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01/02/2021 Les Martyrs de Chicago - aux origines du 1er mai - Rebellyon.

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Les Martyrs de Chicago - aux


origines du 1er mai
Le 1er mai 1886, la pression syndicale permet à environ 200 000
travailleurs américains d’obtenir la journée de huit heures. Mais
d’autres, moins chanceux, au nombre d’environ 340 000, doivent
faire grève pour forcer leur employeur à céder.
Le 3 mai, une manifestation fait trois morts parmi les grévistes de la société McCormick Harvester, à Chicago. Une
marche de protestation a lieu le lendemain et dans la soirée, tandis que la manifestation se disperse à Haymarket
Square, il ne reste plus que 200 manifestants face à autant de policiers. C’est alors qu’une bombe explose devant
les forces de l’ordre. Elle fait une quinzaine de morts dans les rangs de la police.

Les Martyrs de Chicago - aux


origines du 1er mai

Le 4 mai 1886 se tient un meeting à Chicago. Deux orateurs


anarchistes, Albert Parsons et August Spies, prennent la parole pour
défendre la revendication de la journée de huit heures. Les
« Chevaliers du Travail » (Knights of Labor) lancent en effet une
grande campagne afin d’obtenir cette revendication. Soudain une
bombe explose parmi les policiers qui tirent dans la foule.

Huit militants anarchistes sont arrêtés : Auguste Spies, Samuel


Fielden, Oscar Neebe, Michel Schwab, Louis Lingg, Adolphe
Fischer, Georges Engel et Albert Parsons. Les huit accusés sont
condamnés à être pendus. Une mesure de grâce intervint pour
Schwab, Fielden et Neebe.

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Une campagne de solidarité ne peut les faire libérer. Le 11 novembre


1887, Parsons, Spies, Fisher et Engel sont pendus (Lingg s’est
suicidé). Le 1er Mai devient Journée internationale des travailleurs en
souvenir des « Martyrs de Chicago ».
Texte & Dessins : OLT

Aux origines du 1er mai


Fondée en 1881, l’ancêtre directe de l’AFL [1], la FOTLU [2] ne regroupe que les ouvriers qualifiés (des hommes,
blancs et américains de souche) et ne compte que 50 000 adhérents. Mais lors d’un congrès elle décide de mettre au
premier plan de ses revendications la journée de huit heures et de retenir la date du 1er mai 1886 pour une
manifestation de masse. Commence alors une immense campagne de propagande qui renforce l’organisation. Dès
avril 1886, quelques entreprises accordent même à leurs salariés la journée de huit heures sans diminution de
salaire : 200 000 travailleurs environ bénéficièrent d’une réduction de travail.

En 1886, les Chevaliers du Travail (fondé en 1868 avec de fortes références maçonniques [3]) rassemble tous les
travailleurs au niveau d’une localité, Blancs et Noirs, femmes et hommes, Américains de « souche » et
immigrants : ouvriers qualifiés et non, ils représentent plus de 700 000 adhérents. Les adhérents de l’Ordre jouèrent
le rôle principal dans la grève du 1er mai 1886, bien que la direction de l’Ordre l’ait condamnée. Les responsables
et les militants des Chevaliers du Travail furent les principales victimes de la répression après le massacre de
Haymarket, bien que la direction de l’Ordre ait refusé d’intervenir en faveur des condamnés de Chicago. Les
Chevaliers du Travail allaient par la suite rapidement péricliter.

L’initiative des ouvriers américains n’aurait eu qu’un faible retentissement dans le pays et à l’étranger sans les
événements tragiques de Chicago qui émurent le monde entier.

