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Support de Cours Chapitre II - Les Ecoles en Géopolitique - Support Résumé de Cours - Année 2023-2024
Support de Cours Chapitre II - Les Ecoles en Géopolitique - Support Résumé de Cours - Année 2023-2024
GEOPOLITIQUE ET MONDIALISATION
Support Résumé
• Plan
• INTRODUCTION
À travers cette introduction aux différentes écoles de la géopolitique, il s’agit de s’arrêter sur un certain nombre d’approches à
la discipline. Cette introduction est présentée à travers des penseurs clés qui ont contribué au développement de la discipline.
Certaines de ces approches sont critiquables, à plusieurs égards. Néanmoins, l’intérêt de cette introduction aux écoles de la
géopolitique est de mettre en exergue l’apport de certains auteurs majeurs qui ont participé à la création de la discipline.
L’école allemande porte un discours ancré dans le déterminisme environnemental. En d’autres termes, cette école met en
avant le lien entre la puissance et l’expansion géographique. La puissance d’un Etat peut se mesurer à son étendue géographique,
par l’espace qu’il occupe.
Le fondateur de cette école est Friedrich Ratzel (1844 – 1904). Il a notamment été influencé par sa formation de biologiste
qui l’a mené à considérer qu’un Etat est comparable à un organisme vivant. L’Etat a par
conséquent besoin d’espace.
Pour Ratzel, le peuple est un ensemble d’individus qui sont liés par l’espace auquel ils
appartiennent, par le sol dans lequel ils se trouvent.
Cette école entendait démontrer un lien direct entre la configuration spatiale et la
puissance d’un État. On rappelle que Friedrich Ratzel (1844-1904), biologiste de
formation est l’un des premiers concepteurs de la géopolitique.
L’un de ses ouvrages majeurs est : Anthropogéographie.
Ainsi, Ratzel s’appuie sur l’analogie entre l’organisme biologique et la société. L’État est
pour l’auteur l’incarnation du peuple et peut être conçu comme un organisme vivant en
vue de l’étude de ses relations avec l’extérieur. Pour Ratzel, de la même manière qu’un être
vivant exige un espace dans lequel il demeure, un État a également besoin de son espace.
L’Etat atteint le sommet de la croissance spatiale en s’appropriant l’espace du voisin. Ce processus en biologie est celui de la
démultiplication.
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Les écrits de Ratzel sont influencés par son voyage aux États-Unis, au cours duquel il
constate toute l’importance de l’expansion géographique. Aussi, Friedrich Ratzel critique
l’étroitesse des frontières européennes.
Par ailleurs, il appelle à un pan européanisme, porté par le leadership allemand. Par
conséquent, on souligne que l’angle géographique détient un rôle essentiel au sein de cette
école.
L’école anglo-saxonne est basée sur le principe du contrôle des mers. Le contrôle des mers assure le contrôle du commerce et de la
périphérie des grandes puissances. Parmi les auteurs majeurs au sein de cette école Alfred Mahan et Nicolas Spykman.
Alfred Mahan (1840-1914) : Alfred Mahan (1840-1914) était un amiral qui a mis l’accent
dans ces écrits sur les éléments de la stratégie navale qui constituent la puissance. L’un de ses
ouvrages majeurs est l’influence de la puissance navale sur l’Histoire (1660-1783) (1890). 1
À travers le cas du Royaume-Uni, pour Mahan le déterminant de la puissance est l’économie.
Sur le long terme, selon Mahan, la position géographique est un facteur plus important
que la politique gouvernementale. D’après Mahan, il est important d’exercer un contrôle sur les
mers et les détroits stratégiques. Pour lui, il est donc important de contrôler les ports, les bases ainsi que les routes
commerciales. Un tel contrôle permet aux Etats d’avoir une force d’intervention élargie.
