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La Journée internationale des femmes (selon l'appellation officielle de l'ONU1), également

appelée journée internationale des droits des femmes par l'ONU Femmes2,3 et par certains
pays ou régions comme la France4 ou le Québec5, est célébrée le 8 mars. C'est une journée
internationale mettant en avant la lutte pour les droits des femmes et notamment pour la fin des
inégalités par rapport aux hommes.
Cette journée est issue de l'histoire des luttes féministes menées sur les continents européen et
américain. Le 28 février 1909, une « Journée nationale de la femme » (National Woman's Day)6
est célébrée aux États-Unis à l'appel du Parti socialiste d'Amérique7. À la suite d'une proposition
de Clara Zetkin en août 1910 à Copenhague, l'Internationale socialiste des femmes célèbre le 19
mars 1911 la première « Journée internationale des femmes » et revendique le droit de vote des
femmes, le droit au travail et la fin des discriminations au travail7. Depuis, des rassemblements
et manifestations ont lieu tous les ans.
C'est la Russie soviétique qui est le premier pays à l'officialiser en 1921 en en faisant un jour
férié mais non chômé jusqu'en 19658. L'évènement restera principalement cantonné aux pays du
bloc socialiste jusqu'à la fin des années 1960, lorsqu'il sera repris par la deuxième vague
féministe8. Dans ce contexte, une Journée des femmes en Europe a été organisée en Belgique
le 11 novembre 1972, en présence de Simone de Beauvoir, et a rassemblé 8000 femmes9. C'est
finalement en 1977 que les Nations unies officialisent la journée, invitant tous les pays de la
planète à célébrer une journée en faveur des droits des femmes. La « Journée internationale des
femmes » fait ainsi partie des 87 journées internationales reconnues ou introduites par l'ONU.
C'est une journée de manifestations à travers le monde : l’occasion de faire un bilan sur la
situation des femmes dans la société et de revendiquer plus d'égalité en droits.
Traditionnellement, les groupes et associations de femmes militantes préparent des
manifestations partout dans le monde, pour faire aboutir leurs revendications, améliorer la
condition féminine, fêter les victoires et les avancées.
Dans le langage populaire, le marketing ou les médias, elle est parfois désignée, de façon
abusive, par l'expression « Journée de la femme »10, parfois assortie de l'adjectif «
internationale » ou « mondiale ».
Une première Journée nationale de la femme (« National Woman's Day ») a lieu le 28 février
1909 à l'appel du Parti socialiste d'Amérique. Cette journée est ensuite célébrée le dernier
dimanche de février jusqu'en 19137,11.
En 1910 à Copenhague, lors de la IIe conférence internationale des femmes socialistes qui réunit
une centaine de femmes venant de 17 pays différents, est adoptée l'idée d'une « Journée
internationale des femmes » sur une proposition de Clara Zetkin (Parti social-démocrate
d'Allemagne), sans qu'une date ne soit avancée12,13,14. Cette journée est approuvée à
l'unanimité d'une conférence réunissant 100 femmes socialistes en provenance de 17 pays7. Le
Journal du CNRS relève que « la Journée des femmes est donc l’initiative du mouvement
socialiste et non du mouvement féministe pourtant très actif à l’époque », l'historienne Françoise
Picq ajoutant que « c'est justement pour contrecarrer l’influence des groupes féministes sur les
femmes du peuple que Clara Zetkin propose cette journée », rejetant « l’alliance avec les
“féministes de la bourgeoisie” »15,12. Le texte de la résolution, approuvée par le congrès de la
Deuxième Internationale, précise que « les femmes socialistes de tous les pays devraient
l’organiser en collaboration avec les organisations politiques et syndicales » et que « l’objectif
immédiat était d’obtenir le droit de vote », ce qui provoque « des perplexités » selon la
chercheuse Alessandra Gissi « puisque les partis socialistes soutenaient sans enthousiasme la
revendication du suffrage féminin »14.
La première Journée internationale des femmes est célébrée l'année suivante, le 19 mars 1911,
pour revendiquer le droit de vote des femmes, le droit au travail et la fin des discriminations au
travail7. En Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse, plus d'un million de personnes
participe aux rassemblements7.
Le 25 mars 1911, un incendie pendant une grève des couturières dans un atelier textile de
Triangle Shirtwaist à New York tue 140 ouvrières, dont une majorité d'immigrantes italiennes et
juives d'Europe de l'Est7,16,17,18, enfermées à l'intérieur de l'usine19. Cette tragédie, liée à
l'exploitation des femmes ouvrières, a un fort retentissement7 et est commémorée par la suite
lors des Journées internationales des femmes qui font alors le lien entre lutte des femmes et
mouvement ouvrier20,21.
