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maritimes
et fluviales

Guide d’utilisation du béton


en site maritime

Notice n° PM 08-01
Avril 2008
Guide d’utilisation du béton en site maritime

Centre Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 2


Guide d’utilisation du béton en site maritime

AVANT-PROPOS

Le présent document est un guide sur l’utilisation du béton dans les ouvrages maritimes. Sans se substituer
aux normes et règlements existants, il a pour objectif d’apporter des informations pratiques afin de faciliter la
formulation du béton la plus appropriée pour la réalisation d’un ouvrage fonctionnel, économique et durable
dans un environnement maritime. Il rappelle également les règles de l’art principales relatives à la mise en
œuvre, au contrôle de la fabrication et de la mise en oeuvre du béton et à la gestion de l’entretien des
ouvrages en béton.

Il s’adresse essentiellement aux maîtres d’œuvre qui ont à préparer un projet d’ouvrage en béton dans un
environnement maritime, mais aussi à tous les acteurs de la construction dans les ports et sur le littoral
maritime en France métropolitaine et outre-mer. Ce document traite donc du matériau béton essentiellement
pour les ouvrages intérieurs aux ports maritimes, mais il peut aussi s’appliquer aux ouvrages de protection
des ports, aux ouvrages de protection du littoral et aux établissements de signalisation maritime.

La rédaction du guide a été confiée principalement aux CETE du Sud-Ouest et de l’Ouest, du fait notamment
de leur expérience dans les travaux maritimes. En 2004, la nouvelle Equipe de Recherche Associée au
CETMEF du CETE de l’Ouest et basée à Saint-Brieuc a été chargée de rédiger la version finale tenant
compte de la nouvelle norme NF EN 206-1. La rédaction définitive intègre donc les dernières évolutions
normatives et réglementaires, en particulier le nouveau fascicule 65 du cahier des clauses techniques
générales des marchés publics de travaux approuvé par arrêté du 06 mars 2008.

Le directeur du CETMEF

Geoffroy CAUDE

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Guide d’utilisation du béton en site maritime

COMITÉ DE RÉDACTION ET DE RELECTURE


La rédaction de ce document a été assurée par :

• Benoît THAUVIN CETE de l’Ouest LRPC de Saint Brieuc


• Michel MENGUY CETE de l’Ouest LRPC de Saint Brieuc

Ont participé à son élaboration :

• Abasse ABDALLAH DE 976


• Véronique BAROGHEL-BOUNY LCPC
• Pierre BERGA LRPC de Bordeaux
• Philippe CHUBILEAU Service Navigation de la Seine
• Gérard DELALANDE LRPC d’Angers
• Jean-Marie GEOFFRAY LRPC de Clermont-Ferrand
• Gilbert GRIMALDI CETMEF
• Patrick GUIRAUD CIMBéton
• Aldéric HAUCHECORNE CETMEF
• Pascal LEBRETON CETMEF
• Alain LE MEHAUTE LRPC de Saint-Brieuc
• Gilles LE MESTRE LRPC de Saint-Brieuc
• Manuel LE MOINE DIR Nord-Ouest
• Robert LE ROY LCPC
• Christian NAVECH LRPC de Bordeaux
• Jean-Luc PERSON Port Autonome de Marseille
• Karim OUNOUGHI LRPC de Bordeaux
• Denis ROUANET Conseil Général des Alpes-Maritimes
• Jean-Jacques TRICHET CETMEF
• Nicolas ROUXEL LRPC de Saint Brieuc

Des professionnels du ciment et du béton ont également été consultés :

• l’ATILH (Association Technique de l’Industrie des Liants Hydrauliques)


• le CERIB ( Centre d’Etudes et de Recherches de l’Industrie du Béton)
• le CIMbéton (Centre d’information sur le ciment et ses applications)
• le FIB ( Fédération de l’Industrie du Béton)
• le SNBPE (Syndicat National du Béton Prêt à l’Emploi)
• le SNPB ( Syndicat National du Pompage du Béton)

Relecteurs :

• Jean-Claude BASTET LRPC d’Aix-en-Provence


• Pierre BERGA LRPC Bordeaux
• Guillaume DE VAUX DTM Brest
• Yannick FAGON DDE 29
• Christian FAUVEL DDE 35
• Pascal GILLERON LRPC Rouen
• Bruno GODART LCPC
• Gérard KITTEL LRPC Lille
• Sébastien L’HERMITE Port Autonome de Nantes-Saint-Nazaire
• Nicolas MENARD Port Autonome de Nantes-Saint-Nazaire
• Etienne NAUDE Port Autonome de Bordeaux
• Nicolas ROUXEL LRPC Saint-Brieuc
• Didier SEHIER DDE 56
Le CETMEF les remercie tous pour leur contribution à cet ouvrage.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 1 – Introduction générale

SOMMAIRE
1. INTRODUCTION GÉNÉRALE ___________________________________________ 7
1.1 Champ d’application du guide ______________________________________________7
1.2 Objectif du guide _________________________________________________________8
1.3 Contenu, articulation des chapitres __________________________________________8
1.4 Qu’est-ce que le béton ?____________________________________________________9
1.4.1 Les ciments ___________________________________________________________________9
1.4.2 Les granulats _________________________________________________________________13
1.4.3 Les additions _________________________________________________________________15
1.4.4 Les adjuvants_________________________________________________________________17
1.4.5 Les ajouts ___________________________________________________________________17
1.4.6 L’eau de gâchage _____________________________________________________________18
2. SPECIFICITES DES OUVRAGES EN BETON EN ENVIRONNEMENT
MARITIME ______________________________________________________________ 19
2.1 Typologie des ouvrages ___________________________________________________19
2.2 Construction ____________________________________________________________20
2.3 Agressivité du milieu _____________________________________________________21
2.3.1 Généralités __________________________________________________________________22
2.3.2 Attaques externes sur le béton seul ________________________________________________23
2.3.3 Attaques internes du béton ______________________________________________________24
2.3.4 Cycles de gel-dégel ____________________________________________________________26
2.3.5 Corrosion des armatures ________________________________________________________27
2.3.6 Bilan des attaques du béton pour un ouvrage maritime ________________________________28
3. BETON EN SITE MARITIME, EXIGENCES ET SPECIFICATIONS __________ 30
3.1 Exigences performantielles ________________________________________________30
3.1.1 Résistance mécanique __________________________________________________________30
3.1.2 Exigences esthétiques __________________________________________________________34
3.1.3 Ouvrabilité __________________________________________________________________35
3.1.4 Exigences de durabilité _________________________________________________________38
3.2 Référentiel technique _____________________________________________________42
3.3 Stipulations _____________________________________________________________42
3.3.1 Généralités __________________________________________________________________42
3.3.2 Durée d'utilisation du projet _____________________________________________________45
3.3.3 Types de béton _______________________________________________________________45
3.3.4 Classes d'exposition ___________________________________________________________46
3.3.5 Classes de teneur en chlorures ___________________________________________________50
3.3.6 Spécifications principales pour la composition et les propriétés du béton __________________52
3.3.7 Prévention contre les risques d'alcali-réaction _______________________________________56
3.3.8 Prévention contre les risques de réaction sulfatique interne _____________________________58
3.3.9 Enrobage des armatures ________________________________________________________62
3.3.10 Autres spécifications___________________________________________________________67
3.4 Durabilité et approche performantielle ______________________________________71
3.4.1 Les indicateurs de durabilité _____________________________________________________72
3.4.2 Les témoins de durée de vie _____________________________________________________73
3.5 Bétons aux nouvelles performances _________________________________________75
3.5.1 Bétons autoplaçants (BAP) ______________________________________________________75
3.5.2 Bétons Hautes Performances (BHP) _______________________________________________76
3.5.3 Bétons fibrés _________________________________________________________________77
3.5.4 BFUP_______________________________________________________________________78
3.5.5 Produits spéciaux _____________________________________________________________78
3.6 Armatures en acier inoxydable_____________________________________________78
3.6.1 Nuances d’acier inoxydable _____________________________________________________79
3.6.2 Avantages et inconvénients______________________________________________________79

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 1 – Introduction générale

4. MISE EN ŒUVRE DU BETON __________________________________________ 81


4.1 Structures coulées en place ________________________________________________81
4.1.1 Fabrication du béton ___________________________________________________________81
4.1.2 Transport du béton ____________________________________________________________82
4.1.3 Matériels couramment utilisés pour le transport du béton ______________________________84
4.1.4 Cas spécifique du béton coulé sous l'eau ___________________________________________85
4.1.5 Dispositions constructives_______________________________________________________88
4.2 Préfabrication___________________________________________________________89
4.2.1 Fabrication des éléments en béton ________________________________________________89
4.2.2 Transport et stockage __________________________________________________________91
4.2.3 Blocs de défenses préfabriqués ___________________________________________________91
4.3 Environnement__________________________________________________________91
4.3.1 Aspect législatif_______________________________________________________________91
4.3.2 Mesures de protection du milieu _________________________________________________91
5. CONTRÔLE DE LA QUALITE __________________________________________ 93
5.1 Démarche ______________________________________________________________93
5.2 Exigences du Dossier de Consultation des Entreprises__________________________93
5.3 Analyse des offres________________________________________________________95
5.4 Contrôle extérieur _______________________________________________________95
5.4.1 Analyse des plans d'assurance qualité (PAQ) ________________________________________95
5.4.2 Vérification du contrôle intérieur _________________________________________________96
5.4.3 Epreuves ____________________________________________________________________97
6. GESTION DES OUVRAGES ___________________________________________ 101
6.1 Dispositions constructives ________________________________________________101
6.2 Surveillance ___________________________________________________________101
6.2.1 Généralités _________________________________________________________________101
6.2.2 Dossier d'ouvrage ____________________________________________________________101
6.2.3 Surveillance continue de l'ouvrage _______________________________________________102
6.2.4 Visites d'évaluation. __________________________________________________________102
6.2.5 Inspections détaillées _________________________________________________________102
6.3 Suivi des paramètres de durabilité du béton _________________________________103
6.3.1 Généralités _________________________________________________________________103
6.3.2 Méthodologie _______________________________________________________________103
7. APPLICATION ______________________________________________________ 107

ANNEXES ________________________________________________________ 109

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 1 – Introduction générale

1. INTRODUCTION GÉNÉRALE
L’agressivité très importante et les contraintes spécifiques de l’environnement marin ont motivé la
rédaction de ce « Guide d’utilisation du béton dans les ouvrages maritimes ».
Ce guide répond à plusieurs critères :
Il est consacré aux travaux en site maritime : il s’applique aux ouvrages portuaires et
maritimes et aborde donc les contraintes spécifiques de l’environnement marin.
Il prend en compte les textes réglementaires les plus récents, notamment les dernières
évolutions normatives.
Il évoque les dernières évolutions techniques notamment concernant l’amélioration des
performances des bétons.
Il est opérationnel et nourrit l’ambition de répondre aux préoccupations en matière de
rédaction des cahiers des charges relatifs à la formulation du béton, à sa fabrication, à sa
mise en œuvre et au contrôle de sa qualité.
Il se veut pédagogique : au fil du texte des rappels de notions de béton permettent au lecteur
de compléter ses connaissances et de mieux appréhender les conseils et les
recommandations.
Enfin, il ambitionne d’être convivial grâce à de nombreuses illustrations et à des fiches
pratiques.

1.1 CHAMP D’APPLICATION DU GUIDE


Ce document s’adresse d’une façon générale aux maîtres d’ouvrages, aux maîtres d’œuvres, aux
gestionnaires mais aussi aux laboratoires ayant à traiter des problèmes liés à l’utilisation du béton
en milieu maritime. Le guide intéresse les ouvrages situés en métropole mais également dans les
DOM-TOM.

Il s’applique au béton non armé (NA), armé (BA) et précontraint (BP) utilisé pour la construction
d’ouvrages en site maritime (ouvrages à l’intérieur ou à l’extérieur des zones abritées des ports
maritimes) tels que les appontements, les quais, les digues, les ouvrages de soutènement, les
ouvrages mobiles, les passerelles et les ouvrages de construction et de réparation navales.

Le guide s’applique au béton coulé en place, qu’il soit fabriqué en centrale de Béton Prêt à l’Emploi
(BPE) ou en centrale de chantier. Il s’applique aussi au béton préfabriqué, que ce soit en usine, dans
des installations portuaires comme des formes de radoub ou sur des aires spécialement aménagées
sur le chantier.

Le guide ne traite pas spécifiquement:


- du béton destiné aux ouvrages d’art routiers proches de la mer mais situés en dehors des ports
maritimes,
- du béton dans le cadre de l’entretien et des réparations des ouvrages,
- du béton projeté qui est un béton spécifique utilisé principalement en réparation et en
confortement.
En outre, pour les ouvrages en site fluvial, on pourra se reporter au guide publié par le CETMEF
et VNF [35] intitulé « Le béton dans les ouvrages fluviaux » paru en décembre 1999.

Enfin, pour les ouvrages en béton précontraint, le lecteur pourra également se reporter au guide
publié par le CETMEF « Utilisation du béton précontraint en site aquatique – Eléments de
réflexion » [42].

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 1 – Introduction générale

1.2 OBJECTIF DU GUIDE


Le présent guide a pour objectif principal d’apporter des informations pratiques afin de faciliter le
choix du béton le plus approprié pour la réalisation d’un ouvrage maritime économique et durable.

Il doit permettre :

au maître d’ouvrage : de définir son programme en matière de béton (durée d’utilisation du


projet, exigences esthétiques, contraintes techniques et environnementales, niveau de service
de l’ouvrage,…) ;

au maître d’œuvre : de définir les stipulations du cahier des charges en matière de


formulation, de fabrication, de mise en œuvre et de contrôle de la qualité du béton ;

à l’exploitant : d’être sensibilisé à la problématique du béton notamment concernant les


agressions spécifiques à l’environnement marin et aux pathologies éventuelles
correspondantes, de prendre en compte la notion de durabilité afin d’optimiser les coûts
d’entretien et de maintenance et de minimiser les gênes pour l’exploitation,

au professionnel de laboratoire : de conseiller et d’assister le maître d’œuvre et l’exploitant.

1.3 CONTENU, ARTICULATION DES CHAPITRES


Le guide s’articule autour de sept chapitres. Ces chapitres suivent le cheminement des
problématiques rencontrées et des besoins pour définir, formuler, fabriquer,mettre en oeuvre et
contrôler un béton qui soit :
adapté à l’ouvrage concerné (type d’ouvrage, mode de construction, durée d’utilisation du
projet),
adapté à sa technique de mise en œuvre durant la phase de construction,
performant et durable durant la vie de l’ouvrage (performance mécanique et résistance aux
actions de l’environnement).
Le chapitre 2 « Spécificités des ouvrages en béton en environnement maritime » présente le
contexte et la problématique de la construction des ouvrages en béton en milieu portuaire et plus
largement maritime. Sont abordées les spécificités liées à la typologie des ouvrages, à la phase de
construction et aux agressions de l’environnement marin.

Le chapitre 3 « Les bétons en site maritime » permet de définir le béton. A partir des éléments de
contexte présentés au chapitre 2, ce chapitre décrit les exigences (mécaniques, d’ouvrabilité,
esthétiques, de durabilité) que devra satisfaire le béton. Il présente ensuite le référentiel technique
(normes, règlements, guides techniques) et les spécifications qui permettront au maître d’ouvrage et
au maître d’œuvre de définir et prescrire un béton répondant aux exigences précédemment
évoquées. Le chapitre se termine par une présentation sur des bétons spéciaux ou innovants qui, par
certaines de leurs caractéristiques et de leurs propriétés, présentent des avantages pour la
construction en site maritime.

Après avoir prescrit le béton au chapitre 3, le chapitre 4 « Mise en œuvre » décrit les différentes
techniques de mise en œuvre, les modalités de fabrication, de transport, de coulage,…et en précise
les précautions à prendre à chacune de ces étapes.
Il donne également les règles de l’art et les précautions à prendre afin de préserver le milieu
aquatique.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 1 – Introduction générale

Le chapitre 5 « Contrôle de la qualité » a pour objectif de définir les modalités d’organisation et


le contenu du contrôle de la qualité en phase d’exécution. Ce contrôle est fondamental. Le guide
permet d’une part au maître d’œuvre de rédiger son cahier des clauses techniques particulières
(CCTP) en matière de contrôle de la qualité et d’autre part au laboratoire d’assister le maître
d’œuvre et de proposer un plan de contrôle adapté.
Le chapitre 6 « Gestion des ouvrages » donne des pistes pour une gestion organisée et optimisée
d’un patrimoine d’ouvrages maritimes en béton et décrit les précautions d’entretien à prévoir.
Le chapitre 7 « Applications » est un outil directement opérationnel pour le maître d’œuvre. Il est
constitué d’un lot de fiches pratiques. Pour chaque type d’ouvrage, les fiches pratiques présentent
sous forme synthétique les spécifications adaptées à l’ouvrage en fonction de la zone d’exposition,
les techniques de mise en œuvre et les contrôles correspondants.

1.4 QU’EST-CE QUE LE BETON ?


Facile à mouler et compatible avec l’acier, le béton est le matériau de construction le plus largement
utilisé. Il permet de réaliser des portées importantes et des formes complexes.
C’est pour l’essentiel un mélange de grains minéraux de dimensions variables et d’eau. Certains
minéraux, appelés granulats, sont inertes. D’autres, les liants, réagissent avec l’eau en formant une
pâte qui fait prise et qui durcit dans l’air ou sous l’eau en donnant naissance à un matériau
composite de hautes performances.
Il peut être utilisé tel quel ou renforcé par des armatures. On parle alors de béton armé, précontraint,
fibré,… Des constituants complémentaires comme les adjuvants sont incorporés à faible dose dans
le mélange. Ils ont pour action de provoquer les modifications recherchées de ses propriétés à l’état
frais ou durci.
Le béton se présente donc sous deux états physiques successifs : tout d’abord sous la forme d’un
mélange plus ou moins liquide, le béton frais, puis progressivement sous la forme d’un matériau
solide, sorte de pierre artificielle, le béton durci. Le premier état permet la mise en place du béton
dans son contenant (coffrage, moule). Cette faculté d’ouvrabilité est caractérisée par la consistance.
Le deuxième constitue le produit fini. Proposé sous la forme et l’aspect souhaités, il doit notamment
fournir les résistances mécaniques exigées tout en assurant la durabilité.
On considère qu’un béton est durable s’il conserve aussi longtemps que nécessaire (durée
d’utilisation du projet), à la fois son intégrité structurelle et les qualités requises.
Cette faculté est mise à l’épreuve par les contraintes d’exploitation des ouvrages, mais aussi par les
diverses agressions de l’environnement ambiant. Dans le présent document, on traitera les
spécificités des ouvrages construits en site maritime, milieu particulièrement sévère qui impose de
prendre des dispositions adaptées.

1.4.1 Les ciments


Les ciments sont des liants hydrauliques (par opposition aux liants hydrocarbonés). Cela signifie
qu’ils ont la capacité de former en présence d’eau une pâte qui durcit même en l’absence d’air
comme, par exemple, sous l’eau. Ils sont constitués de silicates et d’aluminates anhydres. En
présence d’eau, ces éléments s’hydratent et forment par cristallisation des produits plus stables ce
qui provoque la prise du ciment.
Les ciments Portland résultent du broyage du clinker, produit obtenu après la cuisson à haute
température d’un mélange de calcaire et d’argile (et d’éventuelles additions comme le gypse).

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 1 – Introduction générale

1.4.1.1 Caractéristiques normalisées des ciments courants


Les ciments courants sont couverts par la norme NF EN 197-1 de février 2001 qui spécifie la
composition, les exigences et les critères de conformité. Les ciments conformes à cette norme,
gâchés et mélangés avec des granulats et de l’eau de façon appropriée, doivent conserver au béton
une ouvrabilité pendant quelques heures afin de permettre son transport et sa mise en œuvre, et
après des périodes prédéterminées, atteindre des niveaux de résistance fixés par le cahier des
charges.

1.4.1.1.1 Types de ciments


Les ciments courants sont divisés en cinq types principaux :
• CEM I Ciment Portland,
• CEM II Ciment Portland composé,
• CEM III Ciment de haut fourneau,
• CEM IV Ciment pouzzolanique,
• CEM V Ciment composé (au laitier et aux cendres).
On distingue plusieurs ciments appartenant au même type principal grâce à l’association des lettres
suivantes : A, B ou C pour le clinker (selon la proportion), S pour le laitier de haut fourneau, D pour
la fumée de silice, P pour la pouzzolane naturelle, Q pour la pouzzolane naturelle calcinée, V pour
les cendres volantes siliceuses, W pour les cendres volantes calciques, L ou LL pour le calcaire
suivant la teneur totale en carbone organique.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 1 – Introduction générale

1.4.1.1.2 Composition
Constituants principaux

Ciment Portland CEM I 100


6 94
CEM II / A
Ciments Portland composés 20 80
21 79
CEM II / B
35 65
36 64
CEM III / A
65 35
66 34
Ciment de haut fourneau CEM III / B
80 20
81 19
CEM III / C
95 5
11 89
CEM IV / A
Ciment pouzzolanique 35 65
36 64
CEM IV / B
55 45
18 18 64
CEM V / A
30 30 40
Ciment composé 31 31 38
CEM V / B
50 50 20

Clinker

Autre constituant principal (laitier, fumée de silice, pouzzolanes,


cendres volantes, schiste calciné, calcaire)

Laitier de haut fourneau

Fumée de silice, pouzzolanes, cendres volantes

Pouzzolanes, cendres volantes siliceuses

Les ciments CEM II, III, IV et V sont associés aux lettres « A » et « B » (le CEM III est aussi
associé à la lettre « C ») qui correspondent à une proportion plus ou moins importante de clinker.
Comme l’illustre le tableau ci-dessus, un ciment désigné avec la lettre « A » contiendra davantage
de clinker qu’un ciment désigné avec la lettre « B » et, a fortiori, qu’un ciment « C ». Un ciment de
type « B » contiendra donc plus de constituants principaux autres que le clinker (laitier de haut
fourneau, fumée de silice, pouzzolanes, cendres volantes, schiste calciné, calcaire) qu’un ciment de
type « A ».
On pourra également noter que la proportion de laitier de haut fourneau (dans les ciments CEM III
et CEM V) peut être relativement importante (jusqu’à 95 % dans le CEM III/C) alors que les autres
constituants principaux sont généralement présents dans une moindre mesure (jusqu’à 35 % dans la
plupart des cas, jusqu’à 55 % pour certains ciments).

1.4.1.1.3 Désignation normalisée


Les ciments sont désignés en particulier par leur type et par un nombre indiquant la classe de
résistance à la compression (valeur exprimée en MPa). Le type du ciment a été décrit au
paragraphe 1.4.1.1.1
La classe de résistance est notée « N » si le ciment a une classe de résistance à court terme ordinaire
et « R » si sa classe de résistance à court terme est élevée. La résistance à court terme d’un ciment
est une résistance en rupture à la compression et doit être déterminée conformément à la norme NF
EN 196-1, après deux ou sept jours.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 1 – Introduction générale

Par exemple un ciment Portland composé contenant au total une quantité de laitier granulé de haut
fourneau (S), de cendres volantes siliceuses (V) et de calcaire (L) comprise entre 6 et 20 % en
masse, appartenant à la classe de résistance 32,5, et présentant une résistance à court terme élevée,
est identifié par :
Ciment Portland composé NF EN 197-1 CEM II/A-M (S-V-L) 32,5 R CE

1.4.1.2 Ciments courants à caractéristiques complémentaires normalisées


Pour les travaux à la mer, certaines propriétés complémentaires des ciments peuvent être requises.
Elles font l’objet de normes spécifiques.

1.4.1.2.1 Ciments pour travaux à la mer (PM) NF P 15-317


Les ciments n’ont pas tous la même capacité à résister aux agressions chimiques liées à l’exposition
à l’eau de mer. L’emploi de ciments présentant des caractéristiques adaptées de résistance à ces
agressions est donc indispensable. Ces ciments présentent des teneurs limitées en aluminate
tricalcique (C3A) qui leur permettent de conférer au béton une résistance accrue à l’agression des
ions sulfate en présence d’ions chlorure, au cours de la prise et tout au long de la vie de l’ouvrage.

Ces ciments comportent la mention PM sur l’emballage et le bon de livraison.

1.4.1.2.2 Ciments pour travaux en eaux à haute teneur en sulfates (ES) XP P 15-319
Les eaux séléniteuses constituent un milieu particulièrement agressif, qui nécessite l’emploi de
ciments spécifiques. Ces ciments pour travaux en eaux à haute teneur en sulfates présentent des
teneurs en aluminates tricalcique (C3A) qui leur permettent de conférer au béton une résistance
accrue à l’agression des ions sulfate au cours de la prise et tout au long de la vie de l’ouvrage. Ces
ciments comportent la mention ES sur l’emballage et le bon de livraison.

1.4.1.2.3 Ciments à teneur en sulfures limitée (CP) NF P 15-318


Ces ciments ont une teneur en sulfures inférieure à une valeur donnée. La norme prévoit deux
classes notées CP1 et CP2. Ils sont destinés aux ouvrages en béton précontraint. Ils comportent la
mention CP sur l’emballage et le bon de livraison.

1.4.1.3 Autres ciments


D’autres types de ciments existent. Ils diffèrent des ciments courants (CEM I à V) par leur
composition et certaines de leurs propriétés. Il s’agit notamment du ciment d’aluminates de
calcium (anciennement ciment alumineux fondu, NF P 15-315) et du ciment prompt naturel dont
les caractéristiques peuvent être utiles pour certains travaux à la mer.

1.4.1.3.1 Ciment d’aluminates de calcium (EN 14647)


Tout en ayant un temps de prise normal, ce ciment se distingue par sa capacité à développer, en
béton, de hautes résistances mécaniques à très court terme : 30 MPa à six heures.
Son hydratation ne donne pas lieu à la formation d’hydroxyde de calcium, ce qui confère au béton
une bonne tenue aux eaux pures, aux eaux sulfatées et à l’eau de mer.
Ces deux caractéristiques en font un ciment très bien adapté pour les travaux en environnement
marin. A la bonne durabilité des bétons confectionnés avec ce ciment, il offre en plus la possibilité
de réaliser certains travaux entre deux marées hautes et permet des remises en service rapides, ce
qui est difficile avec les ciments courants.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 1 – Introduction générale

Sa durabilité en milieu maritime est attestée par plusieurs réalisations qui, soixante-dix ans plus
tard, étaient en parfait état. On peut notamment citer un quai sur le port d’Halifax en 1930 au
Canada et le Montrose Bridge en 1930 en Ecosse.
Toutefois, son coût relativement élevé en limite l’utilisation. L’emploi du ciment alumineux fondu
nécessite de plus certaines précautions regroupées dans la norme P 15-316 « Emploi du ciment
alumineux fondu en éléments de structure ». En particulier, il est impératif de respecter les deux
règles suivantes :
• le rapport eau totale/ciment (E/C) doit toujours être inférieur ou égal à 0,40 ;
• le dosage en ciment ne doit jamais être inférieur à 400 kg/m3.

1.4.1.3.2 Ciment prompt naturel (NF P 15-314)


Les constituants de ce ciment lui confèrent des propriétés particulières de prise et de durcissement
rapides, de quelques minutes à une demi heure, et de résistance aux acides, aux sulfates et à l’eau de
mer. Le ciment prompt naturel est agréé « Prise Mer » (norme NF P 15-317).
Les résistances en compression sont faibles à court terme (minimum garanti de 19 MPa à 28 jours)
mais progressent pendant plusieurs années, avec la compacité du béton, assurant ainsi une bonne
durabilité.

En pratique, ce ciment, peu utilisé pour les bétons de structure, a des propriétés très intéressantes
pour les travaux urgents : colmatage de fissures, aveuglement de voies d’eau, scellement,
calfatage, travaux entre marées, enduits imperméables.
La formulation d’un béton de ciment prompt diffère peu de celle des bétons courants. La
modulation du temps de prise s’effectue par ajout d’acide citrique (les retardateurs pour ciment
Portland ne sont pas efficaces avec ce ciment). Le dosage en ciment est compris entre 500 et 600
kg/m3.

Pour les travaux de scellement et de calage, il est souhaitable de lui préférer des produits prêts à
l’emploi admis à la marque NF-Produits spéciaux pour les constructions en béton hydraulique.

1.4.2 Les granulats


Le granulat est constitué d’un ensemble de grains minéraux qui, selon leurs dimensions (comprise
entre 0 et 125 mm), se situe dans l’une des familles suivantes :
- fillers,
- sablons,
- sables,
- graves,
- gravillons,
- ballast,
- enrochements.
Les granulats sont obtenus en exploitant des gisements de sable et de gravier d’origine
alluvionnaire, terrestre ou maritime, en concassant des roches massives, ou encore par le recyclage
de produits tels que les matériaux de démolition .

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 1 – Introduction générale

La nature minérale des granulats est un critère fondamental pour leur emploi, chaque roche
possédant des caractéristiques spécifiques en terme de résistance mécanique, de tenue au gel et de
propriétés physico-chimiques. Les granulats les plus usuels pour la fabrication des mortiers et des
bétons sont élaborés à partir de matériaux d’origine alluvionnaire (granulats roulés ou concassés) ou
à partir de roches massives (granulats concassés). La taille d’un granulat répond à des critères
granulométriques précis. Les granulats sont classés en fonction de leur granularité (distribution
dimensionnelle des grains) déterminée par analyse granulométrique à l’aide de tamis ou d’un
vidéogranulomètre.
Le granulat est désigné par le couple d/D avec :
d : dimension inférieure du granulat,
D : dimension supérieure du granulat.

Granulats les plus courants en travaux maritimes


Familles Dimensions Caractéristiques
Fillers 0/D D < 2 mm avec au moins
85 % de passant à 1,25 mm
et 70 % de passant à 0,063 mm
Sables 0/D d = 0 et D ≤ 4 mm
Graves 0/D D ≥ 6,3 mm
Gravillon d/D d ≥ 2 mm et D ≤ 63 mm
s
Ballasts d/D d = 31,5 mm et D = 50 ou 63 mm

Les intervalles d/D et 0/D sont appelés classes granulaires.


Les granulats doivent être conformes à des normes. Ils constituent le squelette du béton. La
régularité de leurs caractéristiques conditionne donc celles du béton. Les granulats pour bétons font
l’objet de deux principales normes de référence.

