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Fiche de lecture

Anaïs Fléchet, L'exotisme comme objet historique

- historiens sur les stéréotypes et les normes


- aujourd'hui, affirmation de l'histoire culturelle et du renouvellement de l'histoire
- première suggestion : exostime comme transfert culturel raté ? Négatif
- "exotisme" : plusieurs acceptions parfois paradoxales
- exotisme : ce qui est étranger ou extérieur au sujet
- Première apparition dans le Quart Livre de Rabelais : parlant des marchandises dans une île
inconnue. Ici biens matériels qui n'appartiennent pas à la civilisation du locuteur, mais d'une
terre lointaine. Idée de voyage dans l'espace mais aussi dans le temps. Seule importe la distance
des objets vis-à-vis du sujet qui les regarde.
- on passe d'aliments, fleurs exotiques à un champ plus large des éléments exotiques. On en parle
pour se référer à des villes, mondes lointains.
- à partir du 19e siècle : utilisé pour les moeurs et objets d'art
- l'exotique prend alors une dimension totale qui touche tous les sens (vue, goût,...)
- exotisme apparaît 19e s : à la fois "ce qui est exotique" et "le goût pour ce qui est exotique"
- utilisation très forte au tournant des 19e et 20e s en Europe de l'Ouest
- exotisme devient un objet d'intérêt artistique, à l'image de Pierre Loti qui l'exprime dans son art
- la représentation d'un monde fini a mis à mal l'idée d'exotisme qui devient synonyme
d'artificialité
- toutefois toujours présent dans la scène littéraire. Essai sur l'exotisme, Victor Segalen.
- l'exotisme acquiert une connotation négative qui s'affirme à partir de la 2nd partie du 20e s ntm
chez les ethnologues comme Claude Lévi-Strauss dans Tristes Tropiques ("pauvre souvenir") mais
aussi les guides touristiques (Lonely Planet) qui invitent les touristes jusqu'alors considérés
comme des "idiots du voyage" à abandonner la quête d'exotisme pour celle de l'authenticité.
- mais l'exotisme n'a pas disparu à l'heure du "village planétaire". Prend la forme d'une dénégation
au sens psychanalytique du terme. On remplace des préjugés par d'autres.
- Dans les sciences humaines, intérêt important.
- Tzvetan Todorov propose de définir l'exotisme comme un relativisme par opposition à
l'universalisme. mode de relation dans lequel l'autre est essentiellement différent de soi. Dans ce
sens, exotisme et racisme procèdent de logiques similaires. Au contraire du racisme, l'exotisme
attribue à la différence une valeur positive (valorise), les autres jugés meilleurs par cette
différence, qui n'est pas le résultat d'une démarche analytique mais empirique.
- le pouvoir d'attraction de l'exotisme repose sur l'aspect inconnu, mystérieux de l'autre = "éloge
de la méconaissance"
- finalement, exotisme reflète plus de choses sur soi que sur l'autre
- étude de ses manifestations artistiques voire scientifiques : plusieurs exotismes dont le point
commun est le lointain
- limites physiques de l'exotisme ? Jean-Marc Moura propose de réserver le terme exotique aux
cultures des pays perçus comme éloignés et de parler de pittoresque pour l'étranger proche.
notion d'étranger proche et lointain. Ici, à l'intérieur du territoire européen, on parle de paysages
pittoresques, en dehors, c'est exotique.
- derrière opposition étranger proche et lointain, l'opposition civilisation et barbarie.
- Lise Queffélec : dans les romans d'aventure, exotisme peut avoir visée poétique, imaginaire ou
idéologique.
• Poétique = idée du beau comme étranger
• Imaginaire = exostisme autorise l'invention. Lieu exotique comme lieu de tous les
excès (aventures et fantasmes). Ex: les femmes les plus sensuelles.
Un monde en contraste avec celui du lecteur, monde où la beauté et la mort (violence) se
côtoient.
• exotisme comme "exutoire de la violence" permettant d'innocenter la civilisation
européenne et de justifier l'ordre colonial
- même si attribution de valeurs positives à l'autre, elles restent sous-tendues par une conception
hiérarchique des relations entre groupes humains qui opposent un Nous, porteur de civilisation,
à des Autres aux contours flous que le Nous se charge de mettre en scène.

