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LeJournal d’un Poilu 1

Extraits des carnets de notes de Théode BONVALLET (né le 21/11/1886 à Ravenel - mort le 21/09/1918 à Doiran (Macédoine))

SUPPLEMENT AU BULLETIN « RAVENEL ACTUALITES » N° 64 DE NOVEMBRE 2014

Dans le numéro d’octobre , nous mondiale. Nous avons pensé utile d’en lecture à toutes et tous et merci à
avons donné un coup de publier de larges extraits et ce, avec Théode d’avoir tenu ce journal de
projecteur sur Théode BONVALLET, en son autorisation. Merci à elle. bord permettant ainsi une vision
interviewant sa petite fille Madame Vous trouverez donc, à chaque précise des conditions de la vie
Rose-France MARVILLE qui a retrouvé numéro des quatre prochaines années militaire de ces années de guerre.
les notes qu’il a rédigées tout au long de Ravenel Actualités, un encart RAVENEL ACTUALITES
de sa carrière militaire et notamment spécial transcrivant ces écrits que nous
de 1915 à 1918. Celles-ci relatent le illustrerons et commenterons en
quotidien de la première guerre fonction de leur contenu. Bonne

Lorsqu’on est élu, aimer son village c’est l’aimer dans toutes ses dimensions, dans tous ses aspects, dans toute sa diversité.
C’est le préserver et mettre en valeur ses racines et son histoire pour construire l’avenir.
Aimer son village, c’est préserver son patrimoine. Aimer son village, c’est le faire bouger.
Aimer son village c’est aussi être porteur de l’histoire de la commune et de ses habitants.
Cet encart au Bulletin mensuel communal s’intègre dans cette démarche.
Le maire : Bernard MERLIN

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Les notes retrouvées débutent le 13 juin 1915. 22 heures. Je me couche tout équipé mais je près de nous. Les avions passent et repassent
Les mentions en italiques sont des ne peux dormir, réveillé à chaque moment continuellement. Vers 19 heures nous
commentaires ajoutés par nos soins pour une par les « Halte là » des sentinelles pour croisons un régiment de chasseurs à cheval,
meilleure compréhension du texte. reconnaitre les gens qui veulent passer. un de hussards, sans compter les autobus qui
Théode BONVALLET était engagé volontaire
pour trois ans le 13 mars 1905. Il fut affecté à
la 4ème Compagnie du Corps des Sapeurs
Pompiers de Paris jusqu’au 20 décembre
1907. Rappelé lors de la mobilisation Générale
le 2 août 1914, il fût affecté au 46° Régiment
d’Infanterie de Fontainebleau. Nommé
Caporal le 25 avril 1915, il fut envoyé en ren-
fort du 246ème Régiment d’Infanterie stationné
dans le Pas de Calais le 4 juin 1915.

Dimanche 13 juin 1915 : La nuit a été bonne.


