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Fiche de cours N° 6

Discipline : Philosophie
Date :…………………………………………………………………………………………………………………………………………………
Classe : Terminale B
Compétence III : Traiter une situation relative aux conditions du bonheur.
Thème : Les conditions du bonheur.
Situation d’apprentissage :
Au début du cours de Philosophie, le professeur présente aux élèves de la Tle D 3 du LMLY 1 de SP, un ancien tee-shirt de campagne à
l’élection présidentielle sur lequel on peut lire « Le progrès pour tous, le Bonheur pour chacun ». Ce slogan suscite beaucoup de commentaire
dans la classe. Pour les uns, le progrès entraine le bonheur ; pour les autres, le bonheur est la condition du progrès. Pour en savoir davantage, la
classe décide de connaitre les caractéristiques du désir, des Passions, du travail, de la Technique, de l’Art, de l’Imagination, distinguer les
différents types de progrès, établir les rapports entre le progrès et le développement et examiner les conditions du Bonheur.
Leçon 1 : CULTURE ET CIVILISATION
Durée :5 heures (3 séances)
HABILETES CONTENUS
Définir -Le travail
-Le désir et les passions
-La technique
-L’imagination
-L’art
-Les différents types de progrès
-Les caractéristiques du bonheur
Montrer Le rapport entre le progrès matériel et le progrès spirituel dans la quête du bonheur
Apprécier Les conditions du bonheur
Activités de l’enseignant Activités des apprenants Trace écrite
Leçon 1 : Culture et civilisation

INTRODUCTION

L’histoire montre que le critère d’appartenance à l’humanité fait polémique : peuples,


politiques et penseurs sont divisés. En effet, la problématique de l’humanité dans l’histoire
prend source dans l’affirmation de la culture et de la civilisation comme indice d’humanité.
Ceci a engendré des conséquences comme l’esclavage, la colonisation, la discrimination
ethnique ou raciale… Mais comment en est-on arrivé là ? N’y a-t-il pas matière à
repréciser le sens de l’humanité ?

I-LA NOTION D’HUMANITE

L’humanité peut être entendue comme l’ensemble des hommes, l’espèce humaine ou le
genre humain. C’est aussi le caractère de ce qui est humain, ce qui relève de la nature
humaine.
Toutefois, le critère de l’humanité nous met aux prises avec deux approches : le point de
vue naturaliste et le point de vue culturaliste. (à quel moment peut-on dire qu’on apartient
à l’humanité ?)

A/ L’HUMANITE COMME UNE DONNEE NATURELLE

Pour le point de vue naturaliste et chez les biologistes, l’homme se connaît a priori
comme un être biologique, c’est-à-dire comme un être ayant des traits de caractères
physiques bien définis et qui d’emblée s’imposent à tous : la morphologie, la bipédie, des
mains préhensibles (le pouce différent et décalé des autres doigts lui permettant de saisir
les objets comme une pince : l’homme, le singe), le langage, la raison. En clair, dès la
naissance, l’homme possède déjà tous les attributs et toutes les caractéristiques constitutives
de l’humanité. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre cette idée de Claude LEVI-
STRAUSS dans Les structures élémentaires de la parenté : « Tout ce qui est universel chez
l’homme, relève de l’ordre de la nature ». De ce point de vue, la notion d’humanité peut se
rapporter à tout être qui remplit les conditions citées plus haut. Mais cette conception est
contestée par les culturalistes.

B/ L’HUMANITE COMME UNE ACQUISITION

Dire que l’humanité est une acquisition, c’est indiquer que l’homme en tant qu’être
physique, brut, n’est pas pleinement humain à sa naissance. Il lui faut en complément,
intégrer des valeurs qui vont achever de lui conférer la qualité d’homme. Sur ce point, la
culture et la civilisation passent pour être des arguments sur lesquels s’appuient les
défenseurs de cette thèse.

1) Approches définitionnelles

On appelle culture, l’ensemble des manières propres à un peuple, d’appréhender la


vie, de penser et de faire, de parler, de juger et d’évaluer les conduites et les
comportements. Concrètement, la culture désigne ce qui s’ajoute au naturel, à l’inné.
Pour ce qui est de la civilisation, elle se présente comme l’ensemble des valeurs spirituelles
par lesquelles l’espèce humaine s’arrache à la barbarie. Autrement dit, c’est lorsque la
culture atteint un niveau de raffinement qu’on parle de civilisation.

