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De la barque à la planche, de la planche

au béton : changements et adaptations


liés au tourisme à Taghazout
(littoral Atlantique, Maroc)
Mohamed Berriane et Bernard Moizo

Dans le cadre des activités de recherche en partenariat, entre des


équipes françaises et marocaines, menées au sein du LMI MediTer (1 et 2)
et du programme de l’ANR MedInnLocal, le littoral Atlantique marocain a
été retenu comme un site d’intérêt pour le groupe travaillant sur le tourisme.
Dans la zone autour de Taghazout, identifiée dès 2011, plusieurs missions de
terrains, individuelles et collectives, donnant lieux à des enquêtes pluridis-
ciplinaires se sont déroulées entre 2013 et 2017 sur diverses thématiques en
liaison avec le tourisme balnéaire, rural, de niche et plus globalement sur les
dynamiques et changements en cours.
Les données collectées ont permis d’identifier un certain nombre de
phénomènes, des ajustements, des stratégies, dont certaines sont éphémères
et particulièrement difficiles à caractériser alors que d’autres semblent plus
pérennes. Du fait que les changements dans la zone sont toujours en cours,
et ce pour plusieurs années sans doute, et que les recherches elles aussi conti-
nuent au fil des aménagements du littoral, des nouvelles infrastructures et
des initiatives locales, ou nationales en réponse à ces évolutions, les premiers
résultats présentés, commentés et analysés dans ce chapitre ne constituent
nullement un point de vue final et définitif sur ces travaux. Ils doivent être
pris comme un éclairage à un moment donné sur une situation en évolution
constante. Ce chapitre est de ce fait beaucoup plus descriptif qu’analytique
mais il s’insère dans une dynamique de recherche collective qui a déjà donné
lieu à de nombreuses publications (Senil et al. 2014 ; Berriane 2014 ; Berriane
et Michon 2016).
214 Les mondes du surf

Le processus de changement qui est à l’œuvre autour de Taghazout,


dans une localité du littoral marocain, située à 23 km au nord d’Agadir, s’ac-
compagne de logiques collectives d’adaptation et de réajustements assumés ou
contraints, sur fond de récession et de déclassement d’une activité de pêche
à laquelle est venue se substituer une activité de surf vecteur de nouveauté
culturelle et économique. Pour autant, cette mutation touristique se poursuit.
Elle est traversée par des intérêts contradictoires, voire antagonistes, portés
par de nouveaux opérateurs motivés par des projets immobiliers en rupture
avec les habitudes de vie. Elle illustre un intéressant processus d’appropriation
par les populations locales, notamment les jeunes, d’une activité de tourisme
sportif venue d’ailleurs. Cela se traduit, entre autres, par une nouvelle culture
marquée par l’adhésion à des comportements nouveaux et une forte sensibilité
aux questions environnementales, mais aussi par de vraies capacités par les
locaux de prise en main de leur développement.
Les différentes missions de terrain qui nourrissent l’analyse qui suit
ont été effectuées dans le cadre d’un laboratoire mixte international (LMI
MediTer). Composé de chercheurs marocains et français, durant son premier
mandat, ce MediTer a mené des recherches collectives autour du concept de
terroir et des conditions de sa transposition au Maroc. À partir de 2013, ce
collectif s’est appuyé sur un financement obtenu auprès de l’Agence nationale
de la recherche en France (ANR), pour un projet de recherche en partena-
riat intitulé MedInnLocal (2013-2017) : « Innovations autour des spécificités
locales dans les arrière-pays méditerranéens » et qui a réuni aussi des parte-
naires de l’Inra-France, de l’Université de Grenoble, de Corte et de l’Uni-
versité de La Manouba en Tunisie. Ce projet s’est intéressé aux spécificités
locales (alimentaires, artisanales et culturelles) des patrimoines agricoles et
ruraux pour le développement des territoires défavorisés. Il a analysé, dans
le sud de la France, au Maroc et en Tunisie, les conditions de réussite de
dispositifs de valorisation, dont le tourisme. Ce dernier a fait l’objet d’un axe
de recherche qui, analysant les possibilités de valorisation des arrière-pays
par le tourisme, s’interroge sur le rôle des politiques publiques dans cette
valorisation, sur celui les dynamiques qu’induit l’arrivée d’acteurs extérieurs
ou étrangers, sur les processus de patrimonialisation qui accompagnent ce
développement du tourisme pour aboutir au questionnement essentiel sur
le développement territorial en choisissant de focaliser cette réflexion sur les
articulations entre arrière-pays et littoral. Les résultats de recherches dont on
rend compte ici s’insèrent dans ce thème d’articulation entre littoral et arrière-
pays, les pêcheurs dont il est question ayant été d’abord des paysans-pêcheurs
originaires de l’arrière-pays.
De la barque à la planche, de la planche au béton… 215

Un village de pêcheurs : des barques et des chalutiers


Taghazout, était à l’origine un village créé par des paysans-pêcheurs
qui y descendaient de façon saisonnière depuis leurs terroirs et villages mon-
tagnards du Haut Atlas occidental. Vivant d’une agriculture et d’un élevage
sédentaire en conditions difficiles, ces paysans se déplaçaient vers le littoral
pendant les saisons de la pêche à la recherche de complément que fournis-
sait une mer poissonneuse. Ils ont construit quelques baraques qui servaient
d’hébergements saisonniers et de lieux de stockage et qui ont donné naissance
au noyau initial du village actuel. Celui-ci, doté d’une très belle plage, a été
« découvert » et fréquenté dès la fin des années 1960 lorsque la vague du
tourisme balnéaire est arrivée au Maroc. Mais, alors que sur les rivages de
la Méditerranée et sur ceux de la baie d’Agadir voisine, le Maroc rentrait de
pleins pieds dans le tourisme de masse basé sur la plage, les voyages en groupes
et de grands établissements hôteliers, le nord de la baie d’Agadir (Taghazout)
et le sud (Mirleft) ont été longtemps fréquentés, par des touristes individuels
préférant le camping sauvage aux stations aménagées et équipées (Berriane,
1978, 1993). Et comme beaucoup d’autres sites balnéaires qui étaient fréquen-
tés à partir des années 1990 (Mirleft, Sid Ifni, Essouira), Taghazout a accueilli
aussi divers groupes de population étrangère comme les « hippies » et d’autres
liées à la « pop culture » qui fréquentaient assidûment le littoral marocain.
La « découverte » de cette partie du littoral atlantique remonte donc aux
années 1970 où même des personnalités très en vue comme Jimmy Hendrix
et d’autres y venaient régulièrement.
Dès le début de cette dynamique, alors que le littoral était délaissé par
la population marocaine hormis les pêcheurs, la pratique du surf s’est implan-
tée comme une des activités favorites des étrangers1, mais seulement pour
des adeptes de la discipline et pratiquants chevronnés, comme une forme de
tourisme de découverte et alternatif qui correspondait à une façon de vivre,
d’être et de se relier aux autres et à l’élément marin. Parmi ces primo touristes,
souvent à l’origine du succès d’une destination qu’ils délaissent dès qu’elle est
trop connue, il y avait une majorité d’Anglo-saxons. Cependant, Taghazout
ne constituait pas une destination unique mais plutôt une étape, pour ces
groupes qui s’adonnaient au camping sauvage ou sur la plage, qui étaient
parfois, mais rarement, accueilli chez l’habitant et dont l’activité était carac-
térisée par une forte mobilité ; ne restant que quelques jours dans un même