Patrick Charaudeau, Identités sociales, identités cultures et compétences

- invite à réfléchir, à partir d'outils d'analyse des sciences humaines, sur les questions d'identité
sociale et culturelle dans un contexte de crise identitaire, culturelle, générationnelle, citoyenne,
etc. Du moins forte attraction auprès de la population pour ces sujets.
- langage au coeur de la construction individuelle et collective dans au moins 3 domaines
• la socialisation : relation à l'autre
• la pensée : par le langage nous arrachons le monde à sa réalité empirique pour le
faire signifier (conceptualisation)
• les valeurs : besoin d'être parlées pour exister, acte de langage donne sens à nos
actes
langage comme gage de liberté, possibilité d'interrogation et d'analyse de l'autre et sur soi.

Le mécanisme de construction identitaire :

- principe d'altérité : reconnaissance d'un différence chez l'autre qui me fait prendre conscience de
ma propre existence
- principe d'influence : qui meut le Je vers le Tu afin que celui-ci entre dans l'univers de discours du
Je
- principe de régulation : le Tu a lui-même un projet d'influence, ce qui oblige Je et Tu à entrer
dans un processus d'ajustement de leur projet respectif

La conscience de soi-l'autre :

- Conscience identitaire naît de la reconnaissance de l'altérité de l'autre par rapport à moi.


- à la fois attirance et rejet vis-à-vis de l'autre :
• attirance : car énigme à résoudre. si autre peut-être différent de moi, c'est que je suis
incomplet, imparfait, inachevé. Cela est insupportable pour l'individu et explique donc
cette force souterraine qui nous meut vers la compréhension de l'autre, non pas au sens
de l'acceptation de l'autre mais au sens de son absorption. Désir d'un autre soi-même.
• rejet : menace pour le sujet. l'autre supérieur ? insupportable le fait que d'autres valeurs,
normes puissent être meilleures, ou, tout simplement, existent. Les stéréotypes vus
comme un mécanisme de défense contre la menace que représente l'autre.
- conséquence de ce jugement négatif : on se convainc soi-même que nos valeurs représentent la
norme et que le comportement des autres est dès lors excessif. On perçoit nos valeurs comme
les seuls possibles.
- Paradoxe : besoin de l'autre pour prendre conscience de son identité mais en même temps
besoin de le rejeter ou de le rendre semblable pour éliminer cette différence.
- groupes qui tantôt se réfugient autour d'eux-mêmes, dans un mouvement de préservation et de
défense de soi (force centripète), tant s'ouvrent aux influences extérieures, vont vers les autres
ou les laissent venir à eux, les assimilent ou se laissent pénétrer par eux (force centrifuge).
Lorsque ces mouvements se durcissent, ils engendrent politiques ségrégationnistes ou au
contraire intégrationnistes.

Les obstacles à la construction identitaire :

Identité à la fois mouvante et fragmentaire.

L'essentialisme :

- naît au 18e s : idée que la culture est comme une essence qui colle aux peuples, chaque peuple a
son génie.
- 19e s : concept de culture passe de la connaissance et de l'inspiration qui produit les grandes
oeuvres au comportement des hommes vivants en société. L'homme surdéterminé par sa
culture. Epoque des états-nations : "un peuple, une langue, une nation".
- toutefois, époque de mouvements migratoires qui remet en cause cette idée puisque constat
d'un changement possible ntm en Amérique. Processus d'acculturation.
- d'où affirmation au 20e s que la culture ne préexiste pas aux individus, mais que ce sont eux qui,
vivant en groupes, créent un "enracinement social" (E.Durkheim et M.Mauss).
- interactionnisme symbolique de l'école de Chicago
- d'où l'idée que l'identité culturelle à la fois stable et mouvante. Anthropologues appellent
l'hypothèse du "continuisme".

La "quête de l'origine"

- croyance selon laquelle identité culturelle comme paradis perdu. marqueur de notre modernité ?
éloignement temporel des guerres, fin des luttes sociales -> disparition des repères traditionnels
et distension des liens sociaux
- identité du groupe ne pouvant plus se construire dans l'action ni dans la perspective d'un "être
ensemble contre un autre-ennemi" : nostalgie.
- mouvement de retour vers ces origines pour retrouver paradis perdu, quête de soi. Mais cette
recherche n'est-elle pas un fantasme ?
- appartenance à un groupe, c'est d'abord la non-appartenance à un autre groupe.
- dès lors, illusion de croire que notre identité repose sur une entité unique, homogène, une
essence qui constituerait notre substrat d'être. L'identité n'est pas naturelle, elle est toujours le
fait d'une construction.
- En même temps, On voudrait que notre être soit repérable, percevable, définissable et absolu,
car comment se sentir exister si ce n'est en se référant à un absolu. Contradiction insoluble.

