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Importance de l’interprétation des films, de façon plus poussée par rapports à des choses extérieurs
aussi au film lui-même, comme d’autres films par exemple ou des théories (féministes), films d’une
même époque, films d’un même auteur.
Echelle : établir un rapport dynamique entre les cas d’étude (particulier) et les hypothèses
théoriques (générales) qui concerne le contexte culturel
Approche : établir un rapport dynamique entre l’approche culturelle choisie et les outils
élaborés
Caractéristique de l’objet d’étude : aborder les différents degrés de singularité d’un film à
l’autre, et d’une dimension à une autre d’un même film (sociale, politique, morale,
esthétique, etc.)
Paradigme interprétatif des théories culturelles. Des discussions sur la limite dans la notion de
culture, par exemple, est-ce qu’il existe une culture militaire ? Idée que la culture n’est pas un
domaine à part. Dimension socio-politique, militaire, économique.
Redéfinition de la place, du rôle et des enjeux des objets culturels en tant qu’objets d’étude.
Les objets culturels jouent un rôle déterminant, une propagande telle qu’elle soit, agit dans une
culture, est diluée dans une culture et a des effets directs.
A cette époque ont émergé des « études culturelles », permettant de rassembler des recherches sur
la culture, ses possibles échelles et définitions.
Edgar Morin, « le mot culture est, selon l’expression de Heinz von Foerster, le plus vicieux des
caméléons conceptuels. Il a un sens anthropologique (il concerne tout ce qui est acquis et non inné),
un sens sociologique (comme culture d’une société ou d’une ethnie donnée) et un sens élitiste
(« culture des cultivés », humanités, philosophie, arts, etc.) Et nous basculons inconsciemment en
permanence d’un sens à l’autre. On ne connaît la culture qu’à travers les cultures, le langage qu’à
travers les langues, la musique qu’à travers les musiques. »
Moi, un noir (1958) de Jean Rouch
La voix « je » du personnage. Le personnage est lui-même un immigré, venant d’un autre pays, ce qui
complexifie le point de vue dont il est question, notamment vis-à-vis de la culture et du mode de vie
du pays. L’aperçu du film penche vers le documentaire. La porosité échange entre les genres fiction et
documentaire. Souci interculturel de Rouch.
Les luttes féministes, le film renvoie à un « domaine culturelle » qui est le cinéma de son époque.
Film à visée « culturaliste », qui veut imposer ce sujet féministe, de la peur de rapports lesbiens entre
les femmes dans le cinéma des années 1960-1970.
Question qui dépasse le film mais qui peut être enrichie par les films d’époque. Delphine Seyrig met
en évidence des caractéristiques culturelles particulières dans le cinéma de son époque.
Questions qui demandent de creuser, de faire de longs détours par des questions historiques,
sociologiques, pour comprendre.
Trois notions
Cultural studies
Kulturwissenschaft
Etudes culturelles
Les cultural studies émergent dans les années 1950 au Royaume-Uni, en commençant par porter une
attention particulière à la culture ouvrière ou populaire, y compris en l’opposant à la culture de
masse.
Texte de Lénine :
L’impérialisme étant une volonté de suprématie sur le monde, dans différents domaines. Lénine,
considère que ce qui était déjà connu du grand public (épisodes infames de l’histoire occidentale). Ce
texte aura une résonnance énorme au sein des mouvements anticoloniaux et notamment le Parti
communiste.
« Marx a bâti sa doctrine sur une certaine philosophie de l’Histoire. Mais quelle Histoire ? Celle de
l’Europe. Mais qu’est-ce que l’Europe ? Ce n’est pas toute l’Humanité. » Hô Chi Minh
Comment l’Occident a créé tout un discours qui a structuré profondément nos représentations de
l’Autre.
Les cultures subalternes, la question de la soumission de la culture par une autre culture. Comment
on peut penser notre histoire. Manière dont l’Occident a interrogé sa place dans le monde. Une
culture paritaire est une culture qui sort de son sujet.
Les subalternes sont aussi bien des cultures subordonnées à d’autre. Le plus important se trouve dans
l’entre-deux. La pensée intersectionnelle, entre class, race et gender. Ces trois dimensions sont
reliées. Chez Homi Bhabha, Les lieux de la culture (1994)
Dipesh Chakrabarty, Provincialiser l’Europe (2000), comment penser cette sortie de la « minorité ». Si
le centre n’est plus au centre, si alors l’Inde devient le centre, il convient aussi de s’emparer des
discours occidentaux, en réinventant la culture à son profit.
Texte de Glauber Rocha : L’esthétique de la faim (1965), dans lequel il revendique une
esthétique proprement latino-américaine et anti-impérialiste dont l’originalité tiendrait à
cette « faim ».
Texte de F. Solanas et O. Getino : Vers un tiers cinéma. Notes et expériences pour le
développement du cinéma de libération dans le tiers monde (1969) (Vers un troisième
cinéma (zintv.org)) Manifeste pour un cinéma de la décolonisation
Texte de Julio Garcia Espinosa : Pour un cinéma imparfait (1969) « De nos jours, un cinéma
techniquement et artistiquement parfait est presque toujours un cinéma réactionnaire. »
3 textes qui vont ensemble, qui se répondent et qui porte la même volonté d’un « tiers cinéma ».
Dans cette perspective, le film peut être symptôme, témoin ou acteur dans le domaine culturel. Les
films qui vont nous intéresser sont des films qui essaient d’agir dans le domaine culturel.
Un film muet franco-belge. Un film symptomatique de la culture colonial. Qui peut être vu comme
une production de l’imaginaire colonial, perpétuant des stéréotypes, à travers le concept d’exotisme,
fantasmant une nature luxuriante. Vision de l’Afrique dans le film comme d’un territoire vierge,
constitué de vastes étendues, une terre sans histoire, sans civilisation. Dans son film, Feyder situe
l’Afrique comme un territoire mystique, inatteignable.
