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Presses

universitaires
de Rennes
Espace et rapports de domination  | Anne Clerval,  Antoine
Fleury,  Julien Rebotier,  et al.

Le féminisme
matérialiste, une
analyse du
patriarcat comme
système de
domination
autonome
Anne Clerval and Christine Delphy
p. 217-229

Full text
1 Dans le cadre d’une réflexion sur la place de l’espace dans les
rapports de domination, il importe de revenir sur la pluralité
des rapports de domination. On oppose souvent en effet
l’approche marxiste du capitalisme et des rapports de classe
et les autres rapports de domination, mis en évidence
ultérieurement, que sont les rapports sociaux de race et de
sexe. Cette opposition est fondée sur deux arguments : d’un
côté, l’analyse des rapports de classe les a longtemps pensés
(et continue de le faire parfois) comme hégémoniques et
déterminants en dernière instance, les autres rapports de
domination étant pensés comme des dérivés des premiers.
Cette vision des choses fait pendant aux stratégies politiques
de lutte, liées à l’histoire du mouvement ouvrier, dont la
lutte anticapitaliste a longtemps été la colonne vertébrale, les
luttes de libération des femmes ou les revendications des
étrangers étant d’abord vues comme une division de la classe
ouvrière. Mais d’un autre côté, même en voulant au
contraire montrer l’importance des ces luttes non
directement anticapitalistes, on oppose souvent la
domination de classe, qui serait matérielle (ou économique),
et les autres dominations, qui seraient culturelles et dont on
oublie ainsi la base matérielle.
2 C’est pourquoi nous avons voulu faire connaître aux
géographes une approche féministe matérialiste, dont les
apports sont à la fois heuristiques et politiques. Cette
approche, développée en particulier par Christine Delphy,
mais aussi par d’autres chercheuses françaises ou
étatsuniennes1, montre que la hiérarchie de genre relève
d’abord, comme toutes les hiérarchies, d’une domination
économique et plus largement matérielle. Cette approche
féministe matérialiste proposa aussi une déconstruction
radicale du genre et du sexe, bien avant les théories queer, et
paraît peu ou mal connue en géographie. Ainsi, dans son
ouvrage sur les pratiques de l’espace des femmes à
Bordeaux, Guy Di Méo (2011) assimile les féministes
matérialistes aux féministes essentialistes auxquelles elles
s’opposent pourtant complètement. Le féminisme
matérialiste est en effet résolument constructiviste  : il
montre comment les catégories de femmes et d’hommes sont
socialement construites. Mais que ces catégories soient
construites ne signifie pas qu’on puisse les déconstruire
facilement, et surtout qu’on puisse «  sortir  »
individuellement de ces catégories, comme le prétendent
certaines théories post-modernes ou queer. Car ces
catégories ne reposent pas sur une lubie culturelle des
sociétés mais font partie d’une structure sociale entière,
comportant des aspects économiques, juridiques et
politiques, dont chacun doit être changé et ne peut l’être
qu’au terme d’une longue lutte collective. Forgée par des
chercheuses féministes de la deuxième vague2, l’approche
féministe matérialiste s’inscrit pleinement dans un
mouvement politique (Delphy, 1975). Dans le courant des
années 1960 aux États-Unis et au tournant des années 1970
en France, la deuxième vague féministe porte des
revendications radicales, remettant en cause le système
d’oppression des femmes, qui dépasse la seule «  inégalité
des droits ». C’est dans un contexte de pensée polarisé par le
marxisme (et ses interprétations plus ou moins rigides)
qu’est né le Mouvement de libération des femmes (MLF) en
1970 et l’analyse du patriarcat comme système de
domination autonome désigné la même année comme
«  l’ennemi principal  » (Delphy, 1970). Le féminisme
matérialiste ou radical est aussi un courant qui traverse le
MLF et se distingue à la fois du féminisme réformiste (qui
continue de lutter principalement pour l’égalité des droits,
c’est-à-dire l’égalité formelle devant la loi), du féminisme
lutte de classes (qui subordonne la lutte des femmes à la
lutte anticapitaliste), et du féminisme différentialiste ou
essentialiste, qui finit par s’opposer à tous les autres et à se
définir pour ce qu’il est : antiféministe3.

