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Lezione 1
Programme: Classiques= Proust: Du côté de chez Swann (1913), Folio
On commence avec des considérations un peu en général sur le siècle, mais qui peuvent être
assez importantes : d’abord, il y a une grande difficulté à étudier le siècle parce qu’on manque
le distance pour le restituer complétement, il y a une distance suffisante parce qu’on connait
les mouvements, les différents genres, mais il y a une manque de distance paradoxale pour
évaluer les livres qui vont rester ou ceux qui vont disparaître ; chaque époque conserve des
livres et l’en fait disparaître et c’est jamais forcement le même : on a longtemps critiqué
Marcel Proust en France, et on a même évoqué l’idée que peut être la littérature classique
comme ça, il y a eu un grand débat en littérature en France, il a gagné une importance
capitale, et donc Marcel Proust est redevenu le plus grand écrivain français. (…) Ce cours se
propose en 3 grands objectifs : vous sensibilisez aux étapes fondamentales qui caractérisent
les grands changements du siècle (notamment du genre romanesque, tous les textes sont des
romans) ; représenter quelques auteurs majeur représentatifs du XXème siècle ; vous
introduisez un connaissance des univers esthétiques, des mouvements littéraires de ces
auteurs.
Je vous feriez un petit rappel historique du XXème siècle : le XXème siècle commence avec
les premiers 10 années d’euphorie économique, c’est une sorte d’âge d’or, du bien vivre et bien
être. Marcel Proust a écrit La Recherche du Temps Perdu en 1913. Ces années-là sont des
très belles années, mais évidemment cela ne dure pas puisque la première grande crise du
XXème siècle c’est la guerre, la Première Guerre Mondiale (1914-1918) qui commence en 1914.
À partir de là, les grands traumatismes du siècle vont commencer, vont s’enchainer. La
Première Guerre Mondiale commence en juillet 1914, c’est une période tragique, épouvantable
sur le plan militaire, qui constitue le tournant le plus significatif de l’évolution du siècle et de
la mentalité. Elle était une guerre terrible, tragique, totale parce que l’impact se répercute
sur les plans de la société, de la mobilisation militaire et humaine. Elle mobilise les gens et, en
même temps, elle mobilise toute l’économie : une grande partie de la production industrielle va
à soutenir les formes de la guerre. Tout est concentré, les hommes, l’économie, dans cette
direction de la guerre. Parallèlement, les hommes sont partis au front pour se battre, les
femmes remplacent les hommes dans la société. Les femmes donc vont à se substituer aux
hommes dans les usines. C’est une force humaine qui se renouvelle complétement. Par ailleurs
les rationnements sont plus difficiles, l’approvisionnement des genres alimentaires s’effectue
de manière très difficile. Les années de l’après-guerre affectent terriblement le Pays.
Le monde que décrit Marcel Proust est précisément l’inverse de la réalité, c’est paradoxale :
Proust décrit un monde d’aristocrates, des bourgeois. Parallèlement dans le monde on
contextualise la monarchie russe, l’affrontement des deux idéologies majeurs (Etats-Unis et
Russie). Le XXème siècle est également marqué par autres crises, comme la grande crise
économique du 1929, le krach boursier, les spéculations très fortes qui vont faire crouler le
marché, et puis au 1939 la Seconde Guerre Mondiale (1939-1945). On peut dire que la
première moitié du XXème siècle en France est une période très terrible, c’est une suite des
conflits épouvantables. L’immense traumatisme aura des incidences et des répercussions sur
la manière de fonctionner, sur la société et puis sur la littérature ; un ensemble de tragédies,
une manière d’agir plutôt qu’un autre. Mais après la guerre, on a une sorte de retour à la
croyance en l’humain, à l’individu. Il y a une sorte d’un optimisme de la société qui va à
commencer à croire de nouveau à l’individu : ça accroitra à une sorte d’individualisme. Le
XXème siècle est riche, complexe, plein de guerres et également des révolutions (vous
rappelez celle du 1968 contre le pouvoir), mais c’est un siècle complètement meurtriers, plein
de blessés. Après la Deuxième Guerre Mondiale, on va à faire quelque chose de parallèle à la
guerre, sur le plan symbolique on va à faire une sorte de déconstruction, comme la guerre a
détruit les humains, comme si ce guerre n’en finissait pas, elle va à détruire, affecter toutes
les structures esthétiques. Et donc il y aura une réactivation de la querelle des Anciens
contre les Modernes : elle va à réapparaître dans toutes les périodes, il y a toujours un
moment où une génération met en discussion la génération précédente. Il y a une rupture avec
Racine, l’idée qu’on peut plus écrire pour la littérature comme avant. Le siècle sera dominé par
le refus, le rejet de ce qui a existé auparavant. C’est intéressant donc après toutes ces
guerres qui ont dominé les premiers 50 années on va à parler de rupture : le XXème siècle est
caractérisé par la rupture, le rejet du siècle précédent. Il y a un lien directe avec les
principaux faites historiques de ce siècle. La déconstruction après la guerre va à admettre en
parallèle l’arrivé des publications iconographiques de la télévision : le fait de voir dans son
quotidien en télévision c’est un flux d’images, avec l’arrivé de la télévision on va modifier les
structures mêmes de la littérature, de la façon d’écriture, puisque en voyons des images
défilés, on aura pas besoin d’écrire des images comme on faisait au siècle précédent, ça va à
affecter la technique de la description. Le XXème siècle a été profondément marqué par des
crises historiques, politiques, morales et artistiques. (Est-ce que vous connaissez les courants
littéraires du XXème siècle?) Il y a 3 grands courants: le Surréalisme, l’Existentialisme et le
Nouveau Roman. Henri Mitterrand découpe le siècle en deux parties pour le bien comprendre :
le temps de proposition (1900-1940) et le temps de soupçons (1940-2000). Le temps de
proposition s’ouvre avec la crise du roman (qui dure jusqu’à les années ‘20), le crise du roman,
de l’idée du roman classique, même si paradoxalement c’est ce roman qui alors se vend encore
de plus. On voit la naissance d’une littérature populaire de consommation, du divertissement.
Un roman qui est la continuation du roman présent au XIXème siècle (le roman réaliste, les
propositions dramatiques). On a un renouveau de ce roman en 1913 avec la sortie du roman de
Proust où on peut dessiner les nouvelles ambitions du genre romanesque. D’un certain façon on
sort de l’impasse du roman réaliste traditionnelle en élargissant complètement les structures.
Pourquoi c’est un renouvellement du genre ? Parce que jusqu’à maintenant la littérature du
XIXème siècle cherchait à raconter un histoire. Avec La Recherche du Temps Perdu ça n’est
plutôt l’histoire importante, mais la manière de raconter l’histoire, l’écriture. L’ambition de La
Recherche du Temps Perdu est de suggérer la profondeur d’un monde tel qu’elle est vécu
d’inconscience. C’est l’exploration d’un paysage intérieur à partir du premier personne qui est
le « JE ». C’est une nouvelle Comédie Humaine à la Balzac, mais raconter cette fois de
l’intérieur, par un JE. Le théâtre mondaine se donne avoir par ce JE, qui cherche de restituer
la vie, le monde, les sentiments. Dans ce temps de proposition on a le rejet de la littérature
du XIXème siècle réaliste et puis un renouveau avec La Recherche du Temps Perdu, qui ne
décrit plus le monde de l’extérieur, ne cherche plus à raconter un histoire, mais cherche à
raconter l’aventure d’un JE, d’un individualité, d’un premier personne, en explorant un
conscience. Dans le temps de soupçons la Seconde Guerre Mondiale constitue un moment de
rupture dans l’histoire du XXème siècle mais un couture de l’histoire du roman français. Les
années de l’après-guerre voient une nouvelle crise du roman, l’écriture romanesque sera
désormais critique (c’est pour ça de soupçons, l’écriture de soupçons). L’écriture est critique,
autocritique, autoréflexive, elle écrit sur le même sans chercher forcement à raconter un
histoire. On s’intéresse plus au quoi de l’histoire mais au comment dire, on s’intéresse à la
manière de le dire. Cette littérature propose une réflexion sur la forme, elle s’interroge sur
les conditions sur sa possibilité, sur sa légitimité et sur sa validité. Une question qu’on pose
cette littérature des soupçons c’est comment écrire après la Guerre Mondiale, comment
écrire après l’horreur ? Lorsque l’horrible, le tragique, le pire a été vécu, est-ce que la
littérature ne parle pas un exercice de la puissance, de l’absurde ? Il y a nombreux textes en
littérature très intéressant (Primo Levi, Si ce est un homme) ; un autre texte qui peut être
plus fort c’est L’Espèce Humaine de Robert Antelme qui a été le mari de Marguerite Duras, et
qui a écrit ce texte d’un simplicité extraordinaire qui donne un témoignage terrible. Donc on
peut plus après la guerre écrire comme avant, d’un certain façon, deuxième crise du roman, et
la nécessité donc de trouver d’autres formes, de renouer la littérature par un autre
questionnement, par le fait de trouver d’autres formes, d’autres genres. On soupçonne le
roman d’inutilité. Tous ces soupçons, tous ces regardes critiques sur la littérature va à opérer
sur une lente érosion des frontières entre les genres, les frontières génériques, c’est un
tournant énonciatif qui caractérise les années ’70. On trouve des romans parlants, la
littérature va devenir une sorte de devenir discours, on écrit un peu comme on parle. Cette
littérature n’est plus concerté, n’est plus bien habillé, elle ne cherche plus à écrire pour
écrire, elle écrit comme on parle. De nombreuses auteurs rejettent les conventions narratives
et les esthétiques du XIXème siècle, le XXème siècle se caractérise par l’opposition et le
renouvellement, le rejet et l’acceptation des normes des mouvements. On va commencer par le
rejets des esthétiques du XIXème siècle : les 3 mouvements esthétiques du XIXème siècle
que le XXème siècle rejet sont le Réalisme, le Romantisme et le Naturalisme. Qu’est-ce c’est
un mouvement littéraire ? C’est un ensemble des auteurs qui ont pour connoter des idées, des
esthétiques, un courant de pensée, qui vont permettre tous ces auteurs de produire un
analyse commune du monde. Le Romantisme est caractérisé par le volonté d’exprimer de façon
lyrique le sentiment de l’homme, à travers la Nature, l’Amour etc. Le roman de Chateaubriand,
René, est caractéristique du roman romantique. C’est un roman qui détaille les souffrances
romantiques, c’est un histoire qui raconte, qui décrit très précisément les souffrances d’un
amour. Le Romantisme rejet d’autres esthétiques classiques, tous qui est considéré les
nuages, il exalte la liberté d’imagination, il exalte les enchantements du monde, qui est résumé
par la fameuse phrase de Pousset « Je suis venu trop tard dans un monde trop vite ». Le
XXème siècle s’oppose aux esthétiques romantiques. On rejet aussi le Réalisme. Qu’est-ce
c’est le Réalisme ? Le Réalisme explore les mécanismes sociaux, il explore la vie quotidienne et
il peint la réalité. il y a la volonté de retranscrire le quotidien le plus fidèlement possible
(retranscription fidèle du réelle). On différencie deux types de Réalisme : le Réalisme
Balzacien, qui cherche à décrire très précisément le réelle, qui est une attention, une
observation minutieuse de la vie, du quotidien, des hommes, des comportements humains, ou
réalisme illusionniste, celui de Stendhal, qui lui va rompre ce fiction dans le monde
contemporain. Rejet des esthétiques Naturalistes. Qu’est-ce que c’est le Naturalisme ? C’est
un mouvement littéraire qui reformule tout à partir d’une description exacte du réelle à
partir d’un enquête et d’un documentation, c’est un école littéraire formé autour des frères
Goncourt et Zola. Le Naturalisme suit les découvertes de son époque, notamment les
découvertes médicales et le raconte de la réalité de manière le plus scientifique possible et
prolonge le courant réaliste. Dans ces romans on va à étudier le déterminisme sociale,
l’hérédité sociale, l’influence des milieux sociales sur un individu, ce sera les grands
classifications pour reconnaître un roman naturaliste. Les auteurs du XXème siècle s’opposent
catégoriquement à ces 3 mouvements, ils rejettent les esthétiques qui les constituent, ils
refusent le déterminisme du Réalisme, la volonté de peintre la réalité du Réalisme, ils
refusent le lyrisme du Romantisme. Comme les écrivains du XIXème siècle se sont tous
opposées au classique du XVIIème et XVIIIème siècle, les auteurs du XXème siècle
s’opposent à les esthétiques du XIXème. Le renouvellement de l’inspiration des formes
poétiques, on a l’exemple de Guillaume Apollinaire, qui est un poète de la Révolution poétique
au début du XXème siècle, il est l’inspirateur de l’esprit nouveau du XXème siècle, il est
l’inventeur du mot Surréalisme. Sur le plan formel Apollinaire est créative, il supprime la
ponctuation, en inventant la forme du calligramme (le poème qui figure par sa disposition
typographique sur la page). Cette crise du renouvellement du XXème siècle s’explique par les
nombreuses découvertes et innovations dans autres domaines. On la le rejet de conventions
narratives : on va rejeter dans la narrations des textes la linéarité des textes, la narration
des textes, la modalité d’écrire, la division du temps, le narrateur omniscient, le refuse des
informations physiques, définir son statut sociale, expliquer son comportements, de livrer et
expliquer ses motivations, raconter son passé, la place des personnages est complétement
remise en cause. La description littéraire est remplacé par les images en télévision ; il va
disparaître le narrateur omniscient, au profit du roman dans lequel le point de vue est
redistribué à travers divers personnages, il est un sorte de roman polyphonique. La
vraisemblance est de plus en plus importante, les auteurs ne suivent plus nécessairement une
ligne narrative chronologique, le récit fait des syncope, d’éclatements, des ruptures. Ce rejet
des conventions narratives se caractérise par la dissolution du personnage, d’un narrateur
omniscient, de l’idée de vraisemblance.
On va passer au renouveau esthétique des courants romanesques : on a rejeté, on a fait
exploser tout ça, on renouvelle le roman. Ce renouvellement ne peut avoir lieu que parce que
parallèlement au siècle il y a un développement de la psychologie, de la psychanalyse, de la
sociologies, de la politique, des idéologies et puis on a également tout ce qui a eu la guerre. Le
roman ne peut plus être le simple miroir de la société, ne peut plus être simplement la
représentation fidèle de la société comme on l’a été jusqu’à maintenant, mais il est désormais
le reflet d’un conscience de l’auteur dans le monde. Tous les textes du programme d’un certain
façon pourraient caractériser ce phrase, ce problématique. Le roman sociale révèle souvent la
crise de valeur qui frappe la société de l’entre deux guerres. Ce sont ce qu’on appelle les
romans de l’inquiétude, qui décrivent désormais des individus tourmentés par la guerre, par
l’invasion, par une obsession. Le roman et le lecteur, le prisme par lequel les écrivains vont
affirmer leur vision du monde, leur vision de l’histoire, ce sont des témoins directs du temps.
Les 3 grands mouvements romanesque du XXème siècle sont : le Surréalisme, l’Existentialisme
et le Nouveau Roman.
Le Surréalisme (1924-1960) : c’est le mouvement littéraire et esthétique le plus important du
XXème siècle, celui qui nait juste au lendemain de la Première Guerre Mondiale. C’est le
mouvement qui nait dans un contexte historique tragique, qui a laisse toute une génération
d’individus traumatisés, horrifiés et découragés. Les écrivains surréalistes vont mettre en
avant, valoriser une rupture radicale avec le conformisme esthétique et politique de l’époque.
Le Surréalisme s’inscrit dans le prolongement du poète Apollinaire et le Dadaïsme (le mot
Dada est un mot qui vient du langage des enfants pour indiquer le cheval). Le Dadaïsme nait en
Suisse en 1916 par Tzara, il s’impose avec la libération de la forme littéraire et des
conventions sociales, un développement des thèmes du rêve et de la pensée. L’objectif est
toujours de libérer, d’émanciper l’imagination après ces horreurs on a la libération de
l’inconscient. On fait appelle au force de l’inconscient pour trouver des nouvelles expressions
artistiques et se révolter parce qu’il y a toujours une dimension politique dans ces différents
mouvements. Le père fondateur du Surréalisme c’est André Breton, Philippe Soupault qui
écrit le Manifeste du Surréalisme en 1924, en essai dans lequel tous les deux exposent les
théories qui sou tentent le courant. Breton rejette tout ce qui est rationnelle, tout ce qui
vient de l’explication de la raison, de la logique, pour préférer le côté du rêve, de
l’irrationnelle, de l’imaginaire, ce qu’on appelle la surréalité. Les caractéristiques du
Surréalisme sont : le refus des conventions, l’importance du rêve et de l’inconscient,
l’érotisme, le refus du personnage réaliste, l’idée de surgir d’un autre inconscient, dû à
l’écriture automatique, on met des mots sur le papier qui n’on pas des liens entre eux. Le
Surréalisme a la passion pour les phénomènes inexpliqués, le coïncidence étranges, les
impressions du hasard objectif (c’est un hasard qu’on ne peut expliquer). Le Surréalisme va
essayer de suivre toute objectivation, toute rationalité, il est contemporain à les découvertes
de la psychanalyse de Freud. Les thèmes du Surréalisme sont : le fol d’amour, la femme, la
révolte, il y a un sentiment, un désir très fort de nouveauté, on va détruire les valeurs
bourgeois. C’est un genre qui concerne tous les genre : théâtre, roman, poème, il affecte tous
les genres de la littérature et il se manifeste dans ce forme surtout sur la forme de poème,
d’écriture automatique, de jeux surréalistes, de collage, des calligrammes, des associations
des idées. Les auteurs sont André Breton, Philippe Soupault, Louis Aragon, Jacques Prévert.
Lezione 2
L’Existentialisme : ce qu’on appelle le « mouvement de l’absurde », ce prolongement on peut le
dater du 1930 au 1960. Les horreurs de la guerre sont traumatisantes pour l’époque et ont
affecté tous les comportements des individus, ils ont alimenté une grande angoisse
existentielle. L’Existentialisme nait en 1930, après la grande crise boursière de 1929 qui a
éclaté la bulle économique mondiale. Les conséquences importantes de la crise économique
sont le chômage jusqu’à 1936 et également une crise poétique, puisque en toutes les périodes
de grande crise économique il y a des conséquences poétiques qui se caractérisent par
l’ammonter des extrêmes en politique, les radicaux à gauche et à droite, ici surtout l’extrême
droite (le nazisme), qui ont changé la façon de penser, qui ont crée une immense inquiétude au
sortie de la guerre et au sortie de la grave crise boursière de 1929 : à partir de là nait le
mouvement de l’Existentialisme. Les idéologies deviennent de plus en plus difficiles pour les
écrivains ; un des vrais motifs de cette période pour le paysage littéraire, pour la littérature,
pour la vie culturelle, c’est l’engagement des intellectuels : on peut toujours choisir de se
déplacer, d’obéir à son époque, mais aussi on peut choisir de s’engager, de prendre une
position politique, soit le droite soit la gauche (Sartre, Camus ont factionné cet engagement).