Un film qui se veut aussi acteur au niveau culturel car il souhaite déplacer la perception de l’Afrique
de l’époque.
Premier film anticolonialiste français. (Précède de quelques années Les statues meurent aussi)
Film qui prend parti en faveur du mouvement pour les droits des noirs.
Forme originale dans le cinéma militant. Film constitué d’images fixes et animées, issues de l’actualité
des révoltes et remontées ensemble. Un film qui se veut à la fois interprète et acteur de ces luttes
anticolonialistes. Des zooms, travellings permettant d’animer les images fixes.
Esthétique de la faim.
Ce qui structure cet extrait est le discours. Trait caractéristique du film-essai. Chaque image renvoyant
au même discours, des images homogènes malgré leur très grande diversité. Un discours fortement
nationaliste. Ce film porte donc un discours décolonial, il est un essai qui porte, qui ouvre un débat
avec le spectateur, avec la salle. Sous l’emprise de l’Espagne, jusqu’au début du XIXe. Film qui pose la
question du tiers-monde. Un film vaste, qui exprime, voulant se faire le porte-parole de l’émergence
du décolonialisme. Rôle oppresseur de l’Occident. Un propos anti-impérialiste, qui le conduit à des
choix esthétiques également.
Le western, un genre qui a accueilli nombre de discours remettant en cause l’ordre des choses. La
question post-coloniale. Le Tiers-cinéma.
Qu’il était bon mon petit Français (1971) Nelson Pereira dos Santos.
Dans ce film le réalisateur s’interroge sur la relation coloniale mais cette fois en renversant le point de
vue. Puisque c’est un jeune français recueilli par une tribu cannibale tupinamba que l’on va suivre,
comme un étranger en terre autochtone. Ce film s’inscrit dans le contexte des affrontements au XVIe
siècle entre Français et Portugais pour la colonisation du Brésil.
Le point de départ, la violence aveugle des Portugais. Une iconographie des populations indigène. Le
projet de ce film, est de livrer une lecture post-coloniale. Tout autre lecture est critique dans la
manière dont cela est montré.
Intégrer aussi des films qui n’ont pas porté ethnographique mais qui servent de témoignages. Pour
résorber au mieux ce paradoxe, une des solutions trouvées par ces cinéastes se traduit par des
tentatives de collaborations avec les sociétés filmées.
Une collection monumentale de photographie sur les tribus autochtones d’Amérique du Nord réalisée
sur une période de plus de 20 ans par Edward S.Curtis (1868-1952), un photographe ethnologue
américain, dont la volonté était d'immortaliser ce qui pouvait être sauvé de ces cultures sur le point
de disparaître, dans leur forme originelle.
• « Puisées directement dans la Nature, ces images montrent ce qui existe ou ce qui existait
encore récemment »
D’un état innocent l’indigène évolue au moment de la rencontre avec l’Occidental. Curtis cherche ici
cet état originel de l’Indien, cet état pur.
Le paradigme mécanique de la photographie apporte une caution beaucoup plus grande. Un « pur
enregistrement ». Image de quelque chose « qui a été là ». Des images « puisées de la nature » d’un
monde proche de la nature.
Par rapport à cette « vie primitive » Curtis s’attache à en démontrer la dignité. Curtis s’attache à
réaliser des portraits.
Exemples de photographies :
-Navajo Weaver
Finalement peut-être que la réalité brute serait plus vivante que le cinéma et la fiction.
Nanouk remet en scène certains éléments comme la chasse au harpon. Restituer une scène en
enregistrant une image, qui va créer une caution de véracité par sa nature cinématographique, pour
rendre compte témoigner d’un imaginaire.
The Great White Silence (1924) Herbert G. Ponting
• Film sur l’expédition « Terra Nova » en Antarctique menée par Robert Falcon Scott (1910-
1910)
Jean Thévenot, « le cinéma saisit le vif », « la caméra ne fait pas que suppléer l’œil, elle voit mieux
que lui », P.120 dans l’ouvrage dirigé de Georges-Michel Bovay Cinéma : un œil ouvert sur le monde,
Lausanne, La Guilde du livre, (1952)
Jean Rouch, « Le film ethnographique » (1968) repris dans Id., Cinéma et anthropologie, Paris,
Cahiers du cinéma – INA (2009)
Un film atypique, faisant beaucoup de pas de côté par rapport au cinéma de fiction, mettant
l’emphase sur les moments contemplatifs et descriptifs. La description dans ce film n’est pas une
description conventionnelle prise en charge par une voix savante. La description est prise en charge
par les images. On pose les jalons de ce qui compose la pratique des chasseurs africains, mais de
façon éminemment subtile par les images seulement.
« Ethnofiction »
Les individus filmés sont pour certains des amis, des connaissances qui se prêtent au jeu mais qui
improvisent. Le renversement de la perspective ethnologique. Inverser le regard colonial.
Par le rire, Rouch cherche à véhiculer des vraies questions. Regarder l’autre comme objet d’étude. Le
comique de cette réduction rend d’autant plus visible la réduction. Les réactions des gens filmés sont
tantôt gênées, tantôt énervées, etc.
Géopolitique et géoculture
Le rapport entre culture et phénomènes sociétaux. La manière dont le cinéma se fait interprète de
ces phénomènes. Relation entre géopolitique et géoculture.
Le cinéma comme un "soft-power" (=capacité de modifier la volonté des autres sans recourir à la
coercition).
Sondage (sur la diapo) en France "quelle est, selon vous, la nation qui a le plus contribué à la défaite
de l’Allemagne en 1945"
Hallucinante évolution de l'opinion publique au cours des ans (dû à une propagande états-
unienne ?)
Bibliographie :
Dans son ouvrage Dominique Moïsi défend l’idée que la considération de l'enjeu géopolitique dans
les séries est régie par un sentiment de peur plutôt que par la raison.
Le film est d’abord sorti sous le nom I married a communist, et traite explicitement de la question du
problème soviétique, dans un contexte de guerre froide.
