Les points chauds

de la Communauté urbaine de Lille

pages 6 et 7
Et ceux de... Corbeil-Essonnes page 17

L e Q uo t i d i e n
d es Mu n i c i p al es 2 0 0 8
r é a l i s é p a r l e s é t ud i a n t s
d e l ’ É c o l e s u p é r i e ur e d e
jo u r n al i s m e d e L i l l e

de mars N um é r o 1
J e ud i 6 ma r s 2 0 0 8

Et ailleurs
Photo : Raphaëlle Laurent

Un fait divers
à Bagneux
réveille
le souvenir
de l’affaire
Ilan Halimi.

page 15

Focus sur...
Valenciennes

Aubry
Dans cette ville

la joue
métamorphosée,
le combat est-il
joué d’avance ?

modeste
L’ombre de
Jean-Louis
Borloo plane sur
la liste du maire
sortant.
pages 9 à 12
 ÉDITO

Sereine mais prudente

L’ É V É N E M E N T

Deuxième tournée !
L a Pression de m ars, tout
c omme so n homo l ogu e al-
c oo li sé, ne se tro uve qu’ en
q uan tité l imi tée . Un tir age
é phé mè re, le temp s de
q uel q ues jour s. Ap rè s l ’e f- L I L L E . Martine

Photo : Raphaëlle Laurent

f er v esc enc e de l a p ré si-
de nt ie l le , l a Pre s s io n e s t Aubry aborde
do nc de r eto ur sur l e z inc la dernière ligne
de l ’ Eco l e supé ri eure de droite largement
jo ur nali sm e de L il le . Ce tte
f oi s, au cœ ur de s a tten- favorite, ce
tio ns de l a tre ntaine d ’é tu- qui n’empêche
di ants , l e s muni ci pa l es pas son équipe
d a n s l e N o r d - Pa s d e C a -
l ai s . Et ce s é l ec tio ns s ’a n- de faire campagne
no nce nt pa s si o nnante s . jusqu’au bout.
Plus de 1 5 00 communes
son t c onc er né e s do nt des
v il le s-phare c om me H éni n-
Be au mont a ve c Ma rine
L e Pe n , To u r c o i n g e t l e
c ontro v ersé C hristian
Va n n e s t e e t b i e n s û r L i l l e ,
tenue d’une main de fer
p a r M a r t i n e A u b r y, e n

«V
p as s e d’ ê tre l arge ment ré - Martine Aubry joue les stars lors de sa dernière réunion publique
é lue (v oi r ci-c on tre) . Au- mardi dernier à l’école Samin-Trulin, dans le Faubourg de Béthune.
de là de s v il le s, une p age
Par Séverine Fiévet
s e to ur ne aus si . Pie r re
et Flore Thomasset
Mauro y lai ss e l a c o mmu-
na uté urb ai ne de Lil l e da ns
l ’i nce r titude po l itiq ue e t l a
ous avez réussi à ga- Faubourg de Béthune. Martine Arnaud Pire, 25 ans, militant au PS.
batail le po ur sa succ essio n
gner le cœur des Aubry est donnée largement ga- Samedi encore, des stands seront
p rom et d’ être r ude e ntre
Lillois, le cœur des gnante dans les sondages. Celui dressés sur les marchés. « On ne peut
Ma r tine Aub r y et l ’UMP
gens, le cœur des réalisé par Ifop pour La Voix du plus aller vers les gens, mais rien ne leur
Marc-Phi li pp e Daubre ss e .
Ch’tis. Ils vont voter Nord le 24 février la crédite de 48% interdit de venir à nous ! », sourit le
Un œi l riv é s ur ce s gr and s
avec leurs tripes ! », a lancé, émue, des intentions de vote dès le pre- jeune militant. Et le deuxième tour
e nje ux, l ’ éq uip e de L a
Stéphanie François, infirmière, lors mier tour. De quoi faire pâlir son est déjà dans toutes les têtes.
Pre s si on de m ar s p rom è -
de la dernière réunion publique de concurrent, la tête de liste de Comme le prévoit la loi, les listes
ne ra l ’ autr e da ns to ute l a
Martine Aubry, mardi soir. La pa- l’UMP, Sébastien Huyghe qui ne électorales seront épluchées, di-
r é g i o n . A u fifill d e s n u m é r o s ,
rachutée d’hier a fait du chemin. récolterait que 20% des voix. Dans manche soir, pour relever les noms
jus q u’au so ir du de uxi èm e
Ici, dans le quartier populaire du ce contexte, l’élection semble de ceux qui n’auront pas voté afin de
t o u r, i l s ’ a g i r a d e s ’ e n i v r e r
Faubourg de Béthune, peu de ques- presque déjà jouée, avec pour seul mieux cibler la campagne de l’entre
du par f um de ce s p eti te s
tions à la fin du meeting, et quand suspens la question de savoir si les deux tours.
v il le s, par f oi s o ubl ié es,
il y en a, les habitants s’excusent électeurs pourraient reconduire la Sérieuses, les équipes de Martine
p ar f oi s a u ce ntre de s s o ll i-
presque d’en poser. Tous intervien- maire sortante de Lille dès le pre- Aubry ne sont pas inquiètes. Ni
c ita tio ns de s gr and s p ar ti s.
nent pour la féliciter, la remercier, mier tour. pour la mairie, ni pour la présidence
Et p ar ce q ue l es gue r res
l’encourager. Si les sondages l’ont déjà consacrée, de la Communauté urbaine. Au
p ol iti ci enne s ne so nt s ou-
Ce n’est pas tout à fait un point de se permettre quelques
v ent q u’une mous s e c a-
hasard si la dernière réu- « RIEN N’EST JAMAIS blagues : des images insolites
c ha nt l’ e ss e ntie l , é le cte urs
nion publique de la cam- ont été glissées dans la présen-
GAGNÉ D’AVANCE »
e t mi l itants rap pe ll e ro nt
pagne a lieu dans cette zone tation Powerpoint de la candi-
dans c es page s q ue l ’i s sue
de Lille-Sud, en bordure de date, comme ce plat de pâtes
du 16 mars r ep o se ra sur
périphérique. « C’est le pre- remplaçant la vue aérienne de
l eur s é paul es. E n atte n-
mier quartier populaire auquel Fives. Amusée, Martine Aubry
dant, à quatre jour s du pre - Martine Aubry
nous nous sommes attaqués il y a huit Martine Aubry reste prudente. explique : « D’habitude, à ce moment
m i e r t o u r, c h e z l e s m i l i -
ans. Nous avons travaillé sans relâche, « Rien n’est jamais gagné d’avance », ré- du discours, je parle du sac de nouilles
tants, au bout des plumes
c’est très symbolique d’être ici ce soir », pète-t-elle. Les militants ont compris que forment les routes entre Euralille et
e t au fo nd des café s nor-
confie Pierre de Saintignon, pre- le message. Pendant les derniers Fives. » Martine Aubry semble bien
di ste s , La Pres s ion de
mier adjoint et porte-parole de jours, la campagne ne faiblira pas. loin du procès en austérité que cer-
m a r s n’ e n fi finnit plus d e
Martine Aubry. « Ce qu’elle dit, on « Tout le monde est fatigué mais il reste tains lui ont intenté. Avec 52%
m o n t e r.
Jérémy Marot
le lira dans les journaux. Ce soir, on est du travail. On a encore beaucoup de d’abstention en 2001 et des son-
surtout là pour lui montrer notre sou- porte-à-porte à faire pour rappeler les dages aussi favorables, elle n’a plus
tien », explique Radija, 24 ans. Cet dates de l’élection et des cantonales que qu’à espérer que les électeurs de
enthousiasme ne se limite pas au les gens oublient souvent », explique gauche se déplaceront le 9 mars.

2001 - 2014 : le social avant tout

LA PRESSION de mars
Quotidien réalisé par les étudiants de l’ESJ, de
deuxième année (presse écrite) et de PHR.
Refermentation et maturation -
Directeur de la publication :

Ce qui est fait Ce qu’il reste à faire

Pierre Savary
Fermentation -
Directeurs adjoints de la publication :
Cyril Petit, Yves Sécher, Fabrice Tassel

Démocratie locale : développement des réunions pu- Logement : 12 000 logements neufs, 25% de logements
Houblonnage - Rédacteurs en chef :

bliques, consultations et forums citoyens. sociaux dans les nouvelles constructions, réhabilitation de
Hélène Bekmezian, Julien Damien,

Transports : Martine Aubry a réussi à sortir la voiture de 800 logements dégradés sur Fives, Moulins, Wazemmes.
Delphine Lacroix, Jérémy Marot

la ville, mais au détriment des conditions de circulation. Économie : pôles d’excellence, notamment un projet
Embouteillage -

Elle a multiplié par deux le nombre de pistes cyclables, HQE (haute qualité environnementale) sur 100 hectares
Rédacteurs en chef techniques :

mais pas par cinq comme promis. aux Bois-Blancs, développement d’Eurasanté, Euratechno-
Guillaume Carré, Jean Décotte,

Environnement: 19 hectares d’espaces verts supplémen- logies et du Faubourg des Modes.

Alexandra Nawawi, Benoist Pasteau

taires dans la ville, notamment le parc Jean-Baptiste Lebas, Transports : troisième gare TER à Lille Sud, prolongement
économies d’énergie grâce au nouvel éclairage de la de la ligne 1 du métro jusqu’à Eurasanté, vélos en libre
Sur le blog des municipales de l’ESJ,

ville. service, nouveaux parcs relais de stationnement.

lire, écouter et regarder

Culture : création des maisons folies à Wazemmes et Mou- Environnement : remise en eau de l’avenue du Peuple
les reportages des deuxièmes années :

lins mais pas aux Bois-Blancs comme prévu Belge, 25 % d’énergies renouvelables et 50 KWh maxi-
http://chroniquesdemars.blogspot.com

Sport : invalidation par la justice de l’agrandissement du mum pour les nouvelles constructions.
stade de Grimonprez-Jooris voulu par Pierre Mauroy. Dé- Urbanisme : quartier de 20 hectares à Saint-Sauveur.
École supérieure de journalisme de Lille,

veloppement du projet controversé de construction du Culture : l’Europe vue de l’Est en 2009 dans le cadre de
50 rue Gauthier-de-Châtillon, 59046 Lille Cedex.

grand stade. Lille 3000, création d’une maison du Hip-hop à Moulins.

Tel : 03.20.30.44.00. www.esj-lille.fr

La Pression de mars 2 Jeudi 6 mars 2008

 L’ E S S E N T I E L

Haubourdin

Afficher ou pas
S la couleur
Par Julien Damien

auf surprise, la messe sera

dite dès le 9 mars au soir à
Haubourdin. Seules deux
listes sont en lice dans la course aux

duel
municipales, et un combat classique
gauche-droite se profile dimanche.
Le
Classique ? Pas si sûr.
Alors que la gauche joue la carte de
l’union en présentant derrière le socia-
liste Guy Deheuninck une liste com-
mune PS, PC et Verts, Bernard
Delaby, le maire sortant, préfère miser
sur celle de l’apolitisme. « Parler de la
gauche et de la droite ne veut rien dire. Mon
équipe est composée d’hommes et de
femmes qui croient en ce qu’ils font. Ici per-
sonne n’est encarté. Nous n’avons pas de
couleur », lance l’élu.
Pourtant en décembre dernier, au mo-
ment de l’annonce de sa candidature,
l’UMP déclarait qu’elle ne présentait
pas de liste à Haubourdin, ajoutant
dans le même temps qu’elle soutenait
celle du maire en place. « Je l’ai appris
dans la presse », affirme l’intéressé,
agacé. Une situation visiblement em-
barrassante qui témoigne du climat
politique actuel. L’édile cacherait-il
son étiquette, craignant de voir ce scru-
tin tourner au “vote sanction”, consé-
quence de la crise d’impopularité que
traverse actuellement l’exécutif sur le
plan national ? C’est en tout cas ce que
pense Guy Deheuninck. « Qu’on ne s’y
trompe pas, voter pour Delaby c’est voter
Sarkozy, martèle-t-il à ses concitoyens
Photo : JD

à chacune de ses “expéditions” porte-

à-porte dans la ville. On l’a vu boire le
champagne avec Sébastien Huygues
(UMP) au soir des législatives dans la 5 e
circonscription. »
Désunie lors des dernières munici-
pales, la gauche voit là l’occasion de
reprendre le siège ravi en 2001 par Gé-
rard Vercaemer (sans étiquette), lequel
avait laissé son poste trois ans plus tard
à son premier adjoint Bernard Delaby.
Combat “gauche-droite” ou pas, les
deux candidats briguent donc pour la
première fois la mairie devant les Hau-
bourdinois.
Les arbitres
Seules deux listes sont présentées à
Haubourdin. Il n’y aura par conséquent
pas d’arbitre ce dimanche pour ce
duel, contrairement à ce qui s’était
GUY DEHEUNINCK
54 ans, au PS depuis 1995.
Brigue un premier mandat
Désigné par la section socialiste locale à l’automne dernier et
conseiller municipal à Haubourdin depuis septembre 2005,
Guy Deheuninck est la tête de liste de Agir, Bouger, Changer
à Haubourdin. Une liste d’union qui rassemble le PS, le PCF et
les Verts. « Pour moi, la gauche va des Verts au PCF », justifie le
candidat.
S’il est élu, il promet de faire de « la démocratie participative »
son cheval de bataille. « Le problème à Haubourdin, c’est qu’il
n’y a pas de communication entre la population et la vie munici-
pale. La ville est riche de réseaux associatifs, mais ils restent
trop confidentiels ».
Aussi propose-t-il de créer des conseils de quartiers, afin
« d’aller un peu plus à la rencontre des gens », et de mettre en
place une « maison de l’information ».
Celle-ci se voudra un lieu de « services aux citoyens, à destina-
tion des jeunes bien sûr, pour ce qui est de l’emploi, mais aussi
des personnes âgées, pour qu’ils puissent trouver les aides dont
BERNARD DELABY
56 ans, sans étiquette.
Brigue un second mandat
Maire d’Haubourdin depuis 2004, Bernard Delaby a été dési-
gné par Gérard Vercaemer, élu en 2001, qui n’a pas souhaité
aller au terme de son mandat. Il se présente à la tête d’une
liste apolitique, Réussir avec tous les Haubourdinois. Aussi se
défend-il d’être soutenu par l’UMP, ou par quelque parti que
ce soit. « Mon adversaire me reproche d’avoir félicité Sébastien
Huyghes lors de sa victoire aux législatives. Ce que je ne dé-
ments pas. Mais je suis aussi prêt à boire le champagne avec
Daniel Rondelaere (PS) s’il est réélu à la mairie de Loos. J’ai du
bon sens, mais pas celui de la politique. »
L’élu veut s’inscrire dans la continuité de ce qui a été fait lors
de son mandat. Il s’appuie notamment sur son bilan
logement : « Nous avons mis en route un programme de
construction de logements sociaux. La ville attendra même les
23% en 2011, avec 470 logements supplémentaires ». Citant le
nouvel Hôtel de ville et la rénovation de la Maison des asso-
ciations parmi les réussites de l’équipe en place, il tient éga-