Les Existentialistes ont pour maitre avancé le philosophe Kierkegaard et plus encore Martin
Heidegger, qui a écrit en 1927 « Être, étant, néant», qui a beaucoup inspiré le courant
Existentialiste. D’ailleurs, Sartre reprendra les théories d’Heidegger dans un essai, « L’être
et le néant ». L’engagement devient une véritable nécessité, l’individu de cette époque a le
choix de se soumettre, de se dédier complétement à la cause politique, ou bien de s’opposer
aux injustices, de se révolter (Camus). La révolte, la soumission, la désobéissance, prendre les
distances sont des facteurs qui vont caractériser cette catégorie d’intellectuels. S’engager
signifie pour les existentialistes non pas s’impliquer, mais agir.
Sartre fonde l’Existentialisme, il a écrit « L’Existentialisme est un Humanisme », sa théorie
est que l’existence précède l’essence : il reprend l’état d’esprit, il veut dire que l’individu
quand il nait de sa naissance, il n’est pas, il n’a pas d’essence de l’humain ; en revanche, pour
être, pour exister il doit se forger, se construire ; autrement dit, il n’est pas déterminé de sa
naissance, mais certains en choisissant sa vie, en s’engageant, qui oublient son existence.
L’homme n’est pas déterminé à une fonction précise en naissant, mais c’est par ses crises de
condition, par ses actes qu’il se détermine. Jean-Paul Sartre écrit que « L’homme n’est pas
libre mais il est liberté », c’est une phrase très simple mais au même temps très complexe,
c’est une paradoxe : il veut dire que l’homme nait dans un contexte avec des déterminations
culturelles, des obligations, des endroits, il n’est pas libre de faire ce qu’il veut lorsqu’on vit
dans un milieu, mais en revanche il est liberté de faire ce qu’il veut, il peut choisir de rester
dans cette assimilation, dans cette détermination de la famille, de la société, mais il peut
aussi choisir de faire autre chose, et Sartre dit que ceux qui ne font pas ce choix sont des
salaud, il dit que ceux qui choisissent de dire, de se protéger, de se cacher derrière les
déterminations sont des salaud (hypocrite sociale, quelqu’un qui ne veut voir son destin en
face). Cette phrase de Sartre va à poser une autre question : « Est-ce que nous sommes
responsables de notre destin ? ». L’Existentialisme se confronte à l’absurde du monde, à ce
qui n’a pas d’un sens, ou à un non-sens de l’existence (grands questions pourquoi je vive,
pourquoi je veux). Ce courant littéraire introduit l’absurdité du monde, il dénonce le non-sens
de l’existence. Dans le roman existentialiste les personnages sont insignifiants, ils parlent, ils
attendent, ils agissent inutilement ou de façon incompréhensible, étrange ou bizarre
(L’étranger de Camus qui est le roman typique de l’absurde où on va voir le personnage qui
obéit à des comportements étranges, bizarres, qui on va toujours avaloir du sens). Les
caractéristiques du mouvement existentialiste sont : l’expression de l’absurdité, l’expression
de l’étrangeté de l’homme, la distanciation de l’homme. Les thèmes du courant existentialiste
sont : la solitude de l’homme, l’ennui, le vide, le silence du monde, l’atteint indéfini comme le
théâtre de l’absurde (Beckett, En Attendant Godot). Les genres du mouvement Existentialiste
sont surtout le roman et le théâtre. Les formes et les procédés du monde existentialiste sont
le renouvellement, le rejet de la littérature précédente, on trouve le refus des structures
traditionnelles en actes, en scènes, on trouve beaucoup de monologues et des répétitions.
Dans les exemples le plus illustres et le plus célèbres du mouvement existentialiste on a
Sartre, Camus et Beckett. Le théâtre de l’absurde connait aussi une profonde remise en
coupe fondé sur le refus et le rejet de l’illusion théâtrale, vraisemblance etc. 3 figures
principales occupent le centre de la scène du théâtre de l’absurde : Eugène Ionesco, Samuel
Beckett et Jean Genet.
Le Nouveau Roman c’est le mouvement qui on peut dater approximativement de 1950 à 1980.
Ce courant nait pendant les années ’50, on assiste à la révolution du genre romanesque après
l’idée que l’écriture était impossible après les horreurs de la guerre, on ressentait le
sentiment qui était un acte assez inutile, et cette évolution du genre romanesque on peut dire
que on peut plus écrire comme avant, on peut plus faire le roman bien construit, bien travaillé
et après les guerres, qui favorisent le changement de la réalité et de la conscience, on va à
essayer le pensée autonome pour s’approprier le réelle, le monde contemporain. Cet école
littéraire a comme principaux écrivains : Michel Butor, Marguerite Duras, Nathalie Sarraute,
Claude Simon. Les écrivains sont destinés à rompre avec une idée ancienne, daté, préinscrite
de la littérature. Il s’agit de donner une nouvelle image au roman. Chaque écrivain va à
développer sa conception personnelle de la littérature, mais ils s’accordent pour dire que tous
refusent, rejettent le fondements du roman conventionnelle (le personnage, la fabrication
d’un personnage de type balzacien), on a la destruction de la chronologie. Le Nouveau Roman
c’est une entreprise de rupture et de démolition, c’est une tabula-rasa de toute la littérature
ancienne, de tous ce qui est académique. Les caractéristiques principales du Nouveau Roman :
il renvoie au Réalisme, il refuse la notion du personnage traditionnelle, il rejet les principes du
roman balzacien, l’action sans importance, la corporalité historique. Il renvoie au Réalisme
malgré tout parce qu’il se caractérise par une objectivation de l’écriture et de la réalité, c’est
toujours une conscience qui va à regarder le monde et qui va à le décrire factuellement, qui va
le regarder, une sorte de regarde qui se pose sur le monde, il réfère, il a des principes dans le
Réalisme, il tente de décrire une sorte de monde de l’extérieur. Alain Robbe-Grillet explique
que lorsqu’il écrit un roman il se pense comme s’il s’occupait derrière un objectif, il ne fait que
décrire quelque chose, mais la différence avec le Réalisme c’est que le Réalisme décrit le
monde réelle, le Nouveau Roman décrit le monde imaginé qui fait comme si il était réelle, c’est
une illusion référentielle. Le Nouveau Roman s’inspire du Réalisme, mais il le rejet : il s’inspire
parce qu’il décrit presque le faits du monde, mais le Réalisme décrit le monde réelle.
Le Nouveau Roman décrit une monde qui n’est pas vrai, donc il produit une illusion
référentielle. C’est une écriture d’observation, une écriture phénoménologique, une écriture
qui constate, qui regarde, un monde imaginé, il projette une monde et le décrit. Le thème du
Nouveau Roman c’est l’absence de thème, le seul thème qu’il y a dans le Nouveau Roman c’est
l’écriture, c’est l’écriture en train de s’écrire, en train de se produire, de se fabriquer. Le
véritable sujet du Nouveau Roman c’est l’aventure de l’écriture. Les formes et les procédés du
Nouveau Roman : une importance à la description de l’imaginaire, précision minutieuse,
monologue intérieur, un rôle importante aux espaces, aux lieux et aux objets.
Écriture du JE
1.Histoire et Influences
2.Discussion critique de la notion
3.Modes d’écriture du JE
4.Problèmes, limites et questionnements
5.Comment classer nos textes ?
Pour raconter le XXème siècle on peut faire une prisme à travers de l’écriture du JE : dans ce
perspective on peut raconter le XXème siècle parce que ce siècle en littérature est le siècle
de la naissance du JE.
1. La littérature du XXème siècle voit la naissance du JE, voit comment ce JE traverse le
XXème siècle de différents manières. La formule de Pascale « Le moi est haïssable », le moi
est quelque chose que doit être haïssable. Écrire à la première personne a longtemps été
déconsidéré à travers les siècles jusqu’au début du XXIème siècle. Écrire avec le JE était
considéré comme narcissique, nombriliste, impudique ; on raconte des histoires tristes et
traumatisantes, et donc de se raconter soi-même. Comme Philippe Lejeune a écrit la vie, sa
autobiographie, il a défini l’écriture autobiographique, c’est le théoricien de l’écriture
autobiographique, il dit que le narcissisme c’est comme le cholestérol : il y a le beau
narcissisme (celui qui veut faire écrire quelque chose parce que on a la nécessité d’exprimer
quelque chose et qui comporte une dimension narcissique) et le mauvais narcissisme (celui qui
est un narcissiste, gargariser soi-même). L’écriture du soi se fonde, se construit à travers les
siècles selon une dimension paradoxale qui est celle de s’affirmer, d’affirmer le moi, sous le
mépris culturelle et sociale à écrire sur soi. Les différentes influences de l’écriture du JE
sont : le sujet, le moi, le je, l’investigation de la subjectivité. Toute la littérature, ou mieux,
une partie de la littérature du XXème siècle est caractérisé par le fait que ils s’expriment à
la première personne et qu’ils sont une investigation de la subjectivité. Il y a 3 influences
déterminantes dans le temps que cette production du JE soient importantes : l’influence du
philosophe Nietzsche, qui a démontré que le sujet est en pendant évolution et que pour ce moi
les faibles, les histoires sont des expériences fondamentales pour l’affirmation du JE, du
sujet ; l’autre philosophe est Bergson, qui démontre l’importance fondamentale, cruciale de
l’intériorité, de la vie intérieur, et il distingue la vie intérieure et le vie extérieure, la duré
extérieure, la duré du temps administratif et la duré intérieure, le sentiment du temps qu’on
peut avoir, la subjectivité du temps et la réalité du temps ; la dernière influence c’est de
Freud, qui lui a démontré la nécessité de penser ce qu’il appelle le clivage du sujet, notre moi
est divisé en deux positions, le conscient et l’inconscient, il l’a placé au centre de ses études, il
s’intéresse aux troubles de l’expression pour essayer de l’élucider, Freud essaye de
démontrer les lapsus, remplacer un mot par un autre.
2. Les discussions à propos de l’individualisme montrent que l’individu se désintéresse des
autres, il ne raconte pas, il ne le valorise plus, se confronte avec l’égoïsme et la poursuite de la
satisfaction personnelle, la littérature du JE produite par l’individualisme nourrit dans le
fond, elle comporte une forme d’égoïsme, elle a nombreux effets négatifs, néfastes, comme la
désagrégation et la dissolution, on se distancie du soi et de sa famille, l’individualisme est une
forme d’exagération du soi. De positif l’individualisme permet de se libérer, de prendre
distance de sa famille, permet de s’émanciper, de s’affirmer. Le lien sociale évolue
positivement, il se veut construire. On peut penser que le monde se rappelle et à la suite de
l’écrivains Simone De Beauvoir et Annie Ernaux, qui pensent que écrire sur soi c’est écrire sur
les autres, à partir de son expérience personnelle on peut tourner en soi des universaux qui lui
permettent de raconter tous les jours : Annie Ernaux parle en écrivant de soi-même de trans-
personnalisation : avec son JE elle confabule, elle raconte sa vie, le JE écrit à travers le
NOUS. Dans les textes le JE n’a pas la même fonction : chez Proust, c’est le JE du
romanesque, il est un roman autobiographique qui s’inspire de son vécu et de tout ce qu’il
éprouve, le roman de l’absolue de l’intériorité, il raconte son rapport avec l’écriture et la
lecture, la façon pour la littérature qui construit sa vie; chez Camus c’est également le JE du
romanesque, le JE correspond à Albert Camus mais il invente l’histoire, qui est inspiré sur sa
vraie vie; chez Sartre c’est le JE autobiographique et chez Ernaux c’est le JE
autobiographique, elle raconte la manière, les jours de son père, elle raconte la distance
sociale qui s’est opéré entre lui et elle : elle est issue dans un milieu populaire, et son père est
un professeur de littérature, elle raconte l’histoire sociologique de ce qui passe d’un milieu à
un autre.
LEZIONE 3
3. On va voir quels sont les modes de l’écriture du soi : on a 5/6 modes de l’écriture, mais on
va concentrer seulement sur 3 modes. Ils sont : les mémoires, les témoignages et le journal
intime.
Le récit autobiographique, ça veut dire annoncer sans ambiguïté que je vais à raconter une
histoire vraie, c’est le récit fidèle de la vie, définition canonique de Philippe Le Jeune, il dit
que c’est le récit rétrospectif en prose qu’un individu fait de sa propre existence lorsqu’il
raconte en particulier de sa existence. Le récit en prose, Philippe Lejeune dit que impose ce
qu’il l’appelle pacte autobiographique, ou un pacte référentielle, c’est l’assurance que ce que je
raconte est vraie, je lui dit la vie que j’ai passé réellement. Le JE de l’auteur corresponde au
JE narrateur et au JE personnage. Le mot autobiographie dérive du grec, de 3 mots grecs,
auto (soi-même), bios (la vie), graphème (écrire). L’autobiographie c’est le récit de sa propre
existence. Les événements du personnage renvoient à la réalité.
Le deuxième mode est le roman autobiographique, que consiste à écrire toujours à la première
personne, mais l’auteur se lègue, se donne à un autre prénom fictif, il décrit le monde de
manière réelle ou en fiction, il n’assume pas ce première personne, il raconte sa propre vie
réelle mais d’un autre manière, derrière un autre nom. On a un pacte fictif, on n’a plus dans le
pacte autobiographique du récit. L’auteur dit au lecteur c’est comme ça qu’il faut que tu lis
mon histoire, je ne te trahi pas.
Le troisième mode c’est l’autofiction, il est entre le récit et le roman autobiographique, c’est
une genre populaire en France. C’est un terme inventé par Serge Doubrovsky en 1977 et qu’il
définit comme une fiction d’événements et de faits strictement réelles. Il dit que pour écrire
un autofiction il faut deux pactes, deux clauses : un clause générique (l’auteur doit écrire sous
le titre un morceau « roman ») et un clause nominale (celle qui va différencier du roman
autobiographique, l’auteur doit s’appeler lui-même par son nom dans son propre texte).
La différence entre le récit autobiographique et l’autofiction c’est que les événements sont
fictifs, il y a un pacte fictif dans l’autofiction, l’auteur invente les événements qu’il raconte,
ou il raconte sa vie en disant qu’il est un fiction, c’est une ambiguïté. Dans le roman
autobiographique l’auteur n’assume pas son nom, il le rejette sa vie dans un autre personnage,
dans l’autofiction il les assume, dans le roman il se déresponsabilise des faits. Un récit
autobiographique n’est pas un roman autobiographique et le roman autobiographique n’est pas
un autofiction.
4. Les questionnements théoriques et les problèmes. La première de questions est « est-ce
qu’on peut décrire la propre vie ? », « Est-ce que on peut déformer les mémoires du passé ? ».
Les problèmes qui se posent en écrire un récit : la mémoire, elle déforme le passé en passant
le temps, elle-même est infidèle, il y a un fictionnement involontaire, elle modifie la mémoire,
elle pose des questions ambigus puisque on est sincères à raconter la réalité mais en même
temps on la transforme d’un certain façon, donc même en étant sincères on est infidèles. On
se pose un problème d’esthétisation, d’esthétique : si on commence à faire de la littérature à
partir des ambigus, si on commence à tourner des phrases, on fait de la fabrication
esthétique et artistique, et donc qui modifie elle-même l’essentielle de ce qu’on a écrit.
5. Comment on peut classer les 4 textes ?
Du côté de chez Swann : lire page 49 jusqu’à page 104, première partie, première chapitre.
Ce premier livre est divisé en 3 parties : Combray, Un amour de Swann et Noms de Pays. Dans
la première partie, Combray, le narrateur évoque les séjours passés dans la maison de sa
tante Léonie alors quand il était enfant. Il se souvient avec nostalgie du baiser, du moment où
sa mère lui donne un bisou, le baiser du soir de sa mère, ces moments là il l’attendait avec une
grande intensité, son besoin affectif, son besoin d’ être aimé, c’est dans ces moments donnés
une partie de son amour au point que c’est tellement douloureux et en même temps heureux
chez lui que il a besoin d’écrire autour de lui. Il attendait en se couchant que sa mère vienne
l’embrasser, à faire son bisou, mais parfois ce moment là était retardé par un invité de venir
chez lui, par exemple Monsieur Swann qui venait de tant en tant. Et donc chez le narrateur il
y a une grande frustration. Proust nous fait connaitre les personnes de son entourage, sa
tante Léonie, il est malade, elle aussi et reste toujours dans la chambre ; sa grand-mère un
peu fantasque, un peu fantaisiste, elle aime se promener sous la pluie ; il y a aussi Françoise, la
fidèle cuisinière, et le village, et Swann, qui on va le trouver dans tout le texte. Il évoque ses
goûts pour la lecture, les longues promenades qui faisait avec ses parents, du côté de chez
Swann et du côté de Guermantes. Proust, le narrateur se rappelle de souvenir de la chambre,
de la place où il habite, l’image de sa chambre à la maison de sa tante à Combray s’imposent, on
commence avec ses souvenirs, il commence à raconter un expérience de sa vie. La grande
force de Proust est de transformer l’ordinaire en exceptionnelle, sa capacité à faire de la
réalité de l’ordinaire un exceptionnelle moment. Le souvenir de cette chambre est donc
tellement fréquent dans son esprit, dans sa mémoire jusqu’au jour où un nouveau souvenir est
déjà dans sa mémoire, où un jour sa mère lui propose de prendre un thé accompagné d’un
madeleine (fameuse épisode de la madeleine), le narrateur commence par refuser la
madeleine, et puis il va finir par l’accepter. Ce partie du roman plonge le lecteur dans les
souvenirs de l’enfance du narrateur, c’est le récit d’un enfance heureux, on assiste à l’éveille
d’un jeune homme qui va se couvrir dans la lecture. Dans la deuxième partie, Un amour de
Swann, se déroule quelques années avant la naissance du narrateur, il est un rétrospection.
Charles Swann, qui est un riche collectionneur d’objets d’art, qui va finir par céder aux
avances d’Odette de Crécy, qui est une demi-mondaine, une femme courtisane, et qui va le
faire beaucoup souffrir. Dans la dernière partie, Noms de Pays, nous retrouvons le narrateur
qui est plus âgé, plus vieux d’une dizaine d’années. Il est malade, il a dû renoncer à un voyage à
Venise auquel il rêvait depuis longtemps. Il se promène aux Champs-Elysées avec Françoise, il
rencontre Gilberte, la fille d’Odette qui a fini par épouser Charles Swann, qu’il revoit
régulièrement, nouant un amour qui semble partagé.
« Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite
que je n'avais pas le temps de me dire : "Je m'endors." Et, une demi−heure après, la pensée qu'il était temps de
chercher le sommeil m'éveillait ; je voulais poser le volume que je croyais avoir encore dans les mains et souffler
ma lumière ; je n'avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que je venais de lire, mais ces
réflexions avaient pris un tour un peu particulier ; il me semblait que j'étais moi−même ce dont parlait l'ouvrage :
une église, un quatuor, la rivalité de François Ier et de Charles−quint. Cette croyance survivait pendant quelques
secondes à mon réveil ; elle ne choquait pas ma raison, mais pesait comme des écailles sur mes yeux et les
empêchait de se rendre compte que le bougeoir n'était plus allumé. Puis elle commençait à me devenir inintelligible,
comme après la métempsycose les pensées d'une existence antérieure ; le sujet du livre se détachait de moi,
j'étais libre de m'y appliquer ou non ; aussitôt je recouvrais la vue et j'étais bien étonné de trouver autour de moi
une obscurité, douce et reposante pour mes yeux, mais peut−être plus encore pour mon esprit, à qui elle
apparaissait comme une chose sans cause, incompréhensible, comme une chose vraiment obscure. Je me demandais
quelle heure il pouvait être ; j'entendais le sifflement des trains qui, plus ou moins éloigné, comme le chant d'un
oiseau dans une forêt, relevant les distances, me décrivait l'étendue de la campagne déserte où le voyageur se
hâte vers la station prochaine ; et le petit chemin qu'il suit va être gravé dans son souvenir par l'excitation qu'il
doit à des lieux nouveaux, à des actes inaccoutumés, à la causerie récente et aux adieux sous la lampe étrangère
qui le suivent encore dans le silence de la nuit, à la douceur prochaine du retour. »
Ce texte est appelé incipit, un début, c’est le début avec des choses méthodiques et très
simples, ce le texte qui va ouvrir l’œuvre, elle donne des indications à cette œuvre. Quels sont
les caractéristiques pour un incipit? Un incipit doit informer et intéresser le lecteur, il doit
informer sur les enjeux du texte, en lisant les premières lignes d’un texte on a déjà toutes les
indications de l’œuvre, on a déjà toutes les renseignements que l’auteur donne sur l’œuvre.
L’incipit doit également intriguer, les premiers paragraphes doivent capter l’attention du
lecteur, doivent séduire le lecteur. L’incipit doit aussi annoncer le genre et le temps du roman.
Cet incipit nous informe que le texte est en première personne qui va traiter l’imparfait, on
raconte le moment où il s’endort, le moment où il se couche, c’est un expérience banale
l’endormissement. Le «longtemps» indique l’habitude de se coucher de bonne heure, on est
dans l’imparfait de l’habitude, toutes les moments de mon enfance je me suis couché de bonne
heure. Dans cette première phrase on trouve la force de l’habitude, dans ce «longtemps»,
c’est un formule un peu étrange (l’adverbe avant la phrase, en français l’adverbe va après le
verbe), il y a l’idée d’itérativité, l’idée que Proust raconte un événement qui s’est passé
plusieurs fois. Proust est un écrivain moderne parce qu’il introduisait des éléments techniques
ou de la technologie de l’époque, comme l’électricité et le téléphone, il parle de l’évolution, du
progrès technique, et là d’une certain façon il n’y a pas encore l’électricité, il y a encore la
bougie, on pourrait dire que chez la tante Léonie il n’y a pas l’électricité, on est encore dans un
temps avant le progrès. C’est un récit où on ne passe rien, il y a inaction, ce début du roman
moderne est écrit après le roman du XIXème où il y avait action. La seule aventure du texte
c’est l’aventure intérieur, de la pensée. C’est le roman de l’inaction physique et de l’action
intérieur. Cette première scène ne donne pas des informations, on sait pas on est (Italie ou
France), on est dans un endroit qui pourrait être l’imagination de l’auteur, un endroit fictif, il
y a un description un peu abstrait, on est dans une description de l’endormissement, on dort
et on rêve en même temps, Proust écrit les choses en manière un peu abstrait, cet
endormissement restitue un scène un peu réelle un peu irréelle. Proust nous partage des
moment sensibles, des moments ordinaires, toute La Recherche est le partage d’un expérience
sensible, il décrit un comportement que tous connu. Cette idée d’endormissement produit un
effet entre rêve et réalité, entre passé et présent. Les grands procédés de Proust sont les
métaphores et les comparaisons (comme).
LEZIONE 6
Cet incipit casse les règles habituels des incipit, il doit informer, intriguer et annoncer
quelque chose. Il doit être informatif, doit donner des informations au lecteur, il doit aussi
restituer les enjeux du texte. Proust est particulier parce que cet incipit est inhabituel,
assez indirecte, Proust dit les choses directement, il procède par métaphores, par
comparaisons, tous qu’il dit c’est suivi par images. Sartre dira que la fonction de l’écrivain, de
la littérature c’est de nommer les choses. Avec Proust, lui n’appelle par exemple un chat « un
chat », il l’appelle d’une forme différente, par analogie ou à travers des images. Donc, cet
incipit c’est le récit de la conscience intérieur. Dans la première scène on ne raconte pas une
véritable action, elle est un romanesque de l’inaction, ou mieux ils se passent des choses, mais
à l’intérieur du narrateur, c’est une inaction extérieur et une grande action intérieur. Proust
n’écrit pas une aventure, mais il s’agit d’une aventure de l’écriture. Sartre dit qu’on ne doit pas
confondre l’écriture de l’aventure et l’aventure de l’écriture. Proust est dans l’aventure de
l’écriture. Dans l’incipit le narrateur se trouve dans un état de semi-conscience, il est en train
de s’endormir. Il dit « Il me semblait que j'étais moi−même ce dont parlait l'ouvrage », parce
qu’il lit ce livre avant de s’endormir, et il dit qu’il est lui-même les personnages qu’il lit de
l’ouvrage, c’est un sorte de mirage, il se trouve entre le réelle et le rêve. Cet incipit essaye de
montrer qu’on est dans la tête du narrateur, comme un tableau impressionniste. L’autre
caractéristique importante c’est la force de l’ordinaire, la force des événements assez
banales, ils sont des expériences communes. Proust attache les choses banales, mais ils sont
universelles et atemporelles. Il fait toujours un réflexe méthodique, les textes sont un peu
difficiles, lorsqu’on doit l’analyser il y a un méthode simple : QUOI,COMMENT,POURQUOI.
QUOI (de quoi s’agit-il le texte?), COMMENT (comment l’auteur veut écrire de ce sujet et
par quelle figure de style?), POURQUOI (quel est l’intention de l’auteur pour montrer son
attention?), on peut contextualiser le roman, le contexte où il était écrit, et puis le quoi,
comment et pourquoi. C’était le procès de la mémoire de l’illustration de la mémoire, il y a
l’opposition entre mémoire volontaire et involontaire (incipit mémoire volontaire, épisode de la
madeleine mémoire involontaire). Pour illustrer le phénomène de la mémoire volontaire Proust
choisie d’observer le petit Marcel, le JE s’appelle Marcel, il se trouve dans sa chambre, à
l’obscurité de sa chambre il est en train de lire un livre, scène de lecture et endormissement,
qui n’est pas daté, c’est le temps du sommeil, son esprit vagabonde, il s’isole du présent, il se
met enquête de son passé. Chez Proust le passé est un trésor, il va resusciter l’ensemble des
épisodes fondamentaux de sa vie, de sa existence. La mémoire volontaire c’est la recherche
par l’intelligence pour se souvenir du passé. Tous les souvenirs commencent à resusciter,
l’effort produit son effet, son résultat, il cherche de se ressouvenir, son intelligence
fonctionne. Il écrit :
« Je passais la plus grande partie de la nuit à me rappeler notre vie d'autrefois à Combray chez ma grand'tante, à
Balbec, à Paris, à Doncières, à Venise, ailleurs encore, à me rappeler les lieux, les personnes que j'y avais connues,
ce que j'avais vu d'elles, ce qu'on m'en avait raconté. »
On voit que Proust essaie d’épuiser un peu le sens des souvenirs, essaie de se remémorie tous
qu’il a vu, et cet effort semble a priori produire son effet parce qu’elle provoque tout à tout,
c’est une tentative méthodique d’énumération. Cependant, les choses changent. Proust arrête,
il interrompe son récit pour faire un constat, pour constater cela : rien, absolument rien du
passé vécu, qui est attrapé de la sort, qui est provoqué de la sort, ne se révèle satisfaisant,
tous les espoirs, tous les souvenirs qu’il provoque ne sont satisfaisants. On a un échec de la
méthode de se souvenir, il constate toujours qu’il y a un grand pauvreté de souvenirs, de se
rappeler avec intelligence et rationalité. Il écrit :
« A vrai dire, j'aurais pu répondre à qui m'eût interrogé que Combray comprenait encore autre chose et existait à
d'autres heures. »
« Chaque jour j’attache moins de prix à l’intelligence. Chaque jour je me rends mieux compte que ce n’est qu’en
dehors d’elle que l’écrivain peut ressaisir quelque chose de nos impressions, c’est-à-dire atteindre quelque chose de
lui-même et la seule matière de l’art. Ce que l’intelligence nous rend sous le nom de passé n’est pas lui. ».
Jusqu’à l’épisode de la madeleine, on constat que l’intelligence ne suffit pas, les images sont
sans vérité. La mémoire volontaire est très superficielle, ce qui donne à tout notre passé le
temps conventionnelle est tout pareille de la mémoire volontaire. Le Temps Perdu, le temps
sans être définitivement perdu et sans signification est fini. Ce temps perdu est celui des
images mortes que seul la mémoire volontaire produit. C’est une tentative pour restituer un
temps passé qui est vide, le sens est sans émotions.
Tout ce passage va récapituler son échec, et puis arrive le miracle, la chose qui va sauver tout
sa mémoire, c’est la fameuse madeleine:
« Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût, c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche
matin à Combray (parce que ce jour−là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour
dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la
petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté ; peut−être parce que, en ayant souvent
aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour
se lier à d'autres plus récents ; peut−être parce que, de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire,
rien ne survivait, tout s'était désagrégé ; les formes − et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si
grassement sensuel sous son plissage sévère et dévot − s'étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force
d'expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la
mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus
persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à
attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable,
l'édifice immense du souvenir. »
On voit comment le souvenir tout d’un coup surgit non par l’image figé mais par la sensation.
Rentrant à la maison un jour d’hiver, alors qu’il a froid, sa mère propose contre son habitude
de prendre un peu de thé. L’épisode va donc ouvrir à la suppression de la mémoire.
Imprévisible, cette mémoire involontaire va prendre la forme de la madeleine, va être
matérialisé par cette madeleine trempé dans la tasse de thé. C’est comme un transfiguration
d’un épisode très banale, d’un moment ordinaire dans un moment exceptionnelle.
Intuitivement, contre l’exercice de l’effort de l’intelligence, de la mémoire volontaire, le
narrateur va progressivement faire de la madeleine l’épisode fondateur de son récit qui va
capter et représenter l’expression même de la pleine sensibilité, et on peut percevoir à
travers la description de la madeleine, plus encore la sensibilité et la sensualité. N’oublie pas
que chez Proust les descriptions ne représentent pas ce qu’elles montrent, elles représentent
tout autre chose, on est dans la métaphore, Proust représente toujours autre chose, la
madeleine représente autre chose de sensuel, la madeleine va devenir donc bien plus, elle va
être un sorte d’un introduction symbolique de tous les souvenirs ignorés, de tout cette
impensée, de tout cette mémoire perdue, de tout ce temps qu’on a vécu mais qui s’est égaré
dans les souvenirs. Le narrateur comprend que malgré lui qui menace toujours le souvenir, va
resurgir ce temps perdu. Proust dévoile le processus de la mémoire involontaire par lequel le
souvenir est aussi réelle, vivant (hypotypose). C’est toute l’intensité du ressenti, toute
l’intensité de la sensation. Le texte pourrait se composer en 3 partis, en 3 segments, en 3
phases : 1) le souvenir retrouvé, 2) processus, 3) révélation. 1) Le souvenir retrouvé se perçoit
rapidement de la première phase « Et tout d’un coup », on a une rupture brutale dans la
narration, on a un registre lexicale sur la sensation (vue, goût, odeur et saveur) ; 2) Le
narrateur s’interroge sur le processus qui va permettre de revenir à soi, à la conscience, il y a
le travail de la mémoire et la difficulté de reconstituer les choses, il y a un doute, l’expression
de l’incertitude, des hypothèses sont proposés, la vue est associé à quelque chose de négatif,
la vue ne suffit pas, il y a un répétition de « peut-être », le registre de l’odeur et la saveur qui
restent encore, autant la vue n’est pas suffisante, c’est un forme de plénitude qui va
déclencher le souvenir (sensations olfactives), Proust dit que son sensation est comparé à des
âmes, ça donne l’idée de la durée, porteur d’un croyance, d’un sens symbolique. Il y a quelque
chose dans les âmes de mémoriel au sens qui contient, qui comporte de la mémoire, une somme
des souvenirs ; 3) Le plaisir éprouvé par le narrateur en goutant et en sentant les choses, ce
plaisir éprouvé par le narrateur et en même temps par le moi du narrateur, tout d’un coup se
fait un seul, dans le cadre de la recherche volontaire le moi est divisé, le moi ne récupère pas
le sens du moi, c’est l’unification du moi du narrateur et la vérité du moi. Le moi sensible et le
moi intellectuel sont réunis (moi sensible = celui qui ressent ; moi intellectuel = celui qui écrit,
qui trouve des mots pour structurer les phrases, qui recompose verbalement les sensations).
« Et je recommence à me demander quel pouvait être cet état inconnu, qui n'apportait aucune preuve logique, mais
l'évidence, de sa félicité, de sa réalité devant laquelle les autres s'évanouissaient. Je veux essayer de le faire
réapparaître. Je rétrograde par la pensée au moment où je pris la première cuillerée de thé. Je retrouve le même
état, sans une clarté nouvelle. Je demande à mon esprit un effort de plus, de ramener encore une fois la sensation
qui s'enfuit. Et, pour que rien ne brise l'élan dont il va tâcher de la ressaisir, j'écarte tout obstacle, toute idée
étrangère, j'abrite mes oreilles et mon attention contre les bruits de la chambre voisine. Mais sentant mon esprit
qui se fatigue sans réussir, je le force au contraire à prendre cette distraction que je lui refusais, à penser à
autre chose, à se refaire avant une tentative suprême. Puis une deuxième fois, je fais le vide devant lui, je remets
en face de lui la saveur encore récente de cette première gorgée et je sens tressaillir en moi quelque chose qui se
déplace, voudrait s'élever, quelque chose qu'on aurait désancré, à une grande profondeur ; je ne sais ce que c'est,
mais cela monte lentement ; j'éprouve la résistance et j'entends la rumeur des distances traversées. Certes, ce
qui palpite ainsi au fond de moi, ce doit être l'image, le souvenir visuel, qui, lié à cette saveur, tente de la suivre
jusqu'à moi. Mais il se débat trop loin, trop confusément ; à peine si je perçois le reflet neutre où se confond
l'insaisissable tourbillon des couleurs remuées ; mais je ne peux distinguer la forme, lui demander, comme au seul
interprète possible, de me traduire le témoignage de sa contemporaine, de son inséparable compagne, la saveur, lui
demander de m'apprendre de quelle circonstance particulière, de quelle époque du passé il s'agit. »
— Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
Ce roman fait partie du cycle de l’absurde qui comprend L’étranger, Le Mythe de Sisyphe,
Caligula et Le Malentendu, qui sont autres pièces de théâtre, qui font partie du théâtre de
l’absurde et Camus est influencé par ces essais. Le titre est L’étranger parce que le thème
principale du roman est l’étrangeté, l’étrangeté de Meursault, l’étranger c’est aussi le
narrateur. Ce texte peut être divisé en deux parties, tous les deux expriment le sentiment
d’étrangeté : la première étrangeté c’est envers la proposition du parton parce que il dit que
pour lui c’est égal ; la deuxième étrangeté c’est envers le propos du mariage que Marie lui fait,
on peut aussi constater que dans ce cas là ce n’est pas lui à faire le propos, elle fait le propos
à lui, parce qu’elle est comme les autres. Cette étrangeté reflète l’apathie de l’homme à lui
contemporain parce que à l’époque on était la Première Guerre Mondiale, il y avait les
préfigurations, les atrocités, un stress post-traumatique, l’apathie c’est aussi l’étrangeté du
monde. Camus dit que on pourrait opter au suicide, il dit que le suicide n’est pas la solution
vraie parce que l’absurde c’est lui-même, c’est une caractéristique intrinsèque. On peut dire
concernant le style que Camus a reçu beaucoup de critiques, il y a cette abus de la structure
SUJET-PREDICAT-OBJET, il a changé cet abus, on peut trouver des phrases très simples
sans l’emploi des phrases subordonnés à côté de la phrase principale. Ce roman par rapport au
roman de Proust n’est pas un sorte de autobiographie, c’est fictive parce que dans ce cas là
l’auteur et le narrateur et le personnage ne sont pas les mêmes, il y a des caractéristiques,
des informations qui vient de la vie de l’auteur, par exemple sa mère qui était le centre du
monde après la mort de son père, mais aussi l’Algérie colonial, les Arabes, puis il y a un autre
caractéristique, l’histoire d’amour, la politique. (…)
Ce texte là c’est après le deuil de la mort de sa mère, qui continue à démontrer la situation
d’étrangeté de Meursault après cette période de deuil où il n’a pas pleuré à l’enterrement de
sa mère, et donc il continue de démontrer une attitude étrange. Un texte intéressent qui se
situe dans la première partie du roman, après le deuil mais avant le meurtre, Camus nous
montre une situation de relative légèreté avant le drame qui va suivre, c’est une situation
stratégique du texte puisque avant cette partie cruciale du texte, avant le meurtre il essaye
d’être plus léger avec des thèmes plus superficielles. On est dans une type de texte
surprenant, étonnant, désarmé, déconcentrant, un texte qui nous déstabilise parce que on a
du mal à comprendre l’attitude de Meursault qui, comme dit Marie, nous parait bizarre. Il
refuse la proposition de son patron, ce comportement bizarre peut être non pas négative mais
positive parce qu’elle tient de la sagesse, il refuse l’ambition, il accepte son soi, c’est adopter
une certaine attitude philosophique de sagesse. Il n’est pas disposé à aller à Paris, il dit que
tout lui est égal, il n’est pas ouvert à faire un changement de vie, c’est quelqu’un qui comme un
sage sait se satisfaire de ce qu’il a déjà, c’est une attitude de sagesse par rapport à sa propre
vie, on peut l’interpréter positivement. On peut ajouter que le texte n’est pas construit
comme un description ou une narration, il est construit sur une accumulation des paroles
rapportés, on est dans un discours indirecte, ce texte est fabriqué avec les paroles des
autres, avec la parole du patron, avec la parole de Marie, on lui demande et il réponse, on va
intégrer le discours dans le récit, ce discours indirecte neutralise tout, toute est plate,
Meursault dit que tout lui était égal, tout a le même valeur. On peut percevoir une neutralité,
tout est pareil, les mots sont pareils, cette narration est factuelle, objective, elle uniformise
un peu tout. Ce type d’écriture donne un caractère très dépouillé au récit. Il laisse les
personnages dans un monde assez obscure, on n’a pas des vrais personnages, on ne les visualise
pas, ce sont des robots, des êtres anonymes, des humains déshumanisés, ne sont pas décrits.
