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Sujet : Peut-on juger objectivement la valeur d'une culture?

Tout d'abord, nous ne pouvons pas juger objectivement la valeur d'une culture : tout
jugement est subjectif car influencé par la culture de celui qui l'exprime. L'Idéal pour être objectif
serait de ne pas posséder de culture : cependant comme nous possédons tous une culture, nous
sommes condamnés à la subjectivité. En fait, nous pouvons aborder objectivement les autres, mais à
une condition : il faut renoncer à juger. C'est ce que fait l'ethnologue. Au lieu de juger, il décrit les
comportements qu'il observe, et cherche à les comprendre, c'est-à-dire à dégager leur sens. Il exclut
donc tout jugement de valeur. Il ne considère que les faits. Le dilemme que nous rencontrons est
alors le suivant : soit on juge et on est subjectif, soit on cherche à être objectif, mais du coup, on ne
peut pas juger. Le relativisme culturel, qui met en avant la diversité culturelle, souligne que chaque
culture possède ses propres normes et valeurs, lesquelles sont toutes valables dans leur propre
contexte. Ainsi, le relativisme culturel renforce le concept de l'objectivité totale dans le jugement de
la valeur d'une culture, ce qui est difficile à atteindre en raison de notre propre bagage culturel.
Lévi-Strauss dans son ouvrage « race et histoire » : définit l’ethnocentrisme comme une
attitude qui consiste à privilégier le groupe ethnique auquel on appartient et à considérer sa propre
culture comme le seul modèle de référence. On tend alors à dénigrer, rejeter les cultures différentes
de la nôtre. Le jugement ethnocentrique est non seulement irrationnel, mais aussi subjectif : on
considère la culture des autres à travers le prisme de sa propre culture comme le dit l'ethnologue :
« Nous nous déplaçons réellement avec ce système de référence, et les réalités culturelles du dehors
ne sont observables qu'à travers les déformations qu'il leur impose, quand il ne va pas jusqu'à nous
mettre dans l’impossibilité d'en apercevoir quoi que ce soit. ». L'objet du jugement, c'est toujours
l'autre ; le critère du jugement, c'est nous. L'ethnocentrisme est une faute : on croit que les autres
n'ont pas de culture, mais c'est faux : tout peuple a une culture. Lévi-Strauss démontre comment
cette tendance à considérer sa propre culture comme supérieure peut entraver tout jugement objectif
des autres cultures. En effet, cette attitude ethnocentrique a souvent conduit à des jugements de
valeur injustes sur les cultures étrangères. Pour juger la valeur d'une culture, il faudrait un critère.
Or, le choix du critère est toujours relatif à la culture d'origine.
Par exemple : le développement technique. Selon ce critère, la culture occidentale est
supérieure aux autres cultures. Mais ce critère est relatif. Si on change de critères, on obtient des
classements différents. Pour être objectif à défaut de juger, l'ethnologue doit chercher à comprendre,
il doit autant que possible aborder la culture des autres en faisant abstraction de sa propre culture. Il
doit redonner son sens à des pratiques culturelles qui sont différentes des nôtres qui semblent à
première vue absurde. On peut également citer l'exemple de l'analyse du cannibalisme par
Montaigne dans les Essais qui illustre le défi de juger objectivement la valeur d'une culture.
Effectivement, le philosophe a cherché à comprendre ce phénomène dans son contexte culturel et a
montré la possibilité d'approcher une certaine objectivité en évitant les jugements basés sur ses
propres normes culturelles.
Ainsi, juger objectivement la valeur d'une culture est entravé par notre propre "système de
référence". L'ethnocentrisme conduit à des jugements subjectifs. Pour échapper à ce dilemme, les
ethnologues se concentrent sur la compréhension plutôt que le jugement, qui constitue un moyen
essentiel pour dévoiler le sens des pratiques culturelles. Le relativisme culturel nous rapproche donc
d'une certaine forme d'objectivité bien que l'objectivité complète puisse être hors de notre portée.
Définitions :
Relativisme : Doctrine selon laquelle les valeurs morales, esthétiques dépendent de facteurs
historiques, sociaux, … et n'ont rien d'absolu.
Le relativisme culturel peut être défini comme la théorie selon laquelle tout idéal ou tout modèle
culturel est circonscrit dans son aire de validité relative : aucun n'est donc en droit universel ni dans
l'absolu supérieur à d'autres, et il n'existe pas de critère permettant d'évaluer les croyances, les
comportements ...
Le relativisme moral est une opinion de plus en plus répandue dans les sociétés occidentales
modernes. Il ne consiste pas seulement à constater la diversité des normes morales, mais aussi à
juger que toutes ces normes se valent : il n’existerait aucune valeur morale universelle, valable pour
tous, mais seulement diverses conceptions du bien et du mal limitées à des cultures particulières.
Ethnocentrisme : Tendance à privilégier le groupe ethnique auquel on appartient et à en faire le
seul modèle de référence.

