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Chapitre 2

I- Le « moment 1848 », une république démocratique et sociale

A- Les espoirs de février 1848

1) Insurrections et fin de la Monarchie de Juillet à Paris et en province

Campagne des banquets à partir de 1847 : mobilise et touche principalement, au début, les centres
urbains. = thème de l’abaissement du cens.

30 décembre 1847, le banquet par officiers de la Garde nationale du 12e arrondissement, est interdit. Re
interdit en février 48. Garde nationale armée déployée. 21 février, députés et chefs politiques se retirent
du mouvement. Pourtant, entre 22 et 24 février = insurrection. Paris = barricades. Le 22 février,
regroupement boulevards.

23 février, poussé par le roi, F. Guizot annonce sa démission. Le comte Molé, proche du roi, est nommé.
Fusillade éclate boulevard des Capucines.

Le 24 février, Paris = barricades. 1500 autour des Tuileries. Louis-Philippe abdique en faveur de son petit-
fils, le Comte de Paris, â gé de 9 ans. Sa mère devient régente. Mais, la foule envahit la chambre. Les
membres de la famille royale fuient Paris et sont condamnés à l’exil en Angleterre. FIN MONARCHIE.

Importance de l’oral et de l’iconographie : chant de La Marseillaise, attaques répétitives des effigies du


souverain dans lieux de pouvoir Ex : Tuileries, statue souverain décapitée et brû lée. 24 février. Aux
Tuileries, les insurgés s’assoient sur le trô ne royal, en parodiant le roi. On y inscrit « La peuple de Paris à
l’Europe entière. Liberté Egalité Fraternité, 24 février 1848 », puis, on publicise le geste dans toute la ville,
promenant le trô ne de boulevards en boulevards, de barricades en barricades et, enfin, il est brû lé au pied
de la colonne de Juillet, place de la Bastille.

Réactions en provinces : Lyon, réaction radicale. Dès 20 février, membres de sociétés secrètes se
réunissent à la Croix Rousse (Joseph Benoît) = comité révolutionnaire. Un groupe de trois républicains,
Joseph Bergier qui siège au conseil municipal de Lyon, des négociants, un enseignant, un notaire (qui sera
maire, Démophile Laforest) réclament la réorganisation de la Garde nationale, dissoute en 1834. Dans la
foulée, 55 ouvriers de la Croix Rousse s’installent dans l’Hô tel de Ville en chantant La Marseillaise.  La
république est proclamée et une commission provisoire est formée.

Ailleurs, dès 25 février, l’insurrection débute partout ailleurs en France. En Alsace, on va s’attaquer à des
symboles de la fiscalité comme les maisons des créanciers juifs pour la plupart. A Limoges, un comité
administratif provisoire se constitue, sous la présidence de Théodore Bac, disciple de P. Leroux. Diverses
mesures sociales sont prises, notamment la libération des détenus du Buzançais. Le 26 févier, une société
populaire est fondée, administrée par des Républicains de tous bords. A Reims, de nombreux ouvriers
incendient l’usine textile d’un conseiller municipal conservateur, Théodore Croutelle.

 Sous la pression du mouvement populaire, un gouvernement provisoire est rapidement mis en


place. Il est composé de personnalités de l’opposition, républicains modérés et démocrates.

2) Une révolution sociale à portée politique

Idée de République. Décrets mis en place droit au travail (25 février), abolition de la peine de mort (26
février), (28 février) Commission du Luxembourg, abolition des titres de noblesse (29 février), ouverture
de la Garde nationale à tous les citoyens (8 mars), libertés de presse, de réunion et d’association, abolition
du marchandage, limitation de la journée de travail, ouverture des Ateliers nationaux (2 mars) : attentes
des ouvriers des insurrections de 1840, (4 mars), l’esclavage est aboli, (5 mars) suffrage universel.

 1848 devient alors le terrain d’expérimentation de la souveraineté populaire.


B- Mars-mai 1848 : après l’enthousiasme des débuts, le désenchantement ?

1) Mars-avril 1848 : les incertitudes des lendemains :

A Paris, le 16 mars, les « bonnets à poil », ou gardes nationaux, manifestent contre la


réorganisation de la garde sur des bases territoriales, intégrant de fait des recrues sans condition de
propriété, critiquent l’élection des chefs au suffrage universel > Maurice Agulhon démonstration de
l’opposition de droite. Après la fraternité, vient donc le temps des divisions. En effet, ces gardes
redoutent leur dilution dans la masse des ouvriers et souhaitent conserver des réseaux
d’interconnexion : 30 000 et 60 000 à manifester. On note de la violence.