De 1911 à 1915, des « journées internationales de la femme » ou « des ouvrières » sont
célébrées dans plusieurs pays, notamment en Allemagne, en Autriche, en France et en
Russie12,22,14,11. Le 8 mars 1914, les femmes socialistes organisent de nombreux événements à
Berlin, en particulier pour revendiquer le droit de vote : selon la chercheuse Alessandra Gissi, il
s'agit du « premier véritable 8 mars », mais « la date semble avoir été choisie par hasard »23,14.
L’affiche dessinée pour l’occasion (ci-contre) est l’une des plus connues sur le sujet : elle se
caractérise par des contrastes de couleurs d’inspiration expressionniste et le slogan « En avant
avec le droit de vote aux femmes ! »14
Le 8 mars 1917 ont lieu, à Petrograd, des manifestations d’ouvrières que les bolcheviks
désignent comme le premier jour de la révolution russe12,11. La révolutionnaire Alexandra
Kollontaï évoque une « journée internationale des ouvrières », « devenue une journée
mémorable dans l’histoire », lors de laquelle des « femmes, ouvrières et épouses de soldats »
ont « [exigé] du pain pour leurs enfants et le retour de leurs maris des tranchées »14. Cet
événement consacre la date du 8 mars en tant que Journée internationale de la femme14 : elle
est désormais l’occasion pour les partis communistes de mobiliser les femmes12.
C'est en souvenir de cette première manifestation de la Révolution que, le 8 mars 1921, Lénine
aurait décrété la journée « Journée internationale des femmes » (« Международный женский
день »)24. Il n'est en fait pas certain que Lénine y soit pour quelque chose, ce serait plutôt la
proposition d'une « camarade bulgare » de l'Internationale communiste25. Par la suite, la journée
est célébrée dans tout le bloc de l'Est26.
Plusieurs pays célèbrent le 8 mars après la Seconde Guerre mondiale11. En 1946, les pays de
l'Est qui viennent de passer sous la coupe soviétique célèbrent la journée des femmes. La «
greffe » de cette commémoration russe passe souvent par la propagande.[réf. nécessaire] La radio
tchécoslovaque décrit alors, avec emphase, pour les citoyens tchécoslovaques, à quoi
ressemble la journée des femmes à Moscou26 : « des avions apportent quotidiennement du
mimosa, des violettes et des roses du Caucase et de Crimée […]. Les usines ont réservé des
théâtres entiers uniquement pour leurs ouvrières. Les femmes sont des millions et des millions
d’hommes, de pères, d’amants et de collègues de travail les couvrent de fleurs — littéralement
— parce que la femme socialiste célèbre aujourd’hui sa fête, la fête de son émancipation ».
En France, un mythe au sujet de cette date naît en 1955 dans la presse et notamment dans un
article du quotidien communiste L'Humanité relatant une manifestation de couturières
new-yorkaises, un siècle auparavant, le 8 mars 185727,11. Cette information est relayée, chaque
année, par la presse militante du PCF, de la CGT et des « groupes femmes » du Mouvement de
libération des femmes[réf. nécessaire]. Mais cet événement n'a, en réalité, jamais eu lieu, le jour
indiqué tombait même un dimanche28. Selon une hypothèse étayée par Françoise Picq29,11, la
journée du 8 mars 1857 est un mythe et l'initiative en revient à Madeleine Colin, féministe et
secrétaire confédérale de la CGT : la commémoration étant depuis son origine encadrée par le
PCF et ses organisations satellites, elle souhaite l'affranchir de cette tutelle communiste pour en
faire la lutte des femmes travailleuses30.
Toutefois, l'incendie du 25 mars 191131 est officiellement rappelé par la ville de New York32 et
par l'ONU33 et, bien qu'il ne soit pas à l'origine de la naissance de la journée internationale de la
femme, il a été cité ou commémoré dans les journées internationales des femmes, où l'on se
réfère encore à la mémoire historique des luttes des femmes et du mouvement ouvrier
international34.
Le 8 mars 1982, à l'initiative du MLF et de la ministre déléguée aux Droits de la femme Yvette
Roudy11,35, le gouvernement socialiste de François Mitterrand donne un statut officiel à la
journée en France, bien qu'aucune loi ni décret ne le mentionne36.
Le 8 mars 1977, reprenant l'initiative communiste37 et à la suite de l'année internationale des
femmes de 1975, l’Organisation des Nations unies adopte une résolution enjoignant à ses pays
membres de célébrer une « Journée des Nations unies pour les droits des femmes et la paix
internationale » plus communément appelée par l'ONU « Journée internationale de la femme
»38,11.
Cette journée connaît différentes appellations, chacune d'entre elles véhiculant une certaine
conception politique39.
