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duCritiques sociologie

Bourdieu

3 critiques : liberté, exclusivité culture dominante, transformation d’une société de classe en


une société d’individus.

Une liberté du sujet ?

Déterminisme de Bourdieu : force très grande donnée à la position dans la structure


objectivée -accès aux capitaux- laissant peu de place à la liberté du sujet. Il faut distinguer 2
dimensions de liberté humaine :

¤ Portant sur l’action (dans quelles mesures sommes-nous libres d’agir à notre guise ?)
¤ Portant sur la conscience (dans quelles mesures notre conscience réflexive
pense-t-elle de façon libre, sans être prise dans des illusions socialement produites ?)

Liberté d’action se regarde par l’habitus -manière de jouer de l’agent social appréhendée- > il
joue en fonction de son jeu -en fonction de son accès aux capitaux-. C’est sa position dans la
structure objectivée qui détermine ses dispositions à l’action -son habitus-. Attention, cela
prend la forme d’une action spontanée, ce n’est pas comme l’application mécanique d’une
règle > principes incorporés.

Sa liberté est donc, au mieux, une liberté conditionnelle « choix du nécessaire ». Par contre,
une conscience des déterminismes est possible > notre liberté est essentiellement une
liberté de conscience.

Le sujet se constitue et s’émancipe par la recherche de vérité, conçue comme effort de


connaissance -X par le monde social ni l’action-. La sociologie donne -p-e- le seul moyen de
construire un sujet (présomptueux > manque de critique à propos d’elle-même ?). Proche du
« je pense donc je suis » de Descartes. Nécessite de prendre distance par rapport au monde
-au type de jeu, accumulation de capitaux-

Nous donnons aux situations la force qu’elles ont sur nous de par la représentation que nous
nous en faisons. En agissant sur notre vision du monde, la sociologie pourrait alors élargir
nos possibilités d’action sauf si en voyant le déterminisme nous sommes découragés. 2
extrêmes.

⮚ Castel souligne que de son engagement intellectuel jusqu’àu militant, Bourdieu a


maintenu sous tension sa conviction qu’il est possible de changer le monde sociale et
la force des contraintes qui le dominent.

Une légitimité exclusive de la culture savante ?

Ressort essentiel de la domination passe par la culture comme capital surtout dans la
dimension incorporée, sous forme de violence symbolique. Une seule culture reconnue
comme légitime > la culture savante -apanage des classes supérieures-. Analysons cela en
5 temps :

a. Définition culture

Verdrager dit qu’il y a une échelle de mesure de la culture. Les catégories dominantes
allant de 0 au degrés maximum des élites culturels -pas de culture des classes
populaires-. Et la moyenne ?
Regard porté sur les pratiques populaires = misérabiliste, disqualifiant, renvoie a une
suite de manques. Cherchent une satisfaction immédiate -peu de
verbalisation/théorisation-.

Il alimente les préjugés culturels. De plus, il ne conçoit pas l’émancipation des classes
populaires par l’affirmation de la légitimité de leur propre culture, car elle est selon lui
inexistante, cela est donc possible uniquement par l’accès à la culture dominante.

Genaer : en 1970 -FWB- > reconnaissance des pratiques culturelles issues de milieux
populaires comme étant de la culture.

b. Observation des pratiques culturelles de classes supérieures d’aujourd’hui

Avant, accès à la culture savant pour les classes supérieures. Aujourd’hui, toujours le cas
mais prennent moins de place, au profit d’un éclectisme sélectif. Classes populaires
aiment un nombre restreints de genres > classes supérieurs aiment et pratiquent de
multiples genres et activités -sauf pour la télévision > mépris surtout pour la téléréalité qui
correspond le plus à la culture populaire-.

● Musique : musique classique, jazz, pop, rock apprécie sauf pour formes/artistes
les plus populaires.
● Cinéma : classes supérieures = cinéma d’auteurs, gouts communs à toutes les
catégories sociales mais rejettent films correspondant le plus aux classes
populaires.