Le lendemain, près de 200 000 hommes manifestent, encadrés par les délégués de la
commission du Luxembourg. Ils défilent par rang de dix et sont groupés par corporation. Les
délégués présentent une pétition demandant le report des élections de la Garde nationale et de
l’Assemblée constituante. Des rumeurs circulent, coup d’Etat organisé par Blanqui.

2) Des réactions plus traditionnelles face à la politique fiscale de la Seconde


République :

Dette de 960 millions de francs, faillite de grandes maisons de banque. Création impôt des 45
centimes par franc qui pèse plus lourdement sur les campagnes = résistance à la fiscalité, notamment
dans le Sud-Ouest et chez les vignerons. Le 15 juin, dans la Creuse, 400 paysans se heurtent aux
portes de Guéret à un barrage de gardes nationaux. On prétexte « qu’on n’a pas le droit de nous
demander de l’argent ; il n’y a plus de roi, plus de gouvernement ». Cette question de l’impôt devient
une question de survie pour le paysan et, in-fine, pour la République. Un coup de feu part. On
compte 16 morts et 25 blessés. Le 9 mai, 200 hommes attaquent les gardes forestiers à Bagnères de
Bigorre dans les Pyrénées. Ces agitations antifiscales, anciennes, vont perdurer tout au long de
l’année.

3) La manifestation du 15 mai :

150 000 manifestants défilent jusqu’à l’Assemblée, faiblement défendue par la Garde
nationale. Ils l’envahissent. Un militant, du nom d’Huber va même jusqu’à déclarer « Au nom du
peuple, l’Assemblée nationale est dissoute ». Partent ensuite pour l’hôtel de ville afin d’y proclamer
un nouveau gouvernement provisoire. Mais très vite, on procède à plus de 400 arrestations pour «
atteinte à la sécurité de la République ».

C- L’insurrection de juin 1848 : un combat social et politique

1) Le retour des barricades :

Parmi les motivations, la dissolution des Ateliers nationaux : fin des espoirs en une
république sociale et en un droit au travail. Les insurgés se battent pour leur maintien mais aussi
pour une république démocratique et sociale.

Le 22 juin, le mouvement est lancé par les ouvriers des Ateliers nationaux. Ils sont 1500 à
manifester au son du « Du travail ou du pain ! »

Le 23 juin, les premiers affrontements se déroulent sur les boulevards. Le 24 juin, l’état de
siège est déclaré. Cavaignac est nommé chef de l’exécutif avec les pleins pouvoirs. Alors que les
barricades se réduisent sur la rive gauche, il lance l’assaut.

Le 25 juin, la lutte devient acharnée. La prise du faubourg Saint-Antoine, rive droite, se fait
dans la violence : on parle de 1400 morts, 100 suspects sont arrêtés, de milliers de blessés.
Le 26 juin, la défaite des insurgés paraît inéluctable. La répression devient impitoyable.

2) Juin en province

Marseille, l’affrontement est très violent depuis le 22 juin.

3) Dernière insurrection ?

Aux lendemains de l’insurrection, le gouvernement fait aussi preuve, paradoxalement, d’une volonté
de réconciliation, traduite par une cérémonie en l’honneur des victimes le 6 juillet. Un autel
somptueux est dressé place de la Concorde. Plusieurs funérailles publiques tendent également à
clore le chapitre : funérailles de Chateaubriand, des soldats, de Mgr Affre en juin. C’est aussi le
symbole du retour de l’ordre, dont Cavaignac est le grand vainqueur. Fin juin, il devient président du
Conseil. Le parti de l’Ordre étend alors son influence au sein du gouvernement.

D- La fin des idéaux :

1) « Louis-Napoléon Bonaparte président ! » : vers une fracture sociale

Le 10 décembre 1848, il est largement élu avec 5, 4 millions de voix. Elections législatives de mai
1849 confortent l’assise des monarchistes, tout en affirmant une poussée des « rouges »

A partir de la fin de l’année 1849 et en 1850, on interdit les clubs, puis les associations de secours
mutuel. Les loges maçonniques sont épurées. Le 16 juillet 1850, la loi Riancey impose que tout article
politique, religieux ou philosophique soit signé par son auteur. Le droit de réunion est contrôlé. La loi
Falloux de 1850 établit la liberté de l’enseignement secondaire, démantelant ainsi le monopole
universitaire au profit de l’Eglise = on traque les lieux républicains.