Film dans lequel la question du problème soviétique est posée de manière plus implicite.
Idée qu’il ne s’agit de personne qui s'emparent de l'âme des autres. Un film qui évoque une question
idéologique par un biais intéressant. Le film traite des enjeux de l'époque, lorsque le personnage
évoque une société "où tout le monde serait pareil", cela renvoie évidemment aux idéaux
communistes. Dans ce film l’invasion extra-terrestre sous-tend une diffusion de « l’idéologie
communiste » au sein même du pays. L'amour et l'individu, l’individualisme, sont des dangers pour
les aliens (=pour les communistes). Le film traite de l’égalitarisme en le représentant dans une
situation paroxystique afin de le dénoncer. Un ennemi qui vient de l'intérieur, idée que n'importe qui
peut être sujet à ces idéaux.
Symbolique du sommeil, c'est durant le sommeil que l'âme est remplacée. Il ne faut pas s'endormir.
La question géopolitique peut être posée de manière diverse. Durant ce contexte de la guerre froide
on voit des productions cinématographiques questionner tantôt de manière indirecte tantôt de
manière directe le « problème soviétique ».
Les aventures extraordinaires de M. West au pays des bolchéviques (1924) Lev Koulechov
« Le western est devenu le genre que l'on pouvait retourner comme un gant, raconter d'autres
histoires, celles des marginaux... » Ramonet dans Propagandes silencieuses, 2002
Le genre du western comme genre procurant un mythe fondateur des origines aux américains est
détourné par le western italien.
Extrait : une opposition franche. Une domination d'ingérence sur les autres états, par les Etats-Unis.
Dans le générique du film, réactivation de la culture mexicaine et l'ingérence des puissances
étrangères. Une diversité de la population et un objectif commun d'émancipation d'un impérialisme
américain. Le cas mexicain, dont s'est emparé le western italien.
Un western politique cubain. Un film farcesque qui a une dimension parodique et éminemment
politique.
Bibliographie généraliste :
Durant la décennie des années 1920, (période de transition vers le parlant), on va tenter de montrer
que le cinéma est un art, de le légitimer en tant qu’art.
Des historiens plutôt de droite (Bardèche et Brasillach) vont produire une histoire du cinéma plutôt
axé sur les techniques, une chronique du cinéma plutôt que son histoire. Tandis que des historiens
plutôt de gauche (George Sadoul) vont produire une contre-histoire du cinéma en plusieurs volumes.
Jean Mitry, lui, va produire une histore esthétique du cinéma, avec la volonté de s’inscrire dans la
filiation des théories esthétiques de l’art en général. Théories reposant sur la conception de l’artiste
comme d’un « génie ».
Donc une perspective auteuriste essentiellement, c’est-à-dire qui va valoriser l’auteur au sein de son
œuvre. On considère l’auteur comme une exception, un être d’exception. Dans ce genre d’approche
on limite souvent l’apport du contexte. Idée que l’œuvre est intemporelle.
Mais progressivement l’ « Histoire » va apparaître comme une discipline réflexive, qui nécessite qu’on
la questionne, qu’on l’a remette en cause. Des chercheurs vont choisir « l’histoire-problème ».
Comment on interroge le passé ? On va se mettre à envisager le cinéma comme un objet culturel.
Robert C. Allen et Douglas Gomay dans leur ouvrage Faire l’histoire du cinéma (1985) vont justement
s’interroger sur la définition de leur objet même.
Ils vont envisager le cinéma comme un phénomène culturel, p.32 « le cinéma est un système
ouvert », un « phénomène historique complexe ». Plusieurs facettes dans l’histoire du cinéma.
Idée que le cinéma est un nœud, à travers lequel convergent diverses lignes de forces historiques.
-L’histoire esthétique
-L’histoire économique (en quoi les choix d’un cinéaste sont-ils déterminés par un contexte
économique)
Un intertexte non-filmique
-Démarche d’autoproduction
Par exemple dans le cinéma hollywoodien, importance de la « patte » des studios dans le style des
films hollywoodiens.
Le travail de l’historien du cinéma est d’identifier les « limites normatives », ce qui nécessite
d’envisager le film dans l’ensemble de sa production et pas seulement comme une œuvre
intemporelle.
Allen et Gomery vont consacrer un chapitre à l’histoire sociale du cinéma. Qu’est-ce que ça veut dire
d’approcher le cinéma par le prisme social ?
Ils envisagent le cinéma comme un « moyen », un « document » sur la culture d’un pays.
Dans les années 1990 – 2000, dans leur sillage, on observe l’émergence d’une « nouvelle histoire du
cinéma », marquée par une pluridisciplinarité.
Une orientation plus structurelle, cette nouvelle histoire du cinéma prend en compte différents
éléments qu’elle fait dialoguer pour aboutir à une vision plus juste de l’histoire du cinéma.
M.L dit que cette pluridisciplinarité est complexe, que sa discipline tend vers une approche socio-
culturelle. M.L remarque que dans les années 1990, les études historiennes du cinéma développe
déjà un sens aigu de l’arrière-plan culturel au détriment de l’approche auteuriste stricte. Pour illustrer
son propos elle cite 2 ouvrages :
Bordwell dans son ouvrage cherche à se situer à mi-chemin entre l’approche auteuriste et l’approche
culturaliste. Il veut prendre en compte l’interaction entre ces deux approches.
Michèle Lagny va aussi s’intéresser à la perspective « générique ». Car la question des genres
cinématographiques met en évidence le lien indélébile entre cinéma et industrie.
Cet ouvrage, parmi d’autres met en évidence le fait que le genre n’est pas un système clos, mais qu’il
est un lieu investi par des idées qui débordent largement le cinéma. Leutrat cite les pratiques du
rodéo, des parades, et plus généralement du cirque. Il parle également du lien que le western
entretient avec le genre burlesque.
L’approche de Leutrat vise donc à saisir cette progression et cette évolution de ce genre
cinématographique qu’est le western.
