Vous êtes sur la page 1sur 4

12/09/2023 19:09 En marche vers un nouveau féminisme politique

DÉBATS

En marche vers un nouveau féminisme politique

ANALYSE

Angeline Montoya

Les Françaises sont appelées à cesser de travailler, lundi 7 novembre, à 16 h 34


précises, pour protester contre les écarts de salaire entre les femmes et les hommes.

Publié le 07 novembre 2016 à 06h44, modifié le 07 novembre 2016 à 09h55 | Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Manifestation de protestation contre les décisions anti-avortement prises par le


gouvernement polonais le 1er octobre 2016. WOJTEK RADWANSKI / AFP

« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des
femmes soient remis en question. » Plus de trente ans après, cette phrase attribuée à Simone de
Beauvoir résonne d’une actualité inquiétante.

Mais face à la résurgence de conservatismes rétrogrades, du sexisme de Donald Trump aux tentatives
d’interdire totalement l’avortement en Pologne, les femmes descendent dans la rue : contre la
violence machiste en Amérique latine, pour l’interruption volontaire de grossesse (IVG) à Varsovie,
contre les discriminations salariales en Islande, contre la « culture du viol » à Montréal… C’est aussi le
cas en Israël, pour demander la résolution du conflit au Proche-Orient, ou au Venezuela, pour exiger
le départ du président Nicolas Maduro.

Les manifestations survenues en octobre, massives et sur plusieurs continents, interpellent. A leur
tour, les Françaises sont appelées à cesser de travailler, lundi 7 novembre, à 16 h 34 précises pour
protester contre les écarts de salaire entre les femmes et les hommes.

https://www.lemonde.fr/idees/article/2016/11/07/en-marche-vers-un-nouveau-feminisme-politique_5026429_3232.html 1/4
12/09/2023 19:09 En marche vers un nouveau féminisme politique

D’autres causes

Ces mobilisations ne concernent pas toujours les droits des femmes. Les Mères de la place de Mai en
Argentine se battent depuis 1977 pour retrouver leurs enfants enlevés pendant la dictature ; les mères
de soldats russes, pour le respect des droits de l’homme au sein de l’armée… « En se présentant comme
mères, comme sœurs, elles touchent plus facilement les opinions, décrypte Valérie Pouzol, maîtresse de
conférences en histoire contemporaine à Paris-VIII. Et si les femmes qui sont descendues dans la rue au
Venezuela ou en Israël ne se définissent pas comme féministes, cette expérience de devenir actrices à
part entière est profondément féministe et peut les transformer. »

Les femmes, ce « continent noir » évoqué dans l’hymne du Mouvement de libération des femmes
(MLF), seraient-elles en train de devenir une catégorie politique avec laquelle il faudra désormais – et
enfin – composer ? La prix Nobel de la paix (2011) Leymah Gbowee, qui a mobilisé des milliers de
Libériennes au début des années 2000 pour mettre un terme à la guerre civile, en est convaincue : « Si
vous défendez ce en quoi vous croyez, même les hommes en armes auront peur de vous », a-t-elle
déclaré à Jérusalem le 19 octobre, où elle participait à une marche de femmes pour la paix.

De plus en plus, les attaques contre les droits des femmes ont un coût politique. Donald Trump en fait
l’expérience, avec une dégringolade dans les sondages après ses propos misogynes. En Pologne, les
ultra-conservateurs du parti PiS (Droit et Justice) ont dû reculer lorsque des dizaines de milliers de
femmes vêtues de noir sont descendues dans la rue, le 3 octobre, pour défendre l’IVG. Idem en 2014,
en Espagne, quand un million et demi de personnes ont réussi à faire faire machine arrière au
gouvernement de Mariano Rajoy qui prétendait durcir les conditions d’accès à l’avortement.

Lire aussi | Pologne : nouvelle mobilisation des femmes pour le droit à l’avortement

« Il ne faut pas ignorer le rôle des institutions internationales dans cette montée en puissance des
mobilisations des femmes, souligne Valérie Pouzol. En 1995, à Pékin, la Conférence mondiale sur les
femmes sous l’égide de l’ONU a marqué un jalon. » En 2000, la Marche mondiale des femmes devenait
le fer de lance de la globalisation des différentes luttes féminines.

