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Notes 02.03.2009
Notes 02.03.2009
1.1 Introduction
En physique classique, une particule est décrite par sa position r(t). L’évolution de sa
position (la trajectoire de la particule) est donnée par l’équation de Newton
d2 r
m = F(r, t)
dt2
Nous associons maintenant à une particule une quantité Ψ que nous appelons fonction
d’onde. Ψ est un champ scalaire dépendant du temps :
Ψ = Ψ(r, t)
Cette notion de fonction d’onde est à rapprocher des observations expérimentales qui
nous ont montré la dualité onde-corpuscule. Une particule a aussi un aspect ondulatoire.
Comme pour les phénomènes ondulatoires, Ψ(r, t) est en général une fonction complexe.
Ψ(r, t) ∈ C
1
2 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER
Que représente Ψ ? Nous donnons ici l’interprétation de Born. Cette interprétation relie
la quantité
kΨ(r)k2 = Ψ(r)Ψ∗ (r), (Ψ∗ = conjugué complexe de Ψ)
kΨ(r)k2 d3 r
Avec cette interprétation, Ψ est l’amplitude de probabilité. Ψ peut être positive, négative,
ou complexe, car seule ΨΨ∗ = kΨk2 doit être positive.
Plus généralement, nous associons à la particule une fonction d’onde Ψ(r, t) complexe.
Ψ(r, t) est l’amplitude de probabilité (en anglais : probability amplitude). La quan-
tité kΨk2 est la densité de probabilité au point r (en anglais : probability density).
La probabilité de trouver la particule ou le système dans un volume d3 r = dV autour
de r est égale à kΨ(r)k2 d3 r = Ψ(r)Ψ∗ (r)d3 r.
La dimension de la densité de probabilité kΨk2 est m−3 :
h i
kΨk2 = m−3
Si la probabilité est grande pour d3 r petit, on pourrait avoir une analogie avec la trajec-
toire au sens classique.
Ce fut le mérite du physicien autrichien E. Schrödinger d’avoir posé l’équation qui donne
l’évolution de Ψ(r, t), connue sous le nom d’équation de Schrödinger dépendante
du temps :
~2 2
∂
i~ Ψ(r, t) = − ∇ + V (r) Ψ(r, t) (1.1)
∂t 2m
où :
h
• ~ = 2π = 1.05457 · 10−34 Js,
2
• ∇ est le laplacien,
• m la masse de la particule,
• V (r) l’énergie potentielle de la particule au point r.
Lorsque l’on cherche une solution de Ψ qui ne dépend pas du temps (solution station-
naire), l’équation de Schrödinger indépendante du temps s’écrit :
~2 2
− ∇ + V (r) Ψ(r) = EΨ(r) (1.2)
2m
Discussion
a) D’où vient l’équation de Schrödinger ? Cette équation est postulée (tout comme,
par exemple, l’équation de Newton). Sa validité est prouvée par les conséquences
que l’on peut en tirer.
b) L’équation de Schrödinger est une équation au premier ordre par rapport au temps.
La connaissance de Ψ(r, t = 0) suffit pour déterminer l’évolution de Ψ(r, t). En effet,
dans l’approche probabiliste de Born, Ψ permet de trouver la probabilité de trouver la
particule autour de r en tout temps. La connaissance seule de Ψ(r, t = 0) doit donc suffire
pour déterminer l’évolution.
De même :
Z Z
hλ1 Ψ1 + λ2 Ψ2 , ϕi = λ∗1 Ψ∗1 ϕd3 r + λ∗2 Ψ∗2 ϕd3 r
= λ∗1 hΨ1 , ϕi + λ∗2 hΨ2 , ϕi
Les cas les plus simples sont ceux obtenus à une dimension. L’équation de Schrödinger
stationnaire à une dimension s’écrit
~2 d2 Ψ
− + V (x)Ψ = EΨ (1.3)
2m dx2
~2 d2 Ψ
− = EΨ
2m dx2
La solution générale est
Ψ = A exp{ikx} + B exp{−ikx}
~2 k 2
avec E = 2m , et A et B des constantes.