Les Nations unies et les autres organisations internationales qui en découlent avaient d'abord
adopté comme désignation officielle « journée internationale de la femme »40 (« International
Women's Day » en anglais41) avant de corriger cette erreur de traduction, depuis 2016, pour «
Journée internationale des Femmes »42.
Certaines féministes critiquent un nom ambigu, qui permet la mise en avant des femmes tout en
continuant à leur assigner un rôle dégradant. D'où les « opérations marketing sexistes » qui ont
lieu à l'occasion du 8 mars, « [à] mille lieues du combat pour les droits des femmes »43. C'est
pour ne pas légitimer ces récupérations contre-productives que certaines institutions
francophones parlent de « Journée internationale des droits des femmes ».
Olivier Perrin, du quotidien suisse Le Temps, dénonce aussi l'utilisation du singulier « la femme
», qui selon lui, « induit une vision naturaliste »44. En 2013, Najat Vallaud-Belkacem, ministre
française des Droits des femmes, dénonce une « journée de « la » femme, qui mettrait à
l’honneur un soi-disant idéal féminin (accompagné de ses attributs : cadeaux, roses ou parfums)
» et souhaite « une journée de mobilisation […] pour rappeler que l’égalité femmes-hommes est
une priorité »45.
L’année 2010 est marquée par le centenaire de la Journée des Femmes, par la 3e Marche
mondiale des Femmes et, en France, par les 40 ans du Mouvement de libération des femmes46.
À cette occasion, de nombreuses manifestations sont organisées sur tous les continents pour
dénoncer les inégalités qui perdurent entre les hommes et les femmes. Le thème officiel des
Nations unies pour la JIF 2010 est : « Droits égaux - Opportunités égales : Progrès pour tous ».
Le Comité international de la Croix-Rouge met l’accent sur les épreuves endurées par les
femmes déplacées47.
Le thème officiel des Nations unies pour la JIF 2011 est : « L'égalité d'accès à l'éducation, de
formation et de la science et la technologie: vers un travail décent pour les femmes ». C'est aussi
la première JIF pour ONU femmes, la nouvelle entité créée par l'Assemblée générale des
Nations unies. L’année 2011 est marquée par le Printemps arabe et la lutte des femmes arabes
pour leur émancipation. Le Comité international de la Croix-Rouge a appelé les États et les
autres entités à ne pas relâcher leurs efforts visant à empêcher les viols et les autres formes de
violence sexuelle qui, chaque année, portent atteinte à la vie et à la dignité d’innombrables
femmes dans les zones de conflit du monde entier48.
Le thème officiel des Nations unies pour la JIF 2012 est : « L’autonomisation des femmes rurales
et leur rôle dans l’éradication de la pauvreté et de la faim, le développement et les défis actuels
».
À l’occasion de la Journée internationale des femmes en France, plusieurs milliers de personnes
manifestent le jeudi 8 mars 2012 à Paris. La veille, le collectif de 45 associations Les Féministes
en Mouvement a reproché au président Nicolas Sarkozy et au gouvernement de mener une
politique qui est une « catastrophe pour toutes les femmes » et a interpellé les candidats à
l’élection présidentielle : « l’égalité, c’est maintenant ! »49
Le Comité international de la Croix-Rouge lance un appel à de nouvelles actions visant à aider
les femmes dont un proche est porté disparu, afin de leur permettre de retrouver dignité et
espoir50.
Le thème officiel des Nations unies pour la JIF 2013 est : « Une promesse est une promesse : il
est temps de passer à l’action pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes »51. Le
gouvernement français lance une importante campagne « Le 8 mars, c'est toute l'année » pour
sensibiliser et mobiliser tous les secteurs de la société en faveur des droits des femmes52.
Le thème officiel des Nations unies pour la JIF 2014 est : « L’égalité pour les femmes, c’est le
progrès pour toutes et tous »53.
Le thème officiel des Nations unies pour la JIF 2015, dans le cadre de sa campagne Beijing+20 :
« Autonomisation des femmes – Autonomisation de l’humanité : Imaginez ! »54. Les
gouvernements, militantes et militants à travers le monde commémoreront le 20e anniversaire de
la Déclaration et le Programme d’action de Pékin, une feuille de route historique qui établit le
programme d’action pour la réalisation des droits des femmes55.
Le thème officiel des Nations unies pour la JIF 2016 est : « Planète 50-50 d’ici 2030 :
Franchissons le pas pour l’égalité des sexes ». Depuis 2016, le Comité ONU Femmes France
s'efforce de corriger l'erreur de traduction onusienne qui parlait des femmes au singulier42.
L'appellation officielle de l'ONU francophone est depuis : « Journée internationale des Femmes
».