Le patriarcat, un système de production


et de domination autonome
3 Forgée dans un contexte de pensée marxiste, les pensées
féministes matérialistes s’en inspirent et s’en distinguent. En
effet, le système d’exploitation des femmes, le patriarcat, est
pensé par analogie avec le capitalisme, mais comme un
système de domination autonome, antérieur au capitalisme,
co-existant avec lui aujourd’hui, et qui pourrait lui survivre.
Cette analyse forme le support d’une stratégie de lutte
autonome des femmes, non soluble dans la lutte
anticapitaliste, mais se heurte aussi, à l’époque et encore
aujourd’hui, à la véhémence des attaques de la part des
hommes de gauche et d’extrême-gauche, militants comme
chercheurs.

Le patriarcat, un système pensé en analogie avec


le capitalisme
4 Le féminisme matérialiste adopte une approche marxienne,
en analysant la condition des femmes comme s’inscrivant
dans un système de production et des rapports de classe
construits par l’exploitation du travail. Le patriarcat est un
système économique, au même titre que le capitalisme  ; il
est un système de production domestique, qui concerne le
travail accompli au sein de la famille. Le travail domestique
regroupe les tâches ménagères, le soin et l’éducation des
enfants (que les féministes appellent l’élevage pour rappeler
qu’il ne s’agit pas seulement d’éduquer), mais aussi tout
travail directement productif qui s’accomplit au sein de la
famille (notamment dans les entreprises familiales,
agricoles, commerciales ou « libérales » – avocats, médecins,
notaires, etc.), dans lesquelles le travail des femmes (et des
enfants jusqu’à récemment) comme « aides familiaux » sans
salaire, est approprié directement par le chef de famille,
homme. Il s’agit là aujourd’hui d’un travail gratuit accompli
majoritairement par les femmes au profit de leur conjoint.
5 Aujourd’hui en France, ce sont encore les femmes qui
accomplissent la majorité des tâches domestiques  : selon
l’Enquête Emploi du temps 2009-2010 de l’INSEE, les
hommes consacrent en moyenne 2h24 par jour au travail
domestique (dont 46 min pour le bricolage, jardinage et soin
aux animaux), et les femmes 3h52 (dont 18 minutes pour ces
activités moins courantes) en France métropolitaine. Les
raisons de la gratuité de ce travail ne sont pas la nature des
tâches accomplies, puisque toutes peuvent être assurées par
une personne extérieure à la famille contre un salaire
(salariés agricoles, nourrices, femmes de ménage, souvent
des métiers accomplis par des femmes), mais le fait qu’il est
accompli par une femme pour son conjoint (et ce quel que
soit le statut de leur union) au sein de la famille (Delphy,
1978). Le patriarcat correspond au système de production
domestique, dans lequel les femmes sont exploitées et, sauf
si elles gagnent suffisamment en travaillant « au dehors » en
plus, sont économiquement dépendantes de leur conjoint.
6 Historiquement, le patriarcat s’est accompagné d’un système
juridique faisant des femmes des mineures. C’est le cas en
France du régime du mariage civil de 1804. L’inscription
dans la loi de l’«  incapacité civile  » des femmes montre le
rôle de l’État et du droit dans le système patriarcal. Cette
dépendance juridique des femmes à l’égard de leur mari
implique que, comme en ce qui concerne les esclaves, outre
leur force de travail, le corps même des femmes est
approprié par les hommes dans la sexualité et la procréation
(Tabet, 1998). Les luttes féministes en France ont permis
une remise en cause pas à pas de cette dépendance juridique
des femmes au XXe siècle, ainsi que la conquête de droits
essentiels à la maîtrise de leur propre corps comme le droit à
la contraception ou à l’avortement. Ces droits obtenus par
les femmes sont fragiles, à la fois parce qu’ils sont encore
ouvertement contestés par des activistes anti-avortement
par exemple, ou parce qu’ils sont menacés par la réforme de
l’hôpital, ou encore parce qu’ils ne sont pas appliqués
comme c’est le cas de l’égalité des salaires entre hommes et
femmes, inscrite dans la loi en 1971, et qui a fait l’objet,
depuis, de quatre autres lois, dont aucune n’est appliquée.
7 Si l’égalité juridique formelle semble presque atteinte entre
hommes et femmes en France, les conditions matérielles de
la dépendance des femmes à l’égard des hommes et
l’exploitation domestique demeurent. Les salaires des
femmes restent inférieurs à ceux des hommes4, elles
travaillent beaucoup plus souvent à temps partiel que les
hommes (qui font plus d’heures supplémentaires), et ces
temps partiels sont souvent subis. Cette situation des
femmes sur le marché du travail s’explique par la dévolution
aux femmes du plus gros des tâches domestiques et,
inversement, elle contribue à maintenir l’intérêt matériel de
la mise en couple et du mariage pour les femmes, et donc la
poursuite de leur exploitation domestique, dans un incessant
cercle vicieux. En outre, l’oppression des femmes se traduit
aussi par les violences masculines à leur encontre  : les
violences conjugales sont presque exclusivement des
violences d’hommes contre des femmes, pouvant aller
jusqu’au meurtre (et incluant le viol5). Les violences
masculines contre les femmes sont aussi des violences
sexuelles ou du harcèlement (au travail, dans la rue). Ces
violences comme la crainte de ces violences rappellent
régulièrement aux femmes leur position sociale dominée.

