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Halford John Mackinder et Nicholas Spykman

L’OPPOSTION TERRE – MER


ET LES THÉORIES DU HEARTLAND ET DU RIMLAND
Géographe, homme politique, diplomate,
géopolitologue, politologue, professeur
d'université, alpiniste
Pendant ses études à l'université d'Oxford, il s’est
spécialisé tout d'abord les sciences naturelles, se
spécialisant dans la zoologie. Il se spécialise ensuite en
géographie physique, s'intéressant à l'économie et aux
théories politiques.
MACKINDER EST CONSIDÉRÉ COMME L'UN DES PÈRES FONDATEURS DE LA
GÉOPOLITIQUE ET DE LA GÉOSTRATÉGIE. IL RÉCUSE TOUTEFOIS LE TERME DE LA
GÉOPOLITIQUE, EN RAISON DE L'USAGE QUI EN EST FAIT PAR LES TENANTS DE LA
GEOPOLITIK ALLEMANDE, ET EN TOUT PREMIER LIEU LE GÉNÉRAL KARL HAUSHOFER,
PROCHE DU RÉGIME NAZI.
Il est persuadé de la supériorité raciale anglo-saxonne et de la mission
civilisatrice de son pays vis-à-vis des autres peuples.
Ses préoccupations majeures allaient d’abord au destin de la Grande-
Bretagne et de son empire. C’est pourquoi, en rédigeant Democratic Ideals
and Reality, l’universitaire britannique voulait prévenir l’opinion anglaise
des risques spécifiques que courait le Royaume-Uni dans le monde tel qu’il
le visualisait (en particulier l’affaiblissement de la puissance maritime face
à la puissance continentale).
Quand il prévoyait le déclin britannique, Mackinder ne limitait pas
son analyse à la seule causalité dimensionnelle géopolitique.
Selon une démarche résolument holiste, il l’expliquait par d’autres
raisons :
•Les conditions sociales et mentales de la population britannique,
peu propices à l’émulation et au renouvellement des cadres ;
•Un système éducatif déficient qui maintenait la majorité du peuple
en état de sous culture et de sous
qualification, surtout par rapport à l’Allemagne;
•L’évasion de la main-d’œuvre par l’émigration ;
•Le laissez-faire économique;
•La sous-appréciation des changements techniques.
Ces carences dénoncées plus tard par tous les analystes de la crise
britannique du XXe siècle.
Sa théorie du Heartland nous amène à lire la carte du monde comme une totalité sur laquelle
se distinguerait :
Une « île mondiale », Heartland (composée des continents eurasiatique et africain) ;
Des « îles périphériques » ou Outlyings Islands (composées de l'Amérique et de l'Australie) ;
Un « océan mondial »
Il estime que pour dominer le monde, il faut tenir ce Heartland, principalement la plaine
s'étendant de l'Europe centrale à la Sibérie occidentale, qui rayonne sur la mer
Méditerranée, le Moyen-Orient, l'Asie du Sud et la Chine.
Il illustre sa thèse en évoquant les grandes vagues d'invasions mongoles qu'a connues
l'Europe au cours des XIIIe et XIVe siècles notamment sous l'égide de Gengis Khan et de
Tamerlan.
La plaine ukrainienne représentait alors, selon Mackinder, l'espace de mobilité par
excellence permettant des invasions rapides au moyen de la cavalerie.
La devise de Mackinder serait :
« Qui tient l’Europe orientale, tient le
Heartland, qui tient le Heartland,
domine l’île mondiale.
Qui domine l’île mondiale domine le
Monde ».

