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Richard Fortat le 22 Mars 2010

22 Pace Duguesclin
22100 Dinan

Monsieur le Maire,

une nouvelle rue va voir le jour entre l’école de la Garaye et le parc du Comte de
la Garaye.
Je vous propose de l’appeler « Rue Marie Dagorne », avec le
mention « directrice de l’école maternelle de Dinan de 1903 à 1923 ».

Voici un dossier justifiant cette proposition. Je me tiens à votre disposition pour


toute information complémentaire.

Veuillez recevoir, Monsieur le Maire,


l’expression de mes salutations distinguées.
Une rue « Marie Dagorne »

Cinq raisons peuvent justifier que l’on donne le nom de Marie


Dagorne à la rue qui se trouvera entre la rue de la Sagesse et celle de
la Garaye.

1. Mlle Dagorne a été la première institutrice de l’école maternelle


de Dinan au moment de la laïcisation en 1903. Les noms de la
Garaye et la Sagesse rappellent les fondations de l’école au 18ème
et 19ème siècle. Celui de Mlle Dagorne évoquerait une figure de
l’école publique. Son nom serait un trait d’union entre la Sagesse
et la Garaye.

2. Elle était très appréciée par ses contemporains.


Les qualificatifs que l’on peut lui attribuer sont :
- le dévouement (elle travaillait sans compter, bien au-delà
du temps de classe, pour le seul bien des enfants)
- la tolérance (pas de polémique dans la période de
laïcisation de l’école)
- la générosité (elle a même recueilli une orpheline pendant
la guerre de 14-18) .

3. Elle a donné entière satisfaction sur le plan professionnel.


Arrivant pourtant dans des circonstances difficiles ( Laïcisation en
septembre 1903), elle a su inspirer la confiance aux familles.

4. Son rôle pendant la période de la guerre 14-18 a été remarquable


dans l’école maternelle alors transformée en crèche, ouverte 24h
sur 24. Elle accueillait aussi à la Garaye les assemblées générales
des pupilles de la Nation. Ce serait, à travers elle, un hommage
rendu à toutes les femmes qui se sont dévouées pendant ce conflit.

5. Elle est restée 20 ans à son poste à la Garaye, habitant dans


l’école jusqu’à la fin de sa vie. Cette rue ne peut pas être plus
près de là où elle a vécu.
Un dossier complet permet de se faire une idée sur la personne de Marie
Dagorne (nombreux extraits du livre « La Garaye, une école à Dinan ».
Édition le Pays de Dinan).

Son état civil

Mme Dagorne Marie, Cécile , Caroline.


Fille de Mathurin Dagorne et Caroline Besnier.
Née le 9 mai 1865 à Pléhérel , Côtes du Nord.
Elle a été directrice au Haut-Corlais puis à Yvignac avant de prendre la direction de la
Garaye en 1903 au moment de la laïcisation de l’école.
Elle obtient les différentes distinctions de la profession : médaille de bronze (1905),
d’argent (1916), officier d’académie (1919). Elle fut pressentie pour le Prix Madame
Pape-Carpentier, fondé pour la France entière.
Sa fin prématurée le 21 décembre 1923 à son domicile, l’école de la Garaye, alors qu’elle
n’avait que 58 ans attrista de nombreux dinannais. L’Union libérale (29.12.1923) mentionne
que « c’est en soignant sa vieille mère âgée de 81 ans, atteinte de grippe, que Mlle Dagorne
contracta le germe de la maladie qui devait l’enlever en quelques jours à l’affection des siens
et de tous ses petits élèves ». M. Lainé, l’inspecteur, « au milieu d’une énorme affluence », a
pris la parole au cimetière pour évoquer sa carrière. Ce discours donne de nombreux éléments
sur la vie remarquable de Mlle Dagorne.

Les débuts de sa carrière à Dinan


Une personne dotées de grandes qualités professionnelles et humaines
Le 3 septembre 1903, M. Bréville, ancien inspecteur de Loudéac, écrit à l’Inspecteur
d’académie pour appuyer la demande de Mlle Dagorne qui souhaite obtenir la direction de la
maternelle de la Garaye. L’inspecteur ne tarit pas d’éloges et rappelle quelques faits
éloquents. « Appelée à relever l’école de hameau de Saint Laurent en Plémy où j’avais trouvé
2 ou 3 élèves à mes deux dernières visites, elle sut, de septembre à avril, en sept mois,
ramener 94 élèves…Mlle Dagorne est une maîtresse d’élite… J’ajoute que c’est un grand et
noble cœur, c’est une belle âme, pleine de reconnaissance pour ses supérieurs… en un mot
c’est une institutrice aussi dévouée que vertueuse. »
C’est pour ces raisons que la direction lui sera confiée avec l’assurance qu’elle mènera sa
mission à bien.