Pour vérifier que Ψ est une solution, il suffit de la remplacer dans l’équation de Schrö-
dinger :
~2 d2 Ψ ~2 2
− 2
= k [A exp{ikx} + B exp{−ikx}] = EΨ
2m dx 2m
~2 k 2
en identifiant E = 2m .
Donnons maintenant l’interprétation de Born de Ψ(x). Prenons B = 0 :
Ψ(x) = A exp{ikx}
La densité de probabilité est une constante indépendante de la position. Notez que nous
avons ici un problème : la normalisation de Ψ(x) demande que
Z ∞
kΨk2 dx = 1
−∞
Mais comme kΨk2 vaut kAk2 , il y a ici un problème mathématique, car l’intégrale diverge !
Quelle est l’interprétation physique du résultat quantique ? Nous décrivons la particule
de masse m par la fonction d’onde Ψ(x) = A exp{ikx}. Selon la relation de de Broglie,
l’impulsion p de la particule est
p = ~k
6 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER
C’est le cas A = B = 1.
maximale lorsque kx = nπ. Par contre, il y a une incertitude sur la valeur de l’impulsion.
On retrouve une relation entre la localisation de la particule et l’incertitude sur la mesure
de son impulsion, c’est-à-dire la relation d’incertitude de Heisenberg, que nous
discuterons plus tard.
0 L x
0, 06x6L
V (x) =
+∞, x < 0 et x > L
~2 d2 Ψ
− + V Ψ = EΨ
2m dx2
~2 d2 Ψ
− = EΨ
2m dx2
Dans les zones I et III, le potentiel V est infini. D’une manière intuitive, en regardant la
forme de l’équation de Schrödinger, si V est infini, Ψ doit être nul.
Nous avons mentionné que la fonction Ψ(x) est une fonction continue. La condition de
continuité en x = 0 implique que D vaut 0. La condition de continuité en x = L implique
que
nπ
kL = nπ ⇔ k =
L
Le vecteur k ne peut prendre que des valeurs discrètes nπ/L. L’impulsion correspon-
dante p vaut
~nπ
p = pn = ~k =
L
On dit alors que k et p sont quantifiés. La quantification de k implique donc aussi la
quantification de l’énergie E de la particule :
~2 k 2 ~2 n2 π 2
E= =
2m 2L2 m
et l’énergie vaut
n2 ~2 π 2
E=
2L2 m
Quelles sont les propriétés physiques associées à la fonction d’onde Ψ(x) que nous venons
de trouver ? Dans le cadre de la mécanique classique, l’énergie de la particule est continue
depuis 0 jusqu’à ∞. Dans le cadre de la mécanique quantique, l’énergie ne peut prendre
que des valeurs discrètes. La séparation en énergie entre les niveaux (n + 1) et n vaut
(2n + 1)~2 π 2
∆E = En+1 − En =
2L2 m
Pour des grandes valeurs de n (à part les oscillations), la densité de probabilité est
"continue" entre 0 et L, comme dans le cas classique. Le cas classique est obtenu
pour des grands n.
10 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER
V
V0
0 L x
0, x < 0
V = V0 , 0 6 x 6 L
0, x > L
dΨ
Nous devons imposer la continuité de Ψ en x = 0 et x = L, ainsi que la continuité de dx
en x = 0 et x = L. Donc
A+B =C +D
0 0
C exp{KL} + D exp{−KL} = A exp{ikL} + B exp{−ikL}
ikA − ikB = KC − KD
KC exp{KL} − KD exp{−KL} = ikA0 exp{ikL} − ikB 0 exp{−ikL}
B 0 vaut 0 car dans la zone III, il n’y a pas de particule allant dans la direction négative.