Sûrs de l’impunité, les milices patronales provoquaient des incidents sanglants. Le 3 mai, des ouvriers qui manife
devant l’usine de machines agricoles Mac Cormick, à Chicago sont tirés à bout portant par des détectives privés, la
bataille qui s’engage fait de nombreuses victimes. Les grévistes sont principalement d’origine allemande et, dans
leur journal « Arbeiter Zeitung » (Journal des Travailleurs) paraît l’appel suivant :

« Esclaves, debout !
La guerre de classes est commencée. Des ouvriers ont été fusillés hier devant l’établissement Mac Cormick. Leur
sang crie vengeance. Le doute n’est plus possible. Les bêtes fauves qui nous gouvernent sont avides du sang des
travailleurs, mais les travailleurs ne sont pas du bétail d’abattoir. A la terreur blanche, ils répondront par la terreur
rouge. Mieux vaut mourir que de vivre dans la misère. Puisqu’on nous mitraille, répondons de manière que nos
maîtres en gardent longtemps le souvenir. La situation nous fait un devoir de prendre les armes. »

Dans la soirée du 4 mai, plus de 15 000 ouvriers se rendent sur la place au foin (Haymarket) pour y manifester
pacifiquement (il leur avait été commandé de s’y rendre sans armes). Des discours sont prononcés, notamment par
Spies, Parsons, Fielden. La foule se retire, quand une centaine de gardes nationaux charge avec violence. Une
bombe, lancée on ne sait d’où, tombe au milieu des forces de police en tuant sept et en blessant grièvement une
soixantaine. Les autorités procède à des arrestations parmi les meneurs de grévistes et les rédacteurs de l’« Arbeiter
Zeintung » : Auguste Spies, né à Hesse (Allemagne), en 1855 ; Samuel Fielden, sujet anglais, né en 1846 ; Oscar

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Neebe, né à Philadelphie, en 1846 ; Michel Schwab, né à Mannhelm (Allemagne), en 1853 ; Louis Lingg, né en
Allemagne, en 1864 ; Adolphe Fischer, né en Allemagne, en 1856 ; Georges Engel, né en Allemagne, en 1835 ;
Albert Parsons, Américain, né en 1847.

Le verdict est rendu le 17 mai. Les huit accusés sont condamnés à être pendus. Une mesure de grâce intervint pour
Schwab et Fielden, dont la peine est commuée en prison à perpétuité, et de Neebe dont la peine est réduite à quinze
ans de prison. Le 11 novembre 1887, les autres sont exécutés, mis à part Lingg qui s’est suicidé.

Six ans plus tard, un nouveau gouverneur de l’Illinois John Altgeld, conclut à l’entière innocence des condamnés :
« Une telle férocité n’a pas de précédent dans l’histoire. Je considère comme un devoir dans ces circonstances et
pour les raisons ci-dessus exposées, d’agir conformément à ces conclusions et j’ordonne aujourd’hui, 26 juin 1893,
qu’on mette en liberté sans condition Samuel Fielden, Oscar Neebe et Michel Schwab ». Spies, Lingg, Engel,
Fischer et Parsons sont réhabilités.

L’idée américaine est reprise par les travailleurs des autres pays. En 1889, à Paris, lors d’un congrès international,
une proposition demandant « l’organisation d’une grande manifestation internationale en faveur de la réduction des
heures de travail qui serait faite à une date fixe, la même pour tous » est adoptée et la date en est celle choisie par
les travailleurs américains. Le 1er mai prend alors dans le monde entier la signification d’une journée de
revendication des travailleurs face à la société capitaliste.

OLT

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LE 1er MAI : SYMBOLE D’UNE ÈRE NOUVELLE DANS LA VIE ET LA


LUTTE DES TRAVAILLEURS
par Makhno (écrit en 1928)

La journée du premier Mai est considérée dans le monde socialiste comme la fête du Travail. C’est
une fausse définition du 1er Mai qui a tellement pénétré la vie des travailleurs qu’effectivement dans
beaucoup de pays, ils le célèbrent ainsi. En fait, le premier mai n’est pas un jour de fête pour les
travailleurs. Non, les travailleurs ne doivent pas, ce jour là rester dans leurs ateliers ou dans les
champs. Ce jour là, les travailleurs de tous pays doivent se réunir dans chaque village, dans chaque
ville, pour organiser des réunions de masse, non pour fêter ce jour ainsi que le conçoivent les
socialistes étatistes et en particulier les bolcheviks, mais pour faire le compte de leurs forces, pour
déterminer les possibilité de lutte directe contre l’ordre pourri, lâche esclavagiste, fondé sur la
violence et le mensonge. En ce jour historique déjà institué, il est plus facile à tous les travailleurs de
se rassembler et plus commode de manifester leur volonté collective, ainsi que de discuter en commun
de tout ce qui concerne les questions essentielles du présent et de l’avenir.