Enjeux théoriques et politiques


8 Sur le plan théorique, le féminisme matérialiste s’inscrit
dans un dialogue avec le marxisme. Très inspirée de la
démarche matérialiste de Marx, cette analyse s’oppose à
l’interprétation rigidifiée de Marx, en particulier le
marxismeléninisme, économiciste et déterministe, qui
prévalait dans les années 1970. Dans cette interprétation,
l’exploitation est limitée à l’extorsion de la plus-value, qui a
l’avantage d’être mesurable économiquement6. Cette mesure
n’est par définition pas possible dans le cas du travail gratuit
effectué par les femmes au profit des hommes. Cela conduit
l’interprétation marxiste à refuser de reconnaître
l’exploitation des femmes.
9 Pour faire reconnaître l’existence du patriarcat comme
système de production et d’exploitation autonome, les
féministes matérialistes remettent en cause l’hégémonie de
la théorie de la plus-value (Delphy, 2003 et 2004). Dans
l’analyse marxiste, différents systèmes de production et
d’exploitation se succèdent (esclavage, servage, salariat),
impliquant chaque fois une forme de progrès en termes de
liberté. L’analyse féministe matérialiste permet de penser
l’existence conjointe du salariat et d’une autre forme
d’exploitation, qui emprunte aux formes antérieures au
salariat, à la fois parce qu’il s’agit d’un travail gratuit et parce
que la personne exploitée dépend juridiquement de
l’exploiteur. Colette Guillaumin (1992) appelle ainsi
l’exploitation des femmes par les hommes le « sexage », par
analogie à l’esclavage et au servage. Différentes formes
d’exploitation peuvent ainsi coexister et se conjuguer (par
exemple, l’exploitation des femmes dans le patriarcat et dans
le capitalisme).
10 Cette complexification de certains points de l’analyse
marxiste rejoint celle que fait David Harvey (2010) de
l’accumulation par dépossession, soit une déclinaison de ce
que Marx appelait l’accumulation primitive, mais qui a lieu
de façon récurrente au cours de l’histoire, et pas seulement
lors de la mise en place du système capitaliste.
11 Sur le plan politique, le féminisme matérialiste est né dans le
mouvement de libération des femmes et a contribué à le
nourrir. Tout en étant fortement imprégnée de la culture
révolutionnaire marxiste de cette époque, la deuxième vague
féministe revendique l’autonomie des femmes dans la lutte
en s’inspirant notamment du mouvement noir américain. Au
sein des mouvements révolutionnaires des années 1960-
1970, le féminisme matérialiste conteste radicalement
l’unicité de l’oppression capitaliste en montrant que d’autres
systèmes d’oppression autonomes et souvent plus anciens s’y
articulent. Selon les militantes féministes, l’ennemi principal
des femmes est le patriarcat, avant le capitalisme. Ce faisant,
elles se heurtent à des résistances et des controverses
véhémentes de la part de militants gauchistes, qui les
accusent de diviser le prolétariat et donc de vouloir affaiblir
la lutte anticapitaliste, seule pensée comme révolutionnaire.
Ces derniers n’ont d’ailleurs eu de cesse de dénoncer les
féministes comme bourgeoises afin de les décrédibiliser.
12 La convergence des luttes contre les différents systèmes de
domination implique qu’il y ait d’abord un développement
autonome de ces luttes, et celui-ci repose sur la non-mixité,
pour assurer l’organisation des dominés par eux/elles-
mêmes, sans que les dominants s’en mêlent.
13 Les femmes sont donc définies par leur condition matérielle
objective et pensées comme formant une classe dominée et
un sujet politique capable de remettre en cause le système
d’oppression qu’est le patriarcat.