Il nous reste donc 5 inconnues et 4 équations. L’amplitude de A est arbitraire. On peut
donc exprimer toutes les autres quantités en fonction de A. kAk2 donne la probabilité de
la particule allant de gauche à droite. kA0 k2 donne la probabilité de trouver la particule
dans la zone III.
Appelons le rapport T = kA0 k2 / kAk2 coefficient de transmission de la zone I à la zone III
en traversant la barrière de potentiel.
−1
2
[exp{KL} − exp{−KL}]
T = 1+
16 VE0 1 − VE0
Le fait que T soit non nul montre qu’il y a une probabilité non nulle que la particule
traverse la barrière de potentiel et ressorte dans la zone III. C’est ce qu’on appelle l’effet
tunnel.
Pour KL 1, on peut faire un approximation pour T :
E E
T = 16 1− exp{−2KL}
V0 V0
p
avec K = 2m(V0 − E)/~.
L’effet tunnel décroît exponentiellement avec L et m1/2 . Les particules légères comme les
électrons ont une probabilité plus grande de faire un effet tunnel que les particules plus
lourdes.
Considérez un électron à la surface d’un corps. Il est retenu dans ce corps par une barrière
de potentiel. Plaçons près de cette surface (L ∼ 0.5 nm) une pointe métallique. Par effet
tunnel, il existe une probabilité non nulle pour que l’électron quitte le métal. On détecte
alors un courant à travers la pointe.
12 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER
Courant tunnel
A
Pointe
L
Surface
Dans un microscope à balayage basé sur l’effet tunnel, on essaye de garder le courant
tunnel constant lorsque la pointe se promène sur la surface, en contrôlant la hauteur de
la pointe. On obtient ainsi une image de la surface du métal.
V0
Zone I Zone II
0 x
0, x<0
V (x) =
V0 , x > 0
ΨI = A exp{ikI x} + B exp{−ikI x}
~2 d2 Ψ
− = (E − V0 )Ψ
2m dx2
avec (E − V0 ) > 0. Donc
ΨII = C exp{ikII x}
2 = 2m(E − V )/~2 . Nous prenons ici seulement l’onde progressive exp{ik x},
avec kII 0 II
car dans la zone II, la particule se propage vers les x croissants.
Les conditions imposées en x = 0 sont
• la continuité de ΨI (x = 0) = ΨII (x = 0),
d d
• la continuité de dx ΨI (x = 0) = dx ΨII (x = 0),
soit :
A+B =C
kI (A − B) = kII C
Comme dans le cas examiné pour l’effet tunnel, on note que B et C peuvent être calculés
en fonction de A.
B − C = −A
kI B + kII C = kI A
Discussion mathématique
Dans la zone I, nous avons dû prendre en compte l’onde rétrograde B exp{−ikx}, sinon
nous n’aurions pas pu satisfaire les conditions de continuité en x = 0 de Ψ et Ψ0 .
1
Notez le facteur kII /kI dans l’expression du coefficient de transmission T .
14 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER
Discussion physique
Cas classique : La particule passe par dessus la barrière de potentiel. Il n’y a rien de
semblable à une réflexion.
Cas quantique : Même si E > V0 , une partie de l’onde incidente est réfléchie. Nous
avons
(kI − kII )2 4kI kII
R+T = + =1
(kI + kII )2 (kI + kII )2
Nous définissons donc la zone I comme le rectangle délimité par 0 = (0, 0), A = (L1 , 0),
B = (L1 , L2 ) et C = (0, L2 ) et la zone II par le reste du plan (figure 2.4). Donc
0 dans la zone I
V =
∞ ailleurs
y
C B
L2
Zone I
A
0 L1 x
Cas quantique
Nous nous retrouvons dans le cas bien connu d’un puits de potentiel à une dimension.