Le thème officiel des Nations unies pour la JIF 2017 est : « les femmes dans un monde du travail
en évolution : pour un monde 50-50 en 2030 ». La Journée internationale des femmes de l'année
2017 prend une tournure plus militante : 50 pays dans le monde lancent une grève internationale
des femmes56, un appel notamment soutenu par la militante Tithi Bhattacharya57.
Le thème officiel des Nations unies pour la JIF 2018 est « L’heure est venue : les activistes
rurales et urbaines transforment la vie des femmes58. »
Le thème retenu par les Nations unies pour la JIF 2019 est « Penser équitablement, bâtir
intelligemment, innover pour le changement », l'objectif étant de réfléchir aux moyens innovants
permettant de faire progresser l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, notamment
dans les systèmes de protection sociale, l’accès aux services publics et la construction
d’infrastructures durables59.
Le thème de la Journée internationale des femmes en 2021 est « Leadership féminin : Pour un
futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 », célèbre les efforts considérables déployés par
les femmes et les filles partout dans le monde pour façonner un futur et une relance plus
égalitaires à la suite de la pandémie de Covid-19 et met en lumière les lacunes à combler60.
Le thème défini par l'ONU pour la JIF 2022 est « L'égalité aujourd'hui pour un avenir durable »,
qui vient « en reconnaissance de la contribution des femmes et des filles du monde entier qui
mènent l’offensive quant à l’adaptation et la réponse aux changements climatiques et à leur
atténuation, en faveur de la construction d’un avenir plus durable pour toutes les personnes »,
selon l'ONU Femmes11,61. Quelques jours plus tard, du 14 au 25 mars 2022, l'ONU organisera la
66e session de la Commission de la condition de la femme (CSW66)61,62.
L'édition 2023 de la Journée internationale des femmes « se déroule sous le thème de
l'innovation et des technologies pour l'égalité des sexes : pour un monde digital inclusif. Il permet
de saluer et de célébrer les femmes et les filles qui défendent l'avancement de la technologie
transformatrice et de l'éducation numérique. La célébration explore l'impact de l'écart numérique
entre les sexes sur l'élargissement des inégalités économiques et sociales, et permet de mettre
également en lumière l'importance de protéger les droits des femmes et des filles dans les
espaces numériques et de lutter contre la violence sexiste en ligne, facilitée par les technologies
de l'information et de la communication (TIC)63. »
Au Burkina Faso, au Cambodge, en Algérie , au Laos, en Russie, en Ukraine, en Moldavie, en
Azerbaïdjan, en Arménie, en Ouzbékistan, au Kirghizistan et en Biélorussie, la Journée
internationale de la femme est décrétée jour férié. Ce jour-là, des fleurs ou de menus cadeaux
sont traditionnellement offerts aux femmes64.
En Tunisie, le 13 août est la fête des femmes. Cette date est capitale puisqu’elle correspond à
l’anniversaire du Code du statut personnel (CSP), promulgué le 13 août 1956, soit un an avant la
proclamation de la République, et juste quelques mois après l'indépendance. La journée du 13
août est aussi décrétée jour férié83.
Perçue plus comme une survivance communiste que comme une véritable émanation du
mouvement féministe, la Journée de la femme est abolie en tant que jour férié en République
tchèque en 2008, sans que réagissent la société civile ni les associations féministes. Seul le
Parti communiste de Bohême et Moravie a exprimé son opposition au projet de loi26.
Le 8 mars 2018 en Espagne, près de 5 millions de personnes suivent l'appel à la grève et aux
rassemblements lancé par les mouvements féministes84.
Les droits des femmes sont des droits revendiqués pour les femmes dans de nombreuses
sociétés à travers le monde, qui constituent la base du mouvement pour les droits des femmes
du XIXe siècle ainsi que le combat des mouvements féministes depuis le XXe siècle. Dans certains
pays, ces droits sont institutionnalisés ou soutenus par la loi, la coutume locale et le
comportement, tandis que dans d'autres pays, ils peuvent être ignorés, réprimés ou supprimés.
Ils diffèrent des notions plus larges de droits humains en déclarant qu'il existe des inégalités
historiques inhérentes s'opposant à l'exercice des droits des femmes et des filles, en faveur des
hommes et des garçons1. La défense de ces droits est un objectif afin de parvenir à une société
plus égalitaire.
Les problématiques communément associées aux notions de droits des femmes incluent, de
façon non exhaustive, les droits : d'intégrité corporelle et d'autonomie, de ne pas subir de
violence sexuelle, de voter, d'être élue, d'entrer dans un contrat légal, d'être considérée comme
l'égale du mari et du père au sein de la famille, de travailler, d'avoir accès à des salaires justes et
à l'égalité salariale, de maîtriser sa reproduction (contraception et avortement), de propriété,
d'accéder à l'éducation2.