97
passé en 2001, où l’on comptait des
listes PCF,Verts et FN. Rappelons que
pour valider une élection, il faut attein-
dre un taux de participation au moins
égal à 25% des inscrits.
ils ont besoin ».
L’autre axe fort de son programme concerne la culture. « Nous
voulons créer ici une vraie vie culturelle. À part le 14 juillet, il
n’y a rien, C’est bien beau de faire venir Dave une fois par an,
mais ça fait un peu seventies ! »
lement à souligner l’implantation d’une vingtaine d’entre-
prises à Haubourdin entre 2005 et 2006.
Sur les questions culturelles, il laisse « juger les
Haubourdinois », soulignant simplement que la ville a enregis-
tré 125 000 entrées culturelles sous son mandat.

Le chiffre La phrase
du jour du jour
C’est l’âge

« Mon seul adversaire, ce sont

de Cécile Hamm,
candidate
Photo : lavoixdunord.fr

les fachos du Front National

sur la liste Modem
à La Garenne-
et non pas les démocrates. »
Colombes (92),
ce qui fait d’elle
la doyenne
de ces élections. Gérard Dalongeville, maire sortant (socialiste) d’Hénin-Beaumont, en campagne
contre Steve Briois, tête de liste du Front National.

La Pression de mars 3 Jeudi 6 mars 2008

 Oublié,
EN RÉGION

Didier Debels

mais pas
croit en ses chances
WASQUEHAL. « Les gens ont envie de
changement ! » C’est ce que Didier De-
bels (PS), tête de la liste d’ouverture

désespéré
Wasquehal autrement, ne cesse de ré-
péter lors de ses réunions publiques.
Un changement qui se caractériserait
par un revirement de la politique mise
en place par Gérard Vignoble, maire
centriste depuis trente ans. « Il s’agirait
par exemple de stopper les gros investis-
sements pour éponger la dette de Was-
quehal, remettre en place le dialogue
avec les villes voisines et la communauté
urbaine et bien sûr recentrer la politique
sur les habitants plutôt que sur l’image
de la ville. » Des propositions qui, selon
ce challenger, le positionneraient
comme favori pour le scrutin du 9 mars.

Pargneaux contre
le gouvernement
À Hénin-Beaumont, l’UMP peine
à s’imposer dans une campagne
où le FN fédère le vote de droite. HELLEMMES. Gilles Pargneaux se se-
rait-il trompé d’élection ? Lors de sa réu-

S
nion publique à l’espace des Acacias
Pourtant, Laurent Bocquet,
le candidat de la majorité présidentielle, mardi, le maire PS sortant d’Hellemmes
a peu parlé de ses adversaires directs,
croit en une victoire. Caroline Vannier (UMP) et Nabil El-Hag-
gar (indépendant). En revanche, le so-

Par Mélanie Carnot
ur le marché, à quatre jours du premier
tour, Laurent Bocquet est le candidat dont
on parle peu. Comme tous les autres pré-
tendants à la mairie, il tracte, serre des mains, salue
même ses adversaires. Mais cet agent immobilier de
36 ans souffre de son étiquette, celle de l’UMP.
Dans cette ville du bassin minier traditionnellement
à gauche, la droite peine à exister. Surtout face au
duel surmédiatisé entre Marine Le Pen, vice-prési-
dente du Front National et deuxième sur la liste de
Photo M.C.
cialiste a épinglé le gouvernement.
« C’est un scandale d’avoir supprimé la
police de proximité à Hellemmes ! », a
lancé le candidat. Avant d’ajouter : « Si je
suis élu, je réduirai le coût des repas à la
Laurent Bocquet est déjà tourné vers l’avenir.
cantine de 50%. Cela prouve qu’on peut
agir concrètement pour sauvegarder le
pouvoir d’achat. » Une pique à peine dé-
nous ». Il prépare même une stratégie d’alliance guisée.
avec les autres candidats. « On ouvrira notre liste à
Gérard Caudron,
tous les gens compétents, sauf au Front National » in-
siste-t-il.
Mais Laurent Bocquet n’en a pas qu’après le FN. l’alternative à gauche
« Le bilan de Gérard Dalongeville est une catastrophe »,
martèle-t-il. Le programme de Steeve Briois est « ir-
réalisable » selon lui. Et il considère Marie-Noëlle
Lienemann et Marine Le Pen comme des « nounous »

Steeve Briois, et Marie-Noëlle Lienemann, vice-pré-
sidente du Conseil régional et deuxième également
sur la liste du maire sortant Gérard Dalongeville
(PS). « Il est normal que tous les yeux se tournent vers
Hénin-Beaumont. Ici se joue presque un enjeu national »,
avoue Laurent Bocquet.
Le sondage IFOP-La Voix du Nord-Nord Éclair du
18 février a confirmé la quasi absence de la droite.
Le candidat UMP obtiendrait un score inférieur à
9% et serait donc absent au second tour. « Une vaste
plaisanterie », selon Laurent Bocquet, serein et mo-
tivé. « Attendez-vous à une bonne surprise. On a certai-
nement plus de chances de prendre la mairie que Dalon-
geville n’en a de garder son siège. » Convaincu que les
“tensions” de l’opposition et les parachutages de
Marie-Noëlle Lienemann et Marine Le Pen profi-
teront à l’UMP, Laurent Bocquet se voit déjà au se-
cond tour. « Le meilleur rempart contre le FN, c’est
Photo F. H.
qui prêtent main forte à des candidats en difficulté.
Celui qui dit « porter seul le message de son programme »
est pourtant un novice en politique.
Encarté depuis 2007, le militant Laurent Bocquet
n’a connu qu’un seul combat électoral. Celui de
l’élection présidentielle. Sur sa liste, ses trente-cinq
colistiers sont à son image, « des personnes neuves et
propres qui connaissent bien leur ville, pas des parachu-
tés ». En résumé, pas de grande figure de la droite
locale. Fier d’avoir rassemblé un ancien Vert, Fran-
çois Landzion, et des anciens de l’équipe munici-
pale, dont il préfère taire le nom, le trentenaire a
tout de même prévu une porte de secours en cas
d’échec. « Nous voulons être une réelle force d’opposi-
tion. Il est clair que notre projet sur le long terme sera de
changer les mentalités pour s’asseoir dans la commune. » VILLENEUVE-D’ASCQ. Après sept an-
Un projet compliqué qui n’aboutira pas d’ici le 9 nées passées loin de l’Hôtel de ville,
mars. l’ancien maire Gérard Caudron PS re-
prendrait bien le siège d’édile à celui

Richir, un MoDem branché à gauche

qu’il avait lui-même adoubé en 2001, le
socialiste Jean-Michel Stievenard. Il
présentait lundi ses 48 colistiers et le
message fort de sa campagne : propo-

«J
Par Sophie Bouillon
acques Richir n’est ni à gauche,
ni à droite. Il est humaniste. »
Dans la salle du Gymnase à
Lille, les colistiers du candidat du
MoDem de Lille rappellent les
adages du centrisme. Lundi soir,
l’estrade de la salle du quartier po-
pulaire de Wazemmes était recou-
verte d’un tapis orange.
Mais si l’assemblée arborait
écharpes et cravates à la couleur du
parti démocrate, les discours se
teintaient de rose. Défendre les dé-
munis, promouvoir l’égalité sco-
laire, rétablir la police de quartier
et faire de Lille une ville écolo-
gique, « non pas parce que c’est à
la mode, mais parce que cela fait
partie de la justice sociale ».
Ancien député de la 1re circons-
cription du Nord, Jacques Richir se
présente pour la première fois à la
mairie de Lille. Sauf rebondisse-
ment le 9 mars, les résultats de-
vraient lui donner un rôle d’arbitre
entre la maire socialiste Martine
Aubry et le candidat de l’Union
pour un mouvement populaire Sé-
bastien Huyghe.
Ralliement. Mais difficile de
maintenir le suspense d’un rallie-
ment surprise au candidat de la
droite au deuxième tour. Le
conseiller municipal dans l’oppo-
sition depuis 1989 n’adresse pas
de critique directe à la maire sor-
tante, sauf peut-être sur le projet
du Grand Stade. Et Hélène Roe-
lens-Flouneau, numéro 4 sur la
liste du candidat MoDem de van-
ter les « très bonnes infrastructures de
transport à Lille. » Silence gêné de
l’assemblée.
Le candidat assume ses valeurs so-
ciales, car « elles ne sont pas l’apanage
du parti socialiste ». Il est fier de pré-
senter ses colistiers anciens mili-
tants de la CFDT, comme Moha-
med Abdelatif, responsable de la
protection sociale. Et se désole que
« certains élus centristes aient pu faire
penser que le MoDem est un parti de
droite ».
Alors qu’on range les chaises au
fond de la salle, un militant socia-
liste vient offrir une écharpe bleu
ciel, couleur de Martine Aubry, au
candidat centriste. Amusé par la
provocation, Jacques Richir la dé-
fait de son cou. Et la replie délica-
tement sur la table. À côté de son
écharpe orange.
ser une alternative à gauche. Gérard
Caudron, désormais à la tête du Ras-
semblement citoyen, remet notamment
en cause la politique du logement de la
mairie sortante qu’il juge « indigne
d’une municipalité qui se réclame de
gauche ».
Réunion à gauche
toute
LILLE. Une vingtaine de partisans de
la liste indépendante Un autre Lille est
possible se sont retrouvés autour d’une
table mardi pour dresser un premier
bilan de la campagne. Le tête de liste
Jan Pauwels, militant de la LCR, a ré-
sumé son programme d’« urgence so-
ciale, démocratique et écologique », qui
passe par la gratuité des transports en
commun ou la construction de loge-
ments sociaux. Ils ont aussi débattu de
la position à adopter au second tour.
Soutenue par la LCR et les Alternatifs, la
liste a pour l’instant suivi une ligne anti-
sarkozyste et indépendante vis-à-vis du
PS.

La Pression de mars 4 Jeudi 6 mars 2008

 EN RÉGION

Même Jean-
Un coup de filet
bienvenu ?

Photo :JB
Marie Le Pen ne
semble pas
FIVES. Des “gamins” qui terrorisaient
s’intéresser au la population depuis des mois. Trafic de
drogue, cambriolages, insultes… La po-
lice a investi mardi à l’aube, la cité Lys
candidat lillois
du Front et a saisi de la cocaïne et plusieurs mil-
liers d’euros en liquide. Une dizaine de
National. personnes a été arrêtée, mineurs et ma-
jeurs, et sont actuellement en garde-à-
vue. L’opération a été amplement re-
Mardi le leader
d’extrême droite layée par la presse, informée à l’avance
de l’opération. Un coup de filet bien-
a préféré venu à quatre jours des municipales ?
En tout cas, Martine Aubry s’en est féli-
cité publiquement mardi soir…
critiquer le
Des navettes jusqu’à
gouvernement

l’isoloir
et soutenir
sa fille Marine à
Hénin- DOUAI. Plusieurs villes de la région
Nord-Pas de Calais mettent en place un
Beaumont. service de navette à la disposition des
électeurs qui ne pourraient pas faire le
déplacement jusqu’à l’isoloir, qu’ils

Qui connaît Éric Dillies ?

Par Joël
Éric Dillies, spectateur
soient handicapés ou trop âgés pour s’y
Bronner rendre seul. À Douai par exemple, le
du Lepen show.