C’est un problème que nous avons déjà résolu :
r
2 n1 π
X(x) = sin x
L1 L1
16 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER
r
2 n2 π
Y (y) = sin y
L2 L2
r
4 n1 π n2 π
ΨI (x, y) = sin x sin y
L1 L2 L1 L2
Discussion physique
• La densité de probabilité kΨI k2 représente la densité de probabilité de trouver la
particule en (x, y).
• Si L1 = L2 = L, l’énergie E vaut
h2
n21 + n22
E= 2
8mL
On note qu’il existe divers couples (n1 , n2 ) qui donnent la même valeur de E. Par
exemple n1 = 1, n2 = 2 et n1 = 2, n2 = 1 donnent
h2
E= 5
8mL2
On dit que le niveau d’énergie correspondant est dégénéré. La dégénérescence est liée
à la symétrie du problème. Dans notre cas, la symétrie est obtenue car nous avons
posé L1 = L2 = L, et ceci fait que les axes x et y sont équivalents.
Que savions-nous sur l’atome d’hydrogène avant la mécanique quantique ? Nous savions
que :
• il y a un proton et un électron,
• entre les deux particules, beaucoup de vide !
L’atome de Bohr consiste en un électron en orbite fermée autour du proton. Le rayon de
Bohr a0 = 5.29 · 10−11 m correspondrait alors au rayon de l’orbite de l’électron.
1.6. L’ATOME D’HYDROGÈNE 17
−e2
V (r) =
4πε0 r
où r est la distance entre le proton et l’électron.
L’équation de Schrödinger est alors
~2 2 e2
− ∇ − Ψ = EΨ (1.4)
2m 4πε0 r
Nous prenons ici m = me = masse de l’électron. En toute rigueur2 , m est la masse réduite
correspondant à
1 1 1
= +
m me mp
avec mp = masse du proton. Mais comme mp me , m ≈ me .
Quel est le signe de E ? Le potentiel V (r) est négatif. Si E est positif, E est alors plus
grand que V (r) et, comme dans le cas classique, l’électron n’est pas lié, mais est libre.
Pour E < 0, l’électron est lié au proton. C’est ce cas que nous étudierons par la suite.
Pour résoudre ce problème, nous utiliserons les coordonnées sphériques (figure 2.5), car
ce système de coordonnés reflète la géométrie du problème.
2
Le problème classique est celui de deux charges. L’hamiltonien H vaut
p2proton p2
H= + electron + V (r)
2mp 2me
Le mouvement relatif est donné par
p2
Hrel = + V (r)
2m
18 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER
z
P
r
θ
0
y
φ
x
∂2 1 ∂2
2 ∂ 1 ∂ ∂ 1
∇2 = + + + sin θ
∂r2 r ∂r sin2 θ ∂φ2 sin θ ∂θ ∂θ r2
Nous prendrons comme origine 0 le proton. Faisons une première séparation des variables :
et appelons
1 ∂2
1 ∂ ∂
Λ2 = + sin θ
sin2 θ ∂φ2 sin θ ∂θ ∂θ
de sorte que
∂2 2 ∂ 1
∇2 = + + Λ2
∂r2 r ∂r r2
~2 d2 R 2 dR ~2 1
− + Y − RΛ2 Y + V (r)RY = ERY
2m dr2 r dr 2m r2
~2 d2 R 2 dR ~2 1 1 2
− + + V (r)R − R Λ Y = ER
2m dr2 r dr 2m r2 Y
~2 d2 R 2 dR ~2 1
− + + V (r)R + Rl(l + 1) = ER
2m dr2 r dr 2m r2
~2 d2 Rr ~2 1
− + Rr V (r) + l(l + 1) = ERr
2m dr2 2m r2
1.6. L’ATOME D’HYDROGÈNE 19
Et en posant u = Rr :
~2 d2 u e2 ~2 1
− + − + l(l + 1) u = Eu
2m dr2 4πε0 r 2m r2
1 ∂2Y
1 ∂ ∂Y
2 ∂φ2 + sin θ ∂θ sin θ = −l(l + 1)Y
sin θ ∂θ
~2 d2 u e2 ~2 l(l + 1)
− + − + u = Eu
2m dr2 4πε0 r 2mr2
1 d2 P
= −m2
P dφ2
sin θ d dT
sin θ + l(l + 1) sin2 θ = m2
T dθ dθ
P (φ) = eimφ
l = 0, 1, 2, . . .