2) Culture et civilisation comme étalons (moteurs) de l’humanité

Pour la thèse culturaliste, ce sont les éléments de la culture mieux, de la civilisation


qui déterminent l’humanité. Ici, le sauvage ou l’inculte se caractérise par le défaut de
culture et ne saurait être confondu avec un être humain. C’est au nom de cette conviction
que Friedrich HEGEL a pu par exemple refuser aux noirs la qualité d’homme : « Le nègre
représente l’homme naturel dans toute sa barbarie et son absence de discipline. (…) On ne
peut rien trouver dans son caractère qui s’accorde à l’humain », La raison dans l’histoire.
Ainsi, sans culture et civilisation, il n’y a que le sauvage, le brut, le barbare, celui qui est
proche de la nature, le sous-homme.
Toutefois, une telle conception de l’homme n’est-elle pas nature à légitimer
l’ethnocentrisme et autres abus constatés à travers l’histoire ?

II-LA PROBLEMATIQUE DE L’HUMANITE DANS L’HISTOIRE

A/ CULTURE ET CIVILISATION COMME PROTECTION CONTRE LA


BESTIALITE

L’histoire témoigne que les cultures et les civilisations n’ont cessé de se livrer des
guerres hégémoniques, conformément à la tendance première de tous face à l’étranger : le
rejet. De ce fait, au nom des différences culturelles, les autres peuples sont traités de
barbares et soumis à l’esclavage.
De même, les peuples s’autoproclamant dépositaires de la civilisation ont prétendu avoir un
devoir d’humanisation et se sont livrés à la colonisation de peuples d’Afrique, d’Asie,
d’Amérique. « Les races supérieures (…) ont un devoir de civiliser les races inférieures »
confirme Jules FERRY (1832-1893) dans son Discours devant les députés français le 28
juillet 1885.
Aussi, les civilisations colonisatrices ont prétexté leur volonté de faire profiter des
Lumières de la civilisation aux peuples colonisés au nom de l’humanité. En témoignent ces
mots d’Albert BAYET lors du Congrès de la Ligue des droits de l’homme consacré à la
colonisation : « Apporter la science aux peuples qui l’ignorent, leur donner routes, canaux,
chemins de fer, autos, téléphone, organiser chez eux des services d’hygiène, leur faire
connaître enfin les droits de l’homme, c’est une tâche de fraternité ».
Mais dans la pratique, la colonisation n’aura été que le théâtre de la spoliation, de
l’exploitation, de l’humiliation et du dénigrement de l’autre.
(Fin de la première séance)
B/ LA COLONISTION COMME APOGEE DE L’ALIENATION

La colonisation se donne comme une attitude impérialiste, c’est-à-dire le droit que se donne
un peuple d’occuper par la force un territoire, faisant de la population et des ressources de
celui-ci des propriétés du colon.
Le Discours sur le Colonialisme d’Aimé CESAIRE, paru en 1955, résume assez bien la
démagogie (flatterie) de l’entreprise coloniale : « On me parle d’écoles, de formation
culturelle… moi je parle de fabrication hâtive d’employés subalternes utile à la
colonisation. On me parle de progrès, mo je parle de sociétés vidées d’elles-mêmes, de
valeurs culturelles piétinées ». Dans la production de ce triste spectacle, même les
‘‘missionnaires’’ ont été mis à contribution pour « humaniser » et convertir de gré ou de
force, « les peuplades (peuple non civilisé) barbares ». Jomo KENYATTA, premier
président du Kenya en fait l’amer constat : « Quand les Blancs sont venus en Afrique, ils
avaient la Bible et nous avions les terres ; ils nous ont dit : ‘‘fermons les yeux et prions !’’
Quand nous avons ouverts les yeux, les Blancs avaient les terres et nous, la Bible »,
Apologie du blasphème de Jean-Paul GOUTEUX. Ces propos montrent que le projet
colonial n’avait principalement que des motifs économiques.
Ces faits susmentionnés sont la preuve que décoloniser et désaliéner sont des exigences
légitimes pour que l’humanité ait un sens véritable, un sens humain.