• La norme NF EN 12620 - Granulats pour béton


Cette norme définit des catégories pour chaque caractéristique des granulats et des fillers utilisés
dans la fabrication du béton. Elle spécifie les caractéristiques (physiques et chimiques) relatives à
l’évaluation de la conformité des granulats et au système de maîtrise de la production.
• La norme XP P 18-545 Granulats : éléments de définition, conformité et codification
Cette norme définit les règles générales permettant d’effectuer les contrôles des granulats. Elle
regroupe en codes les catégories définies dans la norme NF EN 12620 pour les divers usages
possibles. Dans son article 10, « Granulats pour bétons hydrauliques et mortiers », cette norme
précise les spécifications sur les granulats destinés à constituer des bétons.
Leurs principales caractéristiques sont repérées par des codes A, B, C ou D. Cette norme définit à
l’aide de cette codification les valeurs des spécifications adaptées à certains types d’ouvrage.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 1 – Introduction générale

1.4.3 Les additions


Les additions sont définies dans la norme NF EN 206-1 « Béton. Partie 1 : Spécification,
performances, production, et conformité » d’avril 2004. Une addition est un « matériau minéral
finement divisé et pouvant être ajouté au béton afin d’améliorer certaines de ses propriétés ou pour
lui conférer des propriétés particulières ».
Les additions ont deux modes d’action :
• un effet sur la granulométrie, dit également « effet filler », qui est un remplissage par les
éléments les plus fins (additions) des vides laissés par les éléments les plus gros (sables),
• et, éventuellement, une contribution directe à la résistance par la formation d’hydrates, en
général à long terme.
Les additions pouzzolaniques (cendres volantes, fumées de silices…) ont la capacité de se combiner
avec la chaux libérée par le ciment pour former des silicates de calcium hydratés. Les laitiers sont
activés par le ciment mais présentent une hydraulicité qui leur est propre. Enfin, les fillers calcaires
peuvent produire, par l’action des aluminates du ciment, des hydrates d’un autre type (carbo-
aluminates). Par ailleurs, ils accélèrent l’hydratation du ciment Portland.
Les éléments fins (de taille inférieure à 80 μm) contenus dans le béton ont une influence bénéfique
sur la limitation du ressuage, la cohésion du béton à l’état frais, la compacité et l’aspect des
parements.
La norme NF EN 206-1 distingue deux types d’addition minérale :
• les additions quasiment inertes, de type I,
• les additions à caractère pouzzolanique ou hydraulique latent, de type II.
Cette notion de type d’addition est liée au fait que certaines additions (celles de type II et certaines
de type I) ont un rôle bénéfique sur les performances du béton (en terme de résistance, de
durabilité…) et que cette aptitude peut être prise en compte dans la formulation du béton, en
réduisant notamment la quantité de ciment : l’exigence relative au dosage minimal en ciment est
remplacée par la même exigence appliquée au liant équivalent (voir Art 3.3.6 du guide). La norme
NF EN 206-1 et son annexe nationale NA (5.2.5.2.1) reprennent pour cela le concept de coefficient
k.

La norme NF EN 206-1 définit les modalités de prise en compte de ces additions :


Leq = C + k.A
Leq: Liant équivalent [kg/m3]
C : Quantité de ciment [kg/m3]
A : Quantité d'addition [kg/m3]
k : Coefficient de prise en compte de l'addition

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 1 – Introduction générale

Les additions actuellement normalisées en France sont les suivantes :

Addition Norme Type k Définition


Les additions siliceuses sont des produits finement divisés, constitués à
plus de 96,0 % (valeur spécifiée inférieure) et à plus de 93,5 % (valeur
siliceuse NF P 18-509 I 0,20 limite absolue inférieure), par de la silice exprimée en SiO2 mesurée sur
produit sec et obtenue par broyage et/ou sélection de roches quartzeuses
ou de cristobalites synthétiques définies par la norme.
Les additions calcaires sont des produits secs finement divisés, obtenus
par broyage et/ou sélection, provenant de gisements de roches calcaires
calcaire NF P 18-508 I 0,25 pouvant être dolomitiques, massives ou meubles, dont les caractéristiques
sont définies par la norme.
Poudre fine constituée principalement de particules vitreuses, de forme
sphérique, dérivées de la combustion du charbon pulvérisé, ayant des
propriétés pouzzolaniques et composées essentiellement de SiO2 et de
Al2O3 , la proportion de SiO2 réactive, définie et déterminée comme dans
la norme NF EN 197-1, constituant au moins 25 % en masse. Les cendres
Cendres volantes sont obtenues par précipitation électrostatique ou mécanique des
volantes pour NF EN 450-1 II 0,40 particules pulvérulentes contenues dans les gaz de combustion produits
béton à par les chaudières brûlant de l’anthracite pulvérisé ou de la houille
bitumineuse. Les cendres volantes présentent des propriétés
0,60 pouzzolaniques, mais ont également une influence sur d’autres propriétés
du béton frais et durci : les besoins en eau (plus faibles ou plus
importants), le temps de prise (généralement augmenté) et la résistance
initiale (réduction relative).
Il provient du laitier vitrifié (granulé ou bouleté), coproduit de la
Laitier fabrication de la fonte, obtenu par trempe du laitier de haut-fourneau en
fusion. Selon le taux d’addition et la finesse de mouture, le laitier vitrifié
vitrifier moulu
NF P 18-506 II 0,90 moulu peut intervenir en combinaison avec le ciment comme composant
de haut hydraulique dans le but de modifier certaines propriétés du béton,
fourneau notamment : comportement en milieu agressif et à l’alcali-réaction,
exothermicité, porosité.
La fumée de silice est une poudre amorphe finement divisée résultant de
la production d’alliages de silicium ou contenant du silicium. Elle est
entraînée par les gaz, depuis la zone de combustion des fours vers le
NF P 18-502 système de captage. Les fumées de silices sont utilisées pour optimiser la
Fumée de puis compacité par remplissage des vides du béton en complément des autres
II 1,00 composants et pour leurs propriétés pouzzolaniques (voir le paragraphe
silice NF EN
à 3.5.2 relatif aux bétons à hautes performances). Leur dosage est limité à
13263-1
2,00 10 % du poids de ciment. Elles peuvent s’employer brutes (mais elles
sont alors très volatiles), densifiées, en barbotine (en suspension aqueuse)
ou mélangées au ciment (CEM II [D] aux fumées de silice).

Les laitiers, cendres volantes et fumées de silice modifient la nature et la structure des hydrates
formés. Ils réduisent la taille des pores et donc la perméabilité ce qui améliore la durabilité. C’est
pourquoi ces additions sont classées en type II (coefficients k les plus élevés).
Nota : les additions ne sont pas toujours disponibles en tout point du territoire et leur disponibilité
peut varier en fonction de l’époque de l’année. C’est le cas, en particulier, des cendres volantes
issues des centrales de production d’électricité au charbon.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 1 – Introduction générale

1.4.4 Les adjuvants


Un adjuvant est un « produit dont l’incorporation dans le béton à faible dose (≤ 5 % du poids de
ciment) provoque des modifications de certaines propriétés du béton à l’état frais et/ou durci ».
La norme NF EN 934-2 fixe les prescriptions et les exigences pour les adjuvants utilisés dans le
béton. Elle s’applique aux adjuvants pour bétons non armés, armés et précontraints utilisés dans les
bétons fabriqués sur chantier, prêts à l’emploi et préfabriqués.
La classification des adjuvants dépend de leur fonction principale :
Adjuvant qui diminue le temps de début de transition du mélange, pour
Accélérateur de prise passer de l’état plastique à l’état rigide (le « temps de prise » est
diminué).
Adjuvant qui augmente la vitesse de développement des résistances
Accélérateur de durcissement initiales du béton, avec ou sans modification du temps de prise (le
« temps de durcissement » est diminué).
Adjuvant qui, sans modifier la consistance, permet de réduire la teneur
en eau d’un béton donné ou qui, sans modifier la teneur en eau, en
Plastifiant/réducteur d’eau augmente l’affaissement et/ou l’étalement (c’est-à-dire la maniabilité) ou
qui produit les deux effets à la fois.
Adjuvant qui, sans modifier la consistance, permet de réduire fortement
Superplastifiant/haut la teneur en eau d’un béton donné ou qui, sans modifier la teneur en eau,
réducteur d’eau en augmente considérablement l’affaissement et/ou l’étalement (c’est-à-
dire la maniabilité) ou qui produit les deux effets à la fois.
Rétenteur d’eau Adjuvant qui réduit la perte d’eau en diminuant le ressuage.
Hydrofuge de masse Adjuvant qui réduit l’absorption capillaire du béton durci.
Adjuvant qui augmente le temps de début de transition du mélange, pour
Retardateur de prise passer de l’état plastique à l’état rigide (le « temps de prise » est
augmenté).
Adjuvant qui permet d’incorporer, pendant le malaxage, une quantité
contrôlée de fines bulles d’air uniformément réparties et qui subsistent
Entraîneur d’air après durcissement. L’utilité d’un béton à air entraîné est justifiée pour la
durabilité en ambiance hivernale rigoureuse.

1.4.5 Les ajouts


Un ajout est un produit (en dehors du ciment, des granulats, des additions, des adjuvants et de l’eau)
incorporé au béton.
Exemple 1 : l’inhibiteur de corrosion
Il s’agit d’un produit qui, incorporé dans le béton lors de sa fabrication, peut ralentir le phénomène
de corrosion des armatures.
Le Réseau Scientifique et Technique du ministère de l’Équipement possède à ce jour trop peu
d’informations pour confirmer ou infirmer l’efficacité d’un tel produit. Comme expliqué plus en
détail tout au long de ce guide, un béton suffisamment compact et des conditions d’enrobage
respectées permettent de bien protéger les armatures.

Exemple 2 : les fibres métalliques (voir 3.5.3).


Exemple 3 : les fibres synthétiques (voir 3.5.3).

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 1 – Introduction générale

1.4.6 L’eau de gâchage


L’eau dans le béton sert à hydrater le ciment. Toutes les eaux ne sont pas utilisables car elles
peuvent contenir des éléments qui modifient le comportement et les propriétés du béton (temps de
prise, résistance, durabilité, aspect du béton…).
L’eau couramment utilisée est celle du réseau d’eau potable. Toutefois, elle peut provenir du
pompage d’eau des nappes phréatiques ou de cours d’eau. Dans ce dernier cas, le producteur de
béton doit produire une analyse de l’eau qui doit conclure à la conformité vis-à-vis de la norme NF
EN 1008 avant de pouvoir être employée. En particulier, l’eau trop pure, caractérisée par sa dureté,
peut entraîner une dissolution (ou lixiviation) du liant.

Le fascicule 65 A du CCTG interdit le gâchage à l’eau de mer pour les ouvrages en béton armé
ou précontraint. Nous préconisons d’interdire le gâchage à l’eau de mer pour les ouvrages en béton
non armé ou faiblement armé également.

NB : la norme relative au béton (NF EN 206-1) distingue l’eau totale contenue dans le béton frais et
l’eau efficace (qui intervient dans les spécifications de fabrication du béton par le biais du rapport
eau/ciment) dans la mesure où une partie de l’eau initiale peut être absorbée par les granulats ( voir
la notion d’eau efficace au 3.3.6).

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 2 – Spécificités des ouvrages en béton en environnement maritime

2. SPECIFICITES DES OUVRAGES EN BETON EN ENVIRONNEMENT


MARITIME

Les ouvrages en site maritime sont spécifiques pour plusieurs raisons. Leur spécificité est d'abord
liée à la variété des types de structure. Ensuite, la réalisation de ces ouvrages est soumise à des
contraintes de mise en œuvre particulières. Enfin, ces ouvrages sont exposés à un environnement
qui cumule souvent les facteurs favorisant la détérioration du béton et de l'acier qu'il peut contenir.
L'agression spécifique est celle de l'eau de mer. Elle est multiple : chimique de par la composition
minérale du milieu, mécanique du fait de ses déplacements en masse et locaux que sont les courants
et la houle. De plus, les effets climatiques, tels les variations locales de la température ambiante,
l'ensoleillement et le vent, indépendamment de leur nocivité propre, peuvent inhiber ou catalyser les
réactions entre l'eau de mer et les constituants du béton.

2.1 TYPOLOGIE DES OUVRAGES


Les ouvrages maritimes permettent de répondre à différentes utilisations :

chargement et déchargement de marchandises en vrac ou contenues dans des conteneurs,

embarquement et débarquement de passagers,

accostage et amarrage,

protection contre l'agitation,

soutènement de talus,

construction et réparation navales,

signalisation maritime,

mise à l'eau d'embarcations ou de navires.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 2 – Spécificités des ouvrages en béton en environnement maritime

Le béton, qu'il soit non armé, armé, ou précontraint, est utilisé pour la construction de différents
types d'ouvrage :
quai constitué d'un mur en blocs en béton,
quai constitué d'un voile en béton armé encastré sur une semelle,
quai constitué d'une paroi moulée,
quai constitué de caissons en béton armé ou précontraint,
quai sur pieux,
bajoyers et radiers de forme de radoub ou d'écluse,
ducs d'albes d'amarrage et d'accostage,
passerelles de lamaneurs ou de passagers,
enrochements artificiels de digue,
rampes,
ouvrages mobiles,
tourelles en mer, phares, pylônes, espars,
corps morts,
lests de bouées de signalisation, etc…

2.2 CONSTRUCTION
La spécificité des ouvrages en béton apparaît également en phase de construction par la multiplicité
des techniques de mise en œuvre du béton :
béton coulé en place,
béton coulé en zone de marnage,
béton coulé sous l'eau,
béton préfabriqué.
Chacune de ces modalités de construction nécessite l'utilisation de différents matériels qui vont
conditionner les dispositions constructives et les propriétés du béton (donc sa formulation) :
pompage,
mise en œuvre au tube plongeur,
mise en œuvre à la benne.
La complexité structurelle des ouvrages introduit des difficultés et des contraintes de bétonnage et
de vibration qu'il s'agisse de :
zones fortement ferraillées au niveau des nœuds de clavage entre poutres ou au niveau des
zones d'ancrage des bollards ou crocs d'amarrage : difficulté pour le serrage du béton avec
risque de ségrégation, d'apparition de cavités et de "nids de cailloux",
zones d'accès difficile ou immergées : difficulté pour le serrage du béton, risque de
délavage,
technique de construction particulière telle que celle permettant la confection d'une paroi
moulée.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 2 – Spécificités des ouvrages en béton en environnement maritime

Les conditions environnementales introduisent également des contraintes non négligeables en phase
de construction :
le cycle des marées peut imposer l'organisation du travail en fonction de la marée,
la météorologie et notamment le vent nécessite de prendre des dispositions particulières
pour la cure des parements,
la houle et le marnage conditionnent le dimensionnement des coffrages (tenue en cas de
tempête par exemple),
les conditions d'accès au chantier peuvent nécessiter des moyens de transport exceptionnels
(barges, hélicoptères).

2.3 AGRESSIVITE DU MILIEU

Durant son utilisation, un béton armé exposé à un environnement maritime est soumis à plusieurs
types d'agressions :
agressions mécaniques dues aux sollicitations d'exploitation des ouvrages, à l'action de la
houle, à l'abrasion due aux chocs, à l'érosion due à l'effet des vagues,
agressions chimiques dues à la pénétration des sels présents dans l'eau de mer, à la
pollution des eaux (eau de mer et eau de surface), à l'agressivité des matériaux stockés sur le
terre-plein,
agressions biologiques dues au développement d'organismes vivants,
attaques internes au béton dues aux réactions alcali-silice et sulfatique interne,
attaques d'origine climatique associées au phénomène de gel / dégel mais également de
gradient thermique.
L'intensité des agressions du béton de l'ouvrage (ou de la partie d'ouvrage) par le milieu marin et
portuaire n'est pas homogène. Elle dépend essentiellement de la situation de la structure concernée
par rapport à la mer. Suivant que le béton est totalement immergé, situé dans la zone de marnage,
dans la zone d'aspersion, ou hors d'eau, la cinétique de la réaction est différente. La zone soumise à

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 2 – Spécificités des ouvrages en béton en environnement maritime

marnage est critique pour le béton, tandis que pour le béton armé, les risques de corrosion des
armatures sont forts dans la zone d'aspersion. A contrario, en immersion totale, l'attaque chimique
est moindre.

2.3.1 Généralités

2.3.1.1 Agressivité des eaux, sols et autres matériaux


Les activités dans une zone portuaire peuvent générer de la pollution susceptible d'endommager le
béton des ouvrages. L'absence de protection étanche des ouvrages portuaires facilite la pénétration
et la circulation d'eau dans le béton. Les eaux pluviales se chargent de matières agressives pour le
béton lors de leur ruissellement sur les revêtements de terre-plein et sur les différents produits
stockés et viennent ensuite percoler au travers du béton.
De plus, l'eau de mer qui entoure la plupart des ouvrages en béton est polluée par les divers rejets
des industries et des navires.
Un ouvrage situé en site maritime peut donc être soumis à diverses agressions ayant pour origine
l'action des sels, de gaz et d'autres éléments en solution dans l'eau (eau de mer, eau de surface). Les
eaux de ruissellement peuvent être chargées de sels minéraux les plus divers en fonction des
matériaux rencontrés. Les éléments les plus agressifs sont soit acides, soit salins (chlorures, nitrates,
sulfates de sodium, de calcium et de magnésium).

L'agressivité de l'eau chargée est liée à l'aptitude de celle-ci à réagir avec certains constituants de la
matrice cimentaire du béton : les agents agressifs dissous dans l'eau constituent une solution
chimiquement agressive pour le béton qui peut provoquer différents types de réactions lorsque la
formulation n'est pas adaptée.
Les attaques acides : le béton présente un caractère basique élevé induit par les composés
hydratés de la pâte de ciment (la phase interstitielle du béton a un pH très élevé). Il peut
donc présenter une sensibilité vis-à-vis des solutions acides telles que les eaux naturelles
chargées en dioxyde de carbone, les eaux résiduaires, les eaux des industries (y compris
agro-alimentaires) contenant des acides organiques, les eaux chargées en acides minéraux,
mais aussi les eaux pures.
La lixiviation : dans une structure en béton exposée à l'air ambiant, l'eau s'évapore sur une
épaisseur limitée à quelques centimètres. Les pores sont saturés lorsque le béton est en
contact de manière prolongée avec l'eau. Des ions en provenance du milieu extérieur
peuvent transiter dans la phase liquide interstitielle du béton. En fonction de la nature des
éléments chimiques qui pénètrent dans le matériau, il peut en résulter des réactions
chimiques de dissolution ou de précipitation et donc une lixiviation progressive des
hydrates.

Le concepteur veillera donc à exiger et à faire appliquer par l'entreprise les principes de prévention
nécessaires au niveau de la formulation du béton et de sa mise en œuvre.
Il se reportera au paragraphe 3.1.4 pour l'identification et la formulation de ses exigences pour
obtenir un béton résistant durablement à l'agressivité des eaux chargées et polluées.

2.3.1.2 Agressions mécaniques


Les ouvrages situés en site maritime sont très fortement sollicités mécaniquement. En effet, selon
leur utilisation, ils doivent pouvoir reprendre des efforts d'amarrage, d'accostage, mais également
les efforts générés par la houle (à l'instar des ouvrages de protection contre la mer tels que les
digues). En ce qui concerne la houle, les ouvrages extérieurs aux ports sont bien évidemment plus
exposés que les ouvrages intérieurs.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 2 – Spécificités des ouvrages en béton en environnement maritime

En plus de ces sollicitations, les ouvrages sont soumis à l'endommagement dû aux chocs et au
frottement des navires (barge tapant contre une poutre de rive par exemple), aux corps flottants et
également à l'abrasion des sables et galets transportés par l'eau de mer. Les enrochements artificiels
de type tétrapode ou acropode sont particulièrement exposés à ce type de sollicitation.
Enfin, dans le cadre de leur utilisation, les ouvrages sont soumis à des charges d'exploitation. Les
ouvrages de chargement et de déchargement des marchandises, notamment les postes à quai, sont
sollicités par des charges aux caractéristiques variées :
grues et portiques sur rails,
engins de levage sur roues ou patins,
engins de manutentions,
stockages divers (en vrac ou conditionné).
Ces sollicitations peuvent être de très courte durée et de grande intensité. Les désordres associés à
ces agressions, quand les sollicitations dépassent la résistance mécanique du béton, sont le plus
souvent localisés : éclats de béton et fissuration.

Le concepteur devra donc identifier les exigences attendues en terme de propriétés mécaniques du
béton pour résister aux agressions évoquées ci-dessus. Le lecteur pourra se reporter à ce titre au
paragraphe 3.1.1 pour l'identification et la formulation de ces exigences pour obtenir un béton
résistant mécaniquement.
L'ouvrage devra, au besoin, intégrer des dispositifs de protection pour protéger au maximum les
parties qui risquent des agressions excessives (défenses d'accostage, plaques métalliques, profilés
métalliques d'angle,…)

2.3.2 Attaques externes sur le béton seul


Le processus chimique d’attaque des bétons par l’eau de mer résulte de plusieurs réactions plus ou
moins simultanées et interdépendantes faisant appel à différents mécanismes : dissolution du liant,
réaction d’échange de bases, précipitation de composés insolubles, cristallisation de sels expansifs
(ettringite).

2.3.2.1 Attaque des chlorures


Les ions chlorures présents naturellement dans l'eau de mer, principalement les chlorures de
magnésium MgCl2 et les chlorures de calcium CaCl2 sont agressifs vis-à-vis du béton.

Le chlorure de magnésium MgCl2 réagit avec la portlandite Ca(OH)2 et provoque la dissolution (ou
lixiviation) du liant.

Le chlorure de calcium CaCl2 réagit avec l’aluminate tricalcique C3A (provenant du clinker) et
conduit à la formation d’un chloro-aluminate de chaux puis d’ettringite, voire même de thaumasite
(en présence de silice dissoute et de carbonates), qui sont des gels expansifs pouvant générer des
gonflements entraînant fissurations et éclatements du béton.

2.3.2.2 Attaque sulfatique d'origine externe


Les sels de sulfate présents naturellement dans l'eau de mer, notamment les sulfates de magnésium
MgSO4 et les sulfates de calcium CaSO4 sont agressifs vis-à-vis du béton.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 2 – Spécificités des ouvrages en béton en environnement maritime

Le sulfate de magnésium MgSO4 réagit avec la portlandite Ca(OH)2 et provoque la dissolution (ou
lixiviation) du liant.

Le sulfate de calcium CaSO4 réagit avec l’aluminate tricalcique C3A (provenant du clinker) et
conduit à la formation d’ettringite, gel expansif, d’où gonflement, fissuration et éclatement du
béton.

Contrairement aux autres attaques, l’agressivité des sulfates est accrue dans les climats froids.

2.3.2.3 Cristallisation des sels dissous


Dans la zone située juste au-dessus du niveau d’eau, la cristallisation à l’intérieur des pores du
béton des sels dissous provoque des dommages dus à leur expansion. Ce phénomène est surtout
sensible sous les climats arides où l’évaporation de l’eau de mer se produit à l’intérieur des pores.
Sous les climats tempérés, l’évaporation a lieu en surface, d’où un effet moindre.

Le sulfate de magnésium est particulièrement agressif à cet égard.

2.3.2.4 Développement d'organismes vivants


Le développement des algues et mollusques marins à la surface du béton est généralement
considéré comme bénéfique. En effet il maintient une humidité qui s’oppose à la pénétration des
gaz et de l’oxygène en particulier. Cependant, un excès de dépôt, en augmentant le poids et la
surface de certains éléments de structure élancés comme les pieux, peut provoquer des surcharges
statiques et cycliques non négligeables. Exceptionnellement, certains mollusques ayant une affinité
particulière pour les marnes peuvent détruire les granulats qui en sont constitués (phénomène déjà
rencontré dans la zone du golfe persique).

2.3.3 Attaques internes du béton


Tout béton peut subir une attaque interne. Les phénomènes d'attaque interne ne sont pas spécifiques
aux environnements marins mais ont besoin de présence d'eau pour se produire.

2.3.3.1 Réaction alcali-granulat


La réaction alcali-granulat (RAG) est une réaction interne au béton entre la solution alcaline
interstitielle du béton et certains granulats, produisant un gel silico-calco-alcalin expansif, d’où
risque de gonflement, fissuration et éclatement du béton.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 2 – Spécificités des ouvrages en béton en environnement maritime

Trois conditions sont nécessaires pour amorcer et entretenir ces réactions :


• le béton contient des granulats réactifs vis-à-vis de l'alcali-réaction (roches à risque : grès,
gneiss, granite, calcaires dolomitiques…) ;
• la teneur en alcalins actifs est élevée (essentiellement apportés par le ciment) ;
• l'environnement est humide.

Seule une partie de l'eau de gâchage sert à l'hydratation du ciment. L'autre partie, nécessaire à la
bonne mise en œuvre du béton, se retrouve ensuite piégée dans le béton et peut alimenter une
réaction alcali-granulat.

Pour les structures maritimes immergées ou en zone de marnage et les parties d'ouvrage en
environnement humide (pluie, eaux de ruissellement, sol humide, etc…), le phénomène est aggravé
par l'apport d'eau extérieure.

En milieu marin les alcalins contenus dans l'eau de mer peuvent favoriser une alcali-réaction en
surface des structures.

2.3.3.2 Réaction sulfatique interne


La réaction sulfatique interne (RSI) est définie par la formation différée d'ettringite (produit
expansif pouvant générer des gonflements) dans un matériau cimentaire après la prise du ciment et
sans apport de sulfates externes.

Les ions sulfates d'origine interne peuvent provenir des granulats (pyrites), du ciment ou être libérés
par les produits d'hydratation.

En cas de réaction sulfatique interne, la formation d'ettringite différée, alors que le béton est
mécaniquement rigide, peut être préoccupante. Cette réaction touche les structures qui ont subi une
élévation excessive de température lors de la prise du béton : elle peut concerner par exemple des
pièces préfabriquées traitées thermiquement ou des structures massives (épaisseur supérieure à 1 m)
coulées en période chaude.

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Comme pour la réaction alcali-granulat, la réaction est activée par la présence d'eau (interne ou
apportée par le milieu extérieur) et les symptômes sont proches de ceux de la réaction alcali-
granulat : gonflement du béton avec faïençage visible en parement.

* du béton lors de sa prise

Avec l'évolution des matériaux et des techniques de construction, les températures peuvent atteindre
des niveaux très importants dans les éléments de structure. Cette pathologie risque donc de se
développer si le prescripteur n'intègre pas des principes de prévention dans son cahier des charges.

2.3.4 Cycles de gel-dégel

2.3.4.1 Actions des cycles de gel/dégel


Lorsque la température extérieure descend en dessous de -3°C, l'eau contenue dans les pores du
béton gèle en commençant par les plus gros pores proches du parement. En gelant, l'eau augmente
de volume et provoque une pression hydraulique dans le réseau poreux qui, si elle dépasse la
résistance à la traction du béton, provoque la fissuration du béton dans la masse.

L'endommagement du béton est progressif : il résulte de la succession de cycles de gel-dégel. Il


dépend de la vitesse de refroidissement, du nombre de cycles, de la température minimale atteinte et
de la durée du gel.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 2 – Spécificités des ouvrages en béton en environnement maritime

2.3.4.2 Ecaillage du béton de surface


Ce phénomène se situe principalement sur les surfaces horizontales où se déposent et se
concentrent les sels de déverglaçage ou dissous dans les embruns d’eau de mer. Il accentue en
particulier les effets destructeurs des cycles de gel-dégel. Il agit directement sur la peau du béton
qu’il décolle par cristallisation des sels.

2.3.5 Corrosion des armatures


L’acier et le béton forment un couple complémentaire dans lequel l’acier renforce les
caractéristiques mécaniques du béton en traction et le béton protège physiquement et
chimiquement l’acier de la corrosion. L’hydratation du ciment produit une solution interstitielle
basique de pH élevé qui confère une protection chimique aux armatures noyées dans le béton.
Deux processus peuvent altérer la protection assurée par le béton :
• l’évolution des caractéristiques du béton d’enrobage des armatures par carbonatation,
• la pénétration d’agents agressifs, notamment les ions chlorures, jusqu’au niveau des armatures.
La carbonatation affecte, de manière générale, tous les ouvrages non constamment immergés (à
cause du dioxyde de carbone présent dans l’air atmosphérique) tandis que la pénétration des
chlorures est spécifique à certains environnements comme le milieu marin où les zones soumises
aux sels de déverglaçage.

En environnement marin, la pénétration des chlorures est le phénomène principal de corrosion des
armatures.

2.3.5.1 Pénétration des chlorures


En milieu saturé en eau, cas des structures immergées, les chlorures pénètrent dans la porosité du
béton par un phénomène de diffusion, sous gradient de concentration en chlorures entre la surface
riche en chlorures et le cœur exempt de chlorure.
Lorsque la structure est soumise à des cycles d'humidification-séchage en présence de chlorures
(zone de marnage, exposition aux embruns), les chlorures migrent avec la phase liquide par
capillarité, phénomène plus rapide que la diffusion.
Lorsque la teneur en chlorures devient importante au niveau des armatures, il y a dépassivation
puis corrosion des armatures. La concentration critique en chlorures libres est d'environ 0,4 % du
poids de ciment.
Plus le milieu environnant sera riche en chlorures, plus le risque de corrosion des armatures sera
important.
La vitesse de pénétration des chlorures est d'autant plus faible que la porosité de la pâte de ciment
est faible.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 2 – Spécificités des ouvrages en béton en environnement maritime

2.3.5.2 Carbonatation
L’air contient du dioxyde de carbone à un taux moyen de 0,03 % en volume, qui réagit sur les
hydrates, principalement sur la Portlandite (Ca(OH)2), pour former du carbonate de calcium :
CO2 + Ca(OH)2 ⎯⎯> CaCO3 + H2O
Ce phénomène consomme de la portlandite et conduit à une chute du pH de la solution interstitielle,
ce qui entraîne une dépassivation des aciers.
Le dioxyde de carbone pénètre à l’intérieur des pores du béton par un phénomène de diffusion. Or,
dans le processus de diffusion du dioxyde de carbone, l’humidité relative des pores du béton joue
un rôle primordial.
Ainsi, lorsque les pores du béton sont saturés d’eau, cas des structures immergées, la pénétration est
extrêmement faible et la carbonatation pratiquement inexistante.
De la même façon, si le béton se trouve dans un milieu très sec, la quantité d’eau est insuffisante
pour dissoudre le gaz carbonique et le béton ne se carbonate que modérément.
Par contre, lorsque la structure est soumise à des cycles d'humidification-séchage (zone de marnage,
zone exposée à la pluie et au vent, zone de condensation…), le phénomène de carbonatation est
rapide.
La vitesse de carbonatation est d'autant plus faible que la porosité de la pâte de ciment est faible.

2.3.6 Bilan des attaques du béton pour un ouvrage maritime


La situation de l’ouvrage par rapport au milieu marin est un paramètre déterminant des risques de
dégradation encourus.

Quatre zones de dégradation peuvent ainsi être définies :


Les zones d’embruns marins sont celles qui ne sont pas en contact direct avec le milieu
liquide. L’ouvrage est soumis aux embruns et brouillards marins qui peuvent transporter des
sels sur des distances importantes.
Les zones d’aspersion sont situées au-dessus du niveau de l’eau à marée haute. Le béton est
soumis aux éclaboussures provoquées par les vagues sur une hauteur variable.
La zone de marnage s’étend sur une hauteur déterminée par la différence entre le niveau de
l’eau à marée haute et celui à marée basse. Cette zone est alternativement immergée et
émergée.
La zone d’immersion se situe sous le niveau de l’eau à marée basse. Le béton est alors
continuellement immergé.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 2 – Spécificités des ouvrages en béton en environnement maritime

Tous les éléments présentés dans le chapitre 2 :


- la typologie des ouvrages et leurs utilisations,
- la nature du béton (armé, non armé, précontraint),
- les modalités de construction et les dispositions constructives,
- les contraintes environnementales en phase de construction,
- l'agressivité du milieu durant l'utilisation de l'ouvrage,
sont tout autant de paramètres fondamentaux qui doivent être pris en compte le plus tôt possible
dans la démarche de conception d'un ouvrage en béton situé en site maritime. Leur prise en compte
permet en effet au maître d'ouvrage d'être pertinent dans la définition de ses besoins et de ses
exigences, et au maître d'œuvre de les traduire en stipulations (voir paragraphe sur les exigences
performantielles).