1. Le surf est pratiqué depuis longtemps au Maroc. Il a été introduit initialement plus au nord
sur le littoral Atlantique à la plage des Nations dans les environs de Kénitra, proche d’une
ancienne base militaire américaine dont les soldats ont été les premiers à le pratiquer. Mais
son futur en tant qu’activité touristique rémunératrice est encore tributaire de nombreux
paramètres et sujet à des interrogations (Guibert, 2008).
216 Les mondes du surf

lieu et se regroupant en des endroits plus populaires pour des fêtes ou des
concerts improvisés.
Dans leur grande majorité les villageois de Taghazout sont pêcheurs
ou l’étaient et l’activité principale était la pêche côtière journalière en barque.
Certains étaient agriculteurs ou éleveurs sur des zones un peu en retrait du
littoral et d’autres travaillaient dans les conserveries de sardine, au port ou
dans les administrations locales, régionales ou nationales proches (Agadir).
Quelques familles étaient impliquées, via des emplois secondaires (matelot,
journalier, manœuvre), dans des flottilles de chalutiers. Dans le port d’Agadir,
il en existe 2 types : une pêche côtière avec des petites barques ou des petits
chalutiers et une pêche hauturière avec de grands bâtiments qui sortent en
haute mer pour des campagnes de plusieurs jours dédiées à une pêche péla-
gique (sardines). Globalement, les activités halieutiques se sont maintenues
notamment pour la pêche côtière en barques qui reste dominante dans le vil-
lage, alors que les emplois dans la pêche hauturière semblent avoir diminué ou
ne plus être aussi attractifs pour les jeunes générations de Taghazout que par
le passé. Parallèlement à cette baisse de l’importance du secteur pêche dans
l’économie du village, on note un développement, timide dans un premier
temps, des activités touristiques liées à la pratique du surf, qui par la suite se
sont développées plus rapidement.
Les premières écoles de surf datent des années 1980-1990, elles ont été
créées par des pratiquants, parfois des ex-champions, toujours des Marocains
originaires de la région ; certains détenaient un diplôme de moniteur qu’ils
avaient obtenu grâce à des formations organisées par l’UCPA avec des enca-
drants Français. Assez rapidement, plusieurs familles se sont spécialisées dans
cette forme émergente de tourisme de niche. Certaines sont même devenues
leaders dans le développement de l’activité, en particulier celles originaires
de Thamraght (village voisin de Taghazoute) où de nombreuses écoles se
sont développées, dont certaines perdurent. Petit à petit, le site de Taghazout
devient connu, puis acquiert une certaine notoriété quand il est retenu
pour que s’y déroule une épreuve du circuit du championnat d’Europe ; la
Fédération internationale de surf considère le Maroc comme faisant partie
de la zone Europe. Lors de cette première grande compétition il n’y avait
aucun participant marocain, mais par la suite plusieurs compétiteurs locaux
se sont engagés sur le circuit, suite au développement du surf au Maroc ;
l’un d’entre eux obtenant même le titre de champion d’Europe. Il occupe à
présent des fonctions importantes au sein de la Fédération marocaine de surf.
Concernant le développement touristique en lien avec le surf, on note assez
rapidement chez les jeunes générations un fort engouement pour l’activité qui
apparaît comme la seule alternative à la migration et au chômage d’une part,
aux métiers de la pêche de plus en plus dévalorisés de l’autre. Il est vrai que
De la barque à la planche, de la planche au béton… 217

le surf propose plusieurs emplois annexes : guide, moniteur, réparateur de


planches, mais aussi chauffeur, cuisinier ou « gîteur ».
Tout ne s’est pas passé sans heurts entre les acteurs sociaux favorables
au développement du surf et ceux dont les intérêts résidaient dans d’autres
activités et notamment des projets immobiliers importants. Dans un premier
temps, afin de confiner le surf à une partie de la plage et permettre d’autres
activités sur le littoral, des opérateurs locaux étaient favorables à un projet de
récif artificiel qui aurait été créé en immergeant des blocs de béton. Ce projet
a été abandonné face au mécontentement des surfeurs qui lui reprochaient
de générer une rupture de la houle et d’empêcher la formation des vagues,
vitales pour la pratique de ce sport. L’UCPA, qui a soutenu les surfeurs dans
leur protestation, s’est ensuite retirée après avoir assuré suffisamment de for-
mations de moniteurs pour leur permettre d’ouvrir leurs propres écoles. C’est
dans cette perspective que plusieurs familles, désireuses de développer l’acti-
vité surf, se sont regroupées en association et ont financé la construction d’un
centre dédié au surf. Cette initiative a généré dans un premier temps des
tensions puis des conflits fonciers avec des opérateurs et développeurs qui,
eux, souhaitaient sécuriser l’accès au littoral pour y construire des hôtels. Une
nuit, des hommes de main de ces promoteurs ont même détruit le centre,
faisant planer une lourde menace sur le futur des écoles de surf dans la zone.
Grâce à la rencontre fortuite du roi du Maroc, qui pratiquait le jet ski dans le
secteur avec le frère d’un des initiateurs du centre, une solution fut trouvée.
Le roi s’intéressa à leur initiative, les surfeurs lui firent part de leur projet,
de la destruction du centre et des conflits avec les opérateurs. Il leur donna
officiellement son appui pour le projet et leur obtint un financement d’une
fondation royale pour la reconstruction du centre, alors que dans le même
temps les fautifs étaient condamnés en justice.

La réduction progressive de l’activité de pêche


Nous avons déjà évoqué une baisse des activités halieutiques suite à de
multiples facteurs : réduction des stocks, concurrence croissante des flottes
étrangères, baisse des opportunités d’emplois liée à la réduction des flottes
marocaines, ralentissement des activités dans les conserveries avec des impacts
directs et induits sur de nombreux métiers annexes. Cette crise des métiers
de la pêche a été ressentie dans toute la région avec sans doute des impacts
plus forts dans les villages comme Taghazout. Voyons à présent comment la
station village de Taghazout est passée progressivement d’une activité centrée
sur la barque pour d’autres liées à la planche. Son authenticité et son charme
demeurent et ont un réel potentiel attractif notamment auprès des touristes
européens : « L’actuelle station balnéaire de Taghazout vit principalement grâce
au tourisme lié au surf, mais ses côtes dépourvues d’urbanisation lui confèrent
218 Les mondes du surf

un charme encore sauvage. Le littoral est tout particulièrement apprécié par les
Européens qui établissent un camping sauvage de caravanning avec vue sur la
mer durant les mois les plus froids en Europe » (Lachaud 2014 : 48).

