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UTOPIES ET DYSTOPIES Coordonné par Obed Frausto,

DANS L’IMAGINAIRE POLITIQUE


UTOPIES ET DYSTOPIES
DANS L’IMAGINAIRE POLITIQUE Sébastien Lefèvre et Angélica Montes

Quelle place occupe l’utopie dans l’imaginaire social et politique ?


Quelles formes prend la dystopie pour nous femmes et hommes du
XXIe siècle ?
Ce livre réexamine ainsi les notions d’utopie et de dystopie, en
expliquant dans quel contexte elles sont revendiquées de nos jours. Et il UTOPIES ET DYSTOPIES
croise les lectures disciplinaires, les analyses et les interprétations, des
contributions issues à la fois du Sud global et du Nord global. DANS L’IMAGINAIRE
POLITIQUE

Obed Frausto, docteur en philosophie, professeur adjoint en sciences humaines à Ball


State University (Indiana, États-Unis).

Sébastien Lefèvre, enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger au Sénégal,


est chargé de cours de littérature et civilisation afrohispaniques.

Sébastien Lefèvre et Angélica Montes


Angélica Montes Montoya, docteure en philosophie (Université Paris 8), enseignante
et essayiste. Elle travaille le multiculturalisme politique, la démocratie, le traitement
politique de la question « afro », «la politique du désastre» et la «créolisation».

Coordonné par Obed Frausto,


Liste des contributeurs : Alasdair MacIntyre, Santiago Castro-Gómez, Patrice
Vermeren, Luciana Cadahia, Angélica Montes Montoya, Hugo Busso, Rita Segato,
María Haydeé García Bravo, José Guadalupe Gandarilla Salgado, Ricardo Espinoza
Lolas, Obed Fraust, Rocío Zambrana, Rémy Bazenguissa-Ganga, Sébastien Lefèvre,
Carlos Andrés Duque Acosta.

LA PHILOSOPHIE EN COMM U N
Collection dirigée par Stéphane Douailler, Jacques Poulain et Patrice Vermeren

Illustration de couverture : © Isabelle Bigard.

ISBN : 978-2-14-027925-6
26 € 9 782140 279256
Utopies et dystopies
dans l’imaginaire politique
La Philosophie en commun
Collection dirigée par Stéphane Douailler,
Jacques Poulain, Patrice Vermeren

Nourrie trop exclusivement par la vie solitaire de la pensée, l'exercice de la réflexion


a souvent voué les philosophes à un individualisme forcené, renforcé par le culte de
l'écriture. Les querelles engendrées par l'adulation de l'originalité y ont trop aisément
supplanté tout débat politique théorique.
Notre siècle a découvert l'enracinement de la pensée dans le langage. S'invalidait et
tombait du même coup en désuétude cet étrange usage du jugement où le désir de tout
soumettre à la critique du vrai y soustrayait royalement ses propres résultats.
Condamnées également à l'éclatement, les diverses traditions philosophiques se
voyaient contraintes de franchir les frontières de langue et de culture qui les
enserraient encore. La crise des fondements scientifiques, la falsification des divers
régimes politiques, la neutralisation des sciences humaines et l'explosion
technologique ont fait apparaître de leur côté leurs faillites, induisant à reporter leurs
espoirs sur la philosophie, autorisant à attendre du partage critique de la vérité jusqu'à
la satisfaction des exigences sociales de justice et de liberté. Le débat critique se
reconnaissait être une forme de vie.
Ce bouleversement en profondeur de la culture a ramené les philosophes à la
pratique orale de l'argumentation, faisant surgir des institutions comme l'École de
Korcula (Yougoslavie), le Collège de Philosophie (Paris) ou l'Institut de Philosophie
(Madrid). L'objectif de cette collection est de rendre accessibles les fruits de ce partage
en commun du jugement de vérité. Il est d'affronter et de surmonter ce qui, dans la
crise de civilisation que nous vivons tous, dérive de la dénégation et du refoulement
de ce partage du jugement.

Dernières parutions

Graciela FERRÁS, L’indianisme en Amérique latine : Ricardo Rojas, 2022.