Meursault est un personnage qui est décrit négativement, on connait de lui son indifférence
exprimé négativement, « cela ne signifiait rien, cela na aucune importance », c’est une
caractérisation négative. On est dans la formulation de la négativité. Meursault rejette tout,
il refus tout, il nie tout : le mariage, l’amour, les différences, alors que pour Marie le mariage
est une occasion, une preuve de l’amour, pour Meursault c’est une formalité. Il y a dans ce
texte un refus de la variété du vocabulaire, il dit les mêmes mots (elle m’a demandé, je lui ai
dit, je lui ai répondu), une forme de pauvreté stylistique, comme si la personne qui s’exprime
par rapport à ce qui lui dit (la mère qui sait seulement 400 mots de vocabulaire), Meursault
possède très peu de vocabulaire, il dit toujours les mêmes mots pour décrire les différents
actes. Ce sont des adverbes, des formules un peu élémentaire, comme quelqu’un qui ne sait pas
bien s’exprimer (Oui, naturellement, faire, vouloir). Il y a une absence d’affectivité, c’est
neutre, factuelle, une grande neutralité dans le langage. « Le soir, Marie est venue me
chercher et m’a demandé si je voulais me marier avec elle. J’ai dit que cela m’était égal et que
nous pourrions le faire si elle le voulait. » : une demande de mariage n’est pas Meursault à le
faire, il traite ça comme une banalité, c’est une chose énorme et ça signifie une forme
d’indifférence qu’il manifeste à l’égard de l’engagement, de se marier. C’est une demande de
mariage atypique, on n’est pas dans les conventions, il y a une banalisation de l’information
parce que c’est elle qui se propose à lui, c’est un inversion des rôles sociaux, une critique des
conventions habituelles, on n’est pas habitué à voir une déclaration de la femme. Ce sont
toujours les autres personnages qui formulent des demandes, qui questionnent, et lui réponde,
cette position là est systématique, il est passif, il attend, il recueil les paroles des autres,
mais il n’est jamais lui qui initie quelque chose, il n’est pas acteur, il n’est pas protagoniste de
son histoire, il est un spectateur passif de son histoire. Elle pose des questions, elle insiste,
elle se propose, elle oblige Meursault à se définir, on a la répétion du verbe vouloir, ça signifie
qu’on a l’affirmation d’une personne qui veut, qui a le désir, qui a la volonté, par opposition à
l’homme qui ne veut rien. Meursault veut bien ce que les autres veulent, mais il ne veut rien qui
parte de lui.
LEZIONE 9
Récapitulation : L’étranger dénonce l’absurdité, le non-sens de l’existence à travers le
personnage de Meursault qui manifeste une forme d’étrangeté de 3 façons différents, de 3
manières différents : d’abord Meursault est étranger au jeu sociale (il n’entre pas dans les
mécanismes habituelles de la société même s’il est employé, il a un métier, mais malgré tout il
refuse d’ambition, il refuse la promotion que lui offre son patron, il refuse de s’expatrier,
d’aller à Paris, il refuse de gagner d’avantage d’argent, ce jeu social ne l’intéresse pas) ; il est
étranger aux autres hommes et femmes, aux individus (à chaque fois qu’il rencontre in
personnage il manifeste toujours une certaine distance y compris avec sa mère décédé, il est
étranger même à sa compagne qui veut se marier avec lui et lui dit « peut être, oui, pourquoi
pas », c’est un comportement qui ne nous surprenne pas) et puis l’étrangeté la plus
surprenante il est étranger à lui-même (il est obscure pour lui-même, on n’est pas sure qu’il
parvienne à se comprendre lui-même, il n’est pas un beau lecteur de ses actes, il est une sorte
de création extérieur à lui-même, il est étrange, un homme étrange qui a un comportement
d’étrangeté). On peut dire le texte est une sorte d’illustration de la philosophie de Camus de
l’absurde, pour Camus le roman est une philosophie en images, une illustration, une forme de
métaphore de l’absurde, on voit dans le photo du livre une silhouette obscure, un homme qui
n’a pas de visage, qui a juste un corp obscure, un homme qui traverse la nuit, sa propre nuit
intérieur, on peut voir ce texte comme une métaphore, une philosophie en images mais aussi on
peut le voir d’un autre point de vue, comme une manifestation de la sagesse pleine de Camus,
cette philosophie en images c’est pas forcement la philosophie de l’absurde, c’est peut-être le
sens même de la philosophie, la nature même de la philosophie, la sagesse, cet homme refuse
d’ambition, on peut signifier savoir se satisfaire de ce qu’on a, c’est quelqu’un qui n’a pas des
perspectives, qui vit le temps présent, qui sait vivre le temps présent, qui sait l’accepter,
Meursault il peut se contenter de ce qu’il a, il peut se satisfaire de ce qu’il a, de vivre où il vit,
c’est un être de nature qui fait commune avec la mer, le soleil, d’où il vient, on peut voir en lui
un homme qui est un jouisseur du temps, savoir vivre l’instant présent qui peut être une partie
de la sagesse, et on peut aussi lire Meursault comme ça, dans ce cas on démontre le contraire
de l’absurde puisque la vie est un non-sens. C’est un texte polysémique, qui a plusieurs sens, on
peut le tirer, on peut essayer de le tirer. Meursault on peut l’associer à Sisyphe, qui est un
complément théorique de L’étranger, Sisyphe qui est condamné par Zeus à porter son rochet
à le mettre sur lui, qui est une sorte de condamnation éternel de Zeus, cette punition pour
Camus est contredite, il dit qu’il faut l’imaginer heureux, on peut aussi imaginer Meursault
heureux, il nous apparait un peu bizarre, un peu étrange. Ce roman est le roman de
l’objectivité, de l’écriture factuelle, de la distance narrative et énonciative, le JE est comme
un autre, c’est le JE de l’objectivité qui regarde le monde de l’extérieur, c’est une conscience,
le JE semble un IL, c’est le contraire de Proust. Pour décrire cette objectivité on approche
L’étranger au roman américain, de la technique behavioriste, cette technique qui analyse les
comportements, c’est une sorte de phénoménologie, Camus regarde les personnes, les
individus comment ils agissent, il constate leurs actes, leurs gestes. Simplicité du style, il est
écrit simplement et profondément, il parle d’une histoire, d’une expérience particulière qu’il
projette dessus une dimension universelle, la simplicité, le particulier qui appartienne à
l’expérience de chacun pour devenir universelle. On parle d’une anticipation du Nouveau
Roman, aussi appelé l’école du regard, l’écriture de L’étranger de Camus participe à cette
école du regard, c’est un JE qui regarde le monde, c’est pour ça que c’est une forme
d’anticipation de la pratique du Nouveau Roman. C’est un roman qui traduit d’une façon parlé le
langage des personne d’Algérie, beaucoup des formules sont empruntés du jargon algérien, qui
est un peuple assez français.
« Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile : « Mère
décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier. L'asile de
vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d'Alger. Je prendrai l'autobus à deux heures et j'arriverai
dans l'après-midi. Ainsi, je pourrai veiller et je rentrerai demain soir. J'ai demandé deux jours de congé à mon
patron et il ne pouvait pas me les refuser avec une excuse pareille. Mais il n'avait pas l'air content. Je lui ai même
dit : « Ce n'est pas de ma faute. » Il n'a pas répondu. J'ai pensé alors que je n'aurais pas dû lui dire cela. En
somme, je n'avais pas à m'excuser. C'était plutôt à lui de me présenter ses condoléances. Mais il le fera sans doute
après-demain, quand il me verra en deuil. Pour le moment, c'est un peu comme si maman n'était pas morte. Après
l'enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et tout aura revêtu une allure plus officielle. J'ai pris
l'autobus à deux heures. Il faisait très chaud. J'ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d'habitude. Ils
avaient tous beaucoup de peine pour moi et Céleste m'a dit : « On n'a qu'une mère. » Quand je suis parti, ils m'ont
accompagné à la porte. J'étais un peu étourdi parce qu'il a fallu que je monte chez Emmanuel pour lui emprunter
une cravate noire et un brassard. Il a perdu son oncle, il y a quelques mois. J'ai couru pour ne pas manquer le
départ. Cette hâte, cette course, c'est à cause de tout cela sans doute, ajouté aux cahots, à l'odeur d'essence, à
la réverbération de la route et du ciel, que je me suis assoupi. J'ai dormi pendant presque tout le trajet. Et quand
je me suis réveillé, j'étais tassé contre un militaire qui m'a souri et qui m'a demandé si je venais de loin. J'ai dit
« oui » pour n'avoir plus à parler. L'asile est à deux kilomètres du village. J'ai fait le chemin à pied. J'ai voulu voir
maman tout de suite. Mais le concierge m'a dit qu'il fallait que je rencontre le directeur. Comme il était occupé,
j'ai attendu un peu. Pendant tout ce temps, le concierge a parlé et ensuite, j'ai vu le directeur : il m'a reçu dans
son bureau. C'était un petit vieux, avec la Légion d'honneur. Il m'a regardé de ses yeux clairs. Puis il m'a serré la
main qu'il a gardée si longtemps que je ne savais trop comment la retirer. Il a consulté un dossier et m'a dit :
« Mme Meursault est entrée ici il y a trois ans. Vous étiez son seul soutien. » J'ai cru qu'il me reprochait quelque
chose et j'ai commencé à lui expliquer. Mais il m'a interrompu : « Vous n'avez pas à vous justifier, mon cher
enfant. J'ai lu le dossier de votre mère. Vous ne pouviez subvenir à ses besoins. Il lui fallait une garde. Vos salaires
sont modestes. Et tout compte fait, elle était plus heureuse ici. » J'ai dit : « Oui, monsieur le Directeur. » Il a
ajouté : « Vous savez, elle avait des amis, des gens de son âge. Elle pouvait partager avec eux des intérêts qui sont
d'un autre temps. Vous êtes jeune et elle devait s'ennuyer avec vous. » C'était vrai. Quand elle était à la maison,
maman passait son temps à me suivre des yeux en silence. Dans les premiers jours où elle était à l'asile, elle
pleurait souvent. Mais c'était à cause de l'habitude. Au bout de quelques mois, elle aurait pleuré si on l'avait
retirée de l'asile. Toujours à cause de l'habitude. C'est un peu pour cela que dans la dernière année je n'y suis
presque plus allé. Et aussi parce que cela prenait mon dimanche - sans compter l'effort pour aller à l'autobus,
prendre des tickets et faire deux heures de route. »
« Même sur un banc d'accusé, il est toujours intéressant d'entendre parler de soi. Pendant les plaidoiries du
procureur et de mon avocat, je peux dire qu'on a beaucoup parlé de moi et peut-être plus de moi que de mon crime.
Étaient-elles si différentes, d'ailleurs, ces plaidoiries ? L'avocat levait les bras et plaidait coupable, mais avec
excuses. Le procureur tendait ses mains et dénonçait la culpabilité, mais sans excuses. Une chose pourtant me
gênait vaguement. Malgré mes préoccupations, j'étais parfois tenté d'intervenir et mon avocat me disait alors :
« Taisez-vous, cela vaut mieux pour votre affaire. » En quelque sorte, on avait l'air de traiter cette affaire en
dehors de moi. Tout se déroulait sans mon intervention. Mon sort se réglait sans qu'on prenne mon avis. De temps
en temps, j'avais envie d'interrompre tout le monde et de dire : « Mais tout de même, qui est l'accusé ? C'est
important d'être l'accusé. Et j'ai quelque chose à dire ! » Mais réflexion faite, je n'avais rien à dire. D'ailleurs, je
dois reconnaître que l'intérêt qu'on trouve à occuper les gens ne dure pas longtemps. Par exemple, la plaidoirie du
procureur m'a très vite lassé. Ce sont seulement des fragments, des gestes ou des tirades entières, mais
détachées de l'ensemble, qui m'ont frappé ou ont éveillé mon intérêt.
Le fond de sa pensée, si j'ai bien compris, c'est que j'avais prémédité mon crime. Du moins, il a essayé de le
démontrer. Comme il le disait lui-même : « J'en ferai la preuve, Messieurs, et je la ferai doublement. Sous
l'aveuglante clarté des faits d'abord et ensuite dans l'éclairage sombre que me fournira la psychologie de cette
âme criminelle. » Il a résumé les faits à partir de la mort de maman. Il a rappelé mon insensibilité, l'ignorance où
j'étais de l'âge de maman, mon bain du lendemain, avec une femme, le cinéma, Fernandel et enfin la rentrée avec
Marie. J'ai mis du temps à le comprendre, à ce moment, parce qu'il disait « sa maîtresse » et pour moi, elle était
Marie. Ensuite, il en est venu à l'histoire de Raymond. J'ai trouvé que sa façon de voir les événements ne manquait
pas de clarté. Ce qu'il disait était plausible. J'avais écrit la lettre d'accord avec Raymond pour attirer sa
maîtresse et la livrer aux mauvais traitements d'un homme « de moralité douteuse ». J'avais provoqué sur la plage
les adversaires de Raymond. Celui-ci avait été blessé. Je lui avais demandé son revolver. J'étais revenu seul pour
m'en servir. J'avais abattu l'Arabe comme je le projetais. J'avais attendu. Et « pour être sûr que la besogne était
bien faite », j'avais tiré encore quatre balles, posément, à coup sûr, d'une façon réfléchie en quelque sorte. »
Cet extrait est tiré de la deuxième partie du roman, c’est-à-dire après qu’il a tué l’Arabe et
qu’il a été arrêté. Dans la deuxième partie on voit qu’il a commencé à prendre conscience de
son étrangeté, du fait que tout se déroule en soi, sans son intervention. Comment cette prise
de conscience, de son étrangeté se manifeste dans le texte ? On peut identifier 3 parties : 1)
la prise de conscience ; 2) pensée du procureur ; 3) le mode et le rapport avec
Raymond.
1) Il y a cette prise de conscience de son étrangeté, il a envie d’interrompre les autres, il veut
parler, il veut intervenir, mais il dit qu’il y a « une chose pourtant me gênait vaguement », il y a
des préoccupations, il dit qu’on parle « plus de moi que de mon crime », et donc il veut
intervenir mais l’avocat lui dit « Taisez-vous ! » c’est l’avocat qui doit parler, et non lui, et
donc il ne parle pas. C’est pour ça qu’il commence à prendre conscience du fait qu’il ne peut pas
agir, il est interrompu par l’avocat, il ne peut pas agir même s’il est lui l’accusé. Dans cette
scène on peut percevoir la représentation de la société qui veut bloquer, limiter l’étranger à
agir, et aussi il cite la « sort », il dit « Mon sort se réglait sans qu’on prenne mon avis », et
donc il est destiné à la peine de mort. On voit qu’il veut interrompre, il veut agir, et donc il
prend conscience d’être l’accusé, il dit « Qui est l’accusé ? C’est important être l’accusé »
mais puis il dit « Mais réflexion faite, je n’avais rien à dire » , et donc il retrouve le silence, il
parle en soi-même, c’est un monologue intérieur, il ne parle avec les autres, il parle en soi-
même, il dit qu’il veut mais qu’il ne peut pas intervenir et donc il reste en silence. C’est le
silence qui le porte à être condamné à la mort.
2) La pensée du procureur, selon Meursault, il dit « si j’ai bien compris, c’est que j’avais
prémédité mon crime », mais ce n’est pas prémédité, ce n’est pas une action pensée,
préméditée comme a dit le procureur. En effet, on a que tout ce que le procureur dit à propos
de Meursault ce n’est pas à propos de l’accusation, du fait qu’il a tué l’Arabe, mais à propos de
la mort de sa mère, de son insensibilité, de l’ignorance de l’âge de sa mère, tout cela mais il ne
parle pas du fait qu’il a tué l’Arabe, et on peut analyser le champ lexicale judiciaire
(plaidoiries, preuves, culpabilité), Camus a assisté à des scènes du tribunal et il a appris les
terminologies judiciaires. Quand il revienne au discours directe du procureur c’est une
hétérogénéité énonciative, il y a un discours indirecte, il y a le discours du procureur qui dit
« l’aveuglante clarté, l’éclairage sombre », il y a des terminologies qui renvoient au soleil ;
« éclairage sombre » c’est un oxymore qui indique qui est lié à la « psychologie de cette âme
criminelle », c’est une psychologie très intéressante d’analyser, c’est sombre la psychologie de
L’étranger.
3) Raymond est son ami, celui qui a déterminé, qui a conduit Meursault vers le meurtre. (…) Il
y a un répétition du JE, il se focalise sur soi-même, il commence à prendre conscience que
c’était lui qui a tué l’Arabe, et il prend conscience de sa culpabilité.
En général, il n y a pas une totale indifférence, ici il y a plutôt l’acceptation, il accepte sa sort
et l’acceptation peut être comparé à l’idée de la sagesse, il accepte son accusation, il accepte
d’avoir tué l’Arabe et il accepte aussi d’être un étranger, dans cet extrait on peut bien
analyser les 3 différents dimension de l’étrangeté du Meursault (société, aux autres, vers
Raymond et Marie, et soi-même).
« C'était le Paradis. Chaque matin, je m'éveillais dans une stupeur de joie, admirant la chance folle qui m'avait fait
naître dans la famille la plus unie, dans le plus beau pays du monde. Les mécontents me scandalisaient: de quoi
pouvaient-ils se plaindre? C'étaient des mutins. Ma grand-mère, en particulier, me donnait les plus vives
inquiétudes: j'avais la douleur de constater qu'elle ne m'admirait pas assez. De fait, Louise m'avait percé à jour.