L'identification et la formulation des exigences permettent ainsi au concepteur de prescrire un béton


adapté répondant aux besoins et aux contraintes (voir paragraphe sur les spécifications du béton).

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

3. BETON EN SITE MARITIME, EXIGENCES ET SPECIFICATIONS

Ce chapitre donne les outils nécessaires au maître d'ouvrage pour définir ses besoins, ses exigences
et ses contraintes, et au maître d'œuvre pour spécifier le béton (par partie d'ouvrage) adapté au
contexte et aux problématiques évoqués au chapitre précédent.

3.1 EXIGENCES PERFORMANTIELLES

3.1.1 Résistance mécanique


Le béton d'un ouvrage en site maritime doit résister à de multiples sollicitations d'origine
mécanique : charges d'exploitation, chocs, abrasion et érosion. Pour résister à ces sollicitations, il
doit posséder des propriétés et des caractéristiques spécifiques. Ce paragraphe les présente ainsi que
les outils pour les mesurer et les contrôler.

3.1.1.1 Résistance à la compression


La résistance à la compression est la propriété la plus fréquemment mesurée sur béton durci. Elle
sert au dimensionnement des structures. La résistance à la compression normative du béton est la
résistance à la compression à 28 jours.

Lors de l'établissement d'un projet, la définition d'une valeur de résistance à la compression à 28


jours n'est pas suffisante pour définir le béton.

La norme NF EN 206-1 définit seize classes de résistance pour les bétons de masse volumique
normale et les bétons lourds :
Classe fck-cyl (en N/mm2) fck-cube (en N/mm2)
C8/10 8 10
C12/15 12 15
C16/20 16 20
C20/25 20 25
C25/30 25 30
C30/37 30 37
C35/45 35 45
C40/50 40 50
C45/55 45 55
C50/60 50 60
C55/67 55 67
C60/75 60 75
C70/85 70 85
C80/95 80 95
C90/105 90 105
C100/115 100 115
La résistance du béton mesurée doit être statistiquement égale ou supérieure à la résistance
caractéristique minimale pour la classe de résistance spécifiée et pour le type de béton considéré
(léger, ordinaire ou lourd).

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

La valeur fck-cyl est la résistance caractéristique éxigée à 28 jours mesurée sur des cylindres aux
dimensions normatives.

La valeur fck-cube est la résistance caractéristique éxigée à 28 jours mesurée sur des cubes aux
dimensions normatives.

La résistance caractéristique est la valeur de la résistance en dessous de laquelle peuvent se situer


5 % de la population de tous les résultats des mesures de résistance possibles effectués pour le
volume de béton considéré.

Remarque 1 : Influence de la formulation sur les performances du béton

La compacité de la pâte conditionne, parmi d’autres paramètres, la résistance du béton. Féret [11] a établi en 1896 une
loi empirique dans laquelle il tient compte de la résistance de la pâte de ciment pour le calcul de la résistance des
bétons :
2
⎛ ⎞
⎜ 1 ⎟
f c = K × Rc × ⎜ ⎟
⎜ E ⎟
⎜ 1 + 3,15 × ⎟
⎝ C ⎠
où :
fc : résistance du béton en compression à j jours
K: coefficient granulaire
Rc: résistance du ciment mesurée sur mortier normal1
E: Quantité d'eau en kg
C: Quantité de ciment en kg

La Figure 1 donne l’évolution de fc/Rc en fonction du rapport massique eau sur ciment (E/C) dans le cas où K=4,9 et
illustre l’influence du rapport E/C sur la résistance du béton.

Le rapport E/C est le paramètre de composition le plus important pour la résistance du béton. Ce rapport E/C
détermine également la porosité de la pâte de ciment durcie (propriété liée à la compacité) qui joue un rôle fondamental
pour la durabilité du béton. L’importance du rapport E/C vis-à-vis de la durabilité du matériau est expliquée plus en
détail au paragraphe 3.3.6.

2,0
1,8
1,6
1,4
1,2
fc/Rc

1,0
0,8
0,6
0,4
0,2
0,0
0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
Rapport E/C

Figure 1 : Évolution de fc/Rc en fonction du rapport E/C (K = 4,9)

1
Le mortier normal est un mortier de composition bien définie et confectionné à partir d’un sable normalisé
(NF EN 196-1)

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Remarque 2 : Influence de la mise en œuvre sur les performances du béton

Bien formuler un béton et soigner sa composition par le choix de constituants adaptés est nécessaire, mais pas suffisant
pour obtenir un béton de qualité, c’est-à-dire résistant, durable et offrant des parements esthétiques. Il est indispensable
que les moyens de mise en œuvre soient adaptés et correctement utilisés afin de chasser l’air piégé lors de la
fabrication, par serrage du béton, sans provoquer de ségrégation.

En effet, la présence d’air dans le béton réduit considérablement la résistance de celui-ci : 5 % d’air dans le béton peut
faire chuter la résistance de plus de 30 % selon Neville [42].

Cet air peut être de l’air entraîné lors de la fabrication, de l’air occlus (résidu d’un serrage insuffisant) ou bien encore
des vides laissés après le départ de l’eau libre en excès.

Remarque 3: Influence de la température

Une élévation de la température active les réactions d’hydratation du ciment et favorise le développement de résistances
élevées au jeune âge. Cependant, cet effet bénéfique à court terme peut réduire également les résistances à plus long
terme.

Le traitement thermique des bétons est souvent utilisé en préfabrication afin d’obtenir le plus rapidement possible les
résistances nécessaires au décoffrage. Il convient de trouver un compromis entre l’obtention des résistances au jeune
âge et les résistances à long terme. L’additif au fascicule 65 impose que la résistance à 28 jours du béton traité
thermiquement soit au moins égale à 90 % du même béton non traité.

Les essais pour mesurer et contrôler la résistance du béton:


Les opérations de décoffrage et de manutention nécessitent une mesure fiable de la résistance du
béton dans l'ouvrage. Cette mesure permet également de quantifier un facteur important pour ce qui
est de la durabilité, de l'aspect du parement et de la tenue mécanique.
Les éprouvettes d'information
C'est la méthode classique pour évaluer la résistance au jeune âge du béton dans l'ouvrage. Elle
consiste à réaliser des éprouvettes d'information conservées dans des conditions "voisines" de celles
de l'ouvrage . Ces éprouvettes sont écrasées en laboratoire à un âge donné pour déterminer leur
résistance en compression.

Ces résultats permettent, en fonction de valeurs de résistances prévues de procéder à :

un décoffrage,

une mise en tension,

une démolition d'un élément, en cas de résistance trop faible, etc…

Les éprouvettes de contrôle


Ces éprouvettes sont confectionnées lors des opérations de bétonnage et conservées en laboratoire
conformément à la norme NF EN 12390-2. Elles sont écrasées à l'âge de 28 jours. Le résultat
permet de juger la conformité du béton mis en œuvre.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

La maturométrie:
Les méthodes de détermination de la résistance du béton évoquées ci-dessus présentent un certain nombre
d'inconvénients :
Du fait des différences en terme de rapport volume de béton sur surface d'échange avec l'extérieur, il existe
systématiquement un écart entre l'historique de la température au sein des éprouvettes d'information et au sein de
l'ouvrage. Ces différences sont d'autant plus importantes que les pièces de béton sont de forte épaisseur. La prise et le
durcissement du béton étant influencés par la température, il existe donc des différences importantes entre la résistance
mesurée sur éprouvette d'information et la résistance réelle du béton dans l'ouvrage (voir norme EN 13791).
La maturométrie permet de s'affranchir de ces difficultés. La méthode consiste, à partir du suivi de la température au
sein de l'ouvrage, à déterminer par calcul (au jeune âge) le degré d'avancement des réactions d'hydratation
correspondant au durcissement du béton.
Basée sur la "loi de maturité" ("deux bétons de même composition ayant même valeur de maturité auront même
résistance quelle que soit l'histoire des températures ayant conduit à cette valeur de maturité"), la maturométrie permet
de connaître la résistance du béton in situ à partir de la relation entre le degré d'avancement et la résistance. Cette
relation est déterminée par étalonnage pour une formulation de béton particulière.
La maturométrie s'appuie sur le fait établi que, pour un béton donné, la résistance au jeune âge ne dépend que de
l'histoire thermique. La loi d'Arrhénius s'est révélée être la plus appropriée pour décrire la sensibilité de la vitesse de
durcissement du béton à la température. Elle comprend un paramètre unique, l'énergie d'activation Ea, qui traduit le
degré de sensibilité du béton.

K(T) = A.exp( − Ea )
RT
A: Constante de proportionnalité
R: Constante des gaz parfait (8314 J/mol.K)
Ea: Energie d'activation apparente du béton (J/Mol)
Un béton donné est caractérisé par son énergie d'activation apparente et sa courbe de référence (relation
maturité /résistance). L'application de la loi d'Arrhénius permet alors de transformer un historique de température
quelconque en une valeur de maturité de laquelle on peut déduire la résistance mécanique.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

3.1.1.2 Résistance au choc et à l'abrasion


D'une façon générale, le classement d'un béton vis-à-vis de cette propriété va dans le même sens
que la résistance à la compression et à la traction. Néanmoins, il est préférable de définir une
spécification performantielle plus directe. En effet, la formulation d'exigences en terme de
résistance au choc et à l'abrasion orientera vers l'utilisation de granulats durs et une matrice
cimentaire de haute qualité.
Les exigences souhaitées en terme de résistance aux chocs et à l'abrasion peuvent être définies de
deux manières :
- exigence de moyens :
Dans ce cas, les exigences portent sur la nature des composants du béton :
Composants Qualité visée Exemple Essais
Compacité de la Addition d'éléments ultra-fins
Ciment
matrice cimentaire comme la fumée de silice
Essai Los Angeles:
Utilisation de granulats alumineux Résistance mécanique aux
Densité élevée et synthétiques. Ils se caractérisent chocs des granulats
Granulats par une densité élevée et une
dureté Essai Micro-Deval:
exceptionnelle dureté Résistance mécanique à
l'usure des granulats
Résistance à la
Fibres Ajout de fibres métalliques
traction
Dans le cas d'emploi de fibres, des essais de qualification sont nécessaires afin d'optimiser le choix
de la fibre à retenir : nature, longueur, épaisseur, géométrie, dosage,…

- exigences performantielles :
Dans ce cas, les exigences portent sur les propriétés finales du béton.

La Compagnie Nationale du Rhône (CNR) a développé dans le cadre d'une problématique fluviale
(barrages) deux essais de qualification du béton vis-à-vis de sa tenue à l'abrasion et aux chocs. Ces
essais sont bien évidemment applicables dans le cadre d'une problématique maritime :
Attaque sur éprouvette d'un jet d'eau chargé de
Essais sur métaux anti-
Abrasion sable - L'indice d'abrasion est donné en
usure
référence à l'empreinte équivalente sur le verre
Mesure du volume d'une empreinte due aux
Essais de tenue aux
Choc chocs d'une boule métallique sur une
chocs
éprouvette
Ces essais permettent de déterminer un "indice CNR". Cet indice permet de classer le béton
considéré dans des familles en fonction de sa résistance.

3.1.2 Exigences esthétiques


Dans le cadre de la construction d'un ouvrage situé dans un port de plaisance, en milieu urbain ou
dans un site classé, le maître d'ouvrage peut être amené à formuler des exigences en terme
d'esthétique.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Dans ce guide, nous nous limiterons à l'esthétique et à la qualité du parement en béton des parties
visibles des ouvrages (poutres de rive, fronts de quai, plate-forme de quai,…). Les exigences à
formuler portent sur les éléments suivants :
la teinte,
la texture,
la régularité,
les tolérances de forme.

Remarque : Même si l'ouvrage ne présente pas de caractère esthétique particulier, nous conseillons
tout de même fortement au maître d'ouvrage de formuler des exigences en terme de qualité de
parement pour les parties visibles de l'ouvrage. La maîtrise d'œuvre devra donc définir les
spécifications adéquates pour répondre à ces exigences.

3.1.3 Ouvrabilité
Le béton frais a la capacité de se déformer et de s’écouler ce qui permet de le transporter, par
exemple en le pompant, et de remplir les coffrages. Cette aptitude du béton à la déformation est
souvent traduite par les termes de consistance, de maniabilité ou d’ouvrabilité, mais ces termes
consacrés par la pratique ne traduisent que partiellement et de manière conventionnelle l’état du
béton frais.
La consistance traduit la quantité d’énergie à fournir au matériau pour le mettre en place en
expulsant tout l’air piégé lors du malaxage et du transport. Les notions de maniabilité ou
d’ouvrabilité sont les traductions de l’aptitude du béton à se déformer pour des conditions de mise
en œuvre données.
L'ouvrabilité est une caractéristique du béton fondamentale en phase de construction. Elle intéresse
tout d'abord essentiellement l'entrepreneur qui aura à mettre en œuvre le béton. Mais elle intéresse
aussi le maître d'ouvrage puisque la maîtrise de l'ouvrabilité peut avoir une incidence sur la
durabilité future de la structure en béton. Au regard des spécificités des ouvrages en site maritime,
elle doit donc être parfaitement maîtrisée. Deux paramètres permettent de caractériser cette donnée :
la consistance et la teneur en air du béton frais.

3.1.3.1 La consistance du béton frais


Pour les bétons courants, on convient de caractériser globalement leur aptitude à être mis en place
dans les coffrages par la mesure d’une grandeur unique. On appelle consistance la grandeur ainsi
mesurée.
La bonne consistance du béton est celle qui permet de mettre le béton en œuvre dans l’ouvrage avec
les moyens et dans les conditions du chantier. Elle dépend de :
la partie d’ouvrage à bétonner (densité de ferraillage, pente éventuelle, possibilité de
vibration…),
la configuration de la pièce à bétonner (zone immergée, accessibilité…),
des moyens de transport du béton (goulotte, benne, pompe…).
Le prescripteur devra donc identifier très tôt les difficultés de bétonnage et définir les moyens de
transport et la technique de mise en œuvre du béton . La connaissance de ces éléments lui permettra
de spécifier un béton adapté à la construction de son ouvrage en terme d'ouvrabilité.
Tout ajout d’eau est strictement interdit sur le chantier. Dans le cas d'une ouvrabilité inadaptée, il
conviendrait de réaliser une nouvelle étude de formulation du béton.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Ajustement de la quantité d'eau en centrale de béton prêt à l'emploi :


Pour des bétons ordinaires, le fournisseur de béton pourra procéder en centrale à des corrections
d'eau dans une fourchette de plus ou moins 20 l/m3 à condition de respecter également les
tolérances de plus ou moins 5 %.
La consistance des bétons spéciaux (BAP notamment) est très sensible aux variations de quantité
d'eau. Ces dernières devront être limitées (< 10 l/m3) et parfaitement maîtrisées.

Les outils pour mesurer et contrôler la consistance du béton frais :


La consistance n’est pas une caractéristique intrinsèque du béton mais dépend de l’appareil qui sert
à la mesurer. C’est pourquoi, quand on donne une valeur de consistance, il faut expliquer de quelle
manière elle a été mesurée.
Pour mesurer et contrôler la consistance du béton, il existe différents essais parmi lesquels :
• le cône d’Abrams (NF EN 12350-2)
Il s’agit de l’essai le plus courant et l’un des plus simples. L’essai consiste à remplir de béton un
moule tronconique en trois couches tassées avec une tige d’acier de 16 mm de diamètre. Chaque
couche est piquée 25 fois. Le moule est ensuite soulevé avec délicatesse et l’on mesure aussitôt
après l’affaissement (ou slump).

Classe d’affaissement
Affaissement
(NF EN 206-1)

S1 Entre 10 et 40 mm

S2 Entre 50 et 90 mm

S3 Entre 100 et 150 mm

S4 Entre 160 et 210 mm

S5 ≥ 220 mm

Tableau 1 : Classes d’affaissement du béton frais (cône d’Abrams)

Lorsque la classe d'affaissement est S5, l'essai au cône d'abrams n'est plus adapté. Il convient alors
de faire un essai d'étalement.

• L'essai d'étalement
L'essai d'étalement est utilisé pour caractériser la fluidité du béton. Il est bien adapté au béton de
classe d'affaissement S5. L'essai consiste à mesurer le diamètre du béton s'étant étalé sur une table
d'étalement.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

La norme NF EN 206-1 définit les classes de consistance pour cet essai :


Classe d’étalement
Diamètre d’étalement
(NF EN 206-1)

F1 ≤ 34 cm

F2 Entre 35 et 41 cm

F3 Entre 42 et 48 cm

F4 Entre 49 et 55 cm

F5 Entre 56 et 62 cm

F6 ≥ 63 cm

Tableau 2 : Classes d’étalement du béton frais

Nota : il existe d'autres essais permettant la mesure de la consistance du béton frais. Pour les
connaître, le lecteur pourra se reporter à la norme NF EN 206-1.

3.1.3.2 La teneur en air du béton frais

L'air occlus dans le béton :


Lors du malaxage du béton, les pales du malaxeur introduisent des bulles d’air qui, si elles ne sont
pas stabilisées par un adjuvant entraîneur d’air, éclatent aussitôt. Cependant un béton courant
contient toujours un certain nombre de bulles d’air dont le diamètre est presque toujours supérieur à
un millimètre.
Cet air piégé dans le béton durci, aussi appelé air occlus, peut occuper 1 à 2,5 % du volume total.
Ces bulles d’air grossières n’ont rien de comparable avec les millions de petites bulles d’air
entraînés qui sont stabilisées par l’ajout des molécules tensio-actives des agents entraîneur d’air.
Ces bulles sphériques ont un diamètre compris entre 10 μm et 1 mm, leur diamètre moyen étant de
l’ordre de 50 μm. Un béton à air entraîné qui contient un volume d’air total de 5 à 6 % (incluant
l’air occlus) contient de 0,5 à 1,5 million de bulles par centimètre cube de pâte de ciment hydratée.

La mesure de la teneur en air s’effectue à l’aide d’un aéromètre à béton sur le principe d’une
réserve de compressibilité du béton frais.

Sur béton frais, l’air entraîné réduit le ressuage et améliore l’ouvrabilité, ce qui permet une
réduction d’eau à maniabilité constante. Sur béton durci, bien qu’indispensable pour la durabilité
des bétons exposés au gel sévère et aux sels fondants, il présente l’inconvénient de réduire la
résistance du béton. Pour un rapport E/C constant, 1 % d’air entraîné supplémentaire fait chuter la
résistance de 4 à 6 %.
Pour des bétons courants, à teneur en air constante, la demande d’adjuvant entraîneur d’air
augmente avec le dosage en ciment. De même, pour des dosages en entraîneur d’air et en ciment
constants, le volume d’air entraîné augmente rapidement lorsque la dimension du plus gros granulat
diminue.
En pratique, on cherchera à augmenter la teneur en air du béton uniquement pour les bétons soumis
aux cycles de gel-dégel. La teneur en air recherchée est alors généralement de 4 à 8 % pour un
béton de granularité 0/20 mm. Lorsque la granulométrie est plus faible la teneur en air doit être plus
forte.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

D'une façon générale, en environnement marin, on cherche à augmenter la compacité du béton afin
de limiter la pénétration des agents agressifs. L'utilisation des entraîneurs d'air n'est donc pas
recommandée.

3.1.4 Exigences de durabilité

3.1.4.1 Notion de durabilité


On dit que le béton est durable s’il conserve aussi longtemps qu’il le faut à la fois son intégrité et
les caractéristiques requises.
La durabilité du béton armé est directement liée à :
ses propriétés de transfert, c’est-à-dire à la résistance qu’il oppose à la pénétration et à la
diffusion des agents agressifs en son sein (pénétration des chlorures et du dioxyde de
carbone par exemple),
sa susceptibilité à développer des pathologies internes (alcali-réaction, réaction sulfatique
interne par exemple).
La durabilité introduit donc des notions de propagation et de cinétique.

3.1.4.2 Durabilité du béton vis-à-vis de la corrosion des armatures

3.1.4.2.1 Pénétration des chlorures


La présence d’ions chlorure en concentration élevée dans le béton au niveau des armatures
provoque une dépassivation de l’acier et par suite sa corrosion. Les chlorures, provenant du milieu
environnant, pénètrent dans le béton selon un processus assimilé à une diffusion. Le coefficient de
diffusion des ions chlorure est donc un paramètre fondamental de la durabilité du béton
armé, lorsque ce dernier se trouve exposé à des sels marins. L’évaluation de ce paramètre
peut ainsi aider au choix de la formulation du béton adaptée à l’environnement marin.

Taux de corrosion

Dégradation
progressive des
armatures
Diffusion des chlorures
et du dioxyde de carbone
Initiation

Incubation Propagation

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

3.1.4.2.2 Pénétration du gaz carbonique


La carbonatation du béton est un phénomène conduisant à la corrosion des armatures du béton
armé. La réaction du gaz carbonique présent dans l’atmosphère avec la pâte de ciment entraîne un
abaissement du pH du béton avec pour conséquence une dépassivation des aciers. Cette
dépassivation est particulièrement préjudiciable en présence d’ions chlorure. La perméabilité aux
gaz est donc un paramètre fondamental de la durabilité du béton armé. Elle caractérise la
capacité du béton à résister à la pénétration des gaz. D’une manière générale, la vitesse de
progression du front de carbonatation diminue avec le temps (la carbonatation provoque une
diminution de la porosité). Cette vitesse dépend des caractéristiques du matériau (porosité, nature
du ciment,…) et de l’humidité relative du milieu.

Carbonatation

Humidité Relative (%)


0 100

La dégradation du béton armé en site maritime est essentiellement due à la corrosion des armatures
par pénétration des chlorures et dans une moindre mesure par carbonatation du béton d'enrobage.
On s’intéressera donc plus particulièrement à la durabilité vis-à-vis de la corrosion des armatures et
donc à la « capacité » du matériau à résister en premier lieu à la pénétration des chlorures, et en
second lieu à celle du gaz carbonique.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Pénétration des chlorures dans le béton :


Le profil de concentration en chlorures libres dans un béton est une courbe concentration-
profondeur strictement décroissante (profil de diffusion) si les cycles d’humidité/séchage sont
négligeables. Sinon, ce profil n’est décroissant qu’à partir d’une certaine profondeur.

Concentration
en chlorures
[Cl-]

Cl-

Zone de diffusion
Zone de convection

Cl-

Cl-

Cl- Armature

Enrobage

3.1.4.3 Durabilité vis-à-vis de l'alcali-réaction et de la réaction sulfatique interne


L'alcali-réaction et la réaction sulfatique interne se manifestent par l'apparition d'un réseau de
fissures sous forme d'un maillage plus ou moins régulier. A ce stade, les fissures modifient les
propriétés de transfert du béton et peuvent donc favoriser la pénétration des agents agressifs
(chlorures, gaz carbonique) et donc la corrosion des armatures.

Ensuite, l'altération peut devenir structurelle et modifier les propriétés mécaniques du béton.

En milieu maritime, la prévention contre les risques d'alcali-réaction et de réaction sulfatique


interne est donc fondamentale pour maintenir et garantir la durabilité du béton.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Comment réaliser un béton durable ?

En première approche, un béton durable est un béton de faible porosité capillaire. La porosité
capillaire est le volume total des canaux qui traversent le béton, ce qui correspond au volume entre
les grains de ciment non comblé par les hydrates.
Pour réduire la porosité capillaire, on peut :
- densifier la pâte en diminuant la quantité d'eau par rapport à la quantité d'éléments fins
(ciment et fines des granulats) tout en maintenant une maniabilité suffisante compte tenu des
moyens de serrage par l'utilisation d'un plastifiant/réducteur d'eau ou d'un superplastifiant/haut
réducteur d'eau,
- intensifier le durcissement en augmentant le dosage en ciment : la réaction d'hydratation du
ciment produit des hydrates : plus le dosage en ciment est élevé, plus il se forme d'hydrates qui
remplissent peu à peu les canaux capillaires et donc diminuent le volume des capillaires,
- augmenter l'étendue granulaire, essentiellement en défloculant les grains fins du ciment (de 40
microns à 10 microns environ) grâce à l'utilisation d'un plastifiant/réducteur d'eau ou d'un
superplastifiant/haut réducteur d'eau,
- utiliser des ultra-fines comme les fumées de silice par exemple,
- optimiser le squelette granulaire.

D'autres facteurs sont essentiels à la durabilité d'un béton et orientent la formulation du béton en
fonction du type d'exposition du béton :
- La résistance aux agents chimiques : selon la nature du ciment, la proportion d'hydrates résistant
aux agents chimiques sera plus ou moins importante. Pour un béton devant résister à un
environnement agressif, on utilisera des ciments de caractéristiques complémentaires PM ou ES qui
respectent les spécifications chimiques des normes NF P 15-317 (ciment pour travaux à la mer) ou
XP P 15-319 (ciment pour travaux à haute teneur en sulfates).
- La résistance au gel/dégel : le facteur essentiel pour la durabilité au gel/dégel est la distance entre
les bulles d'air et pas seulement la porosité : on a intérêt à créer un réseau de micro-bulles d'air très
rapprochées par l'utilisation d'un adjuvant entraîneur d'air, ce qui a pour effet d'augmenter la
porosité du béton.

La durabilité du béton réel est fonction de la qualité de la mise en œuvre et dépend notamment des
facteurs suivants :
- La qualité de la vibration du béton : un manque de vibration entraîne l'emprisonnement de
nombreuses bulles d'air qui contribuent à augmenter la porosité du béton.
- La qualité de la cure : dès qu'il n'est plus saturé en eau, le béton d'enrobage ne développe plus de
résistance. Ainsi dès le décoffrage et en l'absence de cure efficace, la réaction d'hydratation du
béton d'enrobage est fortement ralentie et la porosité capillaire devient plus importante que celle au
cœur du béton. Or la durabilité du béton dépend justement fortement de la porosité du béton
d'enrobage,
- La fissuration accidentelle : les fissures accidentelles (tassement, retrait plastique, thermique,
endogène) constituent un chemin privilégié pour les agents agressifs et diminuent la durabilité du
béton.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

3.2 REFERENTIEL TECHNIQUE

L'utilisateur du béton dispose, pour atteindre les exigences présentées dans le paragraphe 3.1, d'un
référentiel technique constitué de normes, de fascicules, de guides techniques, de
recommandations… qui va le guider et lui permettre de définir un cahier des charges relatif au
béton adapté à l'ouvrage qu'il souhaite construire (cf. annexe "Contexte réglementaire et normatif").

3.3 STIPULATIONS

Les stipulations permettent au maître d'œuvre de formaliser et rendre contractuelles les exigences
identifiées au paraphe 3.1.

3.3.1 Généralités
Un ouvrage en béton doit répondre à trois exigences fondamentales :
Il doit résister aux charges auxquelles il est soumis : performance mécanique.
Il doit résister aux diverses actions agressives de son environnement : durabilité du
matériau.
Il doit conserver son aspect et la qualité de ses parements : pérennité de l’aspect.
Le béton doit conserver ces propriétés pendant toute la durée d'utilisation de l'ouvrage.
Les caractéristiques à prescrire pour garantir ces trois propriétés sont intimement liées à :
la nature de l’ouvrage : sa fonction, sa destination, sa durée de vie ;
son exposition : l’agressivité de son environnement ;
la géométrie de la structure.

Les stipulations portent d'une part sur le matériau lui-même :

La composition du béton :
nature et dosage des différents constituants,
dosage minimal en ciment,
teneur en chlorures, etc…

Les propriétés du béton à l'état frais :


consistance,
température du béton,
teneur en air occlus, etc…

Les propriétés du béton à l'état durci :


résistance mécanique (compression, traction),
résistance aux chocs et à l'abrasion,
résistance au gel/dégel, etc…

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Mais également sur la façon de le mettre en œuvre dans l'ouvrage :

Les techniques de mise en œuvre :


transport,
pompage,
serrage,
cure,etc…

Les dispositions constructives :


enrobage nominal des armatures,
diamètre et espacement des armatures,
assainissement,etc…

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Rôle et responsabilité des différents intervenants dans la prescription du béton


La norme NF EN 206-1 introduit les notions de prescripteur, de producteur et d'utilisateur et définit
le rôle et les responsabilités de ces différents intervenants dans la « chaîne » de stipulation du béton.

Le prescripteur est responsable de la spécification du béton, c’est-à-dire qu’il doit s’assurer de


bien prendre en compte tous les paramètres qui permettront de définir le béton à utiliser. La chaîne
de prescription du béton fait intervenir plusieurs acteurs : le maître d’ouvrage, le maître d’œuvre et
l’entreprise.

Le maître d'ouvrage définit la durée d'utilisation du projet, la fonction et l'aspect souhaité de


l'ouvrage et détermine les classes d'exposition. Le maître d'œuvre définit les stipulations qui
répondent aux exigences du maître d'ouvrage. L'entreprise met en œuvre les stipulations du maître
d'œuvre d'une manière qui dépend des moyens dont elle dispose.
Le prescripteur doit s’assurer que toutes les exigences pertinentes pour obtenir les propriétés
nécessaires du béton sont comprises dans les spécifications données au producteur. Le prescripteur
doit entre autre prescrire toutes les exigences sur les propriétés du béton qui sont nécessaires au
transport, à la mise en place, à la vibration, à la cure du béton et à tout autre traitement ultérieur.
Le producteur (très souvent il s’agit d’une centrale de béton prêt à l’emploi, dans certains cas il
peut s’agir de l’entreprise quand le béton est fabriqué sur le chantier) est responsable de la
conformité et du contrôle de production du béton.
L’utilisateur (l’entreprise) est responsable de la mise en œuvre du béton dans la structure.

Stipulations
réglementaires
(normes et règlements)
NF EN 206-1
Fascicule 65 A

Stipulations complètes +
Exigences particulières
du prescripteur lié à la
spécificité de l’ouvrage :
- consistance,
- résistance au jeune âge,
- aspect, etc…

Rappel :
Spécifications Résultats
Stipulations
Prescriptions Moyens
La notion de "prescripteur" au sens de la norme NF EN 206-1 intègre les notions de prescription et
de spécification.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

3.3.2 Durée d'utilisation du projet

La durée d'utilisation du projet que doit exiger le maître d'ouvrage dépend du type d'ouvrage et de
sa fonction (importance sociale, économique et stratégique), ainsi que des conditions présumées
d'exploitation et éventuellement d'environnement. La durée d'utilisation du projet exigée pourra être
différente selon la partie d'ouvrage considérée.
La norme NF EN 206-1 définit la durée de vie comme étant la "période durant laquelle le
comportement du béton dans la structure demeurera à un niveau compatible avec les exigences de
performance de la structure si celle-ci est correctement entretenue".
L'Eurocode 1 introduit la notion de "durée d'utilisation de projet". Elle correspond à un
fonctionnement normal et à une maintenance courante pour un niveau de service donné qui peut
également faire intervenir des considérations esthétiques (aspect des parements, par exemple).
Les durées d'utilisation des projets classiquement exigées sont de 50 ans pour les bâtiments et de
100 ans pour les ouvrages d'art. A noter que certains bâtiments exceptionnels sont désormais conçus
avec une durée d'utilisation du projet exigée de 70 ans et qu'une durée d'utilisation du projet de 120
ans a été exigée à l'occasion de divers grands projets (Pont Vasco de Gama au Portugal, Tunnel
sous la Manche, Pont de Rion-Antirion en Grèce, Viaduc de Millau en France…).
Les spécifications pour la composition et les propriétés du béton définies dans la norme NF EN
206-1 sont établies pour garantir une durée de vie de 50 ans.

