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ail<E lla:a ZFv=a:aV12ccce <C@rzav=tt@i!,~<E

., - Notable algérien -
DECADAIRE
tk civilisatùm française et de traditùm catlw!iqu,,

D Otages en Algérie : la manipulation


D Les ravages du racisme anti-policier
D Une étrange manœuvre contre Jean-Paul II
□ "Radio Courtoisie" : Jean Ferré parle
D Foisic : un chouan de Normandie
D Et, pour la dix-huitième fois : ADG
Iettres · de chez nous
Réponse ouvrages. Silence dans la
Presse? Votre lecteur n'a
Comme votre lecteur donc jamais lu vos
de Poissy (n° 16), j'ai propres articles, édito-
apprécié votre éditorial riaux, journaux, revues,
du n ° 14 et vous en félici- tels que Présent,
te. Comme lui, je pense National Hebdo, Monde
qu'il faut dénoncer inlas- et Vie, Rivarol, et j'en
sablement les causes des passe?
viols et de toute forme
de violence. Et on est j. C. (MONTA UD)
très loin de faire assez ;
pour autant n'est-il pas
excessif d'écrire que les Félicitations
Chrétiens et les
Nationaux ne font rien Je renouvelle en avan-
familiales" (que je ne
touchais pas lorsque mes
Grisée
et que leur silence est ce mon abonnement, deux derniers enfants
total? mais de cette façon, parti étaient en Fac !). Votre journal est mer-
Pour ne citer qu'eux, de janvier, je n'oublierai Je sais bien que ces veilleux. J'ai l'impres-
ceux de nos amis qui pas de renouveler ! sommes me sont don- sion grisante de faire
militent au sein du Passez l'argent qui reste nées pour aller au "Club une bonne affaire en me
"Cercle de la Cité vivan- au compte de vos Med" ou faire des croi- réabonnant à l'avance
te" se dépensent, œuvres de bienfaisance. sières, mais, comme tout pour 100 francs de
publient, exhortent. Contrairement à bon "fâchiste" ou "racis- moins que l'abonnement
Rien dans les congrès beaucoup de vos lec- te;' qui se respecte, je normal. Tel votre lecteur
ou sessions ? Trop peu, teurs, je n'ai jamais été préfère en faire profiter "milliardaire" du n ° 14,
certainement, mais aussi riche : depuis ma la "Bête" au ventre tou- je ne suis pas du tout
"Renaissance catho- retraite, fonctionnaire jours fécond et les tradi- sûre d'être en état de
lique", parmi d 'autres dans l'enseignement tionalistes catholiques dépenser 600 francs
mouvements, invite de ayant eu cinq enfants, je les plus rétrogrades. dans un an!
façon quasi systématique touche 75 % de mon Vous en profiterez donc Je suis une fanatique
à ses tribunes le respon- salaire et un supplément un peu! d'ADG, de !'Histoire de
sable du Cercle déjà pour les enfants. Ce sont France d' Aramis, qui
nommé et diffuse ses comme des "allocations C. D-M. ( THIL) remet les pendules à

t
En cette Toussaint, Madame Marie-Louise Foussard, née Desmont, est pieusement décédée à Paris dans sa
quatre-vingt-quatorzième-année, munie des sacrements de la Sainte Eglise.
Ses funérailles, célébrées par Monsieur l' Abbé Hubert Blin, vendredi 3 novembre à 8h30 en l'église Saint-
Jean-Baptiste de Belleville, seront suivies de l'inhumation dans le caveau familial à Saint-Martin-de-
Nigelles .(Eure:et-Loire) · ·
A ses enfants', à ses douze petits-enfants et à ses vingt arrière-petits-enfants, le "Libre Journal" présente ses
condoléances.
A sa fille, Françoise Varlet, toute notre équipe dit son amitié et son union de prière.

LE LIBRE - Directeur :
Serge de Beketch
Antony, Beketch, Varlet
- Commission paritaire :
- Ange tutélaire :
Françoise Varlet

JQ1I~A1 - « Le libre Journal

de la France Courtoise » est édité


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74 371
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68, rue David D Angers
1

Tél.: (1) 42.46.44.77. 75019 Paris - Directeur de la maquette :


75019 Paris
Fax : (1) 48.24.08.28. - Principaux associés : Jean-Marie Molitor
l'heure pour les généra-
tions futures, étant donné
le bourrage de crâne qu'ils
reçoivent à l'école laïque et
obligatoire !
C'est ainsi ... que
Beketch est le plus grand !
~ditoria(
Un petit regret : la
réduction des pro-
grammes-télé qui étaient LE PAPE:
un régal.Je précise que je
n'ai pas la télé, mais la UN AYATOLLAH ECLAIRE ?
rubrique m 'en tenait lieu à
merveille. Le petit bon- uatre quotidiens européens publient ensemble une prétendue
homme de Loro achevait
de m'enchanter.