I
l n’a pas son visage sur les affiches aux couleurs
du Front National. Il n’a pas vraiment de nom
non plus. Son discours n’est pourtant pas dé-
pourvu d’ambition. Il veut faire de Lille « l’un des bas-
tions du FN », mais le soldat Dillies demeure in-
connu. La venue, mardi, du président du Front
National dans le fief de Martine Aubry n’y aura rien
changé. La candidature frontiste à Lille semble être
une cause secondaire. La preuve ? Mardi, Jean-
Marie Le Pen n’a pas une seule fois prononcé le nom
de la tête de liste.
Au menu de cette conférence de presse : un discours
général presque exclusivement consacré à la poli-
tique nationale. Le président du Front National énu-
mère les « forfaitures » sarkozistes, les méfaits de l’ im-
migration, avant d’ironiser sur la « rupture », à grand
renfort de chiffres. Les voitures brûlées, la dette pu-
blique, les agressions de professeurs… En un mot, il
stigmatise le bilan du président de la République :
« il n’y a pas de rupture, mais une continuité dans la dé-
cadence. » Bref, le catalogue habituel du fondateur du
Front National.
Seule brève allusion aux élections municipales :
Hénin-Beaumont. Ses représentants, Marine Le Pen
et Steeve Briois, la tête de liste, ont d’ailleurs fait le
déplacement. Moins pour soutenir le régional de
l’étape que pour faire parler du parti et de la ville
système existe depuis une dizaine
d’années. Par équipe de deux, les em-
ployés municipaux se déplacent au do-
micile des personnes concernées. Dans
les petites communes également, le
système D prime. À Escaudin, des pe-
tites annonces sont déposées dans les
commerces pour aider les gens dans
l’impossibilité de faire leur devoir ci-
qu’ils espèrent bien conquérir. Le soutien du prési- vique.
dent du FN à sa fille se veut discret, mais leur pré-
sence conjointe dans le Nord, à cinq jours du pre- Henno veut passer
mier tour, paraît la seule véritable raison de ce
déplacement.
au premier tour
Eric Dillies est, lui, absent du discours de Jean-Marie SAINT-ANDRÉ. Maire sortant, Olivier
Henno (MoDem), compte bien se pas-
Le Pen. Pas de coup de pouce donc pour celui qui a ser d’un second tour. « Rester mobiliser
démarré une campagne de dernière minute. Début pour passer au premier tour » est son
janvier, c’était encore Philippe Bernard qui repré- message principal. Mardi, devant près
sentait la flamme. Mais une enquête judiciaire liée de deux cents Andrésiens, le leader
au financement de sa campagne de 2004 a abouti à centriste a tenu sa dernière réunion pu-
blique. « Nous ne devons pas relâcher.
la suspension du secrétaire FN du Nord par la di- Nous avons la meilleure équipe pour
rection du parti. Une sanction opportune contre un continuer » a déclaré Henno qui a ravit
opposant à l’accession de Marine Le Pen à la tête du la commune à la gauche en 2001. Le
mouvement ? Eric Dillies, le nouveau candidat, s’y bilan du premier mandat s’exprime par
le budget excédentaire de plus de 2
montre en tout cas moins réticent et son discours millions d’euros. « Et comme personne
édulcoré est davantage compatible avec un FN aux ne regrette le Saint-André de 2001, en
apparences plus modérées. avant pour le Saint-André que nous ai-
Ce prof de maths de 41 ans, inconnu du grand pu- mons » a-t-il lancé.
blic, a donc repris les rênes en catastrophe. En trois
semaines, il a constitué sa liste. Les sondages lui pré- Polémique autour
disent actuellement un score entre 5 et 8%, loin de
la lutte opposant Martine Aubry, le maire PS sortant,
de Brigitte Mauroy
à Sébastien Huyghe, le challenger de l’UMP. Eric
Dillies s’est pourtant fixé une mission, donner à voir
« le vrai Front National », loin d’une image qu’il juge
faussée par les médias. Le candidat tente ainsi d’ex-
pliquer que le FN nouveau est arrivé. Pas sûr que les
électeurs se précipitent pour y goûter.

À Tourcoing, Baeckeroot part

LILLE. Pas peu fier de compter la
nièce de Pierre Mauroy sur sa liste, Sé-

sans l’investiture du FN
bastien Huyghe (UMP) a du, hier, la dé-
fendre face à un polémique soulevée
par Charlie Hebdo. Dans son édition
d’aujourd’hui, l’hebdomadaire pointe
des propos tenus par Brigitte Mauroy
dans son livre, Dictionnaire de la sexua-
lité humaine. Urologue de son métier,

C
Par Caroline Bozec
arl Lang est venu lundi sou-
tenir le candidat tourquen-
nois d’extrême droite Chris-
tian Baeckeroot, frontiste en
rébellion avec son parti. Ils sont une
cinquantaine de militants de Tour-
coing et des environs. Carl Lang,
député européen et président du
groupe Front national (FN) au
Conseil régional du Nord-Pas-de-
Calais, est venu épauler Christian
Baeckeroot, tête de la liste À Tour-
coing les Français d’abord. Un sou-
tien qui peut étonner : cette année,
la liste a perdu son label FN. Reflet
local des divisions nationales.
Christian Baeckeroot s’est long-
temps présenté comme un « fidèle de
la première heure » du parti d’ex-
trême droite.
Contre Marine. Conseiller munici-
pal FN à Tourcoing depuis 1989,
conseiller régional dans le Nord-
Pas-de-Calais, il était aussi membre
du bureau politique jusqu’à sa dé-
mission en novembre dernier.
Motif : son désaccord avec les nou-
velles orientations prises par son
parti. « La politique de Marine Le Pen
n’a mené qu’à des échecs depuis cinq
ans. Le seul argument de leur pro-
gramme, “Être moderne“, ne tient pas
la route ! » Alors, sans investiture, il
a pris la tête d’une liste rassemblant
frontistes, mégretistes et identi-
taires. « Christian lutte contre la ten-
dance trop molle du parti, et défend les
valeurs importantes comme la fa-
mille », explique Simone Bonnave,
une de ses colistières. Des désac-
cords dont Carl Lang minimise
l’importance : « J’aurais trouvé lo-
gique que Christian ait l’investiture car
il est compétent et légitime à Tourcoing.
Mais les électeurs se retrouveront autour
de lui de toute façon, car il n’y a pas de
liste FN concurrente. L’essentiel est de
permettre un rassemblement local et
d’éviter les divisions. » Pourtant, ni
Carl Lang ni Christian Baeckeroot
n’étaient visibles le lendemain, lors
de la visite de Jean-Marie Le Pen
au candidat lillois Eric Dillies qui a
bien, lui, l’aval de sa direction.
Brigiette Mauroy y justifierait l’excision
selon le docteur Gérard Zwang, un
sexologue engagé contre cette pra-
tique. « Manipulation » et « méthodes
fascistes » selon Huyghe qui dénonce
un amalgame entre circoncision et exci-
sion. « Ca me donne l’impression qu’on
n’a pas le droit de s’appeler Mauroy et
de figurer sur une liste d’opposition. »
Caféine politique
LILLE. Petit-déjeuner entre Sébastien
Huyghe et une poignée de présidents
d’associations hier matin. Un peu de
café pour énerver tout le monde et
c’est parti ! Les crottes de chiens ! L’in-
sécurité routière suscitée par les vélos !
Les poubelles ! Les chiens errants qui
en profitent pour les éventrer ! Arrivée
de Huyghe. Après les revendications,
place au programme. L’assistance
écoute et s’assoupit un brin, malgré le
café.

La Pression de mars 5 Jeudi 6 mars 2008

 Les points chauds de la
L’ E N J E U

Par Flore Thomasset,

Françoise Marmouyet
et Jean Décotte

Avec plus de 1,1 million d’habitants, la communauté urbaine lilloise (LMCU) est la plus
importante de France. Parmi les 85 villes composant la LMCU, nous en avons sélectionné
six, qui attirent toutes les attentions à la veille des élections municipales : l’association
de communes Lille-Lomme-Helemmes, Tourcoing, Roubaix, Villeneuve-d’Asq, Seclin
et Hallennes-lez-Haubourdin…
De Tourcoing, qui peut faire basculer la communauté urbaine à droite, à Lille-Lomme
Hellemmes, en passant par le sort de Seclin, l’un des derniers bastions communistes
du Nord, tour d’horizon des points d’interrogations de la métropole.

Hellemmes, Lomme et Lille

QUELLE ASSOCIATION ?
Les Hellemmois et les Lommois vo-
teront deux fois ! Les habitants de
ces communes associées iront aux
urnes à la fois pour désigner le
maire de leur commune... et celui de
Lille. Au cœur de la campagne, les
relations entre ces villes et Lille se Hallennes
tendent. Les Verts et le Modem
jouent sur les mécontentements nés
-lez-Haubou
de ces associations et du flou autour
de la répartition des responsabilités.
En tout, ce sont 46 000 bulletins qui
viendront s’ajouter à ceux des habitants du centre-ville. Traditionnellement à gauche,
le vote d’Hellemmes et Lomme devrait compenser dans les urnes le vote du centre de
Lille qui s’embourgeoise.

Hallennes-lez-Haubourdin
MADAME SUCCÈDERA-T-ELLE
À MONSIEUR ?
La question du logement social
est au cœur de la campagne.
Seclin
Avec Loos tout proche, qui
connaît des problèmes de
UN DES DERNIERS BASTIONS
délinquance, les débats se
concentrent sur la construction
COMMUNISTES ?
d’une barre d’immeuble. Dans Avec 12 000 habi- alors premier ad-
cette commune de 3 800 habi- tants, Seclin est la joint, l’a remplacé en
tants, la course à la mairie s’an- plus importante des février 2004. Il aura
nonce mouvementée. Quatre trois villes commu- fort à faire contre
listes sont en présence : deux nistes de la com- son principal chal-
de gauche, deux de droite… et munauté urbaine. lenger, l’UMP Fran-
parmi elles trois sont sans éti- C’est aussi un bas- çois Xavier Cadart
quette. tion, puisque la (Alliance pour Se-
Et ce n’est pas tout. Véronique ville élit un maire clin), la commune
Genelle, la tête de liste UMP, communiste depuis 1929. Le ayant voté pour Nicolas Sarkozy
n’est autre que la femme de maire sortant, Bernard Debreu, à plus de 51% à l’élection prési-
l’ancien maire Patrick Genelle. affrontera paradoxalement les dentielle. Pour cela, il présente
Condamné en septembre 2007 urnes pour la première fois en une liste d’union PC-PS-Verts,
pour prise illégale d’intérêt, il mars : lorsque Jean-Claude Wil- Seclin ensemble.
avait du céder la place à son ad- lem a quitté la mairie, Debreu,
joint André Pau, qui se pré-
sente aujourd’hui contre Véro-
nique. Vous suivez toujours ?

La Pression de mars 6 Jeudi 6 mars 2008

 Communauté urbaine
L’ E N J E U

Tourcoing
VILLE CHARNIÈRE ?
La communauté urbaine basculera-t-
elle à droite avec Tourcoing ? Le maire
sortant, Jean-Pierre Balduyck (PS),
dont certains pointent les insuffisances
(taux de chômage élevé, logements dé-
gradés, retard de la ville en comparai-
Tourcoing
son du développement de Lille et Rou-
baix), quitte la mairie après trois
mandats successifs. Le 9 mars, son pre-
mier adjoint, Michel-François Delan-
noy (PS), s’opposera au député UMP à
la sulfureuse réputation, Christian Van-
Roubaix neste (notre photo). En jeu : la majorité
à la communauté urbaine qui pourrait,
en cas de victoire de Christian Vanneste
à Tourcoing, pencher à droite.

Lille

Villeneuve-d’Ascq

Roubaix
LES ÉLECTEURS DÉBOUSSOLÉS ?
À Roubaix, difficile de s’y retrou- Maes (MRC), ancien membre de
urdin
ver. Les alliances bougent, les can- la majorité municipale. L’écolo-
didats restent : excluant ses an- giste Slimane Tir se veut le troi-
ciens alliés Verts, le maire sième homme de l’élection :
socialiste (ex-UDF) René Vandie- même s’il n’a pas dépassé les 5%
rendonck, 57 aux législa-
ans, s’apprête à tives de 2007,
Seclin briguer un troi- il compte
sième mandat peser sur les
aux côtés du questions de
PRG, des com- l’emploi et du
munistes et du logement, dé-
Modem. Face à cisives dans
lui, son rival une ville où
Max-André Pick qui, bien que près d’un quart de la population
soutenu par l’UMP, s’affiche sans active est au chômage… et où le
le logo du parti présidentiel et a FN Guy Cannie, à nouveau can-
recueilli sur sa liste Christian didat, a tutoyé les 13% en 2001.

Villeneuve-d’Ascq
LE TERRAIN DE LA MÉSENTENTE ?
Les chiffres donnent le tournis. Plus de 50 000 places dans
les gradins, 31 mètres de hauteur et 3 900 places de sta-
tionnement pour une facture salée de 700 millions d’euros :
le futur Grand stade de Lille Métropole, situé sur les com-
munes de Villeneuve-d’Ascq et Lezennes, est un projet pha-
raonique et contesté. Des personnalités de l’opposition,
parmi lesquelles des membres de l’UDF et des Verts, criti-
quent la taille du stade (25 000 places auraient été suffi-
santes), le coût du projet (financé par un partenariat public-
privé avec l’entreprise Eiffage) et son emplacement (les sites
de Lille-Sud et Lesquin avaient été envisagés). Ce projet est
le dernier de l’ère Mauroy.