1
Naval History and Heritage Command. Mahan, Alfred Thayer (navy.mil). https://www.history.navy.mil/research/library/research-guides/z-files/zb-
files/zb-files-m/mahan-alfred.html .
Consulter également : VOULOIR. Alfred Thayer Mahan : Grand Théoricien de la Thalassocratie Américaine. Mahan - VOULOIR (archiveseroe.eu).
http://www.archiveseroe.eu/mahan-a117737864
6
NICOLAS SPYKMAN
2
Consulter l’article : Notes Géopolitiques. 2016. « Spykman, inventeur de la géopolitique américaine ? ». https://notes-geopolitiques.com/spykman-
inventeur-de-la-geopolitique-americaine/.
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Quant au rimland, pour Spykman, il assure la maîtrise des mers. Aussi, il permet le maintien de la pression sur le Heartland.
Spykman prend le cas du Royaume Uni comme illustration. Il s’agit d’une île de taille modeste avec un potentiel agricole limité
qui a cherché la puissance et la sécurité sur les mers.
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L’école américaine se développe après la seconde guerre mondiale, avec la Guerre froide et sa fin. Plusieurs penseurs peuvent
être cités, parmi lesquels :
Samuel Huntington
Joseph Nye
Edward Luttwak
L’ouvrage de Samuel Huntington (Le choc des civilisations, 1997) est un ouvrage présentant une vision holistique ou
globale du monde. Samuel Huntington a réfléchi dans Le Choc des Civilisations et la Refondation de l’Ordre Mondial aux facteurs de
conflits en vue de comprendre les raisons des guerres du XXIème siècle.
L’auteur présente une grille d’analyse pour comprendre les conflits du XXIème siècle. Selon sa grille de lecture
réductionniste les origines des guerres se trouveraient non plus dans les antagonismes politiques mais dans les oppositions supposées
entre « civilisations ».
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Il a affirmé que les conflits culturels qui proliféreront le long des frontières des civilisations gouverneront la politique mondiale du
XXIème siècle. Comme précisé dans le cadre du tableau ci-dessous (Tableau 1), Huntington dénombre neuf civilisations :
La civilisation d’Amérique Latine La civilisation d’Amérique Latine comprend notamment l’ensemble de l’Amérique du
Sud, toute l’Amérique centrale, l’ensemble des Caraïbes dont la Jamaïque.
La civilisation africaine La civilisation africaine comprend tous les territoires africains autres que ceux à
population majoritairement musulmane.
La civilisation islamique La civilisation islamique comprend tout le reste de l’Afrique, le Proche-Orient délimitée
à l’est par l’Inde et la Chine.
La civilisation sinitique La civilisation sinitique comprend la Chine, les deux Corées, Taïwan et le Vietnam.
Selon Huntington, la politique globale se reconfigure selon des lignes de forces culturelles. Ainsi, la civilisation est le niveau
d’identification le plus large avec lequel une personne s’identifie intensivement. Les peuples et les cultures similaires s’assemblent et
les conflits sont plus probables entre des États de civilisations différentes.
Huntington met l’accent sur le pouvoir et la concurrence entre les États. Il délaisse toute considération sur le rôle de la
coopération, de l’interdépendance des mécanismes de paix.
Les analyses de Huntington ont été jugées par nombre de critiques comme étant réductrices et alarmistes sur l’évolution
de la scène internationale. En annexe un texte d’Edward Saïd formulant un certain nombre de critiques aux thèses
fortement contestables de Huntington (voir Annexe 1).
Joseph Nye est à l’origine du concept du smart power. Le smart power : combine divers éléments (hard power et soft power).
L’objectif du soft power est de gagner les cœurs et les esprits. Le soft power ou la puissance douce désigne des critères non coercitifs
de la puissance.
Joseph Nye considère le soft power comme « l’habilité à séduire et à attirer ».
Parmi les outils qui peuvent constituer la puissance douce d’un acteur, on cite notamment la puissance économique ainsi que la
maîtrise technologique.
