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non mixtes
Le 08 Avril 2021
« Les associations qui pratiquent les réunions non-mixtes, notamment dans le cadre de l’antiracisme,
ne sont pas des groupes de parole "interdits aux Blancs" mais plutôt des réunions "pour les personnes
victimes de discriminations" », selon l'historienne Audrey Célestine.
PHOTO : Nadia_bormotova / Getty Images
« – Qu’est-ce que vous pouvez vous dire qu’on peut pas entendre ?
Je ne comprends pas !
Le sujet est si clivé qu’il est bien difficile de trouver des paroles
nuancées et argumentées. Une plongée dans le passé montre
pourtant que ces réunions entre soi ont une histoire longue, au sein
de mouvements sociaux de différentes natures. Leur postulat
commun, c’est que, lorsqu’on appartient à une minorité ou à un
groupe social dominé, « partir de soi », se raconter à la première
personne, devant des personnes concernées par les mêmes
problématiques et sans le regard d’un « dominant » permet de
libérer le discours sur les violences de tous ordres vécues.
Ces réunions sont aussi mises en place dans les années 1930 par
certains hommes noirs, comme Aimé Césaire ou Léopold César
Senghor, qui se retrouvent pour discuter de politique. Cette « non-
mixité de fait » n’est jamais revendiquée en tant que telle. Comme
pour les ouvriers, elle est en partie issue de la proximité
géographique qu’engendre la ségrégation qu’ils subissent en
habitant dans des quartiers où ils forment les communautés
majoritaires. Sans que ce soit l’objectif initial, ils peuvent dès lors
discuter de leur situation d’hommes noirs, discriminés et victimes
d’inégalités.
Sans être jamais théorisées, les réunions non mixtes s’intègrent donc
petit à petit dans un ensemble de pratiques militantes qu’utilisent
plusieurs minorités pour revendiquer leur droit à l’égalité.