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Le Journal d’un Poilu 8

Extraits des carnets de notes de Théode BONVALLET (né le 21/11/1886 à Ravenel - mort le 21/09/1918 à Doiran (Macédoine))

SUPPLEMENT AU BULLETIN « RAVENEL ACTUALITES » DE JUILLET 2015


Les départements du Nord, Pas de Calais, Canada et à d'autres nations. précédentes Français et Britanniques
Somme et Oise ont été le théâtre de Profitez des jours de ces mois de juillet et donnent régulièrement l'assaut mais
nombreuses batailles durant cette guerre, août pour aller les visiter. échouent non sans pertes. A l'aube de ce 9
où de nombreux soldats ont été tués pour Aujourd'hui nous nous attarderons sur le avril, c'est au tour de canadiens - quatre
quelquefois à peine 100 m de terrain gagné Mémorial de VIMY à proximité duquel les divisions en tout - de tenter de libérer le
sur l'ennemi. tranchées ont été aménagées en musée. lieu. L'après midi même la crête est gagnée
Ces soldats étaient quelquefois venus de C'est sur les terres, situées à proximité de sauf la côte 145, prise le lendemain. Le 12
loin pour repousser l'invasion allemande : NEUVILLE SAINT VAAST, MONT ST ELOI, avril les Allemands sont définitivement
de Grande Bretagne, de Chine, du Canada… CARANCY, SOUCHEZ, là où Théode chassés de ces lieux.
De nombreux mémoriaux ont été édifiés BONVALLET a combattu, que ce mémorial De cette bataille et de la bravoure des
dans ces départements à la mémoire de est érigé . soldats canadiens le peuple tire une grande
ces soldats disparus dans leur première 9 Avril 1917 - Trois années que les troupes fierté. La victoire de Vimy devient le
jeunesse. alliées tentent désespérément de chasser symbole de la force de la nation naissante .
Que ce soit dans la Somme (Mémorial de les Allemands de la crête de Vimy. C'est le L'émancipation de la tutelle britannique en
THIEPVAL, Site de BEAUMONT HAMEL, point le plus élevé du site , donc le plus débat depuis de nombreuses années,
Mémorial de VILLERS BRETONNEUX), intéressant stratégiquement : du haut de s'impose alors d'elle-même.
ou dans le Pas de Calais (NOTRE DAME DE Vimy, on domine Lens, Loos, Hénin et Arras RAVENEL ACTUALITES
LORETTE) ces mémoriaux ont été construits est tout près. La défense allemande s'est
sur une parcelle de terrain français dont la organisée et renforcée grâce à la
France a fait don à la Grande Bretagne, au possession de la crête. Les années

Mémorial
Crédit photos de Vimy
: Ravenel Actualités
Crédit photo : Ravenel Actualités