De la barque à la planche de surf


Selon les pêcheurs locaux et leurs familles, au fil des années un ensemble
d’éléments sont apparus tous liés à l’activité pêche qui, en se combinant ou
s’additionnant, lui ont fait perdre une grande partie de son attractivité auprès
des villageois par rapport à celle liée au développement du surf et activités
annexes. En fonction des données collectées à Taghazout, on peut rappeler
certains facteurs sans les hiérarchiser : les rendements en baisse au niveau
des prises du fait de la réduction des stocks mais aussi baisse des revenus ; les
problèmes de disponibilité de main-d’œuvre et de hausse des coûts d’entretien
des bateaux ; la concurrence de plus en plus forte des grosses flottes spécialisés
(sardiniers) au détriment de la petite pêche côtière ; un problème de trans-
mission des techniques et des savoir-faire entre générations pour la pêche en
barque ; et, plus globalement, tout ce qui est associé à l’image du pêcheur qui
la rend moins valorisante que par le passé pour les jeunes générations : métier
difficile, peu rentable, odeur du poisson, image passéiste, etc. Parallèlement à
ce phénomène, le surf, par son image, sa potentielle attractivité touristique et
les nouveautés socio-culturelles qu’il véhicule est venu combler le vide laissé
par la crise halieutique.

Le surf : une image, un style de vie et des activités


diversifiées
Après avoir fait figure de destination alternative pour la pratique du
surf, Taghazout dispose à présent d’une reconnaissance internationale et est
tout à fait identifié sur la carte mondiale du surf, comme un spot particulier et
de renommée internationale, renommée sans doute acquise suite à la venue de
surfeurs de tout premier plan au début des années 2000, et notamment Kelly
Slater, plusieurs fois champion du monde de la discipline (11 titres au total).
Mais cette réputation ne s’est pas faite uniquement sur ce critère car la région
possède des atouts remarquables et particulièrement adaptés au développe-
ment futur de la discipline. En effet, le surf est praticable sur près de 80 km de
côtes le long desquelles plus de 50 spots ont été recensés et permettent de surfer
en toute saison, avec cependant des périodes plus favorables que d’autres, en
fonction des courants, de l’amplitude des marées, de la houle et des condi-
tions climatiques. Ces connaissances relèvent certes d’une bonne notion du
surf et des conditions nécessaires à sa pratique, mais elles s’appuient aussi sur
des savoirs locaux fins sur les conditions du milieu marin, représentations
acquises au fil des générations de pêcheurs locaux, auxquelles appartiennent
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la plupart des accompagnateurs, guides et intervenants dans les écoles de surf.


Il faut ajouter un dernier atout qui explique l’attractivité du lieu : il offre des
sites avec des difficultés croissantes du surfeur débutant au surfeur confirmé,
voire professionnel. Cet atout explique le succès des écoles qui proposent des
stages adaptés à tous les niveaux et donc le développement d’un tourisme
d’apprentissage de ce sport.
Assez rapidement, et en plus des écoles de surf dont la première, Surf
Loisir a été fondée en 1995, se sont constitués des clubs, qui suite à la création
d’une fédération marocaine, dans un premier temps, puis une reconnaissance
internationale par la suite ont pu inscrire leurs membres sur le circuit maro-
cain de compétitions puis européen. « Pratiqué depuis les années 1970 à la
faveur de militaires américains et d’expatriés français autour de Mehdia et
Casablanca, le surf s’est ultérieurement développé dans la région touristique
d’Agadir (Guibert, 2008). L’institutionnalisation de ce sport au Maroc est
un processus plutôt récent – la FRMSB a été créée en 2002, la pratique étant
encore ces dernières années organisée par un réseau peu structuré d’une ving-
taine d’associations » (Guibert et Arab, 2016 : 175).
Mais le surf, certes comme beaucoup de sports mais sans doute plus
encore, c’est aussi un style de vie, une façon d’être, un look, une image asso-
ciée à la liberté de mouvements mais aussi à la protection de l’environne-
ment marin et du littoral ; une école de vie en quelque sorte qui est attractive
pour les jeunes générations de pratiquants mais aussi pour d’autres groupes
investis dans des activités connexes2. Celles-ci sont multiples. Concentrons-
nous ici sur les équipements, à savoir les vêtements adaptés au surf, ou au
« style surfeur », et sur le matériel : les planches. Dans ces deux domaines,
l’ingéniosité et les compétences des acteurs locaux se sont rapidement révélées
en réponse à une demande croissante et aux opportunités. Dans un premier
temps, des vendeurs de plage ou démarchant en ville ou encore dans les res-
taurants locaux proposaient des tee-shirts, shorts et autres vêtements, copies
fabriquées localement de grandes marques américaines ou australiennes. Puis,
assez rapidement et avec l’appui de designers et graffeurs locaux, plusieurs de
ces vendeurs se sont regroupés pour former une association. Ils ont créé un
logo devenu le motif qui symbolise la pratique du surf au Maroc (voir fig. 1)
et ont lancé leur propre marque de vêtements avec une collection complète.
C’est à présent celle qui est la plus vendue dans les boutiques de la station de
Taghazout, elle dispose même d’une commercialisation à l’international via
un site web.

2. Dans ces écoles, le nombre de surfeuses est bien inférieur à celui des pratiquants, même
s’il est plus conséquent que par le passé, être une surfeuse au Maroc relève souvent du défi
(Guibert et Arab, 2016).
220 Les mondes du surf

Fig. 1 - Surf Berbère


Autrefois graffiti, ce motif est à présent le logo de la marque locale de vête-
ments de surf

© B. Moizo, mai 2014.

On trouve une dynamique similaire pour les planches, les premiers


à s’installer furent des réparateurs qui, aux dires des plus anciens d’entre
eux, faisaient initialement plutôt du bricolage que de la réparation fiable. Là
encore, esprit d’initiative, compétences locales et savoir-faire ont fait le reste.
Aujourd’hui les réparateurs sont tout à fait compétents et reconnus. Plusieurs
ont ouvert des boutiques, forment des jeunes et courant 2012 une marque
locale de planches a été lancée et commercialisée. C’est elle qui équipe notam-
ment les écoles de surf ouvertes aux enfants des villages voisins de la station.
Cette marque, tout comme celle de vêtement, a permis de créer des emplois
locaux, de développer des filières et de labelliser la station « Taghazout » grâce
à une appropriation par des locaux d’un domaine qui leur était absolument
étranger et dans lequel à présent ils excellent.