III-DECOLONISER ET DESALIENER, DES EXIGENCES HUMAINES

A/ L’ETHNOCENTRISME COMME MARQUE DE LA VRAIE BARBARIE

L’ethnocentrisme, en récusant la culture de l’autre et dans la foulée (le même temps), son
humanité en totalité ou en partie, est largement condamné par de nombreux penseurs. A
titre d’exemple, Michel de MONTAIGNE dénonçait l’usage injuste de la notion de
barbarie : « Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage », Essais. Ce propos met
en évidence le fait que la notion de barbarie ne sert qu’à qualifier ce qui nous est étranger et
n’a aucune légitimité.
B/ L’IRREDUCTIBILITE DE LA LIBERTE HUMAINE

« Tous les hommes naissent libres et égaux en dignité et en droit », annonce la Déclaration
Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1948. Cette égalité en dignité est la
consécration du caractère inaltérable de la liberté humaine. Dès lors, on ne saurait nier à un
sujet son humanité. Car coloniser, c’est en quelque sorte demander à un sujet de renoncer à
sa liberté, son humanité. ROUSSEAU écrit dans Du contrat social : « Renoncer à sa
liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs
(…) une telle renonciation est incompatible avec la nature de l’homme ». C’est cette
incompatibilité qui fait que la domination de l’homme sur l’homme est toujours sujette à
débats.

CONCLUSION

Les hommes, inlassablement, sont en quête d’un état pouvant combler toutes leurs attentes.
Dans cette aventure, ils se sont lancés dans plusieurs activités susceptibles de leurs apporter
satisfaction. L’on a assisté ainsi, à l’essor d’une humanité active et génératrice de
productions diverses dans laquelle sciences et techniques se sont remarquablement
distinguées. Les exploits des sciences et des techniques ont considérablement amélioré les
conditions de vie de l’homme au point de susciter, au sein de l’humanité, une forte
espérance. Malheureusement, l’espoir fondé par l’homme sur la technoscience est quelque
peu assombri par des retombées néfastes tant pour la nature, que pour l’homme lui-même.
L’homme, caractérisé par les désirs et passions, peut-il réellement être heureux? Le progrès
entraîne-t-il le bonheur ?

I-RAPPORTS ENTRE LE TRAVAIL, LA TECHNIQUE ET LE DESIR DANS LA


QUÊTE DU BONHEUR

A/ APPROCHES DEFINITIONNELLES

1. Le travail
Dans son sens moderne, le travail se définit comme l’ensemble des activités humaines
aussi bien physiques qu’intellectuelles ordonnées à la production de quelque chose.
Autrement dit, c’est une activité, physique ou intellectuelle, exercée par l’homme en vue de
satisfaire ses besoins fondamentaux tels que se nourrir, se vêtir, se loger …

2. La technique

On peut dire que la technique est l’ensemble des procédés mis au service de l’homme en
vue de produire une œuvre ou obtenir un résultat déterminé. Mais en se rapportant à la
science, la technique devient l’ensemble des instruments, des machines et des savoir-faire
dont l’homme dispose pour transformer la nature selon ses désirs et besoins

3. Le désir

Le désir dérive du mot latin « desirare » qui signifie regretter l’absence de quelque chose
ou de quelqu’un. Par définition, le désir est donc une tendance consciente vers un objet qui
nous manque et dont la présence nous donnerait satisfaction.

B/ LE DESIR COMME ASPIRATION AU BONHEUR

C/ LE TRAVAIL ET LA TECHNIQUE DANS LA QUÊTE AU BONHEUR

1. Le travail comme facteur d’aliénation

a-Le travail est source de souffrance et de punition

A priori, le travail semble nous éloigner du bonheur. Déjà, son étymologie latine
« tripalium » évoque l’idée de souffrance et d’assujettissement.
Et dans la pratique, il est vu comme un devoir, une tâche que l’homme doit accomplir par
nécessité et par contrainte, pour subsister.
Selon la conception judéo-chrétienne, le travail est une punition, un châtiment infligé à
l’homme par Dieu suite à la désobéissance d’Adam et Eve dans le Jardin d’Éden. Le travail
résulte donc d’une condamnation divine à laquelle nous ne pouvons échapper : « C’est à la
sueur de ton visage que tu mangeras du pain », La Sainte Bible, Genèse 3 : 19.
b-Le travail dépossède l’ouvrier de son essence (source de déshumanisation)