La Pression de mars 7 Jeudi 6 mars 2008

 POINTS DE VUE

« Le maire, on ne le voit
que pendant la campagne »

Q
R O U B A I X . À l’heure des plans “anti-glandouille”, une association de la ville essaie d’intéresser l
es jeunes aux élections municipales et de leur donner la parole via le site Internet vudesquartiers.com
resse pas vraiment. Assis à
Par Séverine Rouby ses côtés, Ahmed Mer-
rouche l’excuse. « Ce n’est pas
ciation nouveau regard sur la évident pour eux car les gens
jeunesse (ANRJ) a sauté sur critiquent les jeunes dans ces
l’occasion. « C’est bien de pou- réunions. Ils oublient que rien
uand les muni- voir parler des quartiers et de la n’est fait pour eux ».
cipales devien- misère qu’on y voit pour faire À 58 ans, Ahmed Mer-
nent une occa- réagir les candidats », explique- rouche est l’un des parrains
sion de parler des “quartiers t-il. « On voudrait plus de trans- de l’association et a décidé
sensibles”, ça donne le site parence dans l’attribution des lo- de s’inscrire au projet Vudes-
Internet vudesquartiers.com. gements et des financements. On quartiers.com. Il attend tou-
Lancé en janvier par l’asso- souhaiterait aussi la mise en jours d’être mis en relation
ciation Journalisme et ci- place d’un observatoire de la dis- avec le journaliste qui le par-
toyenneté, il propose aux ha- crimination ». rainera mais connaît déjà les

Photo : S.R.
bitants de ces quartiers de Il a monté son association en thèmes qu’il veut aborder :
travailler avec 2004 pour fa- discrimination et chômage
des journa-
listes profes- MOBILISER voriser l’inser-
tion des jeunes
des jeunes. « Le maire, on ne le
voit que pendant la campagne.
LA JEUNESSE de
Ahmed Merrouche et Mohammed Kaddouche
sionnels afin Roubaix et dans le local d’ANRJ. C’est la bonne période pour lui
de publier éveiller leur et pour les législatives. Mainte- pas pour qui. « Ce qu’il faut demander des comptes car il es-
des repor- conscience ci- nant, on veut en faire de même vraiment à Roubaix, c’est du saie de régler les problèmes.
tages reflétant réellement un toyenne. Aujourd’hui, il es- pour les municipales car c’est changement. Pour les jeunes Alors c’est maintenant qu’il faut
quotidien trop souvent, selon time y être parvenu. « Avant, plus important pour eux ». ici, c’est morose ». Il ne sait se faire entendre ».
eux, caricaturé par les mé- ils disaient que les hommes poli- De passage à l’association, pas ce que proposent les
dias. tiques étaient tous les mêmes, Samir, 20 ans, confirme : il candidats car il n’est jamais Maire sortant de Roubaix :
René Vandierendonck (PS).
À Roubaix, Mohamed Kad- tous des pourris. On les a mobi- compte bien aller voter allé à une réunion publique. Adresse du site : vudesquar-
douche, président de l’Asso- lisés pour l’élection présidentielle même s’il ne sait toujours Il avoue que ça ne l’inté- tiers.journalisme.com

« Comme elle
est belle Martine »

S
ur le marché lillois de Wazemmes,
le quartier est pris d’assaut par les
militants des différentes listes can-
didates à la mairie de Lille. Un seul objec-
tif : être le plus visible. « Soixante ans de mai-
rie socialiste, il faut que ça change », « Le
changement madame, il faut voter pour du chan-
gement ! », « Regardez comme elle est belle Mar-
tine ! ». Sur le marché de Wazemmes, à une
poignée de jours du premier tour, les mili-
tants tentent de convaincre les derniers in-
décis. À côté des marchands de fruits et de
fleurs, ils prennent place avec leurs piles de
tracts. Une règle à respecter : rester en péri-
phérie du marché, et cibler quelques lieux
stratégiques. Le métro station “Wazem-
Photo : C.L.
tract... Question de feeling » ajoute t-il. Même
si les commerçants ne se disent pas gênés
par les distributions de tracts, les réactions
des passants sont contrastées. « Je suis révol-
tée par le gaspillage de papier », déclare une ha-
bitante du quartier. D’autres, comme Mar-
lène, reconnaissent volontiers « prendre leur
tract pour ne pas les entendre refaire le pro-
gramme ».
Ruses. Pour les militants rompus aux cam-
pagnes, « il faut savoir s’adapter ». Comme
l’explique Mohamed Boutaghane, « dès
qu’un militant d’une autre liste donne un tract, il
faut le suivre pour donner celui de son parti par-
dessus. On a toujours tendance à lire celui qui est
au-dessus de la pile ». Une autre approche
s’avère très prisée : encercler ses adversaires

mes”, par exemple, « car par là, les gens entrent
et sortent du marché. C’est le meilleur moyen
d’être visible », explique Grégory, militant
Par Clémence Lambard UMP. D’autres préfèrent se déployer dans
les quatre coins du marché pour « ratisser
large ». Sourires, bonne humeur, chacun
tente de faire impression. « Wazemmes, c’est
particulier, on y croise tout type de personnes, des
Pour des élections locales, rien ne
gens aisés ou modestes » déclare Mohamed
remplacera jamais le contact direct.
Les différentes listes lilloises l’ont bien Boutaghane, militant socialiste : « J’habite
ici, c’est important de mener la bataille de mon
quartier. Quand on est militant depuis long-
compris, et leurs militants écument
temps, on sait quand les gens vont prendre notre
les marchés. Reportage à Wazemmes.
pour ainsi les masquer. Sans oublier la va-
riante consistant à carrément se mettre de-
vant les militants adverses à l’approche des
passants : pas très poli, mais efficace. Même
si en apparence l’ambiance demeure bon
enfant, les militants UMP n’hésitent pas à
évoquer « une certaine agressivité de la part des
militants socialistes » qui, ce jour là, ne préfè-
rent pas répondre à cette provocation. Tous
restent unanimes : il faut avoir une grande
maîtrise de l’entourloupe et de l’esquive
pour tenir ses positions tout au long d’une
campagne…

La Pression de mars 8 Jeudi 6 mars 2008

 Valenciennes
REPÈRES
∆ Habitants : 43 198
∆ Taux de chômage : 19,4%
∆ Maire sortant : Dominique Riquet (UMP)
∆ Nombre de listes : 5
Un cœur
déjà pris
«L
Photo : Eiffage
orsque je suis arrivé à Va-
lenciennes en 2004, il y
avait des trous partout. Ça
ressemblait un peu à Sarajevo en temps de
guerre. » Steve Savidan, la star du foot
valenciennois, n’y va pas par quatre
chemins. Et il n’a pas forcément tort.
À l’époque, “l’Athènes du Nord” avait
perdu de sa superbe et se refaisait légi-
timement une beauté. Sauf que nous
sommes en 2008, à la veille des muni-
cipales, et que tout a changé depuis.
Cela a pris six ans, le temps du mandat
de Dominique Riquet, maire UMP de
Valenciennes depuis que Jean-Louis
Borloo, fonction ministérielle oblige,
lui a confié les rênes de la ville en 2002.
Désormais, le tramway sillonne la
ville. La place d’Armes a repris des
couleurs et tout le monde se précipite
dans le nouveau centre commercial
Cœur de ville. En 2005, Valenciennes a
FOCUS
Dossier réalisé par :
Marc-Antoine
Barreau,
Frédéric Coulon,
Jeffrey Martin et
Florian Pottiez.
Le tramway de Valenciennes
a été inauguré à l’été 2006.
gagné son rang de pôle de compétiti- nomme la “Fille de l’Escaut”. Cette périphériques totalement oubliés ». Reste la
vité mondiale pour son activité ferro- tâche paraît d’ailleurs tout aussi com- liste LCR-100% à gauche, considérée
viaire. Et, cerise sur le gâteau, la cité pliquée en 2008. Rares ont été les scru- pour beaucoup comme « la surprise du
du Hainaut était la capitale régionale tins municipaux valenciennois où la chef ». Emmenée par Anne-Sophie
de la culture en 2007. Autrement dit, gauche s’est trouvée autant divisée. En Wattel, cette liste compte bien brouil-
le bilan du maire sor- effet, dimanche pro- ler les cartes. Les candidats socialistes
tant, candidat à sa pro- JAMAIS chain, les électeurs dési- et communistes sont prévenus.
LA GAUCHE
pre succession, paraît reux de voir Valen- De son côté, le camp Riquet se réjouit
inattaquable. Beau- ciennes changer de cap de ce possible éparpillement des voix à
coup pensent que les
jeux sont d’ailleurs N’A RÉUSSI auront le choix entre
trois listes. Jean-Luc
gauche. Encore que... si le maire sor-
tant espérait une victoire au premier
déjà faits. Et même si
Dominique Riquet se
À PRENDRE Chagnon, candidat so-
cialiste, est bien décidé à
tour, comme l’avait fait Jean-Louis
Borloo en 2001, peut-être en sera-t-il
soumet pour la pre- LA VILLE « contrarier les plans de autrement cette fois-ci. Un sondage of-
mière fois à la loi du Jean-Louis Borloo. Il tient ficieusement commandé par Borloo
suffrage universel, il a plus d’un tour toujours les rênes de Valenciennes. Riquet lui-même, et resté au fonds des tiroirs
dans son sac. Sa liste comprend deux n’est que sa petite main ». Cette fois, il a de la mairie, donnerait certes Domi-
ministres : Jean-Louis Borloo, consi- choisi de faire bande à part avec Jean- nique Riquet vainqueur, mais seule-
déré comme une “icône” à Valen- Claude Dulieu. Ce candidat commu- ment au second tour. Visiblement bien
ciennes, et Valérie Létard, secrétaire niste soutenu par les Verts, tête de liste renseigné, le candidat PS Jean-Luc
d’État à la Solidarité. Et surtout, la PC-PS éliminé au premier tour lors des Chagnon s’imagine déjà en deuxième
ville a toujours penché à droite. municipales en 2001, a choisi de réa- semaine, estimant que, « si ce sondage
Jamais un candidat de gauche n’a juster seul « le déséquilibre entre le centre- n’est pas publié, c’est qu’il n’est pas si favo-
réussi à conquérir celle que l’on sur- ville complètement réhabilité et les quartiers rable que ça pour Dominique Riquet ».
La Pression de mars 9 Jeudi 6 mars 2008
 F O C U S Va l e n c i e n n e s

Des
hauts
et
débats
Q ui dit fin de mandat, dit forcément
bilan. Les quatre adversaires du maire
sortant Dominique Riquet distribuent
ou retirent des bons points. Et ce, en toute objecti-
vité, du moins pour certains. Qu’ils soient pour ou contre, les adversaires de Dominique Riquet retiennent, avant tout,
Photo : Frédéric Coulon

Jean-Luc Chagnon, tête de liste de la candidature

l’implantation du tramway, comme le point d’orgue de son dernier mandat.

socialiste : « Je retiens chez Dominique Riquet la

volonté de faire bouger la ville mais plus dans la vo- tion de l’Anru (Agence nationale pour la rénova- de Valenciennes une ville vitrine et a dépenser des
lonté que dans la réalisation. Prenons l’exemple du tion urbaine). Le centre ville a été entièrement re- sommes énormes pour cela. Il aurait dû se concen-
tramway, il ne dessert tapé au détriment des trer sur les populations les plus défavorisés des quar-

une erreur stratégique « L’implantation du tramway ont été laissés à l’aban-

même pas l’hôpital. C’est quartiers alentours qui tiers plutôt que d’installer sur la place un beffroi qui
a coûté 600 000 euros ».
est une bonne chose »
énorme. Jusqu’à preuve don. La vie de ces quar-
du contraire, les transports tiers en a pris un coup. Dominique Slabolepszy, candidat et tête de liste
publics sont sensés rendre Sans compter que les ha- Ensemble, d’abord pour Valenciennes : « J’aime le
service à la population et là ce n’est pas le cas ». bitants des périphéries sont très remontés contre nouveau plan de circulation qui a été établi. Il est
ceux du centre-ville. ». cent fois mieux et il est fait pour la sécurité des rive-
Jean-Claude Dulieu, tête de liste Valenciennes rains. En revanche, j’aurais préféré que le tram soit
Citoyenne (PC-Les Verts) : « L’implantation du Anne-Sophie Wattel, positionnée en tête de la circulaire, qu’il desserve l’hôpital ainsi que les qua-
tramway en 2006 est une bonne chose pour Valen- liste LCR-100 % à gauche : « Franchement, je ne re- tre lycées de la ville. J’étais aussi défavorable à la
ciennes, ainsi que tous les travaux qui ont été réali- tiens qu’une chose positive concernant le maire sor- double voie qui transperce désormais Valenciennes.
sés autour et qui ont énormément restructuré la tant, c’est sa profession de chirurgien. Sinon, c’est Si par malheur, il arrive un accident, ça peut faire
ville. En revanche, je conteste la mise en applica- un maire qui s’est trompé de priorité. Il a voulu faire très mal ».

Nom : Nom : Nom :

Riquet Chagnon Dulieu
Prénom : Prénom : Prénom :
Dominique Jean-Luc Jean-Claude
Profession : Profession : Profession :
Chirurgien Médecin Cadre
Parti : UMP hospitalier Parti : PC
Parti : PS

■ Changer durablement le cadre de
vie, en facilitant le stationnement et
Politique de la en apaisant la circulation, notament
ville dans le périmètre de l’hôpital, quar-
tier Dampierre.
■ Le Grand-Valenciennes sera une
ville fédératrice. Il souhaite rassem-
bler les deux rives de l’Escaut afin que
Valenciennes redevienne une ville
d’eau, par exemple avec la construc-
tion d’un quatrième pont sur l’Es-
caut.
■ La vie des quartiers est la priorité.
Des villages dans la ville permettant
de pouvoir vivre pleinement dans
son quartier. Concertation systéma-
tique des habitants sur les projets de
quartiers.

■ Bâtir une ville durable, soucieuse
de préserver l’environnement. Don-
Écologie
ner un cadre de vie harmonieux pour
les générations futures. Implantation
de plusieurs Éco-Sites et Éco-Quar-
tiers et faire du quartier Nungesser un
poumon vert.
■ Transformer Valenciennes en ville
écologique du futur, sans voiture, en
développant un hyper-centre piéton-
nier. Création de 2 000 places de par-
king gratuit à proximité du tramway,
ainsi qu’un dispositif de type Vélib’.
■ Faire de Valenciennes un pôle d’ex-
cellence écologique, en satisfaisant les
besoins actuels des habitants sans
compromettre les générations futures.
Développement des espaces verts,
avec Nungesser comme « poumon
vert ».

