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CPGE Omar Al Khayyam

Rabat
1ère année ECS
Histoire, Géographie et Géopolitique du monde contemporain

Chapitre 4 : Géopolitique de La décolonisation et de la


Guerre froide

Section1 : Géopolitique de la décolonisation :

Citations :
« La colonisation est plus que la domination d’un individu par un autre, d’un peuple par un autre ;
c’est la domination d’une civilisation par une autre, la destruction des valeurs originales par des
valeurs étrangères. »

Léopold Sédar Senghor


Introduction :

A partir de 1880, l’exploration du monde, et de l’Afrique en particulier, par les grandes puissances
devient systématique et totale. La crise économique des années 1880 pousse les pays puissants au
protectionnisme et à la recherche de « chasses gardées » pour les matières premières et l’exportation :
c’est l’impérialisme colonial ou colonisation. La conférence de Berlin de novembre 1884 marque
l’accélération de la compétition et une vague colonisatrice submerge l’Afrique. Les grands
bénéficiaires sont la France et la grande Bretagne qui conquièrent d’immenses territoires
respectivement en Afrique occidentale et orientale. Le partage colonial s’achève pour l’essentiel en
1914. En effet, la première guerre mondiale marque un coup d’arrêt à l’expansion coloniale. Au
lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, c’est le mouvement inverse qui se produit : on parle alors
de décolonisation.

Professeur agrégée des sciences économiques, juridiques et géopolitique : Siham Ikhmim


Sihamikhmim1@outlook.com
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Le mouvement des décolonisations a permis la création de nombreux États indépendants (tiers-monde)


en Asie, en Afrique et au Proche-Orient. Au cours du 20siècle, au fil des mouvements de
décolonisation, le nombre d’États souverains dans le monde est passé d’une cinquantaine à presque
200.
1-décolonisation pacifique :
Le mouvement des décolonisations s’est parfois fait par étapes négociées, comme par exemple dans
certaines Dominions britanniques (le Canada, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande).
Cette stratégie permet à la Grande-Bretagne de conduire une décolonisation pacifique dans plusieurs
pays, même si le désengagement rapide est parfois la cause d’affrontements religieux ou
interethniques dans les pays décolonisés.

2-Décolonisation violente :
Mais le plus souvent, après la Seconde Guerre mondiale, l’indépendance a été acquise à l’issue de
conflits longs et meurtriers : en Indochine, en Indonésie, en Algérie, en Angola, etc.

Les étapes de la décolonisation :


La décolonisation, entamée dans les années 40 par les Britanniques, est devenue une issue inévitable
après l’effondrement de la puissance et du prestige des métropoles durant la Seconde Guerre mondiale.
Elle s’est déroulée en plusieurs étapes :
de 1945 à 1955, la plupart des pays d’Asie s’émancipent ;
de 1955 à 1965, c’est le tour des anciennes colonies en Afrique ;

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de 1965 à 1991, on assiste à une troisième phase qui voit s’achever la décolonisation et les derniers
territoires dominés accéder à la liberté, tandis que l’éclatement de l’Union soviétique marque la fin du
processus.

Problématique :
Le tiers monde, enjeu apparent de la guerre froide, va-t-il profiter de la décolonisation
pour entamer l’affirmation des Etats souverains ?

Concepts :
Le colonialisme : une « doctrine qui vise à légitimer l’occupation d’un territoire ou d’un Etat, sa
domination politique et son exploitation économique par un Etat étranger »
La décolonisation : est le processus qui amène progressivement ou brutalement les colonies de se
soustraire à la dépendance de la métropole et de lutter pour la reconnaissance de leur souveraineté sur le
plan international. Ce mouvement ancien ne s’est développé en Afrique et en Asie qu’entre 1945et 1960.
Le tiers-monde : terme fondé en 1952 par l'économiste et démographe français Alfred Sauvy désignait,
pendant la "Guerre froide", l'ensemble des pays les plus défavorisés qui n'appartenaient ni au monde
occidental capitaliste développé (ou premier monde : Amérique du Nord, Europe de l'Ouest, Japon,
Australie…), ni au bloc communiste (ou second monde : URSS, Chine, Europe de l'Est…). Généralement
issus de la décolonisation, la plupart des pays du Tiers monde étaient africains, asiatiques et sud-
américains.
Etat souverain :La souveraineté est le principe essentiel définissant un État qui n’est soumis à aucune
autre puissance et qui exerce l’autorité suprême, c’est-à-dire l’autorité la plus élevée sur son territoire. La
souveraineté se fonde sur le principe de l’autodétermination: le droit des peuples à disposer d’eux-
mêmes(charte de l’ONU) et à prendre les décisions politiques internes et externes qui les concernent.