Le Journal d’un Poilu (8) Page 1


(les journées des 3 et 4 novembre sont parait-il un début de dysenterie. J'ai pris du des chevaux. La ligne est assez bien faite par
devenues illisibles avec le temps) bismuth et une pilule de je ne sais quoi. A la Compagnie 4/8 et le 21ème territorial. A
Camblain, j'ai vu ce vieil ami Boucot . Il va peine arrivés au terrier où je vais passer
Vendredi 5 novembre 1915 : toujours bien lui. Nous avons mangé un 4 jours, je me mets en route avec mes gars et
J’ai eu un mal de tête toute la journée et une morceau et j'ai passé l’après-midi à jouer avec arrivés au talus des zouaves, chacun prend
toux qui me réduisirent à un état de faiblesse une petite fille de l’âge de mon petit Marcel. soit un paquet de branchages (pour faire des
tel que je ne pouvais plus tenir debout. Je fus Je me croyais avec lui, ce pauvre petit chéri…. claies) un des « caillebotis » (planches à claire
obligé de me coucher de bonne heure. Les Je reviens tranquillement (sur ma batteuse) et -voie que l’on met dans les tranchées pour
boches ont tiré sur nos batteries et nous ont passant par l’église, j’en rapporte quelques retenir la boue) et avec un mal impossible
envoyé un obus dans la direction de notre verres. Je ne pus manger le soir et je me j’arrive à la parallèle de St Germain par la
abri dont les éclats tombèrent devant la couchais à 19 heures. La soirée fut calme et le sape numéro 4. On y travaille jusque midi,
porte. Vraiment, nous sommes mal situés. temps s’est remis au beau. salués par les torpilles aériennes dont une
tombe à 20 m à peine à ma droite dans la
Samedi 6 novembre 1915 : Lundi 8 novembre 1915 : tranchée même. Redescendant au talus nous
Réveil à 4 heures et quart. Je suis plus que Je fus indisposé une partie de la nuit. Je ne faisons quelques transports de matériels dans
malade mais je n’en fais rien voir, ne voulant me lève qu’à 8 heures. Je lave mon linge et le boyau international et à la nuit à 17 heures
pas laisser partir mon escouade sans moi. Je l’après midi je nettoie mes armes et passe la je reviens au terrier bien fatigué et les jambes
pars avec eux mais j’ai grand mal à suivre. Il a revue. Rien d’anormal de toute la journée. rompues. Je mange de bon appétit et à 19
gelé ce jour assez fort. Je travaille à couvrir un heures, je m'enroule dans ma couverture et je
abri au talus des zouaves. 200 cadavres sont Mardi 9 novembre 1915 : m’apprête à ronfler. C’est dur car la paille
là, certains dans un linceul, alignés dans des Levé à 8 heures je passe encore une revue usée fait défaut. Je suis encore couvert de
fosses effrayantes, attendant qu’on les d’armes, fais un état des permissionnaires et boue.
enlève. Qui donc doit procéder à cela ? Quel mange la soupe. L’après midi, je la passe à
est le dévoyé qui doit enlever ces corps ? bricoler un peu. Je touche le rappel de 20 Vendredi 12 novembre 1915 :
C’est horrifiant et démoralisant pour de jours à 0.20 francs ( 4.00 francs), je reçois un Hier j’ai encore remarqué, au talus des
nouvelles troupes. Moi, je ne m’y ferai aucune colis de ma tante Pauline. Le soir, après zouaves, plusieurs centaines des nôtres (les
attention, si je n’avais pas le respect des quelques lettres, je me couche avec un vent mêmes que ces jours derniers) tous mis dans
morts. Quelle incurie règne dans tous les formidable et pas mal de pluie. des linceuls, ou sacs en toile. Les non
commandements et nous nous battons pour reconnus et les débris sont mis à part de
un idéal !!!! C’est du domaine du rêve. Ou Mercredi 10 novembre 1915 : même que les soldats allemands – il y en a 3
nous sommes fous ou nous ne nous rendons La journée se passe assez bien mais l’on n' a nouveaux dont un chef – et je me demande
compte de rien et nous nous laissons bercer pas touché le prêt. Je me couche de bonne comment on a pu faire pour aller les ramasser
par de telles utopies. Enfin !!!. La journée se heure. entre nos lignes et celles des boches. Les
passe assez mal mais je travaille quand boches ne ramassent pas leurs morts mais
même. Je rentre à l’abri vers 18 heures et Jeudi 11 novembre 1915 : nous nous allons leur ramasser au risque de
aussitôt après avoir mangé, je me couche. Je dormis mal. Les rats n'ont pas arrêté de la notre vie car nous, nous respectons les morts
et vraiment nous combattons des barbares
civilisés (si l’on peut dire). Je ne me lève qu’à
7 heures et je passe la matinée à nettoyer une
baïonnette lorsqu’à peine ai-je déjeuné que
l’on vient me prévenir de partir
immédiatement au talus des zouaves avec
mes hommes. L’après-midi nous faisons du
clayonnage dans le boyau international sous
une pluie battante et de la boue jusque mi-
jambe. Nous sommes salués par des
Schnapels de gros calibres mais personne
n'est atteint. Je rentre au terrier vers 17 h 30
et après la soupe et tout trempé je me
couche.

Samedi 13 novembre 1915 :