■ Capitaliser l’engouement de “Va-
lenciennes, Capitale régionale de la
culture”. Création d’un équipement
Culture pour les “cultures jeunes” et
construction d’une salle de concerts
dédiée aux musiques actuelles.
■ Préparer un événement culturel de
dimension nationale en direction des
enfants, mettant en valeur le savoir-
faire numérique. Implanter cinq mé-
diathèques au cœur des quartiers.
■ Rendre la culture plus accessible
pour l’émancipation individuelle et
collective. Agrandissement de la mé-
diathèque et rénovation de l’école de
musique. Multiplication de média-
thèques mobiles.

La Pression de mars 10 Jeudi 6 mars 2008

Les amis ministres
Quelle première
mesure doit
F O C U S Va l e n c i e n n e s

prendre votre

du maire
prochain maire ?

C
’est un fait politique original et
unique en France. Deux membres du
gouvernement seront pour la pre- Prénom : Julien
mière fois présents sur une même Âge : 22 ans
liste à l’occasion des élections muni- Profession : Étudiant
en histoire
cipales. Pour briguer un second man-
dat (le premier comme tête de liste),
Dominique Riquet, le maire sortant de Valen- « Il faudrait déblo-
ciennes, a fait appel à son prédécesseur, Jean-Louis quer des fonds sup-
Borloo, ministre d’Etat chargé de l’Écologie, du Dé- plémentaires pour la
veloppement et de l’Aménagement durables et à Va- culture, favoriser son
accès aux gens les plus défavorisés. L’ac-
lérie Létard, secrétaire d’Etat à la Solidarité. cent doit être mis sur le patrimoine local
À première vue, cela peut paraître surprenant mais et non sur de la culture de communica-
pas pour Dominique Riquet. « Je les connais tous les tion comme par exemple, l’expo
deux. On travaille ensemble depuis de nombreuses années. Pharaon. »
Avec ces deux renforts de poids, c’est une chance pour dé-
fendre les dossiers importants », justifiait-il lors de la
présentation de sa liste, le 22 février dernier. En cas
de réélection, il s’agirait d’un avantage considérable.
Pourtant, une question inévitable se pose : celle de la
direction de la liste. Une interrogation que l’actuel

Dominique Riquet :
« C’est moi le patron »
Prénom : Stéphane
Âge : 36 ans
Profession :
Architecte
maire de la cité du Hainaut balaie d’un revers de la
main. « C’est moi le patron », clarifie-t-il. « J’aimerais que le
Pour autant, faut-il y voir un présage du futur vi- nettoyage des
sage de la municipalité valenciennoise en 2014 ? façades du centre-
Placée en seconde position, Valérie Létard est en ville soit fait par la
course pour un poste de premier adjoint en cas de mairie. Il faut que le maire travaille avec
les propriétaires privés pour que le cen-
victoire de son chef de file et pourrait incarner la tre-ville soit harmonieux. Aujourd’hui, il
relève. Quant à Jean-Louis Borloo, l’homme pro- y a des façades propres et d’autres en-
videntiel du renouveau de “ l’Athènes du Nord ” core très sales. »
depuis la fin des années 80, son cinquième rang
sur la liste témoigne de son retrait progressif de la
vie locale, d’autant plus qu’il ne briguera pas un
nouveau mandat à la communauté de communes
du Valenciennois.
Jean-Louis Borloo-Valérie Létard : le duo
Même si le suspens paraît peu probable, la pré-
est inscrit sur la liste de Dominique Riquet
sence de deux membres du gouvernement pourrait
Photos : DR

présenter un inconvénient de taille au moment du blique, le vote-sanction pourrait desservir les inté-
scrutin. Dans cette période où il ne fait pas bon rêts de Dominique Riquet. Et ne pas conduire à sa Prénom : Geneviève
d’être dans l’entourage du président de la Répu- probable réélection. Âge : 72 ans
Profession :
Retraitée
Nom : Nom :
Slabolepszy Wattel
Prénom : Prénom : PRÉSIDENTIELLES « J’aimerais que le
Dominique Anne-Sophie 2007 maire règle le pro-
Profession : Âge : 39 ans blème des bus et du
Cadre informatique Profession : tramway. J’ai voté
Parti : Enseignante pour le tramway et aujourd’hui je le mau-
Sans étiquette Parti : LCR dis. Chaque jour, étant donné qu’il n’y a
plus de bus, je dois faire au moins un
kilomètre de marche pour atteindre la
station de tram la plus proche… »
■ Construction d’un 4e pont sur l’Es- ■ Pour une municipalité au service De Villiers (1,43%) Royal (21,19%)

caut. Rendre plus fluide la circulation de la population, qui défendra les Le Pen (11,57%) Sarkozy (34,72%)

intra-muros. Aller à la reconquête des droits sociaux et démocratiques du

Bayrou 18,36%) Besançennot (4,52%),
Voynet (1,53%) Schivardi (0,19%), Buffet

quartiers périphériques comme Du- monde du travail. Municipalisation

(2,85%), Bové (0,86%),
Laguiller (1,87%),
temple et Chasse Royale. Création de l’eau et gratuité de tous les trans- Nihous (0,91%)

d’un port fluvial. ports en commun. Second tour :

■Nicolas Sarkozy : 5 7 , 7 6 %
■Ségolène Royal : 42,24 %

■ Faire de Valenciennes une ville
plus propre et agréable à vivre pour
l’ensemble des habitants. Revitaliser
le quartier du Vignoble et son étang
fait également parti de ses priorités.
■ Mettre davantage en valeur le pa-
trimoine local. Augmenter l’attracti-
vité dans la ville en multipliant les
■ Réduction des nuisances sonores MUNICIPALES Prénom : Mélanie
2001 (1er tour)
autour de l’usine sidérurgique, et le Âge : 21 ans
quartier du Vignoble. Multiplier les Profession :
Étudiante en
espaces verts dans la ville. comptabilité
« Il faut faire
quelque chose pour
le stationnement en
ville. Pour trouver de
■ Gratuité de l’enseignement pour la place non payante, il faut aller jusqu’à
tous, et création d’une scène de mu-
■ J.-L. Borloo (DVD) : 63,36 %
■ J.-C. Dulieu (UG) : 20,16 % la place Poterne qui est assez éloignée
du centre-ville. Ce serait pas mal, si le
siques actuelles. Rénovation du
Inscrits

■ J.-L. Buridant (RPF) : 9,1 %

maire pouvait arranger les choses. »
évènements populaires. conservatoire et création d’antennes
Votants

■ D. Slabolepszy (FN) : 7,37 %

Blancs

de proximité pour mettre la musique,

Jean-Louis Borloo a été réelu à l’issu du

la danse et le théâtre à portée de tous.

premier tour.

La Pression de mars 11 Jeudi 6 mars 2008

 F O C U S Va l e n c i e n n e s

Riquet, le plus riche ?

Nouvelle
D’ici cinq ans, les barres d’immeubles du fau-
bourg de Cambrai seront rasées. Selon Le Point, Dominique Riquet serait
l’élu le plus fortuné de France parmi
Photo : Florian Pottiez

ceux qui ont répondu à l’enquête réali-

sée par le magazine hebdomadaire. Sa

image
fortune s’élèverait à 3 850 000 euros,
comprenant ainsi ses indemnités élec-
tives, les revenus de son activité de chi-
rurgien urologue et son patrimoine.
Pour l’année 2006, le maire valencien-
nois aurait déclaré 274 000 euros au
fisc..

La grogne
des commerçants
Les commerçants valenciennois sont en
colère : « Il est anormal que nous ne
soyons pas représenté dans la liste de
Dominique Riquet, le candidat qui a le
plus de chance de remporter les élec-
Alors que les travaux en centre-ville sont tions. » Dans un communiqué intitulé Le
prix des larmes du sang, l’Union du
commerce valenciennoise fait part de
terminés, ceux à la périphérie de

L
Valenciennes viennent à peine de son indignation : « Sommes-nous les
pestiférés de cette ville ? Personne ne
débuter. Le prochain mandat sera nous représente après plus de trois ans
de travaux en ville qui ont conduit cer-
tains d’entre nous au bord de la faillite. »
fortement marqué par la rénovation
urbaine des quartiers valenciennois. Surpris, Dominique Riquet trouve l’at-
taque injuste et en a profité pour rappe-
ler son attachement aux commerçants
valenciennois.

a Chasse-Royale, un quartier valen-
ciennois. C’est là-bas que Dominique
Riquet (maire) a dévoilé sa liste le 22
février dernier. Le choix de ce lieu n’est pas ano-
din : le maire sortant de Valenciennes compte faire
de la rénovation urbaine dans les quartiers son
cheval de bataille. Une priorité somme toute lo-
gique lorsque l’on sait que le “père” du projet de
l’Anru (Agence nationale pour la rénovation ur-
baine) n’est autre que Jean-Louis Borloo, ministre
de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Loge-
ment de l’époque (2005-2007), prédécesseur de
Dominique Riquet et cinquième nom sur la liste
du maire sortant.
Après avis favorable du Comité national d’enga-
gement de l’Anru le 25 avril 2005, la convention a
été signée à Valenciennes le 8 juin 2006. Ce projet
concernait les quartiers de Dutemple, Saint-Waast,
Faubourg de Cambrai et le centre-ville. 302 loge-
ments doivent être détruits, 535 construits, 772 ré-
habilités, 212 résidentialisés. La construction et
l’aménagement d’équipements publics sont égale-
ment prévus. Cela mobiliserait environ 152 mil-
lions d’euros.
Aujourd’hui, seule la partie du centre-ville est
achevée. Cela fait même un an et demi que les
Nungesser 2
au point mort
grues et les dameuses ont quitté les lieux. Recou-
verte de pavés et incrustée par-ci par-là de lumières
multicolores, la place d’Armes en est devenue l’un
de ses symboles avec le centre commercial Cœur de
ville. Sans oublier la transformation complète de la
rue de la Vieille Poissonnerie où la circulation au-
tomobile fait place à celle du tramway. Un premier
chantier dont se félicite la municipalité sortante.
Mais tout le monde ne peut pas en dire autant.
« Les gens de la périphérie se plaignent que l’on ne pense
qu’à l’hypercentre, soulève Jean-Claude Dulieu, du
Valenciennois. Aujourd’hui, tout est signé sauf pour le
quartier de Chasse-Royale mais c’est une question de
quelques jours ». Pourtant, les travaux ont déjà deux
années de retard. « Je ne comprends pas pourquoi on ne
se précipite pas alors que c’est urgent. D’autant plus que
les bailleurs ne font plus de travaux depuis dix ans »,
martèle Jean-Claude Dulieu président de la com- La future enceinte du VA FC connaîtra-
mission “habitat” à Valenciennes-Métropole, la elle le même sort que Grimonprez-Joo-
ris ? Malgré le soutien des supporters
communauté de communes. Autre problème : si les du club, le projet pourrait être retardé
loyers des locataires ont augmenté de 2,9% en jan- suite à la saisie du tribunal administratif
vier dernier, les logements tardent à sortir de terre. de Lille par l’association Citoyens à
Face à ces contretemps, le ciel s’est quelque peu Nungesser. Celle-ci lutte contre la
construction du nouveau stade pour
éclairci au-dessus de quartiers comme celui de Du- des raisons liées à la circulation et la
temple où les premiers coups de pioches viennent sécurité. Reste à la justice de trancher
d’être donnés. C’est parti pour cinq ans ! et de décider de l’ouverture d’une ins-
truction ou pas.