Critère le plus socialement discriminant en matière culturelle = désengagement.

● Moins diplômés : désengagés de pratiques culturelles à la maison -souvent tv-


● Age : jeunes ouverts aux formes contemporaines et commerciales de la culture
-ainés + proches culture savante-.

c. Frontières fluides entre les cultures savantes et populaires

Les choses changent dans l’offre culturelle : frontières entre les genres et aux sein même
de ceux-ci évoluent -selon histoire à laquelle il faut s’intéresser pour comprendre ce qui
caractérise le capital culturel-.

● Au sein du genre musical classique > les plus connues deviennent communes
dès lors > X une marque de distinction.
● Genre/arts considérés comme mineurs (chanson, photo, BD) acquièrent une
légitimité .

Il y a donc un flou entre les genres savants et populaires > la classe dominante n’est
en réalité pas la seule à pouvoir faire reconnaitre sa production culturelle.

d. Qu’est ce qui explique la diversification des gouts et la fluidité des frontières entre les
genres reconnus ?

Quand l’accès à l’école s’est massifié, elle a perdu la transmission d’une norme exclusive
qui est celle de la culture savante. Public plus hétérogène > pas tous familiers avec la
culture savante. Institution scolaire à d’autres genres que les savants. Les enseignants
prennent en compte la culture juvénile et font le choix de rejoindre les gouts des publics
éloignés de la culture savante.
En dehors de l’école, des instances de diffusion -industries culturelles > radio, télé- > rôle
très important dans la production du flou culturel. Le soucis est commercial, ils doivent
toucher un large public et s’éloignent donc de la culture savante.

Cosmopolitisme des élites ou montée en puissance d’une culture scientifique et


technique expliquent réduction des pratiques savantes > remplacement par un nombre
plus grand de genre légitimes.

e. La multiplication des gouts et des gens culturels reconnus affaiblit-elle la domination


culturelle symbolique des classes supérieures ?

Modifications contenu dé/gout classes supérieures perpétuent sous de nouvelles forme


le capital de la culture. Eclectisme culturel des dominants = capital dans la mesure où,
rapprochant du multiplicité de pratiques et de gouts, il facilite la communication avec les
tous milieux > atout sur le marché du travail notamment.

Loin du gout exclusif pour la culture savante -vue comme snob aujourd’hui-, l’éclectisme
= principes démocratiques contemporains. Il n’empêche pas la distinction : c’est bien de
manière réflective -savante- que les classes dominantes s’approprient les œuvres -même
les plus populaires-.

Une société d’individus ?

Certains disent qu’avec la croissance économique -en occident de 1945 à 1975- on ne


pouvait plus parler de classes sociales pour des raisons :

⮚ Objectives :
Pour la génération entrée sur le marché du travail pendant les « trente glorieuses »
les chances d’ascensions sociales et d’élévation du niveau de vie sont importantes.
Fin des années 70 = l’inverse > inégalités importantes entre les groupes sociaux
-inégalités scolaires, forte homogamie-.
⮚ Subjectives :
La conscience de classe s’est réduite > idéologie de l’accomplissement individuel en
croissance (valeurs = autonomie, liberté, réalisation de soi). Par contre, toutes les
catégories sociales ne sont pas égales par rapport aux moyens nécessaires pour
accéder à cette autonomie. Les classes populaires sont les grandes perdantes car ils
ont des aspirations fortes mais pas de ressources pour les satisfaire (Chauvel).
Affaiblissement des collectifs porteurs de normes auxquelles s’identifier prive aussi
les catégories populaires des ressources que peut offrir la solidarité de classe.