Réveil à 3 heures et demi, café à 4 heures et
quart, je ne me lève pas. A 6 heures il faut
partir. Même travail au même endroit
qu’hier. Il pleut toute la journée. Le matin de
l’eau glacée. Je reste ainsi toute la journée. Je
mange froid à 11 heures tout transi. Pendant
La Guerre d'Artois - Le Christ des tranchées que les hommes se reposent je vais pour me
(Crédit photo : Collection personnelle Gérard LEROY)
réchauffer jusque Souchez dont il ne reste
plus une pierre debout. Il y a de l’eau et de la
Dimanche 7 novembre 1915 : nuit de me courir dessus. Réveil à 3 heures et
boue partout. Des cadavres encore sont
La nuit je fus obligé de me lever encore demie. Départ à 4 heures je laisse mon sac
alignés du 61ème Régiment de chasseurs à
plusieurs fois. A 6 heures je pars avec mon mais tout ce que j’emporte dans mes
pied, du 97ème et du 49ème Régiment
escouade et arrive à Villers-aux Bois de bonne musettes me scie les épaules et je peine plus
d’Infanterie alpine. Dans toute la vallée, les
heure. Je me nettoie comme je peux et vers que si j’avais mon sac. Les boches nous
obus de 75 non éclatés de même que
midi je pars à Camblain l’Abbé. Il fait beau envoient quelques obus qui tombent sur la
beaucoup de 120 longs ou courts, des 48
temps aujourd’hui. Les avions ont repris l’air. piste, derrière nous. La petite ligne qui part de
longs et courts jonchent la plaine et les
Les boches tirent encore sur notre bivouac. St Eloi jusque la route de Béthune est souvent
coteaux. Il y en a plusieurs milliers et à
Les salauds ! J’ai toujours des coliques et bombardée aussi. Les wagons sont trainés par
chaque pas l’on en rencontre. Que de pertes
Le Journal d’un Poilu (8) Page 2
de projectiles pour nous et quels sont donc les Jeudi 23 décembre 1915 : Le soir, ayant eu les pieds mouillés dans les
voleurs qui nous ont fourni de la paille La nuit fut très mauvaise étant malade depuis marais j’ai un violent mal de côté et cela
camelote? Je reviens bien impressionné et je deux jours. Je ne pris qu’un peu de café et à 8 aggrave sérieusement ma toux.
rentre vers 17 h 30 à l’abri, bien fatigué et des heures à la visite, le major me reconnut
douleurs dans les reins. Pas de paille pour se comme un début de bronchite. Purgation,
coucher et ça sent mauvais. C’est tellement voilà le remède. Je reste couché la journée,
humide. Les poux que j’ai été quelques jours journée pendant laquelle la pluie ne cesse de
sans sentir leurs « caresses » recommencent tomber. Vers 15 heures des mitrailleuses en
leurs agaceries. action dans les environs de Breuil font
probablement des essais car l’on entend le
Dimanche 14 novembre 1915 : canon que par intermittence. Je profite de ce
Il y a aujourd’hui 7 ans que je me suis marié. repos forcé pour mettre un peu d’ordre dans
Quels changements ! mes affaires, négligées depuis quelques
Je dormis mal. J’eus des coliques et des temps. Le soir, je mange un peu et de bonne
douleurs dans les reins. Je ne vais pas au heure, je me couche. Il pleut toujours et sans
travail et à la visite le médecin me badigeonne cesse. Quelle misère !
les reins avec de l’iode et me donne deux
cachets d’aspirine que je ne prends pas. Je Vendredi 24 décembre 1915 :
passe la journée à nettoyer mes Je pars au travail à 7 heures et toute la
mousquetons. Les avions volent toute la journée je reste aux travaux sur la ligne. Le Rat de Cave permettant de maintenir droite les
journée. Les boches tirent plus de 1000 obus soir je fais un bon dîner : ½ litre de vin, de bougies
(Illustration : Internet)
dessus, sans résultat. Voyant cela ils l’oie bien bonne, des marrons et un peu de
bombardent un peu partout dans la plaine . cognac. Nous passons une bonne soirée et
Plusieurs obus qui n’éclatent pas d’ailleurs quoique mal portant je chante ma petite Dimanche 26 décembre 1915:
tombent près de notre abri. Le soir, je vais à la chanson. Nous prolongeons la soirée jusque Je ne pus dormir de la nuit ayant été oppressé
route de Béthune à Arras chercher un sac et je onze heures passées et ensuite nous partons au point d’en perdre la respiration.
vois, dans un champ de trèfle 5 des nôtres pour Breuil pour aller à la messe de Minuit, Néanmoins je pars au travail mais je ne fais
que l’on ne savait pas là et qui sont encore mais n’ayant pas de curés, il n’y en avait pas rien de la journée étant toujours mal à l’aise.
sans sépulture. et revenant, je me couche. Du vin chaud le soir avant de me coucher me
fait le plus grand bien
(Carnet 14/11/1915 – 22/12/1915 Samedi 25 décembre 1915 :
non disponible) Comme il n’y a pas de travail ce jour et que ça Lundi 27 décembre 1915 :
ne me fait pas trop mal, je me lève à 8 heures Je n’ai guère dormi. Toujours au même travail
après avoir bu mon café, je fais ma toilette à mais comme c’est très mal conduit, ça vous
la rivière et à onze heures je mange de bon dégoute ! Les officiers n’y connaissent
appétit ensuite je pars à la chasse avec un absolument rien et ce ne sont que contre
copain dans les bois et les marais. Je tire un ordres. Ca me dégoute de voir toutes ces
écureuil avec une balle et au premier coup, je choses et je préférerai mieux être dans les
le tue. Je tire de nouveau sur un faisan mais le tranchées aux créneaux à guetter les boches.
coup ne part pas et l’oiseau lui s’enfuit. Je rate Au moins je ne verrais pas autant de choses
un pigeon au cantonnement mais des injustes comme j’en vois ici. L’après-midi je
gendarmes veillent et il nous faut faire un prend ma carabine et quelques balles mais je
grand détour pour rentrer. J'ai reçu un ne puis guère m’échapper et n’ai pas
magnifique colis des Sapeurs-Pompiers l’occasion de tirer. Il fit assez beau : des
contenant : giboulées mais aussi un peu de soleil. Le
1 boite d’alcool solidifié, canon tonne fort du côté de Berry au Bac . Il
½ quart de café en grain, dut y avoir une attaque dans la matinée. A 19
¼ de sucre en morceaux, heures je me couche.
1 boite de graisse à chaussures,
1 paquet de tabac, Mardi 28 décembre 1915 :
1 papier à cigarettes, Nuit très mauvaise. Je fus plusieurs fois
1 briquet amadou, réveillé par des oppressions du cœur et ma
½ livre de chocolats, toux qui ne s’améliore pas. Même travail
1 pelote de fil blanc, toute la journée. Je suis puni de 4 jours de
1 pelote de fil noir, consigne par un sergent . Motif : "A une ob-
8 aiguilles, servation d'un sous-officier, a répondu : C’est
1 crayon, malheureux d’être commandé par des loustics
CATHEDRALE DE REIMS INCENDIEE PAR
2 cartes postales,, comme ça . !!" Mais le lieutenant qui me
LES ALLEMANDS EN SEPTEMBRE 1914 2 carte-lettre, connait bien a arrêté la punition qui, en
(Première Carte postale adressée par Théode Bonvallet à son 1 morceau de savon, somme, n’existe pas. Temps magnifique. Forte
épouse à son arrivée dans la Marne)
50 grammes de thé, canonnade du côté de Soissons et de Berry au
1 bougie, Bac.
Durant cette période, Théode BONVALLET 1 rat de cave,
passe au 289° régiment d’infanterie 4 épingles de sureté, Mercredi 29 décembre 1915 :
le 7 décembre 1915 et se retrouve de ce fait 1 paire de lacets en cuir, Les boches doivent tirer avec des pièces à
en arrière du Chemin des Dames, dans la 1 paire de chaussettes de laine, longue portée car de toute la matinée ça ne
vallée de la Vesle, à mi-chemin de Soissons et 1 boîte de pâté, cesse et les éclatements paraissent être plus
de Reims. 10 boutons et une trousse du combattant près de nous que d’ordinaire. Nos trains de
contenant plusieurs paquets de médicaments.

