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Domine magisterque Lucifer, te Deum meum et principem agnosco, et polliceor

tibi servire et obedire quandiù potero vivere. Et renuncio alterum Deum, et


Jesum Christum et alios sanctos atque sanctas, et Ecclesiam Apostolicam et
Romanam et omnia ipsius sacramenta et omnes orationes et rogationes quibus
fideles possint intercedere pro me ; et tibi polliceor quod faciam quotquot malum
potero, et attrahere ad mala peromnes ; et abrenuncio chrisma et baptismum, et
omnia merita Jesus Christi et ipsius sanctorum ; et si deero tuae servituti et
adorationi ; et si non oblationem mei ipsius fecero, ter quoquo die, tibi do vitam
meam sicut tuam.
Feci hoc anno et die,
URB. GRANDIER,
Extractum ex inferis.

TRADUCTION

Monsieur et maître Lucifer, je vous reconnais pour mon dieu et mon prince, et
promets de vous servir et obéir tant que je pourrai vivre. Et je renonce à un autre
Dieu, ainsi qu'à Jésus-Christ, aux autres saints et saintes, et à l'Église Apostolique
et Romaine, à tous ses sacremens et à toutes les oraisons et prières par lesquelles
pourraient intercéder pour moi ; et je vous promets que je ferai tout le mal que je
pourrai ; que j'attirerai tous autres au mal. Je renonce au chrême, au baptême, à
tous les mérites de Jésus-Christ et de ses saints ; et si je manque à vous servir et à
vous adorer, et si je ne vous fais pas hommage trois fois par jour, je vous donne
ma vie comme votre bien.

Urbain Grandier (v. 1590, Bouère (Mayenne) - 18 avril 1634, Loudun) était un prêtre français, fils d'un
notaire royal de Sablé. Il fut accusé de sorcellerie et mourut sur le bûcher.

Après son noviciat, Grandier fut nommé en juillet 1617, à 27 ans, curé de l'Église Saint-Pierre du marché et
chanoine de l'Église Sainte-Croix de Loudun, dans le diocèse de Poitiers. Il semble avoir eu plusieurs relations
sexuelles et affectives avec des femmes et avait acquis une réputation de séducteur. En 1632, quelques
religieuses du couvent des Ursulines de la ville l'accusèrent de les avoir ensorcelées, en leur envoyant entre
autres le démon Asmodée, pour les amener à commettre des actes impudiques avec lui. Les critiques modernes
qui ont étudié l'affaire estiment que les accusations ont commencé après que Grandier eut refusé de devenir le
directeur de conscience du monastère, sans se douter que la Mère Supérieure, la Sœur Jeanne des Anges, était
devenue folle de lui, après l'avoir vu de loin et avoir entendu parler de ses exploits amoureux. On pense que
Jeanne, mise hors d'elle par son refus, proposa au chanoine Mignon, ennemi juré de Grandier, cette place de
directeur. Elle accusa alors Grandier d'avoir employé la magie noire pour la séduire. Les autres nonnes peu à peu
se mirent à lancer des accusations du même genre. Bien des érudits modernes y voient un cas d'hystérie
collective. Grandier fut arrêté, interrogé et jugé par un tribunal ecclésiastique, qui l'acquitta.

Malheureusement pour lui, Grandier s'était attiré l'hostilité du puissant Cardinal de Richelieu qu'il avait
publiquement attaqué en parole. Richelieu ordonna qu'on fît un nouveau procès, qu'il confia à un homme
spécialement envoyé par lui : Jean de Laubardemont, un parent de la Mère Supérieure. Grandier fut arrêté de
nouveau à Angers et on lui refusa le droit de faire appel au Parlement de Paris. Interrogées une deuxième fois,
les nonnes (et même la Mère Supérieur) ne répétèrent pas leurs accusations, mais cela ne changea rien au procès
où tout était décidé d'avance.

Les juges (Laubardemont, Lactance, et Tranquille), après avoir torturé le prêtre, produisirent des documents
prétendument signés par Grandier et plusieurs démons comme la preuve qu'il avait passé un pacte diabolique. Un
des actes était écrit en latin et se donnait comme signé par Grandier ; un autre, presque illisible, comportait une
foule de symboles étranges et était « signé » par plusieurs démons avec leurs cachets, aussi bien que par Satan
lui-même (une signature se lit nettement Satanas). On ne sait pas si Grandier a écrit ou signé de tels actes sous la
contrainte, ou s'ils ont été entièrement contrefaits.

Malgré la défense de son ami Claude Quillet, Grandier fut reconnu coupable et condamné à la mort. Les juges
ordonnèrent sa mise à la « question extraordinaire », forme de torture qui était d'habitude fatale, mais non tout de
suite, et qui n'était donc appliquée qu'aux victimes qui devaient être exécutés tout de suite après. Malgré la
torture, Grandier refusa d’avouer ce dont on l'accusait. Il fut brûlé vif.

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