(Pasquier 2002) : Pasquier J. du, J. Vieillard & Cie, histoire de la faïence fine à Bordeaux, de
l'anglomanie au rêve orientaliste, Mollat, 2002
(Productions 1998) : Productions artisanales et industrielles à Meudon au XIXe siècle, cat. expo.
Musée d'art et d'histoire de la ville de Meudon, 1998.
(Ravel d'Esclapon 1988) : Ravel d'Esclapon A. de, La faïence de Rubelles, Le Mée-sur-Seine, Ed.
Amatteis, 1988.
(Renard 2001) : Renard J.-C., Faïences de Gien, une technique, un art de vivre, une légende,
Parcours et Labeurs, St Cyr-sur-Loire, 2001.
(Sarreguemines 1997) : Sarreguemines, faïence, grès, porcelaine, (coll.), Les amis du musée et des
arts, Sarreguemines, 1997.

La céramique architecturale (sélection)


(Bonnot 1997) : Bonnot T., L'industrie céramique des rives du Canal du Centre, Saône-et-Loire,
Itinéraires du patrimoine, Paris, éd. du Patrimoine, 1997
(D'argiles s. d.) : D'argiles, la céramique dans l'architecture, éd. Conseil général de la Nièvre, s. d.
(Dunias 2004,) : Dunias L., Les Perrusson-Desfontaines, industriels céramistes et leur résidence
d'Écuisses, Écomusée du Creusot-Montceau, 2004.
(Maillard 1995) : Maillard A., La céramique architecturale 1880-1930, Paris, Normandie, Beauvaisis,
Paris, Septima, 1995.
(Vallet sd) : Vallet A., La céramique architecturale, Paris, Dessain & Tolra, sd.
124 / 129

DÉBAT GÉNÉRAL37

Jean Rosen
Finalement, avons-nous tous les mêmes préoccupations, et considérons-nous tous la
céramique de la même façon ?
Frans Verhaeghe
Seulement dans une certaine mesure, parce qu’il est clair que la céramique en tant que guide
fossile directeur a quand même joué un rôle important dans le développement des recherches. Mais
cela est beaucoup moins le cas pour la période moderne, où c'est l’histoire de l’art qui a joué le rôle
principal. L'une des questions principales en céramologie moderne a toujours été : « ça date de
quand ? »
Jean Rosen
Pour la période moderne, on a des fourchettes de datation qui sont parfois de 100 ans, alors
qu’en céramique gallo-romaine, on est parfois à l'année près ! Dans les céramiques communes, entre
1750 et 1850, si l’objet est hors contexte, il peut s’avérer très difficile de donner une datation, car les
productions perdurent, un certain nombre de choses résistent à la mode et restent indatables.
Frans Verhaeghe
L’autre élément qui me paraît diviser les choses du pré-médiéval au post gallo-romain, c’est
qu’effectivement on se pose les questions différemment parce qu’il n’y a plus cette urgence quant à la
datation et la distribution. On commence à poser d’autres questions depuis les années 1980, mais
cela ne va pas continuer et j’ai nettement l’impression que pour les périodes antérieures, la question
se pose beaucoup moins. Poser la question : « à quoi sert la céramique ? », revient à dire de manière
générale : « à quoi servent ces pots ? », « est-ce que ce sont des pots funéraires ou généraux ? »,
mais j’ai l’impression que c’est beaucoup moins systématique ? Est-ce exact ?
Intervenant
En Gallo-Romain, la tendance actuelle qui se dessine est d’étudier des ensembles définissant
à la fois des faciès chronologiques et des faciès culturels qui pourront permettre de faire des
comparaisons sur la nature des sites, sur les courants commerciaux, etc… Il y a aussi une tradition en
voie de disparition qui a pendant longtemps bloqué les avancées : on fractionnait les ensembles, avec
des spécialistes des lampes, de la sigillée, etc… qui ne dataient pas par rapport au contexte mais par
rapport à des références. Il ya par ailleurs un élément positif qu'il ne faut pas oublier : pendant
longtemps, les fractions chronologiques qu’on a connues étaient aussi géographiques, l’Orient ignorait
l’Occident et réciproquement. Pour la période romaine, les importations de marmites grecques en
céramique sur le littoral de Provence étaient complètement ignorées. Maintenant, même s'il s'agit de

37 Je rappelle que la transcription des débats a été faite d'après enregistrement, c'est-à-dire en "style
parlé".
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petites quantités, grâce à ces fractions, on les connaît, cela existe. Il faut dire que pour le côté oriental,
les méthodes d’études étaient très en retard ; aujourd’hui, le savoir-faire s’exporte. De plus en plus de
gens formés aux techniques en Occident, où l’on développe ces études depuis des années, vont
maintenant étudier les contextes orientaux, ce qui a fait bouger les choses. Par exemple, on avait des
données pour les amphores de l’époque hellénistique parce qu’elles sont estampillées, mais après,
pour l’époque impériale, puisque l’estampille disparaît, on ne connaissait plus l’évolution. Grâce à ce
savoir qui s’exporte, cela a changé, ce qui est très positif.