Quant au hard power, il représente notamment les capacités militaires, les ressources naturelles ainsi que le territoire d’un Etat.
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Chez Nye, la puissance dans les affaires internationales est un modèle ressemblant à un jeu d’échecs 3D. L’échiquier du haut
désigne la puissance militaire détenue principalement par les Etats-Unis. L’échiquier du milieu représente le pouvoir économique
de plusieurs acteurs tels que : les Etats-Unis, l’Europe, le Japon et la Chine. Enfin, l’échiquier du bas comprend notamment les
acteurs non étatiques tels que les réseaux, les entreprises ou encore les nouvelles pandémies.
Edward Luttwak est un spécialiste américain de stratégie et de géopolitique. Il a mené une longue carrière académique au sein
d’institutions prestigieuses en Europe et aux Etats-Unis.
Il est par ailleurs le promoteur du concept de la géoéconomie. Pour Edward Luttwak, la géopolitique traditionnellement nourrie
par la puissance militaire, les renseignements ainsi que la diplomatie (traditionnelle) sera supplantée par « la géoéconomie ».
La pertinence de la géoéconomie aujourd’hui s’explique par un certain nombre de facteurs. En premier lieu, les approches
géopolitiques « traditionnelles » et « stato-centrées » sont dépassées. Elles ne sont plus, à elles seules suffisantes, pour comprendre
le contexte et ses enjeux.
D’après Luttwak, la conquête ou la préservation d’une « position enviée au sein de l’économie mondiale » passe par la réponse à la
question suivante : « Qui va développer la nouvelle génération d’avions de ligne, d’ordinateurs, de produits issus des biotechnologies, de matériaux de
pointe, de services financiers et tous les autres produits à haute valeur ajoutée dans les secteurs industriels, petits et grands ? Les développeurs, les
ingénieurs, les managers et les financiers seront-ils américains, européens ou asiatiques?».3 Par conséquent, pour Luttwak,
il est essentiel de maximiser l’emploi hautement qualifié dans « les industries de pointe et les services à haute valeur ajoutée ». Les acteurs de
la géoéconomie cherchent à maîtriser les technologies clés et la conquête de certains segments du marché mondial. La
possession ou le contrôle de ces produits est un facteur « rayonnement » sur le plan international.
3
Pascal Laurot, p.44.
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En second lieu, de nouveaux acteurs tels que les entreprises, les organisations non-gouvernementales et les réseaux acquièrent
une puissance grandissante. En effet, l’action et la stratégie mises en œuvre par ces acteurs méritent toute l’attention, notamment
étant donné l’influence potentielle exercée sur l’acteur traditionnel placé au centre de toute analyse géopolitique : l’Etat.
Les capacités militaires d’un Etat ne sont plus le facteur principal pour évaluer sa puissance. Dans la continuité du concept
de « soft power » chez Joseph Nye, la puissance s’exerce de manière « plus douce ». Les conflits entre Etats, de nos jours, se
matérialisent souvent sous forme économique. On peut évoquer un certain remplacement de l’arme militaire par l’arme
économique, véritable instrument « au service des Etats dans leur volonté de puissance ». Exemples : embargos, investissements.
L’un des exemples d’actualité (ayant fait l’objet d’une discussion en cours) est celui des restrictions américaines sur Huawei. En
effet, la firme s’est retrouvée embarquée dans une guerre commerciale entre Washington et Beijing. Les Etats-Unis ont appliqué
un embargo qui empêche les entreprises américaines de collaborer avec Huawei. Une telle action a été justifiée par une accusation
portée à l’encontre de Huawei pour tentative d’espionnage des citoyens américains pour le compte de la Chine. Une telle sanction
a eu plusieurs conséquences. On peut citer les Mate 30 et Mate 30 Pro qui n’ont pas pu bénéficier à leur sortie de services Google.