Elle blâmait ouvertement en moi le cabotinage qu'elle n'osait reprocher à son mari: j'étais un polichinelle, un
pasquin, un grimacier, elle m'ordonnait de cesser mes « simagrées ». J'étais d'autant plus indigné que je la
soupçonnais de se moquer aussi de mon grand-père: c'était « l'Esprit qui toujours nie ». Je lui répondais, elle
exigeait des excuses; sûr d'être soutenu, je refusais d'en faire. Mon grand-père saisissait au bond l'occasion de
montrer sa faiblesse: il prenait mon parti contre sa femme qui se levait, outragée, pour aller s'enfermer dans sa
chambre. Inquiète, craignant les rancunes de ma grand-mère, ma mère parlait bas, donnait humblement tort à son
père qui haussait les épaules et se retirait dans son cabinet de travail; elle me suppliait enfin d'aller demander mon
pardon. Je jouissais de mon pouvoir: j'étais saint Michel et j'avais terrassé l'Esprit malin. Pour finir, j'allais
m'excuser négligemment. A part cela, bien entendu, je l'adorais: puisque c'était ma grand-mère. On m'avait
suggéré de l'appeler Mamie, d'appeler le chef de famille par son prénom alsacien, Karl. Karl et Mamie, ça sonnait
mieux que Roméo et Juliette, que Philémon et Baucis. Ma mère me répétait cent fois par jour non sans intention:
« Karlémami nous attendent; Karlémami seront contents, Karlémami... » évoquant par l'intime union de ces quatre
syllabes l'accord parfait des personnes. Je n'étais qu'à moitié dupe, je m'arrangeais pour le paraître entièrement:
d'abord à mes propres yeux. Le mot jetait son ombre sur la chose; à travers Karlémami je pouvais maintenir l'unité
sans faille de la famille et reverser sur la tête de Louise une bonne partie des mérites de Charles. Suspecte et
peccamineuse, ma grand-mère, toujours au bord de faillir, était retenue par le bras des anges, par le pouvoir d'un
mot. »
Nous sommes dans la première partie de l’œuvre, dans laquelle Sartre explique son histoire
familiale jusqu’à sa naissance. À cause de la mort de son père, le jeune Sartre vit avec sa
mère chez les grands-parents maternels. Ici, il est en train de décrire sa vie chez eux. On va
remarquer la figure du grand-père, un homme autoritaire, qu’on appelle par son prénom
alsacien Karl, à souligner qu’il aura beaucoup d’importance et d’autorité qui tourne autour de
lui. Au contraire, les figures de la mère et de la grand-mère sont décrites comme faibles et
soumises à la volonté de Charles/Karl. Dans le texte, on peut aussi voir comment Sartre
grandit un peu gâté, et mis au centre de l’attention familiale, comme on veut à travers les
mots de la grand-mère: “ j’étais un polichinelle...”. Il peut être considéré un enfant-tyran, qui
se sent libre de dire et faire tout ce qu’il veut, surtout parce que soutenu par son grand-père.
Un autre thématique qu’on retrouve dans ce passage est l’importance des mots. Sartre
commence à comprendre le pouvoir de la parole, laquelle a un pouvoir très fort d’influence sur
la réalité. Grâce au mot “Karlémamie”, il est capable de maintenir l’unité dans sa vision de la
famille. Ça se lie parfaitement avec l’idéologie de Sartre, pour laquelle l’engagement est
fondamental et peut se réaliser à travers le mots et notamment l’écriture. Pour ce qui
concerne le style et les procédés narratifs, nous pouvons nous concentrer sur la phrase
d’ouverture “C’était le Paradis”. Déjà à partir de ça, nous pouvons noter l’une des
particularités de l’écriture de Sartre: l’utilisation de l’ironie. Cela est utilisé pour montrer une
divergence des points de vue : celui de Sartre enfant et celui de Sartre adulte. Le ton
ironique envahit tout le texte, aussi à travers des exagérations:. Par cet expédient, une
situation de distanciation est créée, dans laquelle ce qui est exalté, est à la fois moqué et
démystifié. Le lecteur perçoit donc un contraste qui rend difficile la compréhension de la
réalité de ce que l’auteur veut communiquer. Cela répond à une vision pas idéalisé de l’enfance
qui est typique de l’auteur: les souvenirs de Sartre ne sont pas décrits avec nostalgie, mais
avec un ton tout à fait critique.
Les Mots est un texte assez difficile à lire parce que Sartre cherche à séduire le lecteur, il
cherche des bons mots, c’est quelqu’un qui cherche de trouver des phrases intéressantes à
dire, il écrit, il se comporte comme le lecteur, Sartre cherche des formules, des formes
aphoristiques, c’est ce qu’on appelle le GALOP SARTRIEN, c’est quelque chose de brillant,
toujours il veut séduire avec les mots, le texte est assez compliqué, c’est un sorte de feu
d’artifice verbal, il veut séduire en semblant percutant et rapide. Dans Les Mots il y a une
phrase qui dit « On se défait d'une névrose, on ne se guérit pas de soi », il contredit ce qu’il
dit, mais c’est brillant ; « On écrit pour ses voisins ou pour Dieu », c’est drôle ; « Il a aimé,
pourtant, il a voulu vivre, il s'est vu mourir; cela suffit pour faire tout un homme » ; « Elle ne
croyait à rien; seul, son scepticisme l'empêchait d'être athée », cela ce sont des aphorismes,
c’est un peu le style des moralistes du XVIIIème siècle, Sartre a rompu cette style des
moralistes du XVIIIème siècle. « Il avait raison: quand on aime trop les enfants et les bêtes,
on les aime contre les hommes », ce sont des affirmations un peu préparatoires de soi-même ;
« J'avais trouvé ma religion: rien ne me parut plus important qu'un livre ». Tout chez Sartre
est pour séduire à travers le rire, par le sarcasme. Il nie des conflits internes à la famille, il
critique son passé, sa vie familiale. Le texte pourrait se diviser en deux parties : dans la
première partie Sartre raconte des événements banales de l’enfance, la crise familiale, la
cause de cette prise serait la méfiance de sa grand-mère ; dans la deuxième partie Sartre
raconte comment il a appris à nommer ses grands-parents (Karlémamie). « C’était le Paradis »,
de cette première phrase du texte Sartre reprend l’image d’une enfance idyllique, parfaite, le
Paradis, une image traditionnelle, il n’est pas seulement un comparaison, c’est aussi pour un
motif religieux que Sartre introduit, il va donner toute l’importance de la solennité de son
passé, pour Sartre tout est grand, mais c’est un expression un peu exagéré, un peu
emphatique, un phrase aussi ironique, avec un valeur humoristique des mots. Il y a un
répétition des termes, un accumulation du terme « Karlémamie », ça va provoquer un effet
comique. Il y a aussi l’idée de complicité d’adultes par rapport à la solitude de l’enfant. Sartre
évoque une scène de rupture et de réconciliation familiale, il s’agit d’une victoire pour le jeune
Sartre.
LEZIONE 12
On peut évoquer le paradoxe de son enfance choyé dans un milieu très bourgeois, il était un
enfant roi, il dit que son enfance a été bayoné, censuré, écrire Les Mots va libérer toute
cette empêchement, cet emprisonnement. Sartre va séduire par les mots et il cherche
toujours quelque chose qui va sourire le lecteur, il a besoin d’obtenir un unanimité des
lecteurs. Sartre a la capacité de raconter les choses ordinaires, banales, apparemment
insignifiants et de les transformer en quelque chose d’extraordinaire, tout est intéressant
chez lui. On peut parler d’écriture trans-personnelle, c’est-à-dire quelque chose de
personnelle qui devient générale. On parle de l’écriture de l’intime, qui est personnelle, et on
va vers l’extime, qui est générale. On peut dire que l’écriture de Sartre joue sur un double
registre, elle raconte quelque chose mais en manière ironique, il y a un désir humoristique
chez Sartre. « Les mots sont comme les pistolets chargés » ; le premier attaque de l’ironie
c’est l’enfant, la formule « l’enfant merveilleux » est écrite par Sartre. La phrase est écrite
par un antiphrase, c’est-à-dire une phrase ironique, il se moque de son enfance, l’enfant n’est
pas valorisé comme il y est dans la plupart du temps dans la culture française, l’enfance et
l’enfant normalement est sacralisé, mais Sartre il n’aime pas son enfance. Chez Sartre il y a
une forme d’autodérision ironique, il se moque de soi-même. C’est comme s’il a une dialogue
impossible avec soi-même, il décrit son enfance mais il n’est pas l’enfant qu’il était. L’ironie
chez Sartre prend la forme de l’autodérision, c’est-à-dire se moquer de soi-même. Il y a un
livre de critique de Roland Barthes, il a écrit cette critique en parlant du degré zéro du
langage, le degré zéro du langage : L’étranger, Meursault adopte un degré zéro du langage, on
doit prendre au premier degré ce qu’il écrit, il décrit, il retranscrit ses actes, ce qu’il fait, il
n'y a pas un double registre dans L’étranger de Camus, tout est au premier degré ; chez
Sartre dans Les Mots ce n’est pas de tout le degré zéro du langage, on a deux degrés du
langage, c’est toujours un double registre, il dit quelque chose mais il veut dire autre chose,
ce qu’il dire ça veut dire le contraire. La lecture de Les Mots est souvent assez difficile de
compréhension pour le double sens. C’est un texte que Sartre cherche à faire des beaux mots,
il cherche de séduire, il cherche le juste, Annie Ernaux aussi cherche le juste pour séduire.
On pourrait se demander si Les Mots, puisque c’est toujours un double registre, un double
langage, c’est un autobiographie : ça serait comme un exercice brillant pour se parodier de
l’autobiographie.
« Il y avait une autre vérité. Sur les terrasses du Luxembourg, des enfants jouaient, je m'approchais d'eux, ils me
frôlaient sans me voir, je les regardais avec des yeux de pauvre: comme ils étaient forts et rapides! comme ils
étaient beaux! Devant ces héros de chair et d'os, je perdais mon intelligence prodigieuse, mon savoir universel, ma
musculature athlétique, mon adresse spadassine; je m'accotais à un arbre, j'attendais. Sur un mot du chef de la
bande, brutalement jeté: « Avance, Pardaillan, c'est toi qui feras le prisonnier », j'aurais abandonné mes
privilèges. Même un rôle muet m'eût comblé; j'aurais accepté dans l'enthousiasme de faire un blessé sur une
civière, un mort. L'occasion ne m'en fut pas donnée: j'avais rencontré mes vrais juges, mes contemporains, mes
pairs, et leur indifférence me condamnait. Je n'en revenais pas de me découvrir par eux: ni merveille ni méduse, un
gringalet qui n'intéressait personne. Ma mère cachait mal son indignation: cette grande et belle femme
s'arrangeait fort bien de ma courte taille, elle n'y voyait rien que de naturel: les Schweitzer sont grands et les
Sartre petits, je tenais de mon père, voilà tout. Elle aimait que je fusse, à huit ans, resté portatif et d'un
maniement aisé: mon format réduit passait à ses yeux pour un premier âge prolongé. »
Cette passage dans le jardin du Luxembourg est assez importante pour la première partie,
avec ce texte Sartre va évoquer ce moment de solitude lors de se sentir en milieu des autres
enfants. On a un confrontation entre le réelle et l’imaginaire. Il prend conscience de soi-
même, c’est grâce au refus que Sartre prend connaissance de lui-même, c’est grâce à ce refus
qu’il comprend qui est un autre, ce texte est la métaphore de la place de Sartre. On est dans
l’autodérision, il se moque de lui-même, sa mère essaie de lui faire un compliment sur sa
beauté et son caractère, il comprend qu’il n’est pas vrai, pour la première fois on voit la
sincérité de Sartre, cette prise de conscience de sa différence. On a un contradiction dans
cette prise de conscience, parce que la vérité cache autre vérité, c’est ce qu’on appelle le
mensonge pour omission, je veux dire quelque chose de vraie mais je ne veux dire pas tout.
C’est un souvenir marquant, traumatisant pour l’auteur, le jeune Sartre, Poulou, se découvre
inexistante pour les autres, c’est un paradoxe, lui qui est le théoricien de l’Existentialisme, il
montre quelqu’un qui n’a pas d’existence. Sa véritable existence est dans ce lieu, qui est
imaginaire, dans les livres : « Ma vraie vie est dans les mots, mais elle n’est pas avec les
autres, elle est dans la solitude des mots ». Les mots vont remplacer la forme de non-
existence, de son invisibilité, qui est transparent aux autres.
Le titre retenu, Les Mots, indique d'emblée l'importance de la névrose littéraire pour
l'auteur du texte: Les Mots. Ce sont les mots qui viennent en premier, solitaires et isolés sur
la page titre du volume; les mots qui vont suivre vont donc être l'objet du texte . À la
question : pourquoi a-t-il écrit Les Mots ? Sartre a répondu en 1971 : « Le sens du style
dans Les Mots, c'est que le livre est un adieu à la littérature : un objet qui se conteste soi-
même doit être écrit le mieux possible. » Le titre est curieux : ni linguistique, ni
philosophique, le titre est neutre – un mot du dictionnaire des mots – un mot qui ne préjuge en
rien de la parole qui va être tenue avec eux, ni du texte qui va être composé avec eux. Les
mots sont à la fois un matériel linguistique et une expression significative de la pensée. Les
deux parties du texte Lire et Écrire sont les deux activités complémentaires permises par les
mots. Elle annonce en même temps la double comédie qui s'adresse d'abord aux autres : Lire,
pour soi-même, puis Écrire, pour les autres. On voit le paradoxe interne à l'autobiographie : la
recherche d'une impossible sincérité en se servant des ressources de la fiction et de
l'imagination littéraire. Si l'autobiographie a la même fonction que la glace du miroir alors
l'image reflétée devra être réfléchie au double sens du terme et au second
degré… « L'écrivain de soi ne se contemple pas au miroir de l'écriture, l'écriture n'est pas un
miroir, mais un instrument d'intelligibilité sur le chemin de soi à soi » Le malentendu semble
donc complet et le paradoxe laisse place au problème si on remarque qu'ici, selon le projet de
l'auteur, l'autobiographie est une autobiographie qui se contente elle-même, étant réduite à
un récit d'enfance, d'être une critique de la mythologie propre au souvenir d'enfance.
L'écriture de soi doute donc ici de la possibilité qu'a, ou qu'aurait, le « je » - sujet adulte
écrivant et actif - de ressaisir le « moi » ancien primitif, objet sur lequel le « je » adulte
écrit et dont il prétend saisir rétrospectivement l'unité par delà la diversité des conduites et
actions. On comprend mieux le risque de malentendu et on saisit alors ce qui fait problème :
c'est un philosophe armé de toute sa philosophie qui nous livre ici une autobiographie
déguisée, une pseudo-biographie, car il sait pertinemment que le « je », en perpétuel projet,
ne saurait s'identifier à un « moi » défini et daté. Sartre, adulte philosophe, a parfaitement
conscience de l'impossibilité constitutive pour toute conscience, en tant que conscience
existante et libre, de se réduire à un moi singulier personnel et défini. Si le « je » prétend
saisir le « moi », il lui échappe nécessairement puisqu'il est projet d'être autre qu'il est
présentement et ne se laisse jamais enfermer dans aucune définition essentialiste. Pour
Sartre philosophe on ne peut pas dire d'une conscience qu'elle est, et moins encore qu'elle
est telle ou telle, car elle est un perpétuel échappement de soi à soi, et donc qu'elle est
indéfiniment une relation à ce qu'elle n'est pas ou plus. Résultat l'écriture de cette
autobiographie déguisée et ironique sera moins affaire de sincérité que de mauvaise foi plus
ou moins tacite. Le parcours de l'autobiographie ne pourra donc être qu'un parcours de
délivrance des mensonges sur soi du « moi », délivrance du mensonge premier et décisif chez
le sujet sartrien : l'écriture comprise comme unique salut du moi. L'autobiographie repose
donc sur un dédoublement temporel : le moi du narrateur découvre qu'il n'est plus exactement
celui qu'il a été autrefois. C'est - par exemple - Sartre adulte et philosophe qui peut
écrire : « J'étais un enfant ce monstre fabriqué par des adultes avec leurs regrets. » d'où
l'omniprésence de l'ironie et de l'humour sur soi, un être indéterminé, condamné à jouer des
rôles imposés par les adultes. Prise de conscience rétrospective de sa facticité et de son
inconsistance qui lui interdit de jouer la comédie en toute bonne foi. Condamné à être libre
l'homme est donc responsable du monde et de lui-même en tant que manière d'être au monde.
L'homme tente donc en vain d'échapper à la contingence et à la liberté qui le singularisent. On
peut donc dire en un sens que nous sommes tous des orphelins puisque nous devons tous
inventer notre vie en nous évadant des rôles auxquels, en vain, la famille et la société
cherchent à nous assigner. La Comédie porte une majuscule pour bien souligner qu'elle nous
fabrique tout autant que nous croyons la fabriquer : on a beau en rire nous sommes toujours
les premières victimes sous le regard des autres. Les enfants sont naturellement condamnés à
jouer la comédie et à emprunter des rôles que leur imposent les adultes. Ici l'enfant se fait
naturellement cabotin pour plaire à son grand-père. L'accent est mis sur le grand-père
Charles. Il est le « patriarche », « grand vieillard barbu » comme est écrit à page 22, avec
bien évidemment son attribut essentiel : la barbe, symbole de dignité et de grandeur. Le
bureau-bibliothèque du grand-père, composé par plus de 4 000 livres, « il y en avait partout »,
lequel constitue une sorte de sanctuaire. Le culte des livres se trouve ici à l'origine de la
culture. Antérieure à l'apprentissage de la lecture se trouve être la vénération des livres :
« je feignais de déchiffrer le chinois en chine avant de connaitre l’alphabet ?». L'imposante
bibliothèque est une sorte de saint des saints qui condamne le jeune enfant à une vocation de
grand lecteur par mimétisme ; il va reproduire les gestes caractéristiques des clercs et
partager les valeurs propres à ce milieu. « Mais s’est qu’il aime Corneille » « je connus
Rodogune, Théodore, Agésilas, avant Cinna ». Adoration des livres et vénération de la culture
humaniste. Cette omniprésence des livres témoigne de la toute-puissance de la culture. Mais
problème non résolu : « Mais jusqu'à quel point je croyais à mon délire ? C'est la question
fondamentale et pourtant je n'en décide pas ». La question de la sincérité est au centre de
l'écriture de soi mais elle est indécidable. Ce qui est certain c'est que moitié lisant moitié
trichant il s'est cultivé. « En tout cas mon regard travaillait les mots : il fallait les essayer,
décider de leur sens, la Comédie de la culture à la longue me cultivait » « Allez
conclure » comme dit Sartre. Le style transparaît à travers d'une écriture très fébrile, très
nerveuse. Chez lui l'auto-analyse est toujours une auto-critique. Il y explique la genèse
des Mots en se référant à sa propre auto-analyse. Sartre oppose deux méthodes pour
comprendre un homme (et donc lui-même) : 1) celle qui l'explique à partir des connaissances
qui le déterminent, 2) celle qui cherche à le comprendre à partir de sa description
comme « être dans le monde ». C'est bien évidemment le choix de la seconde option qui va
être retenu. C'est particulièrement clair dans Les Mots où l'auto-analyse sartrienne tente
d'inventer une nouvelle forme d'analyse ou de psychanalyse, c'est une tentative de
« psychanalyse existentielle ». Cela car elle met plutôt au jour les mythes qui ont constitué
l'imaginaire d'un enfant devenu un auteur. Il n'y jamais un seul point de vue possible sur une
destinée, ces points de vue sont multiples. Cette impossibilité d'une connaissance entière d'un
homme ou des hommes tient à la nature humaine qui est de n'avoir pas de nature mais d'être
liberté.
