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géographes français
Guineberteau Thierry. Les marges littorales nord-ouest de la Russie (The maritime access of Russia to Baltic sea and Arctic
ocean). In: Bulletin de l'Association de géographes français, 75e année, 1998-1 ( mars). L'ex-URSS. Les temps de l'érosion.
pp. 38-47;
doi : https://doi.org/10.3406/bagf.1998.2015
https://www.persee.fr/doc/bagf_0004-5322_1998_num_75_1_2015
Abstract
Abstract. - In the north-western part of its territory, Russia offers a maritime access to the Baltic sea
and the Arctic ocean. This tsarist then soviet "pioneer front" always presents undeniable economic and
strategic interests. These regions face the problems due to new territorial boundaries and economical
trends. Such a maritime front is not an homogeneous one, but is organized around three distinct
centers : the urban area of Saint-Petersburg which tries asserting its turn for major regional pole ; the
two coastal cities of Murmansk and Arkhangelsk, far away in northern latitudes ; the detached situation
of Kaliningrad between Poland and Lithuania. As they are issued from voluntary politics in peopling and
developing, these centers are now trying to find their own ways, betting on their coastal position.
Bull. Assoc. Géogr. Franc., 1998 - 1
Thierry GUINEBERTEAU*
Introduction
est indéniable pour le géographe littoraliste car elle concentre des formes variées
d'occupation et d'organisation de l'espace ainsi qu'une large gamme de
problématiques littorales. Ces régions en mutation cherchent à asseoir leur développement
sur les atouts liés à cette position de double interface terre/mer et Russie/étranger.
Autant d'éléments que nous chercherons à mettre en évidence sans pouvoir dans
un texte aussi court en affiner la présentation.
Les six «circonscriptions territoriales» (1) qui bordent les littoraux nord-ouest de
l'actuelle Fédération de Russie sont de superficies extrêmement variables et
totalisent plus d'un million de km2. Cettte vaste entité qui s'étire du 55° de latitude nord
jusqu'au-delà du cercle polaire est marquée par des conditions naturelles
rigoureuses: nuit et froid (atténué sur le zone côtière) dans les secteurs septentrionaux,
vents et précipitations dans les zones côtières. Les 10,9 millions d'habitants de ces
régions (en 1994), se regroupent pour près de 45% dans la circonscription de
Saint-Pétersbourg (ville fédérale). Si l'on fait abstraction de ce secteur particulier,
trois caractéristiques marquent le peuplement des cinq autres régions
administratives: la très faible densité moyenne (6 hab/km2 en 1994), la forte proportion de
citadins (plus de 75% en 1994) et la forte proportion de Russes (plus de 87% en
1989).
Au-delà de ce constat général, il est aisé de distinguer les secteurs de
concentration du peuplement et les secteurs «vides d'hommes». L'observation des densités
moyennes par circonscription opposent ainsi les 3 entités septentrionales (Carélie,
Mourmansk, Arkhangelsk) avec des densités allant de 2,5 à 7,5 h/km2 aux trois
autres: Kaliningrad (60 h/km2), Leningrad (76 h/km2) et bien sûr Saint-Pétersbourg.
Il est toutefois indispensable d'affiner cette vision «administrative» car la
population est très mal répartie à l'intérieur des trois régions du nord: au sud pour la
Carélie (autour de Petrozavodsk), sur le nord côtier pour Arkhangelsk, sur un axe
étroit nord-sud pour Mourmansk.
(1) Ces circonscriptions correspondent au premier échelon politique interne de la Russie (89 pour
l'ensemble de la Fédération). De types différents - oblast, république ethnique, ville fédérale - elles
sont qualifiées de «sujets égaux en droit» par la constitution de 1993. Sur le thème des découpages
territoriaux, cf. Radvanyi, 1995.
MARGES LITTORALES NORD-OUEST RUSSIE 41
2. 1. Saint-Pétersbourg et périphéries
3. 1. La problématique portuaire
car ils impliquent ces régions de façon moins systématique, plus localisée.
C'est le cas de l'extraction de l'ambre sur les plages de l'oblast de
Kaliningrad ou de l'exploitation d'hydrocarbures off-shore au large de la Mer de
Barents, projet pour lequel la phase d'exploration est aujourd'hui bouclée.
Les trois foyers littoraux de cet ensemble nord-ouest sont concernés par
ce «potentiel touristique» - et rêvent de le mettre en valeur - mais à des
degrés et sous des formes extrêmement variables. La ville ancienne de
Saint-Pétersbourg demeure en elle-même un pôle touristique de première
importance par la qualité de ses paysages urbains et de ses atouts
culturels... beaucoup plus que par l'attrait de sa zone côtière. Ce sont les
espaces périphériques de l'agglomération qui parviennent à combiner
l'attractivité du patrimoine architectural (type palais d'été) et naturel (côte
de la baie de la Neva, domaines forestiers, berges des lacs Ladoga et
Onega). Ceux-ci sont à la fois de véritables zones touristiques et des
espaces récréatifs périurbains comme on en trouve - à des degrés divers -
autour des autres agglomérations. Le littoral de Kaliningrad développe lui
aussi une forte fonction touristique. Elle se présente sous la forme de
stations côtières bénéficiant de lourdes structures d'accueil (sanatorium,
hôtels...) entre Svetlogorsk et Zelenogradsk et d'infrastructures plus
légères (bungalows, camps...) à proximité du parc naturel de la flèche de
Courlande (côte orientale). Les littoraux des hautes latitudes ont quant à
eux une vocation touristique ponctuelle et très ciblée mais d'un bon
rapport financier: pêche en rivière, croisière vers le pôle à bord des brises-
glace à propulsion nucléaire de Mourmansk...
Le tourisme est ici sans commune mesure avec les secteurs de la
Caspienne ou de la Mer Noire. Toutefois, les troubles politiques que connaît
le sud de la Russie, la proximité d'une clientèle étrangère à hauts revenus
et l'attractivité indéniable de Saint-Pétersbourg (base potentielle pour des
circuits touristiques à destination des autres régions du nord-ouest) sont
parmi les atouts exploitables à terme. Loin d'en être là, le tourisme dans le
nord-ouest demeure aujourd'hui handicapé par un milieu naturel très
détérioré (pollution des eaux de baignade et des plages, dégradations
paysagères...), des infrastructures vétustés et/ou insuffisantes par rapport
aux attentes de la clientèle étrangère (pour des tarifs néanmoins assez
élevés), une position excentrée par rapport à la clientèle russe (qui à distance
identique préfère souvent le tourisme à l'étranger), et enfin un mode de
gestion hérité de la période soviétique q>u.i s'avère inadapté aux nouvelles
orientations envisageables.
Conclusion
INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES
BAYOU C, BERTRAND G., 1996. - Les nouvelles ambitions de Saint-Pétersbourg, Le Courrier des Pays de
l'Est, n°412, septembre, La Documentation française, pp. 55-75.
CABANNE C, SIDOROVA V., TCHISTIAKOVA E., 1996. - La Russie aujourd'hui, Sirey, 157 p.
CASTEL (du) V., 1996. - La région de Kaliningrad: un test pour la politique du pouvoir central. Le Courrier
des Pays de l'Est, n° 408, avril, La Documentation française, pp. 47-65.
RADVANYI J., 1995. - La nouvelle Russie - L'après 1991 : un nouveau «temps de troubles». Masson/
A. Colin, 406 p.