M-D. L. (INGUINIEL)
(@ interview du Pape affirmant qu'au fond le communisme a
"réalisé de· bonnes choses : la lutte contre le chômage et le
souci des pauvres". ,
La prudence commande de prendre ces propos avec des pincettes.
Soutien D'abord, pour l'évidente raison qu'ils sont trop contraires à
l'expérience personnelle de Karol Wojtila, qui a éprouvé dans son
J'accuse réception des âme et dans sa chair de Polonais les "bonnes choses du
exemplaires du "Libre communisme".
Journal" que vous m'avez
fait plaisamment envoyer
Ensuite, parce qu'ils sont si étrangers au simple bon sens, si
et je vous en remercie. opposés à !'Histoire, si lourds dans leurs effets induits que l'on ne
La présentation de votre parvient pas à croire qu'une pareille énormité ait été proférée par la
décadaire est intéressante. plus haute autorité morale, spirituelle et même politique en
Elle se base, il me semble,
sur les rubriques du jour- Occident.
nal "La France" que l'on ne Enfin, à cause de la personnalité du dépositaire de cette
trouve plus aujourd'hui. "confidence".
Notamment les chroniques Né en Autriche en 1936 d'un père polonais et d'une mère italienne,
d'analyse politique et les
exposés culturels (littératu-
Jas Gawronski est une sorte de yachtman éternellement bronzé, ex-
re et patrimoine). De journaliste mondain, coqueluche de cette richissime et snobissime
même que votre plume, aristocratie romaine qui exècre et méprise Jean-Paul II, "il papa
plus vive et plus piquante polacco".
que jamais!
Je ne peux que vous
Membre du minuscule parti républicain italien, mouvement de la
encourager à persévérer gauche libérale et repaire de francs-maçons, et député au parlement
dans votre entreprise qui européen, Gawronski siège au groupe libéral résolument
est d'autant plus louable anticatholique, au côté de Simone Veil.
qu'elle ne bénéficie
d'aucun soutien publicitai-
Du coup, si l'on s'étonne de voir le Souverain Pontife consentir des
re et qu'elle est fondée sur confidences d'une telle teneur à un tel homme, on comprend
le bénévolat. pourquoi sa prétendue interview a été publiée à son de trompe par
Votre initiative est des journaux notoirement noyautés par les socialistes et les loges.
nécessaire af:In d'assurer le
pluralisme en matière de
C'est que cette publication tombe vraiment à point pour effacer les
presse, fondement de toute effets de l'encyclique "Veritatis splendor", si dévastatrice pour le
démocratie, alors confusionnisme libéral et ses adeptes.
qu'aujourd'hui la majorité En une semaine, le Pape aura ainsi été affublé de l'image d'un
de la presse nationale est
fortement marquée à
"ayatollah" contesté par les progressistes, puis de celle d'un
gauche. Je serai donc heu- "philosophe éclairé" rejeté par les traditionalistes.
reux, par mon abonne- Voilà qui donne la mesure du pouvoir des lobbies qui contrôlent les
ment, de vous assurer de médias.
mon soutien.
SdeB
FT (SAINT-PAUL)

LE LIBRE JOURNAL de la Fra.,..ce · Co.,,rt:oise page 3 N° 18 DU 5 NOVEMBRE 1993 ~


REPARUTION

J
Après quelques
mois d'interrup-
tion, la lettre
bimensuelle d'informa-
tions confidentielles sur
Que(ques nouve
la franc-maçonnerie et les
sectes, "Secrets et socié-
té", reparaît. Le précé- Otages en Algérie : la manipulation
dent éditeur avait baissé
les bras devant les n raconte de bien du SAC.èt devint l'un des "Washington Post" appelait
menaces. Le nouveau a curieuses histoires chargés de mission du "des liens avec un mouve-