Je m’apprête pour aller à l’enterrement du
camarade mort hier. Nous versons chacun
notre obole pour lui acheter une magnifique
couronne qu’une auto ira chercher à Saint Pol
sur Ternoise .A 11 heures et demie nous
Mercredi 16 juin 1915 : Dès minuit, Carte représentant le théâtre des Opérations
partons pour Frévillers, traversons Rocourt en
commencent à passer 2 régiments de ramènent les hommes du front au repos. Vers
l’Eau, Magnicourt en Comte, et avons ainsi
goumiers (Unité légère de l’armée d’Afrique) 20 heures, commencent à passer des voitures
fait 8 km. Le spectacle est impressionnant, le
et spahis, 2 de chasseurs à cheval, 1 de d’approvisionnement du front : caissons
cercueil, porté à bras par des soldats est
hussards , 3 de dragons, 2 de cuirassiers, d’obus, voitures de munitions etc. ainsi que
conduit à l’église où un aumônier récite la
1 d’artillerie volante, et 220 voitures de nombreux cavaliers qui se rendent aussi
prière des morts. Nous l’enterrons dans un
d’approvisionnement…. A 7 heures nous sur le front et tout cela sans discontinuer
des caveaux qui se trouve autour de l’église.
recevons l’ordre de partir. La tente est jusqu’au jour.
Nous revenons au cantonnement vers 17 h.
démontée, les sacs faits à 7 heures et demie.
Le canon recommence. Je me couche. Vendredi 18 juin 1915 : J’ai très peu dormi
Nous partons pour Houvelin, le château de
Lundi 14 juin 1915 : Levé à 5 heures, parti à 6 Magnicourt à quelques kilomètres de La avec toutes ces troupes qui repartent au
heures, revenu à 10 heures 30. Marche de Thieuloye. Nous traversons Rocourt. A la front. A 10 heures, départ pour une marche
16Km, sac chargé. Nous traversons la station pause, passent plusieurs généraux dont, de 15 km. Traversée de La Comté, un château
de l’aérodrome, près de Brias, environ 2 ha 30 a-t-on dit, Joffre que je n’ai pas reconnu. transformé en infirmerie, La Thieuloye,
ares et revenons à travers champs à Dièval. Aussitôt arrivé, je tombe à avoir un bon Rocourt en l’Eau, Magnicourt, et halte à
L’après-midi, manœuvre près de la gare de cantonnement : une grange bien close avec Houvelin. Après la soupe, je prends le service
Diéval. A 18 heures, le canon s’est mis à beaucoup de paille dont je prends possession de jour. Je rassemble les malades et conduis
tonner comme jamais je ne l’avais entendu. Il avec mon escouade, la plus forte du bataillon. les prisonniers au poste de police et de
dura environ une heure avec la même La journée se passe agréablement. Le canon surveillance l’après-midi à l’infirmerie. Il y a
intensité et un peu moins fort la nuit. Quel s’est tu vers 9 heures du matin. Nous avons eu une demande de renforts pour le 204ème.
carnage cela a du faire ? A-t-on sorti les l’impression qu’il se passe vraiment quelque N’ayant pas été nommé, j’ai demandé à en
boches de leur trou ? Il y eut une forte chose. Des avions surveillent notre faire partie mais la réponse fut négative. Vers
attaque cette nuit-là. cantonnement. Nous sommes dans une 20 heures une escadrille de 8 avions français
atmosphère d’attente. Les armes sont prêtes. tente une reconnaissance : elle est arrêtée
Mardi 15 juin 1915 : Levé comme d’habitude
Nous nous attendons à chaque instant à partir par les canons boches. Après avoir rendu
très tôt. Nous partons vers le château
pour le front : chacun a le sentiment du l’appel, je me couche sous une tente car le
d’Antigneul, Diéval, la Thieuloye. Ce matin à
devoir à accomplir. Hier du 204ème plus de 200 matin nous sommes obligés de camper pour
4h 20 exactement, un avion boche survolant
hommes ont été laissés sur le terrain. laisser la place de la grange pour des
la gare de Diéval lâcha 2 bombes qui
L’après-midi je vais à la pêche aux écrevisses ambulanciers revenus au repos.
tombèrent à 100 mètres du but dans un
champ de seigle, n’occasionnant aucun dégât. mais je n’ai rien pris. Je fais un petit tour dans Samedi 19 juin 1915 : La nuit a été fraîche et
A 11 heures, je prends la garde aux issues les champs. Rentré pour la soupe, je fume la couchette dure. Levé à 4 heures et demie,
avec 8 hommes de mon escouade. La une bonne pipe. Je me couche sur au moins je fais l’appel des malades et porte à manger
consigne est d’arrêter tout le monde, d’exiger 50 cm de paille : je suis très bien. Le canon aux prisonniers. A 6 heures, exercice jusque
le mot de passe ou les papiers des civils, reprend vers 20 heures. 10 heures 30. A la même heure qu’hier,
même ceux du village, qu’ils en sortent ou Jeudi 17 juin 1915 : Enfin bien dormi. même essai des avions mais également
qu’ils y rentrent. A 15 heures, tout le monde A 6 heures nous partons à l’exercice et refoulés par les obus ennemis. La canonnade
est arrêté, les civils conduits au poste des rentrons à 10 heures. Ensuite marche dans un a repris dans tout le secteur avec une violence
militaires. Nous montons notre tente à bois avec un temps splendide. Canonnade toute la nuit mais avec moins d’intensité.