m = l, l − 1, . . . , −l + 1, −l
Nous donnons dans le tableau 2.1 les expressions explicites des Yl,m (θ, φ), appelées har-
moniques sphériques.
20 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER
l m Yl,m
r
1
0 0
4π
r
3
1 0 cos θ
4π
r
3
1 ±1 ∓ sin θ exp{±iφ}
8π
r
5
2 0 (3 cos2 θ − 1)
16π
r
15
2 ±1 ∓ cos θ sin θ exp{±iφ}
8π
r
15
2 ±2 sin2 θ exp{±2iφ}
32π
L’équation en r (ou d’une manière équivalente l’équation pour u = Rr) admet comme
solution les polynômes de Laguerre. Les solutions qui sont bornées, et donc acceptables,
doivent satisfaire
r
e2 1 mc2
√ = n = l + 1 + n0 , n0 = 0, 1, 2, . . .
~c 4 2πε0 −E
Posons n = l + 1 + n0 , n = 1, 2, . . . .
2
e2 mc2
E=− n = 1, 2, . . .
~c n2 32π 2 ε20
n l R(r)
2 n ρo
1 0 3/2
exp −
a0 2
3/2
1 1 n ρo
2 0 √ (2 − ρ) exp −
8 a0 2
3/2
1 1 n ρo
2 1 √ ρ exp −
24 a0 2
3/2
1 1 n ρo
3 0 √ (6 − ρ + ρ2 ) exp −
243 a0 2
3/2
1 1 n ρo
3 1 √ (4 − ρ)ρ exp −
486 a0 2
3/2
1 1 n ρo
3 2 √ ρ2 exp −
2430 a0 2
2r
Tab. 1.2 – Premières solutions pour R(r), avec ρ = na0 et a0 le rayon de Bohr qui vaut
4πε0 ~2
a0 = me e2
= 0.529 · 10−8 cm.
La discussion sur la fonction d’onde Ψ montre qu’il existe trois nombres quantiques :
• n = l + 1 + n0 , n = 1, 2, . . . , ∞
• l = 0, 1, 2, . . . , (n − 1)
• m = l, l − 1, . . . , −l
Le nombre quantique n est appelé nombre quantique principal. C’est lui qui déter-
mine les niveaux d’énergie.
Le nombre quantique l est appelé nombre quantique du moment angulaire orbital, ou
encore nombre quantique azimutal. Son interprétation physique est liée à la quanti-
fication du moment angulaire J de l’électron. Du point de vue classique,
J = mr2 ω
22 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER
pour une particule tournant à une distance r du centre (ici l’électron autour
p du proton)
à la vitesse angulaire ω. Le moment angulaire J est quantifié à l(l + 1)~ avec
l = 0, 1, 2, . . . , (n − 1).
Le nombre quantique m est appelé nombre quantique magnétique. Il est compris
entre +l et −l. Ce nombre quantique est lié à la rotation φ autour de l’axe Oz. Il décrit
la quantification de la composante Jz du vecteur moment angulaire J. Jz est quantifié
à m~ avec m = l, l − 1, . . . , −l.
n Couche
1 K
2 L
3 M
4 N
.. ..