Un deuxième “Cœur

La mise en Plie du chômage

de ville” pour 2011
Inauguré en avril 2006, le centre com-
mercial de Valenciennes aura un ju-
meau d’ici trois ans à l’emplacement de

M
algré un territoire ra-
vagé par le chômage
dans les années 90, le
Valenciennois a su trouver les
solutions pour endiguer ce phé-
nomène. Depuis 2003, la com-
munauté urbaine valencien-
noise a mis en place son Plan
local pour l’insertion et l’em-
ploi (Plie). Sa mission : assister,
dans leur démarche d’insertion
professionnelle, des personnes
exclues . Un dispositif financé
par le Fonds social européen, et
les collectivités territoriales, à
hauteur de 800 000 euros cha-
cun en 2007.
Le Plie propose des parcours
individualisés vers l’emploi, en
offrant une aide à la définition
d’un projet professionnel, ainsi
qu’un programme d’insertion.
Véronique Stoupy-Flament, di-
rectrice du Plie de Valen-
ciennes Métropole ajoute que
« le partenariat avec les entreprises
est primordial. Celles-ci proposent
des contrats de travail, et des for-
mations pour les chercheurs d’em-
plois en contact avec le Plie. Les
entreprises installées sur la com-
munauté urbaine sont tenues d’em-
ployer au moins 7% de bénéfi-
ciaires en insertion. Toyota en a
embauché 39%. »
Et ça marche. Le taux de chô-
mage affiché par Valenciennes-
Métropole est passé de quelque
13,4% en 2003 à 9% en 2007.
L’année dernière, ce sont 450
personnes qui ont trouvé un em-
ploi avec l’aide du Plie. Pour
cela, les agents de ce plan local
travaillent en étroite collabora-
tion avec les mairies de la com-
munauté urbaine valencien-
noise, notamment celle de
Valenciennes. Des permanences
sont en place au sein des hôtels
de ville, afin de fédérer les ef-
forts en faveur de l’insertion
professionnelle sur le territoire.
Les municipales constituent
donc une étape majeure avant
de définir les grandes lignes de
la politique du Plie en 2008.
Après les élections des 9 et 16
mars, le président et le bureau
seront élus le 10 avril par les
nouveaux membres du conseil
du Plie, composés d’élus lo-
caux.
l’ancien Match. Le 20 février dernier, la
branche immobilière de Bancassurance
ING a donné son feu vert pour cet in-
vestissement de 60 millions d’euros. Sur
une superficie de 20 000 m2, ce projet
consacrera 6800m2 aux futures bou-
tiques, 80 logements, une résidence-
service à destination des personnes
âgées et 400 places de parking souter-
rain.
Le FN prend l’eau
Dans le Nord, le Front National peine à
conserver une présence dans la cam-
pagne municipale 2008. Et ce, au grand
regret de Jean-Marie le Pen qui aurait
bien voulu qu’une liste étiquetée FN
soit en compétition à Valenciennes. Do-
minique Slabolepszy, ordinairement
porte-parole du parti frontiste dans la
cité du Hainaut, fait cette fois bande à
part et présente une liste sans étiquette
Ensemble, d’abord pour Valenciennes :
« J’ai quitté toutes mes fonctions au FN
en juillet 2007. Jean-Marie Le Pen est
trop vieux. Je ne veux pas me noyer avec
un bateau qui coule. »

La Pression de mars 12 Jeudi 6 mars 2008

La fin de la politique
L’ E N Q U Ê T E

T
à papa ? Par Nicolas Kienast

La fonction de maire s’est longtemps transmise de père en fils,

notamment dans les zones rurales. Une tendance qui commence
à s’estomper même si quelques bastions subsistent.

out le monde connaît désormais Jean transmet le pouvoir à ses amis, à son dauphin, à ses
S., fils de Nicolas S. et éphémère can- deuxièmes femmes [sic]…notamment depuis la loi sur la
didat dans une ville des Hauts-de-Seine parité. » Ainsi, l’actuel maire-délégué socialiste d’Hel-
longtemps administrée par papa. La lemmes, Gilles Pargneaux, était le bras de
tentation de transmettre l’écharpe tri- droit de son prédécesseur, Bernard Dero-
colore de père en fils n’épargne pas le nord de la sier.
France. Direction Locon, village de 2 000 âmes du On aurait cependant tort d’enterrer la
Pas-de-Calais, non loin de Béthune. Albert Cassez politique à la papa. Certains maires
en est le maire depuis 1977. Son père Maurice l’était tentent toujours de placer le fiston sur
de 1945 à 1971, son grand-père Victor Genel dans la liste. À moins que ce ne soit ce der-
les années 1920. Sa mère est née nier qui n’ait at-
Delory, une famille qui a fourni
trois maires successifs à Locon « LES BARONNIES, trapé le virus
de la politique,

filer la généalogie au-delà si ce ÇA N’EXISTE PLUS » garder le pa-

au XIXe siècle. Et on pourrait à force de re-

n’était compliquer l’affaire. ternel serrer

Dans certains villages ruraux, remonter la liste des des mains. Par exemple à Bé-
maires, c’est un peu comme jouer au jeu des sept fa- thune, où le maire PS Jacques
milles. Mellick accueille sur sa liste son
Dimanche, Albert Cassez passera la main. Mais pas fils, Jacques Antonio. Une liste
à l’un de ses fils. « Aucun des deux n’était intéressé, ex- sur laquelle on retrouve égale-
plique l’élu, presque fataliste. De toute façon, on trouve ment les Boitel père et fils.
de moins en moins d’enfants qui veulent reprendre le fau- Ce virus de la politique a poussé
teuil de maire de leur père. » Pierre-Antoine Villain à se présen-
Le poste de maire d’un village rural ne fait plus rêver ter sur la liste de son père François-
les jeunes. La décentralisation a accru les pouvoirs Xavier, maire sortant UMP de
de l’édile en même temps que sa charge de travail. Cambrai (Nord). « Il est né en 1977,
« Le rôle du maire est beaucoup plus difficile qu’il y a année où j’ai été élu conseiller muni-
quinze ou vingt ans, explique Serge Martin, président cipal… Il ne m’a jamais connu au-
de l’Association des maires de France dans le Nord. trement », sourit l’édile, qui
Il faut vraiment trouver la motivation. » s’empresse de préciser : « Je ne

Dessin : Hacène Ouffar

De moins en moins de jeunes sont prêts à prendre la peux pas l’en empêcher sous prétexte
relève, davantage attirés par les lumières de la ville que ce serait politiquement incorrect…
que par le métier de papa, agriculteur. « Le passage de mais il devra faire ses preuves. »
témoin entre le père et le fils était très lié au monde agricole, « Moi, je me fiche un peu de son nom…
poursuit Serge Martin. Les villages étaient refermés sur Je veux juste connaître son programme »,
eux-mêmes, alors qu’aujourd’hui des rurbains sont arrivés. tranche Isabelle Legal, une habitante
Les gens se connaissent moins et sont donc moins enclins à d’Armentières où Bernard Haesebroeck,
voter pour un nom. Les baronnies, ça n’existe plus. » premier adjoint au maire, se présente dimanche. Le
Alors, faute de continuité familiale, certains élus pri- candidat est aussi le fils de Gérard Haesebroeck, qui
vilégient une autre forme de passation de pouvoir. a tenu les rênes de la ville pendant quarante ans.
« Aujourd’hui, la transmission se fait beaucoup moins de Celui qui lui a succédé, Claude Hujeux, ne se re-
père en fils et davantage au niveau de la famille politique au présente pas. Reste à vérifier dans les urnes si un
sens large, analyse le politologue Pierre Mathiot. On nom suffit à être élu.

Maire
Vendeville, commune de devillois me considéraient
1845 habitants à quinze ki- davantage comme la petite

de famille
lomètres de Lille. À sa tête,
Josiane Lecat, maire depuis
1995. « J’ai baigné dans la
politique depuis mon plus
jeune âge », confie-t-elle.
Comment pourrait-il en
être autrement ? Son ar-
rière-grand-père, Edouard
Pasbecq, occupait lui aussi
le siège de la mairie, entre
1920 et 1927. Son grand-
père également, de 1935 à
1941. Quant à son père, il a
été conseiller municipal
dans l’équipe de M. Buisine
(1947-1977). Bref, une his-
toire de généalogie. Im-
plantée à Vendeville de-
puis 1670, la famille de
Josiane Lecat est incontour-
nable dans tout le village et
ses alentours. « De par mes
ancêtres, j’avais l’impres-
Photo : GA
fille de leur ancien maire. Je
n’étais pas vraiment leur
édile », sourit-elle, un peu
nostalgique lorsqu’elle
parle de ses parents. Mais
aujourd’hui, elle analyse
les nouveaux rôles du
maire : « Dans les petites
communes, on doit toucher
à tout, être capable de
gérer tous les types de dos-
siers. » Parmi les réalisa-
tions de ses prédéces-
seurs, elle retient un
événement en particulier :
l’installation de l’électri-
cité. Après les élections, Jo-
siane Lecat quittera son
fauteuil de maire. Mais elle
continuera à siéger au
conseil municipal : elle fait
partie de la liste d’Hervé
Verbrugge. Quant à savoir

sion d’avoir plus de respon- si sa descendance repren-

sabilités que pouvait en dra, un jour, le flambeau,
avoir un autre maire », elle répond, rêveuse : « Ma
Josiane Lecat, maire de Vendeville avoue-t-elle. « À mes dé- petite-fille peut-être… »
comme son grand-père et son arrière-grand-père. buts, les plus anciens Ven- Gaël Arcuset

La Pression de mars 13 Jeudi 6 mars 2008

 L E FA I T D U J O U R

Hillary
Clinton
relancée
Devancée par Barack
Obama dans la course
à l’investiture démocrate

H
à la Présidentielle
américaine de novembre,
la sénatrice de New York
s’est relancée mardi soir
remportant trois
des quatre États
où avaient lieu
les primaires.
Photo : DR

Hillary Clinton peut toujours

croire en ses chances.

Par Madjiasra Nako (avec AFP)

McCain
illary Clinton « is back » ! La ri- Hillary Clinton avait reconquis ses soutiens tradi-
vale de Barack Obama, et tionnels parmi les non diplômés, les femmes et les
et l’héritage
épouse de Bill, déjà vaincue sur Hispaniques, au terme d’une campagne qui était de Bush
onze duels renoue avec la vic- devenue de plus en plus hargneuse ces derniers John McCain, sénateur de
toire, ressuscitant le rêve d’avoir jours. l’Arizona portera les cou-
une « commander in chief » à la L’équipe de campagne de Hillary avait notamment leurs des républicains à la
tête du plus grand pays du monde. En remportant diffusé un clip télévisé angoissant posant la ques- Présidentielle de novem-
l’Ohio, le Texas et Rhode Island, elle conserve les tion de savoir qui serait le meilleur président pour bre… avec le bilan d’un
Bush impopulaire.
États les plus peuplés mais compte toujours moins décrocher le téléphone rouge de la Maison Sans surprise John McCain a
de délégués que son adversaire. Elle avait remporté Blanche en pleine nuit, une façon implicite de réuni, mardi soir, les 1 191
le 5 février la Californie, l’État de New-York et le pointer l’inexpérience supposée de Barack Obama. délégués qui lui assurent
New Jersey. Une critique confortée ces derniers jours après un l’investiture républicaine à
Selon le site internet indépendant realclearpoli- débat sur le traité de libres échanges commerciaux la Présidentielle. Il a été
reçu hier par le président
tics.com, Obama en a 1 482 dont 1 280 délégués entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. Hil- américain qui lui a apporté
simples, 199 “ super dé- lary Clinton s’est son soutien. Un retour d’as-
légués ” contre 1 390 montrée plus à
HILLARY CLINTON
censeur de George W. Bush
dont 1 149 délégués l’aise sur la ques- à celui l’a soutenu à la prési-

A PROMIS D’ALLER
dentielle de 2004 et dans sa
simples, 241 “super dé- tion que son rival campagne en Irak.
légués” pour l’ancienne et a entamé une re- Mais le soutien de Bush, au
First Lady.
Pour l’emporter, un « JUSQU’AU BOUT ». montée dans les
sondages.
plus bas dans les sondages
( 30 % d’opinions
candidat démocrate a Après sa victoire favorables ), sera plus un
boulet qu’une bouée pour
besoin d’au moins dans l’Ohio, Hil- McCain. Le New York Times
2 025 des 4 049 délégués (dont 796 “super délé- lary Clinton a promis qu’elle irait « jusqu’au bout ». relevait le mois dernier que
gués”) qui siègeront à la Convention démocrate de « Aucun candidat, qu’il soit démocrate ou républicain, les conseillers de la cam-
Denver (les 25 et 28 août prochains). Les “super n’a gagné la Maison Blanche sans auparavant gagner la pagne McCain, prévoyants,
comptaient signifier à la
délégués” sont des responsables du parti ou des primaire de l’Ohio », a-t-elle souligné devant des mil- Maison Blanche et aux dona-
élus qui restent libres de leur choix au moment de liers de partisans en liesse à Columbus. teurs républicains qu’ils ne
la Convention. C’est pourquoi la campagne est re- Barack Obama a salué les victoires de sa rivale souhaitaient pas que le pré-
lancée, au moins jusqu’au 22 avril, date de la pri- mais a, dans le même temps, assuré à ses partisans sident Bush participe à de
maire en Pennsylvannie. rassemblés au Texas, qu’il était « en route pour ga- trop nombreux meetings de
campagne avec le candidat.
Le camp Clinton est revenu dans la course grâce à gner l’investiture » de son parti fort du nombre des Dans son discours de vic-
une argumentation fondée sur son expérience des délégués dont il dispose. Hillary Clinton a donc toire mardi il a promis de se
responsabilités politiques et sur la précision de son répondu « Yes we will » au « Yes we can » de Barack battre pour gagner la guerre
programme. Une recette déjà utilisée au début de Obama dans ce qui est d’ores et déjà la campagne en Irak s’il était élu.
M. N.
la campagne mais qui n’avait pas marché. Des son- plus longue et la plus coûteuse dans l’histoire de la
dages réalisés à la sortie des urnes ont montré que course à l’investiture des élections américaines.

La Pression de mars 14 Jeudi 6 mars 2008

 ET AILLEURS

Vers un reprise
des négociations

La mort
PROCHE-ORIENT. Au dernier jour de
sa visite au Proche-Orient hier, la secré-
taire d’État Condoleezza Rice a an-

de Reyes
noncé qu’Israéliens et Palestiniens
« avaient l’intention » de reprendre les
négociations de paix. En protestation
contre les attaques israéliennes dans la

empoisonne
bande de Gaza, le président palestinien
Mahmoud Abbas les avait suspendues
dimanche. Dans la soirée, ce dernier a
confirmé cette « intention » via son
porte-parole.

les relations
Zapatero en tête
pour les législatives

régionales
ESPAGNE. À droite, Mariano Rajoy ; à
gauche, le Premier ministre en exercice
José Luis Zapatero ; arbitres, plus de
50 000 électeurs appelés aux urnes di-
manche. Les deux candidats ont en-
gagé hier le sprint final électoral, Zapa-
tero se maintenant en favori dans la
course à la présidence du gouverne-
ment, même s’il ne bénéficie que d’une
avance de trois ou quatre points.

