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Ni jambon ni jonquilles
II, XX, échange entre Sancho Panza et Don Quichotte :
« De la parte de esta enramada, si no me engaño, sale un tufo y olor harto más de torreznos
asados que de juncos y tomillos ; bodas que por tales olores comienzan, para mi santiguada
que deben de ser abundantes y generosas. — Acaba, glotón […] »
« Si je ne m’abuse et sauf erreur, il vient de ces feuillages un fumet qui tient plus
du lard grillé que du thym ou de la marjolaine. Des noces qui commencent avec des
odeurs pareilles ne peuvent qu’être abondantes et plantureuses ! — Debout, glouton !
[…] »
Aline Schulman, 1997, II, p. 145
Sancho Panza a une réputation méritée de bavard, mais ici le redoublement d’expression
n’est pas de son fait.
Il n’est pas question de marjolaine (mejorana).
Para mi santiguada n’est pas traduit.
Acaba : « Debout » ? Cela donne du mouvement au texte, mais ce n’est pas ce qu’il dit.
Les « joncs [odorants], souchets » (juncos de olor, junquillos) ne sont pas des « jonquilles »
(junquillas, narcisos).
La seconde partie de la phrase dite par l’écuyer n’étant pas traduite du tout, l’interven-
tion de Don Quichotte (désireux d’endiguer le flot de paroles de son écuyer) revêt une
brusquerie difficile à comprendre.
« Si je ne m’abuse pas, il vient du côté de la ramée là-bas une odeur, une senteur
qui est celle du lard grillé beaucoup plus que des jonquilles et du serpolet. Par ma
croix où je me signe, des noces qui commencent par ce genre d’odeurs doivent être
abondantes et généreuses !
— As-tu fini, glouton ? […] »
Jean-Raymond Fanlo, 2008, p. 791
Remarques
En II, XIX, un étudiant, compagnon de route occasionnel de Don Quichotte, lui fournit
des précisions relatives au futur époux, Camacho el rico :
En efecto, el tal Camacho es liberal y hásele antojado de enramar y cubrir todo el prado por
arriba, de tal suerte que el sol se ha de ver en trabajo si quiere entrar a visitar las yerbas ver-
des de que está cubierto el suelo.
En effet, le dit Camacho est prodigue et s’est mis en tête de garnir de branchages
tout le pré et de le couvrir par-dessus, si bien que le soleil va devoir se donner du
mal s’il tient à se frayer un chemin et rendre visite à l’herbe verte dont le sol est
jonché.