Jean Rosen
Concernant l’ensemble de la céramique depuis les périodes les plus anciennes, peut-on dire
que plus les sociétés sont évoluées et complexes, plus les types sont nombreux, évolués et
complexes, et peut-on dire qu’on va d’un matériau relativement brut, peu transformé et cuit à basse
température, jusqu’à des pâtes synthétiques comportant des apports très divers et cuites à très haute
température ?
Alain Beeching
Evidement, on peut penser que plus les assemblages céramiques sont complexes, plus la
société est complexe : mais cela ne marche pas comme cela. Il y a des curiosités, notamment à
l’intérieur du Néolithique où l'on a des alternances, des successions, mais parfois au même moment
des sociétés à céramiques complexes, très variées, puis des sociétés à céramiques extrêmement
monotones. Cela commence dès le Néolithique dit "moyen" où, pratiquement au même moment, on a
les céramiques du Michelsberg qui sont déjà d’une sorte de standardisation assez étonnantes, alors
qu’au même moment le Chasséen montre peut être le sommet de la complexité de la céramique
préhistorique, c’est à dire qu’il y a un nombre de types et de variantes dans les types que l’on
n'atteindra jamais par la suite. Il y a quelque chose d’assez étonnant et que l’on va aussi voir au début
du Néolithique final, au Sud par exemple, où l'on a successivement des céramiques extrêmement peu
variées avec des types relativement rares, alors qu’à la même période on trouve une variété formelle
et fonctionnelle beaucoup plus grande, sans parler des céramiques du SOM (Seine/Oise/Marne) ou du
Horgen plus à l'Est, qui ont longtemps été décrites comme frustes et banales, alors que le reste de la
culture est au contraire extrêmement évolué. On a là des choix qui nous induisent à penser que cela
ne marche pas comme ça tout le temps, mais on peut sans doute dire que quand la céramique est
complexe, cela traduit sûrement quelque chose de la complexité des sociétés dans leur organisation.
Mais laquelle ? On a longtemps décrit le Chasséen comme étant le début du vrai Néolithique, avec
une vraie sédentarisation, de vrais villages, ce qui entraînait enfin le début d’une céramique achevée
et complexe. Le reste des connaissances que l’on peut accumuler maintenant sur cette période là
prouve que non. S'il y a complexité, elle n’est pas basée sur la sédentarité, mais au contraire sur de
multiples séquences à l’intérieur de la société. Peut-être la céramique traduit-elle effectivement le choc
de plusieurs intervenants culturels à cette époque-là.
On sait qu’une certaine forme de standardisation et peut-être une production en série
commence à la fin du Bronze final, et que l’on ne reviendra pas en arrière. On a des séries de formes
qui sont exactement superposables, alors que cela ne se produit pas avant.
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Frans Verhaeghe
Je ne sais pas exactement dans quelle mesure on peut généraliser en disant : « si la
céramique est complexe, on est confronté à une société complexe ». Ce n’est pas comme cela que ça
marche en culture matérielle. Si des groupes deviennent ou redeviennent a-céramiques, cela ne veut
pas nécessairement dire qu’ils ont une structure moins complexe. Ils peuvent être en régression en ce
qui concerne la céramique, mais en progression en ce qui concerne tout le reste. Par exemple, dans
l'histoire des Etats-Unis, certaines sociétés sont très avancées et manquent pourtant de certaines
choses. En fait, il faut considérer d’abord la céramique en tant que composante de la culture
matérielle. Cela veut dire aussi que l’on tient compte des dynamiques propres de la céramique, car on
a tendance à dire que les objets comme les céramiques sont le résultat du comportement de l’homme,
puisque c’est lui qui exploite les matières premières, qui les utilise pour en faire des objets, des
ustensiles, et qui ensuite les dépose. Seulement moi je soutiens, comme certains anthropologues et
sociologues, que du moment qu’un objet existe, il n’est plus passif, il est actif et interactif. Interactif car
le fait qu’il existe influence ce qui va suivre : c’est l'une des manières de regarder, comme Leroi-
Gourhan et comme d’autres, la chaîne opératoire. Par son existence même, l’objet influence ce qui va
suivre, soit par réaction, soit par innovation, soit en créant une tradition. Cela a une influence sur le
comportement matériel, c’est déjà interactif sur la culture matérielle qui va suivre et c’est actif sur notre
comportement. C’est la raison pour laquelle certains objets commencent à avoir des significations
d’ordre social que l’on peut ensuite manipuler dans le cadre des échanges sociaux. Chaque catégorie
d’objet est actif et interactif. Ce sont là les questions que l’on pose en culture matérielle et elles sont
applicables à la céramique. Là, les propositions deviennent tout à fait différentes, car ce n’est plus le
guide fossile, ni le commerce qui sont en cause, c’est beaucoup plus. Je ne suis donc pas certain que
l'on puisse dire maintenant qu'il y a corrélation, même si, de façon générale, on ne peut pas l'affirmer,
sauf pour certaines périodes.