1er sens : ensemble de pratiques et d’usages, de comportement d’un groupe (sens anthropologique)
2e sens : ensemble d’idées, de valeurs qui sous-tendent des images qu’un groupe a de lui-même (sens
sociologique)
3e sens : la culture en tant qu’elle se limite aux activités artistiques et consommatrices (ex : aller au
cinéma) (sens élitiste du mot culture)
Michèle Lagny constate que le cinéma participe sous ces trois aspects à la culture d’une société.
Différentes orientations
Michèle Lagny pointe la difficulté de ce type d’étude, car celles-ci requièrent des connaissances
solides.
« Laissant une grande part à l’intuition, ces études, qui misent à la fois sur l’analyse filmique et sur
celle du « contexte », doivent se contraindre à une justification rigoureuse des éléments culturels
qu’elles connectent » M.L
-Niveau national
-Niveau International
-Niveau comparatiste
Gomery et Allen par exemple traitent du cinéma à travers la question nationale et transnationale.
Quelles sont les relations des films avec certains groupes sociaux du public consommateur
Etudier la manière dont un auteur s’intègre dans la société, dans la culture
Dimitri Vezyroglou, Le cinéma en France à la veille du parlant (2011) : un essai d’histoire culturelle,
dans lequel Vezyroglou choisi d’aborder le film d’Abel Gance Napoléon (1927) pour montrer l’apport
que permet l’histoire culturelle pour penser un film.
Vezyroglou va démontrer que le film d’Abel Gance Napoléon cherche à transmettre l’idée que le
cinéma aussi a des « auteurs » (volonté de légitimation du cinéma en tant qu’art), à travers le
traitement de la figure de Napoléon. A travers le traitement romantique de la figure de Napoléon le
film agit comme l’invention et la mise en œuvre de la conception du statut d’auteur de cinéma,
d’auteur au cinéma.
A propos des images des îles sanguinaires. Un plan qui épouse l’histoire romantique de l’Allemagne.
Vezyroglou va expliquer qu’il n’y a pas seulement « analogie » mais l’histoire de l’art demande d’aller
plus loin que la culture visuelle. Il faut se questionner sur le lien entre Gance et la peinture
romantique. Une intentionnalité de la part de Gance
Une des principales sources de représentation de Napoléon dans le film sont des productions de
Thomas Carlyle (1795-1888), un écrivain et historien écossais.
La vision de Napoléon par Carlyle est imprégnée de la vision romantique. Pour Carlyle et pour Gance
Napoléon est une figure de la transcendance, un héros romantique.
Gance dit « Napoléon c’est Prométhée. Il ne s’agit pas ici de moral ni de politique, mais d’art. »
Napoléon comme un homme total, idée d’une grandeur individuelle. Un homme capable de dominer
la foule.
Extrait de l’Auberge :
Cette séquence montre comment le héros qui est en danger ressort au milieu de la foule, en
convoquant contre les nationalistes-corses la mère patrie qu’est la France pour tout le monde.
Sa force d’esprit va lui permettre de calmer la foule. Une « volonté surhumaine » répond à l’image de
Bonaparte par Carlyle, qui est une image proprement romantique. Tout est construit dans la mise en
scène pour que ce soit la figure de Napoléon qui donne la mesure de la mise en scène.
Le soleil qui dessine l’auréole au-dessus du chapeau de Napoléon. Dans son analyse, Vezyroglou va
s’attacher à la figure de cinéaste que Gance se dessine en tant qu’artiste.
Pour Gance, comme pour les romantiques au XIXe siècle, celui qui peut est celui qui doit exercer son
pouvoir autant que possible, c’est la métaphore de la puissance qui devient la métaphore de la
création et de l’art. Or, en l’occurrence la figure de Bonaparte renvoie à une figure de créateur, un
héros comme projection de sa propre figure d’artiste démiurge.
Gance construit sa figure d’auteur à travers ce film. L’entreprise du film est pharaonique (au niveau
économique). Dans toutes les photographies de tournage, Gance apparaît la plupart du temps en
surplomb, on peut lire le film comme cette concrétisation de cet être auteur que Gance veut être.
Moment pour le cinéma où celui-ci doit s’affirmer en tant qu’art. En lien avec l’orgueil de Gance
La réception du film a été controversé. Critique partagé, louange sur l’aspect esthétique du film. Un
film critiqué car constituant une irréductible apologie de la dictature. Une vision romantique qui
prend une orientation idéologique.
Vezyroglou constate que même si le film est insituable politiquement, il repose tout entier sur cette
fascination romantique pour les grands hommes. Capacité de l’histoire du cinéma de mettre l’accent
sur les enjeux politiques du cinéma
Pathé « si vous voulez vous imposer au cinéma, il faut aller au Etats-Unis », modèle d’un grand
cinéma américain. Gance tient compte du conseil de Pathé en va passer 5 mois à Hollywood, et
revient en étant persuadé qu’il a tout compris.
Le cinéma français est contraint de se situer, film destiné à reconquérir le public américain, une
volonté d’exportation. Des références populaires (les films de Zorro) viennent contrebalancer les
références au romantisme.
Avec cet objet, Vezyroglou plante le fait que le cinéma est à a fois un objet esthétique et culturel, et
que chacune des deux approches a une légitimité, et qu’aucune de ces deux dimensions n’a
l’exclusivité sur l’objet même.
Double empreint culturel chez Gance entre élitisme (références au romantisme, peinture, littérature,
etc.) et culture populaire (référence à Douglas Fairbanks et Zorro).
L’histoire culturelle du cinéma permet donc de penser le rapport qu’entretient le cinéma avec
d’autres formes d’art plus ou moins populaires ou plus ou moins élitistes. Vezyroglou montre que les
pratiques et les objets culturels sont les vecteurs de la culture.
Même dans Napoléon, une visée didactique davantage destiné à un public français, qui possède des
connaissances sur l’histoire de France, une plus grande connexion avec ce public-là. Il y a dans une
histoire nationale, des spécificités. La culture nationale a ses propres limites.
