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Projet de mémoire : Histoire des femmes & cinéma, être à l'écran et être réellement.

Théo Karbowski - 2024

Dans sa globalité, le fond d'un mémoire axé autour des femmes et du cinéma serait en premier lieu
de s'intéresser au parallèle qu'impose un art visuel comme le cinéma avec l'Histoire, créer de l'art
c'est puiser dans les mœurs, les avancées de son temps. Là où l'histoire des luttes donne une idée
des courants de pensée et des mentalités de leur époque, le film permet une analyse en profondeur
qui marque sa période. Un reflet contemporain qui dépasse l’enjeu culturel, l'intérêt de passer par le
prisme du cinéma est de pouvoir s'accrocher à un objet « existant », incrusté dans la société qu'il a
illustrée et illustre désormais historiquement. Si l'histoire a donné des preuves de l'évolution du
droit des femmes, le rôle qu'elles ont joué dans la société hors de ces grands moments ne doit pas
être invisibilisé. L'idée est quelque part de s’intéresser à la manière dont les figures féminines se
servent du système pour le changer sans forcément se rebeller contre lui. Des exemples comme
celui d'Alice-Guy-Blaché, pionnière de l'industrie cinématographique, de Germaine Dulac,
réalisatrice totalement engagée dans la société et au travers son art, ainsi que le cas de Jacqueline
Audry sont à prendre en compte dans la diffusion des représentations féminines dans un cinéma
naissant, ou s'incrustant au cœur de volontés politiques nouvelles pour les femmes. Un cinéma qu'il
ne faut pas non plus oublier avoir été longtemps dominé par des hommes à l'instar de la société tout
au long du XXeme siècle, permettant ainsi de voir la perception des femmes à l'écran : un outil
d'analyse très utile pour se rendre compte de la vision que les hommes souhaitent donner de leurs
homologues féminins, tendant même parfois à imposer un modèle défini de la femme de son temps
(la figure féminine évolue largement en fonction du contexte sociétal, l'archétype de la femme au
cinéma varie entre les années 1930, la libération et la nouvelle vague).

Le but est donc de d'exalter une histoire comparative entre le rôle des femmes à un instant T de leur
histoire et la manière dont la société les représente, les perçoit, en fait des figures genrées. Une
volonté d'analyse à mettre en perspective avec un contexte historique au travers duquel se manifeste
la place des femmes. Sans contredire le terme de « parallèle », se contenter d'une simple
comparaison ne serait pas suffisant bien que nécessaire, en mêlant histoire des femmes et cinéma, il
est impératif de croiser les deux domaines et non de seulement faire une bête transposition des
femmes à l'écran. L'idée est d'aller plus loin, se demander en quoi la réalité nourrit le genre
cinématographique en fonction de son climat politique, idéologique... et inversement, en quoi la
« fiction », le médium culturel qu'est le cinéma peut influencer, voire participer activement à
l'évolution des sociétés desquelles il émerge. Mettre en avant la façon dont les femmes de l'écran
débordent sur les femmes du réel, l'art évolue en même temps que ses créateurs. Germaine Dulac
redéfinit les statuts de genre dans plusieurs de ses films, donne un point de vue subjectif aux
femmes, Alice-Guy Blaché à quant à elle une histoire davantage incrustée dans la réalité, faisant
office de figure avant-gardiste dans une industrie toute jeune et dans une société en pleine
transformation à l'aube du XXeme siècle, enfin Jacqueline Audry bouscule les codes de l'après-
guerre en devançant ce qui sera quelques années après ses débuts « la nouvelle vague ».

(Ci-dessous une idée de départ ainsi qu'un corpus de documents filmiques et bibliographiques,
tous les deux susceptibles d'évolution)
Histoire, femmes et féminisme à la libération : un creux de la vague favorable pour le cinéma
au féminin ?

Contexte : L'occupation Allemande a été un événement charnière pour le sentiment patriotique


Français, divisant la France entre Pétainiste et Gaulliste, collaborateurs et résistants. Mais à cela
s'ajoute une division plus profonde qui opère entre les sexes : les femmes ont malgré elles goûté à
un sentiment d'autonomie et d'émancipation durant les deux premières années de guerre en créant
un véritable « front d'intérieur ». La figure de l'homme viril et dominant a été érodé par l'occupation
Allemande. La femme est perçue différemment dans la société, tantôt remise à sa place de mère-
épouse à laquelle elle ne semble plus convenir, tantôt crainte pour sa potentielle émancipation après
l'obtention de nouveaux droits comme la possibilité de participer au suffrage universel. Alors que
les luttes pour les droits des femmes semblent unanimement bridées dans la nation des droits de
l’homme, et que le cinéma a connu de profonds changements, ces deux domaines semblent pourtant
cohabiter dans un entre-deux peu scruté par l'Histoire, une ère pré-nouvelle vague. Mais il s'agit
aussi d'une période post-guerre au cours de laquelle le féminisme est freiné et considéré « au creux
de la vague ». Un passage en somme transitoire mais qui ne semble pas réellement dépourvu
d'évolution pour ce qui est de la perception féminine et des rôles de genre. A l'orée d'une société
française s'apprêtant à franchir le pas entre l'après-guerre et les trente glorieuses, avant l'avènement
de Godard, Varga ou encore Vadim, avant que Brigitte Bardot, Ingrid Bergman ou encore Catherine
Deneuve n'incarnent des représentations féminines nouvelles, par quel biais le cinéma s'accordait-il
à l'histoire pour faire de ces femmes des actrices à l'écran autant que des actrices de leur temps ?