Une déconstruction radicale du genre


14 Comme le capitalisme, le patriarcat produit un rapport
d’exploitation justifié par une idéologie, ici, le sexisme. La
déconstruction du genre et des normes sexistes est un autre
apport majeur du féminisme matérialiste. Cette
déconstruction est radicale, et radicalement opposée au
courant féministe différentialiste et essentialiste. Le
patriarcat ou l’exploitation et l’appropriation des femmes
par les hommes produit aussi une domination symbolique,
le système de genre. Les femmes sont assignées à un statut
juridique et économique de dépendance qui engendre une
identité de genre dévalorisée  : encore aujourd’hui, on
renvoie souvent aux femmes une image de personne plus
fragile, plus sensible, ayant besoin d’un homme pour la
protéger, mais aussi plus douée naturellement pour les
tâches domestiques et, plus généralement, le soin des autres
(domaine appelé le care en anglais). L’espace public et les
représentations communes sont également saturées d’une
érotisation permanente des femmes, les désignant comme
un objet sexuel disponible pour les hommes, autant d’images
qui justifient l’appropriation sexuelle des femmes par les
hommes.
15 L’intérêt de l’analyse féministe matérialiste est de montrer
que la construction du genre (ou «  sexe social  ») comme
binaire, hiérarchique et complémentaire est consubstantiel à
un système matériel d’exploitation. De ce point de vue, cette
analyse partage un point de vue similaire avec l’approche
matérialiste du système raciste, qui montre que la «  race  »
est une construction sociale servant à justifier la
surexploitation spécifique des personnes racisées (donc
désignées comme radicalement autres par les dominants).

Le genre produit le sexe


16 L’approche matérialiste est constructiviste  : comme le
capitalisme produit les classes sociales (elles ne préexistent
pas avant lui), le patriarcat produit les classes de sexe,
hommes et femmes, et les statuts de genre qui leur sont
assignés. La distinction entre le sexe et le genre est un acquis
des études de genre, de plus en plus reconnu dans
l’ensemble des sciences sociales. Néanmoins, cette
distinction a l’inconvénient de laisser le sexe à l’état
d’impensé. Le sexe biologique serait bien binaire et exclusif
et seuls les rôles de genre attribués à ces deux sexes seraient
construits socialement. C’est ce que les féministes
matérialistes appellent l’antériorité du sexe sur le genre. Or,
dans le système de genre, il n’y a pas seulement une division
entre deux genres, mais aussi et en même temps une
hiérarchie. Les féministes matérialistes remettent en cause
l’impensé de la hiérarchie dans les théories qui postulent
l’universalité et l’immuabilité de la division du genre humain
en deux sexes (Mathieu, 1992). Elles font ainsi une
proposition révolutionnaire : penser que le genre précède le
sexe (Delphy, 1989).
17 C’est la prégnance du système de genre (du patriarcat) qui
explique l’interprétation du sexe biologique comme binaire,
exclusif et hiérarchique… et surtout comme signifiant
socialement, c’est-à-dire porteur d’une division sociale. Or,
le genre surdétermine le sexe biologique. Une telle approche
a permis d’interroger les sciences du vivant, en montrant à
quel point elles ont elles-mêmes contribué à interpréter la
nature avec des catégories genrées (et sexistes) (Fausto-
Sterling, 2012). Aujourd’hui, les sciences du vivant ne
parviennent pas à trouver une définition du sexe biologique
univoque  : plusieurs critères interviennent (organes
génitaux, chromosomes, hormones, pilosité), qui ne
coïncident pas toujours et moins souvent qu’on ne le pense
(Hurtig, Pichevin, 1986 ; Dorlin, 2008). Et plusieurs travaux
novateurs remettent en cause les différences biologiques
entre hommes et femmes, notamment celles qui concernent
le cerveau, construites comme le furent les classifications
racistes (Vidal, Browaeys, 2005).
18 C’est la même démarche d’analyse qui permet à Colette
Guillaumin d’analyser le racisme comme «  un système de
rapport entre des groupes qui se considèrent comme
différents en essence  » (Guillaumin, 2002, p.  98)  : les
dominants ou majoritaires assignent une identité
radicalement autre car prétendument fondée en nature aux
dominés ou minoritaires, ce qui justifie la différence de
traitement entre ces deux groupes, voire l’exploitation des
uns par les autres. En ce sens, le racisme et le processus de
racisation est analogue pour les groupes minoritaires
historiquement renvoyés à une race, les femmes, les
homosexuels ou tout groupe altérisé dont la différence (et
l’infériorité) est attribuée à la nature. Les approches
féministes matérialistes ont ainsi montré comment classer
représentait un acte de domination, en ne se limitant pas à la
condition des femmes, et pouvant même s’étendre à
l’essentialisation de caractéristiques culturelles, par exemple
à l’égard des musulman-es (Delphy, 2008).
19 Ainsi, les féministes matérialistes rappellent opportunément
l’un des postulats de la sociologie et des sciences sociales  :
dans l’explication des faits sociaux, ce sont les facteurs
sociaux qui priment. La nature n’explique rien du social et
est toujours réinterprétée par les constructions sociales. Le
sexe biologique n’est pas clairement binaire et ne détermine
pas a priori les groupes sociaux, c’est le patriarcat et le
système de genre qui lui confèrent une telle importance dans
le classement et les rôles sociaux des êtres humains.
20 Ce fut d’ailleurs l’un des grands combats féministes que de
déconnecter une pratique sociale, la sexualité, des finalités
prétendument imposées par la nature. Déconnecter désir et
procréation, sexualité et reproduction était l’une des
conditions nécessaires7 à la réappropriation de leur corps
par les femmes, et donc de leurs choix de vie.