Sociologues s’intéressant aux classes sociales ont pris acte de ces changements culturels >
prennent en compte la façon dont chaque individu est marqué et compose avec de multiples
strates du social (classes, genre) dans une perspective intersectionnelle

Goffman :

L’identité

Moi = fruit d’un processus social en 3 dimensions :

⮚ Jeu et ses interprétations : moi produit par l’engagement de l’individu dans


l’interaction/le jeu qui s’y joue/l’interprétation qu’en fait autrui. Part de liberté/légèreté
voire cynisme dans le chef des interactants.
⮚ La sacralité de la face : jeu de l’individu cadré par une règle de la sacralité des faces
individuelles. Respect par l’usage de rites, organisation de « menues cérémonies » >
enjeu au jeu.
⮚ Fondements cérémoniels du moi : ressources nécessaires pour produire des identités
dignes disponibles ou pas dans l’environnement (sans cela > déshumanisation).

L’identité ne se réduit pas au jeu des acteurs (règles interactions + ressources cérémonielles
disponibles en jeu également).

Que devient la continuité biographique ?

Plus d’identité individuelle mais une multiplicité des identités -autant que le nombre
d’interactions ou l’individu s’engage-. Terme identité parait vidé de son sens + continuité
biographique semble se défaire -plus rien ne reliant les expériences faites dans les
interactions différentes, même lorsque les interactants sont familiers-.

Ce n’est pas uniquement la conception de Goffman, d’autres visions sont similaires, projetant
l’image de moi éclatés, discontinus.

⮚ Au 20e, c’est une pensée qui se retrouve beaucoup.

1. Ogien (de lui ou selon lui dans le contexte de l’analyse de Goffman ?) : unicité du moi
réside dans la continuité des règles de l’interaction.
2. Schwalbe : stabilité dans le lien émotionnel à la face > façon dont chacun est
singulièrement attaché au traitement subi par sa face = stable dans le temps. Si on
admet que la dimension émotionnelle joue dans l’action > fil rouge liant les lignes de
conduite adoptées par un individu d’une interaction à l’autre.
3. Si l’on parle de stigmates > être porteur de caractéristiques disqualifiants affecte ka
façon durable de l’identité -effets récurrents dans beaucoup d’interactions-.

⮚ Ces 3 positions n’annulent pas la multiplicité du moi mais la mettent en tension avec
un pôle d’unicité.

Un souci des apparences immoral ?

Respect des règles moins important que de donner l’apparence de les respecter. Si on
associa moralité à sincérité et à l’authenticité d’une personne > l’individu de Goffman est
cynique/machiavélique. L’immoralité est surtout pertinente face au jeu de l’interactant.

Ceux qui considèrent l’individu comme immoral sous estimerait l’importance de la sacralité
de la face car il y a quand même une nécessité de respecter les règles et de les prendre au
sérieux.

Si on veut contester la moralité et l’authenticité, c’est dans la perspective anthropologique


qu’il faut le faire. Si éclatement de l’identité en de multiples effets de surface, il faut repenser
la morale.

Bovone : morale envisagée comme engagement dans situation prenant en compte spécificité
de chacun = tenter de maintenir une définition de la situation préservant la face et le
sentiment de réalité. L’éthique est donc proche d’une pratique -plus mouvante et floue que la
loi morale- et d’une esthétique.
Réponse postmoderniste qui ne va X satisfaire ceux à ceux ne renonçant pas à une part
d’intériorité qui permet de prendre au sérieux une conscience réflexive/intentionnalité
dépassant le temps de l’interaction.

Pour une conception renouvelée de l’individu

Sociologues contemporains X satisfaits car ils veulent préserver les acquis de la perspective
goffmanienne et les conceptions d’identités dans la culture occidentale -intériorité stable-. Ils
proposent d’articuler les 2 pôles pour penser l’identité individuelle :

⮚ Pole interactionniste -comment se joue l’identité dans les contacts avec autrui-.
⮚ Pole intérieur -différentes expériences vécues avec autrui > évaluation critique des
règles du jeu social > développement agir éthique dépassant le temps de la
situation-.