Depuis 1945, les droits des femmes font l'objet de conventions internationales visant à les
garantir, mais les femmes continuent de ne pas jouir de l’égalité des droits avec les hommes3.
Le philosophe grec Aristote est à l'origine de l'idée que l'homme est un « animal rationnel » et en
tant que tel une puissance naturelle de la raison. Les concepts de la nature humaine dans la
Grèce antique dépendent du sexe ou de l'appartenance ethnique par exemple.
Inspirés par les philosophes classiques, les philosophes Thomas Hobbes, Jean-Jacques
Rousseau ou John Locke développent aux XVIIe et XVIIIe siècles la théorie du droit naturel. Ils
soutiennent que les droits naturels ne sont pas dérivés de Dieu, mais sont « universels, évidents
et intuitifs » comme les lois de la nature. Ils considèrent les femmes comme les enfants, les
esclaves et les non-blancs, comme n'étant ni « rationnels » ni « civilisés » et affirment que le
statut inférieur des femmes est une question de « bon sens » en raison de sa « nature inférieure
»[réf. nécessaire].

Leurs points de vue sont opposés aux XVIIIe et XIXe siècle par des philosophes évangéliques de la
théologie naturelle tels que William Wilberforce et Charles Spurgeon, qui plaident pour l'abolition
de l'esclavage et l'égalité des droits des hommes et des femmes. Ils affirment que toutes les
personnes ont une nature humaine, indépendamment de leur sexe, de leur appartenance
ethnique ou autres qualifications, par conséquent toutes les personnes ont des droits naturels4.
L'une des premières manifestations de femmes en faveur de ces droits se déroule à Barcelone
le 10 juillet 1910, organisée par Ángeles López de Ayala5.

Au XIXe siècle, des femmes, comme Ernestine Rose, Paulina Wright Davis, Elizabeth Cady
Stanton, Harriet Beecher Stowe, aux États-Unis et en Grande-Bretagne, commencent à
contester les lois qui leur refusent le droit à leur propriété une fois qu'elles sont mariées. En vertu
de la doctrine de la coverture, les maris prennent le contrôle des biens immobiliers et des
salaires de leurs épouses.
À partir des années 1840, les assemblées législatives des états des États-Unis6 et le Parlement
britannique7 commencent à adopter des lois protégeant la propriété des femmes de leurs maris
et des créanciers de leurs maris. Ces lois sont connues sous le nom Loi sur la propriété des
femmes mariées8. Les droits de propriété des femmes continuent d'être limités dans de
nombreux pays européens jusqu'aux réformes juridiques des années 1860-70. Par exemple, en
Allemagne de l'Ouest, la loi relative à la succession agricole rurale favorise les héritiers mâles
jusqu'en 19639. Aux États-Unis, les lois dites "chef et maîtres" (Head and master laws), qui
donnaient le contrôle exclusif des biens matrimoniaux au mari, étaient courantes jusqu'à il y a
quelques décennies. La Cour suprême, dans Kirchberg contre Feenstra (1981), a déclaré ces
lois inconstitutionnelles10.
Dans de nombreux pays d'Afrique, les femmes qui jouissaient dans le droit coutumier — droit qui
pourtant leur est généralement peu favorable et souvent exclut leur droit à la propriété — de
droits à exploiter des terres dont la propriété était collective ou de droits fonciers indirects, ont vu
globalement leur situation régresser avec la codification de la propriété et la privatisation des
terres, que celle-ci aient été menées à l'initiative des puissances coloniales en place ou
ultérieurement. Le phénomène est dans certains pays aggravé par les règles d'héritage ou le
statut de mineure héritée du Code Napoléon11. Cette absence ou ces limitations d'accès à la
propriété foncière obèrent les capacités des femmes à assurer leur développement ou survie
économique, l'agriculture étant l'une des principales activités économiques dans les zones
rurales12.
Le droit au travail des femmes comprend l'accès non discriminatoire des femmes aux emplois et
l'égalité de rémunération avec les hommes.
Au Moyen Âge, les femmes peuvent exercer divers métiers (médecins, meunières...) mais elles
sont progressivement exclues des activités les plus rémunératrices. À la Renaissance, les
hommes prennent la direction des corporations féminines et les suppriment jusqu'à ce qu'il n'en
reste plus que trois en 1675 : lingères, bouquetières et limières-chanvrières13.
Pendant longtemps en Europe, les femmes mariées ne peuvent pas travailler sans le
consentement de leur mari : en France jusqu'en 1965, en Espagne jusqu'en 1975 et en
Grande-Bretagne jusqu'en 1919 (voir Sex Disqualification (Removal) Act 1919) et certaines
professions leur sont simplement interdites.