Pour synthétiser, l'entre-deux guerre avait déjà ouvert des portes notamment dans le monde du
travail pour les femmes mais l'inégalité entre les sexes persiste. L'occupation Allemande et la fin de
la seconde Guerre Mondiale font office de marquage temporel fort y compris pour les luttes
féminines et féministes, bien que cette période soit suivit d'un entre-deux soit disant « silencieux ».
La deuxième vague de féminisme débute au milieu des années 60 et à cela s'ajoute un mouvement
inhérent au septième art : la nouvelle vague. Sur une période s'étalant des années 1920 jusqu'aux
années 1960, la société française connaît de véritables bouleversements, et le cas des femmes ne fait
pas exception, ainsi ces quarante années connaissent une évolution singulière de la figure féminine
qui est retranscrite ou incarnée sur le grand écran avec des visions changeantes à mesure que les
revendications féministes sont obtenues et que l'Histoire suit son cours.

→ Appréhender la libération comme la pièce centrale d'un changement aussi bien historique pour
les femmes en société que culturelle pour les femmes à l'écran

→ Le cinéma post-guerre met en exergue les changements connus avec cette dernière, l'important
est donc d'analyser cette évolution avec les films des années 1920, baignant encore dans une
conception différente de la féminité et de la femme en général.

→ Mais ce cinéma post-guerre est aussi un tremplin pour ce qui advient dans les années 1960,
plus d'une pierre fondant l'édifice du cinéma de la nouvelle vague est posée entre 1945 et 1956, la
nouvelle vague marque la transformation de l'image de la femme à l'écran, en même temps que se
déroule la seconde vague du féminisme. Ce cinéma post-guerre est donc aussi à étudier sans
mettre de côté l'évolution qu'il permet au cours d'une décennie pourtant considéré comme
relativement calme pour ce qui est de l'histoire des femmes.
Corpus filmique : La cigarette, Gemraine Dulac (1919) – Fièvre, Louis Delluc (1921) - La
souriante madame Beudet, Germaine Dulac (1923) – La femme de nulle part, Louis Delluc (1922) -
L'hinumaine, Marcel L'Herbier (1924) - Celles qui s'en font, Germaine Dulac (1930) – La fille du
puisatier, Marcel Pagnol (1940) – Elles étaient douze femmes, Georges Lacombe (1940) - Vénus
Aveugle, Abel Gance (1941) – Falbalas, Jacques Becker (1945) - Gigi, Jacqueline Audry (1949) –
Partie de campagne, Jean Renoir (1946) – The woman on the beach, Jean Renoir (1947) – Le
déjeuner sur l'herbe, Jean Renoir (1959) – Manèges, Yves Allégret (1949) – L'amour d'une femme,
Jean Grémillon (1953) – Casque d'or, Jacques Becker (1948) – L'étrange madame « x », Jean
Grémillon (1951) – Le voile bleu, Jean Stelli (1942) – Hiroshima mon amour, Alain Resnais (1957)
– Les grandes manœuvres, René Clair (1954) – La vérité sur Bébé Dongue, Henri Ducoin (1952) -
Les visiteurs du soir, Marcel Carné (1942) – Olivia, Jacqueline Audry (1951) – Les parents
terribles, Jean Cocteau (1948) – Douce, Claude Autant-Lara (1943) – Le ciel est à vous, Jean
Grémillon (1944) – Panique, Julien Duvivier (1946) – Minne, l'ingénue-libertine, Jacqueline Audry
(1950) – La Pointe-Courte Agnès Varda (1955) – Les mauvaises rencontres, Alexandre Astruc
(1955) - Le mépris, Jean Luc-Godard (1963) – Cléo de 5 à 7, Agnès Varda (1962)

Corpus bibliographique : La drôle de guerre des sexes du cinéma français, Noël Bursh et Geniève
Sellier (1996) – Histoire du féminisme, Michèle Riot-Sarcey (2015) - Les femmes dans la société
Française au 20eme siècle, Christine Bard (2003) - Le mouvement féministe en France après la
deuxième guerre mondiale [article], Sylvie Schweitzer et Danièle Voldman dans Matériaux pour
l'histoire de notre temps, n°1, Histoire des femmes et du féminisme. (1985) - Ne nous libérez pas, on
s'en charge, Bibia Pavard, Florence Rochefort, Michelle Zancarini-Fournel (2020) – Droits des
femmes et cinéma : petit guide de survie, Nathalie Faucheux (2023) – L'âge classique du cinéma
français, du cinéma parlant à la nouvelle vague, Pierre Billard (1995) – Le cinéma des midinettes,
Cinémonde, ses « potineuses » et ses « potineurs » (2023) – Jacqueline Audry, La femme à la
caméra, Brigitte Rollet (2015) - Les femmes ou les silences de l'histoire, Michelle Perrot (1998).

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