Si une durée de vie supérieure à 50 ans est exigée, on se reportera aux spécifications des eurocodes
qui introduisent cette notion de choix de durée de vie dans le mode de calcul de l'ouvrage.
Pour les ouvrages maritimes, les opérations d'entretien ou de réparation peuvent être rendues très
difficiles du fait des contraintes d'accessibilité, des marées, de la météo… Le maître d'ouvrage peut
donc avoir intérêt, même pour un ouvrage modeste mais dont la fonction est pérenne, à exiger une
durée d'utilisation du projet de 100 ans ou plus.

3.3.3 Types de béton


Les armatures du béton armé ou de précontrainte incorporées dans le béton peuvent se corroder
sous l'action des agents agressifs (carbonatation ou pénétration des chlorures). La prévention du
risque de corrosion des armatures nécessite des exigences supplémentaires par rapport à un béton
non armé.
De plus, les conséquences de la corrosion des armatures de précontrainte étant bien plus graves
pour la pérennité de l'ouvrage que celles de la corrosion d'armatures passives, les niveaux
d'exigence sont plus élevés pour le béton précontraint que pour le béton armé.
Il convient donc de distinguer les trois types de béton :

le béton non armé (NA),


le béton armé (BA),
le béton précontraint (BP).

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Le béton non armé est un béton ne contenant ni armature en acier ni pièce métallique noyée, à
l’exception des éléments en acier permettant la manutention des parties préfabriquées, lesquels
doivent résister à la corrosion.

Le maître d'œuvre devra s'assurer que le béton livré est un Béton à Propriétés Spécifiées (BPS),
produit dont le fournisseur garantit les performances (résistance, consistance, etc…).
Les Bétons à Composition Prescrite (BCP) sont des produits pour lesquels la composition et les
constituants à utiliser sont spécifiés au producteur par le prescripteur. Ces produits sont à réserver
aux chantiers très spéciaux ayant fait l'objet d'une étude spécifique du béton.

3.3.4 Classes d'exposition

3.3.4.1 Présentation des classes d'exposition


La durabilité d'un béton est fonction du type d'attaque extérieure qu'il pourrait subir pendant sa
durée d'utilisation et, pour chaque type d'attaque, du niveau d'agressivité croissant vis-à-vis du type
d'attaque considéré.

La durabilité du béton est prise en compte dans les textes normatifs et réglementaires via la notion
de classe d’exposition. Le prescripteur identifie les agressions de l’environnement auxquelles le
béton de l’ouvrage ou de chaque partie d’ouvrage sera exposé pendant la durée d’utilisation de la
structure.
La détermination des classes d’exposition est fondamentale. Elle constitue la première étape de
prescription du béton. Elle permet de définir ses exigences en terme de performances et de
durabilité en adéquation avec l’environnement de l’ouvrage.

Il existe dix-huit classes d'exposition à prendre en compte regroupées en six catégories


correspondant chacune à un type d'attaque extérieure particulier. A chaque classe d’exposition
correspondent des spécifications sous forme d’exigences minimales à respecter. En site maritime,
seules quatre de ces catégories sont concernées :

Corrosion induite par la carbonatation


La norme définit quatre classes d'exposition. Ces dernières ne s'appliquent qu'aux bétons de type
BA ou BP.
Description de Exemples informatifs illustrant le
Classe
l'environnement choix des classes d'exposition
Béton à l'intérieur de bâtiments où le taux
sec ou humide en d'humidité de l'air ambiant est faible.
XC1 Béton submergé en permanence dans
permanence
l'eau.
Surfaces de béton soumises au contact à
XC2 Humide, rarement sec long terme de l'eau.
Un grand nombre de fondations.
Béton à l'intérieur de bâtiment où le taux
d'humidité de l'air ambiant est moyen ou
XC3 Humidité modérée élevé.
Béton extérieur abrité de la pluie.
Alternance d'humidité et de Surfaces soumises au contact de l'eau,
XC4 mais n'entrant pas dans la classe
séchage d'exposition XC2.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Pour les parties d'ouvrage situées en site maritime, seules les classes XC1 et XC4 sont
utilisées.

Corrosion induite par les chlorures ayant une origine autre que marine
Lorque le béton contenant des armatures ou des pièces métalliques noyées est soumis au contact
d'une eau ayant une origine autre que marine contenant des chlorures, y compris des sels de
déverglaçage, les différentes classes d'exposition sont classées comme suit :

Description de Exemples informatifs illustrant le


Classe
l'environnement choix des classes d'exposition
Surfaces de béton exposées à des
XD1 Humidité modérée chlorures transportés par voie
aérienne.
Piscines
XD2 Humide, rarement sec Béton exposé à des eaux industrielles
contenant des chlorures.
Eléments de ponts exposés à des
Alternance d'humidité et de projections contenant des chlorures.
XD3 Chaussées.
séchage Dalles de parc de stationnement de
véhicules.

Ces classes d'exposition peuvent concerner les ouvrages sur lesquels sont stockés des produits en
vrac contenant des chlorures ayant une origine autre que marine ou les ouvrages en régions froides
nécessitant l'utilisation de fondants pour l'exploitation du port. Les ouvrages en métropole ne sont
généralement pas concernés par ces classes.

Corrosion induite par les chlorures présents dans l'eau de mer


La norme définit trois classes d'exposition. Ces dernières ne s'appliquent qu'aux bétons de type BA
ou BP. Lorsque le béton contenant des armatures ou des pièces métalliques noyées est soumis au
contact des chlorures présents dans l’eau de mer ou à l’action de l’air véhiculant du sel marin, les
trois classes d’exposition sont :
Exemples informatifs illustrant
Classe Description de l'environnement
le choix des classes d'exposition
Exposé à l’air véhiculant du sel
Structures sur ou à proximité
XS1 marin, mais pas en contact
d’une côte (< 1 km)
direct avec l’eau de mer
XS2 Immergé en permanence Eléments de structures marines
Zones de marnage, zones
XS3 soumises à des projections ou à Eléments de structures marines
des embruns

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Sont à classer en XS3 les éléments de structure en zone de marnage et/ou exposés aux embruns
lorqu'ils sont situés à moins de 100 m de la côte, parfois plus, jusqu'à 500 m environ, suivant la
configuration des lieux.

Sont à classer en XS1 les éléments de structure situés au-delà de la zone de classement XS3 et
situés à moins de 1 km de la côte, parfois plus, jusqu'à 5 km lorqu'ils sont exposés à un air
véhiculant du sel marin, suivant la configuration des lieux. Ce ne sont pas en général des ouvrages
maritimes (bâtiments, ouvrages routiers, etc…).

Pour les parties d'ouvrage situées en site maritime, toutes les classes peuvent être utilisées.

Attaque gel/dégel avec ou sans agent de déverglaçage


La norme définit quatre classes d'exposition. Ces dernières s'appliquent à tous les types de béton
soumis à une attaque significative due à des cycles de gel/dégel alors qu'il est mouillé.
Description de Exemples informatifs illustrant le
Classe
l'environnement choix des classes d'exposition
Saturation modérée en eau Surfaces verticales de bétons
XF1
sans agent de déverglaçage exposées à la pluie et au gel.
Surfaces verticales de bétons des
Saturation modérée en eau ouvrages routiers exposées au gel
XF2
avec agents de déverglaçage et à l'air véhiculant des agents de
déverglaçage.
Forte saturation en eau, sans Surfaces horizontales de bétons
XF3
agent de déverglaçage exposées à la pluie et au gel.
Routes et tabliers de pont exposés
aux agents de déverglaçage et
surfaces de bétons verticales
Zones de marnage, zones
directement exposées aux
XF4 soumises à des projections
projections d'agents de
ou à des embruns
déverglaçage et au gel. Zones des
structures marines soumises aux
projections et exposées au gel.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

En cas de gel faible ou modéré, la classe d'exposition qui doit être retenue est XF1 (sans agent de
déverglaçage) ou XF2 (avec agent de déverglaçage).
En cas de gel sévère, la classe d'exposition qui doit être retenue est XF3 (sans agent de
déverglaçage) ou XF4 (avec agent de déverglaçage).

Pour Saint-Pierre-et-Miquelon et les Terres Australes et Antarctiques Françaises, le


classement est XF4.

Attaques d'origine chimique

Lorsque le béton est exposé aux attaques chimiques se produisant dans les sols naturels, les eaux de
surface ou les eaux souterraines, la norme définit trois classes d'exposition. Ces dernières
s'appliquent à tous les types de béton.
Les environnements chimiques agressifs classés ci-dessous sont fondés sur des sols et eaux souterraines naturels
à une température eau/sol comprise entre 5°C et 25°C et où la vitesse d'écoulement est suffisamment faible pour
être assimilée à des conditions statiques.
Le choix de la classe se fait par rapport à la caractéristique chimique conduisant à l'agression la plus élévée.
Lorqu'au moins deux caractéristiques agressives conduisent à une même classe, l'environnement doit être classé
dans la classe immédiatement supérieure, sauf si une étude spécifique démontre que ce n'est pas nécessaire.
Caractéristique Méthode d'essai
XA1 XA2 XA3
chimique de réference
Eaux de surfaces et souterraines
SO42- en mg/l EN 196-2 ≥ 200 et ≤ 600 > 600 et ≤ 3000 > 3000 et ≤ 6000
pH ISO 4316 ≤ 6,5 et ≥ 5,5 < 5,5et ≥ 4,5 < 4,5 et ≥ 4,0
> 100
CO2 agressif en mg/l prEN 13577:1999 ≥ 15 et ≤ 40 > 40 et ≤ 100
jusqu'à saturation
ISO 7150-1 ou ISO
NH4+ en mg/l ≥ 15 et ≤ 30 > 30 et ≤ 60 > 60 et ≤ 100
7150-2
> 3000
Mg2+ en mg/l ISO 7980 ≥ 300 et ≤ 1000 > 1000 et ≤ 3000
jusqu'à saturation
Sol
≥ 2000 et ≤3000 >3000c) et ≤ > 12000 et
SO42- mg/kg a) total EN 196-2 b) c)
12000 ≤24000
> 200 Baumann
Acidité ml/kg DIN 4030-2 Gully
N'est pas rencontré dans la pratique
-5
a) Les sols argileux dont la perméabilité est inférieure à 10 m/s peuvent être classés dans une classe inférieure.

b) La méthode d'essai prescrit l'extraction du SO42- à l'acide chlorhydrique ; alternativement il est possible de
procéder à cette extraction à l'eau si c'est l'usage sur le lieu d'utilisation du béton.

c) La limite doit être ramenée de 3000 mg/kg à 2000 mg/kg, en cas de risque d'accumulation d'ions sulfate dans
le béton due à l'alternance de périodes sèches et de périodes humides, ou par remontée capillaire.

Ces classes peuvent concerner les ouvrages maritimes en contact d'une eau de mer polluée, de
stockage de produits chimiques sur le terre-plein ou pour les parties d'ouvrage enterrées en contact
avec des eaux souterraines. Le choix des classes XA nécessite la réalisation d'essais spécifiques sur
l'eau, le sol et/ou les produits en contact avec le béton de l'ouvrage.
Par défaut, la classe XA2 sera retenue pour toutes les parties d'ouvrage en contact avec le sol
(fondations, soutènement).

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

3.3.4.2 Choix des classes d'exposition


Chaque béton d’une partie d’ouvrage peut être soumis simultanément à plusieurs agressions
environnementales. Pour chaque partie d'ouvrage, le prescripteur passe donc en revue chacune des
catégories d'exposition (XC, XS, XF, XA). Pour chacune d'elle, il sélectionne la classe d'exposition
correspondante.
Un même béton peut être soumis simultanément à plusieurs actions environnementales et peut ainsi
être classé dans plusieurs classes d’exposition différentes. Dans ce cas, le béton devra respecter les
exigences définies pour chaque classe.

Exemple :

Pour une poutre d'accostage en béton armé se situant à la fois en zone de marnage et en zone
d'embruns à Brest.

- Corrosion induite par la carbonatation :

La classe d'exposition à retenir est XC4 car l'élément est dans une zone d'alternance d'humidité et
de séchage.

- Corrosion induite par les chlorures ayant une origine autre que marine :

il n'y a pas lieu de retenir ces classes d'exposition car nous sommes dans le cas où les chlorures sont
d'origine marine, sauf s'il y avait stockage de produits fortement chargés en sel sur les quais.

- Corrosion induite par les chlorures présents dans l'eau de mer :

L'élément se situant en zone de marnage et en zone d'embruns la classe d'exposition à retenir est
XS3.

- Attaque gel/dégel :

Brest étant en zone de gel faible, il n'y a pas lieu de ici de retenir cette classe d'exposition.

- Attaques chimiques :

Cette partie d'ouvrage n'étant pas en contact avec un sol ou une eau souterraine, il n'y a pas lieu ici de retenir
cette classe d'exposition.

3.3.5 Classes de teneur en chlorures


Les chlorures étant agressifs vis-à-vis des armatures et, dans une moindre mesure, vis-à-vis du
béton seul, le prescripteur doit exiger, pour chaque partie d'ouvrage, une classe de teneur en
chlorures. Cette classe de teneur en chlorures est fonction du type de béton (NA, BA, BP).
La classe de teneur en chlorures correspond à la teneur maximale en chlorures du béton rapportée à
la quantité de ciment. Par exemple, la classe Cl 0,40 correspond à une teneur maximale en Cl-
rapportée à la masse de ciment de 0,40 %.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Le tableau ci-dessous donne la classe de teneur en chlorures en fonction du type de béton :


Classe de teneur en
Condition
Type de béton chlorures
particulière
Béton non armé (NA) Cl 1,0
Béton armé (BA) Cl 0,40
cas général
Béton armé (BA)
dans un ouvrage Cl 0,20
maritime
par post-tension Cl 0,20
Béton précontraint (BP)
par pré-tension Cl 0,15
Béton précontraint (BP)
dans un ouvrage Cl 0,15
maritime
Classe de teneur en chlorures en fonction du type de béton

Exemple :
Pour une poutre d'accostage en béton armé se situant à la fois en zone de marnage et en zone
d'embruns à Brest, la valeur à retenir est Cl 0,20.

Vérification d'une formule de béton :


Pour déterminer la teneur en chlorures d'un béton, la somme des contributions de tous les
constituants doit être calculée selon une des méthodes décrites dans la norme NF EN 206-1 à
l'article 5.2.7.

- Première méthode :

Le calcul est fondé sur la teneur maximale en chlorures du constituant fixée dans la norme relative
au constituant, ou sur celle déclarée par le producteur, pour chacun des constituants.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Exemple d'application :

Constituants dosage sec en teneur en Quantité de


kg/m3 de béton chlorures en % chlorures en kg

Sable 0/4 825 0,004 0,0346

Gravier 4/10 330 0,001 0,0033

Gravier 10/20 660 0,001 0,0067

Ciment 385 0,02 0,08

adjuvant 2.31 0,1 0,0023

eau efficace 184 0,005 0,0092

Total: 0,136

La quantité de chlorures par rapport à la quantité de ciment est donc de 0,136/385 soit 0,04 % donc
strictement inférieure à 0,2.

- Deuxième méthode :

Le calcul est basé sur la teneur en chlorures des constituants, calculée mensuellement sur la base de
la somme des moyennes des 25 dernières déterminations de la teneur en chlorures, augmentée de
1,64 fois l'écart-type calculé pour chaque constituant.

Cette méthode s'applique particulièrement aux granulats marins et en l'absence de valeur maximale
normalisée.

3.3.6 Spécifications principales pour la composition et les propriétés du béton


Une fois qu'ont été choisis :
la durée d'utilisation du projet,
le type de béton,
les classes d'exposition et de chlorures,
le prescripteur peut alors déterminer les exigences (en terme de composition et de propriétés du
béton) qu'il va intégrer à son cahier des charges.

Critère n° 1 : Rapport Eeff/Léq

Le rapport eau efficace (Eeff) sur liant équivalent (Léq) est le principal critère de durabilité : plus
l'environnement du béton est agressif, plus on a intérêt à diminuer la porosité du béton en diminuant
le rapport Eeff/Léq. Les textes réglementaires et normatifs fixent, pour chaque classe d'exposition, un
Eeff/Léq maximal. En environnement maritime, il varie de 0,50 pour un environnement peu agressif
à 0,45 pour un environnement très agressif.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Eau efficace :

L'eau efficace (Eeff) est la quantité d'eau qui participe à la réaction d'hydradation du ciment et donc
à la prise du béton.

Dans la fabrication du béton l'eau est apportée sous différentes formes :


Eau apportée par les granulats et les sables : Egr
Eau apportée par les adjuvants : Eadj
Eau apportée par l'unité de fabrication : Ecent
Eau absorbée par les granulats et les sables : Eabs
L'eau efficace est donc : Eeff = Egr + Eadj + Ecent - Eabs

Calcul de la quantité d'eau apportée par les granulats :


Cette quantité d'eau se calcule à partir des teneurs en eau (%) données par l'unité de fabrication.
Soit gr1 et gr2 deux coupures de granulat et TE1 et TE2 leurs teneurs en eau respectives. Soit M1 et
M2 leurs masses humides (pesées par l'unité de fabrication).
Egr = Egr1 + Egr2
= M1TE1 + M2TE2 [kg/m3]

Calcul de la quantité d'eau absorbée par les granulats :


Soit abs1 et abs2 les coefficients d'absorption respectifs des deux granulats.
Eabs = Eabs1 + Eabs2
= M1(1 - TE1)abs1 + M2 (1-TE2)abs2 [kg/m3]

Calcul de la quantité d'eau apportée par un adjuvant :


Soit adj un adjuvant de densité d (en kilogrammes par litre) et de pourcentage d'extrait sec x.
L'adjuvant est dosé à l litres par mètre cube de béton.
Eadj = dl(1-x) [kg/m3]

Résistance et rapport Eeff/Léq :

Le rapport Eeff/Léq est difficilement mesurable compte tenu de l'incertitude sur l'humidité réelle du
sable et des gravillons. Or pour une formule de béton donnée, le rapport Eeff/Léq est lié à la
résistance mécanique du béton (voir les lois empiriques de Feret et de Bolomey).

Un moyen indirect de contrôler le respect du rapport Eeff/Léq est le contrôle de la résistance


mécanique du béton, caractéristique facilement mesurable sur éprouvette de béton. S'assurer d'une
résistance minimale permet ainsi de s'assurer indirectement du rapport Eeff/ Léq maximal.

Critère n° 2 : Classe de résistance minimale

Pour des considérations de durabilité, pour chaque classe d'exposition, il est introduit une classe de
résistance minimale. En environnement maritime et pour un béton coulé en place, elle varie entre
C30/37 pour un environnement très peu agressif et C35/45 pour un environnement très agressif.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Critère n° 3 : Teneur minimum en ciment (ou liant équivalent)

La teneur minimum en ciment (ou liant équivalent) est un critère de durabilité : augmenter le
dosage en ciment permet d'intensifier le durcissement du béton. Mais ce critère, associé au rapport
Eeff/Léq, répond surtout au besoin d'assurer une quantité minimale de pâte interstitielle entre les
granulats. Il s'agit d'un critère de sécurité pour s'assurer qu'il y a, en tout point, de la pâte pour
enrober et "coller" tous les grains. Lorsque la taille des grains diminue, la surface totale des grains à
enrober étant plus grande, il est nécessaire d'augmenter le dosage en ciment afin d'assurer un
enrobage suffisant.
Ainsi, pour chaque classe d'exposition, un dosage minimal en ciment (ou en liant équivalent) est
défini.

En environnement maritime et pour un béton coulé en place, elle varie de 330 kg/m3 pour un
environnement peu agressif à 385 kg/m3 pour un environnement très agressif.

ATTENTION AU SURDOSAGE EN CIMENT


Un surdosage en ciment entraîne inévitablement des problèmes de mise en œuvre liés à un
durcissement rapide et augmente de beaucoup le retrait au séchage. Par conséquent, il nuit à la
durabilité du béton armé et donc de l'ouvrage.
Plus la pièce est massive, plus le surdosage en ciment est préjudiciable en raison du phénomène
d'exothermie qui provoque une élévation importante de température à l'intérieur de la pièce.
Cet effet présente les dangers suivants :
- l'élévation de température accentue tous les problèmes de retrait du béton,
- une réaction sulfatique interne peut être provoquée.
Demander un dosage en ciment de plus de 450 kg/m3 est préjudiciable !

Liant équivalent :

Le concept de liant équivalent permet de prendre en compte certaines additions pour la


détermination des teneurs en ciment. En effet, certaines additions participent au phénomène de prise
du béton ou le favorisent. Il convient donc d'en tenir compte.
La norme NF EN 206-1 définit les modalités de prise en compte de ces additions :
Léq = C + kA
Léq : Liant équivalent [kg/m3]
C : Quantité de ciment [kg/m3]
A : Quantité d'addition [kg/m3]
k : Coefficient de prise en compte de l'addition

Remarque :

En cas d'utilisation du concept de liant équivalent, la quantité d'addition A qu'il est possible de
substituer au ciment est limitée par le respect d'une valeur maximale du rapport A/(A + C) en
fonction de la classe d'exposition. C est la quantité de ciment par mètre cube de béton (en kg/m3) et
A est la quantité d'addition par mètre cube de béton prise en compte dans le liant équivalent (en
kg/m3).

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Les valeurs limites du rapport A/(A+C) sont données dans le tableau NA.F.1 de la norme NF EN
206-1.

Critère n° 4 : Teneur minimale en air

Pour les bétons soumis à une attaque de type gel/dégel, le facteur essentiel pour la durabilité est la
distance entre les bulles d'air : on a intérêt à créer un réseau de micro-bulles d'air très rapprochées
par l'utilisation d'un adjuvant entraîneur d'air. La spécification porte sur le respect d'une valeur
minimale de 4 % de la teneur en air du béton. Cependant, dans le cas de béton armé ou précontraint,
une augmentation de la porosité du béton d'enrobage peut favoriser la corrosion des armatures
métalliques.

En environnement maritime, on cherche à augmenter la compacité du béton afin de limiter la


pénétration des agents agressifs. L’utilisation des entraineurs d’air n’est donc pas recommandée.

Critère n° 5 : Nature du ciment

Dans les marchés de travaux, il est impératif de spécifier dans le cahier des clauses techniques
particulières (CCTP) d’utiliser des ciments dits « prise mer » pour les ouvrages en site maritime.
Ils sont identifiés par leur désignation normalisée suivie de la notation PM.

Bien souvent, les ciments dits « prise mer » sont également résistants aux « eaux séléniteuses » ES.
Cette caractéristique complémentaire leur confère une bonne tenue dans un milieu à haute teneur en
sulfates2.

Dans le cas où la partie d'ouvrage comprend des armatures de précontrainte, l'utilisation d'un ciment
ayant la caractéristique complémentaire CP (teneur en sulfures limitée) est obligatoire. Ce sont des
ciments dont la teneur en sulfures est inférieure à une valeur donnée.
Le fascicule de documentation FD P 15-010 donne des recommandations pour le choix des ciments.
Ces recommandations permettent de remarquer le fait que certains ciments au laitier (CEM III et
CEM V) sont adaptés aux travaux à la mer. Les autres ciments listés, s'ils sont conformes à la
norme NF P 15-317, peuvent également être employés pour des travaux maritimes.
Le fascicule de documentation FD P 15-010 fournit également douze fiches techniques relativement
précises qui décrivent la composition, les valeurs minimales garanties de résistance, les emplois
habituels, ainsi que les emplois nécessitant des précautions particulières pour chacun des types de
ciment. Ces fiches permettent par exemple de déterminer quels ciments semblent plus adaptés aux
travaux en grande masse, quels ciments seront susceptibles de produire un béton à hautes
performances, etc...

Le fascicule de documentation P 18-011 (en cours de révision et de mise en conformité avec la


norme NF EN 206-1) donne pour sa part des recommandations pour le choix du ciment en fonction
de la nature et de l’agressivité du milieu. Le tableau suivant s'inspire de ces recommandations dans
le cas où le milieu contient de l’eau de mer.

2
Les sulfates peuvent provenir de l’eau de mer, des rejets industriels ou agricoles, de réseaux d’assainissement, etc…

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Zones de marnage
Conditions d’exposition Immersion totale
Zones aspergées

Degré d’agressivité Moyennement agressif Fortement agressif

CEM I avec C3A ≤ 10 % CEM I avec C3A ≤ 5 %


CEM II/A et B avec C3A ≤ 10 % Ciments contenant du laitier :
CEM III/C CEM III/C
Choix du ciment
CEM III/A et B CEM III/A et B (*)
CEM V/A et B CEM V/A et B (**)
Ciments alumineux Ciments alumineux
(*)
avec laitier ≥ 60 %
(**)
avec chaux CaO du ciment ≤ 50 %

Recommandations pour le choix du ciment en eau de mer

3.3.7 Prévention contre les risques d'alcali-réaction


En complément des exigences découlant des classes d'exposition, le maître d'ouvrage doit évaluer le
niveau de prévention à exiger pour l'ouvrage par rapport aux risques de désordres dus à l'alcali
réaction et à leurs conséquences. Le principe de détermination du niveau de prévention peut
s'appliquer à un ouvrage entier ou à différentes parties d'un même ouvrage.
Le guide du Laboratoire Central des Ponts et Chaussées (LCPC) "Recommandations pour la
prévention des désordres dus à l'alcali-réaction" de juin 1994 détaille la démarche de choix du
niveau de prévention.
Il existe trois niveaux de prévention :

niveau A : pas de précaution particulière (par exemple, lorsque le béton n'est pas
exposé directement à un environnement humide, lorsque la construction est sans
importance stratégique ou lorsque l'entretien ou le remplacement est aisé),
niveau B : précautions particulières (par exemple lorsque l'apparition de désordres est
à la fois probable du fait de l'exposition du béton et peu tolérable en fonction de la
nature de la construction et des conditions d'entretien ou de remplacement),
niveau C : précautions exceptionnelles (par exemple ouvrages exceptionnels pour
lesquels les risques d'apparition de désordres sont inacceptables).
La détermination du niveau de prévention se fait en fonction d'une part de la catégorie de l'ouvrage
et d'autre part de l'exposition de l'ouvrage (ou de la partie d'ouvrage) à l'environnement climatique.

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Tableau "catégorie d'ouvrage" du guide LCPC :


- Ouvrages en béton de classe < C16/20.
- Eléments non porteurs situés à l'intérieur d'un bâtiment.
Catégorie I - Eléments aisément remplaçables.
- Ouvrages provisoires.
- La plupart des produits préfabriqués en béton.
Catégorie II - La plupart des bâtiments et des ouvrages en génie civil
Ouvrages de génie civil pour lesquels le maître d'ouvrage juge
l'apparition du rique d'alcali-réaction inadmissible tels que :
- bâtiments réacteurs de centrales nucléaires et réfrigérants.
Catégorie III - barrages.
- tunnels.
- ponts ou viaducs exceptionnels.
- monuments ou bâtiments de prestige.
Les ouvrages maritimes courants sont en catégorie II, voire III pour des ouvrages stratégiques
pour le maître d'ouvrage.

Tableau "classes d'exposition à l'environnement climatique" du guide LCPC :

Classes Types d'ouvrages ou de parties d'ouvrages


d'environnement

Classe 1 environnement sec ou peu humide

environnement avec une hygrométrie > 80 % ou en contact avec


Classe 2
l'eau

Classe 3 environnement avec une hygrométrie > 80 % et gel et fondant

Classe 4 Environnement marin

Pour un ouvrage en site maritime, la classe d'exposition à l'environnement sera


systématiquement la classe 4.
Classe d'exposition
Niveau de prévention à l'environnement climatique
1 2 3 4
I
Risque faible ou A A A A
acceptable
Catégories
II
d'ouvrage A B B B
Risque peu tolérable
III
C C C C
Risque inacceptable

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Pour les ouvrages maritimes, les opérations d'entretien ou de réparation peuvent être rendues très
difficiles du fait des contraintes d'accessibilité. Le maître d'ouvrage peut donc avoir intérêt, même
pour un ouvrage modeste mais dont la fonction est pérenne, à rechercher un niveau de prévention
B, voire C pour un ouvrage que le maître d'ouvrage considérerait comme stratégique.

Le niveau de prévention vis-à-vis du risque d'alcali-réaction doit être explicitement stipulé dans le
cahier des clauses techniques particulières (CCTP) du marché.

3.3.8 Prévention contre les risques de réaction sulfatique interne


Le maître d'ouvrage doit également évaluer le niveau de prévention à exiger pour l'ouvrage par
rapport aux risques de désordres dus à la réaction sulfatique interne et à leurs conséquences. Le
principe de détermination du niveau de prévention peut s'appliquer à un ouvrage entier ou à
différentes parties d'un même ouvrage.

Le guide du LCPC "Recommandations pour la prévention des risques de réaction sulfatique


interne" d'août 2007 détaille la démarche de choix du niveau de prévention.

La démarche de prévention s’organise en quatre étapes fondamentales :

• identification des parties d’ouvrage susceptibles de développer une RSI,


• choix de la catégorie de risque dans laquelle se trouve l’ouvrage ou la partie d’ouvrage,
• caractérisation de l’environnement,
• détermination du niveau de prévention.

Identification des parties d’ouvrages susceptibles de développer une RSI

Les éléments d’ouvrages susceptibles de développer une RSI sont les éléments préfabriqués en
béton subissant un traitement thermique et les parties d’ouvrage définies comme étant des pièces
critiques.

Une pièce critique est une pièce de béton pour laquelle la chaleur dégagée ne sera que très
partiellement évacuée vers l’extérieur et conduira à une élévation importante de la température du
béton (épaisseur supérieure à 0,25 cm).

Attention à ne pas faire l’amalgamme entre pièce critique et pièce massive car les deux notions sont
bien distinctes :

Température
Classe de Dosage en Nature du
Pièce de béton maximale
résistance ciment ciment
atteinte
semelle de 1,5 m
C30/37 370 kg/m3 CEM III/1 42,5N 49°C
d’épaisseur
voile de 0,60 m
C40/50 400 kg/m3 CEM I 42,5R 65°C
d’épaisseur

Choix de la catégorie de risque dans laquelle se trouve l’ouvrage ou la partie d’ouvrage

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Les recommandations définissent trois catégories de risque vis-à-vis de la réaction sulfatique


interne. Le choix de la catégorie de risque incombe au maître d’ouvrage et dépend :

• de la nature de l’ouvrage,
• de son utilisation,
• des conséquences des désordres sur les niveaux d’usage et de sécurité attendus,
• de son entretien ultérieur.