Le genre implique la contrainte à l’hétérosexualité


21 Les féministes matérialistes participent aussi à construire
d’une pensée politique de la sexualité. Le système de genre
est à la fois binaire, exclusif et complémentaire. Les normes
de genre correspondent à un système symbolique  :
l’hétérosexualité reproductive, construction sociale
historique (notamment via la religion) qui voue la sexualité
à la seule reproduction. C’est en ce sens que l’on peut dire
que l’hétérosexualité n’est pas qu’une pratique sexuelle mais
un système politique, étroitement lié au patriarcat.
22 De la même façon qu’il n’y a pas de genre naturel, il n’y a pas
de sexualité naturelle. L’hétérosexualité n’est pas naturelle,
elle est construite socialement et Adrienne Rich (2010) parle
de «  contrainte à l’hétérosexualité  ». Celle-ci passe par
l’éducation des enfants, qui sont élevés comme garçon ou
fille (Gianini Belotti, 1974) et, en même temps, comme
destinés à l’autre sexe (et uniquement à lui), mais aussi par
tout un régime de normes constamment rappelées, qui
impose aux femmes d’être séduisantes et disponibles pour
les hommes. Ce régime inclut aussi ce qu’on peut appeler
l’idéologie de l’amour comme possession et du couple
comme exclusif, qui rend les dominées amoureuses de ceux
qui les dominent et donc dépendantes affectivement.
23 L’hétérosexualité est donc pensée comme un système
politique répressif (Wittig, 2007)  : hégémonique, il impose
une limitation du champ des possibles à la fois en termes de
genre et de sexualité et c’est lui qui construit les autres
formes de sexualités comme «  déviantes  » et
« minoritaires ».
24 Ainsi, le féminisme matérialiste propose une déconstruction
radicale du genre et de la sexualité, en les reliant à un
système d’exploitation matérielle, le patriarcat. Il montre
que l’égalité entre hommes et femmes, si elle était réelle
(c’est-à-dire dès la construction sociale des enfants),
conduirait sans doute à la remise en cause de ces catégories.
Il est donc fondamentalement anti-essentialiste. La classe
des femmes est définie par sa position sociale objective dans
le patriarcat. Même si celle-ci s’est beaucoup recomposée
grâce au féminisme, elle conserve une place dominée. Cela
en fait un groupe qui a intérêt à remettre en cause les
rapports sociaux de domination de sexe et à dépasser les
catégories qui en sont le produit.