confié la direction de la sur l'affaire des trois ministre de l'Intérieur de la ment qui pourrait un jour
rédaction à S. de Beketch, Français enlevés par un pré- première cohabitation. prendre le pouvoir en
du "LibreJournaf'. tendu commando islamiste C'est à ce titre , et sous Algérie" et sommé d 'autre
(Secrets et Société. 4 rue non identifié à Alger, puis l'identité d 'emprunt d'Alex- part par le gouvernement et
Ventadour 75001 Paris) libérés dans des conditions andre Stephani , qu'il les médias algériens de ces-
obscures mais, assure-t-on, conduisit avec une remar- ser toute relation avec le
aussi héroïques que violentes quable maestria les inextri- parti islamiste , sous peine
INFEODATION par la police du régime. Et cables négociations qui de "sanctions économiques"
1lilll:.! L'évêque de notamment ceci, qui éclaire devaient aboutir à la libéra- (la dette de l'Algérie aux
_Jlj;" Versailles, d'un jour étrange cet épiso- tion des otages français au entreprises françaises entraî-
Mgr Thomas, de : quelques jours avant Liban, Roger Auque, Marcel nerait, en cas de non paie-
confirme son inféodation l'enlèvement, le collabora- Carton, Marcel Fontaine et ment , la suppression de
à la franc-maçonnerie. Il teur semi-occulte de Charles Jean-Paul Kauffmann. trente mrn'e emplois) ,
affirme, dans un texte Pasqua, Jean-Charles Très bien considéré par Balladur faisait savoir qu 'il
publié par "Points de vue Marchiani, était à Alger où il les milieux arabes , Mar- avait choisi la neutralité. ·
initiatiques", périodique s'était reridu pour remettre chiani était donc tout dési- Le surlendemain de la
de la Grande Loge de une lettre de son patron au gné pour servir de messager notification de cette attitude,
France, que l'on peut être ministre de l'Intérieur algé- entre Pasqua et son homo- Alain Freissier, Jean-Claude
à la fois franc-maçon et rien Selim Saadi. logue algérien. Thévenot et son épouse
catholique. Jean-Charles Marchiani Mais quel message Michèle , employés au
Cette conception a pour- est un spécialiste des négo- apportait-il, en ce 22 octo- Consulat général de France
tant été constamment ciations difficiles , pour ne bre ? Celui ci : Après réu- en Algérie, étaient enlevés
rejetée par l'enseigne- pas dire tordues. Ainsi nion d'un comité interminis- par un mystérieux comman-
ment de l'Eglise et qu'Emmanuel Ratier le rap- tériel sr.écial tenu au mois do que le pouvoir algérien
l'incompatibilité a été pelle dans son "Encyclopé- de septembre pour exami- désignait aussitôt comme
réaffirmée voici quelques die politique", cet homme ner la position française face émanant du FIS.
mois par Mgr Ratzinger et d'affaires quinquagénaire à la véritable situation de Or, non moins précipi-
la Congrégation pour la originaire de Bastia fut offi- guerre civile que l'affronte- tamment, le FIS faisait savoir
doctrine de la Foi, institu- cier au SDECE, le contre- ment entre la mafia du FLN qu 'il était totalement étran-
tion vaticane chargée de espionnage français, jusqu'à et les terroristes du FIS fait ger à cet enlèvement ,
la discipline. l'arrivée d 'Alexandre de connaître à l'Algérie, le gou- démenti qui ne manquait
Marenches qui, à la fin des vernement français avait pas de rappeler qu'un mois
années soixante-dix, le pria finalement décidé, dans le plus tôt, déjà, Rabah Kebir,
PROVOCATION d 'aller exercer ses talents souci de ne pas mettre en président de l'instance exé-
Plusieurs ailleurs. danger la vie de ses vingt- cutive du FIS réfugié en

