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Géopolitique des grandes puissances :

l’Union Européenne et l’Arctique


Par Emmanuel Jacq
Le 25 décembre 2014

Introduction

L’Arctique est l’un des pôles que l’Homme rêve de dominer depuis des siècles, d’abord à
travers les navigateurs et les baleiniers puis les scientifiques mais aussi des pécheurs voir
même, aujourd’hui, les sous-marins lanceurs d’engin nucléaire. A cet égard, l’Arctique
constitua un haut lieu stratégique lors de la guerre froide entre l’URSS et les Etats-Unis,
notamment parce qu’ils partagent une frontière commune de 400km à travers de la
banquise.1

Cependant, aujourd’hui plus que jamais auparavant, les enjeux à l’égard de l’Arctique se
sont accrus et leur place dans les relations internationales ne cessent de grandir de façon
spectaculaire sous l’effet du réchauffement planétaire et de l’accessibilité à des
ressources convoitées par tous. Toutefois, l’Arctique ne doit pas être analysé comme
n’importe quel autre enjeu géopolitique en raison d’un milieu hostile que les Etats
peinent à exploiter. Mais pas uniquement, les autres contraintes proviennent des
problématiques juridiques notamment sur les ressources, environnementales et la
situation des populations autochtones.

Dès lors, l’Union Européenne, au travers de ses Etats-membres, a des intérêts étroitement
reliés avec l’Arctique, notamment le Danemark avec la Groenland, la Suède et la
Finlande, auxquels il est possible d’ajouter l’Islande et la Norvège à travers l’Espace
économique européen. Ainsi l’UE est membre, à travers ses pays membres, du Conseil
pour l’Arctique qui réunit les autres pays dont les côtes sont au contact de l'océan
Arctique : la Russie, le Canada et les Etats-Unis, à travers l’Alaska. Pourtant en dépit de
la proximité de l’Arctique, l’Union Européenne n’a pas clairement définit sa politique en
faveur du Pôle Nord. Or le rôle majeur de l’UE dans le climat, l’énergie, la pêche et la
navigation vont de plus en plus impliquer l’UE dans cette zone.

Cette note analysera ainsi l’Arctique à travers la géographie et sa place entre les 4
puissances « arctiques » et l’étude de la place de l’UE à travers ses positions
institutionnelles et ses initiatives régionales à travers ses Etats-membres à partir des
documents de travail de l’Union Européenne y compris les articles scientifiques sous
l’angle de la géopolitique et du droit international.

1
Corbel, J. (1959). La région du Pole Nord et ses habitants. Revue de géographie de Lyon. Vol 34. 344 p.
I. L’Arctique

A. Une entité géographique

D’un point de vue géographique, l’Arctique est bien une réalité qui, selon la façon dont
Yves Lacoste définit la géopolitique comme se fondant avant tout sur la géographie,
nous permet d’appréhender la réalité physique du sujet traité.2

Pour lui, la géographie emporte des représentations qui servent de références à un groupe
d’hommes. Or pour Yves Lacoste, «La géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre»3.
C’est en ce sens que l’Arctique est une zone convoitée par les puissances frontalières.
Toutefois, l’analyse des facteurs historiques ne doit pas faire oublier l’analyse des
facteurs actuels, comme l’économie, la géographie et l’idéologie.

L’Arctique qui d’après le Larousse, est un « Ensemble formé par l'océan Arctique et la
région continentale et insulaire (terres arctiques) située à l'intérieur du cercle polaire
arctique. Les terres continentales englobent le nord de l'Amérique, de l'Europe et de la