Perspectives pour une approche


géographique de la domination
25 Les apports de ces analyses sont nombreux et continuent
d’être approfondis aujourd’hui, en les combinant avec la
réflexion sur l’intersectionnalité ou la consubstantialité des
rapports de domination (voir notamment Kergoat, 2009 et
2012). Ils méritent d’être plus mobilisés par les géographes
qui travaillent sur la dimension spatiale du genre. Ils invitent
à la fois à déconstruire radicalement la construction des
rôles de sexe et des rapports à l’espace, et à relier cette
construction aux rapports d’exploitation et d’appropriation
concrets entre hommes et femmes. Autrement dit, ils
incitent à la vigilance quant aux analyses cantonnant le
genre à sa dimension culturelle et symbolique, comme si les
inégalités concrètes entre hommes et femmes n’étaient que
la conséquence de cette construction culturelle, en oubliant
le rapport dialectique avec la sphère du travail.

Espace privé/espace public


26 Les analyses féministes permettent de remettre en cause
l’opposition classique entre espace privé et espace public.
Par exemple, si un homme se montre menaçant pour une
femme dans la rue, la réaction des passants dépendra de la
relation qu’ils perçoivent entre eux  : s’ils ont l’air de se
connaître et surtout, d’être en couple, les passants tendront à
considérer cela comme une affaire privée et à ne pas
intervenir ; si, au contraire, ils ont l’air d’être inconnus l’un
pour l’autre, les passants identifieront plus facilement cette
interaction violente comme une agression, une affaire
publique, dans laquelle ils peuvent intervenir. Ce que l’on
considère comme l’espace privé n’est pas un lieu clairement
défini, mais un type de relation entre les personnes, qui est
portée par elles dans l’espace public. Cela invite à analyser
l’espace public comme un espace très différencié selon les
personnes, à la fois en fonction de leurs relations
interpersonnelles, mais aussi en fonction de leur genre. La
mixité de l’espace public masque le fait que celui-ci n’est pas
le même pour les hommes que pour les femmes et cela va
au-delà de la seule question des risques (Coutras, 2003  ;
Lieber, 2008). Plusieurs études ont montré que les hommes
s’appropriaient plus facilement l’espace public que les
femmes et le féminisme matérialiste permet de relier cela au
cantonnement des femmes à l’espace domestique, à des fins
d’exploitation.
27 Alors que les travaux sur les pratiques individuelles de
l’espace public ou sur l’espace vécu se multiplient, les
analyses féministes matérialistes permettent de saisir les
logiques de domination qui structurent ces pratiques. Sur ce
plan, le genre s’articule avec la classe et la «  race  », et
l’imbrication de ces rapports de domination est un champ
encore largement en friches en géographie. Là où les
approches culturelles et queer privilégient la grande
variabilité des pratiques individuelles, le féminisme
matérialiste permet de ne pas oublier les structures et les
rapports de domination matérielle dans lesquels s’inscrivent
les pratiques individuelles. Aujourd’hui, la plupart des
études de genre (en sociologie et en sciences politiques
notamment) articulent ces différentes dimensions, ce qui
permet d’éviter les pièges du culturalisme.

L’espace domestique comme espace de travail


28 Les approches féministes matérialistes ont également
montré que l’espace dit privé n’était pas un espace hors
travail, au contraire. C’est pourquoi il est préférable de
parler de l’«  espace domestique  », en rappelant qu’il s’agit
d’un lieu d’exploitation et d’agencement des rapports de
domination de genre, qui relève donc de dynamiques
collectives, à la fois objet des sciences sociales et enjeu
politique. Cela rejoint le slogan féministe de la deuxième
vague qui disait : « Le privé est politique », c’est-à-dire que
les relations interpersonnelles, même les plus intimes
comme la sexualité, ne sont pas hors du champ social et des
rapports de domination, bien au contraire. Comme souvent
dans les études féministes, ces réflexions permettent un
retour critique sur les sciences sociales, en montrant que la
longue mise à l’écart de ces questions est justement le
produit du patriarcat et de processus de masquage et de
naturalisation du système de genre, qui les laissent à l’état
d’impensé. Cela d’autant plus que les hommes dominaient
largement et dominent encore (aux postes les plus élevés de
la hiérarchie universitaire) les sciences sociales.
29 L’espace domestique est donc un espace de travail, le travail
domestique effectué par les femmes, mais aussi celui qui est
effectué par des femmes migrantes au service des autres.
Cette rencontre entre les logiques d’exploitation domestique
et les migrations internationales est un champ déjà bien
exploré par les géographes.