De nos jours, l’aliénation du travail industriel est une manifestation éloquente de cette
misère de l’homme, victime de la dépossession de son essence. En effet, dans le travail à la
chaîne, les tâches de l’ouvrier lui sont déjà dictées et imposées. L’analyse de Karl MARX
dans Manuscrits de 1844 en dit long sur cette déchéance de l’homme dans le travail
industriel. Face à la machine, l’ouvrier « mortifie son corps et ruine son esprit ». Pour
Marx, le travail sous sa forme industrielle aliène l’ouvrier en le ruinant spirituellement et
physiquement. L’ouvrier y perd sa faculté pensante et devient un au automate, simple
maillon de la machine.

Mais pourquoi avoir du travail reste une préoccupation majeure, tant pour les
gouvernements que pour les citoyens ?

2. Le travail comme source d’épanouissement

a-Le travail est une marque distinctive de l’homme

Le travail, faut-il le noter, est avant tout, le signe de l’intelligence de l’homme car il
fait appel à la raison et à l’imagination tandis que l’activité animale est purement
instinctive., figée, programmée une fois pour toute. En clair, seul l’homme travaille et par
cette activité, il se distingue des autres êtres. Dans Le capital, Karl MARX souligne fort à
propos que : « Ce qui distingue dès l’abord le plus mauvais architecte de l’abeille la plus
experte, c’est qu’il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche ».
Ceci pour signifier que le travail en tant qu’activité consciente est le propre de l’homme.

b-Le travail est source d’indépendance et de prise en charge

L’une des fonctions du travail est de combler les besoins de l’homme. En d’autres
termes, le travail nous permet de nous prendre en charge, car celui qui travaille s’affranchit
de la dépendance des autres et subvient à ses besoins par ses propres efforts. D’où cette
pensée de Bernard Binlin DADIE dans Climbié : « Le travail et après le travail mon
enfant ! N’être à la charge de personne, telle doit être la devise de votre génération ». Il est
donc évident que le travail libère l’homme du parasitisme et lui confère la véritable
indépendance.
Aussi, notons que le travail permet à l’homme d’échapper à l’oisiveté. Au regard de cela,
on peut convenir avec François Marie AROUET dit VOLTAIRE (1654-1778) qui écrit
dans Candide : « Le travail nous éloigne de trois grands maux : l’ennui, le vice et le
besoin ».

3. La technique comme signe de la misère humaine

a-La technique accélère la dépravation

La civilisation technoscientifique est à l’origine de la dégradation de nos valeurs


morales et spirituelles qui déterminent la conduite de l’homme. En effet, le progrès de nos
sciences a perverti nos mœurs. Car devant l’avancée de la science et à son efficacité, les
hommes n’hésitent plus à se détourner des valeurs morales et de la crainte de Dieu. Le
progrès technique a donc entrainé la chute et la régression morale et spirituelle de
l’humanité. C’est donc à juste titre ue ROUSSEAU s’exprime en ces termes : « La
dépravation est réelle et nos âmes se sont corrompues à mesure ue nos sciences et nos arts
se sont avancés à la perfection », Discours sur l’origine des sciences et des arts.

Activité d’application 1
Activité 1 Manuel p. 180
A/ L’HOMME, OBJET DE L’HISTOIRE (voir page 174 Manuel Philo Tles)

Dire que l’homme est objet de l’histoire, c’est indiquer qu’il n’a pas son mot à dire dans le
déroulement des évènements. Il n’est qu’un simple exécutant qui subit les choses. Cette
vision apparaît notamment (en notant, entre autres) dans des conceptions dites fatalistes
d’inspirations religieuses mais aussi chez l’idéalisme hégélien.

