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PARISIENNES CITOYENNES !
Égalité salariale, féminisation de la langue, éducation des filles, droit des
femmes à disposer de leur corps… Les combats d'aujourd'hui étaient déjà
menés il y a bien longtemps. Dès le XVIIIe siècle. « Mais ils ont été passés sous
silence, car l'Histoire a principalement été écrite par les hommes, qui
considéraient ces événements comme mineurs », déplore Catherine Tambrun,
membre du commissariat scientifique du musée Carnavalet, spécialiste de
l'histoire de Paris et attachée de conservation au département Photographies
et Images numériques.
PARISIENNES CITOYENNES !MUSÉE CARNAVALET23, rue de Sévigné, 75003 Paris.Du 28 septembre
2022 au 29 janvier 2023.
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Si l'histoire des luttes pour les droits des femmes en France ne s'est pas
seulement jouée à Paris, ce parti pris rend ici possible l'exploit d'en faire une
synthèse chronothématique. « Car souvent, c'est à Paris que “ça” se passe,
note Catherine Tambrun. C'est un territoire national où siègent les principales
institutions politiques du pays,où la vie politique est intense et les disparités
socio-économiques profondes. Ainsi naissent des combats collectifs et avant-
gardistes que seule une capitale rend possibles. »
Boîte de nuit lesbienne « Le Monocle » photographiée par Brassaï à Paris en 1933.
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« Il y aura des choses très connues - comme les photographies de Brassaï, Les
Causeuses de Camille Claudel ou encore le Manifeste des 343, la pétition de
1971 appelant à la légalisation de l'avortement en France -mêlées à des
combats de femmes très peu connus, voire anonymes. »
Aux côtés d'icônes féministes comme Gisèle Halimi et Simone Veil figureront
des citoyennes révolutionnaires, des pacifistes, des résistantes, des femmes
politiques, des syndicalistes, des intellectuelles et artistes engagées, des
travailleuses en grève, des collectifs de femmes immigrées… Ou encore
Hubertine Auclert, première suffragette française, qui lutta pour la
féminisation de la langue française, le droit à l'avortement, la réforme du Code
civil et des lois de protection pour les travailleuses, l'abandon des robes à
traîne… Parmi les premières féministes de France, elle fit aussi la grève de
l'impôt en 1880, déclarant alors : « Si je ne suis pas citoyenne, pourquoi je
payerais l'impôt ? »
EXPOSITION ICEBERG
Cette exposition met aussi l'accent sur les temps forts de l'émancipation des
femmes qui croisent toujours la « grande Histoire » : les Parisiennes en
révolution - de 1789 à la Commune - les suffragettes, puis le féminisme
d'entre-deux-guerres - avec le Paris des garçonnes ou encore les citoyennes
au temps du Front populaire - les résistantes, les scandaleuses de l'après-
guerre, les grandes contestations sociales de la seconde moitié du XXe siècle,
avec bien sûr Mai 68… Enfin sera évoqué « le temps des libérations » avec Le
Mouvement de libération des femmes (MLF) fondé en 1970, et une
effervescence qui a fédéré les luttes sociales : luttes pour les droits des
lesbiennes, des femmes de ménage, des femmes prostituées, des femmes
noires, des femmes immigrées… La grande diversité des combats - pour
l'instruction, la création artistique et culturelle, l'égalité des droits civils et
civiques, la liberté à disposer de son corps - se double d'une grande diversité
des modes de revendications. « Outre les collectifs et journaux, nous mettons
en avant des actions d'éclat : s'enchaîner à un lieu symbolique, balancer des
tracts en avion, convoquer la presse pour faire taire des personnalités
opposées aux droits des femmes, intervenir dans les églises ou les mairies au
moment des élections… C'est en fait une exposition iceberg, qui entend faire
deviner l'étendue de ces luttes, en en présentant une petite partie. »
Cette exposition rend enfin grâce à ce passé occulté, ici brillamment mis en
lumière, et à ses Parisiennes dont le combat reste encore et toujours
d'actualité, à Paris comme partout ailleurs dans le monde.
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