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"Les droits des femmes ont plus progressé ces cinquante dernières années qu'en 2 000 ans

d'histoire" (francetvinfo.fr)

Les droits des femmes ont plus progressé ces cinquante


dernières années qu'en 2 000 ans d'histoire"

A l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, franceinfo a interrogé


Michèle Idels, co-présidente de l'Alliance des femmes pour la démocratie et militante du
Mouvement de libération des femmes.

propos recueillis par - Marie-Violette Bernard


Temps de lecture : 4 min.

Des manifestants défilent à Paris pour la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars
2015. (JALLAL SEDDIKI / CITIZENSIDE / AFP)

Légalisation de la pilule, droit à l'avortement, lois sur la parité, les violences


faites aux femmes ou le délit d'entrave à l'IVG... En France, la situation des
femmes a énormément évolué depuis la fin des années 1960. Mais quels combats
restent à mener ? A l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes,
mercredi 8 mars, franceinfo a interrogé Michèle Idels, co-présidente de l'Alliance
des femmes pour la démocratie et militante du Mouvement de libération des
femmes (MLF).
Franceinfo : Quelles ont été les plus grandes avancées en matière de droit des
femmes depuis Mai 68 ?
Michèle Idels : Lorsque la loi Neuwirth sur la légalisation de la contraception a été
adoptée, en 1967, la France était totalement patriarcale. Les femmes n’avaient le
droit de travailler et d’ouvrir un compte sans l’autorisation de leur mari que depuis
trois ans. Mais elles étaient encore totalement dépendantes et assujetties au chef de
famille. Les violences faites aux femmes, et notamment les violences conjugales,
n’existaient pour ainsi dire pas, car le mari avait toute autorité. C’était la préhistoire
des femmes !
Mais, depuis 50 ans, nous sommes entrés dans une nouvelle ère de liberté et de
libération des femmes. A partir des années 1967-1968, les lycéennes sont devenues
aussi nombreuses que les lycéens à passer le bac. Les filles ont de plus en plus
souvent entamé des études supérieures. Aujourd’hui, elles réussissent mieux à
l’école que les garçons.
Elles ont également obtenu la maîtrise de leur fécondité, grâce aux acquis
considérables que sont la légalisation de la contraception et, bien sûr, le droit à
l’avortement, adopté en 1974. Le MLF s’est mobilisé sur la question de l’IVG car il
s’agit non seulement de pouvoir dire non à une grossesse non-désirée, mais aussi de
pouvoir dire oui et de sortir de la maternité esclave. Jusque-là, les femmes étaient
contraintes de faire des enfants. Elles ont pu, grâce à ces mesures, décider de
travailler mais aussi d’être mères lorsqu’elles le souhaitaient.
L’ONU a également fourni un important travail à partir des années 1975 pour
souligner la nécessité de la parité. Les statistiques des Nations unies ont montré que
les femmes produisaient les deux tiers des richesses de la planète, mais qu’elles ne
recevaient que 10% des revenus mondiaux. Cela a prouvé que pour sortir de la
pauvreté, pour aller vers plus de démocratie, il fallait permettre "l’empowerment",
soit l’accès des femmes au pouvoir de décision. La loi sur la parité, adoptée en
France en 2000, a ainsi reconnu que les femmes étaient des citoyennes à part
entière.

Quels sont les combats qui restent à mener en matière de droits des femmes ?
Les droits des femmes ont plus progressé ces cinquante dernières années qu’en
2 000 ans d’histoire. Certains pensent donc que, dans les pays occidentaux, l’égalité
en droit des hommes et des femmes est réalisée. Mais elle n’est pourtant pas
effective ! Les femmes sont, par exemple, sous-représentées dans les médias. Les
inégalités salariales, les difficultés d’accès aux financements pour les
entrepreneures, le manque de formation, les entraves à l'obtention d'un temps
partiel sont autant de problématiques qui persistent.
Contrairement à ce que certains affirment, il n’y a pas moins de violences contre les
femmes, il y en a plus ! Les agressions sexuelles sont nombreuses, le harcèlement
de rue commun, le sexisme omniprésent. Et ce malgré l'action du gouvernement. La
différence, c’est que les femmes sont désormais en colère et refusent ces
violences. La jeune génération a conscience de ses droits. Ces femmes de 18, 20 ou
25 ans font tout leur possible pour éviter que la société ne régresse. Elles n’ont
donc pas nécessairement besoin de plus de protection, mais de plus de
reconnaissance.
Le MLF a d'ailleurs réclamé dès 1982 que la Journée des droits des femmes soit
officialisée en France. Le Front populaire a fait du 1er-Mai la journée de
reconnaissance des travailleurs. Nous proposions que le 8 mars devienne un jour
férié pour la reconnaissance des femmes, qui sont trois fois travailleuses : elles
s'occupent des enfants, des tâches domestiques et ont un métier. Nous n’avons pas
obtenu que ce jour soit chômé, mais cette date est désormais l'occasion de faire le
point sur la situation des femmes et sur leurs luttes.
Certains droits des femmes considérés comme acquis sont pourtant remis en
cause aujourd'hui, dans des pays comme la Pologne ou les Etats-Unis.
Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Comme le disait Antoinette Fouque, la libération des femmes est une révolution
anthropologique. Les grands monothéismes affirment que l’homme a créé la
femme, comme Eve qui est née d’une côte d’Adam. Mais c’est bien la femme qui
donne la vie à l’homme. L’entrée des femmes dans l’histoire, l’affirmation de leurs
droits crée donc une blessure narcissique chez les hommes.
Antoinette Fouque prédisait que cela mènerait à une contre-révolution sanglante,
qui se manifesterait par une protestation virile, une restauration du phallocentrisme.
Trois ans après sa mort, on ne peut que constater à quel point elle avait raison. Le
droit à l’avortement a été menacé ou remis en cause en Espagne, en Pologne et
aux Etats-Unis. La Russie a dépénalisé les violences conjugales. La Turquie a
même essayé d'adopter un texte [qui aurait permis aux auteurs d'agressions
sexuelles sur mineures d'échapper à la condamnation, en épousant leurs victimes].
Mais, à chaque fois, les femmes résistent. Elles ont lutté pour préserver le droit à
l’avortement en Espagne. Elles ont été les premières à manifester contre Donald
Trump aux Etats-Unis. Si je devais donner un conseil aux femmes d’aujourd’hui,
ce serait d’ailleurs de continuer à ne rien lâcher de leur désir de libération. Carrière,
création, enfants… Elles peuvent réaliser tout ce qu’elles veulent. Qu’elles
continuent à mener tous ces projets et ces combats de front.

3) Expliquez la phrase : « Certains pensent donc que, dans les pays occidentaux, l’égalité
en droit des hommes et des femmes est réalisée. Mais elle n’est pourtant pas effective ! »
Préciser ce que veut dire égalité « en droit ».

4) Choisissez un exemple de tentative de remise en cause des droits des femmes ( cité dans
le texte ou non) : quel est le projet ? Quel droit est remis en cause ? De quelle façon ?
Quelle réaction provoque ce projet ?
Ce projet a -t-il finalement été adopté ou non ?
5) Bilan : par quels moyens l’égalité hommes-femmes progresse-t-elle ?

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