. .
n = l + 1 + n0
1.6. L’ATOME D’HYDROGÈNE 23
l Sous-couche
0 s (sharp)
1 p (profound)
2 d (diffuse)
3 f
4 g
5 h
6 i
7 k
Couche n E
0
8
N 4 4s 4p 4d 4f
M 3 3s 3p 3d
L 2 2s 2p
K 1 1s
Lignes d’émission
Il est bien connu que les atomes émettent des radiations électromagnétiques sous forme
de lignes discrètes. Pour l’atome d’hydrogène, la formule empirique suivante a été trouvée
par Rydberg :
1 1
ν̃ = RH −
n21 n22
où :
• ν̃ est la fréquence exprimée en cm−1 (c’est-à-dire ν̃ = f /c avec [f ] = Hz) ;
• RH = constante de Rydberg = 109 677 cm−1 ;
• n1 = 1 (Série de Lyman), 2 (de Balmer), 3 (de Paschen), 4 (de Brackett) ;
• n2 = n1 + 1, n1 + 2, . . . .
Comment relier cette observation avec ce que nous avons calculé ? Prenons par exemple
la série de Lyman, et utilisons notre diagramme d’énergie (figure 2.6). Supposons que
l’électron soit dans l’état n = 2 = n2 . Il peut retomber sur l’état n = 1 = n1 en émettant
une radiation d’énergie
me4 1
1 1
∆E = 2 − = hcν̃
~ 32π 2 ε20 n21 n22
me4
1 1 1
ν̃ = 2 −
~ hc 32π 2 ε20 n21 n22
On peut poursuivre le raisonnement en prenant pour n1 la valeur n1 = n = 2 et obtenir
la série de Balmer, et ainsi de suite. La constante de Rydberg est alors
me4 1
RH = = 109 737 cm−1
h3 8cε20
Cette valeur théorique pour la constante de Rydberg est en accord presque total avec la
valeur expérimentale (∆RH /RH = 5.5 · 10−4 ). La différence vient du fait que nous avons
négligé les effets relativistes.
Les figures 2.7(a) et 2.7(b) montrent les séries de Lyman et de Balmer.
26 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER
n E n E
0
0 6
5
4
4
3 3 n2
2 n2 2 n1
1 n1 1
Notez que dans ces diagrammes, nous avons seulement utilisé le nombre quantique n.
Les diagrammes des niveaux d’énergie que nous avons dessinés ne font pas figurer le
nombre quantique l (avec la nomenclature 1s, 2s, 3s, . . . , 2p, 3p, 4p, . . . ). En fait, tous
les passages d’un niveau d’énergie avec n2 > n1 ne sont pas possibles à cause des nombres
quantiques l et m. Les règles de transition permises sont ∆l = ±1, ∆m = 0,
±1.
E
0
5p
4s 4p 4d
Paschen
3s 3p 3d
Balmer
2s 2p
Lyman
1s
avec n = 1, 2, . . . , ∞ ; l = 0, 1, 2, . . . , n − 1 ; m = l, l − 1, . . . , −l.
Par exemple, Ψ1,0,0 vaut :
3/2 n ρo r 1
1
Ψ1,0,0 = 2 exp −
a0 2 4π
1.7.1 Correspondance
H
b quantique Ψ = EΨ
D’une manière générale, considérons une variable dynamique A(r, p) classique. On forme
alors l’opérateur quantique qui lui correspond :
Ab x, y, z, −i~ ∂ , −i~ ∂ , −i~ ∂
∂x ∂y ∂z
En notant Z ∞
hΨ, Ψi = Ψ∗ Ψd3 r
−∞
Z ∞
hΨ, AΨi = Ψ∗ (AΨ)d
b 3
r
−∞
on a :
hΨ, AΨi
hAi =
hΨ, Ψi
1.7. PRINCIPES FONDAMENTAUX DE MÉCANIQUE QUANTIQUE 29
Si A représente une quantité physique, hAi doit être une quantité réelle (rappelons
qu’en physique, la partie imaginaire d’un nombre complexe n’a pas de signification : une
quantité physique doit être réelle !).