Le 31 mai 1850, une loi ôte le droit de vote à près de 3 millions d’électeurs. On compte ainsi 6 800
000 électeurs. Sont exclus du vote, tous les hommes qui ne résident pas dans la commune depuis au
moins trois ans. D’emblée, cela exclut toutes les professions itinérantes. Dans les départements de
Paris et de la Seine, les radiations atteignent 60% des inscrits. A Roubaix, 80% des inscrits sont radiés.
Sont également exclus du suffrage les condamnés à plus d’un mois de prison pour rébellion, outrages
et violences, coupables de délits sur les attroupements.

En 1850, les journaux, les clubs et les sociétés républicaines lancent une campagne de pétitions
contre la restriction du suffrage universel : 500 000 signatures en trois semaines.

2) Le coup d’Etat du 2 décembre 1851 et ses conséquences à Paris et en province

La mainmise sur le ministère de l’Intérieur. Des leaders, dits « meneurs », sont arrêtés (une
soixantaine). Parmi eux, citons Martin Nadaud, député populaire, ex-maçon. Thiers est aussi arrêté.
70 militants ouvriers sont aussi arrêtés. Il promet le rétablissement du suffrage universel et se
positionne comme un réformateur de la République. Ensuite, le Parlement est dissous. Les députés,
royalistes et républicains, sont proscrits et condamnés à l’exil. Dès lors, une soixantaine d’entre eux,
des Montagnards, appellent aux barricades.

Ailleurs, dans les plus petites villes, on observe plusieurs réactions au coup d’Etat, comme des
manifestations à l’initiative des républicains locaux (Marmande, Manosque…). 70 000 personnes
s’insurgent, dont 60% appartiennent à la paysannerie. L’exemple le plus connu est celui de Clamecy,
dans la Nièvre, commune de 6000 habitants.
Cette résistance est plus durable et profonde dans les campagnes qu’à Paris. L’insurrection est
menée par environ 70 000 personnes. C’est le plus important soulèvement provincial du XIXe siècle.
Il conjugue enjeux national et local. 60% d’entre eux sont des paysans.

3) La répression d’Etat

La répression d’Etat a alimenté une mémoire qui s’est traduite, plus tard, dans les urnes. L’état de
siège est déclaré dans 37 départements jusqu’au printemps 1852. En février 1852, un tribunal, dit «
commission mixte » est nommé dans chaque département, composée d’un général, d’un préfet et
d’un procureur de la république. Les accusés n’ont pas d’avocat et il n’est pas possible de faire appel.
20 000 personnes sont jugées dans le cadre de cette justice punitive. 10 000 environ sont envoyés en
Algérie ou en Guyane pour participer à la colonisation de la terre.

Au total, on procède à 26 884 arrestations, dans tous les milieux et tous les partis, considérant que
ces individus ont provoqué le désordre. 54% d’entre eux sont condamnés à la surveillance à domicile,
21% sont déportés en Algérie, 1, 5% en Guyane. Parmi eux, il faut aussi prendre en considération les
individus qui, par leurs actions antérieures, avaient été condamnés. Ainsi, à Marseille, qui n’a pas
connu d’insurrection en décembre 1851, plusieurs militants ont été de nouveau condamnés. C’est le
cas du socialiste Couturat, après un an de prison en 1849, est condamné à vingt ans de bagne à
Cayenne en 1852.

 Le corps judiciaire, dont le rôle premier est le maintien de la paix publique et de l’ordre
social, est caractérisé par un certain conservatisme.

La presse est aussi une victime. Les journaux républicains sont frappés au même titre que le journal
orléaniste L’Ordre. La presse parisienne est réduite à onze journaux. Certains cessent de paraître
d’eux-mêmes pour marquer leur réprobation comme Le Siècle. Les associations ouvrières font aussi
l’objet de cette répression. Après le 2 décembre, on en compte plus que 25 alors qu’elles étaient 200
à Lyon et à Paris. Les associations fraternelles, les restaurants coopératifs, les associations de
marchands, tous sont condamnés à fermer. La société générale des ouvriers chapeliers (1500
membres) ou encore la société de secours mutuel des chapeliers qui distribuait les secours en cas de
grève, disparaissent.