L’ordre social

Ordre de l’interaction = ordre social X fixer finalités à poursuivre mais plutôt régulation des
comportements individuels. Problème = les règles de l’interaction constituent un ordre social
mais aussi une identité individuelle sacrée -c’est en sacralisant la face que l’ordre social est
respecté-. Sans ordre social > individu sans valeur-sans existence même-.

⮚ Homologie de structure individu/ordre social > les mêmes règles constituent l’un et
l’autre -la force de l’un fait celle de l’autre-. C’est en sauvant la face que l’on sauve la
situation, c’est ce qui fait que tout échec est déstabilisant (désordre de l’interaction
défait la réalité du moi individuel).

Sacralité de la face = parcelle de la sacralité collective et donc forme possible d’existence.


Lien essentiel ordre social/sacralité = révélateur d’un système de valeur dans lequel on
prône l’individu (légitimité de l’ordre social suppose qu’il doive consacrer la sacralité des
individus.

Universalisme ou spécificité de l’ordre social ?

Type de société de Goffman = individualistes ayant pour corollaire le constat que cet ordre
n’est pas universel (ne vaut pas pour toutes les sociétés/époques).

Gouldner : l’œuvre de Goffman correspond au passage à la société industrielle -récompense


et réputation en fonction de la contribution- à une société dominée par les services
-apparence essentielles-.

⮚ X ordre universel mais ordre spécifique de la modernité .

Kuznics : invite à considérer que tout dans l’ordre social n’est pas historiquement spécifique
-reste à départager ce qui peut être considéré comme contingent et ce qui renvoie à
l’universel-.

Possibilité d’une action visant la transformation de l’ordre social ?

Goffman ne permet pas de penser une action visant la transformation de l’ordre social, elle
se limite à considérer les possibilités de l’agir en situation pour sauver la face

Katovich et Reese (connaitre les noms ?) : sans conception du moi stable > impossible de
penser une action d’opposition inscrite dans la durée. Absence de continuité du pole réflexif
ne permet pas la prise de distance vis-à-vis des règles du jeu social
Sennett : vision statique sans prise en compte du temps. Règles/usages et caractéristiques
considérées comme stigmates > fruits d’une histoire dont rien n’est dit. Elle permet de
penser comment le genre est produit dans chaque interaction MAIS pas de saisir le
processus historique par lequel il s’est constitué ni les actions contribuant à une
transformation sociale émancipatrice.

Une conception faible du lien social

Par conception faible on entend une conception donnant plus de place chez l’interctant à
l’anticipation du risque encouru du fait du contact avec autrui qu’à celle du plaisir éprouvé à
être en sa présence. On envisage X l’absence de prise en compte de la tonalité effective du
lien a autrui.

Goffman propose une conception faible du lien social :

⮚ Dans son approche théorique -peur liée à la vulnérabilité du moi, la face inconnue de
l’autre = peur du contact > cette peur explique la nécessité de l’émergence d’un ordre
social permettant le lien à autrui-.

Condition de félicité -rendre compréhensible en étant conforme aux règles- donne lieu à la
peur -pour éviter d’éveiller l’alarme chez autrui, par un comportement compréhensible pour
ne pas être interprété comme dangereux-.

Engagement dans la conversation et déférence : règles semblent chercher un équilibre entre


élan et retrait vers autrui. La balance penche vers le retrait dans les interactions en public
non focalisées : inattention civile dans laquelle délicatesse = X manifester intérêt à autrui
pour ne pas lui faire craindre de mauvaises intentions -pas contrebalancée par le minimum
d’attention requis-. Déséquilibre ne permettant pas de penser les formes positives du souci
des autres. Crainte des risques semble l’emporter sur la rechercher de bienfaits liés au
mouvement vers autrui. Il limite le succès d’une interaction en public à l’absence de gêne
-interactant supposant que rien ne se passe-.

Gayet-Viaud : il existe des formes d’égards vis-à-vis d’inconnues dépassant le « minimum


d’attention requis » par la situation.