En 2019, selon une étude de la Banque mondiale, les femmes ne bénéficient que des
trois-quarts des droits accordés aux hommes14. Dans toutes les zones géographiques, ces
restrictions à l'emploi se concrétisent par leur surreprésentation dans le secteur informel15.
En France, le ministère chargé de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de
l'Égalité des chances16 publie en 2021 Chiffres-clés : vers l’égalité réelle entre les femmes et les
hommes17. Cette politique publique est relayée à trois niveaux - national, régional,
départemental (exemple en OccitanieNote 1)18.
En Afrique, l'un des facteurs limitant l'accès à l'emploi est la difficulté d'accès à la propriété
foncière12.
L'écart salarial moyen entre les femmes et les hommes dans les pays de l'OCDE se resserre
mais à un rythme très lent. Il passe de 14,5 % en 2010 à 13,5 % en 2019. À l'inverse, dans le
reste du monde, l'égalité se dégrade en moyenne. Cela signifie que les progrès mondiaux vers la
réduction de l'écart salarial sont au point mort19. La Corée présente le plus grand écart salarial
entre les sexes avec 34,1 %, suivie du Japon avec 24,5 % et d'Israël avec 21,8 %. La Belgique
présente l'écart le plus faible avec 3,7 %, la Grèce avec 4,5 % et le Costa Rica avec 4,7 %20. En
2019, le revenu annuel moyen des femmes dans le monde est de 11 500 USD, contre 21 500
USD pour les hommes21. Ces écarts sont très souvent accentués dans le secteur informel15.
Les raisons sont multiples. Tout d'abord, les femmes sont fortement représentées dans de
nombreux emplois qui ont été remplacés par l'automatisation, sont sous-représentées dans les
rôles technologiques émergents et elles assument une part disproportionnée de travail de soins
aux enfants et aux malades22. En outre, dans de nombreux pays, les femmes sont
désavantagées pour accéder au crédit, à la terre ou aux produits financiers, ce qui les empêche
de créer une entreprise ou de gagner leur vie en gérant des actifs.
Les femmes ont le plus d'opportunités économiques au Bénin, en Islande, au Laos, aux
Bahamas et au Bélarus et le moins d'opportunités en Inde, au Pakistan, au Yémen, en Syrie et
en Irak.

Au cours du XIXe siècle, certaines femmes commencent à demander, exiger, puis manifester pour
le droit de vote - le droit de participer à leur gouvernement et à l'élaboration de ses lois23.
D'autres femmes s'opposent au suffrage des femmes, comme Helen Kendrick Johnson, qui
soutient dans la brochure de 1897 Femme et la République qu'elles peuvent avoir l'égalité
juridique et économique sans le droit de vote24.
Les idéaux du suffrage féminin se développent parallèlement à celui du suffrage universel et
aujourd'hui, le suffrage féminin est considéré comme un droit dans la majorité des pays du
monde (en vertu du Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de
discrimination à l'égard des femmes). Au cours du XIXe siècle, le droit de vote est
progressivement étendu dans de nombreux pays et les femmes commencent à faire campagne
pour leur droit de vote. En 1893, la Nouvelle-Zélande devient le premier pays à donner aux
femmes le droit de vote au niveau national puis l'Australie en 190225.

Un certain nombre de pays nordiques accordent aux femmes le droit de vote au début du XXe
siècle : la Finlande (1906), la Norvège (1913), le Danemark et l'Islande (1915). Avec la fin de la
Première Guerre mondiale, de nombreux autres pays suivent - les Pays-Bas (1917), l'Autriche,
l'Azerbaïdjan26, le Canada , la Tchécoslovaquie, la Géorgie, la Pologne et la Suède (1918),
l'Allemagne et le Luxembourg (1919), l'Espagne (1931), la Turquie (1934) et les États-Unis
(1920). Les adoptants tardifs en Europe sont la France en 1944, la Grèce en 1952, la Suisse
(1971 au niveau fédéral ; 1959–1991 sur les questions locales au niveau cantonal), le Portugal
(avec des restrictions dès 1931, puis en 1976 à égalité avec les hommes) ainsi que les
micro-états de Saint-Marin en 1959, Monaco en 1962, Andorre en 1970 et Liechtenstein en
198427. Bahreïn accorde le droit de vote aux femmes en 200128.
Au Canada, la plupart des provinces adoptent le droit de vote des femmes entre 1917 et 1919,
les adoptants tardifs étant l'Île-du-Prince-Édouard en 1922, Terre-Neuve en 1925 et le Québec
en 194029.