4) Le peuple est-il encore souverain ?

Louis-Napoléon Bonaparte rétablit le principe du plébiscite qui devient, par le biais du suffrage
universel, une large consultation. L’Empereur est le chef de l’Etat par délégation de la nation
souveraine. Tous les organes du pouvoir sont placés sous son autorité : Sénat, Corps législatif et
Conseil d’Etat vidé de sa substance. L’Etat organise une quinzaine de consultations entre 1851 et
1870, dont trois plébiscites.

Notons que le corps électoral n’est plus celui de la Seconde République de 1848. L’Algérie et les
colonies sont exclues de la représentation au Corps législatif où siègent 261 députés. L’Algérie est un
territoire à part.

Pour autant, l’abstention reste une inquiétude. Elle est de 37% en 1852.

Par ailleurs, les modalités du scrutin et l’organisation-même de la répartition des pouvoir, limitent le
débat démocratique. Les candidats élus doivent prêter serment de loyauté et d’obéissance au
régime, ce qui freine la présence de l’opposition au régime.

L’opposition est muselée et trouve des détours pour s’exprimer : caisse de secours, absences aux
manifestations officielles, conspirations diverses (l’attentat d’Orsini en 1858 est le plus connu),
l’Académie française pour les notables légitimistes ou orléanistes. En 1852, l’affaire de la rue de la
Reine Blanche conduit à la condamnation d’ouvriers parisiens, accusés d’avoir fabriqué des armes
pour tuer l’Empereur. On choisit aussi l’exil comme V. Hugo.

III-Quand le social rencontre le politique (1851-1871) :

LNP inspiré st simonisme

A- Une société en voie de modernisation et de politisation :

Entre 1848/1870, la société fr poursuit son évolution avec nette accélération sous le 2 nd Empire.
Cette période = grande diversité culturelle, consommation collective d’objets et de loisirs nouveaux
(théâtres, opéras...). Napoléon III 1866, discours à Auxerre : « C’est parmi les populations laborieuses
des villes et des campagnes que je trouve le vrai génie de la France », s’attirant les foudres de la
presse conservatrice, marquée par les révolutions et la peur des « rouges ». La « population
laborieuse » devient-elle le pivot de la politique impériale ou est-ce plus complexe ? La société
française est-elle figée ou traverse-t-elle une transition ?

1) Un monde rural politisé et qui connaît son « âge d’or »

1850 70% pop fr, qui compte 35 millions d’habitants, est rural. L’intensification des échanges,
l’accroissement de la masse monétaire grâce à la découverte de nouvelles mines = hausse de la
productivité, l’augmentation des prix des denrées agricoles. La hausse des prix du Second Empire
profite aux paysans. Donc accèdent aux biens de consommation et vivent mieux. La diffusion de la
propriété reprend, notamment pour les journaliers jusque-là peu concernés.

Exode rural pas massif + freiné par contrôle des naissances par les familles. L’attraction
urbaine still saisonnière. 130 000 départs entre 1851 et 1872.

L’Etat perçu c garant ordre : gendarmerie développe ses tâches en assurant la sécurité
publique. Début 1830, 27 000 procès-verbaux /y, 122 000 entre 1851 et 1855 = administratif s’étoffe,
intégrant les campagnes dans un marché national, tout en renforçant la surveillance de la population.

Aménagements : développement ferroviaire (3558 kms à 16 994 kms en 1869, six grandes
compagnies), du transport maritime w/ modernisation des ports du Havre et de Marseille, routes
communales = intensification échange pls échelles.

Le vote rural vu c archaïque : paysans « les jacques » (littérature de G. Sand). Élections de


1870, un publiciste dit la phrase suivante : « Dût-il voter pendant cent an, (le paysan) resterait un
siècle entier dans savoir ce que veut voter veut dire ». Napoléon III garantit la prospérité des
campagnes. En contrepartie, les paysans participent à son maintien lors de leurs votes, massifs.
L’empire est à leur écoute. Il renforce l’enseignement. Les enfants scolarisés passent de 51% en 1851
à 68% en 1866. Les préfets ferment les yeux sur les délits forestiers, sources de tensions dans les
années 1830-1840. Napoléon III va favoriser les impôts indirects, pesant plutôt sur les villes.
Pourtant, la propagande républicaine fait progressivement son œuvre, notamment dans la vallée du
Rhône, les régions littorales, la vallée de la Garonne ou au Nord du Jura.).

