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N°2143351 – Jordan BUENZEYI

Histoire des politiques de santé


Licence 3 – 2019/2020 Première session

Sujet : « Je déclare avoir avorté »


Commentaire de texte

INTRODUCTION
« Il est peu de sujets sur lesquels la société́ bourgeoise déploie plus d’hypocrisie :
l’avortement est un crime répugnant auquel il est indécent de faire allusion. Qu’un écrivain
décrive les joies et les souffrances d’une accouchée, c’est parfait ; qu’il parle d’une avortée,
on l’accuse de se vautrer dans l’ordure et de décrire l’humanité́ sous un jour abject : or, il y a
en France chaque année autant d’avortements que de naissances. C’est un phénomène si
répandu qu’il faut le considérer comme un des risques normalement impliqués dans la
condition féminine ».

Simone de Beauvoir

Le document mobilisé pour notre étude de texte est un extrait d’article de presse intitulé
« Je déclare avoir avorté » de Pascale KREMER, publié dans l’édition du 9 avril 2001 du
journal français Le Monde.
Pascale KRÉMER est une journaliste française, travaillant pour le journal Le Monde. C’est
à l’âge de 36 ans qu’elle rejoignait d’abord l’équipe du Monde 2, après avoir suivi pendant
plusieurs années des dossiers liés aux thèmes de l’égalité hommes-femmes et de
l’homosexualité pour la séquence Société du quotidien. Elle entre au journal en 1992, au
service économie, et débute par travailler sur les « Dossiers et documents » du Monde, avant
d’intégrer la séquence Société en 1994.
Cet article de presse est accessible au grand public, et met la lumière sur des évènements
passé ayant agité la société française dans la seconde moitié du 20e siècle.
Cet article intervient 25 ans après l’institution de la loi Veil. La société française est alors
en proie à de nouveaux troubles, dû notamment au fait de la résurgence, entre novembre 1999
et juin 2001, des problèmes publics que sont et furent déjà par le passé l’avortement, la
contraception et l’anti-contraception, notamment depuis 1920 et les premières dispositions
prises à l’encontre de l’avortements et des moyens de lutte de contraception par les natalistes
de l’époque. Dans le temps présent, une nouvelle loi doit être voter.
Dans cet article, Pascale KRÉMER revient sur l’affaire du manifeste signé par 343
femmes, rédigé sous la direction de Simone de Beauvoir, et publié par Le Nouvel Observateur
dans son édition du 5 avril 1971. Tout au long de l’article, Pascale KRÉMER revient sur les
évènements à l’origine de ce manifeste, des motivations exprimées et les positions défendues
à travers celui-ci, ainsi que les évènements ayant découlé à partir de ce dernier.

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Ainsi, il semble pertinent de nous demander quels sont les enjeux qui entourent ce
l’avortement libre durant le 20e siècle ? De quelle manière amorce-t-il l’émergence d’une
société française nouvelle ?
Pour répondre à ces questions, nous porterons d’abord un regard sur la place qui est conféré à
la femme dans la société, puis nous observerons la manière donc la politique nataliste au sujet
de l’avortement tend à être redéfini, enfin nous verrons que la question de l’avortement
s’établit en un conflit généralisé.

Dans un premier temps, il est important d’analyser la place de la femme et ses


représentations dans la société française.

Cette première partie doit nous permettre de comprendre quels sont les différents enjeux et
questionnements qui entourent la place de la femme, quelles sont leurs revendications, et a
manière dont elles existent dans la société.

En effet, c’est une « gente » placée au cœur des débats sociaux.