Les films de Visconti par exemple, références à la musique italienne, mais aussi à la musique
allemande, références à des philosophies allemandes, etc.
Par exemple le rôle joué par l’attraction du cinéma Hollywoodien sur le cinéma français
Qu’est-ce qui dans un film dit qqch sur la culture dont il émane et comment le dit-il ?
Si on revient à Gance, son film s’inscrit dans une décennie (1925-1935) cruciale, qui est la période de
passage au parlant. On passe d’un cinéma muet dit « universel », il constituait un langage visuel qui
permettait de dépasser les barrières linguistiques.
Dans les versions multiples on voit des différences culturelles. Ce moment de passage au parlant est
un moment particulièrement intéressant
Le rapport à Hollywood, est fondamental pendant cette transition au parlant. Quand on parle de
cinéma national pendant cette période c’est toujours en regard de Hollywood. A l’époque on ne dit
pas « cinéma américain » mais « cinéma Hollywoodien », car Hollywood avait une visée universelle,
de dépasser les frontières.
Dans le chapitre de cet ouvrage intitulé « Les voix du succès ou comment le parlant a sauvé le
vedettariat français » (p.115) Myriam Juan explique que, contrairement à ce qui est véhiculé, le
parlant aurait sauvé le vedettariat, en France.
Myriam Juan montre que l’idée selon laquelle le parlant aurait signé la fin de carrière de nombreux
acteurs du muet, ne résiste pas aux études sur le cinéma français.
A cette époque, les vedettes françaises de cinéma ont peu de rayonnement, et le parlant va leur offrir
une nouvelle voie et contribuer à revaloriser leur jeu.
Le cinéma avant la première guerre mondiale, est détenu principalement par la France avant la
guerre. Rapport de dominance qui va s’inverser en faveur des Etats-Unis après la guerre.
Des producteurs français accusés de ne pas en faire assez en France pour promouvoir les vedettes
françaises. Contrairement au star-system mis en place à Hollywood. Les critiques observent
l’importance des moyens financiers mis au service de la réputation de leur acteur et actrice, dans le
cinéma Hollywoodien.
L’Allemagne va essayer d’imiter cette politique des acteurs (avec le studio de la UFA). Ce qui explique
pourquoi les vedettes françaises, très souvent ne vont percer qu’après avoir tourné en Allemagne.
Myriam Juan va se demander s’il y a des fondements culturels qui expliquent ce décalage entre la
politique concernant les vedettes françaises et les autres.
En France, lors du passage au parlant, le problème de la « diction » des acteurs et actrices qui est
traité explicitement dans Chantons sous la pluie de Stanley Donen, ne va pas du tout se poser pour
les vedettes françaises, qui n’auront absolument pas ce souci de diction.
Ce décalage s’explique par le fait qu’en France les acteurs de cinéma ont majoritairement été formé
au théâtre. Donc finalement les acteurs français étaient même bridés dans le cinéma muet, là où avec
le parlant ils peuvent enfin utiliser cet atout qu’est leur voix. Exemple : Michel Simon dans le film Du
haut en bas (1933) de George Wilhelm Pabst. Michel Simon un acteur comme d’autres venant du
monde du théâtre.
Cette question de la voix dans les années 30 : une manière de parler français (Arletty, Jean Gabin,
Michel Simon, etc.)
Contrairement aux Etats-Unis donc, l’arrivée du parlant va permettre l’essor du vedettariat en France,
avec des acteurs comme Jean Gabin, Jean Marais, Arletty, et tant d’autres par la suite. Une
connivence culturelle qui passe par la langue, qui participe d’une vigueur du cinéma français.
Par un long panoramique à 360°, la caméra filme lentement, mais à différentes vitesses de rotation,
deux pièces d'une habitation, la cuisine et la salle de séjour qui sert également de chambre à coucher.
Sur le lit est allongée une femme.
Le silence vient supporter l’acuité visuelle. Film contemplatif, qui exige un travail du spectateur. Le
film exige un travail du spectateur, le geste de la caméra oblige le spectateur à examiner des détails
de la pièce, par la longueur et la lenteur du panoramique.
Malgré nous on cherche les traces d’une action qui nous serait raconté.
Le fruit renvoie à la féminité, lien entre la femme et la tentation, le péché originel. Repris comme
topos. La femme comme associée au péché
1970 : premiers festivals de films dédiés aux films de femmes
Il s’agit de s’emparer de la caméra. Phénomène qui touche les arts plastiques/visuels en général. Idée
que les femmes doivent s’emparer des formes artistiques.
Œuvre qui pointe l’isolement social de la femme, un regard caméra qui agit comme une adresse au
spectateur, une invitation ou un avertissement ?
Une œuvre marquée par l’humour également et qui s’inscrit dans un mouvement de libération des
femmes dans le cinéma.
Militantes/artistes qui pensent qu’il faut une « révolution du regard », le cinéma étant jusqu’alors
privé, mutilé de la vision féminine.
Photographie de Claude Jourde lors d’une réunion du groupe Les muses s’amusent.
Les théories féministes dans le cinéma se développe au milieu des années 1970 surtout aux Etats-
Unis et un peu en Angleterre. Cependant ces théories sont encore et seront encore longtemps
absentes en France. Car la tradition auteuriste est très ancré en France et rechigne à intégrer ce biais
analytique.
-Revue : Screen
-Revue britannique : mf
-Frauen und Film, une revue de cinéma féministe allemande, fondée en 1974 à Berlin par la
réalisatrice Helke Sander (aussi une théoricienne féministe allemande)
Aux Etats-Unis les théories féministes vont être assez vite institutionnalisées dans les universités. La
place des femmes va enfin être questionnée et repensée dans différentes disciplines.
En France, encore rien de tout ça n’arrive à cette époque, il y a uniquement quelques publications
ponctuelles dans des revues.