2) Le monde ouvrier et son affirmation politique

1866 industrie 28% pop active, pop indus 11 millions. Nord = 10% du prolétariat Pour autant,
ces chiffres doivent être maniés avec précaution. 1862 = moitié actifs masculins agriculture aussi des
salariés et des propriétaires. Les journaliers sont employés 226j/y. Fabrique Reims :50 000 ouvriers,
¼ seulement travaille dans la ville = porosité. *
1858 usine Peugeot : amendes ouvriers retardataires. Mais exceptions en cas de pluie.
Possible de réduire temps travail 2h pour récolte = adaptation. 1/3 ouvriers champs en juillet-août
car le salaire y est plus élevé. 880 000 personnes (soit 10% de la population agricole) qui transitent de
la campagne vers la ville. 1866, 70% de la production industrielle est réalisée dans une entreprise de
trois ouvriers en moyenne.

Gd maisons collectives/immeubles 1867. 18691 million pris en charge par +6000 associations.
1849 Lyon coopérative « Les Travailleurs unis ». 1851 =magasin de gros, sept épiceries de détail, des
boulangeries, magasins de charbon, entrepôt de vin, pâtisserie. Les bénéfices sont versés à des
œuvres éducatives et solidaires. Dissoute après 1851.

1864 Le Manifeste des 60.

Le tournant est pris en 1867 avec la grève des bronziers. Dès 1862, les bronziers, qui ont
fondé une société de crédit mutuel très active, ont noué des liens avec leurs homologues anglais. Ils
signent le Manifeste des Soixante en 1863. En 1864, leur grève impose une réduction du temps de
travail. En 1867, un conflit éclate. Les propriétaires de 70 établissements réagissent par un lock-out.

3) Les notables : un groupe social diversifié et moteur de la vie politique

1864 Comité des forges pour intérêts gd industriels sidérurgie.

4) Un début de spatialisation des relations sociales dans les villes

1851-1866, 11% pop ds ville +50 000 hab. Sous le Second Empire, la population industrielle devient
majoritaire dans le Nord (52%), dans la Seine (50%).

Haussmann, préfet 1853 : travaux entre 1853 et 1870 pour hygiénisme, esthétisme et sécurité. Des
habitats malsains sont détruits (30 000 en 1860). Annexion de 1860 11 communes voisines :
extension de la ville à 7088 hectares, soit plus du double. La population augmente, passant d’1, 2
millions à 1, 6 millions. Les entreprises polluantes sont rejetées vers l’extérieur.

B- 1860-1870 : quand le social devient un enjeu politique

1) La libéralisation des années 1860 :

Corps législatif : droit d’interpellation. Le parlementarisme peut donc se réactiver de manière


partielle car il ne peut pas renverser les ministres.

La loi du 25 mai 1864, modifie le code pénal et tolère le droit de grève à condition de ne « pas porter
atteinte à la liberté du travail et de l’industrie ».

Les journaux se multiplient suite à la promulgation de la loi du 11 mai 1868, notamment la presse
républicaine et libérale. Cette loi annule l’autorisation préalable et l’avertissement. Ex : 1863, Moïse
Polydore Millaud, employé de banque, Le Petit Journal, grand succès (259 000 exemplaires en 1865).

6 juin 1868, les réunions publiques sont autorisées à condition d’être validées par un commissaire de
police. Entre 1868 et 1870, on ne compte pas moins de 933 réunions « non politiques », 310 réunions
électorales et 94 réunions consacrées au plébiscite à Paris, soit près de deux réunions par jour.

2) Une libéralisation pour les femmes ?

1868 manifeste en faveur de l’égalité des sexes par 18 femmes. Paule Minck, fondatrice de la Société
fraternelle des ouvrières, le 24 août 1868
3) 1867-1870, grèves ouvrières et insurrections : le chant du cygne du Second
Empire

Sociétés de secours mutuel : lieux de débats et de fermentation de l’opposition. 1852 sont


2400, 271 000 sociétaires. 1870, sont 6000, 900 000 ouvriers.

L’année 1869 marque l’apogée des grèves et de la répression.

11 juin 1869, dans les puits des mines de la vallée de l’Ondaine et de Saint-Etienne, débute
une grève, préparée par la caisse de secours mutuel, La Fraternelle. On réclame une augmentation
de salaire, une réduction des heures de travail et une caisse de secours uniquement gérée par les
mineurs.