Nous pouvons le comprendre, cette affaire met en lumière les positions défendues par les
femmes, dont la gente ne cesse de rechercher son indépendance dans la société, cela est
visible (l.28) : « il est de nécessité vitale que les femmes récupèrent et réintègrent leurs
corps ». Cette volonté d’émancipation est accentuée (l.26) : « Notre ventre nous appartient »,
ou encore (l.70-71) : « un enfant si je veux, quand je veux ». Ces lignes témoignent du désir
de (re)prendre le contrôle de leur vie, de ne plus être régis par les règles de la société actuelle.
Les questions tournantes autour de le l’appartenance du corps des femmes ont longtemps
rythmé la société. A ce sujet, la France proposa une réponse univoque pendant plusieurs
décennies : le corps des femmes appartient à l’intérêt de la nation, et ne peuvent s’en
accommoder librement. Il y a également une forme d’opposition qui s’oppose à l’idée
exprimée par le passé, explicitée (l.42-43) : « les hommes avaient versé leur sang, aux
femmes d’accomplir leur devoir. ». Il semble clair à travers ces lignes que les femmes n’ont
jamais réellement été considérés comme libres dans la société. Depuis le 19 e siècle, l’objectif
principal et d’augmenter la quantité de la population pour renforcer la puissance de la nation.
La France ne s’est pas remise de l’hécatombe de la 1 ère Guerre Mondiale – 1,4 million de
morts – il était urgent et primordiale de repeupler la nation, en vue de maintenir la puissance
économique et militaire de cette dernière. Il est donc question d’enjeux démographiques,
patriotiques et militaires. En outre, les femmes cherchent avant tout à se libérer du « joug »
d’une société aux idées préconçues où l’on peut considérer qu’elles sont mises au ban du
système, et se faire entendre dans l’espace public.
D’ailleurs, ces questionnements permettent la réémergence du courant féministe.
Naturellement, cette lutte favorise le retour du féminisme dans la société et l’espace public.
En effet, ce mouvement ressurgi à la fin du XX e siècle, dans ce que l’on peut considérer
comme une deuxième vague du féminisme. Cela s’illustre par la naissance successive du
Mouvement de libération des femmes (MLF) en 1970 (l.65), du Mouvement pour la liberté de
l’avortement (MLA) – et qui s’apparente en réalité au Mouvement pour liberté de
l’avortement et la contraception (MLAC) – en 1973 (l.25), ou encore l’association Choisir en

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1971 (l.67-68), créé sous l’égide de l’avocate Gisèle Halimi, et Simone de Beauvoir. Ces
organisations sont relayées dans leur combat pionnier pour l’avortement libre, ayant toutefois
tenter d’avoir un impact considérable à ce sujet. On observe par ailleurs que ces associations
s’engagent et se battent sur plusieurs terrains, tant social que sanitaire donc – la MLAC se
distingue notamment pour son soutien et ses organisations d’avortement – mais aussi
juridique puisque qu’il s’avère nécessaire de de prévoir une assistance juridique pour les
femmes placées en situation d’illégalité, par le manifeste ou l’avortement, tenter d’abroger les
lois existantes. Nous constatons dès lors que c’est tout un système, tout un dispositif associatif
qui s’organise et s’établit en porte-parole des femmes dans cette lutte. Il est alors question
pour ces groupes de faire entendre la voix des femmes, de les assister, et mener des actions et
manifestations pour leur combat. En ce sens, l’auteur mobilise l’exemple de la Marche de
Paris du 20 novembre 1971 ; cette marche internationale des femmes aurait mobilisé 4000
femmes dans les rues parisiennes, munies de banderoles sans équivoques à leur cause (l.70-
71). Las société française est témoin de la prise en main de la « cause des femmes », aux
moyens d’orientations et de pratiques différentes. L’été 1970 est témoin, déjà, de
rassemblements dans les rues. C’est le cas de la manifestation à l’Arc de Triomphe en soutien
à la grève féministe outre-Atlantique. D’autres organisations ou associations voient le jour,
centrées autour des débats sur le corps et la sexualité, comme par exemple le groupe Féminin
Masculin Avenir (FMA). L’exemple du procès de Bobigny qui s’ouvre en date du 8 juin 1972,
diffuse « plus largement le débat » et cristallise l’attention généré par l’avortement, l’étendant
donc considérablement sur la place publique puisqu’on assiste à la mise en examen d’une
adolescente violée par son « conjoint », et qui fut dénoncer pour avortement. Il demeure un
exemple marquant des actions mener par les différentes associations, notamment la défense
organisée par Gisèle Halimi. Depuis l’époque de Vichy, les délations sont particulièrement
encouragées, et s’établissent comme des moyens légitimes de lutte contre l’avortement, sous
l’égide de pharmaciens ou d’associations natalistes telles que l’Alliance nationale ou
Médecine et famille. En outre, ces représentantes du féminisme expriment une forme de
caractère « belliqueux ». Elles n’hésitent pas à « défier les pouvoirs publics » (l.7), à travers
des « actes de rébellion » (l.8), lors de manifestation ou par écrit. Elles mènent un « combat
politique » d’ensemble pour la gente féminine, une gente parmi laquelle « on fait silence sur
des millions de femmes » (l.11-12).

Transition : La volonté farouche des femmes, dont la visibilité est accrue par le
mouvement féministe, ne peut que porter au plus haut leur entreprise d’émancipation,
laissant émerger des enjeux multiples autour du fatalisme en France.