Horacio GONZALEZ et Patrice VERMEREN, Paul Groussac. La langue de
l’émigré, 2022.
Carlos DEL VALLE ROJAS, L’ennemi, Production, médiatisation et globalisation,
2022.
Irma Julienne ANGUE MEDOUX, La philosophie comme esthétique culturelle,
2022.
Patrick VAUDAY, Bifurcations, 2022.
Édité par Domenico COLLACCIANI, Blanche GRAMUSSET-PIQUOIS et
Francesco TOTO, Lectures du Traité Théologico-politique, Philosophie, religion,
pouvoir, 2021.
Coordonné par Obed Frausto,
Sébastien Lefèvre et Angélica Montes

Utopies et dystopies
dans l’imaginaire politique
Des mêmes auteurs :
Obed Frausto est co-éditeur avec Jason Powell et Sarah Vitale de
l'ouvrage The Weariness of Democracy (Suisse : Palgrave Macmillan,
2020) ; auteur de Tres tradiciones en la teoría de la legitimidad política
(Barcelone : Terra Ignota, 2021) ; coordinateur avec Raúl Trejo
Villalobos de Filosofía de los pueblos originarios/Philosophy of
Indiginous (Mexique: Bajo Tierra Ediciones, sous presse) ; et auteur
The Power of the Metaphysical Artifact (Lexington Press, sous presse).
Angélica Montes est auteure de La répresentation du sujet noir dans
l’historiographie colombienne (Paris : L’Harmattan, 2015) et co-
autrice de Desafíos de la educación y la movilidad social
en Latinoamérica (Colombia : Ediciones Universidad Simón Bolivar,
2020).

© L’Harmattan, 2022
5-7, rue de l’École polytechnique, 75005 Paris

www.harmattan.fr

ISBN : 978-2-14-027925-6
EAN : 9782140279256
Introduction

Utopie et dystopie dans les imaginaires politiques

Avec la victoire du modèle occidental capitaliste sur le modèle soviétique


communiste, on nous avait annoncé la fin de l’histoire.1 Et parce qu’il ne peut
plus y avoir d’histoire, il n’y a plus de raison d’imaginer de nouvelles utopies.
L’utopie est morte ! Actuellement, il est impossible d’imaginer un monde sans
capitalisme et plus ouvert à l’hospitalité de l’autre (l’étranger) ; il est plus
facile d’imaginer la fin du monde et les récits dystopiques occupent une partie
non négligeable de l’intérêt dans l’espace culturel, social et politique à l’aube
de ce XXIe siècle.

La mondialisation a conduit à repenser l’idée même de nation comme


communauté homogène et souveraine. En outre, avec la mondialisation, l’idée
même du « monde » a changé. La mondialisation nous a amenés à penser que
nous étions des citoyens du monde et que de la même façon que les
marchandises et les capitaux traversaient les frontières, nous allions pouvoir
le faire également. Et soudain, les États ne nous sont plus apparus aussi
indispensables, imaginant ainsi que nous pouvions nous passer des États et de
l’idée de Nation (en tant qu’outil de cohésion pour des populations
hétérogènes). En d’autres termes, la Mondialisation a fait sous-entendre l’idée
que les États-nations modernes n’existent que comme un dispositif
d’oppression (colonial et néolibéral) et que d’autres formes politiques peuvent
venir le remplacer. En réalité, sur le plan politique, cette idée de
Mondialisation a encore plus fragmenté le monde en archipels de
communautés en perpétuelle reconstruction.

Cette condition a pour conséquence qu’aujourd’hui l’État a cessé d’être


garant de la démarcation entre l’usage légitime et l’usage illégitime de la
violence. Ainsi, à force de chercher à rétablir cette légitimité de la violence,
dans les sociétés contemporaines, le rôle de l’État reste concentré sur le
contrôle, qui devient même sa raison d’être, laissant de côté un point central,
sa capacité à nous offrir une idée du commun au milieu des hétérogénéités qui
nous constituent en tant que sociétés. Cette situation désactive le sentiment de
solidarité. La solidarité semble être réservée à ceux et celles qui appartiennent
à la seule « tribu » ou « communauté » réelle ou supposée.

1 Francis Fukuyama, The End of History and the Last Man (New York: Free Press, 2006)

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