Une activité familiale


Dans la station de Taghazout et les villages voisins du littoral comme
Tamraght, les structures d’accueil locales qui se sont développées en lien avec
le surf comme les gîtes, ryads, chambres d’hôtes et écoles de surf, sont très
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souvent des petites entreprises familiales impliquant la famille proche et par-


fois étendue3. Ces familles vivaient pour la plupart grâce à l’activité pêche
dans le passé et se sont remarquablement adaptées au surf en développant
des réseaux, des compétences et des savoir-faire pour gérer d’une manière
viable leurs établissements respectifs. Schématiquement on recense 3 types
d’activités : des écoles de surf couplées ou non avec des gîtes familiaux, des
chambres d’hôtes ou ryad de luxe marginalement impliqués dans l’activité
surf, et des camping-caristes qui séjournent ou traversent la zone et dont cer-
tains s’adonnent au surf.

Une école de surf


La première école de surf créée, qui s’appelle à présent Surf Dynamic
Loisir, est basée à Anza et affiliée à la Fédération royale marocaine de surf
(FRMSB) et de l’Association des écoles professionnelles du surf du Souss
(AEPSS). Elle est dirigée par un non-Marocain et son épouse, mais le reste
des employés appartiennent à une ou deux familles de la région. Plusieurs
écoles basées à Tamraght sont organisées et fonctionnent d’une manière simi-
laire. Elles ne sont pas nécessairement en concurrence, nous verrons plus loin
pourquoi, et collaborent ponctuellement, toutes sont affiliées à la FRMSB et
regroupées sous l’égide de l’AEPSS afin, notamment, de pouvoir se mobiliser
face à des projets touristiques de grande envergure sur le littoral ou des amé-
nagements présentant un risque potentiel ou réel pour la pratique du surf.
Ces écoles, très nombreuses au début des années 2000, sont le plus sou-
vent structurées autour d’une famille principale qui comprend un surfeur, ou
un ancien pratiquant, et dont plusieurs membres interviennent dans une ou
plusieurs activités. Le local utilisé pour accueillir, loger et nourrir les surfeurs
est le plus souvent loué à l’année, ce qui n’est pas sans poser de problèmes du
fait de la saisonnalité de l’activité. La collaboration entre les écoles est rendue
possible de leur spécialisation linguistique en fonction de la provenance ou de
la langue parlée par les surfeurs. Cela suppose un investissement linguistique
important, une adaptation « culturelle » appropriée selon l’origine des sur-
feurs et un ciblage des activités annexes proposées. Ainsi, une des écoles visi-
tées ne recevait quasiment que des surfeurs en provenance de Russie alors que
dans une autre la clientèle était constituée majoritairement d’Allemands et de
Hollandais. D’une manière générale, la plupart de ces écoles s’adressent à des
néophytes ou débutants surfeurs, les plus aguerris voyagent souvent seuls ou
fréquentent des établissements plus spécialisés. Leur particularité est qu’elles
interviennent localement pour la découverte de la discipline et des formations

3. C’est très souvent le cas dans les expériences de développement du tourisme rural au Maroc
(Berriane et Moizo 2014).
222 Les mondes du surf

auprès des enfants et des jeunes des villages avoisinants, soit gratuitement, soit
pour une somme symbolique. Ce qui a permis la détection de surfeurs de bon
niveau, le soutien de la population locale aux initiatives des écoles de surf, et
évite chez les locaux un sentiment d’exclusion de l’espace plage.
Le fait d’employer des membres de la famille dans les diverses activités
de ces centres écoles permet une meilleure surveillance de la qualité des ser-
vices proposés. Il est aussi générateur de revenus, notamment durant la haute
saison du surf, aux ménages concernés dans des proportions supérieures à
celles que pouvait apporter la pêche.

Fig. 2 - Taghazout Village à Taghazout Village


Locaux, pêcheurs, touristes et surfeurs cohabitent harmonieusement de
longue date.

© B. Moizo, Octobre 2017.

En plus des activités proprement liées au surf, le style de vie associé à


cette discipline prône des comportements respectueux de l’environnement.
Cette sensibilisation et une éducation relatives aux questions de pollution
et de gestion des déchets, en particulier, sont transmises aux enfants et aux
jeunes. Ainsi, quand le temps ne permet pas de surfer, les centres-écoles
organisent, seul ou à plusieurs des circuits associant littoral et arrière-pays,
conjointement avec le Réseau de développement du tourisme rural (RDTR).
Ces circuits sont l’occasion pour les surfeurs de découvrir l’arrière-pays, mais
aussi de ramasser et collecter, en compagnie des enfants et jeunes, les déchets
autour des villages et lieux de promenade dans la vallée des merveilles. En
contrepartie, ces jeunes volontaires sont conviés à passer une journée sur le
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littoral pour s’initier au surf et collecter des déchets sur les plages en com-
pagnie de surfeurs étrangers et de l’encadrement du centre-école. Pour les
dirigeants des centres-écoles, ces activités sont fondamentales et ils tiennent à
les pérenniser, d’une part dans une démarche d’éducation environnementale,
mais aussi pour développer des liens entre surfeurs et population locale, et
d’autre part pour initier dans le cadre touristique des échanges entre arrière-
pays et littoral. Cette articulation fait souvent défaut dans la région et pour-
rait contribuer à renforcer la dynamique émergente autour du tourisme rural
dans la zone.

Un ryad haut de gamme


À Taghazout et dans les villages voisins du littoral ou peu distants de
l’hinterland, il existe des établissements identifiés comme chambre d’hôtes ou
ryad, d’un standing bien supérieur à celui proposé dans les centres-écoles qui
entretiennent avec eux des partenariats. En 2015, un couple maroco-austra-
lien a été rencontré et qui possède un établissement de ce genre à Tamraght.
Bien qu’il soit situé dans les quartiers populaires du village, et qu’il présente
un aspect extérieur qui ne le différencie guère des constructions voisines, le
confort, l’aménagement intérieur et les prestations proposées classent ce ryad
dans la catégorie haut de gamme. Il fonctionne toute l’année avec un fort taux
de remplissage comparé aux autres établissements du secteur. Les proprié-
taires ont une collaboration avec deux centres-écoles de surf afin de répondre
si nécessaire aux souhaits de leurs clients. Leur choix s’est porté sur les centres-
écoles les plus anciennement installés et qui leur semblaient les plus fiables et
les mieux assurés. Ce ryad fait aussi partie du réseau RDTR et, à ce titre, pro-
meut des activités associant littoral et arrière-pays. Les clients qui souhaitent
pratiquer le surf le font à la journée.
Lors de nos entretiens, les propriétaires regrettaient les conditions
d’accueil trop sommaires dans certains centres-écoles, tout comme dans
l’arrière-pays, tout en reconnaissant que le développement du surf leur avait
fait bénéficier d’un surplus de clientèle depuis quelques années. Nous avons
aussi abordé le développement touristique et l’aménagement de la zone avec
notamment le projet de Taghazout Baie qui, en 2015, commençait à se maté-
rialiser. Pour le couple qui possède ce ryad c’était plutôt une bonne chose,
notamment au niveau de l’assainissement (eau, ordures), des services offerts et
contrairement aux propriétaires des centres-écoles de surf, ils n’y voyaient pas
de menace directe pour leur activité mais un complément de potentielles acti-
vités complémentaires (golf, tennis, discothèque) susceptibles d’accroître leur
clientèle. Par contre, ce projet était assez controversé au village de Taghazout
et franchement critiqué par les responsables des centre-écoles de surf.
224 Les mondes du surf