Le corps du Français

photo : DR
retrouvé
Raul Reyes a été abattu le 1er mars dernier

SOUDAN. Un corps a été découvert

hier matin au Soudan, près de la fron-
Après l’élimination « à se rendre à la frontière » entre la tière du Tchad, par les autorités du
Colombie et le Venezuela « si c’est pays. Il s’agit de celui du soldat français
de l’Eufor, la force européenne chargée
la condition de la libération ». Alors
du numéro deux
de sécuriser l’est du Tchad et de la Ré-
des Farc, les relations que les rapports entre la Colombie publique centrafricaine, porté disparu
et le Venezuela étaient déjà em- depuis lundi soir au Soudan. L’homme
poisonnées par le cas Betancourt,
interaméricaines
avait pénétré dans le pays par erreur.
cet épisode a encore envenimé les
s’enveniment et les
discussions pour la relations régionales. Le président
équatorien Rafael Correa a ainsi
Trop fort, l’euro

D
affirmé que « les discussions étaient UE. Le seul point positif d’un euro de
libération d’Ingrid
plus en plus fort : il met tous les diri-
Betancourt marquent le pas. assez avancées pour libérer en Équateur geants européens d’accord. Avec un
douze otages, dont Ingrid Betancourt », nouveau record battu à 1,53 dollars
Par Madjiasra et a crié à l’agression en dénonçant hier, la monnaie unique inquiète même
Nako (avec AFP) une « violation planifiée et prémédi- les Allemands, d’habitude enclins à
vanter les mérites de l’euro fort. Serait-
tée » de sa souveraineté. Les rela- il temps de mettre un terme au laisser-
tions diplomatiques entre les deux faire monétaire ? Le sujet sera évoqué
pays ont été rompues. au conseil de la Banque centrale euro-
L’Équateur et le Venezuela ont péenne, qui se réunit aujourd’hui.
imanche matin, l’ar- ensuite menacé la Colombie. Sou-
Au revoir Ian Paisley
Ingrid Betancourt

mée colombienne a tenu par les États-Unis, Bogota a

en novembre 2007.

annoncé avoir abattu
Raul Reyes, le numéro deux des
Forces armées révolutionnaires de
Colombie (Farc) au cours d’une
opération en Équateur. Depuis
2002, ce mouvement rebelle
marxiste détient en otage la
franco-colombienne Ingrid Betan-
court. La mort de Reyes a rapide-
ment été confirmée par les Farc.
Le lendemain, Hugo Chavez, le
président du Venezuela a annoncé
que Raul Reyes tentait d’organiser
une réunion avec le président Sar-
kozy lorsqu’il a été tué. Informa-
tion démentie hier par le porte-pa-
role du gouvernement Laurent
Wauquiez. « Il était bien l’interlocu-
teur depuis longtemps des pays investis
sur la libération des otages et notam-
ment la France et la Suisse, mais pas
sur les derniers jours plus particulière-
ment », a-t-il expliqué. Nicolas Sar-
kozy s’est de nouveau déclaré prêt
dénoncé à son tour l’ingérence du
Venezuela dans ses affaires.
L’Équateur a de son côté obtenu
une session extraordinaire de l’Or-
ganisation des États américains
(OEA) pour trouver un consensus.
L’Espagne a pris le relais pour as-
surer la médiation entre la Co-
lombie et l’Équateur. Pendant ce
temps, la libération des otages,
dont Ingrid Betancourt, est com-
promise par la crise.
Photo : DR

La guerre du gaz
IRLANDE. Une page politique se

menace l’Europe
tourne. Le protestant Ian Paisley, 81 ans,
a annoncé mardi qu’il quitterait son
poste en mai après s’être fait l’avocat
pendant un demi-siècle d’un protestan-
tisme intransigeant. En mai dernier,
Paisley avait accepté de partager le
pouvoir avec l’ex-ennemi historique ca-

L
Par Madjiasra Nako (avec AFP)
a guerre du gaz qui couvait
depuis le week-end dernier
a éclaté hier entre l’Ukraine
et le leader gazier mondial, le
russe Gazprom. La plus impor-
tante entreprise russe accuse dés-
ormais Kiev de vouloir prélever
une partie du gaz destiné à ses
clients européens. Si elle n’est pas
vite résolue, cette nouvelle tension
va priver l’Europe de 30% de ses
approvisionnements en gaz.
Pourtant, hier matin, l’Ukraine
avait rassuré l’UE. « L’Ukraine est
un partenaire fiable et nous ne viole-
rons pas nos engagements concernant
le transport et l’exportation du gaz vers
les pays de l’Union européenne »,
avait déclaré le Premier ministre
ukrainien Ioulia Timochenko.
Quelques heures plus tard, le
groupe russe a annoncé que Kiev
allait réduire de 60 millions de m3
le gaz qui transite par l’Ukraine
pour l’Europe, ce que Kiev a dé-
menti une nouvelle fois.
La Russie a décidé de réduire de
25% le gaz livré à l’Ukraine après
l’expiration le 3 mars d’un ultima-
tum pour le paiement de 600 mil-
lions de dollars d’arriérés de 2007.
De son côté, Kiev affirme avoir
réglé son dû.
Pour Pavel Kouchnir, un analyste
de la Deutsche Bank, la crise ac-
tuelle représente « un défi majeur
pour la réputation de fournisseur fia-
ble de Gazprom aux yeux de l’Eu-
rope », et pourrait encourager cette
dernière à diversifier ses sources
d’approvisionnement à son détri-
ment.
tholique. Question succession, le minis-
tre des Finances nord-irlandais Peter
Robinson semble le mieux placé.
Prison ferme pour
deux journalistes
ALGÉRIE. Omar Belhouchet et Chawki
Amari, respectivement directeur et
chroniqueur du quotidien indépendant
algérien El Watan, ont été condamné en
appel, mardi, à deux mois de prison
ferme et à une amende de près de
10 000 euros. Ils ont été jugé coupable
de diffamation et injures pour avoir, en
juin 2006, évoqué des malversations
dont se serait rendu coupable un préfet
de Jijel, département de l’est de
l’Algérie.

La Pression de mars 15 Jeudi 6 mars 2008

 ET AILLEURS

Séquestré
N’oubliez pas la légende Appel au Président
Le secrétaire général de l’UMP, Patrick

et torturé
Devedjian, a souhaité mercredi que le
et le crédit

président de la République Nicolas

Sarkozy s’exprime car « c’est le moment
de cadrer les choses » face à « la

Photos : DR
à Bagneux
campagne ad hominem » dont il est la
cible. « Notre électorat attend ça », a
insisté le député des Hauts-de-Seine.

Allègre se rapproche
du gouvernement
Encore un socialiste au
gouvernement ? Claude Allègre, an-
cien ministre de l’Éducation de Lionel
Jospin, se dit « prêt à aider Nicolas Sar-
kozy pour faire en sorte que la re-
cherche redevienne une des priorités
nationales et aider l’université française
à s’adapter au XXe siècle ». À condition
Un jeune homme a été soumis toutefois que des moyens financiers
soient débloqués comme le lui aurait
à des sévices à caractère antisémite « laissé entendre » le président de la
République. « Il a du charisme, et en
plus, il est sympathique », a aussi dé-
et homophobe. Les réactions politiques
sont unanimes pour dénoncer ce crime claré l’ancien ministre à propos du chef
de l’État.

Hollande ne veut pas

qui rappelle l’Affaire Halimi.

D
crier victoire trop tôt
Le président du Crif et la maire de Bagneux
se sont élevés contre cette agression.

Par Caroline Bozec (avec AFP) Invité du jour sur France Inter mardi, le
premier secrétaire du PS a mis en

eux ans après le meurtre d’Ilan Halimi, jeune
homme de 23 ans séquestré, torturé puis assas-
siné par le “gang des barbares”, Bagneux
(Hauts-de-Seine) est au centre d’une nouvelle histoire sor-
dide. Soupçonnés d’avoir séquestré un jeune homme de
19 ans et de lui avoir infligé des sévices à caractère antisé-
mite et homophobe, six hommes ont été écroués la semaine
dernière. Selon une source judiciaire, les agresseurs présu-
més, âgés de 17 à 24 ans, ont reconnu « à peu près l’ensemble
des faits », évoquant un « bizutage qui a mal tourné » à la suite
d’un différend financier. Selon Le Parisien, les six jeunes
hommes auraient fait référence à Youssouf Fofana, le chef
du gang, dans le but d’effrayer la victime. Mais pour une
source proche de l’enquête, « on n’est pas, dans ce cas, dans un
gang à la Fofana ». Dans la matinée du 22 février, deux d’en-
tre eux auraient attiré leur victime chez eux en l’accusant de
vol, le sommant de venir s’expliquer. C’est là que tout aurait
dégénéré pour le jeune homme, menotté, frappé, obligé
d’avaler des mégots de cigarette. Ses agresseurs auraient ins-
crit “sale Juif ” et “sale pédé” sur son visage.
Hospitalisé. Enfermé d’abord dans un appartement puis
dans un box, il a été relâché dans la soirée et hospitalisé.
« Très choqué » mais pas grièvement blessé, il a porté plainte.
Arrêtés dans les jours suivants, les six suspects ont été mis en
Photo : DR
garde les électeurs contre « le piège »
des sondages favorables à la gauche,
rappelant que « tout va se jouer au pre-
examen pour « violences en réunion en raison de l’appartenance mier tour ». Le mauvais souvenir de
véritable ou supposée à une race ou à une religion et en raison de 2002 est encore frais et Hollande sou-
l’orientation sexuelle, séquestration en bande organisée, actes de tor- haite plus que tout que les électeurs se
déplacent aux urnes. D’autant plus que
ture et de barbarie, vol aggravé, extorsion et menaces ». même s’il ne veut pas que les électeurs
La maire communiste de Bagneux, Marie-Hélène Amiable, votent « par dégoût ou colère »,
« choquée et indignée », a adressé ses « premières pensées à la vic- Hollande n’oublie pas que le 9 mars
time et sa famille ». « Ces faits sont graves. Ils demandent à chacun prochain donnera l’occasion « de fixer
un bulletin de notes à l’occasion d’un
sérieux, respect pour la population de notre ville, sans amalgame bulletin de vote ».
hâtif », a-t-elle plaidé.
Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des
Juifs de France (Crif), a dénoncé un antisémitisme qui reste
« profondément présent » en France malgré la baisse de 30 %
du nombre d’actes antisémites en 2007. « Chez les jeunes, les
violences prennent très vite une connotation antisémite, cela fait par-
tie de leur fond culturel », a-t-il affirmé, appelant à « ne pas bais-
ser la garde face à l’antisémitisme et ses manifestations ». Les mou-
vements Ni putes ni soumises et SOS racisme ont également
exprimé leur indignation. Ni putes ni soumises a appelé à
un rassemblement « contre le repli et l’exclusion » samedi pro-
chain dans le XIIIe arrondissement de Paris.
La classe politique a pour l’instant observé un silence pru-
dent sur l’affaire. Une prudence qui a une explication : en
juillet 2004, une plainte pour agression antisémite dans le
RER D avait mobilisé hommes politiques, associations
contre le racisme et médias, avant que l’enquête n’établisse
que l’agression n’existait que dans l’imagination de la plai- Élimination pour
gnante. l’Olympique lyonnais
C’est la fin de la course pour l’Olym-
pique lyonnais (OL), sorti de la Ligue

Le Gabon veut expulser

des champions après sa défaite en 8e
de finale contre l’équipe anglaise de
Manchester United mardi soir. Obligés

ses sans-papiers français

Par C.B. (avec AFP)
C’est l’histoire de l’arroseur arrosé. Le
Gabon vient de menacer de reconduire
les Français en situation irrégulière sur
son territoire après l’expulsion de deux
étudiants gabonais hors de France. Une
mesure peu habituelle de l’Afrique vers
l’Europe, mais qui pourrait viser un
nombre important des 10 000 ressortis-
sants français qui vivent au Gabon :
« 5 à 10 % des Français installés dans notre
pays sont en situation irrégulière. Ils pour-
ront être reconduits à la frontière si, au cours
d’un contrôle de police, ils ne disposent pas
de carte de séjour », a menacé André Mba
Obame, ministre de l’Intérieur. Et le
pouvoir s’est appliqué à démontrer que
le gouvernement français n’a pas le mo-
nopole de la fermeté face aux clandes-
tins : hier, le quotidien gouvernemental
L’Union titrait en une « Vive la fermeté »
et consacrait deux pages, un édito et
une caricature à l’affaire.
Expulsions de février. Cette mesure
vient après la reconduite à la frontière
en février de deux Gabonais qui effec-
tuaient leurs études à Reims et Tou-
louse. Alors que les préfectures justi-
fient ces expulsions par le manque de
résultats universitaires des deux étran-
gers, le Gabon se plaint que la France
ait « violé de manière flagrante » les ac-
cords entre les deux pays avec des « re-
conduites abusives ». Il estime que la
France n’a pas respecté le droit qu’ont
les ressortissants reconduits « d’avertir
un conseil, un consulat ou une personne de
leur choix afin d’assurer la sauvegarde de
leurs biens et intérêts privés ». Et promet,
dès lors, d’« appliquer la réciprocité ».
À cette polémique s’ajoute la colère du
Gabon après la diffusion sur France 2
d’un reportage sur les biens immobi-
liers du président Omar Bongo On-
dimba, qui disposerait de trente-trois
appartements ou maisons dont un
hôtel particulier de 18 millions d’euros
à Paris. Furieux, le gouvernement a
convoqué l’ambassadeur français, et
« réfléchit à la suite à donner aux relations
franco-gabonaises ».
de marquer après une défaite en match
aller, les Lyonnais n’ont pas su s’impo-
ser et ont dû s’incliner 1-0 au terme
d’un match engagé, surtout sur le plan
tactique. « Il faut tourner la page, tem-
père l’entraîneur Alain Perrin. Nous ver-
rons si l’équipe est capable de digérer
l’élimination pour se concentrer sur les
objectifs qu’il lui reste. » À savoir le
match contre Bordeaux qui s’annonce
très difficile dimanche en Championnat
de France de Ligue 1
Deux semaines
de solde en plus
Pour relancer le pouvoir d’achat, Bercy
mise sur les soldes. Le groupe de tra-
vail mis sur pied par le ministère de
l’Économie pour étudier « les méca-
nismes de réduction des prix » propose
deux semaines supplémentaires de
soldes par an et la création d’un com-
parateur de prix dans l’alimentaire. Le
rapport prône le maintien de deux
grandes périodes de soldes, mais pro-
pose que les commerçants puissent
faire de la publicité à l’intérieur comme
à l’extérieur du magasin sur les prix
discountés toute l’année.