On pourrait diviser ce texte en deux parties : 1) l’idée que la mémoire est soupçonné en ce
texte, il y a un objet qui se conteste lui-même, cette première partie soupçonne la mémoire,
on a le doute de la mémoire, on la questionne, il critique cette mémoire ; 2) critique des
adultes que jouent avec les enfants. La critique de la mémoire : d’abord il dit « Il y a un autre
vérité », puis il dit que « Ce que je viens d’écrire est faux. Vrai. Ni vrai ni faux comme tout ce
qu’on écrit sur les fous, sur les hommes. J’ai rapporté les faits avec autant d’exactitude que
ma mémoire le permettait.» et encore « Qu’est-ce que cela veut dire ? Comment pourrais-je
fixer – après tant d’années surtout – l’insaisissable et mouvante frontière qui sépare la
possession du cabotinage ? ». On est dans l’étalement, dans la différence entre
l’autobiographie, l’autofiction, le roman autobiographique, il faut dire que Sartre questionne le
genre, il doute du genre, l’écrivain va questionner le genre du roman, la sincérité, l’ambiguïté
du roman, on est le soupçonne, et ce début du texte préfigure cette soupçonne. Tout ce qu’il a
écrit dans les premières 50 pages il nous a menti, Sartre joue de l’ambiguïté du récit
autobiographique, il trahi le pacte autobiographique, il joue avec le lecteur, il veut toujours
posséder le lecteur. Serge Doubrovsky nous a parlé de clause nominale et clause générique (il
n’y a pas de clauses génériques dans Les Mots). « J’ai rapporté les faits avec autant
d’exactitude que ma mémoire le permettait. » ça c’est le soupçonne de soi-même. Il nous a
menti, mais en mentant il est sincère, et en même temps rien n'est pas sincère que le menteur
qui ment, Sartre est un philosophe, si un menteur nous dit « je ment », il est sincère. Cette
échec de la mémoire, le JE de Sartre est pareil au JE de Proust avec la mémoire volontaire et
la mémoire involontaire, Sartre nous dit que tout l’échec de la mémoire dans les premiers 50
pages, la recherche minutieuse et fidèle, le récit autobiographique essaie d’être rétrospectif,
il essaie de retranscrire les mémoires, il est une forme d’échec de la mémoire, on veut
essayer de ressaisir par les mots notre expérience, notre vécu. Il nous interroge sur les
limites de la mémoire et le problème, on rappelle la définition de Serge Doubrovsky : « Si
j’essaie de me remémore, j’invente. ». Dans ce texte Sartre prend conscience de la
problématique de la mémoire, de ses limites. La deuxième partie de ce texte c’est la critique
des adultes, la Comédie des adultes, qui sont ceux qui vont fabriquer l’enfant, qui vont le
déterminer, qui vont le conditionner à devenir un sorte de chercheur, un écrivain, il entretient
cette comédie, à la fois acteur et à la fois spectateur. Sartre décrit un enfant qui n’a pas de
divertissement, il ne sait pas montrer en relation avec les enfants de son âge, il se cache
derrière les livres, et donc il joue la comédie du savoir. Sartre d’une certaine façon n’a pas de
joué, mais c’est un enfant qui est joué, qui est manipulé par les adultes, il les critique, c’est un
critique de son enfance.
LEZIONE 13
Annie Ernaux est née en 1940 à Lillebonne en Normandie, elle vive dans un milieu sociale assez
modeste, son père et sa mère sont des ouvriers des entreprise, et ensuite ils ont décidé de
monter un petite commerce d’un café-épicerie, ils sont devenus propriétaires de cette café-
épicerie. Cette famille, la famille Duchesne (Ernaux c’est le nom de son mari) elle vient d’une
généalogie des cultivateurs paysans. En 1950, 10 ans après la naissance, elle a un premier
choc, un première traumatisme : en écoutant un conversation de sa mère qui parlait à
quelqu’un d’autre, elle apprend que avant elle ses parents ont eu une fille qui est morte d’une
maladie, de la diphtérie. Elle apprend de l’existence de sa sœur ainée qui s’appelait Ginette,
c’est important parce que à 10 ans on commence à prendre conscience du monde, c’est le
premier traumatisme, psychologiquement elle comprend qu’elle n'est pas la première, elle est
la deuxième, elle est la fille de substitution, de remplacement, c’est important pour
comprendre la façon de sa personnalité qui va se constituer, va se fabriquer, elle arrive à l’âge
de 10 ans qu’elle n’est pas été vraiment voulu comme première fille, mais pour remplacer la
fille qui est décédée. Elle publiera un livre qui s’appelle L’Autre Fille en 2011 qui raconte cette
épisode, elle est une figure de remplacement ; c’est assez traumatisant pour un enfant, un tel
sentiment, un tel choc, un tel traumatisme, ça nourrit un sentiment d’illégitimité parce qu’elle
n'est pas désirée pas pour des bonnes raisons. Elle passe son enfance à Yvetot en Normandie,
où ses parents vont l’inscrire dans un établissement privé catholique, elle va commencer ses
études dans un milieu catholique, très religieuse. Elle a un seconde traumatisme, beaucoup
moins grave, mais plutôt morale, c’est qu’elle prend conscience de sa différence sociale et
culturelle entre ses camarades, elle continuera à écrire tout au dessus, elle se rend compte
que ses camarades viennent d’un milieu plus élevé, qui ont plus culture, qui sont plus riches,
elle prend conscience de sa pauvreté, ça a été très brutale pour elle. A partir de ça, elle a
nourrit toute son œuvre, elle questionne la différence sociale, le sentiment de la différence
sociale, c’est un sentiment que tout le monde a prouvé, elle comprit qu’elle n’appartienne pas
au monde de ses camarades. En 1959, à 19 ans, elle obtient le baccalauréat, ensuite elle
continue les études à l’Université de Rouen, puis à celle de Bordeaux en 1964, et elle devient
professeur certifiée et puis professeur agrégée, elle obtient le Capes (pour enseigner avec
les plus petits) et l’agrégation de Lettres Modernes (pour enseigner à l’Université), le livre La
Place commence avec l’obtient de la Capes. Elle travail d’abord à un projet de doctorat de
thèse sur l’œuvre de Marivaux. Au début des années 1970 elle enseigne au lycée avant
d’intégrer le CNED (Centre Nationale d’Enseignement à Distance), et elle réside depuis 1975 à
Cergy-Pontoise. On va parler des ses œuvres : la vie c’est son œuvre. Elle fait son entrée dans
la littérature en 1974 avec son premier roman qui s’intitule Les Armoires Vides, elle a écrit en
se cachant de son mari parce qu’il ne voulait pas qu’elle écrive, elle écrivait, elle a publié, elle a
appris une fois qu’elle a eu l’acceptation de cette publication à son mari qu’elle avait été reçue
pour la publication, elle a écrit dans son coin. Les Armoires Vides est un roman
autobiographique de sa vie de petite fils publié par Gallimard. Ensuite en 1977 elle a publié Ce
Qu’Ils Disent Ou Rien et en 1981 elle a publié La Femme Gelée, les trois premiers sont 3
romans autobiographiques, des romans sur la condition de la femme, sur les conditions des
jeunes filles et qui sont écrits de manière très parlé, assez oralisant, de manière très
monologique, cette forme monologique, ça participent dans les années ‘70 à l’écriture
féminine, il y a tout un mouvement de femmes qui écrivent de la même façon, elles écrivent de
façon monologique, de façon orale parce que les femmes n’écrivaient pas beaucoup, n’avaient
pas le droit d’écrire, un peu mise de côté, et elles prennent ce droit en s’affirmant par une
écriture orale assez véhémente, assez dure, assez brutale, ce que Roland Barthes appelle la
verbalisation immédiate, un écriture spontané, verbaliser, je verbalise immédiatement, c’est
un courant dans les années ‘60/’70 des femmes qui se mettent à écrire et qui, pour la
première fois, écrivent des choses assez tabous pour l’époque, des choses lesquels les
femmes n’avaient pas écrit : le corps, la sexualité, les hommes avaient toujours écrit de ça
mais les femmes non, on écrit de la transformation du corps de la femme, la grossesse, la
maternité, la sexualité, c’est très transgressif pour l’époque, ça c’est propre de l’écriture des
femmes, ça s’inscrit dans l’écriture féministe, ça c’est très important pour comprendre
l’œuvre d’Annie Ernaux qui s’enracine à partir de cette littérature, une écriture qui est très
contestatrice, et elle se réapproprie par le langage, par les mots, leurs corps, leurs espace
(Virginia Woolf, Une Chambre à Soi), se réapproprier de son propre espace, toute cette
littérature femme se réapproprie aussi de leurs corps à travers l’écriture et les mots, contre
la littérature des hommes, contre le patriarcat, il y a quelque chose de très révolutionnaire
dans les trois premiers textes d’Annie Ernaux qui appartient à ce mouvement très féministe,
de cette écriture protestatrice contre le patriarcat. Annie Ernaux a participé par ses livres,
par ses romans à cette littérature (autres écrivaines qui appartiennent à cette mouvement
féministe sont : Virginia Woolf, Hélène Cixous, Julia Kristeva, Simone De Beauvoir). Simone
De Beauvoir a écrit Le Deuxième Sexe. La Femme Gelée d’Annie Ernaux peut être comparé à
La Femme Rompue de Simone De Beauvoir, ça fait éco, on peut parler d’intertextualité avec
La Femme Gelée : La Femme Rompue c’est la femme qui a subi des épreuves difficiles et La
Femme Gelée Annie Ernaux décrit toute cette expérience du mariage qui pour elle l’a gelée,
c’est quelqu’un qui à l’intérieur est morte, insensible, indifférente, il y a tout un
questionnement dans ces premiers romans d’Annie Ernaux sur la condition de la femme en
mettant, en exprimant le désir féminin, la sexualité, la maternité, puis un des grands thèmes
d’Annie Ernaux c’est l’avortement : elle est une des premières à avoir questionné de
l’avortement parce qu’elle a subi un avortement, et donc elle parle de l’avortement. Dans tout
ce mouvement les femmes sont perçues comme au Moyen Âge, toute cette littérature essaie
de les valoriser pour la première fois. Les trois premiers textes sont des romans
autobiographiques, et puis le quatrième texte, La Place, en 1983, marque un rupture dans son
œuvre, c’est un texte autobiographique mais de son père, pour la première fois Annie Ernaux
abandonne l’écriture du roman, c’est une rupture importante dans l’œuvre d’Annie Ernaux et
pour la littérature française, elle abandonne le roman, elle passe de la fiction au récit
autobiographique, ls fiction pour elle est comparé à une trahison, elle ne veut pas romancer la
vie de son père, elle écrit sur la vie de son père, elle ne veut pas faire un roman sur la vie de
son père. Pour elle la fiction, le roman s’assimile à une forme de luxe bourgeoise, c’est
l’artifice de la bourgeoisie faire un roman, fabriquer un roman. Elle dit « Le seul moyen juste
d’évoquer une vie en apparence insignifiante, comme celle de mon père, est de reconstituer la
réalité de cette vie à travers des faits précis, en retranscrivant des faits précis, à travers
des faits et des paroles entendues. » donc c’est un travail de retranscription. Ce texte
inaugure un nouveau rapport à l’écriture, impossibilité de faire du père un personnage du
roman, elle ne veut pas faire du père un personnage du roman, elle le veut décrire en tant que
personne, non pas en tant que personnage, elle ne veut pas le déformer, elle considère que
l’écriture romanesque qu’elle a emprunté dans les premiers trois romans, elle considère cette
écriture romanesque émotionnelle, affective, fabriqué aussi par la dérision et l’ironie, elle
considère que cette écriture la conduirait à manquer la réalité de l’existence de son père, ça
serait le manquer, le trahir, elle veut rester fidèle à l’image de son père. Elle préfère relater
avec une distance objective la vie du père à partir de ce qu’il a fait, de ce qu’il a dit, de ses
actes et de ses paroles. Elle ne veut pas tomber dans le « misérabilisme », c’est-à-dire à la
façon d’Emile Zola d’écrire la pauvreté des gens de vie populaire, d’une façon exagéré de la
pauvreté pour essayer de tirer de là le lecteur, c’est la tendance à représenter les aspects
les plus misérables de la vie sociale, à exagérer la vie sociale, c’est raconter que le négatif, le
noir, c’est la vision noir de la vie très populaire, le misérabilisme serait le trahir, elle ne veut
pas aller dans le misérabilisme, et de même pas de populisme, c’est-à-dire l’inverse du
misérabilisme, c’est de décrire en exagérant le positif, elle ne veut pas le décrire
positivement, elle le veut décrire justement. L’écriture d’Annie Ernaux c’est une écriture
hyper juste, pour toutes ces raisons pas de roman, pas de fiction, pas de misérabilisme, pas
de populisme, il y a une sorte de radicalité dans l’écriture d’Annie Ernaux, qui ne veut pas de
tout se laisser aller à tout cela. Tout son œuvres littéraires sont autobiographiques, mais
c’est toujours des liens avec la sociologie et en particulier à partir de La Place, on peut faire
une lecture sociologique. Une dizaines d’ouvrages sont publiés à la suite de ça : Une Femme,
Passion Simple, La Honte, L’Événement, Les Années, qui sont toujours des moments de sa vie ;
Les Années a eu un grand succès, c’est un autre façon d’écrire La Recherche du Temps Perdu
de Proust, elle raconte sa vie de la naissance (1940) jusqu’à l’année 2008, sa vie à travers des
événements d’actualité, elle retrace toute une partie du siècle, ça a été un livre qui a été un
grand succès en France et aussi en Italie, elle a gagné beaucoup de prix, elle a gagné le Prix
Nobel pour la littérature le 6 octobre 2022. L’Académie Suédoise annonce le Prix Nobel pour
Annie Ernaux « pour le courage et l’acuité clinique avec laquelle elle met à découvert les
racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle ». Courage
pour l’engagement du milieu sociale féministe, valorisation de l’expérience féministe,
manifestation pour les droits de l’avortement. La plus grande écrivaine féministe c’est
Marguerite Duras, elle a gagné le Prix Goncourt, c’est comme Annie Ernaux, une des écrivaines
très intéressantes pour sa prise de position politique, écrire sur soi c’est un courage, c’était
faire l’objet d’un grand mépris intellectuel. L’acuité clinique c’est l’observation de l’expérience,
retranscription patiente, un travail régulière. Mise à jour des racines c’est une œuvre de la
mémoire individuelle et collective. Le thème du féminisme est beaucoup présent dans ses
œuvres, et l’engagement politique, c’est une autrice qui renoue avec la figure de l’intellectuelle
engagé, la plupart des écrivains ne manifestent pas leur engagement dans l’écriture, ils ne le
proclamaient pas publiquement, Annie Ernaux revendique un attachement à la gauche, la vraie
gauche, elle renoue avec l’idée de la figure de l’intellectuelle, c’est l’idée que la littérature
doit servir pour divulguer, à mettre en promotion des idées sociales, des droits pour les
femmes. Toutes son œuvres sont tirés de son expérience personnelles, il n’y a pas de choses à
manquer, tous ce qu’elle a écrit, elle l’a vécu, c’est l’exploitation maximale de son vécu, de son
expérience personnelle, elle tient un journal chaque jour, elle écrit tout ce qu’elle a fait
chaque jour, ces journaux lui servent pour écrire, c’est un support pour ses textes. La Place
devrait s’appeler Éléments pour une ethnologie familiale, on a eu des changements, elle pose
des éléments pour des études d’ethnologie, dans ce titre là elle est vaincu toute l’idée du
personnelle, de son histoire personnelle. Ce qui change depuis les premiers romans c’est que
Annie Ernaux écrit en première personne de soi-même, elle ne se prend plus dans le
personnage du texte, dans les premières textes elle est le personnage principale, le JE est le
personnage, le JE donc va écrire sur le père, elle n’est plus le personnage centrale, elle va se
décentrer, elle doit trouver une forme d’écriture qui rend compte de ce décentrement, et la
forme d’écriture c’est ce qu’elle nomme le récit auto-socio-biographique, c’est ainsi que le
texte brouille les frontières génériques, c’est un texte qui est très important pour la
littérature, qui renouvelle parce qu’il opère une sorte de brouillage générique, c’est pas une
des catégories d’autofiction, roman ou récit autobiographique, mais là c’est un récit auto-
socio-biographique, dans ça on voit bien l’influence des sciences humaines, de la sociologie, des
études ethnologiques. Elle mêle expérience personnelle et expérience collective, ça c’est dans
toutes les textes, et toutes ces ouvrages dissèquent, analysent l’ascension sociale, c’est
passer de différents milieux sociales, son mariage également c’est le passage d’un milieu
populaire à un milieu bourgeoise, elle se marie avec un bourgeois,: son mariage dans La Femme
Gelée, elle raconte sa sexualité et ses relations amoureuses, l’ascension sociale c’est dans La
Place et La Honte, Une Femme c’est la vie de sa mère, où elle raconte la vie de sa mère jusqu’à
ses derniers jours et ça nous rappelle un texte de Simone De Beauvoir qui s’appelle Une Mort
Très Douce, où elle raconte la vie et la mort de sa mère. Les grands thèmes d’Annie Ernaux
sont : la vendage sociale, l’écriture c’est comme une sorte de violence, l’écriture comme un
couteau, elle dit « J’écrit pour venger ma race et mon sexe », on a une double mission, venger
sa race sociale et sa race sexuel, donc c’est une mission politique en quelque sorte ; autre
thème c’est la honte sociale, le sentiment de la honte est présent dans Les Armoires Vides et
La Place, cette honte se traduit par un sentiment de différence qu’elle éprouve de distance
de son père, ce qu’est émouvant dans ce texte c’est l’éloignement qu’elle éprouve de distance
de son père en évoluant, en faisant des études. Plus elle fait des études, plus elle passe des
concours, plus elle s’éloigne de ses parents, elle quitte ses origines, les valeurs qui étaient les
siennes, et c’est pour ça qu’elle nourrit, qu’elle a un sentiment de honte qui répare par
l’écriture et puis un sentiment de distance, d’éloignement avec ses origines. Elle parle d’une
distance de classe sociale dans La Place, elle a une prise de conscience de cette distance de
classe, elle dit « Comme de l’amour séparé », l’amour qui s’est séparé, ce texte c’est assez
émouvante, on voit l’attachement à ses parents et cette attachement qui reste attachement,
cette amour qui évolue différemment, dans la mesure où ses parents n’avaient pas fait des
études et elle a fait des grandes études, il y a une distance qui fait qu’elle ne partageait pas
les mêmes valeurs, n’avait plus les mêmes instruments pour comprendre le monde que ses
parents. La Place, le titre va faire penser à la préoccupation qui est permanent dans le livre, le
terme est beaucoup présent pour témoigner l’obsession de la préoccupation, le père cherche
de tenir sa place, il a eu peur d’être déplacé, de perdre sa place, le titre renvoie à 3 choses
différents : 1) renvoie à la position sociale, la place qu’on occupe dans la société, La Place peut
être un roman sur la place qu’on occupe dans la société parce que le père a cherché d’abord de
métier en devenant un ouvrier et puis il a changé de place en devenant un petit commerçant, il
a acquis cette place de petit commerçant avec la mère, c’est la place qu’on cherche à obtenir,
qu’on cherche à conserver, et elle dit que le père éprouvait une malaise devant les personnes
haut placés, il avait une certaine conscience de la place qu’il occupait dans le monde et il avait
une certaine timidité envers les personnes haut placés ; 2) il renvoie à la position sociale, il
renvoie à la place qu’occupe la narratrice, le JE d’Annie Ernaux dans la hiérarchie sociale,
d’abord ce JE est le JE d’une famille populaire et modeste, et puis le même JE avec le
mariage bourgeois, avec l’obtention d’un diplôme universitaire, c’est un JE du peuple et un JE
de la bourgeoisie, un JE double, c’est ce qu’on appelle dans la sociologie une « transfuge
sociale », c’est celui qui se déplace d’une sphère sociale à une autre ; 3) il renvoie à la position
du lecteur, en parlant à la première personne le lecteur s’identifie dans le JE. Le style de La
Place c’est un texte très silencieux, on peut parler d’économie verbale, pour la première fois
elle adopte une nouvelle posture d’écriture, elle change radicalement de style, on parle de
transparence d’écriture, c’est pareil à r de Camus.