Point de ralliement des camping-caristes


Un autre phénomène, qui a beaucoup d’impact sur le village de
Taghazout, est dû à la présence et aux concentrations de camping-caristes à
certaines périodes de l’année. D’une manière générale, les adeptes de ce moyen
de transport et de logement effectuent des circuits nord-sud et sud-nord lors
de leur séjour au Maroc, circuits qui passent presque tous par Agadir. Un
peu avant l’entrée du village de Taghazout, en venant d’Agadir, il existait
un parking destiné à garer les véhicules des personnes et familles, souvent
marocaines, fréquentant la plage durant la journée. Le stationnement n’est
pas autorisé la nuit et ce parking est interdit aux camping-cars, mais ceux-ci
s’y retrouvent régulièrement et à certaines périodes de l’année, notamment
durant l’hiver, c’est un lieu de rassemblement, voire un rendez-vous impor-
tant et très fréquenté par des touristes venus de toute l’Europe : « Le 17 février
2004, G. Cognard (2005) a ainsi recensé 1 147 camping-cars entre Agadir
et Taghazout dont 739 sur le camping sauvage de Taghazout4. Ils étaient
essentiellement originaires de France (54 %), d’Allemagne (23 %) et d’Italie
(8 %). Le cercle des habitués connaissant la région, se retrouve et constitue des
amorces de sociétés » (Desse, 2010/1 : 63).
Il y a plusieurs raisons à cela, comme nous l’ont relaté certains de ceux
qui fréquentaient assidûment le parking. Il s’agit tout d’abord d’un point de
rencontre entre ceux qui longent le littoral et ceux qui se dirigent vers l’ar-
rière-pays en direction de la vallée de merveilles. Il y a aussi une volonté de se
« démarquer » des camping-caristes qui fréquentent et résident au camping
Atlantica d’Imourane, face à Tamraght, en affirmant une certaine forme de
« liberté », associée au non-respect des interdits et à se rapprocher d’un style de
vie différent, plus libre, plus autonome, un peu comme les surfeurs même si
les contacts entre ces deux groupes sont plutôt épisodiques. Certains surfeurs
voyagent en camping-cars ou plutôt dans des véhicules aménagés pour pou-
voir y dormir, type combi-Volkswagen, mais ils ne stationnent pas dans les
mêmes zones du parking et leurs motivations pour séjourner à Taghazout sont
très différentes. Les camping-caristes, qui à certaines périodes envahissaient
les parkings des grandes surfaces à Agadir ce qui est à présent verbalisé par la
police, entretiennent des relations difficiles avec les autorités locales, la police,
la gendarmerie royale et plus généralement les populations locales. Ceci vient
en grande partie du fait qu’ils ne génèrent que très peu de revenus localement,
même si de nombreux petits métiers se sont développés autour des camping-
caristes et prolifèrent sur les sites de rassemblement, et que leur présence en
trop grand nombre ferait fuir les autres touristes voire les surfeurs. Dès 2015,

4. Ce camping de Tagahzoute très connu par le passé, n’existe plus aujourd’hui car l’espace
qu’il occupait a été intégré au projet de Taghazout Baie.
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alors que le projet de Taghazout Baie n’en était qu’à ses prémices, les camping-
caristes craignaient, à juste titre, que la destination Taghazout ne leur soit
plus accessible du fait du tracé de la future route nationale qui entraînerait la
démolition du parking.

L’ambitieux projet Taghazout Baie


La situation en 2015
Lors des deux premières missions à Taghazout, 2013 puis 2014, on pou-
vait constater que ce projet, prévu de longue date, se matérialisait enfin avec
en premier l’aménagement du golf : un projet dont on parlait déjà localement
en 2011, avec crainte, suspicion et ce sans doute depuis très longtemps. Il fait
partie des six projets prioritaires d’aménagement du littoral dans le cadre du
Plan Azur, qui propose une nouvelle stratégie de gestion du littoral marocain
(Sakhli, 2010). Sa matérialisation n’était plus qu’une question de temps après
de nombreuses années perdues suite à des événements multiples et variés sur
lesquels il serait trop long de revenir ici, mais d’autres travaux de recherche et
des publications en proposent des résumés synthétiques : « Pendant presque
une décennie (de 2001 à 2010), la station Taghazout Baie est restée otage
des aménageurs-développeurs internationaux. Après désistement des socié-
tés Dallah Al Baraka et Colony Capital, les capitaux marocains s’activent
pour prendre la relève. L’assiette foncière du projet est réduite aux termes du
nouveau contrat de concession à 300 hectares, soit la moitié de la superficie
initialement prévue. Le nouveau coefficient d’occupation du sol ne dépasse
pas 9,7 % de manière à préserver la zone de biosphère de l’arganeraie. Au-delà
de ces préoccupations écologiques, la réalité est toute autre. Ainsi, lors des tra-
vaux entamés par Colony Capital sur le site et qui se sont arrêtés par la suite,
on recense 1 600 pieds d’arganier qui sont déracinés au cours des travaux de
terrassement. Ce qui rend encore plus difficile de convaincre la population
locale de l’intérêt d’un tel projet. À ce stade, il s’avère utile de s’interroger sur
les paramètres qui sont pris en compte pour le positionnement de cette station
dans le cadre du plan Azur 2020 » (Benamara et al., 2017 : 2/3).
Lors de la dernière mission effectuée en 2017, une grande partie des
villas et maisons individuelles autour du golf étaient construites et, pour
une grande partie, vendues, et plusieurs projets hôteliers en cours. La situa-
tion relative à 2017 sera abordée plus loin. Dans un premier temps présen-
tons comment les opérateurs locaux et ceux des écoles de surf d’une part,
les pêcheurs et les villageois de Taghazout de l’autre percevaient le projet de
Taghazout Baie en 2015. Déjà de nombreux changements et aménagements
s’étaient matérialisés mais où les plus gros restaient à venir.
226 Les mondes du surf