La Pression de mars 16 Jeudi 6 mars 2008

 La cité où l’on vote
ET AILLEURS

à droite

I
C O R B E I L - E S S O N N E S . Les Tarterêts, une ville dans la ville, soit un quart
de la population de Corbeil-Essonnes. La cité fait souvent le 20-heures pour
ses violences. On y vote à gauche, sauf pour les élections municipales.
Depuis treize ans, les habitants préfèrent Serge Dassault.

Par Gaël Cogné

l est 19 h. Il fait nuit sur les choisissent Serge Dassault. « D’ailleurs, je crois
Tarterêts. Bruno Piriou qu’il va gagner. Il n’y a pas de vraie conscience poli-
frappe à la porte. Des enfants tique dans les banlieues. Il ne suffit pas d’avoir des
jouent et hurlent dans le cou- émeutes. »
loir qui résonne. Une Como- Pas assez politisés les habitants ? Bruno Piriou
rienne ouvre dans une odeur explique : « Il y a une telle misère. Serge Dassault ne
de friture. « Bonjour, c’est se gêne pas pour en profiter. Il a un système clienté- Les Tarterêts
Bruno Piriou. Nous sommes la seule liste de gauche. liste. » Pour Nasser Demiati, les habitants des
Photo : DR

Les autres n’ont aucune chance. Vous avez voté pour Tarterêts sont trop précaires, trop fragiles. Le reprend : « C’est dans la culture locale des jeunes. Ils
Serge Dassault aux dernières élections ? « clientélisme » aux Tarterêts, c’est plus qu’une ont été habitués à ça. Ils disent à Serge Dassault :
— Oui. rumeur. « Serge Dassault m’a proposé beaucoup ‘donne-moi de l’argent’. »
— Ce n’est pas possible ?! Ce milliardaire qui s’en d’argent pour organiser une réunion d’appartement », Bruno Piriou en a fini avec sa tour, pour ce soir.
fiche des habitants des Tarterêts ? Regardez, je suis raconte une habitante. « Je ne voterai pas pour lui, Pas besoin de faire la suivante. Plus personne n’y
avec Naïma, dit-il en indiquant la Marocaine qui mais pour cette somme... » vit. Elle doit être détruite. « Il y a un an, vous se-
l’accompagne. Vous la En 2006, Serge Das- riez venu, c’était Beyrouth », reprend Nasser De-
connaissez. Elle vit à côté. »
Échange de sourire. « IL Y A UN AN sault avait versé
500 000 euros sur le
miati. « Il y avait ces grandes tours désossées. On
voyait à travers. Comme par hasard, on a commencé
« Pourquoi vous avez voté
pour lui ?
C’ÉTAIT BEYROUTH » compte de l’un de ses
jeunes adjoints des
à repeindre juste avant les élections. »
« J’habitais dans la tour d’à côté », raconte Dramé
— ... » Tarterêts. Un “prêt” Dougoutigui. « On m’a déménagé dans une autre.
Pas de réponse. « Ça c’est le clientélisme de Serge pour un projet humanitaire s’était défendu le Je suis resté trois mois. Celle dans laquelle je suis en ce
Dassault. Il a acheté la communauté », glisse le can- maire. moment va bientôt être rasée, aussi. » Nasser De-
didat. Les jeunes auraient bien compris le système. miati craint que la mairie ne mène une politique
Porte suivante. Même discours. Autre réponse : Selon Le Monde, le maire aurait « financé sur ses d’embourgeoisement. Les loyers des nouveaux
« Moi je ne vote plus. Vous voyez dans quoi on vit. fonds personnels », les vacances et les projets des logements risquent d’être beaucoup plus chers.
Rien ne change jamais. » habitants des quartiers sensibles. Soucieux de plaire à son électorat, Serge Das-
« C’est sûr que l’abstention va être un enjeu impor- « Il achète la paix sociale », s’énerve José Kinkela sault a annoncé une baisse du taux d’imposition
tant », explique Nasser Demiati, sociologue à de l’amicale des locataires. Il a l’habitude de de 2%, mardi dernier. « Un geste sympathique »
l’université d’Evry et membre du groupe Claris gérer les problèmes de logement des habitants qui « plaît à tout le monde », a signifié le maire. La
(Clarifier le débat public sur la sécurité). Il n’est du quartier. « Si tu veux quelque chose, tu vas voir commune présente un endettement de 108 mil-
pas surpris de voir que les habitants des Tarterêts Dassault. Tout le monde sait ça. » Nasser Demiati lions d’euros.

Serge Dassault Le grand patron et l’ouvrier

À l’élection présidentielle, Ségolène Royal a obtenu 55,61% des voix des
Corbeil-essonnois. Aux législatives, Manuel Valls (PS) est largement sorti
vainqueur : 57,70% des voix. Pourtant, le maire Serge Dassault (UMP) af-
fiche toujours le sourire. Un sondage CSA de décembre 2007 donnait 50%
à la gauche. Mais en présentant deux listes, Nouvel Avenir (PS) et la Ville
ensemble (PCF-Verts et PS), elle avance divisée. La gauche n’a pas réussi à
s’entendre. Le jeune Carlos Da Silva (33 ans) a été parachuté par Manuel
Valls, puissant maire d’Evry. « Mon étiquette PC ne plaît pas », estime Bruno
Piriou, candidat de l’autre liste.
Electrisé par ces élections, Bruno Piriou, conseiller municipal et conseiller
général de l’Essonne, y croit dur comme fer. « On n’a jamais été aussi
près. » Treize ans qu’il se présente face à Serge Dassault. Selon ce son-
dage, il aurait 28% des intentions de vote.
D’un revers de main, Bruno Piriou balaie la liste PS de Carlos Da Silva. « fff.
Ils n’ont aucune chance. Ils ne sont pas sur le terrain. On ne les voit jamais. »
Pour le candidat, la bataille se joue entre lui et Serge Dassault. « Entre le fils
d’ouvrier [son père travaillait à Renault Billancourt, NDLR] et le grand pa-
tron. Vous imaginez, il a 82 ans. Il ne peut pas perdre contre moi. Il ne peut
pas finir comme ça. Il ne supporterait pas. »
Et la lutte est sans merci. Les deux hommes se détestent. Les conseils muni-
cipaux sont un vrai théâtre : menaces de mort, insultes, procès en diffama-
tion, déclarations tonitruantes... « Serge Dassault a un interrupteur pour
couper les micros », rapporte un habitant. Ce qui n’empêche pas Bruno Pi-
riou de se lever pour se livrer à de grandes diatribes face à un public
friand de ces joutes.
L’opposition appuie là où ça fait mal : les affaires qui rythment l’actualité de
Corbeil. Affaires largement relatées dans la presse. « Je suis surpris par
cette acharnement médiatique », déplore Jacques Lebigre, directeur de
campagne de Serge Dassault. Pour lui, la fortune de Serge Dassault fait
beaucoup fantasmer. Il préfère mettre en avant l’hôpital high tech obtenu à
force de sueur face à Evry. Serge Dassault a le bras long et tout le monde le
sait à Corbeil.
Photo : DR

La Pression de mars 17 Jeudi 6 mars 2008

 Adversaires complices
Par Sophie Bouillon
L
orsqu’ Anne, la maman,
a entendu l’un de ses
deux fils à la radio, elle
était en train d’ouvrir
son bar-tabac, comme
chaque jour depuis
quinze ans. Elle a serré très fort son
mari. Dans ses bras, elle a pleuré
d’émotion, et de fierté. Ce jour-là, les
médias se sont succédé tout l’après-
midi pour venir écouter les jumeaux,
inscrits sur deux listes électorales
concurrentes du village. Vincent et
Mathieu Voisin, 21 ans, se présentent
aux municipales de
Marœuil, une petite
« ON NE PARLE PAS DE
commune du Pas-de-
Calais d’à peine 3 500
habitants. Adversaires
politiques, le temps POLITIQUE À LA MAISON »
d’une campagne, le
temps d’une soirée
électorale, peut-être. « Le 9 mars, on fera
le dépouillement des urnes. On essaiera de
ne pas se voir, au moins jusqu’à minuit ! »
Mais après, ils rentreront chez eux,
dans l’appartement qu’ils partagent, à
deux pas du bar de leurs parents.
Les deux frères, des « vrais jumeaux »,
comme le souligne leur maman, com-
mencent leurs phrases par « moi », par
« en ce qui me concerne », mais les termi-
nent toutes par un regard complice, sa-
chant déjà ce que l’autre va répondre.
Et quand l’un ne sait pas comment ex-
primer sa pensée, c’est le frère qui
prend le relais. Assis côte à côte sur
une banquette en moleskine rouge, ils
se lancent dans les confidences. Vin-
cent râle tout le temps, il paraît. Ma-
thieu pense trop à lui, d’après son frère.
La Pression de mars
DÉCALÉ
M A R ΠU I L . Dans la vie, Vincent et Mathieu sont jumeaux.
Mais pendant la campagne électorale, ils sont adversaires.
qu’ils mènent ensemble. Et les parents arbitrent.
Qui de Mathieu (à gauche) ou de Vincent
sortira vainqueur de ce duel fratricide ?
Mais son jumeau se rattrape : « Il a
beaucoup de qualités : il est aussi bien que
moi ! »
Inséparables, ils se sont engagés en-
semble dans la vie du village. À 12 ans,
ils allaient au cimetière vendre des
pin’s du Souvenir français le jour de la
Toussaint. À 13 ans, ils vendaient des
brioches pour organiser des événe-
ments dans le village. Deux ans plus
tard, ils faisaient les brioches. Chaque
année, ils participent à la Fête de la pa-
tate dans la commune d’à côté. On les
appelle pour les kermesses de l’école.
En 2006, ils ont enfourné 238 quiches
pour le Téléthon. Et le père, moqueur,
adossé sur le comptoir de son café de
rajouter : « D’ailleurs, si vous aviez fait de
l’anglais, plutôt que de faire des quiches,
vous auriez pas été boulés au BTS ! » Ma-
thieu est dans l’hôtellerie, Vincent en
apprentissage de cuisinier. « La cuisine,
c’est partager aussi, sans attendre quelque
chose en retour. »
Pas étonnant donc que les candidats
de Marœuil se soient arrachés les deux
jeunes pour peser contre le maire sor-
tant Jean-Pierre Quargnul. Le candi-
dat de Mathieu, Daniel Damart, est à
droite et son grand projet pour la com-
mune est la réhabilitation du marais en
zone de loisir. Jean-Marie Truffier, le
candidat de Vincent, est inscrit sous
18
Un combat politique, l’un contre l’autre,
PHOTO : Thibaud Vuitton
l’étiquette UMP. Son ambition pour la
ville : « la réhabilitation du marais en zone
naturelle ». Quelle différence entre les
deux candidats ? « La différence, c’est
nous qui la créons ! » s’amusent les deux
frères. Les deux programmes concur-
rents se ressemblent autant que le vi-
sage candide des jumeaux, que leurs
lunettes ovales, et leur sourire chaleu-
reux. Les deux frères se reconnaissent
dans le parti de l’UMP. Ce qui leur
plaît dans les valeurs de la
droite ? « C’est ce qui nous déplait dans les
valeurs de la gauche ! » Mais on n’en
saura pas plus. Ils cherchent,
se regardent, se tournent vers
Les frères
leur père. Mais c’est ici que
s’arrête leur projet politique. Voisin
« On ne parle pas de politique à la
maison. » en dates
Pour l’un comme pour l’autre, 11 juin 1986 : Nais-
intégrer le conseil municipal, sance de Vincent et
c’est avant tout un engagement pour la Mathieu
vie communale. Une continuité lo- 1993 : La famille Voi-
sin déménage à Ma-
gique de leur parcours. À 21 ans, c’est rœuil. Les parents
un choix qui surprend, surtout leurs achètent le bar-
amis de BTS à Arras. « Pour eux, je m’en tabac du village. Les
vais dans un délire. Ils prennent ça à la ri- enfants vendent des
golade », raconte Mathieu. « C’est sûr, pin’s pour le Souve-
nir français
eux, ils préfèrent sortir en boîte », poursuit Janvier 2005 : 238
Vincent. quiches pour le Télé-
Au fond de la salle, le père sourit. Il thon
ne perd pas une miette de l’interview. Septembre 2005 :
S’inscrivent en BTS
La salle est rangée, les tabourets ren- hôtellerie
versés sur les tables. Les verres ont été Juin 2007 : Vincent
lavés et essuyés. Drôle de journée. est appelé sur la liste
Leur maman, en ouvrant la porte de de Daniel Damart
derrière, lance un chaleureux Octobre 2007 : Ma-
thieu s’inscrit sur la
« Merci ! ». Pourquoi ? « Pour rien. Juste liste de Jean-Marie
d’être là », confie-t-elle. Puis referme la Truffier
porte.
Jeudi 6 mars 2008