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ballast déraillent à chaque voyage et c’est une de plus pour faire du travail qui ne peut ser- chargement et déchargement du ballast. Il fait
misère que de voir des officiers du génie vir, n’étant pas terminé. Quelle horreur ! beau temps toute la journée et rien
absolument incapables de mettre en d’anormal ne s'est produit. Je prends des
exploitation une voie Decauville. Même Vendredi 31 décembre 1915 : visées avec le lieutenant avec un niveau
travail l’après-midi. Le soir un bon vin chaud Mauvaise nuit mais dans la journée, d’égault, instrument très pratique pour les
me fait du bien. je tousse beaucoup moins. Nous avons touché levées de terrain.
pour demain 1 cigare, du jambon, du fromage
de tête de cochon, ½ litre de vin, une Mercredi 5 janvier 1916 :
bouteille de mousseux pour 4, en somme, Je passe ma journée au chantier mais je
assez bien mais on nous force au travail et il souffre des reins par ces temps humides. Je
faut en mettre un bon coup. Néanmoins, moi, me couche de bonne heure et je dors assez
je fais un peu ce que je veux. Pas de mal.
canonnade aujourd’hui.
Jeudi 6 janvier 1916 :
La santé est bien meilleure. Néanmoins, ayant
des douleurs dans les reins, je me suis fait
porter malade et je me repose toute la
journée. J’en profite pour terminer la
fabrication de plusieurs porte-plumes.
Canonnade assez forte du côté de Soissons.
J’ai touché un masque et des lunettes pour les
gaz asphyxiants.