A l’origine des règles de l’interaction en public non focalisée = conception faible du lien social
de sorte que la peur et le retrait l’emportent sur l’élan portant vers autrui. Cette conception du
lien social coïncide avec une vision de l’individu peu sensible au plaisir du contact, au gout
des autres.

Sennet : portée politique et éthique de ces visions sont plus ou moins ouvertes à l’altérité.

Tönnies :

3 critiques principales > 4 dans le livre ??

Biais et rapports aux valeurs

Il donne des traits positifs à la Gemeinschaft (communauté) -amour, affection,


compréhension- et négatifs à la Gesellschaft (société) -égoïsme, intérêt, isolement-. Il faut
rééquilibrer cela, et mieux comprendre les ressorts en explicitant le rapport aux valeurs.

⮚ Gemeinschaft : il insiste peu sur certains traits -n’élabore pas les dangers-
o Dumont : affirmation de soi et expansion vont de pair : destruction de l’autre,
de ce qui n’est pas semblable à ce qui définit l’unité communautaire
⮚ Gesellschaft : peu sensible a certaines valeurs auxquelles nous sommes très
attachés aujourd’hui. Il réduit à une dimension égoïste et matérialiste de la liberté de
choix individuelle. Il est également peu favorable à la démocratie -élitisme-

Il ne relie l’universalisme qu’à la recherche de l’intérêt matériel -dimension pertinente mais


l’universalisme peut aussi être inspiré par des valeurs positives > bienveillance, fraternité,
égalité-. Il est réducteur de ne lier l’universalisme qu’à la recherche du profit. Il ne prend pas
ce à quoi Adam Smith était déjà pourtant très sensible : poursuite de l’intérêt individuel
favorisant la paix. Au contraire, les idéaux religieux renvoient à une logique communautaire.

La seule valeur de la Gesellschaft à laquelle il accorde de l’importance est la rationalité, il est


un intellectuel travaillant à la compréhension critique du monde il ne pouvait pas être
insensible à l’esprit critique, rationnel contre la soumission à l’autorité que l’on retrouve dans
la Gemeinschaft.

De l’opposition dualiste qu’il développe, il manifeste son attachement aux valeurs de la


Gemeinschaft -préférence pour l’esprit matérialiste, union contre divisons, sentiments contre
rationalité-.

⮚ Gemeinschaft = X seulement l’origine de toute société mais aussi son fondement


-seule forme de vie commune humaine, digne, contre le superficiel et l’artificiel de la
Gesellschaft.
⮚ Pas de symétrie mais une hiérarchie.

Au fil de son évolution intellectuelle et politique, ce choix semble se déplacer > il imagine une
articulation entre un Etat régulateur et redistributeur fonctionnant dans une logique
rationnelle de Gesellschaft et une prolifération de groupes coopératifs au niveau local
proches de l’esprit de Gemeinschaft.

⮚ Le mouvement ouvrier de son temps prend des initiatives qu’il voit : organisation
communautaire de solidarité -forme contemporaine de Gemeinschaft- pour faire face
aux défis de la question sociale. Par cela, il anticipe la perspective de penseurs
contemporains (combiner de façon heureuse de ces 2 modes de socialité pouvant
imaginer les formes contemporaines de Gemeinschaften).

On peut considérer que certaines initiatives de transition écologique et de mode de vie


alternatifs sont des formes contemporaine de Gemeinschaften, rapprochant producteur et
consommateur dans les coopératives en créant des groupements d’achats, des habitats
partagés, des solidarités locales et des réponses aux défis globaux. Reste a voir l’efficacité
des réponses à petite échelle.

Statut des concepts : idéaltype ou description ?

Dernières éditions de son œuvre comportent les deux formes de lien social comme des
idéaltypes -constructions intellectuelles pour rendre la réalité plus intelligible sachant qu’elle
est toujours plus complexe et mêlée que l’idéal conceptuel-.