J femmes se pré-
tendant "corn-
pagnes de prêtres"" ont
Devenu secrétaire géné-
ral de Servair, une filiale
d'Air France, Marchiani fut
cinq mille ressortissants ins-
tallés dans ce pays (compte
non tenu des cinquante
Allemagne, avait récusé
toute implication de son
mouvement dans l'assassinat
tenté d'être reçues au de nouveau limogé ; cette mille bi-nationaux que , de deux techniciens français
Vatican en octobre, mois fois par le ministre des d'ailleurs, l'Algérie ne recon- près de Sidi Bel Abbès.
traditionnellement consa- Transports de l'époque, le naît pas comme tels), de ne Ce "bordel arabe" venait
cré à la Sainte Vierge ... communiste Fiterman qui, pas apporter au gouverne- s'ajouter à l'incohérence des
L'une d'elles a déclaré assure l'intéressé, ne lui par- ment de Redah Malek l'aide détails fournis par Alger et
être la concubine d'un donnait pas d'avoir déman- financière , économique et sa presse sur les circons-
évêque français et affirmé telé un réseau d'espionnage surtout technique qu'il récla- tances de la libération des
que dix prélats français soviétique au sein de la mait pour lutter contre les otages . D'abord situé à
au moins vivaient marita- compagnie. islamistes. Oued Slama près de Larbaa,
lement. Marchiani se mit alors au En clair, menacé d 'une dans la banlieue d 'Alger,
service de Pasqua qu 'il part par le FIS de repré- l'événement était ensuite
connaissait depuis l'époque sailles s'il rompait ce que le localisé à Oued Koreïche,

LE LIBRE JOURNAL de la France Cour-t:o-ise page 4 N° 18 D U 5 N OVEMBRE 1993 ~


CONFESSION

du marigot
"La franc-maçon-

J nerie est constitu-


tive de l'identité
européenne". Cet aveu
est _signé du Grand Maître
adjoint aux relations in-
ternationales du Grand
près de Bab-el-Oued, à deux l'Intérieur algérien et, à ce culture jadis largement excé~ Orient de France
pas du .. . ministère de la titre, grand patron de la dentaire et l'enlisement dans P. Orefice.
Défense ; quant aux détails police politique.et des ser- une politique industrielle
de l'affrontement, ils allaient vices spéciaux. Cet ancien digne des élucubrations de PROTECTION
d'µne simple fusillade à une officier de l'Armée nationale Ceaucescu et mortelle pour - - Les obédiences
"effroyable tuerie" dont les populaire reste, à près de l'économie nationale. Quoi ~,maçonniques
otages auraient miraculeuse- soixante ans, l'un des doctri- qu'il en soit, les effets dévas- françaises font le
ment réchappé en passant naires les plus staliniens de tateurs de cette affaire se siège du ministre de
pàr une bataille rangée fai- l'appareil d ' Etat. Fanati- font sentir jusqu'au sein de l'Intérieur en vue d'obte-
sant, selon les cas et les jour- quement partisan de la la cohabitation. Si Balladur nir que les dispositions de
naux, quatre, cinq ou sept manière forte, c'est lui qui en tient, semble-t-il, pour la la loi Gayssot, mises en
morts, y compris, ou non est à l'origine des véritables neutralité, l'Elysée défend, œuvre par les "Comman-
compris, un policier. "ratonnades" anti-islamiques lui, une politique de soutien dos-Charlot" (cellules
Les otages se bornant, qui, selon des sources total au gouvernement de antiracistes) afin de répri-
quant à eux, à répéter que locales, ont provoqué la Redah Malek allant jusqu'à mer les exclusions au titre
tout s'était bien passé et mort de milliers de suspects un appui militaire, si besoin "de la race, de l'ethnie, de
qu'ils n'avaient jamais été et la liquidation totale de est, à la lutte contre les isla- la nation ou de la reli-
menacés. Cette cascade de certaines mechtas réputées mistes. Et ce n'est pas l'un gion", soient étendues
contradictions explique sans acquises aux intégristes. Et des aspects les moins aux exclusions ou diffa-
doute que les services spé- ce, sans que les défenseurs étranges de cette situation mations au titre de l'ap-
ciaux français , qui avaient des droits de l'homme s'en que de lire dans "Globe", partenance "communau-
immédiatement expédié émeuvent le moins du journal officieux du locataire taire ou philosophique".
d~ux agents à Alger, sou- monde. C'est que l'homme de l'Elysée, une "fiction " Ce projet vise à faire sanc-
tiennent qu 'en réalité cet est un des principaux res- décrivant en termes littérale- tionner en justice tout
enlèvement a été un coup ponsables de l'. effondrement ment apocalyptiques com- propos hostile à la maçon-
monté par la sécurité militai- économique de l'Algérie où ment une éventuelle acces- nerie.
re algérienne pour il détint les portefeuilles de sion au pouvoir du FIS se
contraindre la France à ministre de la Révolution solderait par une épouvan- SELECTION
s'engager dans la lutte agraire et de l'Industrie lour- table inflation de l'immigra- La revue
contre le FIS. Il faut , pour de ; les deux principaux tion algérienne en France. - - "Magnificat" ré-
comprendre que nos ser- domaines dans lesquels Mettre Bergé et ~ vèle que la méde-
vi'ces aient pu avancer cette l'échec de l'indépendance Benamou à l'unisson de Le cine coréenne a fait de
hypothèse "hénaurme ", algérienne s 'est révélé le Pen, voilà un effet pour le grands progrès : grâce à
connaître la personnalité de plus calamiteux , avec la moins inattendu de la guer- l'échographie, les Coré-
Selim Saadi, ministre de quasi-disparition d'une agri- re civile algérienne ... ens peuvent désormais
pratiquer l'avortement
sélectif de façon à ne tuer
que les filles. Près de la
moitié des femmes en-
ceintes d'une fille avor-
tent, contre seulement
2 % des femmes attendant
un garçon.