2
Lacoste, Y. (2012). La géographie, la géopolitique et le raisonnement géographique. La Découverte. 336 p.
3
Lacoste, Y. (1976). La géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre. Petite collection Maspero.
Sibérie. L’Arctique est ainsi une région composée en majorité de l’océan Arctique, dont
une grande partie est gelée en permanence, notamment la glace de mer – la banquise – et
les terres qui l’entourent formant ainsi un immense lac à l’image de la Méditerranée;
C’est le plus petit océan au monde dont la surface varie en fonction des saisons
notamment entre 15 millions de km² en hiver et 8 millions de km² en été et plus de 4000
mètre de profondeur, dont le sol est constamment gelé sous l’effet du pergélisol. En
outre, durant l’hiver, la partie de banquise peut occuper la quasi-totalité de la surface et
déborder en Atlantique le long des côtes du Groenland et le Pacifique par le détroit de
Béring. Concernant sa frontière, elle n’est pas fixe à l’heure actuelle et est délimitée
officiellement par la ligne de Köppen à l’intérieur de laquelle la température, pendant le
mois de juillet, le mois plus “chaud” de l’année, ne dépasse pas 10°C. Elle correspond à
peu près au passage de la taïga (forêt boréale) à la toundra (mousses, lichens).4

Toutefois, la Commission européenne a choisi de définir comme une région arctique la


zone terrestre et maritime situé au-delà du cercle polaire. Or cette région du Nord, au-delà
du cercle polaire, couvre 8 % de la superficie du globe et ne compte qu’à peine moins de
1 % de la population mondiale soit environ 4 millions d’habitants incluant plus de trente
tribus autochtones et des dizaines de langues 5 dont trois quarts des habitants sont en
Russie.6

B. Enjeux et géopolitique

Mackinder ne considérait pas l’Arctique comme un enjeu géopolitique mais plutôt


comme un rempart du Heartland par le Nord.7 Mais sous l’effet du réchauffement global
observé depuis le début du XXe siècle et la fonte partielle de la banquise, cette vision
géopolitique datant du 20ème siècle risque d’être modifiée au cours du 21ème siècle. Ainsi,
l’Arctique devient l’objet d’enjeux pluriels, interactifs et évolutifs. En effet, d’après les
prédictions scientifiques, la banquise estivale devrait disparaître vers 2020-2030, quand
bien même elle se reformerait en hiver.8

L’Arctique deviendra ainsi, au moins une partie de l’année, une mer interocéanique
susceptible à l’exploitation, point sur lequel les Etats riverains ont des visions plutôt
différentes, motivés par l’attrait de nouvelles ressources, fossiles notamment, dont
l’Arctique concentre, d’après une estimation scientifique, 22% des réserves mondiale 9,
mais aussi halieutiques. En outre, le contrôle de nouvelles routes commerciales attire des
convoitises. Ainsi, deux routes seront privilégiées pour la navigation arctique : le passage
du Nord-Ouest via les eaux canadiennes et la route maritime du Nord qui longe la côte
russe. Cette dernière est la plus stratégique entre l’Europe et la Chine car le commerce