Catégorie de risque Exemples d’ouvrages ou de parties d’ouvrage


I Eléments non porteurs des bâtiments.
Eléments aisément remplaçables.
Risque faible ou Ouvrages provisoires.
acceptable Eléments non structurels.
Eléments porteurs des bâtiments et des ouvrages de génie
civil.
II Eléments structurels.
Risque peu tolérable La plupart des infrastructures
portuaires et maritimes.
Infrastructures exceptionnelles (barrages, tunnels,
enceintes de réacteurs de centrales nucléaires, grands
viaducs,…).
III Certains ouvrages portuaires ou maritimes
Risque inacceptable tels que par exemple les digues de protection
contre la mer (maintien du trait de côte, lutte
contre les submersions marines).

Caractérisation de l’environnement :

Trois classes d’exposition sont introduites : XH1, XH2 et XH3. Elles viennent en complément des
18 classes d’exposition présentées au paragraphe 3.3.4. Elles doivent être spécifiées au cahier des
clauses techniques particulières (CCTP) du marché pour chaque partie d’ouvrage.

Classe Description de
Exemples
d’exposition l’environnement
Partie d’ouvrage située à l’intérieur de
bâtiments où le taux d’humidité de l’air
XH1 Sec ou humidité modérée ambiant est faible ou moyen
Partie d’ouvrage située à l’extérieur et
abritée de la pluie
Partie d’ouvrage située à l’intérieur de
bâtiments où le taux d’humidité de l’air
ambiant est élevé
Partie d’ouvrage non protégée par un
revêtement et soumis aux intempéries, sans
Alternance d’humidité et de stagnation d’eau à la surface
XH2 Partie d’ouvrage non protégée par un
séchage, humidité élevée
revêtement et soumise à des condensations
fréquentes
La plupart des infrastructures
portuaires et maritimes non en
contact avec l’eau de mer
Partie d’ouvrage immergée en permanence
Partie d’ouvrage en zone de marnage
Partie d’ouvrage où des stagnations d’eau
XH3 En contact durable avec l’eau sont probables
La plupart des infrastructures
portuaires et maritimes
En environnement maritime, on ne retiendra que les classes d’exposition XH2 et XH3.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Détermination du niveau de prévention

Le choix du niveau de prévention relève de la responsabilité du maître d’ouvrage. Il dépend


directement de la catégorie de risque et de la classe d’exposition de l’ouvrage ou de la partie
d’ouvrage.

Classe d’exposition
XH1 XH2 XH3
Catégorie de risque
I
As As As
Risque faible ou acceptable
II
As Bs Cs
Risque peu tolérable
III
As Cs Ds
Risque inacceptable

En environnement maritime, on retiendra les niveaux de prévention Bs, Cs ou Ds.

Le niveau de prévention vis-à-vis des risques de réaction sulfatique interne doit être explicitement
spécifié dans le CCTP du marché.

Le principe de la prévention repose essentiellement sur la limitation de l’échauffement du béton.


L’échauffement susceptible d’être atteint au sein de l’ouvrage ou de la partie d’ouvrage est noté
Tmax. Le guide « Recommandations pour la prévention des risques de réaction sulfatique interne »
d'août 2007 donne des outils de calcul de Tmax et propose une méthode permettant d’identifier les
parties d’ouvrage considérées comme des pièces critiques.

Les moyens permettant de limiter l’échauffement du béton sont multiples :

• choix de la formulation et des constituants du béton,


• choix de la période de bétonnage,
• refroidissement du béton frais,
• dispositions constructives adaptées.

On retiendra entre autres les recommandations suivantes :

- éviter les rythmes de construction soutenus au détriment de la durabilité des structures,


- optimiser le choix du ciment (éviter les ciments « nerveux » dans les pièces massives),
- éviter le coulage de pièces massives lors de fortes chaleurs si aucune disposition n’est prise pour
limiter l’échauffement.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Niveau de prévention
Bs Cs Ds
soit Tmax < 75°C soit Tmax < 70°C soit Tmax < 65°C
soit 75°C < Tmax < 85°C Soit 70°C < Tmax < 80°C Soit 65°C < Tmax < 75°C
Dans ce cas, une des 6 conditions Dans ce cas, une des 6 conditions Dans ce cas, les conditions
suivantes doit être respectée : suivantes doit être respectée : suivantes doivent être respectées
Dans le cas de pièces préfabriquées, la durée de pallier est
inférieure à 4 heures et la teneur en alcalins équivalents
(Na2Oéquivalent) est inférieure à 3 kg/m3.
Utilisation d’un ciment conforme à la norme NF P 15-319
(ciment ES) avec pour les ciments CEM I et CEM II/A une
teneur en alcalins équivalents inférieure à 3 kg/m3 Le ciment est conforme à la
norme NF P 15-319 (ciment
Utilisation d’un ciment non conforme à la norme NF P 15-319 ES) avec pour les ciments
(ciment ES) avec une teneur en SO3 inférieure à 3 % et une CEM I et CEM II/A une
teneur en C3A inférieure à 8 % teneur en alcalins équivalents
Vérification de la formule de béton vis-à-vis de la RSI à l’aide inférieure à 3 kg/m3
d’un essai de performance Et
La formule de béton est
Utilisation en combinaison avec du ciment CEM I de cendres
validée par un laboratoire
volantes, de laitiers de haut fourneau ou de pouzzolanes. Dans
indépendant expert en RSI
ce cas, la proportion d’adition est supérieure à 20 % et le
ciment CEM I contient une teneur en SO3 inférieure à 3 % et
une teneur en C3A inférieure à 8 %.
Dans le cas de pièces préfabriquées, le béton dispose de cinq
références d’emploi

Prescription du béton, les exigences essentielles à retenir


Le CCTP comprendra au minimum les éléments suivants :

• la définition de la durée d’utilisation de projet,


• le niveau de prévention vis-à-vis du risque d’alcali-réaction,
• le niveau de prévention vis-à-vis du risque de réaction sulfatique interne,

Le tableau de prescription des bétons

Le tableau de prescription des bétons est la partie fondamentale du CCTP. Il définit, pour chacune
des parties constitutives de l’ouvrage, l’exposition du béton et les exigences minimales à respecter
pour garantir la durabilité de la structure.

Le tableau de synthèse ci-dessous donne les valeurs limites de composition et des propriétés d'un
béton armé ou précontraint (exigences minimales) à retenir dans les cahiers des charges de
prescription des bétons. D'une manière générale, les exigences retenues en matière de prescriptions
sont les exigences les plus sévères issues de plusieurs documents (normes, règlements, fascicules de
documentation, cahier des clauses techniques générales des marchés de travaux).

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Classe
Classe de Classe de Eeff/Léq Teneur minimale Nature
Classes d’exposition Exigences
Parties d'ouvrages chlorures résistance maximal en liant équivalent du
d’exposition vis-à-vis de complémentaires
(%) minimale (kg/m3) (1) ciment
la RSI

Immergée
dans l'eau de XC1 XS2 C30/37 0,50 330
mer en XA2(b) C35/45(b) 0,45(b) 350(b)
permanence
Zones de XH3
marnage
ou
XC4 XS3 Prévention vis à
projections XA2(b) C35/45 0,45 385 vis des risques
0,2 si BA
d'eau de mer ou
PMES d’alcali réaction,
ou zones CP (a) de réaction
0,15 si BP sulfatique interne,
d’embruns du retrait
Exposée à
l’air
véhiculant
du sel marin XC4 XS1
XH2 C30/37 0,50 330
mais pas en XA2(b) C35/45(b) 0,45(b) 350(b)
contact
direct avec
l’eau de mer
(1) valeurs définies pour Dmax=20 mm. Se reporter au tableau NA.F.1 de la norme NF EN 206-1 pour un Dmax différent. Lorsque le ciment utilisé est
un CEM I, il est loisible de lui substituer partiellement une addition dont la nature et la quantité relative en masse sont données dans le tableau NA.F.1
de la norme NF EN 206-1.
(a) ciment CP pour le béton précontraint uniquement
(b) si le béton est en contact avec le sol

Ces exigences minimales sont données pour une durée d'utilisation de 100 ans. Pour un ouvrage
pour lequel le maître d’ouvrage exige une durée d’utilisation supérieure, le CCTP pourra spécifier
des exigences minimales plus sévères. Dans ce cas, il pourra notamment s’appuyer sur l’approche
performantielle.

3.3.9 Enrobage des armatures


L'enrobage se définit par la distance entre la surface du béton et l'armature la plus proche (cadre,
étriers, épingles, armatures de peau, etc…).

enrobage

C'est une partie essentielle qui assure à la fois la protection des armatures des agressions extérieures
et la transmission des efforts entre le béton et les armatures.
La durabilité de l'ouvrage dépendra en grande partie de la qualité de cette peau de protection.
Un grand soin doit être apporté à son dimensionnement, à sa réalisation et à son contrôle.

3.3.9.1 Méthode de dimensionnement


L’enrobage des armatures est un des paramètres permettant de garantir la durabilité d’un ouvrage en
béton armé, en protégeant ses armatures des agressions extérieures.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Son épaisseur doit être choisie en conformité avec les autres paramètres influant sur la durabilité du
matériau béton armé : compacité, qualité de réalisation, qualité des matériaux et maîtrise de la
fissuration.
ROSA 2000 donne, à titre indicatif, quelques ordres de grandeurs des enrobages pour les travaux
maritimes :
ouvrages constamment immergés : 50 mm,
ouvrages soumis aux embruns ou en zone marnante : 70 mm,
ouvrages soumis à l’abrasion et aux chocs : 100 mm,
ouvrages coulés en pleine fouille, parois moulées : 70 à 90 mm.
Ces valeurs ne sont que des ordres de grandeur et l’épaisseur d’enrobage nominale doit être
déterminée conformément à la section 4 de l’Eurocode 1 (NF EN 1992-1-1).

L’enrobage nominal correspond à l’enrobage minimum majoré pour tenir compte des tolérances
pour écart d’exécution. Cette majoration est par défaut de 10 mm et peut être réduite à condition de
justifier de moyens opérationnels de vérification du respect des enrobages lors de l’exécution.
Les paramètres importants dans la détermination de l’épaisseur d’enrobage minimale sont :
la classe d’exposition,
la durée de vie de l’ouvrage,
la classe de résistance du béton,
la maîtrise particulière de la qualité de production du béton,
la surveillance particulière du respect des enrobages sur le chantier,
l’utilisation d’aciers inoxydables,
la mise en œuvre d'une protection du béton : par exemple revêtement ou peinture.

L'enrobage nominal doit être spécifié sur les plans. Il est défini comme la somme de l'enrobage
minimal Cmin et d'une marge de calcul pour tolérances d'exécution ∆Cdev :
Cnom = Cmin + ∆Cdev
La valeur à utiliser est la plus grande valeur de Cmin satisfaisant aux exigences à la fois en ce qui
concerne l'adhérence et les conditions d'environnement :
Cmin = max( Cmin,b; Cmin,dur; 10 mm) + ki

Détermination de Cmin,b :

Disposition des armatures Cmin,b


Armature individuelle Diamètre de la barre
Paquet Diamètre équivalent

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Détermination de l'enrobage minimal Cmin,dur requis vis-a-vis de la durabilité :

Exigences environnementale pour Cmin,dur (mm)


Classe Classes d'exposition
structurale XS1 XS2 XS3
S1 20 25 30
S2 25 30 35
S3 30 35 40
S4 35 40 45
S5 40 45 50
S6 45 50 55

Modulation de la classe structurale recommandée, en vue de la détermination des enrobages


minimaux Cmin,dur :

Critère Classe d'exposition


XS1 XS2 XS3
100 ans : 100 ans : 100 ans :
majoration de 2 majoration de 2 majoration de 2
classes classes classes
Durée d'utilisation 25 ans et moins : 25 ans et moins : 25 ans et moins :
minoration de 1 minoration de 1 classe minoration de 1 classe
classe
≥ C40/50 : ≥ C40/50 : ≥ C40/50 :
minoration de 1 minoration de 1 classe minoration de 1 classe
classe
Classe de résistance ≥ C60/75 : ≥ C60/75 : ≥ C70/85 :
minoration de 2 minoration de 2 minoration de 2
classes classes classes
minoration de 1 minoration de 1 classe minoration de 1 classe
Enrobage compact(*) classe
(*) pour les :
- faces coffrées des éléments plans (assimilables à des dalles, éventuellement nervurées), coulées horizontalement sur
coffrages industriels,
- éléments préfabriqués industriellement,
- sous-faces des dalles de pont, éventuellement nervurées, sous réserve de l'accessibilité du fond de coffrage aux
dispositifs de vibration.

Prise en compte du phénomène d'abrasion :

Cmin peut être majoré d'une valeur k1, k2 ou k3 en fonction de l'abrasion subie par le béton :
Classe Valeurs des
Conditions
d'abrasion Coefficients
Abrasion modérée, telle que :
éléments de site industriel soumis à la circulation
XM1 de véhicules équipés de pneumatiques, k1 = 5 mm
frottements d'amarres ou de chaînes,
sédiments charriés par la houle.
Abrasion importante, telle que :
éléments de site industriel soumis à la circulation
XM2 de chariots élévateurs équipés de pneumatiques
k2 = 10 mm
ou de bandages en caoutchouc plein,

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

coques de navires pouvant glisser sur un front


d'accostage.
Abrasion extrême, telle que
éléments de site industriel soumis à la circulation
de chariots élévateurs équipés de pneumatiques
XM3 ou de bandages en élastomère ou métalliques ou
k3 = 15 mm
d'engins à chenilles,
godets de chargeurs de produits en vrac

Prise en compte du contact avec des surfaces irrégulières


Dans le cas où le béton est coulé au contact de surfaces irrégulières, il convient également de
majorer l'enrobage minimal. Il convient de choisir une majoration en rapport avec la différence
causée par l'irrégularité, la valeur de l'enrobage minimal étant donnée par le tableau suivant :

Condition valeur

Béton coulé au contact d'un sol


ayant reçu une préparation (y
compris béton de propreté)
K1 = 30 mm
Tout ouvrage réalisé en site terreste
reposant sur le sol

Béton coulé au contact direct d'un


sol
K2 = 65 mm
Bétonnage dans une fouille et paroi
moulée.

Cette majoration, laissée à l'initiative du projeteur, est déterminée en fonction de l'importance de


l'irrégularité de la surface en contact avec le béton. En tout état de cause, Cmin devra au moins être
égale à K1 ou K2 selon le cas.

Détermination de ∆Cdev
Pour le calcul de Cnom , l'enrobage minimal doit être majoré, au niveau du projet, pour tenir compte
des tolérances pour écart d'exécution ∆Cdev .

La valeur recommandée est de 10 mm. Dans certains cas où l'assurance qualité inclut des mesures
d'enrobage, cette valeur peut être réduite.

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Exemple de calcul d'enrobage

Considérons une partie d'un quai en béton armé réalisé en paroi moulée dans le port de Brest. Elle
est située dans la zone de marnage.
La résistance caractéristique à la compression nécessaire, prise en compte dans les calculs de
dimensionnement, est fc28=35 MPa.
la durée d'utilisation de projet de l’ouvrage est de 50 ans.

Les barres les plus importantes ont un diamètre de 40 mm.


Cmin,b est de 40 mm, dimension de la barre la plus importante.
Pour Cmin,dur, le tableau donne 45 mm pour une classe structurale S4 et une exposition XS3.

ki est égal à 0 car il n'y a pas de phénomène d'abrasion à prendre en compte.

Cmin = max(Cmin,b; Cmin,dur; 10 mm) + ki

Cmin = max(40; 45;10) + 0 donc Cmin = 45 mm

L'ouvrage étant un paroi moulée, on prévoit une irrégularité de la surface en contact avec le béton
de 25 mm, ce qui porte Cmin à 70 mm, et cette valeur est bien supérieure à K2 = 65 mm pour une
telle surface.
∆Cdev est de 10 mm car il n'y a pas de démarche d’assurance qualité qui prévoit des mesures
d'enrobage.
Cnom = Cmin + ∆Cdev

Cnom = 70 + 10 = 80 mm

3.3.9.2 La réalisation
Lors de la mise en œuvre, il est indispensable de mettre en place des dispositions qui garantissent le
respect de l'enrobage :
assurer une bonne rigidité des coffrages, vérifier qu'ils ne se sont pas déplacés entre deux
marées ;
vérifier que les cages d'armatures ne se déplaceront pas lors du coulage ;
positionner des cales en nombre suffisant qui assureront l'enrobage entre les armatures et le
coffrage.

Rappel :
La vérification du coffrage et du ferraillage avant le coulage du béton constitue un point d'arrêt
crucial en ouvrage maritime.

3.3.9.3 Vérification
Il est possible de vérifier, après le coulage du béton, que l'enrobage voulu est bien respecté. Il existe
notamment des essais non destructifs (appareil de type pachomètre) qui permettent de détecter la
position des barres et de mesurer leur enrobage.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Ces essais sont rapides et peu coûteux et permettent de déceler des manques d'enrobage éventuels et
d'y remédier avant la réception de l'ouvrage.

3.3.10 Autres spécifications

3.3.10.1 Dimension des granulats


Le maître d’œuvre fixe la dimension maximale des granulats du béton (Dmax) conformément aux
dispositions de l'article 4.2.2 de la norme NF EN 206-1. Le Dmax est choisi en tenant compte des
distances des armatures entre elles et aux parois et en fonction des moyens de mise en œuvre.
Le Dmax le plus couramment utilisé est de 20 mm.
Nota : pour des bétons non armés et les bétons cyclopéens, la dimension des plus gros éléments
peut atteindre 150 mm.

3.3.10.2 Classe de consistance


Elle est définie au final par l'entreprise en fonction de ses choix de mise en œuvre mais le maître
d'œuvre peut, pour des parties d'ouvrage bien spécifiques, définir au cahier des clauses techniques
particulières la consistance qu'il souhaite. Il impose alors dans ce cas la technique de mise en
œuvre.

3.3.10.3 Maîtrise de la fissuration


Contrairement aux règles techniques de conception et de calcul des ouvrages et constructions en
béton armé suivant la méthode des états limites (BAEL 91) où la maîtrise de la fissuration était
assurée par la limitation de la contrainte dans les armatures à l’état limite de service (ELS),
l'eurocode 2 impose de définir une valeur maximale de l’ouverture des fissures. La maîtrise de la
fissuration est traitée dans la section 7.3 de l’eurocode 2.
La valeur maximale de l’ouverture des fissures est un élément important à préciser au cahier des
clauses techniques particulières (CCTP).

3.3.10.4 Qualité de parement


Le prescripteur peut demander plusieurs qualités de parement pour les différentes parties de son
ouvrage.

Formulation des exigences :


Pour la formulation des exigences de qualité de parement, le lecteur s'appuiera sur le fascicule de
recommandations P 18-503 "Surfaces et parements de béton - Eléments d'identification". Le maître
d'œuvre devra y faire référence pour fixer les critères d'acceptation ou d'identification d'un parement
par rapport à un parement de référence.
L'aspect d'une surface est caractérisé par trois critères :
la planéité,
la texture,
la teinte.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Facteurs influençant la qualité des parements :


Caractérisation des parements
Teinte des parements Texture des parements
Nature du ciment
Constituants du béton Sables et fines Type d'adjuvant utilisé
Granulats
Teneur en eau (E/C)
Sensibilité de la formulation aux
Rapport granulat sur sable
Formulation des bétons Teneur en éléments fins variations de dosage des
constituants
Dosage et finesse du ciment
Consistance du béton lors de la Consistance du béton lors de la
Composition du béton mise en oeuvre mise en oeuvre
Facteurs d'influence

Fabrication Régularité de la fabrication Régularité de la fabrication


Conditions climatiques
(température, hygrométrie) lors
des premières heures suivant le Positionnement des armatures
Mise en oeuvre décoffrage Vibration du béton
Vibration du béton

Température du béton
Température extérieure
Conditions de Hygrométrie ambiante
maturation Ventilation
Echéance de décoffrage
Cure du béton
La peau de coffrage
La propreté des coffrages L'étanchéité des coffrages
Coffrages Les écarteurs de coffrage Les joints de coffrage
La rigidité des coffrages

Le fascicule 65 définit trois classes correspondant à des degrés de qualité d'état de surface et
d'aspect croissants :
Classes de parement description
Parements laissés bruts de décoffrage et dont l'aspect ne fait
l'objet que d'une exigence de régularité, et éventuellement de
Parements soignés simples ou
spécifications complémentaires telles que le respect d'une
parements simples tonalité générale ou la conformité de l'aspect à un béton de
convenance réalisé en début de chantier
Parements soignés fins ou Parements faisant l'objet d'exigences concernant la texture, la
parements fins teinte et les formes géométriques
Parements faisant l'objet d'exigences décoratives (par exemple
Parements soignés ou
des motifs en relief ou en creux) et qui peuvent être
parements ouvragés préfabriqués ou coulés en place
L'identification des exigences de qualité de parement va permettre à la maîtrise d'œuvre de formuler
des spécifications et prescriptions adaptées qui porteront sur :
les coffrages (conception, étanchéité, etc…),
la nature et la qualité des constituants du béton,
la mise en œuvre,
le phasage de la construction,
la démarche d'assurance qualité (procédures, contrôles des spécifications, etc…).

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Exemple de spécification d'un béton


1. Description de l'ouvrage
Considérons une poutre d’accostage en béton armé faisant partie d’un quai implanté dans le port de
Brest. C’est un élément relativement massif, de section rectangulaire de 0,80 mètre d’épaisseur sur
3,00 mètres de hauteur. Cet élément doit être coulé en place.

Il est situé dans la zone de marnage et/ou d’aspersion suivant les conditions de marée.

2. Exigences du maître d'ouvrage


Cet ouvrage est économiquement important mais n'est pas stratégique.
La résistance caractéristique à la compression nécessaire, prise en compte dans les
calculs de dimensionnement, est fc28 = 35 MPa.
la durée d'utilisation de projet de l’ouvrage est de 100 ans.

3. Spécifications

a) Classe d'exposition
L’ouvrage est situé dans la zone d’aspersion et/ou dans la zone de marnage. La classe d'exposition
aux chlorures de l'eau de mer est donc XS3.

Il y a alternance d'humidité et de séchage. La classe d'exposition à la carbonatation est donc XC4.


b) Classe de teneur en chlorures
L'ouvrage est constitué d'une structure en béton armé en environnement maritime. La classe de
teneur en chlorures est donc Cl 0,20.

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c) Spécifications principales pour la composition et les propriétés du béton


Caractéristique Spécification Remarques
Teneur minimale en liant 3
385 kg/m Imposé par le FD P 18-011 pour les ouvrages maritimes
équivalent
Rapport E/C maximal ≤ 0,45 Fascicule 65 du CCTG pour les marchés de travaux
Classe de résistance
minimale à la C35/45 NF EN 206-1 et fascicule 65 du CCTG
compression
La section de béton étant importante avec une épaisseur égale à 0,80
mètre,
le risque existe d’une forte élévation de la température interne en
Ciment Prise Mer cours
(PM) d’hydratation. La conséquence peut être un retrait thermique ainsi
Nature du ciment: que le déclenchement d’une réaction de gonflement interne de type
sulfatique, tous les deux étant préjudiciables à l'ouvrage.
LCH On pourra utiliser un ciment à faible chaleur d’hydratation et
pauvre en alcalins : Na2O < 0,6 %, ainsi qu’un ajout de cendres
volantes ou de laitiers moulus.
Ils seront conformes à la norme NF EN 12620, et qualifiés de non
Granulats RAG réactifs (NR) vis-à-vis de la réaction alcali-silice ainsi que non
gélifs.
Classe de teneur en
Cl 0,2 Béton armé situé dans un environnement riche en chlorures
chlorures du béton
Le bétonnage de la poutre nécessite une maniabilité suffisante du
Classe béton frais pour permettre sa mise en place correcte sans ségrégation
dans le coffrage sur une hauteur importante (3 mètres) dans un
Consistance d'affaissement: environnement fortement ferraillé. Il devra être descendu soit par
S3 une goulotte soit éventuellement pompé : l’affaissement au cône
d'Abrams devra être compris entre 100 et 150 mm.

d) Prévention contre les risques d'alcali-réaction


L'ouvrage est économiquement important mais pas stratégique. Le niveau B de prévention contre
l'alcali-réaction doit être retenu pour cet ouvrage.
e) Prévention contre les risques de réaction sulfatique interne
Voir le guide "Recommandations pour la prévention des désordres dus à la réaction sulfatique interne"

f) Enrobage
La classe structurale de base recommandée est S4.
La durée de vie de l’ouvrage étant de 100 ans, une majoration de 2 classes est
appliquée. La classe structurale majorée est donc S6.
La classe de résistance du béton étant C35/45, aucune minoration de la classe
structurale n'est appliquée pour ce critère.
La production du béton n'exige pas de maîtrise particulière.
La classe d’exposition aux chlorures de l'eau de mer est XS3.
L’ensemble de ces paramètres nous conduit, suivant l’eurocode 2, à un enrobage minimal de 55
mm, auquel il faut ajouter 10 mm (∆Cdev) en raison d'éventuels problèmes d’exécution. L’enrobage
nominal est donc de 65 mm.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

g) Autres spécifications
Il convient de tenir compte de la température ambiante pendant le bétonnage. En particulier, en cas
de bétonnage par temps froid, des dispositions doivent être prises. Dans tous les cas, il faut éviter
absolument la mise en œuvre dans des conditions extrêmes.
Il est recommandé de vérifier l’évolution de la température pendant la prise de manière à éviter les
chocs thermiques au moment du décoffrage. Il pourra être utile de mettre en place des sondes de
température dans le coffrage avant bétonnage en les positionnant au cœur et au voisinage du
parement (*).

Après le décoffrage, une cure humide doit être assurée.


(*) Grâce à l’utilisation d’un ciment à faible chaleur d’hydratation et à l’inclusion de fines
minérales pouzzolaniques, l’élévation de températures pendant la prise devrait être sensiblement
atténuée.

3.4 DURABILITE ET APPROCHE PERFORMANTIELLE


Ce paragraphe décrit les grands principes de l’approche performantielle. Le lecteur souhaitant
approfondir cette méthodologie pourra se reporter au guide de l’AFGC intitulé "Conception des
bétons pour une durée de vie donnée des ouvrages", paru en juillet 2004 [43].
Pour définir et prescrire un béton, deux approches sont désormais à la disposition du prescripteur.
L’approche normative et réglementaire : les normes et règlements actuels fixent pour le
béton des stipulations essentiellement en terme de moyens (nature et dosage des différents
constituants, enrobage, etc…). Cette approche est celle décrite au paragraphe précédent 3.3.

L’approche performantielle : les stipulations sont définies en termes de résultats. Cette


approche, introduite par la norme NF EN 206-1, ne s’oppose pas à l’approche normative et
réglementaire mais la complète et la renforce.

La différence entre les deux approches tient essentiellement à la manière de formuler les exigences :
exigences de moyens et exigences de résultats.

L’approche performantielle est basée sur deux notions :


les indicateurs de durabilité,
les témoins de durée de vie.

Cette approche est récente et n'a été appliquée pour le moment que sur des ouvrages exeptionnels
pour lesquels il était exigé une durée de vie importante (supérieure à 100 ans). Elle est bien
évidemment applicable à des ouvrages plus modestes et notamment aux ouvrages en site maritime
pour lesquels l'exigence de durabilité est fondamentale.
Si elle est utilisée, cette approche doit être intégrée au projet le plus en amont possible. Le maître
d'œuvre devra dans ce cas être assisté d'une personne compétente.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

3.4.1 Les indicateurs de durabilité


En fonction de l’exposition (environnement) et de la durée de vie (vis-à-vis de la corrosion des
armatures et de l’alcali-réaction) souhaitée pour l’ouvrage, le prescripteur sélectionne et définit un
certain nombre d’indicateurs de durabilité.

3.4.1.1 Vis à vis de la corrosion des armatures


Dans le cas d’un environnement marin, les indicateurs de durabilité, vis-à-vis de la corrosion des
armatures, à la disposition du prescripteur sont les suivants :
porosité accessible à l’eau : Peau (%),
coefficient de diffusion apparent des chlorures : Dapp (10-12 m2.s-1),
perméabilité apparente aux gaz : Kgaz (10-18 m2),
Perméabilité à l’eau liquide : Kliq (10-18 m2).

La prescription du béton vis-à-vis de la corrosion des armatures est alors basée sur le tableau
suivant :

Type d’environnement
Durée de vie Exposition aux sels marins Immersion
exigée Concentration Concentration dans l’eau Zone de
Catégorie en chlorures en chlorures contenant des marnage
d’ouvrage fa i b l e forte chlorures
< 3 0 a ns Peau < 16 Peau < 14 Peau < 15 Peau < 14
De 30 à 50 ans
Peau < 15 Peau < 11 Peau < 13 Peau < 11
Bâtiment
De 50 à 100 ans Peau < 11 Peau < 11
Peau < 13
Bâtiment et ouvrage Peau < 14 Dapp < 2 Dapp < 3
d’art
Dapp < 7
Kliq < 0,1 Kliq < 0,1
Peau < 9 Peau < 10
Peau < 12
De 100 à 120 ans Dapp < 1 Peau < 12 Dapp < 2
Dapp < 20
Grands ouvrages Kgaz < 10 Dapp < 5 Kgaz < 100
Kliq < 0,1
Kliq < 0,01 Kliq < 0,05
Peau < 9 Peau < 9 Peau < 9
> 120 ans
Dapp < 10 Dapp < 1 Peau < 9 Dapp < 1
Ouvrages
Kgaz < 10 Kgaz < 10 Dapp < 1 Kgaz < 10
exceptionnels
Kliq < 0,01 Kliq < 0,01 Kliq < 0,01

Peau (%) Durabilité potentielle faible


Dapp (*10-12 m2.s-1) Durabilité potentielle moyenne
Kgaz (*10-18 m2) Durabilité potentielle élevée
Kliq (*10-18 m2) Durabilité potentielle très élevée

Indicateurs de durabilité et valeurs limites en fonction du type d’environnement et de la durée de


vie exigée -Extrait du guide AFGC [43]

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

3.4.1.2 Vis-à-vis de l’alcali-réaction :


L’indicateur de durabilité spécifique à l’alcali-réaction est la déformation de gonflement du béton
basée sur l’essai de performance (norme NF P 18-454 et FD P 18-456). Dans le principe, au lieu de
formuler des exigences sur la nature du granulat (NR par exemple), on fixe des exigences sur le
gonflement potentiel du béton.
Remarque : la teneur en alcalins de la formule de béton peut également constituer un indicateur de
durabilité.