Des résistances en France à ce type d’étude car le poids de la tradition, le privilège des approches
auteuristes. La perspective féministe va s’imposer en France seulement dans les années 1990.
Mise en évidence des systèmes de domination, des schémas d’oppression mais relative pauvreté
de l’étude cinématographique
Laura Mulvey et Claire Johnson vont être les premières à élaborer des théories à la fois féministes et
cinématographiques. Leurs thèses vont être fondamentales.
Première publication : Plaisir visuel et cinéma narratif en 1975 dans la revue Screen. A ce moment-là
Mulvey n’est pas encore universitaire mais simplement passionnée par le cinéma. La démarche de
Mulvey est pluridisciplinaire mêlant psychanalyse/sémiologie*/etc.
La sémiologie consiste à analyser comment un film produit du sens, signifie. Christian Metz a écrit un
ouvrage fondamental sur le sujet langage et cinéma, dans lequel il introduit la notion de « texte
filmique » et propose d’envisager le film comme un discours signifiant.
Un article qui sera sujet à plusieurs polémiques, et qui va susciter une critique abondante. Mulvey
elle-même va retravailler et revenir sur son article.
Dans son article Mulvey veut faire « un usage politique de la psychanalyse ». Rendre compte dans
une perspective féministe que l’inconscient structure les façons de voir. Mulvey affirme en effet que
« les films grand public ont codé l’érotisme selon le langage de l’ordre patriarcal dominant ». C’est-à-
dire que les films sont en partie construit sur le plaisir du spectateur. Mulvey incite donc dans cet
article à analyser ce plaisir. Elle met en évidence le fait que dans le cinéma hollywoodien classique la
femme est toujours « porteuse de sens » et jamais « créatrice de sens ». Elle empreinte à Freud la
notion de « pulsion scopique », s’emparer des individus comme des objets de plaisir scopophilique,
et postule seulement sa théorie en fonction du spectateur masculin.
Laura Mulvey prône alors un « cinéma alternatif », un cinéma qui défie le cinéma dominant.
[Les grands penseurs agissent sur le langage (je ne sais pas pourquoi j’ai écrit ça mais bon)]
Ex : la scène primitive : l’enfant qui surprend ses parents en train de faire l’amour (acte qui peut être
perçu comme une violence). Volonté de l’enfant d’aller vers l’interdit.
Dans son article, Mulvey défend l’idée que le cinéma provoque 2 types de plaisir : le plaisir de voir qui
se mélange à un plaisir narcissique qui découle du processus d’identification au personnage masculin
(possesseur de la femme).
Cette analyse s’appuie sur les travaux de Lacan à propos de la notion d’identification. Lacan théorise
en effet ce qu’il appelle la « phase du miroir », phase qui va intervenir chez l’enfant et participer à la
construction de sa subjectivité propre. Elle correspond au moment où l’enfant se découvre et se
reconnaît dans le miroir comme lui-même, comme sa propre personne.
Une phase qui intervient à partir de 6 mois environ, lors de laquelle on observe des signes de
« jubilation triomphante » lorsque l’enfant se reconnaît dans le miroir. Par le regard l’enfant va donc
pouvoir sortir de cet état de confusion, se constituer son image corporelle et acquérir cette
conscience de l’unité corporelle, lui permettant de se différencier corporellement.
Ainsi cette première identification est donc la matrice de toutes les identifications ultérieures de
l’individu et Mulvey (comme d’autres) va défendre l’idée que le cinéma nous fait rejouer cette phase
du miroir. Le cinéma comme une projection du moi, à travers des personnages on-screen.
Mulvey explique que la fascination peut provoquer une perte du moi en même temps qu’un
renforcement de l’ego.
Le cinéma hollywoodien construit des « moi idéaux », ce qui procure d’autant plus un plaisir
narcissique lorsque le spectateur s’identifie à la star. Le spectateur éprouve une satisfaction de l’ego à
travers l’identification.
Le cinéma produit des plaisirs contradictoires. Le motif de la femme fatale incarne un de ces
paradoxes puisque celle-ci est à la fois source de plaisir et menace. La femme fatale représente le
complexe de la castration chez l’homme.
Ce complexe de la castration intervient au moment de la découverte des sexes, il désigne cette peur
de l’homme de perdre le pénis. Chez la femme ce complexe est plutôt vécu comme un manque de
quelque chose.
Hitchcock devient un cinéaste central pour les théories féministes dans les années 1970.
Un critique, Robin Wood : « comment atténuer l’image de Hitchcock comme un cinéaste misogyne »
La conjonction d’une question persistante – qu’en est-il des femmes parmi les spectateurs ?
Ouvrage de Tania Modleski (« The women who knew too much »), dans lequel l’autrice défend l’idée
que le regard féminin ne serait pas seulement envisageable de manière pessimiste. Elle pense qu’on
peut dépasser la question de savoir si Hitchcock est un cinéaste misogyne ou pas.
Hypothèse : une ambivalence à l’égard des femmes chez Hitchcock, quelque chose dans ses films qui
peut aller à l’encontre de l’autorité des personnages masculins. Certains personnages féminins qui
résistent à l’assignation patriarcale. Ces films-là seraient donc une matière intéressante pour les
théories féministes.
A la sortie du film Rebecca (1940) on a reproché à Hitchcock son penchant pour la littérature
féminine et son manque d’humour. Or Selznick explique ce choix de puiser dans une littérature
féminine par le fait que c’est un moyen pour permettre aux femmes de s’identifier au vécu de ses
personnages « il faut que chaque femme se dise : je sais ce qu’elle ressent ».
Tania Modleski dans son ouvrage va défendre le fait que dans le film, Rebecca est un personnage
« inassimilable » par la culture patriarcale.