Il reprend la devise du grand navigateur anglais Sir Walter


Raleigh qui, le premier, s'était exprimé ainsi : « Qui tient la
mer tient le commerce du monde ; qui tient le commerce tient
la richesse ; qui tient la richesse du monde tient le monde lui-
même ».
Mackinder discerne des régions inaccessibles à la navigation et, pour cause, hors de portée de la
puissance maritime. Ces régions forment le cœur des terres des puissances continentales qui ne
feront qu’une le jour tant redouté où l’Île mondiale sera unifiée. L’auteur distingue deux
régions de ce type, l’une en Eurasie et l’autre en Afrique
L’immensité du Heartland eurasiatique impressionne. Ses limites recoupent celles des bassins
des fleuves s’écoulant, soit vers des mers intérieures, soit vers l’océan Arctique glacé, et donc
fermés à toute navigation.
« QUI TIENT L’EUROPE ORIENTALE, TIENT LE HEARTLAND, QUI TIENT LE
HEARTLAND, DOMINE L’ÎLE MONDIALE.
QUI DOMINE L’ÎLE MONDIALE DOMINE LE MONDE ».
Cette vision de la géopolitique cristallise le rapport de force qui
oppose les puissances de la mer aux puissances terrestres.
Mackinder et le Royaume-Uni voient donc d'un mauvais œil
l'émergence d'une Allemagne forte sur le continent, pouvant s'allier
avec l'Empire russe.
Ses préoccupations majeures allaient d’abord au destin de la Grande-
Bretagne et de son empire. C’est pourquoi, en rédigeant Democratic Ideals
and Reality, l’universitaire britannique voulait prévenir l’opinion anglaise
des risques spécifiques que courait le Royaume-Uni dans le monde tel
qu’il le visualisait, en particulier l’affaiblissement de la puissance
maritime face à la puissance continentale.
Sa géopolitique est utilisée quelques années plus tard par les
géopolitologues américains comme Nicholas Spykman qui développe
plutôt le concept de Rimland : « Qui contrôle le Rimland gouverne
l'Eurasie ; qui gouverne l'Eurasie contrôle les destinées du monde »...
Le Rimland ou la Théorie du Rimland, (rim signifiant « jante » en
français) est un concept géostratégique créé par Nicholas John
Spykman, professeur de relations internationales à l’Université de Yale.
Selon Spykman, le Rimland est la frange maritime de l'Eurasie,
notamment les bords ouest, sud et est densément peuplés du continent.
Selon Spykman, le contrôle de cet espace est d'une importance capitale
dans le contrôle géopolitique du monde.
Le Rimland, le « croissant intérieur ou marginal » de Mackinder, était divisé en trois
sections :
•Le littoral européen ;
•Le désert d'Arabie et du Moyen-Orient ;
•La terre de la « mousson asiatique », c'est-à-dire le sous-continent indien et le littoral
chinois..
•Depuis un certain temps, la carte de ce Rimland a été élargie à de nouveaux espaces en
fonction des considérations géopolitiques.
Le Rimland contient la plupart des habitants de la planète et une grande partie de ses
ressources.
Spykman a reproché à Mackinder d’avoir surestimé le
Heartland en raison de sa vaste taille. Il a supposé que le
Heartland ne serait pas une plaque tournante potentielle de
l'Europe, car :
•La Russie occidentale était alors une société agraire;
•Les zones industrialisées se trouvaient alors en Europe de
l'Ouest et au Royaume-Uni;
•Cette région est entourée au nord, à l'est, au sud et au sud-
ouest par certains des plus grands obstacles au transport
(glace et température glaciale, abaissement des montagnes,
etc.);
La vision de Spykman est à la base de la "politique
d'endiguement" mise en œuvre par les États-Unis dans leur
relation/position avec l'Union soviétique au cours de la
période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale.
Plusieurs critiques ont pu être émises à l'encontre de cette théorie
•Il s'agit d'une prophétie autoréalisatrice. C'est-à-dire qu'elle a modifié
les comportements et les actes stratégiques qui ont abouti à sa
réalisation.
•La théorie du Rimland est biaisée en faveur des pays asiatiques, dont
les développements restent inégaux par rapport à l'Europe occidentale.
•Concernant la puissance aérienne, il n'a pas inclus l'utilisation de missiles
modernes avec des têtes nucléaires et à longue portée.
•Le Rimland n'est pas un espace uni : il est marqué par des différences
profondes et s’est développé selon des dynamiques imprévues par Spykman.
•Le Rimland ne prend pas en compte les différents conflits
qui se déroulent entre ses différents pays et les soubresauts
géopolitiques qui ont remis en cause les projets de
domination.
L'analyse géopolitique est aussi un moyen de
conjurer des guerres ou de trouver une
solution à certains conflits.
Yves Lacoste

On peut commencer la guerre quand on veut,


mais on ne la finit pas de même.
Nicolas Machiavel

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