1) La conception fataliste de l’histoire

Les grecs de l’antiquité considèrent l’histoire comme une fatalité (destin inévitable). Pour
eux, les hommes sont de simples objets qui ignorent le cours des évènements dont un
acteur transcendant (nature, destin ou force divine) détient les secrets. Dans cette
perspective, l’histoire se déroule sans les hommes qui, cependant, en subissent les
conséquences de manière implacable (dont la rigueur est inflexible, sans pitié ni état
d’âme). « Abstiens-toi et supporte, car ce qui t’arrive participe à la santé de l’univers », tel
est le maître-mot des stoïciens ! Le stoïcisme est en effet une doctrine philosophique qui
considère que l’univers matériel est de nature divine. Alors, il faut séparer ce qui dépend de
nous comme ce qui ne dépend pas de nous. Ne dépend pas de nous tout ce qui nous arrive
de l’extérieur : maladies, douleurs, situation sociale, mort etc.
Dans la tradition judéo-chrétienne également, l’idée de l’homme qui subit l’histoire est
largement défendue. Ici, c’est Dieu le responsable de tout ce qui advient. Saint
AUGUSTIN exprime cette idée dans Quatre-vingt-trois questions diverses : « La
providence divine qui conduit admirablement toutes choses, gouverne la suite des
générations humaines, depuis Adam jusqu’à la fin des siècles ». En clair, tout ce qui arrive
dans la vie de l’homme et même des peuples est le fait de Dieu et de Dieu seul.

2) L’idéalisme hégélien et l’histoire

Pour Georg Wilhelm Friedrich HEGEL, il y a un principe transcendant : la Raison,


l’Esprit ou encore l’Idée qui conduit l’histoire des hommes et la mène vers un but : le
continuel perfectionnement. Dès lors, derrière chaque évènement, il faut pouvoir
reconnaître cet esprit réincarné (se transformer) en tant qu’il se sert des passions, des
intérêts ou des évènements comme autant de moyens par lesquels il met les hommes pour
accomplir ses desseins (projet, plan, intention …) Ainsi, Hegel écrit ce qui suit dans La
Raison dans l’histoire : « L’Idée est en vérité ce qui mène les peuples et le monde, et c’est
l’Esprit, sa volonté raisonnable et nécessaire, qui a guidé et continue de guider les
évènements du monde ». L’homme apparaît ici comme un jouet trop souvent involontaire
d’une histoire qui le dépasse et le contient.
Mais en réalité, l’homme n’est-il pas l’artisan de son histoire et de l’histoire ?

Activité d’application 2
Activité 3 Manuel p. 180

B/ L’HOMME, SUJET DE L’HISTOIRE (voir page 175 Manuel Philo Tles)

Présenter l’homme sujet de l’histoire, c’est admettre que celle-ci dépend des initiatives,
actions, choix …, en un mot, de la volonté des êtres humains. Ce point de vue se trouve
chez MARX ou SARTRE.

1) Le matérialisme historique et le rôle de l’homme dans l’histoire

La conception matérialiste de l’histoire est une philosophie de l’histoire fondée par Karl
MARX et Friedrich ENGELS selon laquelle les évènements historiques sont conditionnés
par l’influence des moyens de production dont découlent les classes sociales. La lutte des
classes est ainsi le moteur de l’histoire. Marx décrit en partie cette idée dans Le 18ème
brumaire de Louis Napoléon Bonaparte : « Les hommes font leur propre histoire ». Cette
approche accorde une part essentielle à l’économie dans la transformation du monde. L’idée
fondamentale de Marx est que l’homme peut agir sur ses conditions matérielles
d’existences ; il est capable de modifier en profondeur son histoire par ses actions. Jean
Paul SARTRE est assez proche de cette conception marxiste du rôle de l’homme dans
l’histoire.
2) La conception existentialiste de l’histoire

L’existentialisme historique suppose que l’être humain apparaît dans le monde, existe et se
définit après. Ainsi pour Sartre, l’homme est le seul artisan de son histoire. Il ne peut en
être autrement pour lui, puisqu’étant athée, il ne peut lier l’existence humaine à quelque
divinité, au destin, à la chance, etc. L’homme sartrien est un être de révolte, de refus, d’une
rébellion. Pour Sartre, on a toujours le choix et c’est par leur simple volonté que ceux qui
veulent agir s’engagent dans la transformation de l’ordre existant. L’homme en tant qu’être
de conscience est essentiellement libre ; dès lors, il n’est rien que son projet. « L’homme,
pense Sartre, est le moteur de l’histoire, il en est le principal acteur », L’existentialisme est
un humanisme.
Au final, tel que présenté par ces auteurs, par ses différentes initiatives, l’homme semble
avoir une position centrale dans le devenir historique. Mais parmi ces initiatives, peut-on
compter la philosophie ?