Opérateurs et écoles de surf


Lors de la première mission de 2011 le projet de Taghazout Baie était
encore flou aux yeux des populations locales et ne s’était pas encore matéria-
lisé. Dès 2013, et surtout en 2015, le démarrage du chantier, les gros travaux
dans tout le secteur puis la finalisation du parcours de Golf et de l’hôtel atte-
nant suscitèrent de nombreuses réactions et interrogations auprès des locaux.
Présentons en une synthèse qui ne prétend pas à l’exhaustivité.
Pour la fréquentation touristique de Taghazout, le projet en cours
n’était pas perçu comme une réelle menace. En effet la plupart des opérateurs
impliqués dans le surf estimaient que les clientèles étaient différentes, tout
comme les circuits et les activités proposés. En fait, ils craignaient surtout
que ce qu’ils appelaient « l’esprit surf du village » soit menacé par le gigan-
tisme de Taghazout Baie. Ils y voyaient aussi une menace environnementale
à différents niveaux (bétonisation, arrosage du golf, trafic routier) et redou-
taient surtout de ne plus avoir d’accès à la mer face au complexe hôtelier
et résidentiel, cet accès devant, selon eux, être privatisé et réservé aux seuls
clients, résidents et propriétaires. Les autres griefs exprimés concernaient la
question de l’inflation foncière, la hausse des loyers et l’augmentation du coût
de la vie du fait d’une fréquentation touristique accrue mais surtout d’un
afflux de touristes ou visiteurs aisés, peu regardant aux dépenses. Enfin, on
redoutait aussi l’augmentation de trafic routier dans un secteur déjà acciden-
togène et un accroissement de la pollution (gaz d’échappement, traitement
des eaux usées, gestion des déchets). Pour tout observateur qui a fréquenté le
village de Taghazout, de telles craintes, même si elles sont en partie fondées,
renvoient à une situation déjà très préoccupante, peu prise en compte par la
municipalité et les autorités locales, qui constitue un frein au développement
du tourisme (dépôts d’ordures sauvages, odeurs, réseau routier saturé, réseau
des eaux usées obsolète). Mais cette propension à blâmer l’extérieur ou la
nouveauté comme générateur de nuisances existant déjà est assez commune et
procède de mécanismes défensifs face à une situation sur laquelle on n’a pas de
prise. La plus sérieuse interrogation concernait le site de « camping » (en fait
le parking) à l’entrée du village : même si les relations entre camping-caristes
et populations locales n’étaient pas toujours très harmonieuses, le parking
représentait néanmoins un afflux saisonnier de clientèles et une source de
revenus supplémentaires dans divers domaines, sa démolition programmée
étant perçue comme une vraie menace à Taghazout.
Cependant, il ne faudrait pas croire que tout ce qui était associé à
Taghazout Baie était nécessairement perçu négativement, bien au contraire. Il
y avait aussi de réelles attentes et des opportunités étaient déjà identifiées, lais-
sant malgré tout de nombreuses questions en suspens. Il paraissait évident que
Taghazout Baie générerait une amélioration des routes et une augmentation
De la barque à la planche, de la planche au béton… 227

des infrastructures sur le littoral mais aussi vers la vallée des merveilles et
au-delà si les engagements pris par les responsables du projet étaient tenus.
On s’attendait aussi à une forte augmentation de la demande des produits de
terroirs (miel, huile d’argan, artisanat) et de ceux produits localement liés au
surf. Les centres-écoles de surf et les opérateurs dans cette activité espéraient
aussi de nouvelles opportunités avec le projet. Mais l’absence de visibilité sur
son ensemble et l’incertitude sur sa finalisation laissaient place aussi à de
nombreux questionnements, principalement du fait que ce projet avait sus-
cité l’engouement par le passé et les maints reports incitaient les populations
locales à la méfiance.

Pêcheurs et villageois
On retrouvait des craintes et des interrogations similaires auprès de
pêcheurs et des villageois, mais exprimées différemment. Selon eux, l’esprit
surf était pleinement compatible avec la vie du village, y compris dans le
domaine religieux. Alors que la mosquée est littéralement encerclée de bou-
tiques de vêtements et matériel de surf, la situation ne semble gêner personne.
Mais, ce qui est surtout notoire c’est l’absence d’appropriation du projet
Taghazout Baie qui n’est pas perçu comme faisant partie de l’espace « maro-
cain » : on le qualifie souvent de projet lié au Golfe ou aux Émirats. Il est vrai
que ce fut le cas à une période où des investisseurs émiratis souhaitaient s’im-
pliquer mais c’est à présent caduc sans que ce changement ne semble avoir été
intégré localement. Ce rejet pourrait s’expliquer par le sentiment d’exclusion
et de marginalisation qui prédomine au sein des villageois et des pêcheurs :
bien que le projet soit limitrophe avec le village, c’est un autre monde et ce
n’est pas le leur. Ce qui est aussi très prégnant c’est le sentiment d’appropria-
tion d’un bien commun, le littoral, par la force et par l’argent. Leurs ancêtres
ont vécu ici, ils s’y sont adaptés et ont mis en valeur le territoire par leur force
de travail, leur savoir-faire et des activités reconnues (pêche). À présent, ils
ont le sentiment que ce sont les riches de la ville qui viennent chez eux pour
les déposséder de l’accès à la mer et, à terme, vont les expulser. Certes ils
admettent qu’il y aurait sans doute des opportunités d’emplois sur les chan-
tiers routiers et de construction dans un premier temps, plus tard dans les
complexes résidentiels, le golf et les hôtels. Mais de nombreuses incertitudes
demeurent car beaucoup d’entre eux n’ont pas les compétences requises, les
capacités linguistiques ou l’expérience suffisante pour occuper d’autres empois
que ceux du bas de l’échelle, peu gratifiants et pour lesquels ils seront en com-
pétition directe avec d’autres villageois.
228 Les mondes du surf

Fig. 3 - Littoral de Taghazout à Tamraght (2012)


et évolution du développement du projet Thaghazout baie, toujours en
cours, et son impact sur le littoral (2019)

© B. Moizo, octobre 2012 en haut, et octobre 2019 en bas.


De la barque à la planche, de la planche au béton… 229

Les évolutions constatées en 2017


Lors de cette mission, de grands et nombreux changements étaient
visibles et notoires : ouverture de la nouvelle route « rocade » qui contourne
le village de Taghazout, la quasi-totalité des programmes de villas en acces-
sion à la vente terminés, le village du surf finalisé et opérationnel, de même
pour le centre de tennis et de golf. Seuls restaient en chantier 3 hôtels, le
centre commercial, le village des pêcheurs et à l’état d’ébauche la maison de
l’artisanat, la coopérative d’huile d’argan. Le tracé exact de la « corniche »
promenade le long du littoral et reliant la plage de surf de Tamraght au village
de Taghazout ne semblait pas être encore finalisé. Les travaux d’aménage-
ment et d’assainissement étaient aussi visibles à Taghazout où de nombreuses
nouvelles constructions et établissements dédiés au tourisme étaient faci-
lement identifiables. Dans ce contexte, où planaient encore inquiétudes et
questionnements, nous avons rencontré de nombreux acteurs pour recueillir
leurs sentiments, leurs craintes, leurs espérances et leurs perceptions de cette
dynamique toujours en cours mais dont l’accélération semble à présent expo-
nentielle. De nombreuses questions relatives à l’impact environnemental de
Taghazout baie restaient en suspens et les villageois et surfeurs n’étaient pas
les seuls à se les poser : « Au-delà de la plus-value économique, la station
Taghazout Baie ne demeure-t-elle pas une forme de greffe pour escamoter
une variante du tourisme de masse implantée dans un espace fragile, dans le
prolongement d’un littoral saturé ? » (Benamara et al., 2017 : 3).
Voici, dans ses grandes lignes, une synthèse de leurs réflexions alors
que les travaux d’enquête et de recherche se poursuivent, tout comme ceux
liés au développement de Taghazout Baie.