Il y a plus de quarante ans les travailleurs américains de Chicago et des environs se rassemblaient le
premier Mai. Ils écoutèrent là des discours de nombreux orateurs socialistes, et plus particulièrement
ceux des orateurs anarchistes, car ils assimilaient parfaitement les idées libertaires et se mettaient
franchement du côté des anarchistes.

Les travailleurs américains tentèrent ce jour là, en s’organisant, d’exprimer leur protestation contre
l’infâme ordre de l’Etat et du Capital des possédants. C’est sur cela qu’interviennent les libertaires
américains Spiess, Parsons et d’autres. C’est alors que ce meeting fut interrompu par des provocations
de mercenaires du Capital et s’acheva par le massacre de travailleurs désarmés, suivi de l’arrestation et
de l’assassinat de Spiess, Parsons et d’autres camarades.

Les travailleurs de Chicago et des environs ne se rassemblaient pas pour fêter la journée du premier
Mai. Ils s’étaient rassemblés pour résoudre en commun les problèmes de leur vie et de leurs luttes.

Actuellement aussi, partout où les travailleurs se sont libérés de la tutelle de la bourgeoisie et de la


social démocratie liée à elle (indifféremment menchevique ou bolchevique) ou bien tentent de le faire,
ils considèrent le 1er Mai comme l’occasion d’une rencontre pour s’occuper de leurs affaires directes
et se préoccuper de leur émancipation. Ils expriment, à travers ces aspirations, leur solidarité et leur
estime à l’égard de la mémoire des martyrs de Chicago. Ils sentent donc que cela ne peut être pour eux
un jour de fête. Ainsi, le premier Mai, en dépit des affirmations des « socialistes professionnels »
tendant à le présenter comme la fête du travail, ne peut pas l’être pour les travailleurs conscients.

Le premier Mai, c’est le symbole d’une ère nouvelle dans la vie et la lutte des travailleurs, une ère qui
présente chaque année pour les travailleurs, de nouvelles, de plus en plus difficiles, et décisives
batailles contre la bourgeoisie, pour la liberté et l’indépendance qui leur sont arrachées, pour leur idéal
social.

(Source : Diélo trouda, n°36, 1928)

P.-S.
La BD est parue dans La Brique n°13 - avril 2009. http://www.labrique.net/
Lire aussi sur le sujet Retour sur l’histoire du 1er mai sur le site Hérodote.
Lire aussi : Le lendemain du 30 avril...

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Retrouvez tous les articles et bande dessinées historiques d’Olt :

L’internationale chanté pour la première fois le 23 juillet 1888


Naissance de Ricardo Flores Magon le 16 septembre 1874
La tuerie d’immigrés italiens à Aigues-Mortes le 19 août 1893
Émile Pouget et la fondation du « Père Peinard » le 24 février 1889
Début de la grève des boutonniers de l’Oise le 3 mars 1909
Émeutes d’Armentières en 1903 : « le tarif ou la mort ! »
Francisco Ferrer meurt assassiné le 13 octobre 1909
Le Parti Libéral Mexicain de Praxedis Gilberto Guerrero lance le programme « Tierra y libertad » le
23 septembre 1911
10 juillet 1934 : Erich Mühsam est assassiné par les nazis
Nestor Makhno, l’insurrectionnel, meurt le 24 juillet 1934
La CNT espagnole : de la révolution à l’exil
Le 11 décembre 1978 : Baroud d’honneur à Longwy et Denain
Le 19 avril 1993 avait lieu le massacre de Waco

Notes
[1] American Federation of Labor (Fédération Américaine du Travail - AFL).

[2] Fédération des Métiers Organisés et des Syndicats de Travailleurs.

[3] Le Noble and Holy Order of the Knights of Labor (Noble et saint ordre des chevaliers du travail).

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