THESAURISATION
Les banquiers
ont constaté que
60 % du montant
des allocations scolaires
de rentrée versées pour
faciliter l'équipement des
élèves et étudiants ont été
placés en Sicav moné-
taires.

LE LIBRE JOURNAL de la France Coureoise page 5 N° 18 DU 5 N OVEMBRE 1993 6


PROTESTATION
A un ande son
1lilJ! premier centenai-
~ re, l'Ecole de
santé navale de Toulon a
fermé ses portes ce mois-
èi. Les naïfs qui comp-
fAutres nouve(fes
taient sur Léotard, minis-
tre de la Défense et élu
varois, pour retarder cette Ce pharmacien
fermeture en sont pour
leurs frais. Au cours de la qui empoisonne tout le monde
dernière cérémonie de
promotion, les anciens de
l'Ecole, professeurs titu- ccueilli à grand seur Faurisson , chef de qui deviennent ce par
laires, agrégés et spécia- bruit par les file des révisionnistes. rapport à quoi, à qui, tous
listes des hôpitaux, ont médias voilà un Trois jours après , "Le se situent. Les révision-
quitté la cérémonie en mois à peine pour son Monde ", évoquant à son nistes occupent tou,t le
signe de protestation. li vre "Les Crématoires tour le même dos- terrain ... "
d'Auschwitz. La machine- sier, .souligne étrangement Puis le cinéaste avait
rie du meurtre de masse" que Pressac "récuse une att_aqué le professeur
COMPARAISON (CNRS éditions 1993) , le certaine idée de l'histoire Vidal-Naquet , coupable ,
Le " Nouvel pharmacien Jean-Claude qui voudrait que seule la selon lui, d'avoir soutenu
1lilJ! Observateur" Pressac passe directement mémoire soit noble " et les travaux de Pressac :
~ classe "en bais- du Capitole à la Roche qu'il évalue le nombre "Le triste est qu 'un histo-
se" le préfet du Gers en Tarpéienne, taxé de per- des morts d 'Auschwitz à rien, menacé sans doute
poste au moment de la versité et de "révisionnis- "huit cent mille ... alors dans son statut ontolo-
catastrophe des Thermes me à la baisse" par ceux- que les chiffres les plus gique par la vérité, la
de Barbotan qui fit vingt là mêmes à qui il voulait couramment cités étaient force, l'évidence des té-
morts, ainsi que le maire complaire. de plusieurs millions " (le moignages ... n'hésite pas
du Touquet, ville qui a Ce qui, en bonne lo- texte annonçant l'assassi- à cautionner cette perver-
accueilli le récent Congrès gique, pourrait conduire nat en ce lieu de quatre sité.
des élus régionaux du la Justice à s 'intéresser à millions de victimes , rédi- Un historien abdique
Front national. A égalité. son cas. gé en dix-neuf langues et devant un pharmacien
Voici les faits : inscrit en lettres de bron- qui, par ailleurs, "révise"
Le 23 septembre der- ze sur des dalles expo- à la baisse selon des cal-
ANNULATION nier, "L'Express" annonce sées dans le camp polo- culs bien à lui, le nombre
Sur intervention un "scoop", d 'ailleurs sur- nais, a été effacé et les des victimes.
du rabbin Sitruk, prenant puisqu'il ne dalles aujourd ' hui sont Qu'on y prenne garde ,
l'administration "révè le " que des vérités vierges). on dira peut-être dans
ayant depuis longtemps
des "Pyramides" ,
ensemble de loisirs de
Marly qui devait accueillir
cours légal et qu'il vient à
la suite d'un éditorial du
t
Révi sion
vingt ou cinquante ans :
"Bien sûr, les chambres à
gaz ont existé mais on n'y
le prochain congrès du directeur de la rédaction et perversi té a jamais gazé que des
qui déclare "choquant de
Front national, a annulé le
projet en refusant de
rendre les arrhes versées.
limiter la circulation des
idées".
t
En produisant un
poux et des menteurs. "
Le propos était loin
d 'être hasardeux. Il venait
Motif : " Cas de force L'article rend compte chiffre de huit cent mille rappeler que les thèses
majeure. Menaces contre du livre d 'un certain Jean- morts , Pressac commet-il révisionnistes, jusqu'alors
l'ordre public." " Claude Pressac que "L'Ex- un délit révisionniste ? connues seulement d'un
press" présente comme Claude Lanzmann, au- petit nombre , furent "lan-
"consultant au musée teur du film "Shoah " et cées" par "L'Express" qui,
NEGATION d 'Auschwitz, conseiller du adversaire déterminé de en novembre 1978, faisait
1lilJ! Or le préfet des Musée de l'holocauste à toute rectification, avait dire à l'ancien commissai-
~ Yvelines et le Washington, ( ... ) pharma- répondu positivement dès re général aux questions
maire de Marly cien ·de formation (et) le 30 septembre dans le juives Darquier de Pelle-
ont récusé cette prétendue spécialiste incontesté des "Nouvel Observateur" : "Il poix, retrouvé sénile et
menace, remarquant qu'il recherches sur les tech- n'y a rien dans l'immense malade en Espagne où il
s'agissait non d'un meeting niques de l'extermination article de "L'Express " qui s 'était exilé pour échap-
mais d'un congrès privé et nazie". ne soit archiconnu.( ... ). per à la peine de mort :
qu'en outre la force Sans insister sur le fait Même pour les réfuter, on "A Auschwitz on n 'a gazé
publique disposait de tous que ce Pressac fut naguè- légitime ainsi les argu- que des poux".
moyens d'assurer la tran- re un disciple du profes- ments des révisionnistes Ce propos, largement
quillité du lieu.
LE LIBRE JOURNAL de la France Co-urtoise page 6 N° 18 D U 5 N OVEMBRE 1993 ~
repris, souleva un énorme tances montre la violence interdit de s'exprimer DEFECTION
scandale, entraîna de
multiples poursuites
des affronteme nts que
suscite le sujet jusqu'au
librement".
"J'observe, commente
» Mitterrand, qui