Le complexe d’Œdipe, phase complémentaire de la phase du miroir (le petit enfant se reconnaît lui-
même dans le miroir). Cette fois la constitution du sujet va se faire de manière symbolique, le petit
enfant va prendre la mesure de sa singularité par la jalousie qu’il va développer vis-à-vis de son père
concernant sa mère. Le complexe d’Œdipe intervient entre 3 et 5 ans, une phase qui désigne un
ensemble de désirs (la fille pour son père/le garçon pour sa mère) et de la haine pour le parent du
même sexe. Ce schéma se révèle ambivalent, puisqu’en même temps qu’il rejette son père, l’enfant
va s’identifier à lui en tant que désirant la mère.
Ce film, poursuit une trajectoire oedipienne féminine, et obéit à une centralité du regard féminin.
Scène d’ouverture :
Une influence du roman gothique anglais, avec ces lieux caractéristiques : les châteaux, les
cimetières, etc. Une voix-over qui s’affirme au féminin, une voix « je » féminine qui lance le récit.
Le flash-back s’ouvre sur les flots impétueux de la mer, une figuration classique des flots (aussi dans
Marnie) qui renvoie à la pulsion de mort
D’abord de manière implicite puis de manière explicite, une série de gros plan, de plans rapprochés
qui s’ensuivent et le regard du personnage qui se porte sur le hors-champ.
Le regard du personnage porté vers le hors-champ, est porté sur un espace vide, or l’héroïne va
remplir ce vide et ainsi l’empêcher d’aller vers la mort.
Ici l’objet du regard est encore implicite, puisque le regard de l’homme est tourné vers le hors-champ.
Par ailleurs si l’on s’en tient à l’idée que l’homme possède la femme par le regard, comme l’affirme les
théories féministes sur le cinéma, on peut aboutir à l’interprétation du fait que ce que regarde
l’homme dans le vide c’est finalement encore une femme, mais cette fois-ci c’est une femme absente.
En réalité la femme qui empêche l’homme de se suicider vient déjà former sans le savoir quelque
chose qui ressemble à un triangle amoureux entre l’homme suicidaire, sa femme décédée/invisible et
elle-même qui deviendra la nouvelle jeune épouse.
Rebecca, la première femme est prise comme un objet de désir du nouveau personnage féminin car
cette dernière va éprouver une jalousie féroce envers elle, en constatant l’obsession de son nouveau
mari pour cette femme de son passé. Ainsi comme il en va pour le complexe d’Œdipe, la figure de
Rebecca va faire l’objet d’une haine en même temps que d’une admiration, d’une volonté
d’identification pour la jeune épouse.
Cette jeune-femme qui d’ailleurs n’a pas de nom, elle doit essayer d’exister avec le fantôme d’une
puissante et écrasante figure maternelle qui est Rebecca. Le film va insister sur la jeunesse du
personnage féminin, sur sa maladresse, pour faire d’elle une enfant, pour l’infantiliser et ainsi
davantage l’inférioriser par rapport à la figure de Rebecca. Une héroïne au stade infantile, par rapport
à une figure féminine puissante.
Une séquence particulièrement intéressante, qui maintient le manque, en recourant à un récit qui
désigne sans cesse l’absence de Rebecca dans le champ, Tania Modleski parle d’une blague
castratrice. La femme absente devient omnisciente dans le film, la force de ce personnage féminin
tient à son absence dans le champ.
Tout cela fait que la fin du film qui est censé être une victoire sur Rebecca, un happy end pour les
deux époux doit être nuancée à l’aube de ces analyses.
Malgré la victoire de l’ordre patriarcale auquel Rebecca s’est attaquée, les séquelles laissées par ce
personnage sont encore présentes.
Rebecca en manipulant son mari, remet en cause l’ordre patriarcal. En effet, le film rappelle que pour
maîtriser l’héritage, il faut maîtriser la femme, or de cette manière en manipulant son mari, Rebecca
met à mal cet ordre patriarcal.
A la force physique masculine de son mari, Rebecca va opposer la puissance de son rire. Rebecca est
aussi bien capable de jouer la bonne épouse à la vue des autres, de la société, que de faire ce qui lui
chante en privée, dans le dos de son mari et de la société.
Ce que défend Tania Modleski est que Rebecca obtient néanmoins une victoire relative par
l’affirmation de sa propre force subversive, par le rire grâce auquel elle défie la force masculine.
Résolution ambigüe : car c’est l’insignifiance de l’héroïne qui lui permet de pouvoir prendre de cette
façon la place de Rebecca. C’est une victoire relative en tant que c’est son insignifiance aux yeux de
son mari qui fait sa valeur.
Ce film révèle aussi la douleur par laquelle la femme doit passer pour correspondre aux attentes du
désir masculin, qui par ailleurs est incertain et ambigu. Modleski dit que ce film montre que le désir
de l’homme est un désir contradictoire, le fait de vouloir à la fois une femme fatale et une femme
domestiquée. « Toute son œuvre témoigne d’une tenson fascinée et fascinante, une oscillation entre
l’attrait du féminin et son identification aux femmes, et … » Tania Modleski.
Tania Modleski montre que Rebecca, contrairement à ce qu’on put affirmer certains critiques est un
film très Hitchcockien car il pointe tous les dangers de l’identification, la terreur, la perte de soi, la
peur de se perdre soi-même.
Enjeu similaire dans la mort aux trousses, avec Cary Grant qui est pris pour Kaplan.
Le cinéma d’Hitchcock permet donc une critique autoréflexive. De plus Rebecca est un film qui
permet l’expression du désir féminin (sans pour autant être progressiste).
Des développements très différents du film musical, une abondance du mélodrame et de formules
mélodramatiques, même à Hollywood, une évolution du mélodrame, nouvelle voie dans les années
1950.
Essai de Thomas Elsaesser, Tales of sound and Fury : Observation on the family melodrama
Première généalogie du mélodrame remontant au spectacle vivant, au théâtre. Dans cette tradition
théâtrale, des formes de récits populaires où les personnages incarnent le vice et la vertu, et ces
formes possèdent une dimension musicale, la musique peut parfois introduire une distance ironique.