Durant l’été 1869, les mineurs de Carmaux font grève pour la diminution des heures de
travail à 8H, l’augmentation des salaires, le chauffage gratuit et le renvoi du directeur

Aubin (Aveyron) 6 octobre 1869, 50 mineurs réclament la démission de leur chef de poste. Le
7 octobre, 1200 mineurs font grève et refusent de descendre dans le puits.

A Lyon, deux manifestations sont organisées en septembre et en décembre 1870.

C- Le « moment Commune » de 1871

1) La Commune parisienne

En septembre 1870, Paris est assiégée, défendue par la garde nationale et ce, pour de très longs
mois. Début 1871, la situation parisienne empire. Seuls 114 000 salariés parisiens ont encore un
emploi. Ils étaient 600 000 l’année précédente. Le 10 mars, le gouvernement et l’Assemblée
constituante déménagent à Versailles alors que les Allemands défilent à Paris. La garde nationale
décide de déménager les 350 canons achetés par souscription sur les collines de Belleville et de
Montmartre.

On considère que la journée du 18 mars 1871 est le point de bascule vers une révolte originale, qui
va devenir un mythe :

Répression judiciaire. Il y a eu 43 522 arrestations. 24 conseils de guerre jugent 36 000 individus,


dont 819 femmes et 538 enfants. 5000 sont condamnés à de la prison, 93 à la mort, 4586 à la
déportation comme Louise Michel ou Jean Allemane. De 1872 à 1878, 20 convois partent pour la
Nouvelle-Calédonie, soit 3800 personnes.

2) Un mouvement communal de plus grande ampleur

Dès 1870, le processus communaliste avait pris forme, notamment avec la Ligue du Midi. Ce
mouvement communal s’étend à Lyon (22 mars), Toulouse et Marseille (23 mars), Saint-Etienne et
Narbonne (24 mars), Le Creusot (26 mars) mais de courte durée. Plus attentistes, les républicains de
province tentent la négociation même si le gouvernement est coupable à leurs yeux. En mars 1871, à
Marseille, Gaston Crémieux lance un appel aux armes contre Versailles.
A Limoges, c’est l’opposition à l’envoi de renforts à Versailles qui nourrit l’insurrection. Le 6 mai
1871, des ouvriers arrêtent les trains. Accompagnés de soldats solidaires, ils investissent le centre-
ville. La préfecture est envahie, la Commune est proclamée

Conclusion : Entre 1848 et 1870, le champ social se politise nettement. La révolution de 1848 est bien
une révolution tant sociale que politique. Prolongeant les expériences de 1789-1794, elle est aussi
singulière. Elle fait la promotion des idéaux révolutionnaires de liberté, d’égalité et de fraternité. Cet
esprit de 1848 s’exprime donc aussi bien par les lois, que les arts ou encore la presse, les
associations…. Elle a généré un champ des possibles pour le peuple. Pour autant, cette révolution est
complexe à saisir car elle brouille les temporalités : celle du « moment de 1848 » (février-juin 1848)
et celle de son prolongement au sein d’une république, qu’il ne faut pas lui confondre. Cette
république a vu naître des mesures sociales durables. Cette république fait aussi face à ses propres
paradoxes, tant et si bien que l’idéal est vite renoncement ou, du moins, attentisme. Pour autant,
grâce à elle, une lame de fond prend forme durablement. Elle voit se confirmer l’organisation
autonome de mouvements associatifs, de militantismes mais aussi de révoltes tant urbaines que
rurales. Elle voit aussi se modeler une société politisée, attentive aux débats sous toutes leurs
formes, pour en souligner peut-être mieux les contradictions. Le Second Empire, quant à lui, est le
creuset d’une société qui est à la fois un aboutissement mais aussi un nouveau départ. Encore
encadrée, la visibilité populaire finit par éclore sous une nouvelle forme sous le Second Empire à
partir des années 1860. La fin du Second Empire et l’avènement de la Troisième République le 4
septembre, vont donc logiquement changer la donne. Pourtant, dès ses débuts, la Troisième
république est l’héritière des combats de 1869-1871, ce dont témoigne les communes provinciales et
la Commune parisienne et aboutissant à une république démocratique mais aussi à une nation
politique au tournant du siècle.

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