3.4.2 Les témoins de durée de vie


La mesure ou la détermination des témoins de durée de vie permet de vérifier que le béton en place
dans la structure respecte les exigences formulées au moment de la prescription. Par exemple, pour
un voile en béton armé, le prescripteur a défini une durée de vie de 100 ans. La détermination des
témoins de durée de vie permet de vérifier qu’au bout de 100 ans, la corrosion des armatures n’est
pas initiée.
La mesure des témoins de durée de vie est réalisée sur la base d’essais sur éprouvettes, sur
prélèvements ou autres mesures in situ associés à des modèles prédictifs.
La durée de vie du béton armé vis-à-vis de la corrosion des armatures en environnement marin est
le temps mis pour que la concentration en chlorures libres atteigne une valeur donnée
(concentration critique d’initiation de la corrosion des armatures) au niveau du premier lit
d’armatures. Pour le phénomène de corrosion en environnement marin, les témoins de durabilité
sont :
la profondeur de pénétration des chlorures et son évolution dans le temps,

l’évolution du profil de concentration en chlorures libres en fonction du temps.


La durée de vie du béton vis-à-vis de l’alcali-réaction est le temps mis pour que le gonflement
atteigne une valeur critique donnée ou bien le temps mis pour que la fissuration du matériau
atteigne une ouverture critique donnée. Les témoins de durée de vie vis-à-vis de l’alcali-réaction
sont :
la courbe de gonflement obtenue sur éprouvette de laboratoire (essai de performance selon
la norme NF P 18-454),

la courbe de gonflement résiduel obtenue sur des carottes extraites de la structure,

le gonflement macroscopique de la structure,

l’ouverture des fissures ou l’indice de fissuration.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

APPROCHE PERFORMANTIELLE

Durée de vie exigée


et
environnement de l’ouvrage

Indicateurs de Témoins de
durabilité durée de vie

- Porosité accessible à l’eau : Peau


- Profondeur de pénétration des
- Coefficient de diffusion apparent chlorures et son évolution dans le
Corrosion des des chlorures : Dapp temps
armatures
- Perméabilité apparente au gaz : - Evolution du profil de
Kgaz concentration en chlorures libres en
fonction du temps
- Perméabilité à l’eau liquide : Kliq

- Courbe de gonflement obtenue


sur éprouvette
- Gonflement du béton sur - Courbe de gonflement résiduel
éprouvette obtenue sur des carottes
Alcali-réaction extraites de la structure
- Teneurs en alcalins - Gonflement macroscopique de
la structure
- Ouverture des fissures ou
indice de fissuration

Formulation des Respect des


exigences exigences

Prescription du béton Contrôle et validation

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

3.5 BETONS AUX NOUVELLES PERFORMANCES


Des bétons spécifiques, répondant à une ou plusieurs des exigences sus-mentionnées tels que les
BAP, les BHP, les BFUP se développent depuis plusieurs années. Ces bétons nécessitent une étude
particulière pour vérifier leur adaptation aux contraintes économiques locales. Il convient de
vérifier que la rigueur et le soin requis par l'utilisation de ces bétons (à la fabrication et à la mise en
oeuvre) est adaptée aux conditions et contraintes de chantier.

3.5.1 Bétons autoplaçants (BAP)


Les bétons autoplaçants (BAP) sont des bétons très fluides, pompables homogènes et stables. La
caractéristique principale de ces béton réside dans le fait qu’ils peuvent être mis en œuvre sans
vibration.
Les BAP se distinguent par leurs propriétés à l’état frais : ils s’écoulent sous leur propre poids avec
un débit suffisant dans des zones confinées ou très ferraillées sans qu’il soit nécessaire de faire
appel à des moyens de serrage. Tout en possédant une fluidité élevée, les BAP doivent posséder une
bonne stabilité vis-à-vis de la ségrégation et du ressuage ainsi qu’une bonne cohésion pendant un
temps suffisant (pour donner un ordre de grandeur, une heure et demi).
Les bétons fluidifiés par ajout d’un excès d’eau ne font pas partie des bétons autoplaçants dans la
mesure où une telle fluidification se fait au détriment de la résistance, de la durabilité et de la
qualité du parement.
Les principes de formulation de ces bétons se distinguent des bétons courants par le fait qu’ils
présentent un volume de pâte (ciment + eau + adjuvants + fines + sables fins éventuels) plus élevé.
Ils se caractérisent aussi par une quantité de fines (fillers calcaires, laitiers, cendres volantes)
importante (pour assurer une maniabilité suffisante) et l’emploi de superplastifiants (pour
augmenter la fluidité).
Un adjuvant de type rétenteur d’eau (ou « agent de viscosité ») entre également parfois dans leur
composition. Son rôle consiste à donner de la viscosité à la pâte dans le but de limiter la
ségrégation.
Enfin, les BAP ont une faible proportion de granulats de diamètre supérieur à 20 mm. On essaie en
effet de produire ces bétons avec des granulats de 16 mm au plus.

Gravillons Filler Volume de Volume de


Sable Eau Ciment
(20 mm) calcaire pâte gravillons
kg/m3 kg/m3 kg/m3 kg/m3 kg/m3 % %
Béton
conventionnel
635 1 270 170 340 0 28 48

Béton
autonivelant
702 875 175 331 216 36 33

Exemple de formulation d'un béton autoplaçant par rapport à celle d’un béton
« traditionnel » de même résistance
L’étude de formulation et le malaxage sont plus longs pour les BAP que pour les bétons
traditionnels. D’autre part, il est indispensable de renforcer la tenue des coffrages face à la poussée
du béton ainsi que d’assurer une bonne étanchéité (plus encore que pour les coffrages des bétons
mis en œuvre par vibration).
En plus des avantages déjà évoqués, ce type de béton permet de réduire le ressuage, et donc de
libérer du temps, ce qui est très appréciable quand les travaux dépendent de la marée.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Le BAP est également intéressant pour les bétonnages dans les zones où il est impossible de vibrer
le béton (zone immergée par exemple).
Un BAP a été mis en œuvre en avril 1999 à Calais dans le cadre de la réparation du quai Paul Devot
(injection du béton en arrière des palplanches, comme illustré sur les photos ci-dessous).

Mise en œuvre
d’un BAP à Calais
(photo Sogea)

Goulottes
de coulage
(photo SMBC)

3.5.2 Bétons Hautes Performances (BHP)


Les BHP présentent des avantages pour une utilisation en environnement marin. Bien que de
fabrication plus complexe et de coût supérieur, leur emploi peut être envisagé sous réserve d'une
étude spécifique (étude de formulation, étude économique).
Le fascicule 65 définit les BHP comme étant des bétons répondants aux deux critères suivants :
fc28 > 50 MPa,
Eeff/Léq < 0,4.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

3.5.2.1 Durabilité
Outre une résistance mécanique élevée, les BHP se caractérisent par une nette amélioration de leur
durabilité, résultant d'une porosité extrêmement réduite et peu connectée, avantage important pour
un béton en site agressif.
En effet, la forte compacité de ces matériaux leur confère une faible perméabilité qui s'oppose au
transfert des agents agressifs en phase liquide ou gazeuse dans leur masse.
L'emploi du BHP contribue à lutter efficacement contre la corrosion des armatures :
La faible perméabilité des BHP contrarie la propagation du gaz carbonique. Le front de
carbonatation se propage nettement moins vite dans les matrices cimentaires des bétons à
hautes performances.
La migration des ions chlorure est réduite dans les BHP comparativement aux bétons
courants, en raison d'une microstructure plus dense et d'une faible porosité capillaire
discontinue.

3.5.2.2 Performances mécaniques


Leurs fortes résistances mécaniques à 28 j (de 60 à 80 MPa) permettent une réduction des
sections et aussi du poids propre de l'ouvrage.
Dans des zones fortement feraillées où le coulage du béton devient très difficile, l'emploi de
BHP peut permettre de réduire la densité de ferraillage.
Les résistances au jeune âge des BHP sont aussi plus élevées, ce qui peut permettre des
décoffrages plus rapides et de résister à des poussées hydrostatiques dès la marée suivante.
La résistance à l'abrasion des BHP est également supérieure, ce qui présente des avantages
pour les éléments soumis à une forte exposition à l'abrasion des sables ou des galets.

3.5.2.3 Rhéologie
La grande fluidité usuelle des BHP à l'état frais, obtenue par l'emploi de superplastifiant, facilite la
mise en œuvre dans les zones difficiles d'accès ou très ferraillées. Elle garantit un bon remplissage
des coffrages et un enrobage total des armatures. Une vibration soignée reste nécessaire.

Remarque : il existe des BHP qui sont aussi des BAP.

3.5.3 Bétons fibrés


Les bétons fibrés sont des bétons dans lesquels sont incorporées des fibres synthétiques ou
métalliques.
L'emploi des fibres ne permet pas a priori de s'affranchir de la pose d'armatures de structure.

3.5.3.1 Fibres synthétiques


Les bétons de fibres synthétiques peuvent permettent de s'affranchir de la pose des armatures de
peau.
Cela peut être particulièrement intéressant dans le cas de coulage à la marée pour des parties
d'ouvrage n'ayant pas de ferraillage de structure. Dans ce cas, l'opération de pose des treillis soudés
peut être supprimée.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Elles peuvent également améliorer la durabilité en limitant la fissuration au jeune âge grâce au
grand nombre de fibres dispersées dans le béton.

3.5.3.2 Fibres métalliques


Les bétons de fibres métalliques permettent d'améliorer les caractéristiques de résistance des bétons
en traction et ainsi de supprimer dans certains cas particuliers seulement les armatures structurelles.
Le béton de fibres métalliques permet, après validation par le bureau d'études, la réalisation des :
dallages, dalles et hourdis,
dallages industriels lourds, pouvant recevoir des chocs et des charges particulières comme
un terre-plein portuaire.
Les fibres métalliques améliorent la durabilité des bétons vis-à-vis de la corrosion des armatures.
Les avantages en terme de durabilité que présentent ces bétons (BHP, béton fibré) ne doivent pas
justifier une réduction d'enrobage en dessous de 5 cm.

3.5.4 BFUP
Les Bétons Fibrés à Ultra Hautes Performances combinent les avantages des bétons fibrés et des
bétons à Hautes Performances, avec une quantité de fines nettement supérieure.
Ce matériau très performant aussi bien en ce qui concerne la résistance mécanique (130 à
200 MPa), qu'en ce qui concerne la durabilité, est un produit pointu à réserver à des ouvrages
particuliers ou exceptionnels, ou pour des éléments préfabriqués.

3.5.5 Produits spéciaux


Il existe des bétons pré-dosés en sac. L'emploi de ces matériaux peut être intéressant pour des
travaux d'accès très difficile comme sur des phares en mer par exemple.
Il faudra conserver les mêmes exigences en terme de composition, de mise en œuvre et de durabilité
que pour un Béton Prêt à l'Emploi (BPE). Ces bétons doivent notamment être conformes à la norme
NF EN 206-1.
La réalisation d'essais préalables (études, convenances, élément témoin, etc…), devra être adaptée
au exigences performancielles désirées pour la partie d'ouvrage concernée.
Le fournisseur devra fournir une fiche technique qui permettra à l'entreprise et au maître d'œuvre de
s'assurer que le produit est conforme à la norme et aux exigences du cahier des clauses techniques
particulières (CCTP).

3.6 ARMATURES EN ACIER INOXYDABLE

Vu la forte agressivité dans laquelle se situent les ouvrages maritimes, il apparaît pertinent d'utiliser
des armatures en acier inoxydable résistant à la corrosion et qui peuvent constituer une alternative
plus souple et souvent moins onéreuse qu'un procédé utilisant la protection cathodique.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences et spécifications

Ce produit est normalisé suivant la norme XP A 35-014 (une norme européenne est cours
d'élaboration). Il existe sur le marché et connaît un développement significatif.
En France, l'emploi d'armatures en acier inoxydable dans les ouvrages maritimes reste pour l'instant
marginal. Les retours d'expérience sur des ouvrages de plus de vingt ans dans le monde entier sont
tous satisfaisants mais peu nombreux.

3.6.1 Nuances d’acier inoxydable


Il existe plusieurs nuances d’acier inoxydable. Toutes ne sont pas recommandées pour une
utilisation dans les ouvrages maritimes. L'utilisation des nuances 1.4462, 1.4401 et 1.4539 est
recommandée pour un usage maritime.

3.6.2 Avantages et inconvénients


La plus-value des armatures inoxydables en prix d'achat à la tonne est de l'ordre de trois à cinq fois
le prix d'achat des armatures en acier au carbone. Ce surcoût peut être compensé par quatre
avantages :
réduction des enrobages : l'eurocode 2 prévoit en effet une réduction possible de l'enrobage
dans le cas d'utilisation d'acier inoxydable,
diminution du poids des armatures : les caractéristiques mécaniques de l'acier inoxydable
étant généralement supérieures aux caractéristiques mécaniques de l'acier classique (limite
élastique supérieure à 500 MPa, soit de l'ordre de 30 % supérieures à celles de l'acier au
carbone), il est possible de réduire la section des armatures et donc le poids total des
armatures utilisées,
diminution des frais de maintenance : le risque de corrosion des armatures étant réduit, les
frais de maintenance liés à cette pathologie sont négligeables,
augmentation de la durée de service : la durée de vie des bétons comportant des armatures
en acier inoxydable est considérablement allongée.

Les dispositions de l'eurocode 2 s'appliquent aux ouvrages en site maritime. Toutefois, il est
recommandé de conserver un enrobage minimal de 5 cm.
En effet, les conditions de mise en œuvre du béton et des cages d'armatures, les agressions
mécaniques, les chocs et les frottements des navires et des corps flottants justifient une épaisseur de
protection minimale des armatures, quelle que soit leur nature.

Ainsi, le recours à l'acier inoxydable doit-il être considéré comme un supplément de durabilité et
ne doit pas contribuer par ailleurs à diminuer l'enrobage et à réduire les exigences sur la qualité du
béton.
L’emploi des armatures en acier inoxydable peut enfin s’avérer intéressant en site maritime dans les
cas suivants :
remplacement d'une armature très corrodée et qui n’a pas un enrobage suffisant,
mise en œuvre de tiges d’ancrage où la plus-value financière ne sera pas importante en
valeur absolue par rapport à la longévité gagnée,
pour des parties d’ouvrage très exposées à la corrosion et où une intervention ultérieure de
réparation sera impossible.

Centre Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 79


Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 3 – Béton en site maritime, exigences
Chapitre et spécifications
4 – La mise en œuvre

L'utilisation d'armatures en acier inoxydable doit faire l'objet d'une étude spécifique associant une
analyse technique et une analyse économique. Le concepteur devra également être sensibilisé au
phénomène de couplage galvanique éventuel entre l'acier inoxydable et les armatures en place.
Pour éviter le couplage galvanique, le concepteur devra appliquer les régles prévues à cet effet.

Centre Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 80


Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 4 – La mise en œuvre

4. MISE EN ŒUVRE DU BETON

La réalisation des ouvrages maritimes peut se faire soit :


en béton coulé en place,
à l'aide d'éléments préfabriqués en béton.
Compte tenu des conditions souvent très difficiles de réalisation, il est souhaitable de privilégier la
technique de préfabrication.

La préfabrication présente l'avantage d'être réalisée dans des conditions optimisées qui permettent
de fabriquer un produit aux performances plus homogènes et plus durables.
Elle limite également les risques de pollution du milieu aquatique lors des opérations de coulage du
béton.
Le concepteur fera en sorte de privilégier des types de structure pour lesquels la préfabrication est
possible lorsque la durabilité et les performances sont des critères importants pour l'ouvrage.
Nota : le recours à un batardeau général, qui isole complètement le chantier des conditions de
marée, permet de réaliser des ouvrages dans de bonnes conditions. Néanmoins, la confection du
batardeau gêne l'exploitation portuaire et son coût peut être prohibitif.
L'aspect environnemental peut aussi conditionner les solutions constructives et les modes de
construction de l'ouvrage. En site très sensible, le bétonnage en place devra être assorti de
précautions importantes afin de ne pas porter atteinte au milieu.
Même si le projet de base est prévu "coulé en place", il est intéressant de ne pas fermer la porte aux
variantes "préfabriqué" en ne faisant pas état de la technique "coulé en place" dans les éléments
intangibles au règlement de la consultation du dossier de consultation des entreprises (DCE).

4.1 STRUCTURES COULEES EN PLACE

4.1.1 Fabrication du béton


La réalisation d’un ouvrage en béton passe par la fabrication du béton, le transport depuis le lieu de
fabrication jusqu’au chantier, le remplissage des coffrages et enfin la mise en place. Ces phases
représentent le passage de la théorie à la pratique. A partir de constituants ayant une certaine
variabilité et à l’aide d’un matériel préalablement choisi, il faut produire un béton ayant les
caractéristiques imposées par le cahier des charges qui soit homogène à l’intérieur d’une même
fabrication et d’une fabrication à l’autre.
Le bon déroulement des travaux impose que tous les ateliers soient coordonnés entre eux afin qu’il
n’y ait ni stockage de matériaux ni arrêt de l’un des ateliers par retard d'approvisionnement.
Les paragraphes ci-dessous décrivent les précautions à prendre lors des différentes phases de la
fabrication et de la mise en œuvre du béton.

Centre Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 81


Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 4 – La mise en œuvre

4.1.1.1 Béton Prêt à l'Emploi


Le béton est généralement fabriqué dans des centrales de béton prêt à l’emploi (BPE), sauf pour
certains chantiers importants qui justifient l’installation d’une centrale spécifique sur le chantier.
Les points importants de la fabrication sont :
le stockage des constituants,
le dosage,
le malaxage.
La centrale BPE doit être choisie parmi les centrales admises à la marque NF-BPE et respecter les
exigences complémentaires formulées dans le fascicule 65. Le maître d'œuvre pourra compléter ces
exigences si les caractéristiques du chantier le nécessitent. Ces exigences doivent dans ce cas
figurer au cahier des clauses techniques particulières (CCTP).
Une centrale BPE ayant le droit d'usage de la marque NF n'est pas affranchie des contrôles
réglementaires exigés par le fascicule 65 (épreuves de convenance, épreuves de contrôle,…).

4.1.1.2 Centrales de chantier


La fabrication du béton peut se faire au moyen d'une centrale de chantier. Conformément à l'article
83.2 du fascicule 65, la centrale sur site est soumise à l'acceptation du maître d'œuvre. La demande
sera examinée sur la base du référentiel particulier de certification utilisé pour la certification du
béton, par exemple celui de la marque NF-BPE. Elle est de plus soumise aux contrôles
complémentaires exigés par le fascicule 65 pour ce type de centrale.

4.1.1.3 Bétonnière
Pour des travaux en régie de très petites quantités et dans le cas où aucun autre moyen ne peut être
mis en œuvre, bien que non admise par la NF EN 206-1, la fabrication en bétonnière ou même à la
main pourra être envisagée. On veillera à ce que la régie ou l'entreprise fabriquant le béton respecte
scrupuleusement les exigences du cahier des clauses techniques particulières (CCTP).
Pour ce mode de fabrication, l'utilisation de formules de béton "robustes" devra être privilégiée : les
bétons spéciaux sont bien évidemment proscrits. Les performances mécaniques visées devront être
spécifiées en conséquence. On réservera ce mode de fabrication pour le bétonnage de pièces
faiblement structurelles.
Qu'est-ce qu'une formule de béton robuste ?
Une formule robuste est une formule pour laquelle une faible variation des dosages en constituants
(essentiellement eau, ciment, adjuvants) n'entraîne pas de variation importante des propriétés à l'état
frais et durci du béton.
Une formule robuste est très peu sensible aux variations d'humidité des granulats et des sables. Elle
est constituée d'un nombre minimal de constituants.

Pour la fabrication en bétonnière, le recours au gâchage à l'eau de mer peut parfois être adopté à
condition de réaliser un béton non armé et d'être à un taux de chlorures strictement inférieur à 1 %.
Dans ces conditions on déroge au fascicule 65 et il y a lieu de le spécifier au marché.

4.1.2 Transport du béton


Une fois fabriqué, le béton est transporté en toupie depuis la centrale vers le chantier. Au cours du
transport, deux phénomènes peuvent remettre en cause les propriétés obtenues lors de la fabrication
[16].

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 4 – La mise en œuvre

Il s’agit :

de la ségrégation (entraînant une chute de résistance et de compacité),


et du raidissement (entraînant des difficultés de mise en place).

4.1.2.1 La ségrégation en cours de bétonnage


La ségrégation a pour origine une accélération excessive appliquée au béton. Ces mouvements
créent des forces supérieures aux forces de cohésion du béton qui provoquent la séparation des
éléments (les éléments fins d’un coté et les éléments les plus gros de l’autre). Ces phénomènes sont
limités par un guidage du béton durant sa chute.

4.1.2.2 Le raidissement du béton pendant le transport


Le raidissement est une perte rapide de l’ouvrabilité du béton. Il peut être le résultat :
d’un départ d’eau libre lié aux conditions météorologiques (soleil, vent, etc…),
d’un début de prise du béton,
d’une absorption d’eau différée par les granulats dans le béton frais,
d’une incompatibilité entre le ciment et un adjuvant.
Ces phénomènes sont favorisés par une durée de transport trop importante. Les dispositions à
prendre pour éviter ces problèmes peuvent consister à :
protéger le béton durant le transport (bétonnières portées, camions bâchés, etc…),
limiter le temps de transport.

Pour une température de 20°C, de l’introduction du ciment de la première gâchée jusqu'à l'arrivée
au lieu d’utilisation, il ne doit pas s’écouler plus de 1 h 30. La durée cumulée du transport et de
l’attente éventuelle sur chantier jusqu’à la fin de la vidange ne doit pas être supérieure à deux
heures. Dans le cas de transport par camion benne, ces temps sont respectivement ramenés à 1 h et à
1 h 30.
Les éventuelles incompatibilités entre le ciment et un adjuvant doivent être déterminées au moment
de l’étude de formulation du béton (voir le paragraphe 5.4.3.1). Elles peuvent cependant survenir
inopinément en cours de chantier, suite à de faibles variations des caractéristiques des constituants.

Centrale de béton prêt à l'emploi et camion toupie

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 4 – La mise en œuvre

4.1.3 Matériels couramment utilisés pour le transport du béton


Les différents moyens de transport et leurs caractéristiques courantes sont présentés dans le tableau
suivant :

Distance Distance Propriétés


Matériel Capacité Rendement Observations
horizontale verticale du béton

• Bonne protection contre les


Bétonnières 3 environ 6 m3 agents atmosphériques
≤ 50 km – 6à8m –
portées par camion • Bonne homogénéisation
durant le transport

• Nécessite un moyen de
levage
Benne ≤ 50 m ≤ 100 m 250 à 1000 l ≤ 10 m3/h – • Vérifier l’étanchéité de
l’ouverture
• Limiter la hauteur de chute

• Vérifier l’étanchéité de
l’ouverture
Benne
≤ 500 m – 250 à 1000 l ≤ 10 m3/h sec • Le transport peut provoquer
automotrice soit un serrage soit une
ségrégation du béton

bonne • Nécessite une formulation


Pompe ≤ 500 m ≤ 100 m – ≤ 70 m3/h
cohésion adaptée du béton

• Éviter la position verticale


quelques
Goulotte – – – – afin de freiner le béton dans
mètres sa chute

• Il en existe deux types :


lisses et à chevrons
Bandes quelques quelques • La vitesse et la pente sont
– – –
transporteuses mètres mètres deux paramètres à adapter en
fonction de la granularité et
de la consistance du béton

Transport du béton de la centrale de béton


prêt à l'emploi au chantier
Transport du béton sur le chantier
Modes de transport du béton

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 4 – La mise en œuvre

Cas particulier du pompage du béton

Des informations relatives au pompage peuvent être trouvées dans le fascicule de documentation P
18-504 relatif à la mise en œuvre des bétons de structure. On les rappelle brièvement ci-dessous.
Dans les cas les plus courants, la distance maximale de transfert par pompage est d’environ 500
mètres horizontalement et de 100 mètres verticalement. Au-delà de ces cas, il sera nécessaire
d’étudier des dispositions particulières ayant trait soit au matériel soit à la formulation du béton et
les études de convenance du béton seront faites dans les conditions réelles de transport du béton.
Calcul de la distance équivalente de transport :
Dans le cas d’un pompage avec dénivellation ou changements de direction, la distance équivalente de transport peut
être évaluée par la formule suivante :
Deq = D + 5 H + 10 C1 + 5 C2

D = distance horizontale en mètres,


H = dénivellation en mètres vers le haut,
C1 = nombre de coudes à 90°,
C2 = nombre de coudes à 135°.
Le débit des matériels courants varie de 8 m3/h à 70 m3/h et peut atteindre 160 m3/h sur des grosses unités.
Les conduites sont des éléments de 3 à 5 mètres dont il faudra limiter les changements de direction et prévoir une partie
droite de 4 mètres minimum à la sortie de la pompe. Il est indispensable de s’assurer du bon état des conduites (propreté
des tuyaux et étanchéité des joints) ainsi que de leur arrimage correct.
Le rapport entre le diamètre D des granulats et celui ∅ de la conduite sera en règle générale de :
D ≤ 0,25 ∅ avec D ≤ 25 mm

Il convient de limiter l’échauffement des conduites résultant du rayonnement (peinture de couleur


claire ou réfléchissante, bâchage, arrosage, etc…).
L’extrémité amont de la conduite sera déplacée fréquemment afin de la rapprocher au maximum de
l’emplacement à remplir.
La trémie de la pompe doit toujours être en charge pour maintenir l’homogénéité du béton. En
début d’opération, la conduite sera graissée par un mortier (ou une barbotine, un coulis de ciment)
dit de graissage. Ce matériau ne sera pas incorporé à l’ouvrage.
Quand la conduite chemine sur les cages d'armatures, pour éviter leur déplacement, des plaques
devront être placées sous les colliers de la conduite.

4.1.4 Cas spécifique du béton coulé sous l'eau


La prise du béton s'effectue dans de bonnes conditions sous l'eau. En effet, le ciment étant un liant
hydraulique, la prise sous l'eau se fait comme à l'air libre.
Ce sont les conditions de mise en œuvre qui font que le bétonnage sous l'eau doit être évité dans la
mesure du possible, pour les raisons suivantes :
toutes les opérations de coffrage, ferraillage, et coulage s'effectuent "en aveugle", ce qui ne
garantit pas une qualité optimale, l'assistance de plongeurs pour le contrôle d'exécution étant
rarement possible,
l'acheminement du béton jusqu'au coffrage comporte un risque de ségrégation du mélange
(départ des "fines" et donc du liant),
le serrage du béton est impossible.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 4 – La mise en œuvre

Quand il n'est pas possible d'isoler le chantier par l'intermédiaire d'un batardeau, il est toutefois
possible de couler des parties d'ouvrage sous l'eau en prenant des précautions particulières.
En complément des caractéristiques déjà demandées pour un béton à la mer, on demandera pour un
béton mis en œuvre sous l'eau :

une consistance S3 ou S4 pour permettre le pompage, assurer une répartition homogène


dans le coffrage et pour ne pas avoir à serrer le béton,
une granulométrie riche en éléments fins avec au moins 400 kg/m3 de passant au tamis de
0,080 mm,
l'utilisation d'un agent de cohésion spécifique pour donner au béton une cohésion qui
permettra d'éviter le phénomène de délavage sans diminuer la maniabilité,
l'utilisation d'une pompe ou d'un tube-plongeur qui évitera la ségrégation et la désagrégation
du mélange.

Compte tenu de la difficulté d'effectuer des contrôles sous l'eau, il est indispensable de réaliser une
étude de convenance du béton qui sera faite dans les conditions de chantier et qui comprendra :

- tous les contrôles habituels pour un béton conformément au chapitre 5.4.3.2,


- la réalisation d'un élément témoin (qui sera exigé au cahier des clauses techniques particulières),
coulé sous l'eau dans les mêmes conditions que l'ouvrage définitif (même matériel de pompage,
même profondeur, mêmes conditions d'agitation de l'eau, etc…).

Cet élément témoin sera fabriqué dans une caisse qui sera remontée vingt-quatre heures après sa
réalisation, et qui permettra de faire des carottages pour apprécier en particulier l'homogénéité du
béton et sa résistance mécanique.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 4 – La mise en œuvre

Caractérisation de la résistance au délavage d'un béton :


Bien qu'il n'existe pas de mode opératoire reconnu, il est néanmoins possible de pratiquer un essai
de délavage sur des bétons frais afin de comparer leurs capacités à être coulés sous l'eau.
Le dispositif ci-après permet d'effectuer plusieurs cycles de descente et de remontée d'un panier qui
permettra, par pesée du panier avant et après, de calculer la perte de masse due au délavage.
Il sera donc possible, par cette méthode, de comparer deux formulations différentes de béton.

Panier réalisé en
tôle perforée
de 3 mm de maille
Diamètre = 70 mm

Mortier frais
500 g

Tube en plexiglas
Colonne d‘eau
de 2,00 m
Diamètre = 92 mm

Contre-poids
de remontée
600 g

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 4 – La mise en œuvre

4.1.5 Dispositions constructives

4.1.5.1 Coffrages
Un coffrage de bonne qualité doit :
assurer à l'ouvrage ses dimensions définitives et donc ne pas se déformer lors du coulage,
assurer la qualité de parement exigée,
permettre au béton d'être coulé sans départ de laitance,
garantir l'enrobage des armatures.

En site maritime, deux cas peuvent se présenter :

Cas 1 : le coffrage, le ferraillage et le coulage doivent se faire en une marée.

Dans ce cas, il est recommandé de :


limiter les quantités à réaliser pour se donner "le temps de bien faire",
s'assurer du bon maintien des coffrages et du positionnement des armatures (et donc du
respect des valeurs d'enrobage).
Le contrôle et la validation de l'implantation et du positionnement des armatures constituent un
point d'arrêt crucial avant le coulage du béton.

Cas 2 : le chantier sera noyé quelques heures après le coulage.

Dans ce cas il est recommandé d'utiliser un système de maintien des coffrages qui résistera à la
poussée hydraulique éventuelle.

4.1.5.2 Armatures
Il est recommandé de :

maintenir solidement les armatures (les ligatures doivent donc être nombreuses et très
fermes),
laver les armatures et enlever les éventuels détritus avant le coulage (dans le cas par
exemple où la mise en œuvre des armatures nécessite plusieurs jours et que la marée est
venue les recouvrir),
privilégier l'utilisation de cages d'armatures préassemblées,

s'assurer de la qualité des cales d'enrobage qui ne devront pas se déplacer lors du coulage
(proscrire les cales plastiques).
La corrosion des armatures et donc la durée d'utilisation du projet de l'ouvrage dépendent en
particulier de l'épaisseur de l'enrobage. Il convient donc d'apporter un grand soin au contrôle de ce
point.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 4 – La mise en œuvre

4.1.5.3 Coulage et serrage


Il est recommandé de :

s'assurer de la propreté du fond de fouille avant le bétonnage,

se donner le temps de bien vibrer le béton ou utiliser un béton offrant une fluidité adaptée
aux contraintes de mise en œuvre (BAP par exemple),

veiller à ce que la vibration interne (ou tout autre procédé) assure le bon remplissage des
coffrages ainsi que l’homogénéité et la compacité du béton en place.