~ avait personnelle-
contre son auteur et porta au sein du même camp. Lanzmann, que la loi ment exigé qu'au
sur la place publique un Gayssot vise spécifique- cours de "L'heure de véri-
débat précédemment cir- ~ ment à interdire la publi- té" une question lui soit
conscrit à quelques spé- La justice cation de textes négation- posée qui lui permettrait
cialistes sur les circons- tranchera nistes. Que faut-il com- d'effacer le soutien mani-
tances et les chiffres des prendre ?" Apparemment festé à Tapie lors de l'inter-
persécutions antisémi- que la Justice doit à pré- view présidentielle du
tiques. Claude Lanzmann, en sent trancher la question 14 juillet, fait rédiger dans
Qu'aujourd'hui l'un tout cas, semble étonné de savoir si les travaux de les journaux amis des échos
des représentants les plus de n 'avoir pas été enten- Pressac, "chercheur in- affirmant qu'en privé il
éminents de la commu- du et, revenant à la char- contesté" édité par le "regre«e" d'avoir pris par-
naut é accuse un cher- ge cette semaine, toujours CNRS, célébré par "L'Ex- tie en faveur·du député de
cheur pourtant "incontes- dans le "Nouvel Obser~ pr ess" et soutenu par Marseille.
té " de réviser ces chiffres vateur", il insiste sur un Vidal-Naquet, sont révi-
à la baisse et d'ouvrir la propos de Pressac qui sionnistes ou pas. CONSOMMATION
voie à toutes les contesta-
tion s sur ces circons-
répondait au "Monde" :
"en France la loi Gayssot
On attend l'ou verture
d'une instruction.
» "Les emplettes
~ créent des
emplois". Ce
pourrait être le thème
En voilà du racisme, Charlot ! d'une campagne de relance
de la consommation finan-
cée par les chambres de
ne "répression ful- forces de l 'ordr e, · les intervenant après l'attaque commerce. Il se murmure
gurante" est exigée "jeunes" s'en donnent à d'un autobus sont chassés que le slogan a été trouvé
des "Cellu les de cœur joie, à l'abri d'une à coups de pierres ; par Edouard Balladur lui-
lutte contre l'antisémitis- légis lation échevelée qui 2 septembre, les poli- même.
me, le racisme et la xéno- menace des tribunaux tout ciers des Halles se voient
phobie" créées par Pas- policier accomplissant son contraints à une bataille PRECISION
qua-Gaubert travail en milieu sensible. rangée contre des hordes Pour l'avocat du
En attendant de l'em-
porter dans cette guerre
contre la Bête immonde ,
~
Lynchages
de "jeunes" ;
18 août, trois policiers
sont blessés à coups de
J MRAP, c'est
"l'acte raciste le
plus grave commis en
ces "Clarx" ont déjà gagné et saccages cutters par des "jeunes" France depuis un demi-
un surnom : "les Com- des Mureaux ; siècle" : Deux jeunes
mandos-Charlot". ~ 30 juin, une voiture de Arabes prétendent avoir été
C'est ainsi en tout cas Bilan: police d'Epinay est mitrai- victimes d'une tentative
qu 'on les a baptisées dans 27 octobre, Garges-les- llée pendant une patrouille d'assassinat par le feu en
les commissariats où l'on Gonesses, des policiers se (six impacts dans la carros- pleine rue à Paris. Les vic-
mesure le ridicule d'une barricadent dans les toi- serie) ; times ont décrit leur agres-
pareille hystérie, alors que lettes d'un bar pour échap- 24 mai, deux gardiens seur: crâne rasé (! ), tatoua-
sur trois millions huit cent per au lynchage par des de la paix sont lapidés par ge en forme de hache sur la
mille crimes et délits com- "jeunes"; des "jeunes " alors qu'ils joue(!!) et boucle d'oreille
mis en 1992 on a dénom- 26 octobre, au Val tentent d'arrêter un voleur à croix gammée(!!!).
bré vingt-huit actes racis- Fourré, des policiers pour- de voiture; Un mois après, malgré la
tes . Pas un de plus. suivant un voleur de voitu- 27 avril, trois policiers précision du signalement,
D'où la colère des poli- re sont attaqués par des sont lynchés à Grigny ; la police n'a rien trouvé.
ciers ameutés contre un "jeunes" sans riposter ; 28 avril, le post e de Même du côté de
fléau fantasmatique alors 23 septembre, à Trap- police de la Grande Borne Carpentras ...
que leur patron, le préfet pes, une patrouille de poli- est saccagé par un groupe
de police Massoni, franc- ce est mise en fuite par de "jeunes" ;
cent cinquante "jeunes" 8 avril, treize policiers Le pèlerinage de Martel aura lieu le 28 XI
maçon et ancien caïd du 1993, il est destiné à commémorer la vic-
SAC, ne fait rien contre les armés de pierres qui in- blessés au cours d 'une toire remportée en ce lieu sur les
agressions de fonction- cendient le commissariat ; émeute de "jeunes" dans le Sarrazins en retraite depuis Poitiers par
22 septembre, à Aul- 18e arro ndissement de les Francs et les Aquitains. Des dizaines
naires qui se multiplient d'associations ou de partis politiques
depuis que Pasqua, par ses nay-sous-Bois, des poli- Paris. allant du Parti communiste aux Verts en
menaces contre ses pro- ciers, agressés par une cin- Et si Pasqua spécialisait passant par la Ligue des Droits de
quantaine de "je unes ", plutôt ses "Commandos- l'Homme mobilisent contre ce pèlerinage.
pres troupes a, en quelque La meilleure réponse est une égale mobi-
sorte, ouvert la chasse aux cèdent le terrain ; Charlot" dans la "répres- lisation.
flics . Du coup, la peur des 15 septembre, dans la sion fulgurante" du racis- Consignes : Rendez-vous à 9 heures pré-
me anti-flic ? cises sous la halle de Martel (Lot). Départ
sanction s paralysant les même ville, des policiers de la procession à 9h15. Messe tradition-