La guerre économique est une véritable forme de « concurrence économique exacerbée concernant les Etats et les firmes ». A cet égard, on peut
citer quelques exemples pertinents4 :
En 1990, attaque à la réputation de Perrier accusé de vente de boissons avec du Benzène (Rappel des produits).
En 2005, le vol de données stratégiques de VALEO par une stagiaire chinoise : Li Li.
4
Axelle Degans, « La guerre économique à l’ombre de la crise : le cas français », L’Espace Politique [En ligne], 34 | 2018-1, mis en ligne le 22 juin 2018,
http://journals.openedition.org/espacepolitique/4698.
15
En 2007, Michelin et la découverte qu’un ingénieur essaie de revendre des informations confidentielles.
C’est ainsi que la géoéconomie soulève des questions autour des relations entre puissance et espace. Plus particulièrement, la
géoéconomie s’intéresse à l’analyse des stratégies d’ordre économique (notamment commercial). Les principaux acteurs de ses
stratégies sont les Etats ou leurs entreprises nationales.
Toutefois, la géoéconomie ne signifie pas la fin de la géopolitique. Les conflits et les revendications territoriales persistent encore
aujourd’hui.
Pour aller plus loin sur la thématique de la géoéconomie, les ressources ci-dessous sont conseillées :
Lorot, Pascal. "La géoéconomie, nouvelle grammaire des rivalités internationales." L'information géographique 65.1 (2001):
43-52.
CLES – Comprendre les Enjeux Stratégiques. « Géopolitique et Géoéconomie : Jean-François Fiorina s’entretien avec
Pascal Laurot ». CLESHS64.pdf (notes-geopolitiques.com). http://notes-geopolitiques.com/notesgeo/wp-
content/uploads/2017/05/CLESHS64.pdf.
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L’école française sera présentée à travers trois penseurs : Paul Vidal de la Blache, Jacques Ancel et enfin Yves Lacoste.
5
Vidal de la Blache, un historien au service de la géographie – L'Histoire à la BnF (hypotheses.org). https://histoirebnf.hypotheses.org/2044.
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De plus, Paul Vidal de Blache s’est distingué par l’étude des stratégies mises en œuvre par les groupes sociaux pour leur
développement. Ces stratégies impliquent les modes d’adaptation aux milieux.
Il est important de souligner que Vidal de La Blache refuse « la dépendance totale des politiques des Etats de la géographie
physique ».
Ainsi, il convient de noter que Vidal de La Blache « admet l’influence de l’Homme sur le milieu et l’espace ». Pour citer Vidal
de La Blache, il postule que : « Une individualité géographique ne résulte pas de simples considérations de géologie, et de climat. Ce n’est pas une
chose donnée d’avance par la nature. Il faut partir de cette idée qu’une contrée est un réservoir où dorment des énergies dont la nature a déposé le germe,
mais dont l’emploi dépend de l’homme ».
6
Revue Conflits. 2020. Jacques Ancel, aux origines de la géopolitique | Conflits : Revue de Géopolitique (revueconflits.com).
https://www.revueconflits.com/jacques-ancel-origines-geopolitique-francaise-florian-louis/.
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7
Consulter au sujet d’Yves Lacoste : La géopolitique, une invention française - Entretiens avec le géographe Yves Lacoste - Herodote.net.
https://www.herodote.net/Entretiens_avec_le_geographe_Yves_Lacoste-synthese-2987.php.
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Annexes
Diploweb.com La revue géopolitique. « Yves Lacoste : Qu’est-ce que la Géopolitique ? ». 4 octobre 2018.
https://www.diploweb.com/Entretien-avec-Yves-Lacoste-Qu-est-ce-que-la-geopolitique.html
CLES – Comprendre les Enjeux Stratégiques. « Géopolitique et Géoéconomie : Jean-François Fiorina s’entretien avec
Pascal Laurot ». http://notes-geopolitiques.com/notesgeo/wp-content/uploads/2017/05/CLESHS64.pdf.