L’inspecteur M. Lainé évoque la situation en 1903 :


« L’école s’ouvrit sans un seul élève. Au bout de quelques mois, il y en avait 100. Quelques
années après, il y en eut plus de trois cents. De pareils résultats sont éloquents : ils disent les
qualités de tact, de modération, de bonté et d’activité dont la maîtresse a dû faire preuve et
combien elle a été payée de retour par l’estime et l’affection des familles.
Car les familles ne s’y sont pas trompées ; elles ont vu de suite comment leurs enfants étaient
accueillis, gardés, soignés ; dans quelle atmosphère de propreté, d’hygiène et de gaieté on les
faisait vivre et comment on les rendait chaque jour un peu plus disciplinés et un peu plus
aimants…. »
Il rappela qu’elle surveillait la cantine et ne mangeait qu’après tout le monde. Les
enfants l’appelaient souvent « Marraine ». Elle obtint de nombreuses récompenses
(médailles, palmes d’officier d’académie..) et M. Lallemand, président de plusieurs
associations intervint à son tour. Il appréciait les qualités de l’institutrice et son engagement
dans des œuvres post-scolaires ou extra-scolaires. Pour elle « le champ du devoir était
infini ». Elle accueillait à la Garaye les assemblées générales de la Mutualité scolaire et des
pupilles de la Nation.

En juin 1904, l’Inspecteur vient voir le travail de Mlle Dagorne dans sa classe et en tant que
directrice (Dossier personnel. Archives départementales). Il écrit : « 175 élèves… la discipline
est douce et familiale […] Les résultats obtenus sont très satisfaisants, je serais même tenté
de dire trop satisfaisants au point de vue enseignement s’entend parce que tous les élèves de
la classe lisent, écrivent très convenablement…Mlle Dagorne a fait un effort considérable
pour « s’acclimater » et on peut dire qu’elle a réussi et que le temps aidant, elle deviendra
une directrice d’école maternelle remarquable. »
Un peu plus loin, une autre remarque : « Le petit jardinet est bien tenu ». Dans sa conclusion,
l’Inspecteur dresse le bilan de cette première année de Mlle Dagorne :
« Laïcisée en septembre 1903, et dans des circonstances difficiles, l’école maternelle
compte aujourd’hui 175 élèves. Ce chiffre est éloquent. Ce succès dit assez combien Mlle
Dagorne a su inspirer de confiance aux familles. Par ses qualités et personnelles et
professionnelles, cette directrice a vite gagné la sympathie de la population dinannaise et
on peut dire qu’elle a réussi à faire oublier « Sœur Marie ». Tous mes compliments. »

Les 27 et 28 janvier 1914, l’Inspecteur vient évaluer le travail de Mlle Dagorne : « Mlle Dagorne est
une institutrice très dévouée et très consciencieuse. Elle dirige avec beaucoup d’autorité une
importante école et elle s’y fait aimer de tous. Son action continue et l’autorité dont elle fait preuve
sont dignes d’éloges. » (Dossier personnel M.Dagorne. Archives départementales).
Les rapports se suivent et se ressemblent….
Le rôle de Mlle Dagorne pendant la Première Guerre mondiale
Le début de la Grande Guerre
La guerre 1914-1918 est déclenchée et dès le début du conflit (9-08-1914 U.L), les institutrices de la
Garaye et des autres écoles du département, reçoivent les conseils de l’Inspecteur d’académie. Il
souhaite qu’elles offrent leur concours aux autorités civiles et militaires, qu’elles sacrifient leurs
vacances, qu’elles donnent un exemple de sang froid et de zèle patriotique. L’inspecteur termine
d’ailleurs par la formule : « Que chacun fasse son devoir et haut les cœurs ! »
Le conseil municipal prend de son côté des mesures pour les enfants au début de ce mois d’août:
création d’une crèche pour les enfants de moins de 10 ans « dont les pères sont partis à la guerre et
dont les mères iront aider à faire la moisson dans les campagnes ». La direction en sera assurée par le
docteur Ollivier. D’autre part, il y aura une distribution de lait par les soins du bureau de bienfaisance.

14 août 1914 ; Archives départementales. Installation d’une crèche.