Une autre forme d'ethnocentrisme est l'évolutionnisme Edward Tylor refuse de considérer
les cultures primitives comme « barbare » ou « sauvage »: il reconnaît que tout homme à une
culture. En ce sens, il affirme l'unité du genre humain. Mais il explique la diversité culturelle par
l'évolution. Entre les cultures dite primitive et les autres il y a une différence non pas de nature mais
de degré : et correspondent à différent stade dans l'évolution. L'évolutionnisme est donc une forme
insidieuse d’ethnocentrisme: la culture « moderne» reste la culture de référence celle qui constitue
le point d'aboutissement dans le processus de l'évolution, et que les cultures« primitives» doivent
rejoindre. Comme le remarque Lévi-Strauss « il s'agit d'une tentative pour supprimer la diversité des
cultures tout en faignant de la reconnaître pleinement ».

Edward Burnett Tylor est un anthropologue britannique, connu pour sa théorie de l'évolution
culturelle. Il a avancé l'idée que les sociétés passent par des stades de développement culturel, de la
"culture primitive" à la "culture civilisée". Sa théorie était influencée par la pensée évolutionniste de
son époque, et il a également introduit des concepts tels que l'animisme et la notion de "survie"
culturelle. Tylor est considéré comme l'un des fondateurs de l'anthropologie culturelle. Il est le
premier titulaire de la chaire d'anthropologie de l'université d'Oxford. (L'anthropologie est une
discipline qui étudie l'humanité dans sa globalité, en explorant sa diversité culturelle, sociale,
biologique et historique. Elle vise à comprendre les comportements, les croyances, les institutions,
les coutumes et les relations humaines à travers le temps et l'espace. )
commisération :Sentiment de pitié qui fait prendre part à la misère d'autrui.
Dépravés : corrompu moralement
mœurs : Habitudes (d'une société, d'un individu) relatives à la pratique du bien et du mal.
Des mœurs dissolues.
Érodé : détruire par une action lente.
Altéré : changer négativement

Dans le discours de Rousseau sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les
hommes, la pitié est présentée comme un sentiment naturel qui découle de l'empathie et de la
compassion envers autrui. Cependant, Rousseau soutient que ce sentiment peut être modéré ou
altéré par les influences de la société. La société, selon lui, introduit des éléments tels que la
compétition, la propriété et la comparaison sociale, qui peuvent éroder la pitié naturelle. L'inégalité
naît de ces facteurs, et la pitié peut être submergée par des préoccupations égoïstes. Ainsi, bien que
la pitié soit un sentiment naturel, elle peut être étouffée par les forces sociales qui façonnent nos
interactions et nos comportements.

Étude du texte :

1) Rousseau affirme que la pitié est un sentiment innée chez les êtres humains. Elle est
universelle et précède la réflexion, étant même présente chez les animaux.
2) Il appuie sur la force de la pitié et affirme qu'elle persiste même dans les sociétés
corrompues.
3) Rousseau mentionne Mondeville pour souligner que même avec des systèmes moraux et
rationnels, les êtres humains seraient monstrueux sans la pitié. ("Monsieur de Mondeville,"
le prêtre qui a été l'un des professeurs de Jean-Jacques Rousseau lorsqu'il était jeune).
4) Rousseau parle de la l'éloignement que crée la réflexion entre un individu et les soufrrances
d'autrui. Il suggère que la réflexion et la philosophie peuvent rendre une personne
indifférente à la souffrance d'autrui. L'idée de mettre ses mains sur ses oreilles et de
s'argumenter signifie se détacher émotionnellement des souffrances de la personne pour ne
pas s'identifier à elle. Or l'homme sauvage qui n'a pas ce système moral sophistiqué, ne
possède pas cette capacité de détachement, il toujours guidé pas son instinct naturel
d'empathie envers les autres.
5) Le philosophe affirme que la pitié est une émotion naturelle qui nous pousse à secourir les
autres sans réfléchir. Cependant la raison peut éloigner les individus de cette émotion, créant
un écart entre eux à la souffrance d'autrui.

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