4.1.5.4 Cure
La cure permet d'éviter la dessication au jeune âge du béton, de minimiser les risques de fissuration
induits et de conférer au béton d’enrobage une qualité satisfaisante (perméabilité et porosité). Elle
est indispensable et doit être appliquée le plus tôt possible après la mise en œuvre du béton. Elle
peut être réalisée par :
le maintien du coffrage en place,
l'apport d’eau douce en quantité appropriée pour maintenir la surface du béton visiblement
humide,
l'application sur la surface de béton d’un produit de cure conforme aux normes NF P 18-370
et NF P 18-371 et bénéficiant d'une certification de conformité émanant d'un organisme
certificateur officiel.
Des conditions ambiantes humides (HR > 80 % et vent de vitesse maximale inférieure à 30 km/h,
ou temps pluvieux) peuvent assurer des conditions de cure satisfaisantes pour le béton mais il est
préférable de compléter la cure par un apport d'eau.
Les procédés de cure par humidification, arrosage ou immersion ne peuvent pas être employés par
temps de gel.
Sur de nombreux chantiers de travaux maritimes, on ne pratique pas la cure sous prétexte que l'air
est humide et qu'il ne fait pas chaud. Or, le vent est un facteur déterminant de la dessication du
béton.
Il faut donc apporter un grand soin à la cure du béton en milieu maritime afin d'assurer une
durabilité optimale à l'ouvrage.

4.2 PREFABRICATION

4.2.1 Fabrication des éléments en béton


La préfabrication peut avoir lieu en usine ou sur chantier. Il est recommandé de privilégier autant
que possible, si la taille des pièces le permet, la préfabrication en usine de manière à maîtriser au
mieux la qualité des pièces.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 4 – La mise en œuvre

Préfabrication de poutre sur le chantier

La technique qui consiste à préfabriquer des parties de l'ouvrage en dehors du chantier et à les
transporter sur la mer en les tractant avec des remorqueurs est de mieux en mieux maîtrisée. Elle
permet de réaliser des quais à l'aide de plusieurs caissons, des sas d'écluse, des formes de radoub,
etc… La présence d'une forme de radoub à proximité du chantier favorise cette technique.

Amenée de l'écluse de Honfleur par flottaison


Le maître d'œuvre qui choisit cette technique doit faire attention à bien prendre en compte dans les
calculs de l'ouvrage les sollicitations spécifiques à ce mode de transport par flottaison qui engendre
des contraintes importantes dans la structure (qui peuvent être dimensionnantes pour certaines
parties d'ouvrages).
Il doit penser également à prévoir les points de remorquage sur l'ouvrage

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 4 – La mise en œuvre

4.2.2 Transport et stockage


Le transport et le stockage des éléments préfabriqués doivent être adaptés au fonctionnement
mécanique de l'élément dans sa configuration définitive. Les points de levage seront prévus en
conséquence.

4.2.3 Blocs de défenses préfabriqués

Pour la réalisation de ces éléments spécifiques, le projeteur se référera au guide sur l'utilisation des
enrochements dans les ouvrages hydrauliques ("The Rock Manual") [45]

4.3 ENVIRONNEMENT

4.3.1 Aspect législatif


Pour les travaux de bétonnage en site maritime, il y a lieu de respecter les prescriptions de l’arrêté
du 23 février 2001 qui fixe les prescriptions générales applicables aux travaux d’aménagement
portuaire et ouvrages réalisés en contact avec le milieu aquatique et de se rapprocher des services
de police de l’eau pour connaître les prescriptions propres au milieu concerné par le chantier.
D’une manière générale, il est demandé de prendre toutes les dispositions possibles pour ne pas
porter atteinte au milieu à l’occasion des phases de travaux.
Nota : les opérations de bétonnage peuvent engendrer des pollutions du fait de départ de laitance
dans l’eau.

4.3.2 Mesures de protection du milieu


Le concepteur s’efforcera dans la conception de l’ouvrage d'éviter les bétonnages sous l’eau en
privilégiant la préfabrication ou la construction hors d’eau.
Dans les cas où ces opérations seraient malgré tout nécessaires, il faudrait prévoir une formulation
de béton adaptée à une mise en œuvre sous l'eau.

L’utilisation des huiles de décoffrage, de certains produits de cures ou d’adjuvants peuvent être
nocifs pour le milieu aquatique.

Centre Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 91


Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 4 – La mise en œuvre

Sur le chantier il y aura lieu d’éviter :


les coffrages non étanches,
les chutes de béton hors des coffrages,
les bétonnages sous l’eau si la mer est agitée,
le lavage des toupies et des pompes.

Le maître d'œuvre doit demander dans le Plan d'Assurance Qualité (PAQ) de l’entreprise un
chapitre sur l'environnement qui décrira précisément les mesures qu’elle prévoit de mettre en œuvre
pour éviter de porter atteinte à l’environnement.
Pour les secteurs très sensibles, la protection de l’environnement peut être un critère de jugement
des offres dans le règlement de la consultation..

Centre Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 92


Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 5 – Contrôle de la qualité

5. CONTRÔLE DE LA QUALITE
La spécificité des ouvrages maritimes due aux difficultés de réalisation et à l'agressivité de
l'environnement rend crucial la mise en œuvre d'un contrôle de la qualité rigoureux.

5.1 DEMARCHE
Depuis quelques années, les maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre ont transféré aux entreprises
titulaires des marchés de travaux une partie du contrôle de leur bonne exécution, les appelant ainsi à
une plus grande responsabilisation et modifiant le mode d’intervention de la maîtrise d’œuvre dans
le déroulement du chantier.
Il est indispensable afin de toujours garantir la qualité des ouvrages de valider leur contrôle.
A cette fin, toutes les étapes de la nouvelle démarche doivent être respectées :
l’acceptation du référentiel qualité (l’ensemble des plans d'assurance qualité),
la vérification de l’application du référentiel,
la surveillance du contrôle interne de l'entreprise,
le contrôle des étapes majeures de la construction par des points d'arrêt,
le traitement des non-conformités.

5.2 EXIGENCES DU DOSSIER DE CONSULTATION DES ENTREPRISES


Le maître d'oeuvre ne doit pas hésiter à s'entourer de spécialistes en matériaux pour la rédaction des
pièces techniques du marché.
Le règlement de consultation doit exiger :
la justification des compétences dans le domaine des travaux maritimes,
la fourniture d'un mémoire technique précisant les modalités retenues en terme de
caractéristiques des bétons, de livraison et de mise en œuvre.
Le CCTP et le CCAP recense les points d'arrêt. Ils doivent être définis avec des délais de préavis et
de réponse adaptés au contexte.

En travaux maritimes, la gestion des points d'arrêt est particulière. Par exemple dans le cas d'un
bétonnage en zone de marnage, le coffrage, le ferraillage et le coulage se faisant à marée basse, les
délais de préavis et de réponse peuvent être très courts par nécessité. Il est alors INDISPENSABLE
qu'un représentant du maître d'oeuvre soit présent lors de cette phase. Cette spécificité doit être
appréhendée lors de la préparation de la consultation.

Il est souhaitable afin de lever toute ambiguïté sur la consistance des contrôles à effectuer par
l'entreprise d'annexer au cahier des clauses techniques particulières un plan de contrôle intérieur.

Centre Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 93


Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 5 – Contrôle de la qualité

EXEMPLE PLAN DE CONTRÔLE (A ANNEXER AU CCTP)

Opération Action Essais Contrôles Fréquence

intérieur extérieur
Acceptation de la centrale Inspection de la centrale * * Pour chaque centrale (principale et
secours)
Acceptation de la formule Vérification du dossier d'étude * * Pour chaque formule
Convenance Suivi de fabrication Consistance et température * * Chaque formule, chaque gâchée
Epreuve de convenance Analyse granulométrique * Prélèvements Une par classe
conservatoires
Propreté * Une par classe

Classe de résistance du ciment * * Une par classe

Essai béton * * 3 à 7 j et 3 à 28 j
Suivi de mise en oeuvre Consistance et température * *
(rhéologie)
Inspection de l'élément témoin * * Chaque élément
Contrôle de conformité Suivi de fabrication Consistance et température * A chaque livraison
Suivi de la mise en oeuvre Consistance et température * * A chaque livraison
Epreuve de conformité Analyse de l'eau * 1 fois par mois
Analyse granulométrique * 1 par classe et par mois
propreté * 1 par classe et par mois
Classe de résistance du ciment * 1 essai à 28 j
Essai béton * * Fabrication de 3 prélèvements de
6 éprouvettes par lot d'emploi

Centre Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 94


Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 5 – Contrôle de la qualité

5.3 ANALYSE DES OFFRES


Il est essentiel de s'assurer, au stade des candidatures, de la compétence des entreprises
soumissionnant et donc de vérifier leurs références sur des travaux de même type.
En effet, il n'est pas rare de voir des entreprises n'ayant jamais pratiqué les travaux maritimes être
les moins disantes car elles minimisent les conséquences financières des travaux en zone de marée.
A la remise de l’offre et avant la signature du marché, l’analyse du schéma d'organisation du plan
d'assurance qualité (SOPAQ) porte essentiellement sur l’identification des parties concernées,
l’affectation des tâches (l'entreprise mettant en œuvre le béton devra être clairement identifiée), la
description sommaire des difficultés spécifiques du chantier, l’origine des principales fournitures
(notamment des bétons), les moyens en personnel, les moyens généraux en matériel, et
l’organisation de l'entreprise pour assurer la qualité.
Les éléments relatifs au béton choisi et à sa mise en œuvre communiqués dans le mémoire
technique doivent être vérifiés.
Le maître d'ouvrage utilisera de préférence l'appel d'offres restreint de façon à pouvoir sélectionner
les entreprises au stade de l'appel à candidatures. A défaut, en cas d'appel d'offres ouvert, il est
recommandé d'apporter le plus grand soin à l'ouverture de la première enveloppe.
Il est également conseillé de hiérarchiser les critères de jugement de l'offre de façon à favoriser la
valeur technique qui sera jugée au vu du mémoire technique et du schéma d'organisation du plan
d'assurance qualité (SOPAQ).
Le maître d'œuvre s'efforcera de donner dans le cadre du SOPAQ joint au dossier de consultation
des entreprises (DCE) les éléments qu'il souhaite voir obligatoirement détaillés par le candidat.

5.4 CONTROLE EXTERIEUR


Le contenu et les modalités d'organisation du contrôle extérieur dépendent du type d'ouvrage et de
la technique de construction et de mise en œuvre du béton.
Il est recommandé de choisir, avant l'établissement du dossier de consultation des entreprises, le
laboratoire qui sera chargé du contrôle extérieur sur le chantier et de le consulter pour la rédaction
des parties qui concernent le contrôle extérieur.

5.4.1 Analyse des plans d'assurance qualité (PAQ)


En préambule, il n'est pas inutile de rappeler que la certification des entreprises ne les
exempte pas de la production d’un plan d'assurance qualité (PAQ) particulier. Celui-ci peut
comporter ou se référer à des éléments du système qualité établis pour la certification (à joindre au
PAQ), mais doit être spécifique au chantier.
Ce PAQ décrit l’organisation, les moyens, les modes opératoires (et le contrôle intérieur s’y
rapportant) qui seront mis en œuvre par l’entreprise dans l’optique de l’obtention de la qualité
requise par rapport aux exigences du marché. Il est constitué d’une note d'organisation générale, de
procédures et de fiches de suivi.

Centre Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 95


Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 5 – Contrôle de la qualité

Le PAQ de l’entreprise générale est complété par les PAQ (parfois réduits aux procédures) de sous-
traitants ou de fournisseurs. En particulier, il devra être établi un document relatif à la fabrication et
au transport du béton et un autre relatif à sa mise en œuvre.
Le PAQ doit évidemment être transmis au maître d’œuvre avant la réalisation des travaux dont il
traite, et ce dans le délai mentionné au marché.
Tout document relatif à la qualité doit impérativement donner lieu dans le délai défini par le
marché, à l’établissement d’un avis du maître d’œuvre (risque sinon de présomption d’accord
tacite et de contentieux). Il doit être géré à l’instar des documents d’études d’exécution (notes de
calculs et plans).
Dans cette phase essentielle de constitution du référentiel qualité du chantier, le maître d'œuvre doit
associer le laboratoire auquel il confie les prestations de contrôles extérieurs.

Le PAQ décrit les dispositions retenues par l'entreprise pour le contrôle interne des opérations de
fabrication, de transport, de manutention, de mise en place et de cure, notamment :
la vérification et les conditions d’acceptation sur chantier des constituants des bétons,
les modalités de contrôle de fabrication des bétons portant sur le stockage des constituants,
le respect des dosages, l’homogénéité du mélange,
la vérification des temps de transport et d’attente du béton,
les conditions d’acceptation du béton frais.
Le programme de bétonnage mérite une attention particulière. Il doit préciser pour chaque phase
s’il y a lieu :
la méthode de mise en œuvre,
le matériel employé (nature, répartition et caractéristiques) pour la manutention et la mise en
place, les moyens en réserve et les dispositions destinées à pallier les défaillances éventuelles à
tous les stades depuis la fabrication jusqu’au serrage,
le temps maximal entre la fin de la fabrication du béton et la fin de sa mise en place,
l’ordre de réalisation du bétonnage en tenant compte de la déformation des ouvrages
provisoires,
la position et le mode de traitement des reprises,
les surépaisseurs maximales avant réglage des surfaces non coffrées admises pour l'étude des
ouvrages provisoires (déchargement de benne de béton frais..),
les moyens de réglage et de finition des surfaces coffrées,
les dispositions à prendre pour lutter contre la fissuration du béton jeune,
les moyens d’exécution de la cure,
les dispositions à prendre par temps froid ou par temps chaud,
les conditions relatives aux parements,
les dispositions à prendre en cas de reprise accidentelle,
les épreuves d’information à effectuer s’il y a lieu.

5.4.2 Vérification du contrôle intérieur


Le maître d'œuvre s'assure de l'effectivité du contrôle intérieur :

existence du référentiel qualité et application des PAQ :


- présence des PAQ (notamment procédures et fiches de suivi) sur le chantier,
- assimilation par les intervenants sur le chantier,
- renseignement des fiches de suivi au fur et à mesure de la progression et non après
travaux pour compléter le dossier (le simple fait de cocher des cases
indépendamment de leur signification concrète étant également à proscrire),

Centre Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 96


Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 5 – Contrôle de la qualité

- implication effective du responsable qualité (présence indispensable sur le chantier et


capacité d’anticipation nécessaire),
- ouverture naturelle des fiches d’anomalie (si l’entreprise ne détecte pas d’anomalie
indépendamment de la maîtrise d’œuvre, ses contrôles sont factices),
contrôle des étapes majeures et attestation de la conformité :
- fourniture effective des dossiers d’étude ou de références,
- exécution et interprétation des épreuves de convenance,
- respect des points d’arrêt et réalisation des opérations préalables correspondantes
(avec suivi des délais de préavis et respect des délais de réponse),
- réalisation des essais selon le plan de contrôle intérieur,
- interprétation effective des résultats d’essais et suites données,
traitement des non-conformités :
- analyse de l’origine du problème,
- prise en compte de mesures préventives,
- proposition effective dans un délai satisfaisant de remise en conformité,
d’acceptation (si les fonctions de l’élément ne sont pas en cause) ou de rebut.

5.4.3 Epreuves

5.4.3.1 L’épreuve d’étude


En préalable, il convient de rappeler que le choix et le dosage des différents constituants doivent
conférer aux bétons une compacité convenable, leur permettre de respecter les exigences relatives
aux parements et d’atteindre les niveaux de performance requis soit au titre du marché, soit au titre
des conditions particulières résultant des choix de l’entrepreneur (mise en place à la pompe,
résistance au jeune âge, etc…).

L’étude des bétons doit prendre en compte les points suivants :


la classe d’exposition,
la durabilité spécifiée,
les risques d'alcali-réaction et de réaction sulfatique,
l'adaptation temps froid et chaud,
les applications particulières :
- les bétons à hautes performances,
- les pieux de grand diamètre,
- les bétons autoplaçants,
- les pièces à forte exothermie.

Elle doit également répondre au cahier des charges de l’entreprise (rhéologie, résistance au jeune
âge, méthode de coulage).

A titre de rappel, la justification de la résistance caractéristique n’est pas demandée pour :


les bétons et mortiers qui ne font pas l’objet d’une résistance caractéristique spécifiée,
les bétons dont la résistance caractéristique à la compression à 28 jours spécifiée est inférieure
ou égale à C25/30 et dont le dosage en ciment est conforme aux spécifications de l’article 71.2.2
du fascicule 65A.

Centre Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 97


Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 5 – Contrôle de la qualité

Pour les autres bétons, une justification est prescrite et doit être effectuée comme suit :
Le béton dispose de références probantes
Le béton est considéré comme disposant de références probantes si les deux conditions suivantes
sont remplies :
1/ Il a été antérieurement fabriqué et mis en œuvre dans des conditions à peu près équivalentes à
celles de la fourniture considérée (moins de deux ans).

2/ Les n résultats de résistance à la compression à 28 jours, obtenus dans le cadre des épreuves de
contrôle des fournitures de référence, ayant donné lieu à une mesure de consistance située dans la
fourchette requise, vérifient les trois conditions suivantes :

n≥12
f c ≥ f c k + K (n )S
f c ≥ fck + 6
f c est la moyenne arithmétique de la résistance à la compression à 28 jours des n résultats.
S est l’estimateur de l’écart-type de la distribution des résistances.
fck est la valeur caractéristique spécifiée.
K(n) est un coefficient qui dépend du nombre de résultats selon le tableau ci-dessous :

n 12 40 75 100 200
K(n) 2,00 2,00 1,90 1,86 1,80

Le béton ne dispose pas de références probantes : épreuve d’étude


L’épreuve d’étude, exécutée en laboratoire, consiste à fabriquer une gâchée répondant à la formule
nominale qui donne lieu à l’exécution d’un essai de consistance et à la confection de trois
éprouvettes pour essai de résistance à la compression à 28 jours.
L’épreuve est probante si la consistance mesurée se trouve dans la fourchette requise et si le résultat
fCE de l’essai de compression satisfait les deux conditions suivantes :
fCE ≥ fck + λ . (CE – Cmin)
fCE ≥ fck+2S
fCE est la résistance à la compression à 28 jours des gâchées nominales.
fck est la résistance caractéristique spécifiée.
λ est un coefficient pris égal à 1, une valeur inférieure à 1 pouvant être retenue si elle est justifiée
expérimentalement.
CE est la résistance à la compression à vingt-huit jours du ciment utilisé pour l’épreuve d’étude.
S est l'écart-type prévisionnel de la distribution des résistances.
Cmin est la valeur minimale de la résistance à la compression à vingt-huit jours du ciment.
Pour les ouvrages importants, le programme d’étude pourra être complété par les spécifications de
l’additif au fascicule 65 A.
Dans le cas de béton en classe d'exposition XF3 ou XF4, les dispositions additionnelles des
"Recommandations pour la durabilité des bétons durcis soumis au gel" doivent être respectées.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 5 – Contrôle de la qualité

5.4.3.2 Épreuve de convenance


L’épreuve de convenance est effectuée par l’entrepreneur et sous sa responsabilité et a pour but de
vérifier a priori que le béton défini par sa formule nominale et fabriqué, transporté et mis en œuvre
dans les conditions du chantier, satisfera aux exigences du marché.

Elle implique :
la vérification par le maître d’œuvre que les prescriptions de fabrication et de mise en œuvre
inscrites au marché sont respectées et que les dispositions prévues au plan d'assurance qualité
sont effectives ;
pour chaque béton désigné au marché, la fourniture totale ou partielle par l’entrepreneur d’une
gâchée au moins répondant à la formule nominale pour effectuer un contrôle de conformité aux
spécifications ;
l’exécution par l’entrepreneur d’un élément témoin si le marché l’impose ou si les dispositions
proposées par l’entreprise nécessitent de vérifier la faisabilité de la formule de béton.

Les prélèvements et l’exécution des essais se font dans les conditions de l’épreuve de contrôle
définies ci dessous. Les résultats sont interprétés suivant les épreuves de contrôle si le chantier est
court et suivant l’épreuve d’étude si le chantier est long. La classification du chantier doit être
spécifiée dans le marché.

Aucun commencement de bétonnage n’est autorisé avant l’obtention de résultats favorables validés
par le contrôle extérieur. En cas de résultats défavorables, le bétonnage est reporté, l’entrepreneur
procède aux adaptations nécessaires et l’épreuve de convenance est refaite, éventuellement
simplifiée. Il en est de même ultérieurement si l’entrepreneur propose des modifications de l’un des
facteurs susceptibles de remettre en cause les résultats obtenus.

5.4.3.3 Épreuve de contrôle


Les contrôles définis dans cet article sont effectués à la mise en œuvre dans le cadre du contrôle
intérieur, le contrôle extérieur validant ces essais. Ils impliquent l’exécution préalable du contrôle
intérieur à toutes les phases de la production, la vérification de l’obtention des résultats prévus, le
respect des prescriptions de fabrication, de transport et de mise en œuvre.

Une épreuve de contrôle constitue le contrôle de conformité d’un lot de béton, préalablement défini,
aux dispositions du marché et implique :
la vérification par le maître d’œuvre de l’exécution du contrôle interne dans des conditions
définies par le PAQ et de l’obtention des résultats prévus, notamment du respect des
prescriptions de fabrication, de transport et de mise en œuvre fixées par le marché,
des prélèvements définis au marché pour l’exécution d’essais au cône d’Abrams et de résistance
à la compression à vingt-huit jours,
éventuellement le contrôle de caractéristiques complémentaires dans les conditions fixées par le
marché.
Les prélèvements destinés aux essais sont effectués sur le chantier immédiatement avant la mise en
place du béton. Chaque prélèvement est issu d’une seule gâchée ou charge.
De manière générale, le nombre (n) de prélèvements par lot est égal à trois, les trois gâchées ou
charges étant choisies au hasard.
L’interprétation des résultats de contrôle s’effectue conformément à l’article 76.2.2 du fascicule
65A.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 5 – Contrôle de la qualité

Les éléments qui figurent dans le cahier des clauses techniques particulières (CCTP) du dossier de
consultation des entreprises (DCE) concernant les contrôles extérieurs doivent être établis
précisément de façon que la remise de prix de l'entreprise se fasse en connaissance de causes,
notamment quand il est demandé des éléments témoins qui peuvent représenter un coût important.

Pour cela, le maître d'œuvre doit se rapprocher du laboratoire prévu en contrôle extérieur pour
rédiger cet article du CCTP.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 6 – Gestion des ouvrages

6. GESTION DES OUVRAGES

6.1 DISPOSITIONS CONSTRUCTIVES


Comme sur tout ouvrage, il y a lieu de prévoir à la construction les modalités de la surveillance et
du suivi de l'ouvrage dans de bonnes conditions de sécurité.

6.2 SURVEILLANCE

6.2.1 Généralités
Il n'existe pas à l'heure actuelle de texte ou de règlement qui régisse la surveillance et la gestion des
ouvrages maritimes. Par défaut, il est parfois fait référence à l'Instruction Technique pour la
Surveillance et l'Entretien des Ouvrages d'Art du 19 octobre 1979. Cependant, cette dernière
soulève des difficultés et ne répond pas de manière satisfaisante aux préoccupations des
gestionnaires d'infrastructures maritimes :
variété et complexité des structures,
lourdeur du caractère systématique des inspections détaillées,
non prise en compte des diverses utilisations des ouvrages et des enjeux (économique,
écologique, touristique, architectural, etc…),
accessibilité aux ouvrages.
La méthodologie retenue pour la surveillance et la gestion des ouvrages maritimes doit tenir compte
de ces spécificités et permettre au gestionnaire de :
traiter immédiatement les problèmes de sécurité,
accéder à une vue d'ensemble du parc des ouvrages et de son état,
prévoir, programmer les inspections détaillées, les investigations, les actions curatives et
préventives et aider à programmer les dépenses pluriannuelles de gestion du parc.
Il est donc fortement recommander au gestionnaire d'organiser la surveillance de son patrimoine
d'ouvrages.
Les paragraphes suivants présentent succinctement les principes de la surveillance d'un nombre
quelconque d'ouvrages maritimes.

6.2.2 Dossier d'ouvrage


Il est indispensable, pour une bonne gestion, de disposer d'un dossier d'ouvrage complet qui
comprenne trois sous-dossiers :
un sous-dossier concernant la conception, la construction et l'histoire de l'ouvrage,
un autre concernant l'état de référence de l'ouvrage,
un dernier concernant la vie de l'ouvrage.

Le lecteur trouvera plus de renseignements sur le contenu d'un dossier d'ouvrage maritime dans la
fiche d'information n° 2 du Club Ouvrages Maritimes sur le site internet du CETMEF.

L'obligation pour le Maître d'ouvrage de recourir à un coordonnateur SPS permet de disposer du


Dossier d'Intervention Ultérieur sur l'Ouvrage (DIUO) qui est la base du dossier d'ouvrage.

Centre Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 101


Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 6 – Gestion des ouvrages

Il appartient au maître d'œuvre de faire compléter le DIUO pour obtenir un dossier d'ouvrage
complet.

6.2.3 Surveillance continue de l'ouvrage


D'une manière générale, elle vise à faire en sorte que, toute personne liée, de prêt ou de loin, à la
gestion de l'ouvrage qui constate de façon flagrante une anomalie, la fasse connaître à la personne
identifiée comme étant le gestionnaire de l'ouvrage. Elle s'appuie entre autre sur des visites
d'évaluation des ouvrages.

6.2.4 Visites d'évaluation.


L'évaluation des ouvrages doit être périodique. La périodicité est définie par le gestionnaire, elle
doit dépendre de la cinétique prévisible de dégradation des ouvrages. Pour le suivi du génie civil,
une périodicité comprise entre trois et cinq ans semble adaptée. En revanche, pour les éléments
contribuant à la sécurité des usagers et à la bonne exploitation des ouvrages (échelles d'accès,
bouées de sauvetage, défenses d'accostage, état des terre-pleins, etc…), la périodicité de
surveillance devra être réduite : par exemple entre un mois et un an.
Ces visites d'évaluation, menées par du personnel ayant reçu une formation adéquate doivent donc
permettre de :
déceler toute évolution anormale de désordres mentionnés dans les rapports des visites
précédentes,
constater la présence de désordres non décelées lors des visites précédentes,
identifier toute situation pouvant compromettre la bonne exploitation des ouvrages et la
sécurité des différents usagers (navigateurs, plaisanciers, touristes, exploitants, agents
d'intervention),
définir des actions afin de traiter les problèmes rencontrés.
Ces visites doivent permettre d'accéder à toutes les parties d'ouvrage. Elles peuvent donc nécessiter
l'utilisation de moyens d'accès particuliers : embarcation, plongeurs, etc… Les visites d'évaluation
donnent lieu à la rédaction d'un rapport.

Des visites d'évaluations peuvent être organisées à différentes étapes de la vie de l'ouvrage :
à la fin de la construction, elles permettent de :
- établir un point zéro de l'état de l'ouvrage (état de référence),
- constater les éventuelles imperfections ou défauts,
- et surtout d'initier la surveillance,
à la suite de travaux importants réalisés sur la structure (modification, renforcement, etc…),
à la suite d'évènements exceptionnels : tempête, choc d'un navire, etc…).

6.2.5 Inspections détaillées


Les inspections détaillées sont des visites faites par des spécialistes du domaine qui permettent
d'établir un état des lieux complet de l'ouvrage à un moment donné de sa vie. Elles peuvent être
déclenchées ou initiées suite aux conclusions des visites d'évaluation. A cette occasion, tous les
moyens sont mis en œuvre afin d'effectuer une inspection exhaustive de l'ouvrage.
Les inspections détaillées peuvent déclencher à leur tour différentes actions:
diagnostic complémentaire,
investigations,
recalcul, etc…

Centre Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 102


Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 6 – Gestion des ouvrages

6.3 SUIVI DES PARAMETRES DE DURABILITE DU BETON

6.3.1 Généralités
Dans le cadre de la surveillance, le gestionnaire devra définir une « stratégie » de suivi de ses
ouvrages. Cette stratégie doit être mise en œuvre dès la construction de l’ouvrage.
Le présent paragraphe aborde la surveillance des ouvrages en béton sur la base de l’approche
performantielle évoquée au paragraphe 3.5. Il s’agit de la surveillance du béton armé vis-à-vis de la
corrosion des armatures et de l’alcali-réaction.
Le lecteur se reportera au paragraphe 3.5 pour la définition des notions d’indicateur de durabilité et
de témoin de durée de vie.
Un certain nombre d’outils permettent, tout au long de la vie de l’ouvrage, d’évaluer la durabilité
résiduelle du béton. La connaissance de la cinétique des phénomènes d'altération permet d’anticiper
les dégradations du matériau et donc de programmer l’entretien et les réparations nécessaires à la
pérennité de l'ouvrage.
Ces outils d’aide à la décision présentent un grand intérêt pour les gestionnaires d’ouvrages
portuaires qui doivent organiser et optimiser les opérations d’entretien de leurs ouvrages
(contraintes d’accès, difficultés d’interventions, coûts élevés, etc…)

La méthodologie présentée ci-après s'appuie sur le suivi des paramètres de durabilité. Elle est basée
sur des essais in situ ou sur des échantillons, associés à des modèles de calcul prédictifs.

6.3.2 Méthodologie
Le suivi des paramètres de durabilité est réalisé sur la base de mesures effectuées avec une
fréquence comprise entre 5 et 10 ans. Cette périodicité est à adapter à l’environnement de l’ouvrage
et à son poids stratégique.
Le suivi consiste en des mesures sur prélèvements et des mesures non destructives sur l’ouvrage.
Il doit être mis en place dès la construction de l’ouvrage. A ce titre, il est fortement conseillé de
réaliser un « point zéro de durabilité » à la fin de la construction de l’ouvrage. La caractérisation de
l’état initial du béton armé est fondamentale.

6.3.2.1 Mesures sur prélèvements

6.3.2.1.1 Indicateurs de durabilité


Les indicateurs de durabilité sont la porosité accessible à l’eau, le coefficient de diffusion apparent
des chlorures et la perméabilité.
Ces mesures permettront de calibrer les modèles de prédiction de durée de vie.

Dispositif de migration des ions chlorure en régime non stationnaire du LCPC

Centre Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 103


Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 6 – Gestion des ouvrages

6.3.2.1.2 Témoins de durabilité


Les témoins de durabilité sont :
• pour la corrosion des armatures : la profondeur de carbonatation et la pénétration des
chlorures par exemple,

Evaluation de la présence
de chlorures « libres » par
calorimétrie

Evaluation de la
profondeur de
carbonatation par
indicateur coloré

• pour l’alcali-réaction : la courbe d’expansion résiduelle par exemple.

Mesure extensométrique Courbes d’expansion résiduelle


sur éprouvette de béton

6.3.2.2 Contrôles non destructifs


Ces contrôles ont pour objectifs de quantifier les désordres et d’estimer leur vitesse moyenne
d’évolution.

6.3.2.2.1 Evaluation de l’état de corrosion des armatures

Potentiel d’armature :

Le principe de la méthode est basée sur la mesure d’un potentiel. Ce potentiel se mesure par la
différence de tension entre une armature et une électrode de référence (CuSO4). Cette différence
de potentiel dépend de l’état de corrosion de l’armature dans le béton.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 6 – Gestion des ouvrages

Matériel de mesure de Exemple de


potentiel d’armature cartographie des
potentiels

Vitesse de corrosion :

Les mesures de densité de courant instantané de corrosion donnent des informations


quantitatives sur la vitesse de corrosion des armatures.