LE LIBRE JOURNAL de la France Courtoise page 7 N° 18 DU 5 NOVEMBRE 1993 6 nelle sur le Causse à 10h30. La messe
sera dite à la mémoire de tous les morts
pour la France. Repas tiré du sac à 12h30.
Cohenneries
Les fantômes
de Carpentras
fÂutres nouve(fes
'étranges événements se
produisent dans une maison
de Carpentras qui éclairent
Eux chez eux et nous chez nou~
d'une lumière nouvelle les heures les
plus sombres que vous savez. A la ans la guerre civile tème écologique détraqué, La France doit dénoncer les
grande frayeur de sa locataire, qui déchire l'Algérie, Al Djezaïr la blanche est rui- accords financiers avec ce
Régine Garcia, et de sa fillette, des la France a pris la ter- née, comme au VIIIe siècle régime pourri et impos·e r à
feux éclatent dans son logis de façon rible responsabilité d'aider sous les chevaux de l'Algérie une politique de
aussi spontanée qu 'inexpliquée aux l'arméè à récuser le verdict Mahomet. relations fondée sur la réci-
endroits les plus inattendus. C'est
des urnes alors qu'il ne lui C'est navrant, certes, mais procité des intérêts et le res-
une affiche apposée sur une porte
appartenait en rien, trente allons-nous pour autant pect des engagements, une
quis 'enflamme subitement. Une
autrefois, c'est un matelas. Une ans après le retrait de nos accepter que les mêmes qui, politique exigeant que soient
autre encore, la litière du chat. Plus couleurs, de choisir entre les en une journée de juillet garantis nos intérêts, proté-
effrayant encore, les objets se hommes du FLN, tueurs à la 1962 à Oran, enlevèrent, vio- gés nos compatriotes, res-
déplacent sans aucune intervention balle et au couteau, poseurs lèrent, torturèrent, pendirent pectés nos cimetières,
humaine, le téléphone se débranche de bombes d 'Alger, égor- aux crocs d'acier des àbat- ouvertes chez eux autant
san~ raison apparente, les bouteilles geurs de Melouza, bouchers toirs des milliers d'hommes, d'églises qu-e de masqué.es
de gaz s'ouvrent toutes seules... de la Mitidja, victimes à leur déportèrent trois mille chez nous, défendue l'identi-
Appelés sur place, les pompiers ont tour d'un terrorisme qui ne femmes dans les bordels de té kabyle, reconnus les
été les témoins ébahis et frissonnants nous fera pas oublier le leur la mort lente et énucléèrent, droits des harkis et des amis
de ces phénomènes dignes de ces de la France, rétablie la véri-
qui n 'épargna rien , ni émasculèrent, ébouillantè-
mauvais films des « jeudi de
femmes, ni vieillards , ni rent deux cent mille harkis, té sur un siècle et demi
l'angoisse » que nous programme à
l'envie M 6. Tout comme les enfants, et les poseurs de réintègrent, sans autre forme d'histoire.commune.
policiers de la ville. « Il y a quelque bombes du FIS, fanatiques de procès et par milliers , Quelles que soient les fautes
chose qu'on ne s'explique pas» religieux traqués et tués par chaque mois, la nationalité cfe ses politiciens (le décret
avoue l'inspecteur Eric Comtat qui des fellaghas barbouillés en française? Crémieux !), la France n;a
connaît bien le Venaissin et ne s'en émules des paras de , Allons-nous accueillir, pas à ·r ougir de l'œuvre
laisse pourtant pas compter. Mais Bigeard, courant les djebels, comme si de rien n 'était, accomplie en Algérie par ses
alors? Bon sang, mais c'est bien fouillant douars et mechtas à ceux qui, préférant sans soldats, ses missionnaires,
sûr: si un fantôme.facétieux et la recherche de "rebelles". honte ni vergogne la valise ses enseignants, ses, paysans,
incendiaire sévit aujourd'hui à Aujourd'hui, une nouvelle au cercueil, bafouent la ses commerçants et tous
Carpentras, le même, ou un de ses mémoire de leurs "frères " ceux que l'on appelle enco-
bataille d 'Alger oppose,
frangins davantage porté sur le
comme hier, les tueurs de tombés pour une Algérie re les "pieds noirs".
maniement de la pelle et du piquet
de parasol, ne serait-il pas le l'ombre à la police secrète. algérienne et déferlent chez Mais elle ne peut plus arra-
profanateur du cimetière juif de Aujourd'hui, à Bab El Oued, nous, pseudo-intellectuels cher l'Algérie au chaos par la
Ca,pentras ? Après tout, aller les gendarmes algériens mais vrais profiteurs d'un colonisation.
traîner dans un cimetière une nuit massacrent des Algériens, socialisme partout corrup- Un jour, le peuple de ce
de pleine lune, c'est bien dans le comme naguère les gen- teur, reçus par leurs com- pays qui a payé son indé-
1
style des fantômes, non? D'accord, darmes français tiraient sur plices d'hier, les porteurs de pendance au prix du sa ng
l'hypothèse vaut ce qu'elle vaut. leurs compatriotes dans la valises et leurs amis du pou- (le sien et le nôtre) devra
Mais avouez que trois ans el des rue d'Isly. · voir actuel ? dire s'il veut renouer avec
poussières après les faits, elle n'est Aujourd'hui, la nomenklatu~ Eh bien, non, nous n 'en nous des rapports normaux
pas plus conne qu'une autre. On dit
ra algérienne s'effondre sous voulons pas ! de coopération.
bien, chassez le surnaturel, il revient
les coups des islamistes, Nous ne voulons ni des Mais avant tout : que la
au galop. A la place du juge
d'instiuctions en charge du dossier comme hier le régime du assassins fellaghas ni des jus- guerre civile algérienne ne
de la profanation,j'y réfléchirai à Shah d'Iran s'abîma sous les ticiers du FIS se transporte pas en France
deux fois : ça lui permettrait de coups des mollahs. Nous ne voulons plus payer et.que l'on renvoie sans tar-
clore le dossier. A moins, bien sû,~ Aujourd'hui, les incapables pour une "assistance" qui se der fellaghas et mollahs.
de découvrir des éléments qui lui et les corrompus du socialis- perdra dans les marais de la Après tout, depuis le temps
donneraient à penser que les me ont désespéré la Casbah, gabegie et de la corruption. qu'ils réclament l'Algérie
fantômes, à Ca,pentras, sont aussi comme hier le communisme Nous ne voulons plus soute- algérienne, le moment :est
d 'etrtrême-droite. a désespéré Billancoutt. . nir une dictature honnie. venu, pour la France françai-
Bref, plus que jamais, delenda est Ajourd'h.ui, son agriculture Seuls les Algériens sont fon- se, de leur donner satisfac-
Carpentras.
dévastée, son industrie sac- dés à choisir le régime qui tion.
J EAN-PIERRE COHEN cagée, ses bateaux rouillés, leur convient ou le cauche-
ses plages polluées, son sys- mar qui peuplera leurs nuits. BERNARD ANTONY