L’inspecteur dans un courrier répond aux collègues de Mlle Dagorne qui expriment leur fatigue :
« Tout le monde a fait un service plus chargé qu’à l’habitude et la directrice seule dans
l’établissement a fourni un effort qu’il y a lieu de saluer sans réserve. Elle a sacrifié ses jours, une
partie de ses nuits, ses congés pendant plus d’un an, sans récriminer, sans parler de ses droits, et elle
continue ».
Mlle Dagorne essaie de proposer une solution pour tout arranger : « Si ma santé me le permet, je ferai
l’abandon de ma dernière quinzaine de congé ».
Elle est de service 6 jours sur 7 quand elle est de surveillance.

La solidarité
Les écoles sont donc impliquées dans ce conflit avec les moyens qui sont les leurs.
L’Inspecteur d’Académie adresse en cette fin d’année une « petite lettre aux écoliers des Côtes du
Nord pour les inviter à souscrire à l’emprunt national ».
Depuis un an, les volontaires donnent, déjà chaque mois, un sou. C’est le sou des écoliers des Côtes du
Nord. Mais il faut faire plus. « L’emprunt national » est lancé : « Pour soulager des misères nées de la
guerre, qui ont frappé des enfants comme vous, de pauvres orphelins, petits êtres, hier florissants, qui
avaient comme vous leurs papas et qui ne les ont plus…Une société s’est formée, très noble, très
ambitieuse dans son ardeur de faire le bien, celle de l’œuvre des pupilles de l’École Publique… »
Les enseignants et les enfants participent activement à la recherche de fonds nécessaires à son activité.
L’école maternelle verse un total de 30 francs pour l’emprunt National qui est enregistré à l’inspection
académique au mois de décembre.
L’association des pupilles va avoir un rôle important pendant cette guerre mais bien après aussi.

L’accueil des enfants réfugiés


La directrice de l’école maternelle se distingue par son engagement patriotique et entraîne les autres.
C’est l’inspecteur M. Lainé, qui en 1923, nous fait découvrir l’action de Mlle Dagorne :
« Les évènements extraordinaires de 1914 à 1918 permirent à son cœur et à son dévouement de se
manifester dans toute leur ampleur ; je citerai des faits connus de tous.
Dès le début des hostilités, la grande salle de l’école fut transformée en crèche. On y garda 27
enfants au berceau et sur ces 27, 23 venant des pays envahis y restaient jour et nuit et une seule
femme de journée venait supplémentairement. Mlle Dagorne passait ses jours et la plus grande
partie de ses nuits à alimenter, bercer, soigner, nettoyer ces petits. Elle les recevait nus ou en
guenilles et grâce à son initiative, on les habillait convenablement. On les lavait, on repassait, on
cousait, on quêtait ; elle pourvoyait à tout.
Un jour le docteur constata que de malheureux réfugiés avaient causé une épidémie de gale et
voulut tout évacuer : Mlle Dagorne s’y opposa. Elle a tout gardé, tout soigné, tout guéri. Et la
crèche a duré un an !
La crèche n’empêcha point l’école et la cantine de fonctionner, à peu près régulièrement et chacun
s’étonnait de voir toujours au premier plan la directrice, anémiée ou malade, mais infatigable et
d’une façon très simple, vous disant des propos héroïques.
Quand nos compatriotes évacués ou réfugiés étaient dirigés sur la région de Dinan, la municipalité en
attendant qu’on puisse les disséminer dans les diverses communes, les déposait en toute confiance à
l’école maternelle. En mars 1917 j’en trouvai une quarantaine. Par la suite, à sept ou huit reprises, il
en vint des quantités variables, jusqu’à 150 à la fois, qui reçurent des soins appropriés et les trois
repas quotidiens. Et cela durait de trois à dix jours.
Un dernier trait : plusieurs petits déposés à la crèche en 1914 furent disputés à la mort. L’une des
premières abandonnées, dont le père était dans les tranchées et dont la mère indigne avait déserté le
berceau, exigea longtemps des soins particuliers. Mlle Dagorne arracha l’enfant à la mort puis, bien
qu’elle eut encore l’affection de toute sa vie, sa vieille mère, elle adopta l’enfant ! »

Par le comportement admirable de sa directrice, l’école maternelle de la Garaye est donc,


pendant cette période difficile, le lieu symbolique d’une solidarité qui s’exprime en actes.
Quelques années plus tard, la presse locale revient sur ces évènements à l’occasion de l’assemblée de
la mutualité scolaire qui se déroule en ce mois de juillet 1920, à l’école maternelle de la Garaye. Mlle
Dagorne accueille tous les participants. L’assemblée décide d’envoyer cinq enfants à l’école de plein
air de Saint-Laurent. « M. Rames, prit la parole et fut vigoureusement applaudi quand il rendit
hommage au rôle héroïque des instituteurs pendant la guerre et félicita les dames institutrices de leur
conscience à remplir la mission utile et bienfaisante dont elles assurent la charge dans la société
moderne ». (U.L 15 juillet 1922)