Page 11-12:
« J’ai passé les épreuves pratiques du Capes dans un lycée de Lyon, à la Croix-Rousse. Un lycée neuf, avec des
plantes vertes dans la partie réservée à l’administration et au corps enseignant, une bibliothèque au sol en
moquette sable. J’ai attendu là qu’on vienne me chercher pour faire mon cours, objet de l’épreuve, devant
l’inspecteur et deux assesseurs, des profs des lettres très confirmés. Une femme corrigeait des copies avec
hauteur, sans hésiter. Il suffisait de franchir correctement l’heure suivante pour être autorisée à faire comme
elle toute ma vie. Devant une classe de première, des matheux, j’ai expliqué vingt-cinq lignes – il fallait les
numéroter – du Père Goriot de Balzac. « Vous les avez traînés, vos élèves », m’a reproché l’inspecteur ensuite, dans
le bureau du proviseur. Il était assis entre les deux assesseurs, un homme et une femme myope avec des
chausseurs roses. Moi en face. Pendant un quart d’heure, il a mélangé critiques, éloges, conseils, et j’écoutais à
peine, me demandant si tout cela signifiait que j’étais reçue. D’un seul coup, d’un même élan, ils se sont levés tous
trois, l’air grave. Je me suis levée aussi, précipitamment. L’inspecteur m’a tendu la main. Puis, en me regardant bien
en face : « Madame, je vous félicite. » Les autres ont répété « je vous félicite » et m’ont serré la main, mais la
femme avec un sourire.
Je n’ai pas cessé de penser à cette cérémonie jusqu’à l’arrêt de bus, avec colère et une espèce de honte. Le soir
même, j’ai écrit à mes parents que j’étais professeur « titulaire ». Ma mère ma répondu qu’ils étaient très contents
pour moi. »
Le style d’écriture va faire penser à ceux de Camus, c’est un style syntaxiquement très
pauvre et simple pour ne pas trahir le père, rester le plus près de son père qui n’a pas fait des
études, elle veut écrire comme si elle voulait que son père l’entendrait. Il y a l’idée d’écrire
aussi pour ne pas trahir le père. Ça veut dire refus de l’écriture en image, là on est en l’envers
de Proust, on peut les comparer : Proust c’est l’écriture baroque et Annie Ernaux c’est
l’écriture classique. Outre le refus de style imagé, le refus du style métaphorique, le refus de
l’image chez Ernaux, il y a le refus de faire de la littérature, elle est associée à l’idée de
fabriquer des images, de produire des images, et donc elle décide d’écrire un texte qui n’est
pas de la littérature, dans La Place elle dit « Ce que j’écris se situe au dessous de la
littérature », chez Ernaux il y a une économie verbale, avec des mots de la justesse, elle
refuse de faire de la littérature, elle refuse l’intention littéraire, elle revendique un écriture
neutre, sans jugements, sans métaphores, sans comparaisons romanesques, c’est vraiment
l’écriture minimaliste, elle parle de style objectif qui ne valorise ni ne dévalorise. Avant, dans
les trois premiers romans elle cherchait de la littérature, qui ont la prétention de la
littérature. Ça constitue un véritable tournant dans son œuvre, dans son écriture, on change
totalement l’écriture, elle a révolutionné son écriture. C’est un style factuelle, neutre,
écriture blanche comme Camus, on a parlé de Roland Barthes sur le Degré Zéro de l’écriture,
c’est-à-dire un écriture qui n’est pas un écriture, qui se contente comme un débutant qui
commence à écrire. C’est pas parce que c’est simple syntaxiquement, c’est d’une pauvreté
lexicale et verbale, il n’y a pas des grands mots, c’est vraiment un grand travail sophistiquâtes
de l’écriture. Une des particularités de l’écriture c’est que la première personne, le JE, vient
nous dire ses doutes, ses soupçons : elle arrête la narration de la vie de son père pour parler
de son écriture, elle introduit, elle intègre des observations sur sa propre écriture, Annie
Ernaux se montre en train d’écrire, elle se photographie en train d’écrire, c’est l’écriture
autoréflexive, ça c’est le début de la modernité (on raconte l’aventure de l’écriture). Annie
Ernaux s’intéresse des événements banales, ordinaires, c’est-à-dire la mort du père et de sa
mère, l’histoire d’amour, le supermarché, elle parle des sujets qu’on n’a pas l’habitude de voir
dans la littérature, elle les reprend. Elle est contre l’élitisme, elle est contre l’idée de la
littérature élitiste, il y a toute une école des personnes qui pensent que la littérature doit
traiter des sujets nobles, c’est une littérature « de droite », mais la littérature peut
s’emparer de tout, elle prouve que tous les sujets sont dignes de littérature, elle prouve cette
mentalité de gauche. La dernière phrase de Les Années pourrait synthétiser l’œuvre, ses
ambitions et son style, elle dit « Sauver quelque chose du temps où l’on ne sera plus jamais. »,
si on devez résumer en deux termes l’entreprise de l’écriture d’Annie Ernaux, Sauver et
Comprendre, sauver le monde, l’expérience qu’elle a vécu, enregistrer, sauver pour ne rien
laisser, conserver, et puis comprendre, éclairer par les mots, analyser, illustrer ce qu’elle a pu
sauver, sauver c’est conserver sa mémoire et comprendre, analyser sa mémoire.
LEZIONE 14
Un texte aussi simple en apparence peut donner au lecteur des notions philosophiques et
sociologiques. Toute l’œuvre d’Annie Ernaux est fortement marqué par une démarche
sociologique : c’est-à-dire qu’elle tente de retrouver de la mémoire collective dans la mémoire
individuelle à partir de sa propre expérience elle essaie de montrer, de tirer des expériences
qui appartiennent à tous. Le rôle majeur, le rôle d’importance qu’a joué l’intellectuelle c’est du
sociologue Pierre Bourdieu : c’est un peu le maître-à-penser d’Annie Ernaux, un sociologue
marxiste, de gauche, qui va expliquer théoriquement l’œuvre d’Annie Ernaux à travers des
concepts intéressants. Annie Ernaux essaie de dire ce que Bourdieu ne dit pas, ce qu’il cache.
La sociologie de Pierre Bourdieu a permis de faire comprendre à Annie Ernaux que le rapports
sociaux sont d’une violence symbolique : c’est une violence critique, c’est une sorte d’abus
d’autorité, Bourdieu dit que cette violence symbolique c’est entre la bourgeoisie et le milieu
populaire. À la mort du sociologue en 2002 Annie Ernaux a signé un texte sur Le Monde en
hommage à Bourdieu dans lequel elle retient, elle explique le lien qui unit son œuvre à celle de
Pierre Bourdieu, qui a été pour elle un moyen de compréhension de son monde. Ce qui est
intéressant c’est que l’œuvre, la sociologie de Bourdieu est en rapport avec son manière
d’être, c’est-à-dire les HABITUS : c’est qui désigne une manière d’être, de penser, de
s’habiller, de parler, c’est l’habitus/l’habitude d’un groupe social qui parle d’une certaine façon,
qui s’habille d’une certaine façon, qui se comporte d’une certaine façon, la sociologie analyse
toutes ces manières d’être, et Annie Ernaux dans La Place analyse les habitus de son père, les
manières d’être de son père, les manières de se vêtir, la façon de parler, les gestes, les goûts.
Bourdieu a montré dans un ouvrage qui s’appelle La Distinction, ce qui distingue deux milieux
différents, ce qui distingue les habitus du milieu populaire des habitus du milieu bourgeois,
distingue les manières d’être des hommes et des autres, les manières de vêtir, de parler, de
manger, de choisir la nourriture (les groupes sociaux plus aisés de la bourgeoisie vont choisir
des plats plus raffinés, plus rares, ils vont choisir la qualité, en revanche le milieu populaire va
choisir la quantité des plats, de nourritures) et Annie Ernaux va définir ce manière d’être par
rapport le milieu populaire dont elle appartenait avant et la bourgeoisie dont elle appartienne,
et La Place va essayer de définir où elle-même se trouve ; un autre conception c’est
l’HÉRITAGE : c’est-à-dire l’appropriation qu’on obtient de sa famille, un héritier dans la notion
de Bourdieu c’est celui qui hérite le capitale culturelle, symbolique, en naissant dans une
famille plutôt que dans un autre, on a un capitale culturelle, si on nait dans un famille des
professeurs de philosophie on croit dans les livres, comme Sartre dans Les Mots, il bénéficie
en naissant d’un capitale culturelle, Bourdieu a écrit un ouvrage qui s’appelle Les Hérités, et
Annie Ernaux dans La Place parle de ça, elle n’a pas hérité de ce capitale culturelle, venant
d’une famille populaire il n’y avait pas de livre, la littérature n’existait pas de tout, et donc elle
n’a pas profité de cet héritage. La Place nous informe de toutes ces questions, ces notions
sociologiques, Annie Ernaux essaie de retrouver en décrivant la vie de son père les habitus
d’un milieu dont son père vivait, et elle montre ces distinctions entre l’héritage culturelle
qu’elle n’a pas eu en naissant dans cette famille à la différence de ses propres enfants à qui
elle donne un héritage culturelle. Aussi les goûts sont des marqueurs sociaux pour comprendre
le milieu où on vive. Annie Ernaux encore un fois, un peu comme Sartre et Camus, elle renoue
avec l’idée de l’intellectuel engagé. Le personnage d’Annie Ernaux c’est un personnage clivant,
un personnage qui divise les opinions, on l’aime ou on ne l’aime pas. Annie Ernaux a reçu
beaucoup des critiques : on a dit que La Place c’est un texte racolé, c’est-à-dire qui cherche à
plaire, à séduire le lecteur.
Résumé de La Place : en 1977 après la réussite de l’examen de la Capes, l’examen pour devenir
enseignante de littérature, après deux mois Annie Ernaux perd son père, elle décide alors
d’écrire un livre pour expliquer l’éloignement, la distance qui s’est progressivement établi
entre le père et elle : le père était un paysan, un ouvrier et puis un commerçant qui connait
une certaine ascension sociale, devenant le propriétaire avec sa femme d’un café-épicerie, il
va essayer, il va s’efforcer toute sa vie, de conserver sa place dans la société, cette place de
petit commerçant qu’il a difficilement acquis, mais alors qu’il est devenu un petit commerçant,
il n’a plus d’autres ambitions sociales, il n’aspire qu’à server dans la hiérarchie sociale ; Annie
Ernaux dans ce texte veut décrire les habitus du père, son rapport au langage, ses goûts, son
mode de vie qui sont des modes de vie, des manières d’être représentatifs des petits
commerçants, la réussite scolaire d’Annie Ernaux que le père a pourtant encouragé conduit
inévitablement à un éloignement, à une distanciation, à un séparation entre le père et la fille,
qui ne partagent plus du tout les mêmes goûts, la même culture, les mêmes choix de vie ;
Annie Ernaux essaie d’exposer ce qu’elle appelle mettre au jour, dévoiler les déterminations
sociale, ce qui va déterminer tel personne à devenir ce qu’il est ; après avoir évoqué l’agonie
des derniers jours de son père, Annie Ernaux fait une synthèse de la vie de son père, elle
comprend à la fin du livre que sa propre ascension sociale le doit à son père, c’est à la fin du
livre qu’elle a cette prise de conscience et donc l’éloignement est ainsi à la fin une
réconciliation avec son père, ce qu’elle a appelé l’amour séparé : ils se sont aimés, puis ils se
sont séparés, mais à la fin en écrivant ce livre ils se sont réconcilié. La Place n’est pas un récit
autobiographique, c’est un récit auto-socio-biographique, on peut dire qu’il y a un véritable
brouillage générique. Annie Ernaux dit : « Le JE que j’utilise me semble une forme
impersonnelle à peine sexuée, quelquefois même plus une parole de « l’autre » qu’une parole de
« moi » : une forme trans-personnelle, en somme. », c’est-à-dire le JE devient un IL, elle
raconte son intimité, sa vie, son expérience personnelle qui devient extime, on passe d’une
expérience personnelle à une expérience collective. L’écriture, le style, l’écriture factuelle
d’Annie Ernaux, pour évoquer la vie de son père elle renonce à écrire de la fiction, elle refuse
les artifices du langage, les effets esthétiques, elle renonce à faire de la littérature, elle dit
« ce que j’écris se situe au dessous de la littérature », de même elle cherche à écrire de
manière simplifié pour être compris par tous, les phrases sont simples, elle renonce à toute la
complexité des phrases à la façon de Proust, elle écrit des phrases au passé composé et au
présent. Il y a malgré tout un certain paradoxe de l’écriture plate et simple : l’écriture simple
qui ressemble à ce que Roland Barthes appelle le degré zéro de l’écriture (Annie Ernaux dans
La Place reprend cette degré zéro de l’écriture), et en même temps ce style facile, simple est
fabriqué à partir d’un grand sophistication, d’un grand élaboration, d’un grand complexité.
Exposé Fortunata page 78-82 :
« Une photo de moi, prise seule, au-dehors, avec à ma droite la rangée de remises, les anciennes accolées aux
neuves. Sans doute n’ai-je pas encore de notions esthétiques. Je sais toutefois paraître à mon avantage : tournée
de trois quarts pour estomper les hanches moulées dans une jupe étroite, faire ressortir la poitrine, une mèche de
cheveux balayant le front. Je souris pour me faire l’air doux. J’ai seize ans. Dans le bas, l’ombre portée du buste
de mon père qui a pris la photo.
Je travaillais mes cours, j’écoutais des disques, je lisais, toujours dans ma chambre. Je n’en descendais que pour
me mettre à table. On mangeait sans parler. Je ne riais jamais à la maison. Je faisais de « l’ironie ». C’est le temps
où tout ce qui me touche de près m’est étranger. J’émigre doucement vers le monde petit-bourgeois, admise dans
ces surboums dont la seule condition d’accès, mais si difficile, consiste à ne pas être cucul. Tout ce que j’aimais me
semble péquenot, Luis Mariano, les romans de Marie-Anne Desmarets, Daniel Gray, le rouge à lèvres et la poupée
gagnée à la foire qui étale sa robe de paillettes sur mon lit. Même les idées de mon milieu me paraissent ridicules,
des préjugés, par exemple, « la police, il en faut » ou « on n’est pas un homme tant qu’on n’a pas fait son service ».
L’univers pour moi s’est retourné.
Je lisais la « vraie » littérature, et je recopiais des phrases, des vers, qui, je croyais, exprimaient mon « âme »,
l’indicible de ma vie, comme « Le bonheur est un dieu qui marche les mains vides »… (Henri de Réinger).
Mon père est entré dans la catégorie des gens simples ou modestes ou braves gens. Il n’osait plus me raconter des
histoires de son enfance. Je ne lui parlais plus de mes études. Sauf le latin, parce qu’il avait servi la messe, elles lui
étaient incompréhensibles et il refusait de faire mine de s’y intéresser, à la différence de ma mère. Il se fâchait
quand je me plaignais du travail ou critiquais les cours. Le mot « prof » lui déplaisait, ou « dirlo », même
« bouquin ». Et toujours la peur OU PEUT-ÊTRE LE DÉSIR que je n’y arrive pas.
Il s’énervait de me voir à la longueur de journée dans les livres, mettant sur leur compte mon visage fermé et ma
mauvaise humeur. La lumière sous la porte de ma chambre le soir lui faisait dire que je m’usais la santé. Les études,
une souffrance obligée pour obtenir une bonne situation et ne pas prendre un ouvrier. Mais que j’aime me casser la
tête lui paraissait suspect. Une absence de vie à la fleur de l’âge. Il avait parfois l’air de penser que j’étais
malheureuse.
Devant la famille, les clients, de la gêne, presque de la honte que je ne gagne pas encore ma vie à dix-sept ans,
autour de nous toutes les filles de cet âge allaient au bureau, à l’usine ou servaient derrière le comptoir de leurs
parents. Il craignait qu’on ne me prenne pour une paresseuse et lui pour un crâneur. Comme une excuse : « On ne l’a
jamais poussée, elle avait ça dans elle ». Il disait que j’apprenais bien, jamais que je travaillais bien. Travailler,
c’était seulement travailler de ses mains.
Les études n’avaient pas pour lui de rapport de vie ordinaire. Il lavait la salade dans une seule eau, aussi restait-il
souvent des limaces. Il a été scandalisé quand, forte des principes de désinfection reçus en troisième, j’ai proposé
qu’on la lave dans plusieurs eaux. Une autre fois, sa stupéfaction a été sans bornes, de me voir parler anglais avec
un auto-stoppeur qu’un client avait pris dans son camion. Que j’aie appris une langue étrangère en classe, sans aller
dans le pays, le lassait incrédule.
A cette époque, il a commencé d’entrer dans des colères, rares, mais soulignées d’un rictus de haine. Une
complicité me liait à ma mère. Histoires de mal au ventre mensuel, de soutien-gorge à choisir, de produits de
beauté. Elle m’emmenait faire des achats à Rouen, rue de Gros-Horloge, et manger des gâteaux chez Périer, avec
une petite fourchette. Elle cherchait à employer mes mots, flirt, être un crack etc. On n’avait pas besoin de lui.