4
Centre National de Recherche Scientifique. CLIMAT, Une enquête aux pôles. Consulté le 12 novembre 2014 et repéré
à http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dospoles/alternative3.html
5
Arctic Biodiversity Assessment. (2014). Linguistic Diversity (chapter 20). Consulté le 26 novembre et repéré à
http://www.arcticbiodiversity.is/index.php/the-report/chapters/linguistics-diversity
6
Latsa, A. (2008, Juillet). Bataille pour l’Arctique. http://vilistiabiblio.unblog.fr/geopolitique-2/bataille-pour-larctique/
7
Mackinder, H.J. (1904). The geographical pivot of history. The Geographical Journal. 421–37 p.
8
Garric, A. (2012, 18 sept.). La banquise arctique pourrait complètement disparaître d'ici à quatre ans. Le Monde.
Reperé à http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/09/18/la-banquise-arctique-pourrait-completement-disparaitre-d-
ici-a-quatre-ans_1761703_3244.html#YV9VVsPXk7ADiAmW.99
9
Boulanger, P. (2011, 14 oct.). Géographie militaire et géostratégique, enjeux et crises du monde contemporain. La
Cliothèque. Repéré à http://clio-cr.clionautes.org/IMG/article_PDF/geographie-militaire-et-geostrategique-enjeux-et-
crises-du-monde-contemporain_a3652.pdf
s’établit à 136,2 milliards d'euros en exportation pour l’UE et 292,1 milliards d'euros de
l’UE à destination de la Chine.10 En effet, une traversée de l’Europe du Nord vers la
Chine se trouverait ainsi raccourcie d’environ 12.000 à 6500 km. 11 Ces nouvelles routes
maritimes auraient des avantages tant économiques (estimé à 7 milliards de dollars pour
l’industrie maritime et les opérations navales de lutte contre la piraterie 12 ) que
sécuritaires, en évitant les zones instables ou soumises à la piraterie, comme le Détroit de
Malacca et le golfe d’Aden.
En ce sens, il est fort probable que le Canada et la Russie réclameraient leur droit de
percevoir des droits de passage justifiés pour eux par les escortes mises à disposition,
notamment les brises glaces, voir même la mise en place de structures de recherches et
d’assistance.13

Dès lors, les enjeux économiques, politiques, sociaux, environnementaux, voire moraux
étant majeurs, ils suscitent des débats nombreux, à l'échelle internationale, ainsi que des
controverses comme celle suscitée par la plantation d’un drapeau russe planté à la
verticale du pôle Nord, à plus de 4000 mètres sous la banquise en août 2007. Néanmoins
l'impact économique, sociologique, environnemental voire géopolitique de ces
projections devrait être modéré en raison de l’engagement des cinq pays riverains de
l’océan Arctique à résoudre leurs différends territoriaux dans le cadre du droit
international existant, bien que la présence militaire, notamment des bâtiments de guerre,
est à noter et peut être perçue comme un symbole de souveraineté ou de juridiction.

C. La question de la souveraineté et le droit international

La zone arctique étant composée d’une zone terrestre et d’une zone maritime avec la
banquise, elle est assimilée à la mer. Si la zone terrestre ne suscite aucun litige entre les
Etats riverains, la zone maritime, en revanche, fait l’objet de nombreuses convoitises et
d’interprétations diverses quant à la souveraineté potentielle des Etats riverains. En
particulier sous l’effet du droit maritime, notamment la Convention des Nations Unies sur
le droit de la mer qui prévoit une souveraineté absolue de l’Etat côtier sur sa mer
territoriale dans une limite équivalent à 12 miles marins à partir des lignes de base de ses
côtes. Ces pays côtiers possèdent en plus une zone économique exclusive (ZEE) de
maximum 200 miles marins qui peut toutefois être étendue à 350 miles maximum si
l’Etat côtier prouve que son plateau continental se prolonge au-delà des 200 miles
initiaux. Or l’enjeu capital de ce conflit de territorialité entre 5 Etats riverains est relié à
l’extension des ZEE sur le même plateau continental impliquant un contrôle absolu sur
les ressources fossiles. D’où la création de la commission du plateau continental afin
d’examiner les demandes d’arbitrage des Etats parties à la convention des nations Unies
sur le droit de la mer.
En outre, en dehors des zones ZEE contesté, les parties restantes situées en haute mer
sont gérées par l’Autorité internationale des fonds marins ayant un caractère
international.