Dans un second temps, nous pouvons voir qu’il apparait nécessaire de faire évoluer la la
politique nataliste.

Cette seconde partie doit nous permettre de saisir les différents enjeux qui entourent la
question de l’avortement libre, mais également toute la partie juridique à laquelle elle est
confrontée.

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En effet, la redéfinition de la politique nataliste nécessite de prendre en considération les


enjeux sanitaires.
Cet article permet d’informer et mesurer l’étendue des enjeux sanitaires liées à la décision ou
non de changer le postulat établi au sujet de la question sur l’avortement. L’avortement
apparait comme une procédure bien implanté, commune, et concerne un contingent non-
négligeable en France. C’est ce que l’auteur de l’article semble nous expliquer aux (l.9-10) :
« Un million de femmes se font avorter chaque année en France. ». D’ailleurs, cet article
suggère qu’il n’est pas maladroit de penser que cette procédure est plébiscité parmi les
moyens d’anti-contraception, s’établissant pourtant comme le recours extrême, notamment
pour « 1 500 000 femmes vivants dans la honte » (l.29). Cette honte pourrait être provoqué
par la honte d’avoir été violé, de la pratique sexuelle et de l’impudicité, et donc d’une
grossesse non-voulu et difficile à envisager pour les femmes concernées. Dans ce sens, le
texte nous apprend que les sont pousser à réaliser des opérations prohibées, devant être
réaliser dans la « clandestinité » (l.10), le tout dans des « conditions dangereuses » (l.10).
Évidemment, cette clandestinité procédurale amène à l’emploi de mesures exceptionnelles
et/ou peu conventionnelles pour mener à terme l’opération d’avortement : l’auteur cite une
liste non-exhaustive de ces mesures illicites, telles que les « recettes miracles » comme la
tisane d’armoise (l.36), les « objets perforants » tels baleine de parapluie (l.37). La solidarité
est aussi illégale dans la mesure où elle amène à réaliser proscrit par la loi et les mœurs ; ainsi
l’échange d’adresse de « faiseuses d’anges » et « cliniques suisses » (l.38-39) s’inscrit
également dans ce cadre d’illégalité. En outre, la prohibition de l’avortement tend à créer une
cause de mortalité supplémentaire au sein de la société, alors que cette dernière est évitable ;
l’auteur évoque un nombre de l’ordre de 5 000 morts parmi celles qui suivent cette procédure
proscrite. Un des enjeux liés à l’avortement est clairement identifiable, puisque légalisée, cette
pratique serait rendue disponible et « sûre », dans la mesure où « cette opération serait des
plus simples » (l.11), exécuté sous contrôle médical.
D’ailleurs, les enjeux sanitaires s’opposent aux enjeux juridiques.
La pratique de l’avortement n’attire aucune sympathie au sein de la société, car contraire aux
mœurs et à la politique nataliste mener au sortir de la Première Guerre Mondiale. Depuis le
début du 20e siècle, les natalistes sont convaincus que la voie répressive s’établie en solution
idoine pour contraindre la population à procréer, mais également endigué tout phénomène de
contraception et avortement. Sous l’impulsion des natalistes, les pouvoirs publics renforcent
la lutte contre l’avortement. C’est pourquoi cette dernière est proscrite. À ce sujet, l’article
nous donne plusieurs indications : en effet, c’est un acte répréhensible et condamnable, et les
désignations à connotations négatives ne manquent, comme à (l.8) où l’on parle de « délit
d’avortement » et l’on rappelle que c’est un « délit puni » en vertu de « l’article 317 du code
pénal » (l.39-40). Les sanctions allant à l’encontre du coupable vont de la sanction pécuniaire
– « de 360 à 7 200 francs » (l.40) – à la sanction privative – « de six mois à deux ans
d’emprisonnement » (l.40). Néanmoins, l’auteur avance également qu’en cas de force majeure
une exception peut être fait, c’est le cas notamment si « la vie de la mère est gravement
menacée » (l.41). Et même dans ce cas de force majeure Malgré tout, cette procédure ne jouit
pas d’une bonne publicité, qualifié de « crime », un terme fort de sens et exprimant des
opinions sans équivoques à son encontre, par la Chambre « bleu horizon » en 1920 (l.41-42).
Au cours de l’histoire, l’avortement fut déjà criminalisé par le Code pénal de 1791, puis de