Activité d’application

Activités 3 et 4 Pp. 180-181 Manuel PHILO.

II-LA VALEUR DE LA PHILOSOPHIE DANS L’HISTOIRE

A/ LA PHILOSOPHIE : UNE ACTIVITE SUPERFLUE (qui n’est pas essentielle, qui


est superfétatoire)

Le sens commun a développé un préjugé défavorable à l’égard de la philosophie. Car il est


trop courant d’entendre dire que le philosophe est un rêveur et que la philosophie elle-
même ne se préoccupe pas des questions essentielles de l’humanité. Cela tient au fait que la
philosophie est réputée jusqu’ici purement spéculative ou abstraite. Elle se résume, pour
ainsi dire, à une contradiction de théories ou de thèses opposées les unes aux autres. C’est
pourquoi, s’interrogeant au sujet des philosophes, Jean Jacques ROUSSEAU (1712-1778)
écrit : « A les entendre, ne les prendrait-on pas pour une troupe de charlatans (bons
parleurs, qui aiment se faire valoir par de belles paroles) criant chacun de son côté sur une
place publique : venez à moi, c’est moi seul qui ne trompe point », Discours sur les sciences
et les arts. Par conséquent, la philosophie semble ne pas être digne de foi. Toutefois, ne
permet-elle pas d’assouvir (satisfaire) nos besoins ?

B/ LE RÔLE DE LA PHILOSPHIE DANS L’HISTOIRE DE L’HUMANITE

Au plan intellectuel, la philosophie en tant que quête perpétuelle de la vérité, du savoir, est
une activité intéressante pour l’humanité car elle nous délivre de l’ignorance. ARISTOTE
d’ailleurs révèle dans Métaphysique que « Ce fut bien pour échapper à l’ignorance que les
premiers penseurs se livrèrent à la philosophie ». Autrement dit, la valeur de la philosophie
s’observe dans le fait qu’elle est source de savoir. C’est pourquoi pour le mathématicien et
philosophe britannique Bertrand RUSSELL dans Problèmes de philosophie : « Celui qui
n’a aucune teinture de philosophie traverse l’existence emprisonné dans les préjugés qui
lui viennent du sens commun ». La philosophie délivre donc l’homme des pseudo-
connaissances (prétendus savoirs).

Activité d’application

Activités 7 et 8 Pp. 181-182 Manuel PHILO.

CONCLUSION
En fin de compte, la place de l’homme dans l’histoire semble dépendre surtout des
présupposés religieux et spirituels. Cependant, dans la pratique, l’homme, ignorant des
secrets des dieux, est appelé à initier tout ce qu’il peut pour améliorer son existence. Dans
cette volonté de s’épanouir et de progresser, diverses disciplines se donnent la main dont la
philosophie qui essaie, à sa façon, d’éclairer l’opinion. En revanche, ces efforts de
l’humanité peuvent-ils aboutir au bonheur de l’homme ?

l’histoire montre que le critère d’appartenance à l’humanité fait polémique : peuples, politiques et penseurs sont divisés. En effet, la problématique de
l’humanité dans l’histoire prend source dans l’affirmation de la culture et de la civilisation a engendré des conséquences comme l’esclavage, la colonisation, la
discrimination ethnique ou raciale… Mais comment en est-on arrivé là ? N’y a-t-il pas matière à repréciser le sens de l’humanité ?
I-LA NOTION D’HUMANITE
L’humanité peut être entendue comme l’ensemble des hommes, l’espèce humaine ou le genre humain. C’est aussi le caractère de ce qui est humain, ce qui
relève de la nature humaine.
Toutefois, le critère de l’humanité nous met aux prises avec deux approches : le point de vue naturaliste et le point de vue culturaliste.