10
EU. (2014, 27 aout). European Union, Trade in goods with China. Repéré à
http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2006/september/tradoc_113366.pdf
11
Borgerson, S.G. (2008, avril). Arctic Meltdown. Foreign Affairs, 69 p.
12
One Earth Future Foundation (2012). The economist cost of Somali piracy, 2011.
13
Pharand, D. (2007, janv.). Arctic Waters and the Northwest Passage: A Final Revisit, Ocean Development and
International Law, Taylor & Francis Group, 55 p.
II. Coopération régionale
Le discours de Mourmansk prononcé par Mikhaïl Gorbatchev, secrétaire général du parti
communiste de l’URSS, le 1er octobre 1987, constitue la base de la coopération régionale
pacifique favorisant l’émergence des initiatives futures entre les riverains arctiques. Il a
été prononcé à Mourmansk, haut lieu de la Flotte soviétique du Nord, et abritant la zone
la plus nucléarisée au monde par la présence des sous-marins nucléaires durant la période
de la guerre froide contre les Etats-Unis.14
Sur ce lieu symbolique, Gorbatchev, plutôt visionnaire en son temps, a définit par ce
discours l’Arctique comme une zone de collaboration pacifique et a plaidé notamment
pour l’établissement d’une zone débarrassée d’armes nucléaires, la réduction des activités
navales, développement d’une coopération transfrontalière dans des domaines tels que les
ressources, l’exploration scientifiques, les peuples autochtones, la protection de
l’environnement et le transport maritime. Il s’agit d’une des conséquences de la politique
de la perestroïka entamé par Gorbatchev qui marqua la fin de la guerre froide dans la
région.15

Ainsi dès la fin de la guerre froide, trois grandes instances de coopération régionale ont
été créées pour représenter les pays riverains sur la question de l’Arctique dans le but de
résoudre pacifiquement par les droits juridiques les différents entre riverains arctique sur
la zone arctique:

- le Conseil de l’Arctique créé en 1996 sur une initiative canadienne, assemblant les huit
États arctiques et les populations autochtones, la Finlande, la Suède, le Danemark,
l’Islande, la Russie et les Etats-Unis.16

- la Coopération de Barents décidée le 11 janvier 1993 à la suite d’une initiative


norvégienne. L'objectif premier de la coopération de Barents est d'assurer le
développement économique et social régional et d'améliorer la compétitivité de la région
au sein de l'Europe. La coopération a également pour objet de suivre de près la politique
de l'UE intéressant l'Arctique, le partenariat de la dimension septentrionale ainsi que
d'autres programmes pertinents. Le secrétariat est situé à Kirkenes en Norvège. Le
Conseil euro-arctique de la mer de Barents réunit les ministres des Affaires étrangères
des six pays membres et de la Commission européenne.17

- le Conseil des Etats de la mer Baltique (CEMB), amorcé à partir de 1989, réunit les
12 pays riverains de la mer Baltique notamment l'Allemagne, le Danemark, l'Estonie, la
Finlande, l''Islande (depuis 1995), la Lituanie, la Lettonie, le Norvège, la Russie, la
Pologne, la Suède et l'Union européenne. Le Conseil, par son intitulé, est un forum

14
Nuttal, M. (Ed.) (2005). Encyclopedia ofthe Arctic. 1331 p.
15
Atland K (2008 sept.). Michael Gorbatchev, the Murmansk Initiative, and the Desecuritization of Interstate Relations
in the Arctic. Cooperation and Conflit. SAGE Punlication. 290 p.
16
Conseil Arctique (2011, 27 avril). Establishment of the Arctic Council. Repéré à http://www.arctic-
council.org/index.php/en/about-us/arctic-council/history
17
Europe Investment Bank. The Barents Euro-Arctic Council. Consulté le 27 novembre 2014 et repéré à
http://www.eib.org/projects/regions/eastern-neighbours/framework/barents_euro_arctic_council.htm
régional de coopération inter-arctique ayant multiple objectifs politiques sociales et
environnementales en rapprochant ses membres de la Russie notamment.18

La déclaration d’Ilulissat du 28 mai 2008 va en ce sens par un accord politique entre 5


pays riverains, la Russie, les Etats-Unis, le Canada, la Norvège et le Danemark, dont les
discussions concernent l'océan Arctique, du changement climatique, de l'environnement
marin, de la sécurité maritime et de la division des responsabilités de secours en cas de
nouvelles voies de navigations par la fonde de la banquise. 19