Genre et rapports Nord-Sud


30 Réfléchir sur la dimension genrée des migrations
internationales et leur rapport au travail est aussi un axe de
réflexion sur l’espace qui permet d’articuler analyse macro-
éonomique et géopolitique des rapports Nord-Sud et
système de genre. C’est notamment l’approche développée
par la sociologue féministe Jules Falquet (2008), qui montre
comment le genre, loin d’être secondaire dans l’analyse du
capitalisme, structure en réalité ce système économique, et
en particulier sa version néolibérale. La mondialisation
néolibérale affecte plus les femmes que les hommes, en les
exposant plus à la pauvreté, la précarité, mais aussi aux
violences… des hommes. Cette analyse radicale et novatrice
de la mondialisation ouvre des perspectives à la fois en
termes de recherche et en termes politique, en interpellant
les mouvements sociaux de résistance au capitalisme
néolibéral, en particulier en Amérique latine, qui minorent
ou ne laissent qu’une place secondaire au combat féministe.
Elle montre également la récupération d’un féminisme vidé
de ses propositions radicales et émancipatrices par les
organisations internationales, qui neutralisent ainsi une
grande partie des mouvements féministes (ou des
mouvements sociaux qui n’intègrent cette dimension qu’en
termes d’égalité des droits).
31 Ce rapport entre genre et mondialisation est également
travaillé dans un riche ouvrage regroupant une quinzaine de
contributions de sociologues et de politistes féministes, Le
Sexe de la mondialisation (Falquet et al., 2010). Ces
analyses adoptent une perspective intersectionnelle pour
traiter de la recomposition internationale de la division
sexuelle du travail, des mobilités internationales liées au
care ou au marché du sexe, ou encore des violences faites
aux femmes et des résistances qu’elles opposent à ces
dynamiques de paupérisation et d’exploitation accrue. Elles
enrichissent considérablement l’analyse géographique et
géopolitique des rapports Nord-Sud et mériteraient d’être
mieux prises en compte dans ce champ de la géographie.

Géographie des sexualités minoritaires


32 Enfin, mais la liste n’est pas exhaustive, on peut citer la
géographie des sexualités minoritaires, qui se développe en
France depuis plusieurs années8. Celle-ci est d’abord une
géographie de l’homosexualité masculine, et il existe très peu
de travaux consacrés aux lesbiennes ou aux trans. Et comme
une grande partie de la géographie du genre, celle-ci puise
beaucoup plus son inspiration dans les approches
postmodernes queer et les gay and lesbian studies que dans
les approches féministes matérialistes. Là encore, il ne s’agit
pas d’opposer les deux, mais de regretter que ces dernières
approches, développées ici, soient si mal connues et si peu
mobilisées. Le fait même que la géographie de
l’homosexualité passe sous silence les lesbiennes ou les traite
comme des équivalents féminins des gays est révélateur de la
non prise en compte des rapports de genre à l’œuvre aussi
parmi les homosexuel-les et de la force des représentations
androcentrées. En outre, la question des sexualités
minoritaires est peu ou pas reliée au patriarcat en général.
Ce champ apparaît comme séparé de celui des inégalités
entre hommes et femmes. Pourtant, l’analyse globale du
système patriarcal permet de replacer l’homophobie ou la
répression des homosexuel-les dans l’économie générale de
l’assignation des femmes à un rôle de genre et à une place
exploitée dans le travail domestique (Clerval, Brunner,
2013). En particulier, la notion de contrainte à
l’hétérosexualité permet de saisir l’oppression spécifique des
homosexuel-les, même si leur socialisation de genre entraîne
de grandes différences entre hommes et femmes dans la
pratique de l’espace (et la capacité à s’approprier l’espace
public par exemple). La réflexion sur le rapport à l’espace
des lesbiennes montre que celui-ci a des liens importants
avec le rapport à l’espace des femmes en général.
33 Les approches féministes matérialistes ne se limitent pas à la
dimension matérielle des rapports de domination. Elles ont
toujours articulé cette dimension matérielle avec la
dimension symbolique du genre, mieux connue des
chercheuses et des chercheurs. Dès le début, elles ont
notamment proposé une déconstruction radicale du genre en
la rapprochant de la naturalisation des rapports sociaux
observable dans le racisme. Leur apport réside en particulier
dans l’articulation dialectique entre exploitation domestique
et sexuelle des femmes et construction du genre et idéologie
sexiste d’autre part. Cette dialectique forme aujourd’hui le
substrat de la plupart des études de genre en France et est de
plus en plus combinée avec d’autres approches, plus centrées
sur la question des normes, comme les approches queer. Ce
texte plaide pour que les géographes en France s’approprient
les apports du féminisme matérialiste et les intègrent à leur
analyse, sans se limiter à la dimension culturelle et
symbolique des rapports de genre.