Parfois il est ambigu, utilisant des concepts comme s’ils étaient descriptifs de sociétés
d’anciens régimes et du monde moderne. Il associe la Gemeinschaft au passé et la
Gesellschaft au présent et encore plus à l’avenir du monde moderne-. Cela fige les
différences entre sociétés occidentales modernes et sociétés autres.

Une construction en miroir ?


Même en tant qu’idéaltypes, ces concepts restent problématiques vu leur mode de
construction. Pour saisir le problème = se rappeler de l’histoire du concept de Gemeinschaft,
en lien a la critique conservatrice et socialiste de la modernité. Dans ce contexte, plusieurs
commentateurs considèrent que le concept Gemeinschaft est construit dans une symétrie
inverse de la modernité -production d’une utopie pour mieux comprendre qui l’on est en
projetant une image opposée de soi-.

A travers le couple conceptuel Gemeinschaft/Gesellschaft > un seul modèle de lien social


-société moderne tel que vu par ses critiques, celui de la Gemeinschaft n’étant produit que
par inversion des traits de la Gesellschaft. Qu’un seul système de termes opposés
appauvrissant les capacités d’appréhension de la diversité des modalités du vivre-ensemble.

La dernière critique est la plus forte car elle est sans issue. On peut rééquilibrer la vision de
la Gemeinschaft en étant attentif aux dangers et celle de la Gesellschaft en étant ouvert à
ses mérités. On peut aussi veiller à considérer les 2 concepts comme des idéaltypes -toute
réalité socio-culturelle comprenant les 2-. Par contre, on ne peut produire une alternative a
leur opposition sans remettre en question la construction proposée par Tönnies.

Question croisée identité/lien social : à qui profite l’individualisme ?

Son analyse amène a penser la modernité occidentale comme affectant chacun de façon
homogène, dans un monde valorisant l’individu -son indépendance, sa raison, sa réussite
matérielle, son authenticité-.

⮚ En croisant cela avec Bourdieu, on peut se demander « est ce le cas de la même


façon pour tout les individus quel que soit leur classe sociale ? Le fonctionnement de
certaines classes peut-il faire penser à une Gemeinschaft ?

Chauvel : classes populaires risquent de faire les frais des aspirations à a réalisation de soi
alors qu’elles avaient peu de moyen de les accomplir (déjà vu chez Bourdieu).

Sennett : à partir de fin 19e siècle, la classe ouvrière formait une Gemeinschaft autour d’un
ensemble de collectifs au sein desquels la solidarité a un rôle important. Or, à partir des
années 1970, cette Gemeinschaft n’est plus, l’adhésion à ces collectifs ayant faibli >
réduction des appuis disponibles pour la réalisation de soi.

Picon et Pincon-Charlot : de l’autre côté, la grande bourgeoisie est maintenue dans la force
de cohésion d’une Gemeinschaft (individu moins important que la lignée dans laquelle se
transmettent des capitaux -économiques et culturels mais aussi sociaux et symboliques-). La
cohésion familiale est maintenue car il y a une importance de la formation des héritiers. Ce
sens du collectif serait l’ultime privilège dans cette classe sociale prônant l’individualisme
libéral.

Cette classe sociale met en avant l’individualisation des rapports salariés/entreprise >
flexibilité de la réduction du rôle de l’état au niveau des travailleurs employés. Cette classe
sociale se garde bien d’utiliser les mêmes principes lorsqu’il s’agit d’elle.

Chauvel : au niveau des classes moyennes, il distingue 2 périodes. 1945-1975 > au cœur de
la perspective individualiste car ils sont le relais de ces valeurs pour les classes populaires
ET bénéficiaire possibilité d’ascension sociale. Après 1975 > hétérogénéisation classe
moyenne (1 partie peut se rapprocher de la classe supérieure, l’autre des catégories
populaires). Seule la 1e aura les ressources -économiques, sociales, culturelles- pour
concrétiser les injonctions de l’autonomie et en tirer un mieux-être.
Weber :

Domination

Sintomer : vision élitiste de la domination, regard focalisé sur le chef et son appareil de
domination (les modes de résistance des dominés sont dans l’ombre). Il ne permet pas de
penser en commun de ceux en dehors d’une adhésion émotionnelle à un chef.