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Dimanche 20 juin 1915 : Levé à 7 heures. repos. Il a perdu beaucoup de monde. Il parait toute la journée. Je vais aussi à la pêche aux
Après avoir bu mon café, je fais ma toilette, que notre essai d’hier de percer la ligne n’a truites et aux écrevisses mais je rentre
change de linge, lave le sale et à 9 heures et pas réussi. On doit le renouveler ces jours bredouille. La journée se passe bien. Le soir,
demie j’assiste à la messe. C’est très ci .Mais l’ennemi tient bon !!! vers 19 h 30, nouveaux tirs contre nos
intéressant et quoique n’y allant pas par Vendredi 25 juin 1915 : Il a plu toute la nuit avions : ça ressemble au loin à des fusées de
dévotion, je me rappelle l’instruction reli- ce qui ne nous a pas empêché de faire la Une feux d’artifices du 14 juillet. Plus de
gieuse que m’ont donnée mes parents. Nous marche et de rentrer tout mouillé. Après la canonnade, tout est calme.
chantons trois cantiques « Pitié mon Dieu », soupe il s’est remis à pleuvoir toute la Lundi 28 juin 1915 : Il pleut toute la journée.
« Notre Dame des Victoires » et journée, ce qui ne nous a pas empêché non Néanmoins nous faisons un peu d’exercices
« O salutatis ». Je rentre sous ma tente, tout plus de faire quelques exercices. Je me matin et soir. Divers régiments d’artillerie ont
ému du spectacle aussi simple et couche dans mon sac de couchage sur la terre changé de position toute la journée. Le soir
impressionnant que celui-là. L’après-midi se mouillée car l’eau traverse la tente. essais de bombes au Parc de Génie, situé à
passe à me promener dans les champs et Néanmoins la nuit se passe assez bien et j’ai Tincquette.
dormir. Après la soupe j’écris quelques lettres un peu froid. Le canon reprend de 20 heures à
et je me couche. Mardi 29 juin 1915 : Ce matin service de
22 heures malgré l’eau qui tombe à verse.
campagne. Je dois, avec toute mon escouade,
Lundi 21 juin 1915 : Levé à 5 h et quart. Parti surveiller un petit bois. Tout se passe bien. Le
à 6 heures pour une marche de 22 km, sac 11ème de Courbevoie, avec son drapeau
chargé et 15 paquets de cartouches. Je revient des tranchées. Il a aussi subi de
traverse Bajus, une grande ferme, grandes pertes. Raccommodage, quelques
La Thieuloye, la Gare de Brias, Rocourt en lettres et à 14 heures marche manœuvre,
l’Eau, et reviens à Houvelin, bien fatigué. retour pour la soupe et au pucier !
Soupe, lavage et repos jusque 14 h 30.
Ensuite exercice dans un pré, rentré à Mercredi 30 juin 1915 : Levé à 4 heures et
17 heures pour la soupe et la distribution de demie. Marche de 20 km et plus. Je suis
lettres, et au lit (C’est une façon de parler !). trempé, complètement mouillé, plein de
J’ai vu atterrir un avion. Depuis deux jours rosée. L’eau coule dans mes souliers. Après
nous n’avons entendu que quelques coups de avoir mangé, bu un café bien chaud, fumé
canon. Aujourd’hui silence complet. une cigarette, je fais un bon somme. Il fait
beau. Le soleil et le vent sèchent rapidement
Mardi 22 juin 1915 : Levé à 5 heures : le linge et les effets mouillés. L’après-midi se
exercices dans la matinée et tout l’après-midi. passe en revues d’armes, de vivres et d’outils.