Christophe Bontemps (chercheur associé UMR 5594)
A t-on déjà identifié pour la Protohistoire des milieux où le matériau céramique aurait pu avoir
une valeur supplémentaire en raison du contexte environnemental défavorable pour réaliser des
produits avec, par exemple, le bois ?
Rémi Martineau
Je pense qu’il faut revenir à la fonction de la céramique, au moins pour les périodes du
Néolithique et de l'Âge du Bronze, parce que la céramique n’est qu’un matériau parmi d'autres. Pour
les périodes romaines et médiévales, on connaît effectivement le bois, mais malheureusement très
peu de sites peuvent en fournir. Pour la période gallo-romaine, la vaisselle en bois est très rare. Pour
la période néolithique, pour laquelle on a peut-être le corpus le plus important grâce aux sites
lacustres, on peut s’apercevoir que le bois a une grande importance pour les récipients. Il faut donc
revoir la fonction. La céramique est pour une part destinée à aller au feu, donc tous les récipients qui
n’ont pas besoin d’aller au feu peuvent être faits avec d’autres matériaux. Tout ce qui est récipient à
boire, à manger peut être en bois, mais aussi en céramique. Pour le Chasséen, apparemment, tout
est en céramique. Peut-être qu’il y a du bois, mais on ne le sait pas, car on n’a pas de sites lacustres
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chasséens. Pour le Horgen, les céramiques sont uniquement des récipients qui vont au feu, de
grosses gamelles, très épaisses mais très pratiques ; tout le reste est en bois : louches, plats,
écuelles, bols, tasses. Autre exemple : le Cortaillod, qui ressemble beaucoup au Chasséen, où l'on a
une grande variété de vases en céramique fine, et la même chose en bois, même si
malheureusement tous les objets en bois n'ont pas été conservés. Je pense que pour avancer un peu,
il faudra reconnaître la fonction. Si l'on résume, au début des études céramologiques, on a fait de la
typologie pour essayer de dater les couches et surtout pour essayer de créer des groupes culturels.
Ensuite, on s’est intéressé à la fabrication, on a fait de l’expérimentation, pour comprendre comment
les céramiques étaient fabriquées, toujours dans le but de faire l’histoire des sociétés, de savoir de
quand ça date et à quel genre de groupe on a affaire. Je pense que dans quelques années, on fera de
l’expérimentation et des analyses chimiques au moins pour le Néolithique et l’Âge du Bronze, pour
savoir à quoi ces vases ont servi. À partir du Gallo-Romain, on a des indices et l'on sait par exemple
qu’une amphore sert à transporter du vin. Pour le Chasséen, on ne connaît pas la fonction des
récipients céramiques. Pour les périodes pré et proto-historiques, il reste beaucoup de choses à faire
sur les fonctions afin de mieux comprendre la complémentarité entre vaisselle en bois et en terre
cuite.
Armand Desbat
Il faut insister dans ce sens là, mais je pense malgré tout qu’on ne décrit pas la totalité de la
réalité en se défaussant sur la "céramique en bois". Certains problèmes de technologie montrent qu’il
y a d’autres variables que la rareté quantitative et la pauvreté des formes. J’ai l’impression, pour
contrebalancer tout ce qui a été dit concernant les dynamiques propres de l’évolution du matériau, que
l'on peut considérer que le Néolithique entre aussi dans une vision historique. En effet, on peut penser
que certaines logiques sont dues à des événements — c’est le cas, quand on parle de céramique
moderne, de la Révolution industrielle et de l’arrivée de savoir-faire, de matériaux, de concurrence
d’ateliers, toute une série de choses qui doivent aussi exister pour les périodes précédentes comme
pour le Néolithique, mais qu’on ne connaît pas. Pour en revenir au Horgen, on sait bien que ce n’est
pas seulement une vaisselle, c’est aussi un mouvement à un moment donné à l’intérieur de la Suisse
pour lequel on peut se poser la question de savoir quel type de relations il a avec les autres
populations. Certains phénomènes à l’échelle européenne pendant nos périodes sont des morceaux
d’histoire, et si on ne les maîtrise pas, on peut les reconstituer à travers la céramique. La céramique
ne traduit pas une complexité, mais donne une idée de la complexité qui existe à ce moment là, une
complexité qui est peut-être sociologique ou historique, pas forcément technique, mais qui renvoie à
autre chose.