Démocratie

-cadre = domination rationnelle-légale-. Sa conception est limitée, car sauf si elle est directe
(impossible dans des états de masse), elle se résume à une domination bureaucratique par
des élites (hauts fonctionnaires, chefs de parti) formellement légitimée par le peuple via le
processus électoral. Les dominés ne semblent pas pouvoir apporter une contribution
rationnelle aux débats démocratiques.

Vision agonistique des rapports fait qu’il ne voit le chef comme imposant sa volonté aux
autres et non comme les mobilisant autour dune action collective en faveur d’objectifs
communs. Donc, dès qu’il y a représentation, il y a domination.

Pour lui, la démocratie n’est pas une idée centrale (pas d’idéaltype) et n’apparait dans son
œuvre et son action politique que de façon instrumentale (il n’est favorable à la
démocratisation que si elle permet de limite la domination et assure la puissance de l’Etat
allemand). Dans le contexte du syndicalisme révolutionnaire et du bolchevisme, favorable à
la social-démocratie que si elle permet d’éviter que les ouvriers ne se séparent de la nation.

Rationalisation

La seule issue qu’il propose au processus de rationalisation (mince face à son diagnostic)
semble irrationaliste. Toutes les issues qui pourraient contribuer à une solution rationnelle
sont éliminée par Weber.

⮚ Les dominés ne peuvent alimenter un débat rationnel .


⮚ Il ne considère pas qu’au sein même de la rationalisation, les régulations propres à la
domination rationnelle-légale puissent être un moyen pour lutter contre les intérêts
dominants
⮚ Sa vision de la science devant respecter la rationalité axiologique (pas trancher débat
entre les valeurs) limite sa contribution à la revigoration de celles-ci. Vision de
l’activité scientifique participant au processus de désenchantement qu’il condamne
(comme si il en était lui-même prisonnier).

Issue X démocratique, X de nouvelles règles ni débat scientifique > issue ne peut venir que
de la créativité d’individus porteurs de charisme et de l’adhésion émotionnelle qu’ils
susciteront (contrepoids bureaucratie -ayant une autorité sur elle- même si eux-mêmes
seront contrôlés par le parlement).

Fatalisme

Le processus de rationalisation semble quasiment irréversible. 2 principes guidant la


sociologie de l’auteur : idéaltype et place donnée au sens de l’action individuelle. Dans
certains de ses écrits, la rationalisation est moins utilisée par Weber lui-même comme un
idéaltype que comme une description (voire une vision prospective) des sociétés
occidentales modernes. Quand il s’en tient à un usage idéaltype du concept, il donne
lui-même une vision plus complexe des formes prises par la rationalisation selon le champs
d’étude (les tensions entre les valeurs issues de ceux-ci peuvent donner des inflexions
différentes -surtout que des formes charismatiques peuvent la contester-).

⮚  ? non pas sur il va y avoir un processus de rationalisation car la réponse est oui
selon lui. ? = les formes que prendra ce processus.

? sur le paradoxe pour un penseur d’action individuelle de penser une généralisation de la


rationalité instrumentale conditionnant cette action. MAIS son questionnement ne l’empêche
d’observer que dans certaines configurations sociétales cette action connait des
conditionnements sociaux. De plus, la tendance à la rationalisation n’est pas de l’ordre de
lois déterministes mais plutôt d’une probabilité des choix humains (il est peu probable que
ceux-ci renoncent a des avantages -matériels- que donne la rationalisation) mais c’est
pourtant en espérant éviter cela qu’il appelle au retour de valeurs potées par des leaders
charismatiques.