Résistivité du béton :

Cette donnée caractérise l’aptitude du béton d’enrobage à conduire le courant et donc sa


capacité à protéger les armatures de la corrosion.
Perméabilité de surface :

Elle caractérise l’aptitude du béton de parement à réagir aux variations climatiques du site.

Perméabilimètre
BTCRIS

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 6 – Gestion des ouvrages

6.3.2.2.2 Evaluation de l’alcali-réaction


Gonflement structurel in situ :

Le gonflement structurel in situ est mesuré par distancemétrie par exemple.

Indice de fissuration :

L’ensemble de ces mesures doit être couplé avec des mesures d’enrobage des armatures (mesures
ponctuelles associées à des relevés statistiques permettant d’obtenir une distribution des enrobages).
Ces mesures sont réalisées avec différents types de matériel : pachomètre, Ferroscan, radar.

6.3.2.3 Plan d’investigations


La localisation, la répartition et la nature des différents essais sont définis au préalable et
constituent le plan d’investigations. Ce dernier doit tenir compte :
des différentes expositions du béton :
- zone de marnage,
- zone exposée aux embruns,
- zone immergée,
du fonctionnement mécanique de la structure :
- structure massive,
- structure de type dalle sur poutre,
- pieux,
- voile, etc…
de la nature du béton :
- béton armé,
- béton non armé,
- béton précontraint.
Pour la mise en œuvre des mesures non destructives, des zones significatives et représentatives
devront être définies.
Pour la méthodologie d’investigation des ouvrages susceptibles de présenter des pathologies de
type alcali-réaction ou réaction sulfatique interne, le lecteur pourra s’appuyer sur le guide technique
« Aide à la gestion des ouvrages atteints de réactions de gonflement interne ».

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 7 - Application

7. APPLICATION
Le lecteur trouvera en annexe cinq fiches qui traitent de la définition des bétons pour les types
d'ouvrage suivants :
quai sur pieux,
quai en blocs préfabriqués,
quai en blocs coulés en place,
quai en paroi moulée,
quai en caissons préfabriqués.
Elles sont divisées en trois parties :
une coupe schématique de l'ouvrage qui situe ses différentes parties et les secteurs
d'exposition,
le tableau de spécifications des bétons qui synthétise par partie d'ouvrage les spécifications
essentielles à intégrer au cahier des clauses techniques particulières,
des recommandations pour la mise en œuvre du béton.

Les spécifications concernent les points suivants.

Les classes d'exposition et de chlorures :

Elles sont données pour le cas général. Il est nécessaire de se référer à l'article 3.3.4 du guide pour
les zones climatiques particulières, les eaux particulièrements polluées ou des stockages de produits
spéciaux qui seraient en contact avec le béton.

Les classes de résistance :

Ce sont les classes minimum nécessaires par rapport à la durabilité de l'ouvrage. Il peut être
nécessaire de les augmenter pour des raisons de calcul de la structure.

Teneur minimum en liant équivalent :

Il s'agit de la quantité minimale de liant équivalent nécessaire pour un Dmax de 20 mm. Cette
exigence vient soit de la norme NF EN 206-1, soit du fascicule 65, soit du fascicule de
documentation FD P 18-011.

Nature du ciment :

Il convient de se référer à l'article 1.4.1 du guide. Le cas échéant, il peut être utile de prescrire un
type de ciment particulier.

Caractéristiques complémentaires du ciment :

Il convient de se référer à l'article 1.4.1 du guide. Le ciment doit toujours être PM dans notre cas,
voire ES pour les travaux en eaux à haute teneur en sulfates, CP1 pour les ouvrages précontraints
par post-tension, et CP2 pour les ouvrages précontraints par pré-tension.

Eefficace/Léquivalent :

Il convient de se référer à l'article 3.3.6 du guide. Ce rapport est exigé par la norme NF EN 206-1
ou le fascicule 65A.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime Chapitre 7 - Application

Caractéristiques complémentaires du béton :

Il convient de se référer aux articles 3.3.1 et 3.3.7 du guide. Il s'agit d'exigences en terme de qualité
de parement (EQP), de dispositions par rapport à la prévention des désordres liés à l'alcali-réaction
(RAG), de retrait (LRE), ou de limitation de la chaleur d'hydratation (LCH)

Ces fiches traitent du cas des ouvrages qui sont coulés en place et du cas de la préfabrication
partielle ou complète de l’ouvrage.

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Guide d’utilisation du béton en site maritime

ANNEXES

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Guide d’utilisation du béton en site maritime

ANNEXE 1

Bibliographie

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Guide d’utilisation du béton en site maritime

Textes de référence

[1] BOGUE R.H., La chimie du ciment portland, Éd. Eyrolles (Paris).


[2] Les bétons : bases et données pour leur formulation, sous la direction de BARON J. et
OLLIVIER J.-P., Éd. Eyrolles, 1996.
[3] Ingénierie du matériau béton, Stage ENPC – 1993.
[4] SEDRAN T., DE LARRARD F., « RENÉ-LCPC : Un logiciel pour optimiser la granularité
des matériaux de génie civil », Bulletin de liaison des Laboratoires des Ponts et Chaussées,
n° 194, décembre 1994, pp. 87-93.
[5] La nouvelle méthode des coulis de l’AFREM pour la formulation des bétons à hautes
performances, Bulletin des Laboratoires des Ponts et Chaussées, n° 202, pp. 61-69.
[6] DE LARRARD F. et al., Le nouveau rhéomètre BTRHEOM pour les bétons très plastiques à
fluides, Annales de l’ITBTP, décembre 1994.
[7] Essais de granulats. Détermination des alcalins solubles dans l’eau de chaux. Méthode d’essai
LPC n° 37.
[8] RASHEEDUZZAFAR, AL-GATHANI A.S., AL-SAADOUN, Influence of construction
practices on concrete durability, ACI Materials Journal, 1989, 86, 6, pp. 566-575.
[9] Guide technique. Mise en œuvre des plans d’assurance de la qualité. Guide pour les
entrepreneurs et les maîtres d’œuvre, SETRA, décembre 1991.
[10] HU C., Rhéologie des bétons fluides, Études et Recherches des Laboratoires des Ponts et
Chaussées, OA 16.
[11] FÉRET R., Sur la compacité des mortiers hydrauliques, Annales des Ponts et Chaussées,
Série 7, Volume 4, pp. 5-164, 1892.
[12] NEVILLE A. M., Properties of concrete, Ed. Pitman, 1973.
[13] GRANGER L., Comportement différé du béton dans les enceintes de centrales nucléaires –
Analyse et modélisation, Série ouvrages d’art n° 21, Laboratoire Central des Ponts et
Chaussées, 1996.
[14] HUET C., ACKER P., BARON J., Fluage et autres effets rhéologiques du béton, Le Béton
Hydraulique, Presses de l’ENPC, 1982, pp. 335-364.
[15] BARON J., La nécessité d’une démarche pragmatique : l’idée de maniabilité et sa mise en
pratique, Le Béton Hydraulique, Presses de l’ENPC, 1982, pp. 131-142.
[16] CHARONNAT Y., La fabrication et la mise en œuvre – Les contrôles, Le Béton Hydraulique,
Presses de l’ENPC, 1982, pp. 161-187.
[17] BOURNAZEL J.-P., BHP : Propriétés, Performances, Formulation, Journée Régionale
d’Informations BHP 2000, 1998.
[18] BUIL M., OLIVIER J.-P., Conception des bétons : la structure poreuse, La durabilité des
bétons, Presses de l’ENPC.
[19] VERBERK G.J., HELMUTH R.H., Structures and physical properties of cement paste, Proc.
5th International Symposium on the Chemistry of Cement, Tokyo, 1968, 3, 3-1, pp. 1-44.
[20] POWERS T.C., Capillary continuity or discontinuity in cement pastes, Journal of the PCA
Research and Development Laboratories, 1959, 1, 2, pp. 38-48.

Centre Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 111


Guide d’utilisation du béton en site maritime

[21] POWERS T.C., COPELAND L.E., HAYES J.C., MANN H.M., Permeability of Portland
cement paste, J. Amer. Concr. Inst., 1954, 51, 3, pp. 285-298.
[22] FELDMAN R.F., Significance of porosity measurements on blended cement performance, in :
1st Intern. Conf. On the use of fly ash, silica fume, slag and other mineral by-products in
concrete, Montebello, 1983, V.M. Malhotra, Ed., ACI, SP-79, 1, pp. 415-433.
[23] REGOURD M., Chemical durability of concrete, in Contemporary European Concrete
Research, Stockholm, 1981, Swedish Cement and Concrete Research Institute, Ed.,
Stockholm, pp. 121-142.
[24] MEHTA P.K., Concrete : structure, properties and materials, Prentice-Hall Ed., 1986,
pp. 105-169.
[25] Association Technique des Liants Hydrauliques, Le béton exposé aux agressions hivernales,
Documentation Technique n°1, janvier 1989.
[26] LANGLOIS M., Relation entre les caractéristiques des vides d’air et la durabilité des bétons
usuels soumis à de longs cycles de gel-dégel, Thèse, Université Laval, Québec, 1986.
[27] CARLES-GIBERGUES A., PIGEON M., La durabilité des bétons en ambiance hivernale
rigoureuse, La durabilité des bétons, Presse de l’ENPC.
[28] CUSSIGH F., Les bétons auto-plaçants, Un siècle de génie civil – Perspectives d’avenir,
AFGC, Conférence du 12 décembre 2000, pp. 135-147.
[29] Recommandations pour la prévention des désordres dus à l’alcali-réaction, LCPC, juin 1994.
[30] Projet national BHP 2000, Les bétons hautes performances – Guide pratique à l’attention des
architectes et des maîtres d’œuvre, IREX, février 2001.
[31] MILLOTE A., Les réactions alcali-granulats, Un siècle de génie civil – Perspectives d’avenir,
AFGC, Conférence du 12 décembre 2000, pp. 117-122.
[32] SEDRAN T., Les bétons autonivelants (BAN) – Synthèse bibliographique, Bulletin de liaison
des laboratoires des Ponts et Chaussées n° 196, mars-avril 1995, pp. 53-60.
[33] Emploi des ciments à la mer, note technique de M. Bru (Laboratoire régional de Bordeaux),
document ER PM n° 93.04 du CETMEF, septembre 1993, 22 pages.
[34] Constitution des ouvrages portuaires maritimes anciens en maçonnerie et leurs dégradations,
note technique de M. Bru (Laboratoire régional de Bordeaux), document ER PM n° 93.01 du
CETMEF, janvier 1993, 25 pages.
[35] Le béton dans les ouvrages fluviaux, CETMEF-VNF, décembre 1999, 71 pages.
[36] BAROGHEL-BOUNY V., AMMOUCHE A., HORNAIN H., GAWSEWITCH J., Vieillis-
sement des bétons en milieu naturel – Une expérimentation pour le XXIème siècle. II –
Caractérisation microstructurale sur éprouvettes de bétons de résistance comprise entre 25 et
120 MPa, Bulletin des laboratoires des Ponts et Chaussées n° 228, septembre-octobre 2000,
pp. 71-86.
[37] BAROGHEL-BOUNY V., Caractérisation des pâtes de ciment et des bétons. Méthodes,
analyse, interprétations, LCPC, Paris, 1994, 468 pages.
[38] BAROGHEL-BOUNY V., GAWSEWITCH J., Caractérisation de la structure poreuse des
bétons durcis – Objectifs et méthodes, Actes des Journées « Durabilité », 8 et 9 mars 2000,
Bordeaux, Collection Actes des Journées Scientifiques du LCPC, 2001, pp. 11-20.

Centre Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 112


Guide d’utilisation du béton en site maritime

[39] Collection technique CIM béton – Béton armé d’inox - Le choix de la durée T81 – Avril 2004

[40] Collection technique CIM béton – Bétons et ouvrages d’art – La durabilité des bétons,
novembre 2006

[41] BARON J et OLLIVIER J P, La durabilité des bétons, collections de l’ATHIL, Presse de


l’ENPC, 1992

[42] Utilisation du béton précontraint en site aquatique – Eléments de réflexion, , CETMEF,


septembre 2005.

[43] Guide de l’AFGC – Conception des bétons pour une durée de vie donnée des ouvrages- juillet
2004

[44] TOUTLEMONDE F et COIN A – Structures en béton conçues avec l’Eurocode 2 – Note


technique sur les dispositions relatives à l’enrobage pour l’application en France, novembre
2005

[45] CIRIA, CUR, CETMEF, The Rock Manual, The use of the rock in hydraulic engineering,
C683, CIRIA, Londres, 2007

Centre Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 113


Guide d’utilisation du béton en site maritime

ANNEXE 2

REFERENTIEL TECHNIQUE

Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 114


Guide d’utilisation du béton en site maritime

Contexte réglementaire et normatif

Conception et calcul Exécution des ouvrages


Normes de dimensionnement Fascicule 65 A – Exécution des
Eurocodes ouvrages de génie civil en béton
EN 1992-1 Règles générales armé ou précontraint
EN 1992-2 Ponts Fascicule 68 – Exécution des
travaux de fondation des ouvrages
de génie civil

Norme matériau béton


NF EN 206-1
Spécification, performances,
production et conformité

Norme d’essais sur le Norme d’essais sur le Normes constituants


béton frais béton durci Ciments courants NF EN 197-1
NF EN 12350 NF EN 12390 Ciments PM NF P15-317
Ciments ES XP P15-319
Adjuvants NF EN 934-2
Granulats XP P 18-545 NF EN 12620
Essais du béton dans les Qualification des granulats/alcali-réaction FD P 18-542
Essais de performances Eau de gâchage NF EN 1008
structures
d’une formule de béton Cendres volantes NF EN 450
NF EN 12-504
vis-à-vis de l’alcali- Fumées de silice NF EN 13263-1
réaction NF P 18-454
Future
évaluation de la résistance
du béton dans les
Essais de performance gel-
structures
dégel
EN 13791
Ecaillage XP P 18-420

Fascicules de documentation
- Liants hydrauliques – Guide d’utilisation des ciments FD P 15-010
- Béton – Réactivité d’une formule de béton vis-à-vis de l’alcali-réaction
Critères d’interprétation des résultats de l’essai de performance FD P 18-456
- Béton - Surfaces et parements en béton P 18-503
- Béton – Mise en œuvre des bétons de structures P 18-504
- Béton – Classification des environnements agressifs P 18-011
- Granulats – Critères de qualification des granulats naturels pour
béton hydraulique vis-à-vis de l’alcali-réaction FD P 18-542
- Granulats – Guide d’interprétation de la norme XP P 18-540 : FP P 18-940

Guides techniques :
- Maîtrise de l’eau dans le béton hydraulique (CCPC 2001)
- Conception des bétons pour une durée de vie donnée des ouvrages (AFGC – 2004)
- Prévention des désordres dus à l’alcali-réaction – guide pour la rédaction des pièces écrites
des marchés (SETRA – 1996)
- Guide sur la commande et le pilotage des études d’ouvrage d’art (1995)
- La démarche qualité dans les ouvrages d’art courants (SETRA – 1992)
- Les défauts des parements en béton (LCPC)
- Guide sur les pieux forés ( SETRA – 1978)

Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 115


Guide d’utilisation du béton en site maritime

ANNEXE 3

FICHES D’OUVRAGES

Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 116


Guide d’utilisation du béton en site maritime

QUAI CAISSONS
PREFABRIQUES
(sur site)

ZONE A - Aspersion

P.H.E.

ZONE B - Marnage

P.B.E.

ZONE C - Immersion

Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 117


Guide d’utilisation du béton en site maritime

A. Définition du béton

Partie Classes Classe de Teneur Nature Caractéristiques Eeff/ Caractéristiques


d’ouvrage d’exposition résistance minimum du complémentaires Léq complémentaires
et de en liant ciment du ciment du béton
chlorures équivalent
en kg/m3
avec
Dmax=20
mm
Zone A - XC4
aspersion XS3
XA2
XH2
Cl 0,2 RAG
C35/45 385 PM ES 0,45
Zone B - XC4 RSI
marnage XS3
XA2
XH3
Cl 0,2
Zone C - XC1
immergée XS2
PM ES RAG
XA2 C35/45 350 0,45
RSI
XH3
Cl 0,2
Définition XC4
globale XS3
RAG
XA2 C35/45 385 PM ES 0,45
RSI
XH3
Cl 0,2

B. Mise en œuvre

Résistance minimale
à la fin de la Enrobage Stockage
Partie d’ouvrage Contrôles
protection contre la mm manutention
dessiccation
Zone A -aspersion
Contrôles sur les aires de
Zone B - marnage 60 % de la Prévoir des préfabrication
résistance 50* points de Conditions de transport
Zone C- immergée à 28 jours remorquage Inspection détaillée des parois après
remorquage et échouage
Dans le sol
* valeur à affiner en fonction du calcul proposé au paragraphe 3.3.9 du guide

Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 118


Guide d’utilisation du béton en site maritime

QUAI EN BLOCS PREFABRIQUES


(en usine)

ZONE A - aspersion

P.H.E.

ZONE B - marnage

P.B.E.

ZONE C - immersion

Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 119


Guide d’utilisation du béton en site maritime

A. Définition du béton des blocs

Partie Classes Classe de Teneur Nature Caractéristiques Eeff/ Caractéristiques


d’ouvrage d’exposition résistance minimum du complémentaires Léq complémentaires
et de en liant ciment du ciment du béton
chlorures équivalent
en kg/m3
Zone A - XC4
aspersion XS3
XA2
XH2
Cl 0,2 RAG
C40/50 385 PM ES 0,40
Zone B - XC4 RSI
marnage XS3
XA2
XH3
Cl 0,2
Zone C - XC1
immergée XS2
RAG
XA2 C40/50 350 PM ES 0,45
RSI
XH3
Cl 0,2
Définition XC4
globale XS3
RAG
XA2 C40/50 385 PM ES 0,40
RSI
XH3
Cl 0,2

B. Mise en œuvre

Résistance minimale
à la fin de la Enrobage Stockage
Partie d’ouvrage Contrôles
protection contre la mm manutention
dessiccation
Zone A -aspersion Prévoir de
Zone B - marnage 60 % de la points de
Réception des pièces après transport
résistance 50* levage
Zone C- immergée Conditions de stockage
à 28 jours Stockage sur
Dans le sol surface plane

* valeur à affiner en fonction du calcul proposé au paragraphe 3.3.9 du guide

Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 120


Guide d’utilisation du béton en site maritime

QUAI EN BLOCS COULES EN PLACE

ZONE A - aspersion

P.H.E.
Coulé
en
place

ZONE B - marnage

Coulé à la
marée

P.B.E.

ZONE C - immersion Béton immergé

Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 121


Guide d’utilisation du béton en site maritime

Définition du béton

Partie Classes Classe de Teneur Nature Caractéristiques Eeff/ Caractéristiques


d’ouvrage d’exposition résistance minimum du complémentaires Léq complémentaires
et de en liant ciment du ciment du béton
chlorures équivalent
en kg/m3
avec
Dmax=20
mm
Zone A - XC4
aspersion XS3
XA2
XH2
Cl 0,2 RAG
C35/45 385 PM ES 0,45
Zone B - XC4 RSI
marnage XS3
XA2
XH3
Cl 0,2
Zone C - XC1
immergée XS2
PM ES RAG
XA2 C35/45 350 0,45
RSI
XH3
Cl 0,2
Définition XC4
globale XS3
RAG
XA2 C35/45 385 PM ES 0,45
RSI
XH3
Cl 0,2

A. Mise en œuvre

Partie Moyens de mise en


Ouvrabilité enrobage Cure Contrôles
d’ouvrage œuvre
Positions des cages d’armatures
Suivant Consistance du béton
Zone A –
fascicule Etanchéité et stabilité des
aspersion
65A coffrages
Coulage classique serrage
gravitaire + aiguille S2 ou S3 Positions des cages d’armatures
vibrante Consistance du béton
Zone B – Pas Etanchéité et stabilité des
marnage 50* nécessaire coffrages
(non flottable)
serrage
Béton fluide Propreté du fond de fouille
(S4) Positions des cages d’armatures
Tube plongeur
Zone C – BAP Consistance du béton
(pompage ou néant
immergée recommandé Etanchéité et stabilité des
gravité)
pour éviter la coffrages
phase du serrage Pollution départ de laitance
* valeur à affiner en fonction du calcul proposé art 3.3.9 du guide
Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 122
Guide d’utilisation du béton en site maritime

QUAI SUR PIEUX

ZONE
r A - aspersion

P.H.E.

ZONE B - marnage

P.B.E.

ZONE C - immersion

Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 123


Guide d’utilisation du béton en site maritime

PIEUX

ZONE
r A - aspersion

P.H.E.

ZONE B - marnage

P.B.E.

ZONE C - immersion

Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 124


Guide d’utilisation du béton en site maritime

A. Définition du béton

1er cas : coulé en place*

Partie Classes Classe de Teneur Nature Caractéristiques Eeff/ Caractéristiques


d’ouvrage d’exposition résistance minimum du complémentaires Léq complémentaires
et de en liant ciment du ciment du béton
chlorures équivalent
en kg/m3
avec
Dmax=20
mm
Zone A - XC4
aspersion XS3
XH2
Cl 0,2 RAG
C35/45 385 PM ES 0,45
Zone B - XC4 RSI
marnage XS3
XH3
Cl 0,2
Zone C - XC1
immergée XS2 PM ES RAG
XH3 C30/37 330 0,50
RSI
Cl 0,2
Dans le XC1
sol XS2
RAG
XA2 C35/45 350 PM ES 0,50
RSI
XH3
Cl 0,2
Définition XC4
globale XS3
RAG
XA2 C35/45 385 PM ES 0,45
RSI
XH3
Cl 0,2
*Les définitions suivantes sont également valables pour les pieux coulés dans un tube
métallique.

Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 125


Guide d’utilisation du béton en site maritime

2ème cas : préfabriqué en usine

Partie Classes Classe de Teneur Nature Caractéristiques Eeff/ Caractéristiques


d’ouvrage d’exposition résistance minimum du complémentaires Léq complémentaires
et de en liant ciment du ciment du béton
chlorures équivalent
en kg/m3
Zone A - XC4
aspersion XS3
XH2
Cl 0,2 RAG
C40/50 385 PM ES 0,40
Zone B - XC4 RSI
marnage XS3
XH3
Cl 0,2
Zone C - XC1
immergée XS2 RAG
C40/50 330 PM ES 0,45
XH3 RSI
Cl 0,2
Dans le sol XC1
XS2
RAG
XA2 C40/50 385 PM ES 0,45
RSI
XH3
Cl 0,2
Définition XC4
globale XS3
RAG
XA2 C40/50 385 PM ES 0,40
RSI
XH3
Cl 0,2

B. Mise en œuvre

1er cas : coulé en place

Moyens de mise
Partie d’ouvrage Ouvrabilité Enrobage Cure Contrôles
en œuvre
Propreté du fond de fouille
Zone A – aspersion
Béton fluide (S4) Positionnement de la cage
d’armatures
Zone B – marnage Tube plongeur
Ajout d’adjuvants Consistance du béton
(pompage ou 50** Néant
possible Courbe de bétonnage
Zone C – immergée gravité)
(plastifiant, Essais de compression
superplastifiant) Contrôle d’intégrité des
Dans le sol
pieux
** valeur à affiner en fonction du calcul proposé au paragraphe 3.3.9 du guide

Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 126


Guide d’utilisation du béton en site maritime

2ème cas : préfabriqué

Résistance minimale
à la fin de la Stockage
Partie d’ouvrage Enrobage Contrôles
protection contre la manutention
dessiccation
Zone A -aspersion
60 % de la Adaptés*** Contrôles en usine de préfabrication
Zone B - marnage
résistance 50** à la pièce Réception des pièces après transport
Zone C- immergée à 28 jours Conditions de stockage
Dans le sol

*** voir paragraphe 4.2.2 du guide

Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 127


Guide d’utilisation du béton en site maritime

POUTRES

ZONE A - aspersion

P.H.E.

ZONE B - marnage

P.B.E.

ZONE C - immersion

A. Définition du béton
1er cas : coulé en place

Partie Classes Classe de Teneur Nature Caractéristiques Eeff/ Caractéristiques


d’ouvrage d’exposition résistance minimum du complémentaires Léq complémentaires
et de en liant ciment du ciment du béton
chlorures équivalent
en kg/m3
avec
Dmax=20
mm
Zone A - XC4
Aspersion XS3
XH2
Cl 0,2 RAG
C35/45 385 PM ES 0,45
Zone B - XC4 RSI
Marnage XS3
XH3
Cl 0,2
Définition XC4
globale XS3 RAG
C35/45 385 PM ES 0,45
XH3 RSI
Cl 0,2

Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 128


Guide d’utilisation du béton en site maritime

2ème cas : préfabriqué en usine

Partie Classes Classe de Teneur Nature Caractéristiques Eeff/ Caractéristiques


d’ouvrage d’exposition résistance minimum du complémentaires Léq complémentaires
et de en liant ciment du ciment du béton
chlorures équivalent
en kg/m3
Zone A - XC4
aspersion XS3
XH2
Cl 0,2 RAG
C40/50 385 PM ES 0,40
Zone B - XC4 RSI
marnage XS3
XH3
Cl 0,2
Définition XC4
globale XS3 RAG
C40/50 385 PM ES 0,40
XH3 RSI
Cl 0,2

B. Mise en œuvre

1er cas : coulé en place

Moyens de
Partie d’ouvrage mise en Ouvrabilité Enrobage Cure Contrôles
œuvre
Zone A – Suivant densité
aspersion du ferraillage et
Application Positionnement de la cage
pompe ou non
d’un d’armatures
pompage ou 50**
produit de Consistance du béton
gravité Ajout d’adjuvants
Zone B - marnage cure Essais de compression
possible (plastifiant,
Parements
superplastifiant)
** valeur à affiner en fonction du calcul proposé au paragraphe 3.3.9 du guide

2ième cas : préfabriqué

Résistance
minimale
à la fin de la Stockage
Partie d’ouvrage Enrobage Contrôles
protection manutention
contre la
dessiccation
Zone A–aspersion 60 % de la Adaptés*** Contrôles en usine de préfabrication
résistance 50** à la pièce Réception des pièces après transport
Zone B - marnage
à 28 jours Conditions de stockage

*** voir paragraphe 4.2.2 du guide

Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 129


Guide d’utilisation du béton en site maritime

DALLES

ZONE A - aspersion

P.H.E.

ZONE B - marnage

P.B.E.

ZONE C - immersion

A. Définition du béton

1er cas : coulé en place

Partie Classes Classe de Teneur Nature Caractéristiques Eeff/ Caractéristiques


d’ouvrage d’exposition résistance minimum du complémentaires Léq complémentaires
et de en liant ciment du ciment du béton
chlorures équivalent
en kg/m3
avec
Dmax=20
mm
Zone A - XC4
aspersion XS3
XH2
Cl 0,2 RAG
C35/45 385 PM ES 0,45
Zone B - XC4 RSI
marnage XS3
XH3
Cl 0,2
Définition XC4
globale XS3 RAG
C35/45 385 PM ES 0,45
XH3 RSI
Cl 0,2

Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 130


Guide d’utilisation du béton en site maritime

2ème cas : préfabriqué en usine

Partie Classes Classe de Teneur Nature Caractéristiques Eeff/ Caractéristiques


d’ouvrage d’exposition résistance minimum du complémentaires Léq complémentaires
et de en liant ciment du ciment du béton
chlorures équivalent
en kg/m3
Zone A - XC4
aspersion XS3
XH2
Cl 0,2 RAG
C40/50 385 PM ES 0,40
Zone B - XC4 RSI
marnage XS3
XH3
Cl 0,2
Définition XC4
globale XS3 RAG
C40/50 385 PM ES 0,40
XH3 RSI
Cl 0,2

B. Mise en œuvre

1er cas : coulé en place

Moyens de
Partie d’ouvrage mise en Ouvrabilité Enrobage Cure Contrôles
œuvre
Suivant densité
Zone A – du ferraillage et
aspersion pompe ou non
Application Positionnement de la cage
d’un d’armatures
pompage ou 50**
produit de Consistance du béton
gravité Ajout d’adjuvants
Zone B - cure Essais de compression
possible
marnage Parements
(plastifiant,
superplastifiant)

** valeur à affiner en fonction du calcul proposé au paragraphe 3.3.9 du guide

2ème cas : préfabriqué

Résistance minimale
à la fin de la Stockage
Partie d’ouvrage Enrobage Contrôles
protection contre la manutention
dessiccation
Contrôles en usine de
Zone A – aspersion Adaptés*** préfabrication
60 % de la résistance
50** à la pièce Réception des pièces
à 28 jours
Zone B - marnage après transport
Conditions de stockage
***voir paragraphe 4.2.2 du guide

Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 131


Guide d’utilisation du béton en site maritime

PAROI MOULEE

ZONE A -

P.H.E.

ZONE B -

P.B.E.

ZONE C -

Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 132


Guide d’utilisation du béton en site maritime

A. Définition du béton de la paroi moulée

Partie Classes Classe de Teneur Nature Caractéristiques Eeff/ Caractéristiques


d’ouvrage d’exposition résistance minimum du complémentaires Léq complémentaires
et de en liant ciment du ciment du béton
chlorures équivalent
en kg/m3
avec
Dmax=20
mm
Zone A - XC4
aspersion XS3
XA2
XH2
Cl 0,2 RAG
C35/45 385 PM ES 0,45
Zone B - XC4 RSI
marnage XS3
XA2
XH3
Cl 0,2
Zone C - XC1
immergée XS2
PM ES RAG
XA2 C35/45 350 0,45
RSI
XH3
Cl 0,2
Définition XC4
globale XS3
RAG
XA2 C35/45 385 PM ES 0,45
RSI
XH3
Cl 0,2

B. Mise en œuvre

Moyens de mise
Partie d’ouvrage Ouvrabilité enrobage cure Contrôles
en œuvre
Zone A – aspersion Propreté du fond de fouille
Béton fluide (S4)
Positionnement de la cage
Zone B – marnage Tube plongeur d’armatures
Ajout d’adjuvants
(pompage ou 70 mini* néant Consistance du béton
possible
Zone C – immergée gravité) Courbe de bétonnage
(plastifiant,
Essais de compression
superplastifiant)
Dans le sol Auscultation sonique
* valeur à affiner en fonction du calcul proposé au paragraphe 3.3.9 du guide

Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Page 133


Couverture crédit photo(s) Port de Dieppe - Digue caisson « type Jarlan » - mai 2005
Port Autonome du Havre - Paroi moulée Port 2000
Port de Calais - Réparation jetée ouest
LRPC Saint-Brieuc - Quai sur pieux

Conception graphique E.R.A. Saint-Brieuc

Mise en page Jean-Marc CARLIER/CETMEF/DPMVN/BT

Impression Gérard CORPITA et Fernande GUTH/BMG/CETMEF


Siège
2 Bd Gambetta
BP 60039
60321 Compiègne cedex
Téléphone :
03 44 92 60 00
Courriel :
cetmef@
developpement-durable.
gouv.fr

www.cetmef.developpement-durable.gouv.fr

ISBN 978-2-11-097987-2

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