Par contre, un des principaux objectifs décrit dans la déclaration était le blocage de tout
« nouveau régime juridique compréhensif international de gestion de l'océan Arctique » à
l’image de l’Antarctique sous le régime international et les « cinq » entendent se référer
principalement à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

Toutefois, on peut s’interroger sur cette déclaration qui apparait comme excessive de la
part des « cinq » puisque cette déclaration a été faite sans la présence des autres membres
du Conseil de l’Arctique et des Etats ou entités y jouissant du statut d’observateurs
comme l’Union Européenne. En effet, par cette déclaration, les « cinq » s’attribuent, de
manière exclusive, la gestion de la zone arctique. Par cette déclaration, on peut s’assurer
que l’océan Arctique n’est pas considéré comme une mare clausum, une mer fermée
entouré par plusieurs Etats. En conséquence le centre de l’Océan Atlantique restera
considéré comme de la Haute mer et présentera un caractère international garanti par la
Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

III. L’implication de l’Union européenne en Arctique

A. Chronologie majeure

La Commission Européenne s’est toujours intéressée à l’Arctique mais uniquement au


niveau des sous-ensembles régionaux, notamment le Groenland et la mer de Barents.

Or, dès septembre 2007, une question écrite par une parlementaire européenne a été
posée à la Commission sur une participation plus poussée aux travaux du Conseil de
l’Arctique et la mise en place d’un service spécialement chargé de l’Arctique en vue
d’élaborer une politique arctique de l’UE. Dès lors, le 14 mars 2008, le Conseil a sorti
une analyse en ce sens intitulé « Changement climatiques et sécurité internationale »
portant, comme le titre l’évoque, sur l’impact du changement climatique au niveau de la
sécurité internationale avec un angle sur la sécurité européenne. Ainsi par ce rapport, le
Conseil invite l’UE à élaborer une politique de l’UE pour l’Arctique fondée sur
l’évolution de la situation géostratégique de la région, en tenant compte notamment de
l’accès aux ressources et de l’ouverture de nouvelles voies commerciales

Ainsi le 9 octobre 2008, les députés européens ont adopté une résolution presque à
l'unanimité en ce sens, consacrée à la « gouvernance de l’Arctique dans un
environnement mondialisé », avec une attention particulière sur l’impact sur le climat
mondial, l’approvisionnement en énergie, le développement durable, la sécurité maritime
18
Council of the Baltic Sea States. Coopération. Vu le 16 nov. et repéré à http://www.cbss.org/council/cooperation/
19
The Ilulissat Declaration (2008, 28 mai). http://www.oceanlaw.org/downloads/arctic/Ilulissat_Declaration.pdf
et la coopération en termes de gouvernance. A ce titre, est notamment visé le traité
international pour la protection de la partie « internationale » de l’Arctique à l’image du
traité sur l’Antarctique. Toutefois, ce dernier élément montre le désaccord de l’UE avec
la déclaration d’Illulissat mentionnée dans la partie précédente.20

Ainsi le 20 novembre 2008, la Commission a traité de manière globale l’Arctique pour la


première fois avec le rapport intitulée « L’Union européenne et la région arctique » qui
reconnait la place de l’UE dans l’Arctique par les « éléments historiques, géographiques,
économique et scientifiques »21. Les thèmes mis en lumière par l’UE sont nombreux et
concernent des domaines aussi variés que la recherche, l’environnement, les peuples
autochtones, la pêche, l’énergie, la navigation, le cadre idéal et la gouvernance régionale.
Par contre, l’UE affiche une priorité sur la protection et la préservation de
l’environnement, la promotion de l’exploitation durable des ressources et l’élaboration à
une gouvernance multilatérale de l’Arctique.