En Amérique latine, certains pays donnent aux femmes le droit de vote dans la première moitié
du XXe siècle : Équateur (1929), Brésil (1932), Salvador (1939), République dominicaine (1942),
Guatemala (1956) et Argentine (1946). En Inde, sous la domination coloniale, le suffrage
universel est accordé en 1935. D'autres pays asiatiques donnent aux femmes le droit de vote au
milieu du XXe siècle : Japon (1945), Chine (1947) et Indonésie (1955). En Afrique, les femmes
ont généralement le droit de vote en même temps que les hommes : Liberia (1947), Ouganda
(1958) et Nigeria (1960)25. Dans de nombreux pays du Moyen-Orient, le suffrage universel est
acquis après la Seconde Guerre mondiale. Au Koweït, les femmes obtiennent le droit de vote en
200530, aux Émirats arabes unis en 2006, au Bhoutan en 2007 et en Arabie Saoudite en 2011
(seulement pour les élections locales, comme les hommes)31.
La liberté de mouvement est un droit essentiel. Néanmoins, dans de nombreuses régions du
monde, il est strictement limité pour les femmes, dans la loi ou en pratique. Les femmes ne
peuvent pas quitter leur foyer sans un tuteur masculin ou sans le consentement du mari, comme
au Yémen par exemple32. Même dans les pays qui n'ont pas de restrictions légales, les
mouvements des femmes peuvent être empêchés dans la pratique par des normes sociales et
religieuses telles que le purdah.
Plusieurs pays du Moyen-Orient suivent également le système de tutelle masculine, où les
femmes sont tenues de demander l'autorisation du membre masculin de la famille dans de
nombreux cas, notamment pour se rendre dans d'autres pays. En août 2019, l'Arabie saoudite a
mis fin à ses lois sur la tutelle masculine, permettant aux femmes de voyager seules33.
Cependant, les femmes saoudiennes ont toujours besoin de l'autorisation d'un parent de sexe
masculin pour se marier ou pour quitter la prison ou les foyers pour femmes34.
Diverses pratiques ont été utilisées historiquement pour restreindre la liberté de mouvement des
femmes, comme celle des pieds bandés, entre le Xe et le XXe siècle en Chine. La liberté de
mouvement des femmes peut être restreinte par les lois, mais elle peut aussi être limitée par les
attitudes envers les femmes dans les espaces publics. Dans les régions où il n'est pas
socialement accepté que les femmes quittent la maison, les femmes qui sont à l'extérieur
peuvent être victimes d'abus tels que les insultes, le harcèlement sexuel et la violence. Bon
nombre des restrictions à la liberté de mouvement des femmes sont présentées comme des
mesures visant à «protéger» les femmes35.
La Convention concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l'enseignement
interdit "toute distinction, exclusion, limitation ou préférence fondée sur la race, la couleur, le
sexe, la langue, la religion, l’opinion politique ou autre, l’origine nationale ou sociale, la condition
économique ou la naissance, ayant pour but ou pour effet d'annuler ou de compromettre l'égalité
de traitement dans l'éducation"36. Si le droit des femmes d'accéder à l'enseignement
universitaire est reconnu comme très important, il doit être complété par une formation aux droits
de l'homme, à la non-discrimination, à l'éthique et à l'égalité des sexes, pour que le progrès
social soit possible. L'accès à l'éducation est un enjeu essentiel de l'égalité filles-garçons dans le
monde37.
La Déclaration des Nations Unies sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes déclare
que «la violence à l'égard des femmes est une manifestation de relations de pouvoir
historiquement inégales entre les hommes et les femmes» et «la violence à l'égard des femmes
est l'un des mécanismes sociaux cruciaux par lesquels les femmes sont contraintes à une
position subalterne par rapport aux hommes38."
La Convention d'Istanbul considère la violence à l'égard des femmes comme une violation des
droits de l'homme et une forme de discrimination. Elle désigne tous les actes de violence sexiste
qui entraînent ou sont susceptibles d'entraîner des préjudices ou souffrances physiques,
sexuels, psychologiques ou économiques pour les femmes, y compris les menaces de tels
actes, la coercition ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou
privée39.
Certaines formes de violence à l'égard des femmes résultent de longues traditions culturelles :
crimes d'honneur, violence liée à la dot, mutilations génitales féminines. La violence à l'égard
des femmes est considérée par l'Organisation mondiale de la santé comme « un problème
majeur de santé publique et une violation des droits humains des femmes »40.
Les droits liés à la reproduction sont des droits et libertés juridiques relatifs à la reproduction et à
la santé reproductive. Ces droits ont été entérinés par le Programme d'action sur vingt ans du
Caire adopté en 1994 à la Conférence internationale sur la population et le développement
(CIPD) au Caire et par la Déclaration et le Programme d'action de Beijing en 199541.