I- Un contexte favorable à la décolonisation :


1- La fin de la Seconde Guerre mondiale
En 1945, un tiers de l'humanité vit sous domination coloniale, ce qui représente 750 millions de
personnes. Malgré cette importance de la domination coloniale, la Seconde Guerre mondiale a changé
les rapports des colonies aux métropoles. Les colonies ont été fortement sollicitées :

Elles ont fourni beaucoup de combattants (2 millions d'Indiens pour la Grande-Bretagne).


Les ressources de ces territoires ont été réquisitionnées.
Les peuples colonisés espèrent que les métropoles seront reconnaissantes.
La 2GM a affaibli les puissances coloniales Européennes. La victoire des Allemands et des Japonais
jusqu'à 1944 dégrade l'autorité Française à l'égard des autres pays. C'est surtout chez les anciens
militaires que la toute-puissance de l'homme blanc s'est trouvée en doute.

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2-Un nouvel équilibre international et l'essor des mouvements anticoloniaux


Après la Seconde Guerre mondiale, le recul des puissances européennes au détriment des Etats-Unis,
commencé au début du XXe siècle, est confirmé. Les États-Unis et l'URSS apparaissent désormais
comme les deux grandes puissances mondiales.
Ainsi ces deux grands vainqueurs en 1945 défendent, pour des raisons diverses, les mouvements
d'indépendance :
Les États-Unis prônent l'autodétermination des peuples mais ont aussi des intérêts
économiques à l'apparition de nouveaux États indépendants qui ne seront plus liés à leur
métropole. Ils donnent l'indépendance aux Philippines en 1946. Ils sont cependant attentifs à
ce que les États nouvellement indépendants ne deviennent pas communistes.
L'URSS, réticente dans un premier temps aux mouvements d'indépendance dans lesquels elle
n'intervient pas, se rallie rapidement à la cause anticoloniale. Au nom de la doctrine
communiste, elle refuse l'impérialisme des puissances européennes et espère permettre le
passage des États décolonisés dans le camp des pays communistes.
L'ONU est aussi un appui de la lutte anticoloniale. Ses principes, inscrits dans la charte des Nations
unies, affirment le droit des peuples à disposer d’eux -mêmes. Son assemblée générale est une tribune
pour les pays décolonisés qui encouragent les autres mouvements indépendantistes.
L'essor des mouvements anticoloniaux :
L'opposition à la colonisation a toujours existé. L'expansion coloniale s'est heurtée à des oppositions et
les contestations de cette domination sont aussi vieilles que la colonisation elle-même. Dans l'entre-
deux-guerres, ces mouvements se structurent et voient leur influence s'étendre progressivement à
toutes les couches de la population des pays dominés. Par exemple, les couches populaires des pays
colonisés, composées des paysans et des ouvriers urbains appauvris, voient dans la décolonisation un
moyen d'améliorer leur situation.
Ces mouvements sont dirigés par des membres de la bourgeoisie indigène, dont beaucoup ont
étudié en Europe :
Gandhi, en Inde, est un des principaux dirigeants du parti du Congrès indien avec Nehru.
En Tunisie, le Néo Destour de Bourguiba revendique l'indépendance.
Au Maroc, le parti de l'Istiqlal (parti de l'indépendance) réclame le retour au Maroc du sultan
Mohamed, exilé par les Français.
Hô Chi Minh en Indochine entreprend la lutte armée contre l'occupation française.
Au Sénégal, Léopold Sédar Senghor dirige l'Union progressiste sénégalaise.
Au Congo, le mouvement indépendantiste est incarné par Patrice Lumumba.
Les mouvements qui contestent la domination coloniale ne sont pas unis dans leurs revendications.
Certains souhaitent une plus large autonomie, d'autres veulent l'indépendance par la négociation, d'autres
prônent l'indépendance par la lutte armée. Certains s'appuient sur le nationalisme et sur une base
ethnique commune, d’autres mobilisent l'appartenance religieuse enfin des mouvements souhaitent
l'indépendance pour instaurer le marxisme.

