DROITS DES FEMMES : LA BELGIQUE ENCORE LOIN D’ÊTRE EXEMPLAIRE

Quand naissait Moustique, un siècle avant la Journée internationale des droits des femmes de ce 8 mars,
elles ne pouvaient pas voter (droit acquis en 1948) ou gérer avant 1976 un compte bancaire. Elles se
mariaient à 20 ans, dix ans plus tôt qu’aujourd’hui et l’égalité homme-femme n’est entrée dans notre
Constitution qu’en 2002! Incontestablement, d’énormes progrès ont été accomplis en faveur de cette
égalité. La romancière Marie Darrieussecq (lire p. 53) soutient que ces dernières années, c’est même à peu
près le seul domaine où notre monde s’est amélioré. Mais elle ajoute que c’est aux femmes de décider ce
qui doit encore être fait, entendu et résolu.

Ce 25 novembre, elles étaient 500.000 à défiler en Italie pour dénoncer un féminicide de trop, celui d’une
jeune étudiante tuée par son petit ami qui, c’est bien le plus effrayant, n’était pas un monstre. Cette
première manifestation dans un pays à la traîne a peut-être aussi été décuplée par le succès d’Il reste
encore demain (C’è ancora domani sort chez nous le 20 mars), premier film populaire sur les violences
conjugales. En Espagne où, nous l’écrivions la semaine dernière, le dieu du foot Dani Alves vient d’être
condamné, le parquet fait appel pour encore aggraver sa peine de 4 ans et demi de prison. En France, le
Sénat a voté l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution. Juste avant, CNews, la chaîne de
l’homme d’affaires ultraconservateur Vincent Bolloré avait diffusé un documentaire où l’avortement était
scandaleusement présenté comme la 1re cause de mortalité dans le monde.

Et en Belgique? Certains peuvent se dire que cette Journée internationale ne nous concerne plus, que
l’essentiel est fait. En réalité, notre dossier démontre que notre pays si progressiste envers les minorités
n’est pas exemplaire quand il s’agit de défendre les droits fondamentaux de la majorité de sa population
(51 % de femmes). Un “plafond de mère” limite toujours leurs carrières. La parité est souvent contournée
et l’égalité de principe absente de la réalité. Chez nous où l’avortement n’est pas dépénalisé, certains
partis semblent même trouver que les femmes commencent à exagérer.

source : https://www.moustique.be/opinions/editos/2024/03/05/droit-des-femmes-la-belgique-encore-loin-detre-exemplaire-279030