Opérateurs et écoles de surf en 2017


Par rapport à 2015, plusieurs écoles de surf avaient fermé, ces ferme-
tures étant consécutives à une forte baisse de la clientèle russe mais dues
aussi au fait que ces écoles louaient leurs locaux d’hébergements des surfeurs.
L’augmentation des loyers associée à la baisse de fréquentation touristique
causée par différents facteurs dont la crainte des attentats, devenait telle que
plusieurs écoles ne pouvaient plus assumer ces coûts récurrents.
Néanmoins les fermetures d’écoles s’accompagnent de nouvelles
ouvertures, le secteur enregistrant une très forte mobilité avec, par exemple,
le déplacement de nombreuses écoles du village de Taghazout par manque
de place vers celui de Tamraght. Selon un dépouillement des archives du
tribunal de commerce d’Agadir, on a pu dénombrer plus de 78 écoles de surf
immatriculées dans le registre commercial entre Taghazoute et Tamraght, et
on nous a assuré qu’on peut ajouter l’équivalent en écoles informelles. Ce tissu
230 Les mondes du surf

composé de petites entreprises locales dont quelques-unes sont tenues pas des
étrangers a vu arriver avec beaucoup d’appréhension l’école de surf doublé
d’un village d’hébergement relevant du complexe de Taghazoute Baie. Les
avis sur l’ouverture de cette école étaient mitigés. Parmi les aspects positifs,
il était mis en avant la détection dans les villages périphériques des jeunes,
garçons et filles, présentant un potentiel pour devenir des surfeurs de haut
niveau. La sélection est certes très difficile mais celles et ceux qui sont rete-
nus bénéficient d’une bourse pour leurs études, de la gratuité des cours et du
matériel5. Les plus « anciens » sont assez critiques quant au côté élitiste qui
s’est développé dans le village de surf : accès filtré, coût exorbitant des nui-
tées dans les bungalows, privatisations d’une portion de plage, utilisation de
planches et matériel importés, accès exclusivement aux adhérents et clients
pour la piscine, le club house, etc. Il est vrai qu’en franchissant la barrière
filtrante du village de surf du complexe de Taghazout Baie on perçoit un
basculement dans un monde différent : celui du luxe, de l’argent, du paraître
qui ne correspond plus du tout à l’image du surf à Taghazout telle qu’elle a été
et continue d’être au village d’origine. Lors de notre visite, la totalité du site
du village de surf (bungalows, piscine, club house, jardin et plage) avait été
privatisée pour un mariage.
Les associations de surfeurs et des écoles restent très vigilantes sur les
implantations des aménagements associées à la concession de Taghazout Baie.
Elles ont en particulier réussi à faire stopper, avec l’appui de la communauté
internationale des surfeurs, le chantier de l’usine de désalinisation, à 30 km
au nord de Taghazout, en direction d’Essaouira. Il a été prouvé que la prise
d’eau pour alimenter cette usine brisait la houle et modifiait le trait de côte
d’une telle manière que le très réputé « spot de surf » où le chantier avait été
implanté était directement menacé de disparition. Le chantier a été stoppé
et la compagnie condamnée à restaurer les dégradations déjà causées par les
travaux. Cette vigilance doit s’exercer dans de nombreux domaines car les
ambiguïtés et questionnements demeurent. La réduction de l’emprise de la
surface du projet ne semblait pas avoir réduit la bétonisation du site, surtout
de sa partie littorale avec des projets d’hôtels plus importants et plus proches
du front de mer que ce qui était initialement prévu. Cet élément, tout comme
l’empiétement du golf sur la réserve de biosphère de l’arganeraie, constituent
une menace écologique forte qui ne semble pas toujours avoir été suffisam-
ment prise en compte malgré le discours rassurant de la SAPST : « Inscrite
dans le cadre du plan Azur, cette station, qui se développe en front d’une
bande côtière de 4,5 kilomètres de plage et qui s’étend sur une superficie de

5. Le même programme, sous forme d’académie, existe pour le golf et le tennis, les trois
connaissent un vif succès et contribuent à apaiser certaines tensions avec les villages
limitrophes de la concession de Taghazout Baie.
De la barque à la planche, de la planche au béton… 231

plus de 683 hectares, est située dans le ressort territorial des deux communes
rurales d’Aourir et de Taghazout à 15 kilomètres au nord de la ville d’Agadir
et en plein cœur de la réserve de biosphère de l’arganeraie » (Benamara et al.,
2017 : 5).

Pêcheurs et villageois en 2017


Les questions que se posent pêcheurs et villageois sont d’une autre
nature même si des préoccupations communes émergent. Les pêcheurs sont
réellement inquiets à propos de la construction du village de pêcheurs. Certes
cela participe de l’assainissement global de la zone et de l’amélioration des
conditions de vie mais ils y voient surtout des déplacements forcés. Tous les
pêcheurs, y compris ceux de Taghazout village, même si les informations col-
lectées sur ce point sont contradictoires, devront y résider indépendamment
de la localisation de leur village d’origine. Ceci laisse présager des tensions
voir des conflits entre des communautés ou des groupes sociaux qui certes
se connaissent et se côtoient mais ne sont pas habitués à cohabiter en perma-
nence. L’autre mécontentement exprimé est relatif aux zones de pêches : avec
la nouvelle localisation du village des pêcheurs, ces derniers auront plus de
difficultés (éloignement, surcoût, contrainte de temps) à atteindre et utiliser
leurs zones de pêche habituelles. La répartition des zones de pêche répond à
des règles tacites, anciennes et négociées entre communautés depuis plusieurs
générations et elles sont globalement respectées. La concentration de tous les
pêcheurs dans un même village va probablement engendrer un conflit d’ac-
cès pour les zones de pêche les plus proches. Chaque village du littoral pos-
sède aussi son « marché aux poissons » local où les prises du jour sont triées,
négociées, échangées et vendues. Ces marchés sont menacés de disparition
alors qu’ils attiraient une clientèle locale, souvent non véhiculée, qui n’aura
plus l’opportunité d’acheter du poisson localement. Enfin, les restaurateurs
locaux qui se fournissaient eux aussi localement risquent d’être contraints de
faire leurs achats à Agadir ou de devoir se faire livrer, d’où un surcoût qui se
répercutera sur le tarif des menus proposés à Taghazout. Actuellement, les
pêcheurs notifient leurs intermédiaires ou meilleurs clients de la quantité et de
la nature des prises effectuées depuis le large en utilisant un téléphone mobile,
ce qui permet de gérer les commandes, fixer les prix et maintenir les filières
locales. Ceci aussi risque de disparaître.
Mais le principal sujet de discussion au village de Taghazout, lors de
cette mission, était le tracé définitif de la « corniche ». Cet aménagement/pro-
menade, très long ponton en bois, le long du littoral engendrera la destruction
de toute construction se trouvant sur le tracé. C’est sans doute pourquoi cer-
taines personnes étaient en train de construire des extensions de leur maison
ou établissement vers la mer, ces extensions seront détruites avec sans doute
232 Les mondes du surf