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II- La décolonisation s’accélère après 1945 : Les indépendances


1-La décolonisation en Asie
En Asie, les défaites subies par les puissances coloniales accélèrent le processus de la décolonisation.
Ainsi, des mouvements nationalistes proclament l’indépendance de leurs pays dès 1945. Ils se heurtent
à la résistance des métropoles, ce qui entraine de longs conflits.
C’est le cas des Pays-Bas en Indonésie(les indes néerlandaises) : Les Hollandais, qui veulent
conserver cet État riche en ressources naturelles, créent une Fédération indonésienne dans laquelle ils
confient le gouvernement de la seule île de Java aux Indonésiens. Le 17 Août 1945, Soekarno, le
premier président de la république d’Indonésie, proclame l’indépendance de son pays devant le refus
des Pays Bas qui cherche la souveraineté de ce territoire ;
Cette déclaration marqua le début d'une lutte diplomatique et d'un conflit armé avec les Pays-Bas,
appuyée par l’ONU ;Sous la pression internationale, les Pays bas sont contraints d’ouvrir des
négociations qui aboutissent à l’indépendance de l’Indonésie en décembre 1949.
Et aussi La France en Indochine (1945-1954)(première guerre d’Indochine) : En 1945, Hô Chi
Minh proclame l'indépendance du Tonkin, au Nord de l'Indochine. Les Français cherchent un
compromis en reconnaissant le Vietnam comme un "État libre au sein de l’Union française". Mais
cette solution n'est pas acceptée par Hô Chi Minh qui mène des actions de guérilla contre la France.
Cette guerre coloniale se transforme en un conflit de la guerre froide : l'URSS appuie la guérilla
communiste tandis que les États-Unis soutiennent les Français.les Français accordent l'indépendance à
deux États vietnamiens en 1954 : au Nord, un État communiste et au Sud une république nationaliste.
En Inde, Gandhi puis Nehru usent de la non-violence pour obtenir le départ des Anglais. Ils
demandent à leurs partisans de boycotter les produits anglais ou de se coucher sur les rails pour
empêcher le départ des trains. L’Inde Britannique acquière son indépendance en 1947. Celle-ci se
solde par la partition du pays en deux États indépendants : l’Inde et le Pakistan qui regroupe une
population musulmane.
En effet, Cette colonie britannique a connu un mouvement nationaliste très important, représenté dans
le parti du Congrès, crée en 1885 et dirigé depuis 1920 par deux personnalités charismatiques :
Gandhi, qui lance des campagnes de boycott des produits britanniques ; Nehru, qui préside le congrès
à partir de 1929
En 1906, un autre mouvement, la ligue musulmane, apparaît pour défendre les intérêts des minorités
musulmanes. En 1935, l’Inde a réussi à avoir une certaine autonomie politique accordée par les
britannique avec la signature d’India Act.Les négociations continuent pour avoir l’indépendance d’un
Etat indien unitaire, mais la population musulmane milite pour avoir son propre Etat.En Aout 1947,
l’empire britannique des Indes est divisé en deux dominions indépendants : l’Union indienne, a
majorité hindoue, et le Pakistan, à majorité musulmane.
Les autres colonies britanniques en Asie accèdent elles aussi à l’indépendance. Ceylan (Le Sri
Lanka) et la Birmanie (Myanmar) deviennent indépendantes en 1948. Le contexte de la guerre
froide pousse les Britanniques à vouloir maintenir leur présence à Singapour et la Malaisie, où la lutte

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pour l'indépendance est menée par les guérillas communistes. Après plusieurs années de lutte, la
Malaisie puis Singapour obtiennent leur indépendance, respectivement en 1957 et en 1965.

2- Les indépendances en Afrique :