Une deuxième grande source du mélodrame familial des années 1950 : les romans du XVIIIe siècle où
on est replié dans la sphère privée (La nouvelle Héloïse par exemple).
Moments de crises intenses. Des relations familiales tournant autour d’amants maudits, de mariages
forcés. Opposition entre le désir et la loi, entre les classes sociales. Des situations qui font référence à
l’XP de toute une société. Avant la révolution française, ces romans finissent mal et après la
révolution française ces romans finissent mieux. Montre le bouleversement sociologique que la
révolution a ouvert et les perspectives nouvelles entrevues.
Dans tous ces romans, ont des éléments mélodramatiques qui sont en phases avec la société, et les
crises en cours.
Le mélodrame : un équivalent littéraire à un mode d’expérience particulier, cette forme qui permet de
rendre compte des expériences. Un matériau humain et social très riche.
Le mélodrame s’aborde à partir de la question du style, à travers des thématiques, le mélodrame est
un code expressif, qui existait déjà avec le cinéma muet mais qui va surtout évoluer avec l’évolution
de la technique, le technicolor, l’usage des grues.
Le mélodrame familial : mode de signification le plus élaboré et le plus complexe que le cinéma
américain ait jamais produit.
Le mélodrame est tourné vers l’intérieur : « tout se passe à l’intérieur » comme le dit Sirk.
Extrait Fontaine :
Capacité de concentration via la « métaphore visuelle » (Elsassaer), agitation intérieure figurée par les
multiples plans de la fontaine. Champ-contrechamp spectaculaire de la fontaine. Monumentalité de
l’œuvre statuaire avec le bruit d’eau qui figure par un déchainement de force l’agitation du
personnage. Par le biais de cette statue, le trouble du personnage est rendu visible, l’idée d’implosion
est figurée, la métaphore visuelle renvoie tout à l’intérieur du personnage. Or ce qui se joue à
l’intérieur du personnage passe par l’extérieur. Effet de miroir entre la torsion des corps et la torsion
des émotions du personnage.
Séquence d’ouverture :
Les trois couleurs primaires, (rouge, jaune et bleu) avec la bouteille, la voiture, et le ciel.
Ce qui se passe à l’extérieur passe par des détails plastiques. Un genre cinématographique qui
revendique l’expressivité. Chaque personnage semble obéir à une chorégraphie, des gestes de
chutes, une série de chute. Un mouvement général d’effondrement qui précède le suicide, tout dit la
catastrophe imminente.
Certains plans relèvent de l’iconographie américaine, association d’une structure monumentale à une
voiture.
« Sirk possède un œil particulièrement vif en ce qui concerne les qualités émotionnelles contrastées
des textures et des matériaux et il les combine ou les fait s’entrechoquer pour obtenir un effet très
frappant » Elsaesser
Le mélodrame familial se caractérise par une pression sociale trop forte pour les personnages.
Enregistrer l’échec des personnages face à la société, à la pression sociale.
« Le monde est clos, les personnages sont agis par d’autres »des personnages écrasés par les
dynamiques sociales. Le mélodrame familial s’inscrit dans la filiation du roman du XIXe siècle, les
romans d’Hugo et de Balzac, on va suivre plusieurs personnages, forme romanesque qui traduit la
diversité des expériences individuelles.
Des personnages tous liés dans une configuration. Une dimension chorale avec un attachement à
chacun des personnages. Une habileté du scénario qui relèverait d’un don musical, d’une partition.
Envisager une structure d’ensemble en incorporant des positions individuelles différentes.
Le mélodrame : partir du privée, de l’intime pour parler du social. Le mélodrame traite donc aussi des
questions de dominance, dans la sphère intime. A partir de l’expérience subjective, le mélodrame
rend visible les forces qui oppressent l’individu. Le personnage est certes victime d’un carcan social
mais participe aussi à ce carcan social dans ce le genre du mélodrame.
Dans le mélodrame, spirale descendante, échec des protagonistes qui répond à un besoin
d’autodestruction. Masochisme même, d’une classe sociale amenée à se faire du mal à elle-même.
Dimension de pathos propre au mélodrame, exprimer la répression psychologique et sexuel, un
sentiment d’infériorité par rapport à une figure particulière.
Ces personnages sont pris entre le paraître et l’être, et sont sujets à des oppressions sociales qui les
entravent.
Des films qui constituent des documents sociocritiques, fines études psychologiques, mettant en
scène des excès propre à ces sociétés, des films qui expriment un refoulé de la société, par le décor, la
musique, la gestuelle, une énergie mélancolique, disant les impasses dans lesquelles sont plongées
les personnages.
Ce genre rend compte de systèmes figés de relations. Une atmosphère claustrophobie dans ces films.
Jeune maman, qui est veuve, une femme rencontre un jeune photographe.
Une retombée brutale après un moment d’émotion qui va avec la demande en mariage, en l’espace
de quelques minutes, en fond conflit de sexe, la domination dans la sphère privée de l’homme sur la
femme.
Question de la discontinuité dramatique, qui se joue aussi dans écrit sur le vent. Un personnage
dévoré par une passion, dans des vêtements rouges, avec le feu, la musique. Elle danse un mambo
toute seule, qui exprime un désir sexuel frustré, une passion furieuse, une cadence de marche
Cadence d’une danse macabre, raccord entre les deux qui donne la charge violente, la violence
émotionnelle, pas sans lien avec le fait que Sirk coupe toujours dans le mouvement. Un corps réduit à
sa pulsion.
Dans le mélodrame, expressivité plastique, idée d’une psyché infantile, une sentimentalité attachée à
la société, sentimentalité banale mise en scène de manière spectaculaire.
Discontinuité associée à des moments clos, idée de la claustrophobie renforcée par le traitement du
décor et des objets.
Passivité forcée, victimisation, espace de domesticité auquel est réduit la femme. Atmosphère
claustrophobe, l’importance des objets (scène cadeau de la télévision à la mère), la violence
intérieure des personnages est figurée par des objets, un style, une gestuelle.