En mars 1923, l’Inspecteur écrit : « Elle a conservé l’activité de sa jeunesse, veille à tout et
dirige tout. Même les jours où elle n’est pas de service, elle ne peut s’empêcher de s’occuper
de son petit monde et tout le souci de la cantine et des repas lui incombe parce qu’elle tient à
ce qu’il en soit ainsi et cela n’a pas de fin… ».
Curieusement, l’Inspecteur revient quelques mois plus tard. Le rapport est daté du 28
novembre 1923, très peu de temps avant sa mort. Elle a 58 ans et 37 années de service. Ce
jour-là , 38 enfants sont présents pour 57 inscrits : « L’école voit son effectif remonter assez
rapidement ; elle comptait plus de 250 élèves en 1914 ; il y a un an, elle n’en comptait pas la
moitié. Actuellement elle atteint 150 et tout permet de penser qu’après Pâques on aura un
certain nombre de nouveaux.[…] Les inspectrices générales d’école maternelle viennent
régulièrement visiter l’école et depuis fort longtemps, la directrice par son zèle, sa volonté de
bien faire, son souci d’assimiler les directions données a toujours mérité et obtenu leurs
félicitations.
La cantine fonctionne régulièrement. Une cinquantaine d’enfants y mangent chaque jour une
bonne soupe chaude et des repas complets. La directrice en assure toute la charge avec le
concours des femmes de service payées un peu sommairement par la municipalité. Elle
surveille tout et suffit à tout. La tenue matérielle de l’établissement est irréprochable , l’ordre
et la propreté règnent partout. Les soins hygiéniques ne sont point négligés : chaque enfant a
son mouchoir, sa serviette et sa gamelle. Les passages aux lavabos et aux privés sont bien
surveillés.[…] La directrice garde pour elle une soixantaine de petits et, on ne peut dire
encore de quelle extraordinaire activité elle fait preuve et de combien elle s’en fait aimer.[…]
L’éducation physique, intellectuelle et morale est l’ouvre de tous les instants : mouvements,
jeux, évolutions, rondes, chants, exercices montessoriens, manipulations d’objets variés,
collections d’images dont on tire parti etc… Pas une minute de gaspillée, c’est de l’activité
continue ».
Enfin pour les rubriques « Moralité et tenue de l’institutrice » l’inspecteur a noté
« excellente », « rapports avec les autorités et les familles » : excellent et « considération dont
elle jouit » : excellente.
En conclusion : « Mlle Dagorne est toujours aussi active, aussi consciencieuse et dévouée que
par le passé…Elle continue à se tourner toute entière à sa tâche, à bien y réussir et à être
digne de tous les éloges. » ( Archives départementales).
L’inspecteur d’académie a même ajouté ses félicitations en bas du rapport à l’encre
rouge.
Documents

Courrier du 21 septembre
1903 adressée par la
nouvelle directrice, Mlle
Dagorne, à l’Inspecteur
d’Académie.
(Archives départementales.)

« Notre poste sera pénible


au début mais notre
dévouement ne fera jamais
défaut. » écrit Mlle
Dagorne.
Le ton est solennel mais
vrai. La parole sera tenue et
les dinannais apprendront à
connaître et à apprécier
cette institutrice qui
marquera l’histoire de
l’école.

Tombe au cimetière de Dinan « Mademoiselle


Dagorne Directrice de l’Ecole maternelle ».
Carré 5 n°163 (3ème carré à gauche de l’allée
centrale). Photo RF
L’inscription sur cette tombe pourrait être
restaurée à l’occasion de l’inauguration d’une
rue Marie Dagorne.
Retrouver en 2010 des témoignages sur Mlle Dagorne.
Pour retrouver des témoignages sur Mlle Dagorne, la recherche s’oriente sur sa fille adoptive
dont parle un article de L’Union libérale (29.12.1923).
Les registres de naissance ne donnent rien, pas d’enfant avec le nom de Dagorne. Par contre
un dossier des archives de Dinan sur le recensement 1921 indique que Marie Briand,
mentionnée comme enfant adoptée habitait bien avec Mlle Dagorne. C’est une piste
intéressante.
Retour aux registres de naissance de l’année 1913. C’est un vie qui défile : naissance,
adoption, mariage, divorce, décès. Marie Briand est en effet décédée le 29 novembre 2005 à
l’hôpital de Saint Brieuc. Elle était domiciliée à ce moment là au 30 rue Pierre Méheust à
Plérin (22)