A/ DU CRITERE DE L’HUMANITE
1. L’humanité comme une donnée naturelle
Pour le point de vue naturaliste et chez les biologistes, l’homme se connaît a priori comme un être biologique, c’est-à-dire comme un être ayant des traits de
caractères physiques bien définis et qui d’emblée s’imposent à tous : la morphologie, la bipédie, des mains préhensibles (le pouce différent et décalé des autres
doigts lui permettant de saisir les objets comme une pince : lh’omme, le singe), le langage, la raison. En clair, dès la naissance, l’homme possède déjà tous les
attributs et toutes les caractéristiques constitutives de l’humanité. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre cette idée de Claude LEVI-STRAUSS dans Les
structures élémentaires de la parenté : « tout ce qui est universel chez l’homme, relève de l’ordre de la nature ». De ce point de vue, la notion d’humanité peut
se rapporter à tout être q ui remplit les conditions citées plus haut. Mais cette conception est contesté par les culturalistes.
2.L’humanité comme une acquisition
Dire que l’humanité est une acquisition, c’est indiquer que l’homme en tant qu’être physique, brut, n’est pas pleinement humain à sa naissance. Il lui faut en
complément, intégrer des valeurs qui vont achever de lui conférer la qualité d’homme. Sur ce point, la culture et la civilisation passent pour être des arguments
sur lesquels s’appuient les défenseurs de cette thèse.
a)Approches définitionnelles
on appelle culture, l’ensemble des manières propres à un peuple, d’appréhender la vie, de penser et de faire, de parler, de juger et d’évaluer les conduites et les
comportements. Concrètement, la culture désigne ce qui s’ajoute au naturel, à l’inné.
Pour ce qui est de la civilisation, elle se présente comme l’ensemble des valeurs spirituelles par lesquelles l’espèce humaine s’arrache à la barbarie. Autrement
dit, c’est lorsque la culture atteint un niveau de raffinement qu’on parle de civilisation.
b)Culture et civilisation comme étalons (moteurs) de l’humanité
pour la thèse culturaliste, ce sont les éléments de la culture mieux, de la civilisation qui déterminent l’humanité. Ici, le sauvage ou l’inculte se caractérise par
le défaut de culture et ne saurait être confondu avec un être humain. C’est au nom de cette conviction que Friedrich HEGEL a pu par exemple refuser aux
noirs la qualité d’homme : « Le nègre représente l’homme naturel dans toute sa barbarie et son absence de discipline. (…) On ne peut rien trouver dans son
caractère qui s’accorde à l’humain », La raison dans l’histoire. Ainsi, sans culture et civilisation, il n’y a que le sauvage, le brut, le barbare, celui qui est proche
de la nature, le sous-homme.
Toutefois, une telle conception de l’homme n’est-elle pas nature à légitimer l’ethnocentrisme et autres abus constatés à travers l’histoire ?
L’HUMANITE COMME DOMINATION AU NOM DE LA CULTURE ET DE LA CIVILISATION
A/ CULTURE ET CIVILISATION COMME PROTECTION CONTRE LA BESTIALITE
L’histoire témoigne que les cultures et les civilisations n’ont cessé de se livrer des guerres hégémoniques, conformément à la tendance première de tous face à
l’étranger : le rejet. De ce fait, au nom des différences culturelles, les autres peuples sont traités de barbares et soumis à l’esclavage.
De même, les peuples s’autoproclamant dépositaires de la civilisation ont prétendu avoir un devoir d’humanisation et se sont livrés à la colonisation de
peuples d’Afrique, d’Asie, d’Amérique. « Les races supérieures (…) ont un devoir de civiliser les races inférieures » confirme Jules FERRY (1832-1893) dans
son Discours devant les députés français le 28 juillet 1885.
Aussi, les civilisations colonisatrices ont prétexté leur volonté de faire profiter des Lumières de la civilisation aux peuples colonisés au nom de l’humanité. En
témoignent ces mots d’Albert BAYET lors du Congrès de la Ligue des droits de l’homme consacré à la colonisation : « Apporter la science aux peuples qui
l’ignorent, leur donner routes, canaux, chemins de fer, autos, téléphone, organiser chez eux des services d’hygiène, leur faire connaître enfin les droits de
l’homme, c’est une tâche de fraternité ».
Mais dans la pratique, la colonisation n’aura été que le théâtre de la spoliation, de l’exploitation, de l’humiliation et du dénigrement de l’autre.

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