Le réveil du monde arabe favorise l'indépendance de l'Afrique du Nord. Théoriquement
indépendante depuis 1936, l’Egypte demeurait en réalité sous l’influence anglaise. En 1952, des
officiers nationalistes chassent le Roi FAROUK et proclament la République. Le colonel Nasser en
devient le président en 1956. Cette indépendance totale d’un Etat arabe favorise les nouvelles luttes en
Afrique du Nord. En 1956, le gouvernement français doit reconnaitre l’indépendance de la Tunisie et
du Maroc, mettant ainsi fin aux troubles qui avaient éclaté. L'Algérie est, au contraire, le théâtre d’une
longue guerre de 1954 à 1962. Avec les accords d’Evian, L’Algérie est indépendante en 1962.
Le Royaume-Uni accorde progressivement l’indépendance à ses colonies à la suite de négociations. En
1957, le Ghana est une des premières colonies anglaises à obtenir son indépendance par cette voie. En
1960, la Belgique se retire du Congo qui sombre bientôt dans la guerre civile = Suite à l'indépendance
du Congo belge en 1960, la riche province minière du Katanga proclame son autonomie et le pays
plonge dans la guerre civile.
Afin d’éviter des guerres analogues à celle d’Indochine et d’Algérie, la France accorde à ses colonies
d’Afrique noire l’autonomie (en 1960, le General de gaulle leur donne l’indépendance (Mali, Sénégal,
Niger, Côte d'Ivoire, Tchad, Cameroun, etc.). Les nouveaux dirigeants (Léopold Senghor au Sénégal,
Félix Houphouët-en Côte-D’ivoire) sont des nationalistes modérés qui maintiennent des liens
économiques et politiques puissants avec la France.
Après deux longues guerres coloniales, le Portugal doit reconnaitre, en 1975, l’indépendance de
l’Angola et de du Mozambique.
La décolonisation touche d’abord l’Asie avant 1955, puis gagne ensuite l’Afrique. Elle se poursuit
jusqu’à nos jours. L’indépendance n’est pas toujours acquise pacifiquement. Il faut parfois comme en
Indonésie, en Indochine et en Algérie des guerres coloniales pour l’obtenir.
De nombreuses indépendances ont lieu dans les années 1970 :
La chute de la dictature au Portugal permet l'indépendance de l'Angola et du Mozambique
(1975)
Le Zimbabwe devient indépendant en 1980.

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III- La formation d’un troisième monde et son émergence sur la scène internationale
1- La conférence de Bandung
Le 18 avril 1955,29 Etats d’Asie et d’Afrique, indépendants depuis peu, se réunissent en Indonésie, à
Bandung. Cette conférence animée par NEHRU(Inde), NASSER (Egypte) et SUKARNO (Indonésie)
condamne le colonialisme et réclame l’émancipation des peuples opprimés. La conférence de
Bandung, dont les participants représentent 57%de la population mondiale mais seulement 8% des
richesses, marque le point de départ de l’émergence du tiers monde.
Cette émergence se confirme en 1961 lors de la conférence de Belgrade qui affirme le principe du non
alignement et tente de former un troisième monde, indépendant du monde socialiste et du bloc
occidental, un ‘’tiers monde’’ dont l’influence ne cesse de grandir à l’ONU. Rares cependant sont les
pays du tiers monde qui respectent une vraie neutralité.

Zoom :

La conférence de Bandung :
Une conférence afro-asiatique qui regroupe, en 1955, 29 délégations d’Asie et d’Afrique, qui représentent
55% de la population mondiale, MAIS avec juste 8% du revenu de la planète ;

Une conférence qui a approuvé les principes fondamentaux des droits de l’homme, tels qu’ils sont
définis dans la charte de l’ONU, et appuyer entièrement le principe du droit des peuples et des nations
à disposer d’eux-mêmes, et réclame la disparition de colonialisme.
s'est tenue du 18 au 24 avril 1955 à Bandung, en Indonésie, réunissant pour la première fois les
représentants de vingt-neuf pays africains et asiatiques dont Gamal Abdel Nasser (Égypte), Jawaharlal
Nehru (Inde) etc.
Cette conférence marqua l'entrée sur la scène internationale des pays décolonisés du « tiers monde ».
Ceux-ci ne souhaitant pas intégrer les deux blocs qui se font face, menés par les États-Unis et l'URSS,
choisissent le non-alignement

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La conférence de Belgrade :
Tenue à Belgrade en 1961, la conférence de Belgrade tend à réaffirmer et à préciser le mouvement des non-alignés
à la suite de la conférence de Bandung. Elle s'est tenue du 1ᵉʳ au 6 septembre 1961. Cette fois ci pourtant, les
leaders du mouvement sont clairement définis, il s'agit de Nasser, Tito et Nehru

Le mouvement des non-alignés (ou plus rarement mouvement des pays non alignés):est une organisation
internationale regroupant 120 États en 2012, qui se définissent comme n'étant alignés ni avec ni contre aucune
grande puissance mondiale. En effet, ce mouvement né durant la guerre froide visait à regrouper les États qui ne
se considéraient comme alignés ni sur le bloc de l'Est ni sur le bloc de l'Ouest.