Cette dernière mention sur le décès permet de poursuivre les recherches car par les services de
l’état civil de la mairie de Plérin on peut obtenir le nom des héritiers. Les archives de la ville
de Dinan livrent eux aussi des éléments. En 1911, madame Dagorne mère habite avec sa fille
Marie, institutrice dans le logement de fonction de la Garaye. (Source : dossier des archives
de Dinan, Population, recensement 1911 n° 881)
Du côté de l’état civil de Dinan, on découvre qu’en fait ce n’est pas Mlle Marie Dagorne
qui a adopté Marie Briand. Mlle Dagorne a effectivement recueilli cette enfant qui a
vécu avec elle, et madame Dagorne mère, dans le logement de fonction de l’école de la
Garaye. Par contre, aucune démarche officielle d’adoption n’a été faite dans les années qui
suivent la guerre 14-18.
En 1921, on constate que 4 personnes vivent dans ce logement de l’école : Dagorne Marie
(institutrice), Briand Marie (née à Dinan, enfant adoptée, écolière), Dagorne Caroline (mère),
et Julie Bouland (née en 1872 à Vénérolles, amie réfugiée, employée dans une école).
Source : dossier des archives de Dinan, Population, recensement 1921, n° 880.
Le 21 décembre 1923, Mlle Dagorne meurt brutalement alors que la petite Marie Briand n’a
que 10 ans.
C’est donc madame Dagorne mère qui adopte l’enfant quelques années plus tard en 1928,
assurant ainsi Marie Briand de pouvoir hériter de certains biens. Madame Dagorne décède
trois ans plus tard le 20 mars 1931. Elle a pris avant cela de sages précautions comme cet
héritage ou l’assurance d’une concession perpétuelle pour la tombe où elle repose avec sa fille
au cimetière de Dinan

M. Eugène Destrez et Marie Briand-Besnier se marient à Dinan le 16 décembre1931. Elle est


employée de commerce et a 18 ans. Ils auront 5 enfants avant de divorcer le 27 décembre
1949 à Dinan. Leur fils ? Lucien, qui travaillait à la SCNF est mort en 61 ou 62 à Paris.
Gaston, Paul, Raymond et Marie-Thérèse sont en vie en 2010.
Gaston Destrez vit à Plérin. Il est resté à proximité de sa mère. Marie-Thérèse s’est mariée et
porte le nom de Gautier. Elle vit à Tinténiac. Paul est à Lyon, il s’est éloigné et ne souhaite
pas trop revenir sur cette période difficile de l’enfance.
Raymond Destrez est né en 1933, il vit à Pleine Fougères. Lors d’un entretien téléphonique en
février 2010, il a évoqué avec une bonne précision sa vie d’enfant à Dinan :
« C’est madame Bouland qui m’a élevé, elle habitait avec nous au 81 de la rue Saint Malo.
Bien des années après quand je revenais à Dinan, j’allais manger chez elle le dimanche. Paul
et Gaston étaient chez madame Macour. Ma mère était amie avec Mme Tirel qui tenait un
café rue Saint Malo. On voyait aussi souvent mademoiselle Ollivier, l’institutrice. On nous
parlait de madame Dagorne, elle avait le cœur sur la main cette dame là.
Mes parents avaient « L’économique », une épicerie Grande rue, en face l’église. C’est
madame Bouland qui les avait installés là. Mon père conduisait une camionnette pour faire les
livraisons. Il avait aussi une Citroën décapotable. Mais au moment de la guerre, on a été
placés à l’Assistance publique. On travaillait dans les fermes.
J’ai conservé le livret de famille, des papiers et des photos avec madame Bouland…. »
On apprend donc que Mme Bouland a pris le relais de l’éducation des enfants… M. Destrez
confirme aussi que sa mère a hérité d’un terrain de Madame Dagorne.
Gaston Destrez explique que Mme Macour était sa grand-mère mère paternelle. Elle a repris
ses trois petits enfants Lucien, Paul et Gaston qui avaient été placés à l’hôpital de St Brieuc
chez les sœurs pendant la guerre (entretien téléphonique de mars 2010).

Les personnes mentionnées ci-dessus pourraient être associés à l’inauguration d’une rue
Marie Dagorne.

Fait à Dinan le 22 Mars 2010

Richard Fortat

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