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1810. Depuis le début du 20 e siècle, de nombreuses mesures juridiques ont vu le jour pour
lutter contre la contraception, et donc de facto l’avortement. La propagande
anticonceptionnelle est prohibée en France à partir de 1920, avec l’interdiction de promouvoir
le Birth control. Les Loi du 28 décembre 1967 et du 4 décembre 1974 rendent prohibée la
propagande antinataliste commerciale en matière de publicité. De même, la loi de 1920
condamne toute provocation à l’avortement et complicité d’avortement. La loi de 1923 fait
l’objet d’un durcissement, avec une révision du code pénal (l.43), afin d’accroitre l’efficacité
des tribunaux, jugés trop tendre, faisant preuve de « trop d’indulgence » (l.44). Pourtant, met
en exergue une hausse d’environ 52% des condamnation entre 1970-1971. Cette dernière,
datant du 17 mars 1923, a pour but de faciliter la répression en correctionnalisant l’avortement
dans l’unique but de soustraire aux jurys populaires la possibilité de distribuer des peines
« légères », et prévoit donc de substituer le jury populaire à aux juges professionnels. Par
ailleurs, cet article met en lumière l’existence de limites de la juridiction face au problème
publique construit autour de l’avortement. Premièrement, ce dernier force l’apparition d’une
jurisprudence future. Explications. Pour revenir au « Manifeste des 343 », le nombre de
signataires ayant émergé pause problème, et ce pour plusieurs raisons : d’une part, l’effectif
est beaucoup trop élevé pour intenter une action collective en justice, d’autre part ce large
contingent contient de nombreuses personnalités publiques « clinquantes » de l’époque, étant
difficiles à poursuivre. D’ailleurs, l’accent est mis sur ce point par les magistrats, et relater à
travers l’article (l.52) : « …à l’avenir il sera difficile d’infliger à une femme de condition
modeste la sanction qu’on aura refusé d’infliger à Françoise Fabian ». Deuxièmement, les
autorités judiciaires et policières doivent composer avec la difficulté à se procurer
l’information nécessaire, de par le caractère intime de la procédure d’avortement, et le
phénomène que l’on appelle « omerta ». Troisièmement, le recueil et l’administration de la
preuve pénale qui est toujours difficile à réaliser. En outre, le cas de jurisprudence vient de
nouveau jeter l’opprobre sur un système juridique qui semble tanguer et montrer quelques
signes de faiblesse.

Transition : La politique nataliste doit composer avec les enjeux sanitaires et juridiques,
laissant apparaître des failles. Mais elle doit également faire face à médiatisation qui
s’incorpore dans le champ de débat.

Dans un troisième temps, nous pouvons voir que la lutte contre l’avortement s’apparente à
un conflit généralisé

Cette troisième partie se concentre sur la couverture médiatique du sujet en présence. Il s’agit
d’observer de quelle manière les médias s’emparent du sujet pour le traiter, d’observer les
jalons de cette médiatisation, emmenant progressivement la société et le droit vers la
dépénalisation de l’avortement.

En effet, cette lutte fait l’objet d’une couverture médiatique forte.


Cette lutte, mettant aux prises les femmes et le mouvement féministe d’une part, et les
politiques et le droit d’autre part, se retrouve logiquement sous les feux des projecteurs. Le