B. Les politiques de l’UE en Arctique

1. La politique de dimension septentrionale

La véritable politique consacrée à l’Arctique est la dimension septentrionale et a été


élaborée en 1999 sous impulsion de la Finlande avec la participation de la Norvège, de
l’Islande, des Etats membres de l’UE et de la Russie suite à l’élargissement de l’Union
Européenne aux pays nordiques entamée en 1995. Elle concerne, sur la partie nord-ouest
de la Russie, les mers Baltique et de Barents et les régions arctique et subarctique,
notamment le Groenland et l’Islande.

Elle vise à la promotion de la coopération entre les Etats riverains de cette partie avec un
angle sur la stabilité et l’économie, à travers l’intégration, la compétitive et le
développement durable. De plus, elle intègre les autres structures de coopération
régionales de l’Arctique, mentionnées précédemment, mais aussi les institutions
financières internationales (BERD, BEI et NIB)22. La société civile fait également partie
de cette coopération élargie au sein de laquelle les Etats-Unis et le Canada possèdent
également le statut d’observateurs. Des plans d’actions ont été mis en place dans les
domaines aussi diversifiés mentionnés par la Commission. Toutefois, cette politique
concerne uniquement la zone mentionnée au détriment de l’ensemble de la zone arctique.

2. La protection de l’environnement et du climat

L'Arctique est une région du monde particulièrement sensible au réchauffement


climatique et à la pollution. En conséquence, cela entraîne surtout un recul des glaciers et
de la banquise. Or, ces déséquilibres entrainent une rupture de la biodiversité pour les
espèces animales et végétales qui survivent dans des conditions d’extrêmes et qui
constituent uns des piliers de vie des peuples autochtones.

20
Union Européenne (2008, 9 oct.). Résolution du Parlement européen du 9 octobre 2008 sur la gouvernance arctique.
21
Union Européenne (2008, mars). Changement climatiques et sécurité internationale.
22Banque européenne pour la reconstruction et le développement ; Banque
Européenne pour l’investissement, Nordic Investment Bank.
Or, depuis le début des années 1970, l’Europe s’est engagée en faveur de
l’environnement dont les normes environnementales de l'UE figurent parmi les plus
strictes au monde.23 En ce sens, la politique de l’environnement de l’UE s’applique en
Arctique où l’UE est présente à travers ses membres. Cette politique est axée sur quatre
domaines prioritaires : le changement climatique, la nature et la biodiversité, la santé et la
qualité de vie, et la gestion des ressources naturelles et des déchets y compris nucléaire
avec la Russie notamment avec les restes des sous-marins nucléaires vestiges de la guerre
froide.

Cette politique est gérée par la Commission avec le concours de l’Agence européenne de
l’environnement. Or, avec les inquiétudes de la Commission sur la fragilité de l’Arctique,
a été élaboré, en septembre 2007, le livre vert sur l’adaptation au changement de climat
en Europe dont le “Grand Nord”, dont le “paquet climat et énergie” a été adopté en 2008
avec pour ambition de poursuivre l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de
serre d’au moins 20% d’ici 2020, par rapport à leur niveau de 1990.24
De plus, la directive de 1992 sur les habitats naturels protège la nature et la biodiversité
de l’Arctique et est pionnière en ce sens sur la scène internationale.

2. L’énergie

Le livre vert de 2006 définit la politique de l’énergie de l’UE et le plan d’action en


matière de sécurité et de solidarité énergétique, notamment l’approvisionnement énergie
de l’UE. Dans une perspective d’augmentation de la consommation énergétique de
l’Union Européenne dans un monde de plus en plus instable, l’Arctique constitue une
alternative plus sures et plus durables face à ses sources d’approvisionnement plus
traditionnelles. Toutefois, l’exploitation du pétrole et leur transport seront considérables
en matière financier et technique en raison de l’extrémité du climat.

