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Nouvelles Questions Féministes & Questions Feministes and Éditions Antipodes are collaborating
with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Nouvelles Questions Féministes
5. Huyssen (1986) définit en revanche l'avant-ont témoigné, avant d'être liquidés par le fas-
garde comme une tentative de remettre en cause cisme, le stalinisme ou par la guerre, les avant-
l'opposition entre haute et basse culture dont legardes en France, en Allemagne ou en URSS dans
modernisme se nourrit, et d'articuler l'art et la les années 20.
politique, l'art et la vie quotidienne, comme en
6. L'œuvre de Truffaut se caractérise par le prin- fondés sur l'empathie romantique et variations
cipe de l'alternance contrastée, entre projets «per- plus modernistes, les deux ne se recoupant pas
sonnels » et films plus « commerciaux », entre récits forcément.
matiques, ont utilisé toutes les facilités offertes par leur origine sociale ou
leurs alliances matrimoniales pour parvenir à réaliser leurs films...
Si le cinéaste réserve ses traits les plus acérés aux hommes dont ces
jeunes filles sont immanquablement les victimes, le spectateur est placé en
situation de supériorité par rapport à ces jeunes femmes qui ne paraissent
pas avoir la moindre conscience de leur situation. Et le fait de ne leur donner
le choix qu'entre de minables dons Juans, un petit bourgeois ridicule ou un
psychopathe, témoigne de la dimension manipulatrice du film. Comme Flau-
bert, Chabrol n'adopte pas le même ton selon que ces «héros» sont des
jeunes gens peu ou prou ses alter ego, aptes à susciter l'empathie du specta-
teur, comme dans Le Beau Serge ou Les Cousins, ses deux premiers films ;
quand ce sont des personnages féminins, elles perdent toute individualité, ce
sont des «bonnes femmes» qu'il construit, sous prétexte de décrire une alié-
nation sociale, comme des «autres» radicalement dépourvues de conscience.
Film très maîtrisé dans sa structure et son ton, Les Bonnes Femmes
reconduit comme un constat « objectif» l'équivalence entre femme et alié-
nation, dans une tradition culturelle particulièrement vivace en France
depuis le milieu du XIXe siècle.
Le film adopte un point de vue ironique sur des personnages issus des
classes populaires ou moyennes, aux antipodes du populisme idéalisant du
cinéma des années 30. Le machisme du personnage masculin autour de qui
s'organise le récit est montré comme dérisoire, autant que la coquetterie
des deux « midinettes » qui entreprennent de le séduire.
Mais dans ce regard distancie qui paraît englober dans la même contin-
gence sociologique tous les personnages du film, la balance n'est pourtant pas
aussi égale qu'il y paraît. Le personnage principal, le jeune Michel, est unique,
face à ses deux conquêtes, Juliette et Liliane, montrées comme interchan-
geables (d'autant plus qu'elles se ressemblent et sont inséparables). De plus,
Michel fait un vrai travail salarié à la télévision, même s'il n'est que manuten-
tionnaire, alors que les filles sont incapables de faire aboutir leurs projets pro-
fessionnels, et le film insiste complaisamment sur leur absolue incompétence
(cf. la séquence hilarante des rushs où on les voit recommencer plusieurs fois
sans succès la même publicité pour un produit nettoyant). Enfin l'amitié indé-
fectible des deux jeunes filles, fièrement proclamée au début du récit, ne tien-
dra pas face à leur rivalité vis-à-vis de Michel, dont celui-ci joue avec une
facilité qui rend encore plus dérisoire la «personnalité» des deux filles.
8. A ce propos, on peut constater que les auteurspar tous les documents biographiques sur B.B. qui
du film reprennent les ragots les plus éculés de revendique
la une liberté amoureuse d'une autre
presse à scandales, bien qu'ils soient contreditstenue que ce que nous montre le début du film...
de l'homme cultivé et, comme le dit Michel Marie, « la politique des auteurs
en chair et en os» (Marie, 1990: 57) permettant à Godard de placer son
propre film dans la sphère de l'Art. Paul et Lang dissertent sur la littérature,
le mythe et le cinéma. Camille, en revanche, ignore la culture savante
(L'Odyssée, c'est «l'histoire du type qui voyage») et le cinéma selon les
Cahiers du Cinéma. Elle répond «bof» lorsque Paul suggère d'aller voir Rio
Bravo. La plaisanterie de Lang sur «les deux BB» (Brigitte Bardot et Bertolt
Brecht) durant la scène au music-hall dans laquelle la musique populaire
italienne est représentée comme inauthentique et vulgaire (c'est un mau-
vais play-back, «tout juste bon pour le sud de l'Australie», dit Lang) sou-
ligne au spectateur - non sans ironie - la distance qui les sépare.
Références
Aumont, Jacques (2000 [19901). «The Fall of the Huyssen, Andreas (1986). After the Great Divide:
Gods: Jean-Luc Godard's le Mépris*. In Susan Modernism, Mass Culture and Postmodernism.
Hayward et Ginette Vincendeau (Ed.), French Bloomington/Indianapolis : Indiana University
Film, Texts and Contexts (pp. 174-186). Londres: Press.
Routledge.
Marie, Michel (1997). La Nouvelle Vague, une
Baecque, Antoine de (1998). La Nouvelle Vague, école artistique. Paris : Nathan Université.
portrait d'une jeunesse. Paris: Flammarion.
Marie, Michel (1990). Le Mépris. Paris : Nathan.
Bardot, Brigitte (1997). Initiales BB. Paris: Ber-
nard Grasset. Mulvey, Laura et Colin MacCabe (1989). «Images
of Women, Images of Sexuality : Some Films by
«Nouvelle Vague» (1962). Cahiers du Cinéma,J. L. Godard». In Visual and Other Pleasures (pp.
138. 49-62). Londres : MacMillan.