Dans la foulée de Pékin, les Nations unies votaient plusieurs textes, dont la résolution 1325, qui
recommande aux pays en conflit d’intégrer les femmes dans les processus de paix. « Ça a été le cas en
Colombie, où les femmes ont joué un rôle crucial dans les négociations entre le gouvernement et la
guérilla des FARC, précise la chercheuse. C’est aussi sur cette résolution qu’Israéliennes et Palestiniennes
s’appuient pour leurs marches pour la paix. »

Lire aussi | L’avenir des combattantes des FARC, l’autre sujet des négociations de
paix colombiennes

Un renouveau des luttes

Loin d’être uniquement formels, ces textes ont donné une légitimité nouvelle aux mouvements de
femmes. « Ceux-ci n’apparaissent pas ex nihilo, note Valérie Pouzol, les femmes s’inspirent de la
puissance de mobilisation de celles qui les ont précédées. »

Les Argentines, appelées à manifester vêtues de noir contre la violence machiste le 19 octobre, se sont
ainsi inspirées des Polonaises. La mobilisation, déclenchée par le viol et le meurtre d’une adolescente,
s’est organisée en à peine six jours sur les réseaux sociaux, avec les mots-clés #NiUnaMenos (« pas
une [femme] de moins »), ou #VivasNosQueremos (« nous voulons être en vie »). Et elle a débordé les
frontières de l’Argentine : vingt-deux villes d’Amérique latine ont manifesté contre le fléau des
« féminicides ».

Pour la mobilisation du 7 novembre en France, le collectif Les Glorieuses qui en est à l’origine s’est
inspiré des Islandaises, qui ont adopté ce mode d’action le 24 octobre.

« Depuis le début des années 2010, on note un renouveau des luttes pour les droits des femmes, confirme
Françoise Picq, historienne du féminisme. Le problème, c’est que cette mobilisation risque de ne pas
être pérenne si elle n’est pas suivie de politiques publiques. C’est l’éternelle question sur le devenir des
mouvements sociaux, comme Occupy Wall Street ou les “indignés” en Espagne. »

https://www.lemonde.fr/idees/article/2016/11/07/en-marche-vers-un-nouveau-feminisme-politique_5026429_3232.html 2/4
12/09/2023 19:09 En marche vers un nouveau féminisme politique
Quelque chose a changé dans la tolérance à l’égard du sexisme. L’opinion publique s’indigne
d’événements qui n’offusquaient pas grand monde jusque-là, à part les féministes.

En 2012, le journaliste Jean-François Kahn parlait, au sujet de l’affaire Dominique Strauss-Kahn, de


« troussage de domestique » ; pour Jack Lang, il n’y avait « pas mort d’homme ». Quel homme politique
aurait osé la même chose, en 2016, après les accusations de harcèlement sexuel à l’encontre de
l’écologiste Denis Baupin ?

Quand on a reproché au député Pierre Lellouche (Les Républicains, Paris) d’avoir minimisé « des
histoires de bonne femme », celui-ci s’est empressé de nier avoir tenu ces propos. « Soudain, tout le
monde est féministe », ironise Mme Picq. Il était temps.

Angeline Montoya

Le Monde Mémorable Découvrir

Le génie Chaplin
Personnalités, événements historiques, société… Testez votre
culture générale

La fabrique de la loi
Boostez votre mémoire en 10 minutes par jour

Offrir Mémorable
Un cadeau ludique, intelligent et utile chaque jour

Voir plus

Partenaires

https://www.lemonde.fr/idees/article/2016/11/07/en-marche-vers-un-nouveau-feminisme-politique_5026429_3232.html 3/4
12/09/2023 19:09 En marche vers un nouveau féminisme politique
Codes promo avec Savings United Formation professionnelle Avec Top Formation Formatio

Codes Promo Nike Formation en informatique Cours d

Codes Promo PrettyLittleThing Formation en management Cours d

Codes Promo Manomano Formation en sécurité Cours d

Codes Promo Pandora Formation de commercial Cours d

Codes Promo Ouigo Formation de secrétaire Cours d

Codes Promo ASOS Formation en Photoshop Découvr

Codes Promo Samsung Formation en bien-être Offrez u

Tous les codes promo Toutes nos formations Tous no

https://www.lemonde.fr/idees/article/2016/11/07/en-marche-vers-un-nouveau-feminisme-politique_5026429_3232.html 4/4

Vous aimerez peut-être aussi