4. La politique des affaires maritimes

La politique maritime intégrée de l’Union Européenne a été élaborée le 10 octobre 2007


pour faire face à la mondialisation et la compétitivité, au changement climatique, à la
détérioration du milieu marin, à la sécurité et à la sureté maritime ainsi qu’à la sécurité
énergique et à l’utilisation durable de l’énergie. 25 Elle est gérée par deux agences au
niveau de la Commission de l’Union Européenne notamment le DG MARE pour les
affaires maritimes et la pêche, et DG TREN pour l’énergie et le transport.

La politique commune de la pêche s’est généralisée dans l’ensemble de l’UE y compris


en Arctique à partir de 1983 et dont le but est l’accroissement de la productivité, la
stabilisation des marchés et la garantie du prix et la sécurité des approvisionnements. Elle
concerne aussi la protection des ressources halieutiques et du milieu marin face à la
raréfaction des ressources dû en particulier à la surpêche massive. Cette politique s’avère
cruciale quand on sait que les eaux arctiques fournissent près de la moitié des produits de
mer pour le marché européen

23
Commission Européenne (2013, janvier). Un environnement sain et durable pour les générations futures.
24
Union Européenne (2008, 17 déc.). Climat change: Commission welcome final adoption of Europe’s. 39 p.
25
Union Européenne (2007, 10 mars). COM(2007) 575. 3 p.
Quant à la politique du transport maritime, elle a été redéfinit en 2009 avec des objectives
jusqu’en 2018 notamment sur la sécurité et la protection de l’environnement

Enfin, en ce qui concerne le voie navigable par le Nord, l’UE est très impliquée,
notamment dans le financement en partie de l’étude l’Arctique Operational platform c’est
à dire du développement maritime des ressources naturelles surtout pétrolières en
provenance des régions arctique russes.

5. La recherche

L’UE est très impliquée dans la recherche en Arctique, dont le budget s’élevait à plus de
50 milliards pour la période de 2007 à 2013 et avec un axe de recherche centré sur le
changement climatique, l’astrophysique, les études de phénomènes cosmiques, des
recherches géologiques et en biologie marine.26

En ce sens, le 12 mars 2014, le Parlement a adopté un texte sur la stratégie de l’Arctique


qui prévoit la création d’un centre d’information sur l’Arctique afin de favoriser les
échanges de tous niveau à travers de ses réseaux.27

Le 12 mai 2014, le Conseil abonde dans la même direction en invitant la Commission à


veiller à ce que les programmes relatifs a l'Arctique et financés par l'UE dans le cadre
financier pluriannuel 2014-2020, répondent aux besoins de développement des
populations locales et offrent de meilleures possibilités pour la coopération
circumpolaire, la recherche ainsi que le développement économique de l'Arctique.28

Conclusion
L’Arctique est devenue une région clé des relations internationales contemporaines :
jouant un rôle majeur dans l’économie mondiale, elle demeure marquée par un
environnement fragile qui subit les effets du réchauffement climatique et de la pollution.
Cela marque donc le besoin, pour les acteurs impliqués dans la région, de développer leur
coopération autour de l’Arctique. Or, l’Union Européenne, tant par sa géographie que par
ses liens historiques et culturels, s’est impliquée, de manière graduelle au cours du
XXème siècle, dans la gestion de l’Arctique. Aujourd’hui, elle nourrit des ambitions et
développe les moyens pour résoudre les nouveaux défis, notamment climatiques,
halieutiques, énergétiques et maritimes, qui s’imposent à l’Arctique. En ce sens, il
apparaît opportun que l’Union Européenne élargisse la politique de la dimension
septentrionale à l’ensemble de l’Arctique.

26
Recherche polaire (2005, mai). Pour mieux comprendre notre planète, RDT info, Magazine de la recherche
européenne, Commission européenne, OPOCE, 4-5 p.
27
Union Européenne (2014, 12 mars). EU strategy for the Arctic
28
Conseil de l’Union Européenne (2014, 12 mai). Council conclusions on developing a European Union Policy
towards the Arctic Region.
Bibliographie

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