Vendredi 7 janvier 1916 :


Je suis au chantier toute la matinée. A midi, le
276ème partant pour les tranchées passe
devant notre bivouac. L’après-midi je la passe
à préparer mon sac car nous devons partir le
lendemain.

A suivre ….
A l'occasion du Tour de France 2015 parlons de
L'église de Berry au Bac bombardée par les Allemands François FABER
(Carte postale adressée par Théode à son épouse)
François FABER est né le 26 janvier 1887
à Aulnay-sur-Iton, dans l’Eure. Son père est
Texte au verso de la Carte postale : luxembourgeois. Il remporte le Tour de France en
1909 (avec cinq victoires d’étapes d’affilée, un
7 heures du soir . J'ai reçu ta lettre en record jamais égalé à ce jour). Il est le premier
coureur étranger vainqueur de la Grande Boucle
même temps que celle de Campazzi . Il pense Carte postale de bonne année 1916
(Crédit photo : Collection personnelle Gérard LEROY) (dix-neuf victoires d’étapes en 9 participations).
Quelques jours après le déclenchement de la
partir pour Dijon bientôt. J'ai bien reçu le Première Guerre Mondiale, il s’engage
billet de 5 francs et je te mets la facture de Samedi 1er Janvier 1916 : volontairement dans la Légion Etrangère. Il est
affecté au 2eme Régiment de marche du 1er
Toute la matinée il nous faut travailler et pour
mes guêtres. Quand le petit a des sous, donnés comble nous restons jusqu’à midi mais l’après Régiment Étranger. Nommé caporal
le 01/10/1914 il part combattre sur le Front du
par l'un, l'autre, mets-lui dans une tirelire en -midi je reste au cantonnement à procéder à
Nord.
ma toilette et à m’épouiller. Il y a encore une
lui faisant comprendre que c'est pour lui plus forte canonnade vers Soissons. Je suis changé
Il est tué à l’ennemi le 9 mai 1915 lors de la
bataille de l’Artois au lieu-dit des «ouvrages
tard. Tout petit ça donne des leçons d'économie d’escouade car la mienne et d’autres sont blancs» près de Carency proche de Berthonval en
fortement dégarnies et de huit on en a fait voulant sauver un de ses compatriotes dans les
et l'on s'en rappelle. Que de fois je songe à quatre. J’ai un cuisinier épatant. Comme par tranchées. Son corps ne sera jamais retrouvé.
l'avenir. Si je reviens, comment ferons-nous : extraordinaire, dans la nourriture il n’y a Le matin de sa mort, Faber recevait une lettre
l’informant de la naissance de sa fille.
qu’un peu de jambon, un cigare et un quart
les dettes, le loyer, le manger, tout à de vin mousseux. Je vais beaucoup mieux.
On peut, aujourd’hui, trouver, dans le chœur de la
basilique N.D. de Lorette, une plaque à sa
remettre en état, tout cela sans un sou mémoire.
Dimanche 2 janvier 1916 :
d'avance car l'argent qui est en banque sera à Quoique dimanche, toute la journée je suis
peine suffisant pour régler les détails de la employé à décharger des wagons de sable.
Rien à signaler
liquidation de l'entreprise.
Bons Baisers à tous les deux. Lundi 3 janvier 1916 :
Même travail qu’hier et au même endroit. Il y
3/12/1915 eut un wagon de fer toute la matinée. Notre
travail approche de sa fin. Nous allons
(crédit photo : Ravenel Actualités)
Jeudi 30 décembre 1915 sûrement pousser plus loin ou mieux, plus
Même travail que la veille. Heureusement le près du front.
LE JOURNAL D’UN POILU
chantier ne se trouve qu’à peine à une est une réalisation de la Commission « Information-
centaine de mètres de notre cantonnement Mardi 4 janvier 1916 : Communication » de la Commune de RAVENEL .
Reproduction interdite.
et le soir pour qu’un train de ballast puisse Toute la journée je suis employé au Copyright 2015
passer le lendemain, nous restons une heure
Le Journal d’un Poilu (8) Page 4

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