Observable A ↔ Opérateur A
b hermitien
En mécanique classique, la position r = (x, y, z) d’une particule ainsi que son impulsion
p = mv = (mvx , mvy , mvz ) sont connues exactement à n’importe quel moment. En
mécanique quantique, le principe d’incertitude de Heisenberg nous dit :
1
∆x∆px > ~
2
1
∆y∆py > ~
2
1
∆z∆pz > ~
2
avec
p
∆x = hx2 i − hxi2
p
∆px = hp2x i − hpx i2
Pour que la particule soit localisée, il faut que la fonction d’onde soit localisée dans
l’espace. Mathématiquement, nous disons qu’elle doit être formée par une superposition
d’ondes planes exp{ik · r} pour former un paquet d’onde dont l’extension spatiale est
limitée. Z
Ψ(r) = f (k) exp{ik · r}d3 k
On sait, par la théorie de la décomposition en série de Fourier, que plus Ψ(r) est localisée
en r, plus il faudra de composantes de Fourier en k. Comme p est liée à k par la relation
de de Broglie (p = ~k), la précision selon p diminue.
1.7. PRINCIPES FONDAMENTAUX DE MÉCANIQUE QUANTIQUE 31
Remarque
Application numérique
∆E∆t & ~
Cette relation appelle une remarque. La relation liant ∆x et ∆px relie les mesures de x
et px au même temps t. Dans la relation ∆E∆t, le temps joue un rôle différent que E.
L’énergie est une variable dynamique du système, alors que le temps est un paramètre.
La relation ∆E∆t & ~ relie donc le changement ∆E pendant le temps ∆t caractéristique
du taux de variation des quantités dynamiques du système.
Cette relation est importante dans l’interprétation des temps de vie des particules. En
effet, prenons la mesure de l’énergie correspondant à la création d’une particule. Cette
mesure donne une valeur E0 avec une variation ∆E. La relation d’incertitude ∆E∆t
permet alors de prédire que le temps de vie τ de la particule est de l’ordre de
~
τ ≈ ∆t ≈
∆E
32 CHAPITRE 1. LA FONCTION D’ONDE ET L’ÉQUATION DE SCHRÖDINGER
∂ ∂
xΨ] = −i~
pbx [b [xΨ] = −i~Ψ − i~x Ψ
∂x ∂x
x ◦ pbx ) et (b
Donc (b px ◦ x
b) ne commutent pas.
On définit le commutateur de x
b et pbx comme l’opérateur
[b bpbx − pbx x
x, pbx ] = x b
[b
x, pbx ] Ψ = x px Ψ) − pbx (b
b (b xΨ) = i~Ψ
Donc
[b
x, pbx ] = i~
Par contre, vous vérifierez facilement que les commutateurs suivants sont nuls :
[b
x, pby ] = [b
x, pbz ] = 0
[b
x, pbx ] = i~
[b
x, pby ] = 0
[b
x, pbz ] = 0
On dit que :
• les opérateurs xb et pbx ne commutent pas,
• les opérateurs xb et pby (et x
b et pbz ) commutent,
• la valeur [b
x, pbx ] vaut le double du minimum de ∆x∆px .
1.7. PRINCIPES FONDAMENTAUX DE MÉCANIQUE QUANTIQUE 33
h i
On définit deux observables A et B comme complémentaires si leur commutateur A, b Bb
n’est pas nul. Dans ce cas, la relation d’incertitude de Heisenberg est applicable à ce
couple selon :
1 h b bi
∆A∆B > h A, B i
2
Reprenons le cas de x et px :
∂
x
b = x, pbx = −i~
∂x
[b
x, pbx ] = i~
R ∗
Ψ i~Ψd3 r
h[b
x, pbx ]i = R ∗ 3 = i~
Ψ Ψd r
Donc
1 ~
∆x∆px > kh[b
x, pbx ]ik =
2 2