MAUSS : (Godbou)

Logique étatique fondant le social

X reconnaissance de la complémentarité des logiques fondant le social > le don à une


primauté par rapport au marché de l’Etat -surtout dans le monde occidental contemporain
> ? de la contribution du vivre ensemble par l’Etat et le marché-.

⮚ Vibert : l’Etat, au-delà de la redistribution et des services, incarne symboliquement


toute la société et ses aspirations -liberté individuelle, lien social-. Donc, prééminence
de l’Etat sur le don -fondant sa possibilité-.

Donation originaire échappant au don

Godelier : en amant de la logique du don, il y a une donation originaire pensée comme


venant des dieux -pas de réciprocité- ou d’une réalité sui generis. ANCRAGE DU SOCIAL.

Caillé refuse importance à ce qui pourrait être représenté comme une dette originelle.

Non à une prétention universaliste

Singleton : analyse proposée par le MAUSS -don comme roc du social- et son anthropologie
-appât du don et du gain- = indépendantes de toutes société > l’universalisme est-il vraiment
possible ?

Mise à mal de certaines valeurs contemporaines par le don

? de la pertinence de la valorisation comme roc du social une logique qui n’a pas la liberté et
l’égalité comme valeurs essentielles des sociétés contemporaines. Pour la liberté, paradoxe
l’articulant à la contrainte -part indépassable de contrainte qui accompagne la logique du
don-.

⮚ Godbout présente une part de liberté plus grande au don moderne effectué dans la
sphère du don aux inconnus, idéalisation ?

Pour l’égalité, femmes plus donatrices dans la sphère domestique -inégalités en terme
d’emploi, aux revenus, loisirs, engagement politique et reconnaissance-. Difficile de valoriser
la logique du don sans entretenir cela.

⮚ Auteurs féministes dressent le constat des inégalités produites par l’investissement


dans la logique du don et mettent en évidence le rôle des états par l’offre de services
d’aide et de soins et par des mesures pour concilier le travail domestique et
professionnel.

Du coté des donataires, le don ne garanti pas l’égalité d’accès à ses bienfaits -contrairement
aux avantages de la logique étatique-.

Identité/lien social : justice sociale et solidarité intergénérationnelle

Penser le don dans le contexte de la structure sociale = montrer une de ses limites
-caractère socialement injuste, contrairement à la logique redistributive de l’Etat-.

Attias-Donfut montre comment la solidarité intergénérationnelle soutient financièrement les


jeunes générations -depuis crise 1990, différemment selon les ressources des ménages >
seules les moyennes bien dotées et supérieures peuvent aider suffisamment alors que ce
sont ces enfants qui en ont le moins besoin-

Sennett :

Analyse simplifiée de la dimension visuelle de la ville

Centrée sur la dimension visuelle mais il y en a d’autres, notamment matérielles > rapports
de pouvoir, argent, forces capitalisme évoquées mais pas de réel développement

X reproche de découper l’objet d’étude dans un ensemble plus vaste mais d’attribuer au
facteur choisi une force excessive dans l’explication.

Zukin sur Sennett : trop déterministe -plan en grille par exemple-

Wilson montre la neutralisation de l’espace qui va contribuer à l’accès de la ville aux femmes
-sécurité- que Sennet n’envisage pas > analyse simplifiée en acceptant la limitation à la
dimension visuelle.

Communautés ethniques mégapoles nécessairement destructrices ?

Pdv critique sur la tendance au regroupement ethnique dans les mégapoles car il faut
contraindre que ceux-ci excluent ceux qui n’ont X la même origine et qu’ils coupent ceux qui
vivent une citoyenneté plus large.

Leeuwen : ces communautés peuvent être des moyens d’intégration dans la ville au sens
large, Sennett semble oublier que l’identité peut avoir plusieurs couche et ne peut être
réduite a l’appartenance communautaire. De plus cela peut éveiller la confiance en soi >
formation de revendications politiques autant une portée plus large que la communauté.

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