La dispute éclatait à table pour un rien. Je croyais toujours avoir raison parce qu’il ne savait pas discuter. Je lui
faisais des remarques sur sa façon de manger ou de parler. J’aurais eu honte de lui reprocher de ne pas pouvoir
m’envoyer en vacances, j’étais sûre qu’il était légitime de vouloir le faire changer de manières. Il aurait peut-être
préféré avoir une autre fille. »
La Place est un récit auto-socio-biographique d’Annie Ernaux publié en 1983 qui tourne autour
de la figure de son père. Dans le roman, elle analyse sa relation avec son père et reconstruit
le milieu populaire dont il est issu, renouant avec ses origines avant de son passage au milieu
bourgeois. Après une enfance déjà difficile, son père devient ouvrier. Lors de son mariage, il
décide d’ouvrir son propre café-épicerie pour sortir, avec sa femme, de leur condition sociale.
Le milieu dont ils sont issus marque leur cadre de vie et les valeurs qui seront transmises à
leur fille, pour laquelle ils font des efforts afin qu’elle puisse avoir un style de vie différent
du leur. L’extrait se situe vers la fin du roman et fait référence à l’adolescence de l’écrivaine,
qui correspond à la période où elle commence à s’éloigner peu à peu de son milieu d’origine pour
intégrer la bourgeoisie de son entourage, marquant une rupture avec ses parents. On peut
diviser cet extrait en 3 parties : 1) La transition d’un monde à l’autre : par le détachement de
son milieu et de ses parents, par le passage vers la bourgeoisie (changement de place)et par le
sentiment de culpabilité : «Je hasarde une explication : écrire, c’est le dernier recours quand
on a trahi », Jean Genet ; 2) Le rapport avec son père, « J’écris peut-être parce qu’on n’avait
plus rien à se dire ». Elle parle de l’école et le langage : des facteurs de distanciation, elle fait
une critique à l’égard de son père, et elle parle de la vision du monde de son père : la place, les
autres ; 3) Un récit détaché : simplicité du langage : écriture plate, style minimaliste, mais
chaque phrase est importante et véhicule un message précis, absence de sentiments,
évocation avec retenue, pas d’épanchement sur ses sentiments, des phrases simples, un
vocabulaire précis, débarrassé de toute forme d'affectation et un point de vue neutre,
d'autant plus notable qu'il s'agit ici d'une autobiographie, et importance des éléments
typographiques. (Appunti ricopiati, sbobine non fatte dell’exposé)
On peut dire que le premier passage c’est un auto-portait qui arrive tout d’un coup dans le
récit, et donc on fait une pause dans le récit, elle raconte les faits, la vie de son père et tout
d’un coup le JE, le moi va s’incarner par cette auto-portait, on abandonne le père pour se
focaliser sur la narratrice. Ce portait fige en même temps son image lorsqu’elle était encore
une fille de seize ans. C’est la fille du milieu populaire que tout d’un coup est inséré dans le
corp du texte. Tout d’un coup on abandonne le récit biographique du père pour aller à une
forme autobiographique, on n’est plus dans le récit du père, on est dans le récit du JE. Elle ne
raconte plus, elle n’écrit plus la façon, le mode de vie du père, mais la façon de vivre chez elle.
Le langage entre elle et ses parents est toujours sur le premier degré du langage, tout ce
qu’elle dit à ses parents c’est au premier degré (chez Sartre on a le deuxième degré du
langage, il dit quelque chose mais il veut dire autre chose, ce sont des antiphrases), elle utilise
le premier degré du langage parce que ses parents ne sont pas capables d’aller au deuxième
degré du langage. « Je faisais de l’ironie. », elle se sent supérieur à ses parents. Les mots en
italique (qui non in corsivo) ce sont des mots d’un autre type du langage, un langage qui n’est
plus le sien, qui ne l’appartienne plus, c’est comme montrer une forme d’étrangeté depuis le
mariage, c’est le langage du milieu populaire dont elle appartenait quant elle était petite. Puis
on retourne vers le récit sur le père, tout d’un coup elle fait son portait et puis elle retourne
vers le récit de son père. Elle fait une distanciation entre elle et son père, elle reprend en
italique le langage de la petite bourgeoisie qui juge les gens modestes du milieu populaire.
LEZIONE 15
La composition de La Place, la narration n’est pas organisé par chapitres, mais elle est divisé
en paragraphes séparés par des espaces blanches, il n’y a pas de chapitres, il n’y a pas de
structuration chapitré, en revanche c’est de manière assez chronologique. On peut
décomposer le texte en 3 moments, en 3 mouvements essentiels : 1) de la page 11 à la page 24
(édition Folio) : ça commence avec l’épreuve de la Capes, le moment où elle devient professeur
de lettres, et l’épreuve de la mort du père ; c’est intéressant chez Annie Ernaux elle
juxtapose ces deux événements, la mort est consécutive du moment de la Capes de lettres
modernes, pourtant ces deux moments ne sont pas unis chronologiquement, mais Annie Ernaux
les unis en juxtaposant, elle inverse la lecture du récit, elle donne au texte une portée
symbolique, elle dit implicitement que l’obtention de la Capes est une conséquence de la
rupture avec le père, il y a un lien emphatique entre les deux moments ; il y a un autre
signification dans le texte : au moment de l’examen de la Capes elle lit un extrait du Père
Goriot de Balzac, ce n’est pas par hasard qu’elle a choisi de mentionner ce texte, dans le Père
Goriot on a le père qui rejette sa fille par vanité sociale, là c’est la fille qui rejette son père
par sa vanité sociale, il y a une sorte de mise en abyme (figure de style où il y a la
représentation d’une œuvre dans une œuvre similaire), le Père Goriot est une mise en abyme
de La Place ; on assiste à la naissance d’un projet d’écriture, comment se fabrique ce projet,
mais cette genre romanesque a été abandonné parce que il ne ferait que critiquer la vie du
père, ne la décrit pas avec justesse, le roman pour Annie Ernaux constitue une trahison, ça
serait trahir son père, et donc elle fait le choix du récit parce que l’écriture plate va rendre
plus fidèle la vie de son père ; 2) ça serait le corps du texte, de la page 24 à la page 103 : ça
va décrire plus précisément la trajectoire du père, sa naissance jusqu’aux derniers jours en
illustrant, en montrant comment il a achevé de métier, en décrivant ses origines, son
appartenance, et comment il a monté dans la société, Annie Ernaux nous montre comment le
père a trouvé sa place dans la société, elle décrit l’enquête, la recherche de son place, une
fois qu’il a acquis cette place dans la société elle va décrire le mode de vie du père, les
habitus, les valeurs, son rapport au mariage, ses goûts, ses plaisirs, elle décrit tous ces faits
qui sont déterminés socialement ; elle parle de l’amour séparé, le moment où elle change de
catégorie sociale en devenant bourgeoise, à partir de là elle dit « mettre à jour », elle montre
la distance, l’éloignement entre elle et le père ; le mariage avec un bourgeois va éloigner Annie
Ernaux de sa famille ; 3) de la page 103 à la page 114 : c’est l’agonie du père, les derniers
moments du père (103-110), les derniers souvenirs (110-112) après avoir fait un bilan du
travail de l’écriture accomplie, après avoir recapitulé ce qu’elle a écrit, elle revient sur des
images qu’elle a conservé de son père juste à la fin du livre. Elle dit « J’ai fini de mettre au
jour l’héritage que j’ai dû déposer au seuil du monde bourgeois et cultivé quand j’y suis
entrée », le récit qu’elle fait des gestes de son père elle l’avait écrit fidèlement mais elle
avait fait un couple avec son mari bourgeois et donc elle a dû renoncer à sa propre origine en
faveur de sa place dans le monde bourgeois.
Page 111-112 :
« Un dimanche après la messe, j’avais douze ans, avec mon père j’ai monté la grand escalier de la mairie. On a
cherché la porte de la bibliothèque municipale. Jamais nous n’y étions allés. Je m’en faisais une fête. On
n’entendrait aucun bruit derrière la porte. Mon père l’a poussée, toutefois. C’était silencieux, plus encore qu’à
l’église, le parquet craquait et surtout nous regardaient venir depuis un comptoir très haut barrant l’accès aux
rayons. Mon père m’a laisse demander : « On voudrait emprunter des livres. » L’un des hommes aussitôt : « Qu’est-
ce que vous voulez comme livres ? » A la maison, on n’avait pas pensé qu’il fallait savoir d’avance ce qu’on voulait,
être capable de citer des titres aussi facilement que des marques des biscuits. On a choisi à notre place, Colomba
pour moi, un roman léger de Maupassant pour mon père. Nous ne sommes pas retournés à la bibliothèque. C’est ma
mère qui a dû rendre les livres, peut-être, avec du retard.
Il me conduisait de la maison à l’école sur son vélo. Passeur entre deux rives, sous la pluie et le soleil.
Peut-être sa plus grande fierté, ou même, la justification de son existence : que j’appartienne au monde qui l’avait
dédaigné. »
Annie Ernaux nous laisse des traces dans son œuvre. Ces images là sont choisis, rien est écrit
pour hasard. C’est le père qui va manifester ce comportement sociale, il ne sait pas qu’on ne
peut pas emprunter des livres. Puis Annie Ernaux nous montre que malgré tout le père la
conduisait à l’école, « Passeur entre deux rives » ça veut dire que c’est celui qui construit la
passerelle entre deux mondes, on a une relation entre le monde sans livres et le monde avec
des livres. A la fin, son père pousse à la fille dans l’autre monde, dans le monde bourgeois qui
n'était, qui dédaigne le monde du père, le monde populaire.
Page 113-114 :
« Au mois d’octobre l’année dernière, j’ai reconnu, dans la caissière de la file où j’attendais avec mon caddie, une
ancienne élève. C’est-à-dire que je me suis souvenue qu’elle avait été mon élève cinq ou six ans plus tôt. Je ne savais
plus son nom, ni dans quelle classe je l’avais eue. Pour dire quelque chose, quand mon tour est arrivé, je lui ai
demandé : « Vous allez bien ? Vous vous plaisez ici ? » Elle a répondu oui oui. Puis après avoir enregistré des boites
de conserve et des boissons, avec gêne : « Le C.E.T., ça n’a pas marché. » Elle semblait penser que j’avais encore en
mémoire son orientation. Mais j’avais oublié pourquoi elle avait été envoyée en C.E.T., et dans quelle branche. Je lui
ai dit « au revoir ». Elle prenait déjà des courses suivantes de la main gauche et tapait sans regarder de la main
droite. »
Dans la première scène on a l’obtention du Capes, Annie Ernaux décrit la façon dont elle
devient professeur en obtenant un examen important de la Capes ; dans la dernière scène elle
rencontre une ancienne élève qui n’a pas réussi, les deux scènes correspondent : on a la
réussite sociale d’Annie Ernaux e l’échec sociale de son ancienne élève, d’une certain façon
l’échec sociale est l’échec de la professeur qui n’a su enseigner à son élève. « Elle prenait déjà
des courses suivantes de la main gauche et tapait sans regarder de la main droite. », ça c’est
l’automatisme du travail, c’est l’aliénation du travail, c’est l’aliénation des ouvriers qui ne font
pas d’études, qui travaillent ; l’usage d’Annie Ernaux du cerveaux et de l’élève qui utilise les
mains, ça rappelle le père qui était un ouvrier, qui fait un travail physique, un travail manuel.
On peut dire que cette scène a une structure circulaire, elle montre l’illustration de la
trahison, son métier d’enseignant l’a poussée à participer au procédé de sélection, elle est
responsable de l’échec de l’élève.
Exposé Mariarosaria, page 100-103
« Plusieurs mois se sont passés depuis le moment où j’ai commencé ce récit, en novembre. J’ai mis beaucoup de
temps parce qu’il ne m’était pas aussi facile de ramener au jour des faits oubliés que d’inventer. La mémoire
résiste. Je ne pouvais pas compter sur la réminiscence, dans le grincement de la sonnette d’un vieux magasin,
l’odeur de melon trop mûr, je ne retrouve que moi-même, et mes étés de vacances, à Y… La couleur du ciel, les
reflets des peupliers dans l’Oise toute proche, n’avaient rien à m’apprendre. C’est dans la manière dont les gens
s’assoient et s’ennuient dans les salles d’attente, interpellent leurs enfants, font au revoir sur les quais de gare que
j’ai cherché la figure de mon père. J’ai retrouvé dans des êtres anonymes rencontrés n’importe où, porteurs à leur
insu des signes de force d’humiliation, la réalité oubliée de sa condition.
Il n’y a pas eu de printemps, j’avais l’impression d’être enfermée dans un temps invariable depuis novembre, frais
et pluvieux, à peine plus froid au cœur de l’hiver. Je ne pensais pas à la fin de mon livre. Maintenant je sais qu’elle
approche. La chaleur est arrivée début juin. A l’odeur du matin, on est sûr qu’il fera beau. Bientôt je n’aurai plus
rien à écrire. Je voudrais retarder les dernières pages, qu’elles soient toujours devant moi. Mais il n’est même plus
possible de revenir trop loin en arrière, de retoucher ou d’ajouter des faits, ni même de me demander où était le
bonheur. Je vais prendre un train matinal et je n’arriverai que dans la soirée, comme d’habitude. Cette fois je leur
amène leur petit-fils de deux ans et demi.
Ma mère attendait à la barrière de sortie, sa jaquette de tailleur enfilée par-dessus sa blouse blanche et un
foulard sur ses cheveux qu’elle ne teint plus depuis mon mariage. L’enfant, muet de fatigue et perdu, au bout de ce
voyage interminable, s’est laissé embrasser et entraîner par la main. La chaleur était légèrement tombée. Ma mère
marche toujours à pas courts et rapides. D’un seul coup, elle ralentissait en criant, « il y a des petites jambes avec
nous, mais voyons ! ». Mon père nous attendait dans la cuisine. Il ne m’a pas paru vieilli. Ma mère a fait remarquer
qu’il était allé la veille chez le coiffeur pour faire honneur à son petit garçon. Une scène brouillonne, avec des
exclamations, des questions à l’enfant sans attendre la réponse, des reproches entre eux, de fatiguer ce pauvre
petit bonhomme, le plaisir enfin. Ils ont cherché de quel côté il était. Ma mère l’a emmené devant les locaux de
bonbons. Mon père, au jardin voir les fraises, puis les lapins et les canards. Ils s’emparaient complètement de leur
petit-fils, décidant de tout à son propos, comme si j’étais restée une petite fille incapable de s’occuper d’un
enfant. Accueillant avec doute les principes d’éducation que je croyais nécessaires, faire la sieste et pas de
sucreries. On mangeait tous les quatre à la table contre la fenêtre, l’enfant sur mes genoux. Un beau soir calme, un
moment qui ressemblait à un rachat.
Mon ancienne chambre avait conservé la chaleur du jour. Ils avaient installé un petit lit à côté du mien pour le petit
bonhomme. Je n’ai pas dormi avant deux heures, après avoir essayé de lire. A peine branché, le fil de la lampe de
chevet a noirci, avec des étincelles, l’ampoule s’est éteinte. Une lampe en forme de boule posée sur un socle de
marbre avec un lapin de cuivre droit, les pattes repliées. Je l’avais trouvée très belle autrefois. Elle devait être
abîmée depuis longtemps. On n’a jamais rien fait réparer à la maison, indifférence aux choses. »
On a 4 points d’analyse dans cet extrait : 1) l’écriture, le style d’Annie Ernaux, un écriture
plate, objective, neutre. Des les premières pages elle annonce ce style littéraire donc elle
écrit la vie de son père le plus fidèlement possible, dans cet écriture sans émotions, elle
utilise un vocabulaire très simple, des phrases à l’extrême et avec un point de vue neutre,
« Ma mère attendait à la barrière de sortie, sa jaquette de tailleur enfilée par-dessus sa
blouse blanche et un foulard sur ses cheveux qu’elle ne teint plus depuis mon mariage. » donc
ça on voit la structure neutre, et que sa mère est décrit simplement ; 2) sa mémoire, on peut
le voir quand elle dit « J’ai mis beaucoup de temps parce qu’il m’était pas aussi facile de
ramener au jour des faits oubliés que d’inventer. La mémoire résiste. Je ne pouvais pas
compter sur la réminiscence… » donc elle ne veut pas décrire tout sa mémoire, elle veut écrire
la théorie de son père, Annie Ernaux veut que l’histoire est indépendante de sa mémoire et ce
qu’elle se souvient ; 3) différences entre le milieu populaire et le milieu bourgeois, cela on
peut le voir dans plusieurs moments, quand elle dit « Ma mère marche toujours à pas courts et
rapides. », elle veut nous marquer les habitudes du milieu populaire, et puis elle dit que son
père « Il ne m’a pas paru vieilli. », puis il y a une petite phrase en italique, « de quel coté il
était » en symbolisant le mariage populaire qui n’appartienne plus à l’autrice, puis la différence
qui concerne la façon d’éduquer son fils et la façon d’éduquer de ses parents, la différence
entre l’éducation qu’elle fait à son fils et l’éducation qu’elle a reçu de ses parents ; 4)
sentiment de culpabilité, l’assimilation des valeurs bourgeoises et le mépris conséquent la
conduiront à développer ce sentiment de culpabilité pour la prise de position sociale qu’elle a
pris, ce sentiment est à la base de son écriture qui peut être interprété avec compensation
des personnes qui appartiennent au milieu populaire qu’elle a abandonné, et cela on peut le voir
quand elle dit qu’ils sont en train de manger et elle dit « Une beau soir calmé, un moment qui
ressemblait à un rachat. », on fait référence à ce sentiment de trahison qu’elle sent.
Ce retour à l’écriture marque une pause dans le récit, on quitte le raconte de la vie du père
pour parler de l’aventure de l’écriture (Ricardou), on a une autoréflexivité de l’écriture. On
peut faire une relation intertextuel entre Annie Ernaux et Proust : Annie Ernaux en quelque
sorte se moque de Proust, elle critique Proust sur l’échec de la mémoire volontaire. Le fait de
se ressouvenir des faits à travers la mémoire involontaire est difficile. Elle se nourrit de la
mémoire volontaire de Proust, c’est une forme de critique de l’œuvre de Proust. « La couleur
du ciel, les reflets des peupliers », ça on peut dire c’est un autre critique à Proust, qui utilise
des images pour décrire, en revanche Annie Ernaux on peut dire qu’elle est contre les
esthétismes. Dans des gestes populaire elle cherche à son père, elle cherche son père dans
les autres, dans toute une catégorie de la bourgeoisie, dans ces gestes de la monotonie
quotidienne, dans cette banalité ordinaire. Elle veut retarder la fin de l’écriture du livre parce
qu’elle ne veut pas abandonner les souvenirs de son père, elle ne veut pas dire « Adieu » au
père.