Bibliography
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Références bibliographiques
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Notes
1. En France, les chercheuses qui ont élaboré cette approche sont
principalement Christine Delphy, Colette Guillaumin, Nicole Claude-
Mathieu, Paola Tabet et Monique Wittig.
2. La première vague féministe date de la fin du XIXe siècle et du début
du XXe siècle. On en a surtout retenu le mouvement des suffragettes
pour le droit de vote des femmes, mais ce mouvement concernait aussi
les conditions matérielles d’existence des femmes.
3. Ce courant est principalement représenté par le groupe Psychanalyse
et politique, fondé par Antoinette Fouque en 1968 et faisant partie des
premiers groupes à converger pour former le MLF en 1970. Il milite pour
les droits des femmes au nom d’une spécificité féminine qu’il s’agirait
seulement de revaloriser après des siècles de dédain. Les fondements
essentialistes de l’approche de Psych et Po ont conduit ce groupe à
s’opposer complètement aux féministes matérialistes, au point de se
nommer lui-même antiféministe à partir de 1973, défendant comme un
enjeu de civilisation la différence des sexes.
4. Tous types d’emploi confondus, les femmes gagnent 27  % de moins
que les hommes. Le salaire horaire des femmes est inférieur de 14 % aux
hommes. Et toutes choses égales par ailleurs, un écart de 10  % reste
inexpliqué («  Les écarts de salaire entre les hommes et les femmes  »,
Dares Analyses no 16, ministère du Travail, mars 2012).
5. Le viol conjugal est reconnu par la loi depuis deux arrêts de la Cour de
Cassation en 1990 et en1992. Depuis 2006, c’est même une circonstance
aggravante.
6. L’exploitation consiste en une extorsion de la plus-value par le patron,
elle se mesure par l’écart entre la valeur produite par un salarié et son
salaire.
7. Mais pas nécessairement suffisante, voir Ferrand A., « La “libération
sexuelle” est une guerre économique d’occupation », Genre, sexualité et
société, 3, printemps 2010, mis en ligne le 18 mai 2010.
8. Voir par exemple les travaux de Rachele Borghi, Marianne Blidon,
Nadine Cattan, Boris Grésillon, Emmanuel Jaurand ou Stéphane Leroy.

Author(s)

Anne Clerval
Enseignante-chercheuse en
géographie, université Paris-Est
Marne-la-Vallée (ACP – Analyse
comparée des pouvoirs).
By the same author

Espace et rapports de
domination, Presses
universitaires de Rennes, 2015
Introduction in Espace et
rapports de domination,
Presses universitaires de
Rennes, 2015
Introduction in Espace et
rapports de domination,
Presses universitaires de
Rennes, 2015
Christine Delphy
Chercheuse émérite en sociologie,
CNRS.
© Presses universitaires de Rennes, 2015

OpenEdition Books License

Electronic reference of the chapter


CLERVAL, Anne ; DELPHY, Christine. Le féminisme matérialiste, une
analyse du patriarcat comme système de domination autonome In:
Espace et rapports de domination [online]. Rennes: Presses
universitaires de Rennes, 2015 (generated 25 mai 2023). Available on
the Internet: <http://books.openedition.org/pur/59381>. ISBN:
9782753563988. DOI: https://doi.org/10.4000/books.pur.59381.

Electronic reference of the book


CLERVAL, Anne (ed.) ; et al. Espace et rapports de domination. New
edition [online]. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2015
(generated 25 mai 2023). Available on the Internet:
<http://books.openedition.org/pur/59225>. ISBN: 9782753563988.
DOI: https://doi.org/10.4000/books.pur.59225.
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