Le but de l'organisation défini dans la « déclaration de La Havane » de 1979 est d'assurer « l'indépendance
nationale, la souveraineté, l'intégrité territoriale et la sécurité des pays non alignés dans leur lutte contre
l'impérialisme, le colonialisme, la ségrégation, le racisme, et toute forme d'agression étrangère, d'occupation, de
domination, d'hégémonie de la part de grandes puissances ou de blocs politiques » et de promouvoir la solidarité
entre les peuples du tiers monde.

2- Des Etats fragiles et des économies dominées :


Les Etats issus de la décolonisation ont des frontières héritées de la période coloniale. Or celles-ci ne
tenaient pas compte des diversités ethniques. Des conflits éclatent bientôt : entre l’Inde et le Pakistan
dès le départ des anglais en 1947, entre la Libye et le Tchad en 1983.En 1967 et 1968 au Nigeria, les
Igbo chrétiens de la province du Biafra tentent de faire sécession au cours d’une terrible guerre civile.
Ces luttes entre ethnies, le manque de cadres administratifs et l’absence de traditions démocratiques
sont à l’origine de plusieurs coups d’Etats et de l’établissement de dictatures.
Beaucoup de difficultés ont une origine économique. Les nouveaux Etats doivent désormais se
procurer eux-mêmes les ressources dont ils ont besoin. Pour cela, ils développent leurs cultures pour
l’exportation et négligent les cultures vivrières, aggravent ainsi les problèmes de la faim et de la
malnutrition. L’explosion démographique ne permet pas de profiter des progrès agricoles accomplis.
Pour résoudre leurs difficultés, certains Etats tentent de créer une industrie, mais ils manquent de
capitaux, de techniciens et de main d’œuvre qualifiée. Seuls les pays producteurs de pétrole et ceux
ayant bénéficié d’investissement peuvent surmonter cet obstacle.
Durant la guerre froide, le tiers monde était un enjeu entre les États Unis et l’URSS, chacun des deux
grands tentant d’imposer des dirigeants favorables. Ces derniers ne sont pas à l'abri de la corruption.
Aujourd’hui, ces Etats continuent d’être dépendants de l’ancienne métropole, ou d’autres pays riches,
on parle de néocolonialisme. Certes, ils reçoivent des dons en argent ou en nature mais les grandes
sociétés étrangères exploitent leurs richesses naturelles. En outre, les guerres civiles qui ravagent
l'Afrique provoquent de graves famines qui obligent les pays riches à intervenir.
Les nouveaux Etats, souvent pauvres, agricoles et touchés par l’explosion démographique, ont tenté de
former un bloc. Ils restent faibles en raison de leurs divisions et de la dépendance de leurs économies.
Enfin, on peut observer que les pays décolonisés sont très vite politiquement et socialement fragiles.
L’absence de cohésion nationale, de frontières adaptées aux différents peuples africains vont entraîner
de nombreuses guerres civiles dont certaines durent encore aujourd’hui.

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Conclusion :
Le monde bipolaire qui se met en place après la Seconde Guerre mondiale est favorable à
l'émancipation des peuples colonisés. Certains pays acquièrent leur indépendance plus facilement que
d'autres qui doivent l'arracher au prix de guerres longues et meurtrières. Mais le contexte de guerre
froide n'est pas propice à une véritable organisation des nouveaux États indépendants, pris en tenaille
entre les deux Grands et les anciennes puissances coloniales. Dans les années 1960, ces États qui
tentent de s'organiser dans le mouvement des non-alignés voient leur projet politique se déplacer vers
la prise en compte des problèmes de développement. La volonté de créer un nouvel ordre économique
international ne résiste pas aux tensions politiques et économiques (premier choc pétrolier). Dans les
années 1980, la décolonisation est achevée, mais le rêve d'un ordre international où le poids
démographique du tiers-monde serait pris en compte est mis à mal. Les espoirs suscités par
l'indépendance chez les peuples colonisés n'ont guère été comblés. Les pays colonisés ont certes
conquis leur émancipation politique, mais certains sont restés économiquement dépendants des
anciennes métropoles et, d'une manière générale, des pays industrialisés. On a même parlé de «
néocolonialisme » pour décrire ces nouveaux liens de dépendance, et on peut se demander en quoi la
fin de la guerre froide n'a pas entériné le passage d'une opposition mondiale Est-Ouest à une
opposition Nord-Sud.

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