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manifeste a évidemment rempli son devoir, comme le montre l’auteur dans son article. C’est-
à-dire que la forte médiatisation du sujet s’explique déjà par la diversité des acteurs impliqués
dans le manifeste : nous parlons des « écrivains » comme Simone de Beauvoir ou Annie
Sinclair (l.15), « comédiennes » telles que Catherine Deneuve ou Françoise Fabian (l.16),
« politiques » ou « avocates » comme Yvette Roudy et Gisèle Halimi (l.18), et fait rare pour
le signaler, « journalistes » comme Katia Kaupp (l.19), de toute maison notamment Le Monde
avec Nicole Bernheim entre autres (l.20). C’est donc une « pléiade » de célébrités, une caste
d’intellectuelles de gauche (l.15), des grands noms, influents et donc capteurs d’attention.
C’est tout une ligue qui semble s’organiser pour défendre la condition des femmes,
constamment humilier, et victime de l’hypocrisie sociale forgé autour de la contraception et
de la sexualité. Les journalistes occupent logiquement une place prépondérante dans la
médiatisation de ce débat, et le texte met en lumière la mobilisation de tous les organes de
presse : Le Nouvel Observateur s’inscrit parfaitement dans ce plan, puisque le manifeste fut
publié dans son édition, et s’établit comme le précurseur dans l’entreprise médiatique de ce
débat. D’ailleurs, Jean Daniel, alors directeur de la rédaction, n’avait pas hésité à se saisir de
l’acte politique que représentait ce manifeste pour mettre fin à la « conspiration du silence »
(l.32). C’est une entreprise conspirationniste déjà présente dans la première moitié du XX e
siècle, quant à cette époque l’idée développé par les natalistes était axée sur le fait de garder
les français dans l’ignorance vis-à-vis de la contraception et les produits contraceptifs. Donc,
c’est tout un effet d’engrenage qui est observable : Charlie Hebdo est également impliqué,
proposant « satirique » mais non moins violent en parlant de « 343 salopes » (l.14), tout
comme Le Monde, fait juger exceptionnel, qui n’hésite pas à consacrer ses « unes » à ce débat
(l.55). Les réactions sont nombreuses, et on constate alors plusieurs dynamiques : certains
quotidiens prennent parti, quand d’autres misent surtout sur la neutralité. Tout le monde
semble se saisir de ce débat et de ce problème public : « toute la presse, écrite, radio,
télévisée, s’en fait l’écho » (l.54), si bien que le cadre spatial de l’information évolue outre-
manche, en Angleterre, et outre-Atlantique, aux États-Unis (l.54). En outre, on assiste à une
médiatisation de grande ampleur. Le retentissement de cette affaire ne peut que hâter les
« évolutions indispensables ».
D’ailleurs, la tendance s’oriente progressivement vers une dépénalisation de l’avortement.
Sans le savoir, la dépénalisation de l’avortement n’était d’un tournant de plus que la France
s’apprêtait à négocier. C’est ce que l’auteur exprime à travers son article. Car outre-manche
(Angleterre) comme outre-Atlantique (États-Unis), on assiste à une dépénalisation successive
de l’avortement entre 1967 et 1973. Ces pays ont vu s’installer plusieurs cliniques de Birth
control depuis l’entre-deux-guerres, alors que ce phénomène fut endigué en France par la loi
de 1920. L’une des stratégies adopter pour s’inscrire dans la voie de la dépénalisation et de se
servir des exemples étrangers, afin de construire une impression de retard sur les autres pays.
L’auteur laisse paraître une forme de globalisation. Ce caractère « quasi-inéluctable » (l.65) se
matérialise en France, faisant quelque peu écho à la situation de juillet 1970 concernant un le
dépôt de loi de Claude Peyret. En effet, depuis 1967, la société française s’oriente peu à peu
vers cette dépénalisation, comme le témoigne la libération de la parole. L’institution de la loi
Neuwirth du 28 décembre 1967, même si cette dernière est inachevée, participe également à
cette entrepris, puisqu’elle lève l’interdiction de propagande anticonceptionnelle. Le
manifeste des 311 suit la dynamique présente, tout le comme le « manifeste miroir » des 331

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médecins, signé par Romy Schneider (l.72) qui fait écho au Manifeste des 343. Ces derniers
sont également concernés par le droit nataliste, puisque depuis 1942 sous Vichy, les avorteurs
sont déférés devant le Tribunal d’État, ayant parfois aboutit à la peine capitale. Ce manifeste
revendiquait l’éducation sexuelle et à la contraception pour tous, majeures comme mineures,
le remboursement des contraceptifs, et la prise en charge de l’avortement libre par la Sécurité
sociale. En outre, au terme d’une période marquée par une affrontement d’idées, de
revendications, d’un combat social, la loi Veil sur l’Interruption Volontaire de Grossesse
(IVG) est promulguée le 18 janvier 1975, sous l’impulsion de Simone Veil alors ministre de
la Santé, et entre en vigueur pour 5 ans à partir du 19 janvier 1975.

CONCLUSION
En définitive, ce texte nous permet d’analyser le processus, ou du moins une grande partie
de ce dernier, ayant amené à l’institution de la loi Veil du 18 janvier 1975, pour 5 ans, avant
d’être reconduit de manière définitive. Ce débat pose les jalons d’une société nouvelle, à
travers laquelle les mœurs ont su évoluer tout comme la gestion de la question sanitaire. En
dépit de la l’institution de l’IVG, le nombre d’avortement réalisés dans des conditions
dangereuses reste conséquent. En outre, ce cas nous permet de nous interroger de manière
globale sur les autres moyens anti-contraception, sur leur efficacité et sur la portée que
peuvent avoir l’éducation à la sexualité, une éducation qui est censé avoir un impact sur le
phénomène d’avortement.

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