Dans les années 1870, les féministes mettent en avant le concept de maternité volontaire
comme une critique politique de la maternité involontaire et expriment le désir d'émancipation
des femmes. Les défenseurs de la maternité volontaire désapprouvent la contraception, arguant
que les femmes ne doivent avoir des relations sexuelles qu'à des fins de procréation et plaidant
pour une abstinence périodique ou permanente42.
Les droits liés à la reproduction représentent un concept large, qui peut inclure tout ou partie des
droits suivants : le droit à un avortement légal et sécurisé, le droit de contrôler ses fonctions
reproductives, le droit d'accéder à des soins de santé reproductive de qualité et le droit à
l'éducation et l'accès aux soins afin de faire des choix reproductifs sans coercition, discrimination
ni violence43. Ils comprennent l'éducation sur la contraception et les infections sexuellement
transmissibles, celui de ne pas subir de mutilations génitales féminines (MGF), d'avortement
forcé et de stérilisation forcée. La Convention d'Istanbul reconnaît ces deux droits à l'article 38 -
Mutilations génitales féminines et à l'article 39 - Avortement forcé et stérilisation forcée39.
Dans les années 1960, les militants des droits reproductifs exigent le droit à l'autonomie
corporelle des femmes. Ces mouvements sociaux conduisent à l'obtention d'un accès légal à la
contraception et à l'avortement au cours des décennies suivantes dans de nombreux pays44.
L'expression birth control (contrôle des naissances) entre dans la langue anglaise en 1914,
popularisée par Margaret Sanger45. Marie Stopes, militante britannique du contrôle des
naissances, rend la contraception acceptable en Grande-Bretagne dans les années 1920 en la
définissant en termes scientifiques46. Le mouvement de contrôle des naissances plaide pour la
contraception afin de permettre les rapports sexuels sans risque de grossesse. Il fait valoir que
les femmes doivent avoir le contrôle de leur reproduction. Des slogans tels que « le contrôle de
notre propre corps » critiquent la domination masculine et exigent la libération des femmes, une
connotation absente des mouvements de planification familiale, de contrôle de la population et
d'eugénisme. Dans les années 1960 et 1970, le mouvement de contrôle des naissances défend
la légalisation de l'avortement et demande des campagnes d'éducation à grande échelle sur la
contraception. Les droits reproductifs, c'est-à-dire les droits relatifs à la reproduction sexuée et à
la santé reproductive, sont abordés pour la première fois en tant que sous-ensemble des droits
humains à la Conférence internationale des Nations unies sur les droits humains en 196847.
Dans les années 1980, les organisations de contrôle des naissances et de contrôle de la
population coopèrent pour revendiquer les droits à la contraception et à l'avortement, en mettant
de plus en plus l'accent sur le « choix »42.

Avortement[modifier | modifier le code]

Les droits reproductifs des femmes devraient inclure le droit à l'accès à un avortement sûr et
légal. Les lois sur l'avortement varient d'une interdiction totale (République dominicaine, El
Salvador, Malte, Nicaragua, Vatican) à des pays comme le Canada, où il n'y a pas de restrictions
légales48. Dans de nombreux pays où l'avortement est autorisé par la loi, les femmes n'ont qu'un
accès limité aux services d'avortement sécurisé. Dans certains pays, l'avortement n'est autorisé
que pour sauver la vie de la femme enceinte ou si la grossesse résulte d'un viol ou d'un
inceste49. Il y a aussi des pays où la loi est libérale mais où, dans la pratique, il est très difficile
de se faire avorter car les médecins refusent de pratiquer50. L'ONU dans sa résolution de 2017
sur l'intensification des efforts pour prévenir et éliminer toutes les formes de violence à l'égard
des femmes et des filles: a exhorté les États à garantir l'accès à « l'avortement sécurisé là où
ces services sont autorisés par la législation nationale51. »
La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes
considère la criminalisation de l’avortement comme une « violation de la santé et des droits
sexuels et reproductifs des femmes » et une forme de « violence sexiste ». Le paragraphe 18 de
sa recommandation générale no 35 sur la violence sexiste à l'égard des femmes, déclare que : «
Violations de la santé et des droits sexuels et reproductifs des femmes, telles que stérilisations
forcées, avortement forcé, grossesse forcée, criminalisation de l'avortement, le refus ou le retard
de l'avortement sécurisé et des soins post-avortement, la poursuite forcée de la grossesse, les
abus et les mauvais traitements infligés aux femmes et aux filles à la recherche d'informations,
de biens et de services en matière de santé sexuelle et reproductive, sont des formes de
violence sexiste qui, selon les circonstances, peuvent être assimilés à la torture ou à des
traitements cruels, inhumains ou dégradants52. »

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