Rien d’anormal. Le 159ème Régiment A 19 heures, concert par la Compagnie dans
d’infanterie alpine est avec nous au repos. La un pré : comme scène un chariot entouré de
canonnade reprend avec intensité vers 18 feuillage, comme décor un ruisseau et une
heures et se prolonge toute la nuit. Nous rangée de peupliers. Au fond, s’étalent des
avons pris quelques tranchées, parait-il! flocons de fumée d’obus tirés sur nous.
Tranchée en 1915
Mercredi 23 juin 1915 : Le matin au réveil (Crédit photo internet) Comme musique de fond, le canon qui tonne
une pluie fine nous fait rester une heure de Samedi 26 juin 1915 : Levé à 4 heures et à l’horizon. C’est simplement magnifique par
plus au camp. Exercices de compagnie sur un demie, parti à 5 heures et demie. Petite sa beauté et surtout par la proximité de
grand terrain situé près de Frévillers. marche et exercice peu fatiguant. L’après- l’ennemi et nous sommes là plusieurs
L’après-midi, vers 15 heures, nous entendons midi, exercices de reconnaissance. Toujours centaines, couchés, assis ou debout qui écou-
une explosion violente d’une voiture de arrêtés sur la ligne par des obus allemands. tons les amis . La soirée se termine à 21
munitions. Les boches ont canonné les gares On voit à l’horizon des gerbes de flammes heures et après la distribution des lettres on
d’Hersin et de Barlin. 7 hommes de mon suivies d’une fumée noire ou blanche mais se fourre au pieu.
escouade partent aux renforts du 246ème et épaisse. Plus de 200 coups sont tirés en moins Jeudi 1er Juillet 1915 : Nous entrons dans le
276ème. J’ai changé ma demeure de place et je d’une heure. Le matin il passe deux régiments douzième mois de guerre. Levé à 5 heures,
couche avec un autre petit caporal de la d’artillerie, le 11ème et le 19ème, se rendant au exercices en plaine jusque 10 heures. A 11
classe 1914. repos. heures je prends la garde aux issues avec
Jeudi 24 juin 1915 : Réveil à 3 heures pour les Dimanche 27 juin 1915 : Je me lève à 6 toute mon escouade et je me repose tout
hommes du renfort. Rassemblement à 4 heures et après avoir bu mon jus, je vais laver l’après-midi. Je fais arrêter et fais faire
heures et départ à 5 heures, accompagnés mon linge. Ensuite, j’écris quelques lettres. Le demi-tour à un officier qui n’avait pas le mot
par les tambours et clairons. Après la soupe 11ème d’artillerie est passé, s’en retournant au de passe. Il passe 2 canons de 120 court et un
chaude, rassemblement. Il est arrivé un front avec des caissons et des canons peints de 155 long. Mouvements des troupes. Le
détachement du 207ème et un du 421ème dont de toutes les couleurs, simulant des paysages 141ème arrive à 19 h 30 pour camper.
10 hommes sont affectés à mes escouades. Je de façon à les dissimuler le mieux possible Vendredi 2 juillet 1915 : Réveil à 3 heures.
fais la situation et leur fais établir leurs tentes parmi les bois. L’après-midi je vais prendre un Nous changeons de cantonnement. Nous
à côté de ma demeure. Le canon s’est tu bain et laver mon linge. Le temps est brumeux allons à 8 km de là, à Tincques. Nous
depuis ce matin. Le 129ème est revenu au