le paiement d’un dédommagement. Un autre motif d’insatisfaction concerne


la rocade, qui est en fait une route nationale privatisée par la SAPST. Elle
contourne le village et tout en l’excluant du trafic routier principal mais l’en-
globe dans ce qui est constitué par le complexe Taghazout Baie, ses infras-
tructures, actuelles et à venir, et ses dépendances. C’est ce flou entre exclusion
et inclusion qui génère le plus de commentaires au sein du village. Tagahzout
Baie est une enclave avec accès réservé, où seuls les résidents, propriétaires,
clientèle hôtelière seront admis avec leurs véhicules, les visiteurs devant laisser
les leurs aux parkings aménagés et circuler en bus électriques à l’intérieur
du complexe. Les villageois comprennent très bien et acceptent que l’accès
au golf ne soit pas libre ; par contre ils estiment que le musée de la culture
berbère et la coopérative d’argan qui relèvent et appartiennent à leur patri-
moine devraient l’être, en tout cas pour eux. Cette ambiguïté entre ce qui est
du domaine privatif de Taghazout Baie complexe et du domaine public de
Taghazout village perdure et génère conflits et incompréhensions.
En d’autres termes, ce que les villageois redoutent le plus c’est que
leur village devienne le symbole d’un Maroc archaïque et folklorisé que des
Marocains fortunés vivant ailleurs dans le pays6 et aussi des étrangers vien-
dront visiter en passant mais n’y séjourneront plus et y consommeront moins.
Ils ne veulent pas renvoyer cette image d’un village vieillissant, vétuste, sale
et aspirent, pour nombre d’entre eux, à des emplois dans le complexe, qui
leurs sont difficiles d’accès soit pour des raisons de compétences linguistiques,
d’absence de formation ou de qualification, une nouvelle expression de cette
ambiguïté déjà évoquée.

Conclusion
Nous avons abordé, dans cette courte analyse consacrée aux trans-
formations vécues et subies d’un petit village de pêcheurs (un peu plus de
5 000 habitants) sur la côte atlantique marocaine, les différentes phases et ajus-
tements nécessaires qui ont permis ou non l’adoption de nouveaux modèles
socio-économiques. Ces nouveaux modèles sont consécutifs au passage d’une
activité basée uniquement sur la pêche artisanale à des activités liées à la pra-
tique du surf et au développement du tourisme. Il a été possible d’identifier
l’activité surf comme un nouveau mode d’expression d’une certaine forme
d’identité et d’appartenance à un village qui n’entrait pas en conflit direct
avec des identités plus anciennes. Ces changements ne remettent pas néces-
sairement en cause les sociétés rurales et du littoral marocain tant qu’ils sont

6. La partie résidentielle du complexe de Taghazout Baie vendue à 70 %, l’a été pour 80 à


85 % à des Marocains mais très peu de la diaspora.
De la barque à la planche, de la planche au béton… 233

compréhensibles et absorbables à l’échelle locale et ne viennent pas en contra-


diction avec des représentations et des pratiques (Berriane et Michon, 2016b).
Il est sans doute prématuré de formuler des hypothèses quant aux change-
ments, impacts et adaptations à venir des villageois de Taghazout une fois que
le projet de Taghazout Baie sera pleinement opérationnel. Certains secteurs
d’activité actuels seront sans doute abandonnés, d’autres marginalisés mais
d’autres encore perdureront et peut-être trouveront-ils un second souffle, un
nouvel essor en relation avec l’innovation et les initiatives locales, souvent
foisonnantes au Maroc dans les arrière-pays (ibid.).
Ceci étant dit, les mutations sociales, économiques et culturelles de
cette communauté de paysans-pêcheurs vivant jusqu’ici en quasi-autarcie et
complètement bouleversée par le surf, une activité exogène, sont remarquables.
Remarquable est aussi la métamorphose du village sur le plan urbanistique
et en termes de qualité de vie sous l’effet de cette nouvelle dynamique. Mais
le plus surprenant c’est l’appropriation par cette communauté traditionnelle
d’une activité moderne et son identification, au point que dans le discours de
certains villageois Taghazout et le surf ne font qu’un.
L’appropriation de l’activité du surf par ces populations locales est
passée d’abord par la maîtrise du nouveau sport par les jeunes du village et
on doit souligner ici que contrairement à d’autres nouveaux sports au Maroc
comme le tennis ou le golf, la diffusion du surf parmi la jeunesse locale s’est
faite de façon plus démocratique. Ensuite plusieurs acteurs ont vu dans ce
sport une ressource mobilisatrice pour la société civile mais aussi pour générer
des revenus.
La principale mutation étant le glissement progressif de l’activité de
pêche vers celles adossées au surf cache en fait de nombreuses transformations
notamment des mentalités et de l’esprit résilient des populations locales. Il y
a d’abord l’importante transformation du contenu économique. Un rapide
relevé de terrain des activités de commerce et de service s’est traduit par des
chiffres assez surprenants : 71 % des activités recensées tournent autour du
surf (matériel surf, hôtels, auberges, maisons d’hôtes, cafés-restaurants, écoles
de surf, location de voiture, bazars, artisanat, produits de terroirs), les 29 res-
tantes étant réservées aux commerces et activités administratives. Mais le plus
spectaculaire reste le changement de comportements en termes de protection
de l’environnement (partie intégrante de la culture du surf) et sa défense,
aboutissant à des réalisations inattendues comme l’abandon du chantier de
l’usine de dessalement d’eau de mer pourtant bien avancé ; ou encore le travail
social considérable que mènent les associations et les écoles de la formation qui
prennent en charge l’initiation gratuite de jeunes issus de milieux défavorisés.
Enfin, nous avons ici aussi un exemple des articulations des politiques
publiques venant d’en haut (grand projet d’aménagement d’une station
234 Les mondes du surf

balnéaire portant le même nom que le village) et des initiatives par le bas qui
se développent dans une joyeuse anarchie mais qui impactent et l’espace et la
société de ce site atlantique.
En « Mai 1968 », on évoquait souvent la plage qui était censée se trou-
ver sous les pavés… Soit une nature occultée par la ville ! Faut-il redouter à
Taghazout, la maritime, que la barque et la planche disparaissent sous le béton ?

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