Les imaginaires socio-culturels :

- imaginaires collectifs qui témoignent des valeurs que les individus se donnent en partage
- imaginaires se rapportant :
• espace : façon dont ils se représentent leur territoires, points de repère,...
• temps : rapports entre passé, présent et futur, segmentation du temps,...
• corps : nudité ? distance des corps ?...
• relations sociales : rituels sociaux (salutations, excuses, politesse,...)
• lignage : droit du sang, droit du sol, droit à et par la réussite,...
• langue : distinction entre langue et discours (discours qui se rapproche plus de culture
contrairement à langue)

Conclusion :

- piège du communautarisme : enferme les individus dans des catégories essentielles, qui ne les
fait agir et penser qu'en fonction des étiquettes qu'ils portent sur le front ; double exclusion de
soi vis-à-vis des autres et des autres vis-à-vis de soi.
- défend l'idée d'une société composé de multiple communautés qui s'entrecroisent sur un même
territoire, ou se reconnaissent à distance.
- "le sujet doit entrer en résistance" : soit par l'action protestataire soit en formant, éduquant les
esprits, ntm enseignement des langues. Apprendre que "être-soi" se fait à travers un "être-
autre".

Helen Spencer-Oatey, What is Culture ? A compilation of quotations

- culture difficult to define. Kroeber and Kluckohn : a list of 164 different definitions. No
consensus.
- 3 main meanings :
• Matthew Arnolds in Culture and Anarchy (1867) : special intellectual or artistic endeavors
or products, today called "high culture" as opposed to "popular culture". Only dedicated
to an elite.
• Edward Tylor in Primitive Culture (1870) : quality possessed by all people in all social
groups whose ancestors passed from "savagery" through "barbarism" to "civilization".
Def : "that complex whole which includes knowledge, belief, art, morals, law, custom,
and any other capabilities and habits acquired by man as a member of society".
Some anthropologists rejected his evolutionism.
• Franz Boas : one should never differentiate high from low culture, and one should not
differentially valorize cultures as savage or civilized.
• Hofstede : "[culture] is the collective programming of the mind which distinguishes the
members of one group or category of people from another."
• Matsumoto : "... the set of attitudes, values, beliefs and behaviors shared by a group of
people, but different for each individual, communicated from one generation to the
next."

1. Culture is manifested at different layers of depth

- 3 fundamental levels at which culture manifests itself :


• observable artifacts : dress code, the manner in which people address each
other,company records, products,... data easy to obtain but hard to interpret, to answer
the "why" the group behave the way it does
• values : a possible answer to the "why". but hard to observe directly. Words can be
misleading as they could say what they ideally would like those reasons to be. The
underlying reasons for their behaviour remain concealed or unconscious.
• basic underlying assumptions : assumption when encounter in our informants a reufsal
to discuss something, or when they consider us "insane" or "ignorant" for bringing
something up.

2. Culture affects behaviour and interpretations of behaviour

- Hofstede : meaning invisible because lies precisely and only in the way these practices are
interpreted by the insiders. Ex : the ring gesture.
- Navajo man example: religious taboo that prohibits individuals from saying their own name. This
encounter undoubtedly reinforced the teacher's stereotype that Navajos are 'impolite' and
'unresponsive", and the man's stereotype that Anglo-Americans are 'impolite' and 'talk too
much'.

3. Culture can be differentiated from both universal human nature and unique individual
personality

- Culture is learned, not inherited, derives from one's social environment.


1. Human nature
2. Culture
3. Personality
- personality of an individual : unique personal set of mental programs. Learned and inherited.

4. Culture is associated with social groups

- As almost everyone belongs to a number of different groups and categories of people at the
same time, people unavoidably carry several layers of mental programming within themselves,
corresponding to different levels of culture : gender level, generation level, role category, social
class level,...

5. Culture is both and individual construct and a social construct

Culture exists in each individual as much as it exists as a global social construct. Individual differences
in culture can be observed among people in the degree to which they adopt cultural codes. In
anthropology and sociology as a macroconcept and in psychology as an individual construct.

6. Culture is learned

Culture is learned from the people you interact with as you are socialized.

7. Culture is subject to gradual change, it is not static.

However some cultures change faster than others. Indeed, small-scale, technologically simple,
preliterate societies tend to be more conservative than modern, industrialized, highly complex
societies.

Inadequate conceptions of Culture :

1. Culture is homogenous
2. Culture is a thing : leads to the idea that it can act almost independently of human actors.
reification.
3. Culture is uniformly distributed among members of a group: intercultural variation is ignored
or dismissed as 'deviance'.
4. An individual possesses but a single culture
5. Culture is custom

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