Jean Rosen
Reprenons ce mot de complexité. Je crois que l’un des apports les plus intéressants des
études les plus récentes, c’est justement la manière d'aborder cette histoire de complexité. Bien sûr,
cela n'existe pas qu’en céramique, cela est valable ailleurs. Depuis que l’on commence à étudier la
complexité, on essaie de simplifier pour expliquer, mais il y a une autre manière, plus récente, qui est
de se dire que la complexité n’est pas un problème, mais une donnée de base. Il faut se plonger dans
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la complexité elle-même, et trouver des endroits où celle-ci est maîtrisable, trouver des points faibles
de la complexité, mais en restant dedans pour comprendre les phénomènes et essayer de mieux les
appréhender ; ne pas essayer de disséquer tout, tout le temps, pour simplifier les choses.
Frans Verhaeghe
Une seule personne ne peut pas, conceptuellement et physiquement — surtout quand on tient
compte de toutes les informations qui ne peuvent être fournies que par le contexte de
l'inter/pluri/disciplinarité —, gérer toutes ces données. On n'est pas à la fois chimiste, archéologue,
historien, iconographe, etc…
Rémi Martineau
J’ai une grande inquiétude quand on parle de développer la technologie et l'étude des chaînes
opératoires. Des gens très isolés mettent en place des travaux de ce genre, mais rarement dans des
cadres universitaires très intégrés, et il n’y a pas d’enseignement de la technologie des chaînes
opératoires ou de l’approche expérimentale. Je ne vois pas en France se mettre en place, ces
dernières années et pour les années qui viennent, de dynamique pour l’étude des chaînes
opératoires. On ne peut pas d’un côté dire qu’il faut aller vers l’étude de ces approches
technologiques et expérimentales sans, de l’autre côté, mettre en place l’enseignement qui pourra
permettre aux étudiants de se former pour développer de futures recherches. Comment arranger
cela ?
Frans Verhaeghe
Pour moi c’est pire que cela. Il n’y a qu’à regarder les réformes universitaires qui se mettent
en place dans les pays européens. Le champ va encore se rétrécir, car pour l’instant on est géré par
des forces politiques et socio-économiques qui vont totalement à l’encontre du genre de travail,
d’effort et de questions que l’on veut mettre en place. Dans l’avenir, cela deviendra de plus en plus
difficile d’avoir ce genre de discussion.
Rémi Martineau
Mais en Angleterre il existe des Masters d’archéologie expérimentale, par exemple.
Frans Verhaeghe
Oui, deux. C’est mieux que rien, c’est certain. Mais il faut surtout souligner que le problème va
être beaucoup plus complexe, et qu'il ne sera pas limité à l’archéologie expérimentale ou à
l’archéologie des temps modernes par exemple, mais à l’ensemble de l’archéologie. Pour l’instant, le
seul pays qui met en place des Masters consacrés à un sujet spécifique, c’est l’Angleterre. Pour
l’ensemble du continent, cela devient des Masters génériques. Pour le moment, ce qui tient
l’archéologie debout, c'est l’archéologie du patrimoine. Parce que si l'on supprime l’argent qui est
dépensé en archéologie par la voie du patrimoine, il reste pour la France 15%.
Jean Rosen
Pour conclure, il nous est agréable de constater que l’on arrive à mieux cerner l'intérêt
potentiel de la céramique dans son ensemble, du Néolithique à nos jours, pour l'étude et la
connaissance des sociétés, même si les recherches dans ce sens sont loin d'être abouties. Malgré
des différences d'approche dues en grande partie à l'histoire des différentes disciplines et au poids de
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l'historiographie, on sent qu'une sorte d’unité, voire de concept, a pu se dégager et se construire peu à
peu autour de ce matériau dans les dernières décennies du XXe siècle. Il nous reste encore à
poursuivre des démarches, à envisager des problématiques et à élaborer des protocoles concernant
les différentes manières dont on peut interroger ces objets sur le long terme dans le cadre des études
sur la culture matérielle, discipline encore trop peu répandue en France. N'oublions jamais qu'une
bonne idée peut nous apporter beaucoup plus qu'un lot de céramiques archéologiques de plus. Le
chantier est vaste, mais stimulant.
Mais pour étudier tout cela, le problème du langage se pose d’un bout à l’autre de manière
récurrente et fondamentale. Concernant la céramique prise dans son ensemble, on en revient à ces
questions de langage, et même de linguistique que j'évoquais au début de la journée. En définitive,
même si nous ne parlons pas tous exactement le même dialecte, le langage de la céramique nous
touche de près, à la fois de manière personnelle et collective. Il est en cela très proche de notre être
social.

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