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traversons Chelers. J’ai encore une grange bombes en même temps. Aussitôt rentré je 10 h, repos jusque 14 h, ensuite exercice dans
pour cantonnement pour mon escouade. mange et prépare mon sac pour le lendemain. le cantonnement. Toujours mauvais temps. Je
Assez bien mais il y a de la vermine. Les suis désigné pour faire partie des cadres du
Lundi 5 juillet 1915 : J’ai bien dormi malgré
Marocains étaient encore là hier. Je ne fais bataillon de dépôt. La division doit changer de
la violente canonnade de la nuit, très intense.
rien de l’après-midi. Je fais un tour dans le secteur. Je mange et je me couche.
Marche de 20 km. Après le déjeuner, repos
pays assez grand. Les autobus qui conduisent Vendredi 9 juillet 1915 : Canonnade vio-
jusque 14 heures puis exercices. Je me couche
les troupes sur les lignes de feu sont là, lente toute la nuit. 6 détachements partent
de bonne heure car je suis assez fatigué ayant
alignés sur environ 500 m et tous ont des toits aujourd’hui et demain en renforts des 246ème,
pris le chargement complet le matin.
de paille pour les confondre avec la plaine. Il 276ème , 204ème, 282ème, 289ème, 231ème. Je n’ai
Néanmoins j’ai bien tenu avec les outils et
passe continuellement des aéros, volant bien pas encore été nommé cette fois-ci et
130 cartouches.
bas. On fait des essais de bombes à 200 m de j’attends mon tour avec impatience car je
mon logis qui est une ferme assez mal Mardi 6 juillet 1915 : Le canon gronde voudrais en finir au plus vite. Je ne serai
entretenue : je couche à côté d’une étable à toute la nuit. Rien d’intéressant. Exercice dans jamais le dernier pour les endroits dangereux.
vaches . Toute la nuit les veaux n’arrêtent pas le cantonnement. Il commence à pleuvoir Le matin exercice et après déjeuner pause. A
de beugler. A Tincques, il y a un parc assez fort à 6 heures. A 7 heures un ordre : 14 heures service en campagne. Temps
d’aviation avec 8 biplans M.F. Maurice Far- ma section, sans sac mais avec fusil 9 superbe. Je rentre pas trop fatigué. Je me
man l Je mange et me couche de bonne cartouches, part en réserve pour un coup de couche vers 21 heures après avoir bu une
heure : il y a un bon sommier fait de paille de main. Nous montons en autos et à 9 heures rasade de lait, ce que je fais quelquefois.
fèves avec une bonne épaisseur de paille nous sommes dans la tranchée où nous
Samedi 10 juillet 1915 : Debout à 4 heures et
dessus restons jusqu’au jour, debout avec un homme
demie. Je suis chargé du nettoiement du
derrière un arbre et moi à genou, à côté.
cantonnement (enlever le fumier et le purin
Nous observons. Une balle passe, lui traverse
dans la cour de la ferme). J’ai 7 hommes, un
le képi et moi ma capote en deux endroits.
cheval et une voiture pour ce travail. Je ne me
A 17 heures nous sommes relevés et à 19
contente pas de la surveillance et je fais ma
heures nous revenons au cantonnement et
part de travail. Nous avons, à trois, chargé les
c’est à peine si l’on s’est aperçu de notre
20 tombereaux (les autres faisant autre
absence !
chose). Le soir je suis bien fatigué.
Mercredi 7 juillet 1915 : Je me repose
Dimanche 11 juillet 1915 : J’ai passé une
jusque la soupe et je fais volontairement une
bonne nuit et après avoir bu mon café, je me
marche de 20 km. Aussitôt rentré on parle
Bi plan Maurice Farman lève vers 7 heures et demie. Je fais un bon
des atrocités de la guerre amplifiées par la
(crédit photo : Internet) chocolat et procède à ma toilette et au
pluie ininterrompue. Je me couche. Le canon
Samedi 3 juillet 1915 : Le matin et l’après- nettoyage des effets. A 10 heures, je vais à la
ne tonne plus et nous avons abandonné les
midi sont passés à l’exercice . Rien d’anormal. grand messe. Le sermon très intéressant est
attaques nous bornant à la défensive car les
Juste des mouvements de troupes qui fait par l’aumônier. Je déjeune et je vais voir
allemands sont retranchés d’une façon
reviennent du front d’Arras. des amis à Chelers. A 14 h 15, je vais aux
formidable.
vêpres puis je fais une promenade aux docks
Dimanche 4 juillet 1915 : Le matin je vais à Jeudi 8 juillet 1915 : Toute la nuit il fait un du Génie où je remarque un système d’engins
la messe dans la petite église très coquette temps affreux, de la pluie et du vent sans à 4 pointes, dont une est toujours en l’air,
intérieurement et je visite le parc d’aviation. cesse. Le matin, petite manœuvre sous bois à système qui sert à empêcher les ennemis
J’assiste à plusieurs départs et arrivées La Neuville Planquette, rentré à Tincques vers d’avancer ou lorsqu’ils se couchent, ils s’em-
d’aéros. Après avoir déjeuné je fais un brochent dessus. Après être rentré,
somme, j’assiste aux vêpres chantés et en je dîne (mouton en ragoût, hari-
musique par des soldats. Ensuite promenade cots, confitures et un quart de ca-
dans le pays où je vois les immenses fé.). J’écris quelques lettres et je
approvisionnements du Génie de toutes retourne mon matelas avec une
sortes : fil de fer barbelés d’Amérique, fourche.
grenades, fascines (fagot de branchages A suivre …..
utilisé pour combler des fossés, réparer de
mauvais chemins et faire des ouvrages de Ci-contre photo d’un des carnets de
défense), gabions (sorte de casier, le plus notes de Théode Bonvallet
souvent fait de solides fils de fer tressés et
contenant des pierres), et engins de toutes
formes, dépôt de vêtements, parc d’artillerie LE JOURNAL D’UN POILU
est une réalisation de la Commission
avec atelier de réparation. Seconde visite aux
« Information-Communication » de la
aéros . Ces biplans ne servent que pour les Commune de RAVENEL
reconnaissances et sont très peu armés. Les Reproduction interdite.
avions de Brias, eux, servent à lancer des Copyright 2014

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