L E LIBRE JOURNAL de la Fra-nce Co-urto-i-se p age 8 N° 18 DU 5 NOVEMBRE 1993 ~


c'est aznsz ...
• •

par ADG

~ries
J
}
aborigènes ont des rêves
étranges et pénétrants. j'ai déjà
parlé ici et je n'y reviendrai
LA CAROTTE
ET LE BETON
chants des pistes ", ces .. Songlines "
qu 'a su déchiffrer ... Bruce Chatwin
avant ~e disparaître dans un grand
plus, de celui de la carotte rêve patagon et dont il a si bien parlé
sauvage qui permet de voir
loin, d'avoir les cuisses roses et un
t dans son ouvrage éponyme paru aux
Editions Grasset (ou en "Livre de
caractère égal, pour peu qu'on la
domestique un peu. Rien n'est plus
'Rêve Poche"). Les chants des pistes abori-
gènes sont à la fois repères géogra-
malaisé d'ailleurs : à peine enfour-
chée, l'ombellifère rétive piète, rue,
du coton-tige phiques, mémoire coutumière collec-
tive, passeport d'une région à l'autre.
chauvit des oreilles, bronche, s'épare
et rase le tapis. Il est utile de s'accro-
-.?vfœurs Ils décryptent les " rêves » d ' une
époque ancienne où la terre était
cher aux fanes pour ne pas être
désarçonné par ce rêve rustre et seuls
·sexuelles plate - mais ne l'est-elle pas tou-
jours? - et n 'appartenait à personne -
les excellents cavaliers de l'imaginaire de l)fiuitre c'est toujours le cas , car c'est nous
qui lui appartenons -. Ce chant psal-
peuvent chevaucher cette monture
onirique. Parmi tous les rêves, celui
de la carotte sauvage est un des plus
-!Jfpropos modié se disait au rythme de la
marche et Bruce Chatwin raconte
excitants. On m'a récemmement
parlé du rêve du coton-tige, plus
d)!Jfmsterdam dans son livre comment , ayant un
jour pris en stop un vieil aborigène à
moderne et peut-être plus accessible
aux couches jeunes de la société. Est-
-9randeur bord de sa Land-Rover, il l'avait vu
complétement affolé par la vitesse du
il bien utile ? Ne vaudrait-il pas
mieux se dédier, outre aux bonnes
consécutive véhicule et marmoner de plus en vite
le chant d 'une piste devenue trop
mœurs qui font maison et couche
molle, à des valeurs plus sûres, tels
du cfiant rapide, comme une cassette passée
en accéléré.
que le "dream » des carottes débour-
rées ? C'est affaire de tempérament et
des pistes cyclables Tout cela prouve bien que nous
ne savons pas tout et qu 'on ne sau-
nos lecteurs n'en manquent pas qui rait être ni pour ni contre, bien au
veulent toujours avoir le dernier mot. t contraire, comme dit la sagesse suis-
se . Pour ma part , je reviens
Ainsi madame Annick B . de
Bourré (Loir et Cher) qui me rappelle d 'Amsterdam où j'ai passé le oui-
que dans une chronique ancienne, problème, je bondis, tel un facteur de quende de la Toussaint. j'y ai vu des
j'avais promis de parler des mœurs concorde, à la moindre demande de choses merveilleuses, comme le vélo
sexuelles des huitres. Emoustillée mes lecteurs et je m'efforce de leur de Fantômas, la buée sur les bateaux-
selon toute apparence, madame donner satisfaction (sauf, comme mouche, les maisons affaissées. j'y ai
Annick B. qui s'affirme comme étant c'était le cas la semaine dernière, appris pourquoi les maisons étaient
la principale productrice de maillo- quand un monsieur m'a interrogé aussi étroites et hautes et c'est une
chons en France, me met au défi pour savoir comme faire pour avoir raison fiscale, les habitants y étant
d'expliquer en une phrase le mode le Goncourt. Si je le savais, vous pen- taxés autrefois à raison de la largeur
de reproduction de ces délicieux sez comme j'écrirais ici ou ailleurs ? des façades. ]'y ai mangé de déli-
insectes qu'on trouve généralement Je serais aux Seychelles , oui, avec cieuses soupes aux pois qui allaient
tapis dans un nid douillet de vinaigre une vodka frappé et une brune bien avec le brouillard et j'ai constaté
d'échalottes. tapante). Sinon, je réponds dans ces que là-bas , le chant des pistes était
Eh bien, madame, c 'est très colonnes ou bien alors je ne réponds essentiellement cyclable.
simple . Les huitres se reproduisent pas.
en enfilant des perles. Pour en revenir aux rêves abori-
Voilà à quoi conduit le métier de gènes qui n'ont pas fini de vous han- Mais c'est pourquoi, partout,
chroniqueur : on reçoit du courrier ter quand vous les fréquentez (fus- en Australie comme en
, auquel il faut répondre. Quand il y sent-ils râpés), il va de soit qu'on ne Hollande, le chant des pistes
enveloppe timbrée, aucun saurait les confondre avfc " Les est grand.

LE UBRE JOURNAL de la Fra.-.ce Courtoise page 9 N ° 18 D U 5 NOVEMBRE 1 993 ~


9.nastrophes, CBi{fevesées ~ Coquecigrues

_par Ximenez de .Cisneros


Retour sur la planète Marx
DEMAIN LA DEMOCRATIE
Ah ! J 'en ai rabattu, de mon ignarance prétentieuse, depuis ce numéro spécial du « Nouvel Obs » sur
« La p ensée en 93 » qui m 'a donné à voir une intelligentsia de gauche p(us vivace et bouillonnante que
j amais - alars que je la tenais pour moribonde ...

~ tout ! Là encore, c'est l' « Obs " (du · ~


N é o-dém ocra tes 21 / 10/ 93) qui m'a éclairé , avec une Rallumons
et néo-ma rxis tes analyse du li,vre de Derrida intitulée les lumières
" Marx, penseur du XXIe siêcle "·
On ne m'y reprendra plus, à ironi- Pourquoi une analyse et pas l'ouvrage Bref, le marxisme, ce n'est pas " les
ser bêtement sur ce qui me dépasse. lui-même ? Parce que l'hebdo m'a pré- Soviets plus l'électricité ", mais « le tota-
Ainsi, par exemple, de la distinction venu : " ce livre, très difficile à lire, litarisme plus les Lumières "· Eh bien,
entre " démocratie " et " réalité " : elle s'adresse à des lecteurs familiers de la nous dit Derrida, gardons-nous de jeter
ne signifie évidemment pas que la cuiture philosophique "· le bébé avec l'eau du bain. En bons
démocratie serait irréelle, mais simple- Message reçu 5 sur 5 : ce bouquin- héritiers du marxisme, sachons " discriL
ment qu'elle est toujours perfectible - là était sûrement trop compliqué pour miner à l'intérieur de l'héritage " ; en .
comme toute chose en ce bas monde. moi - comme j'en avais déjà eu le d'autres termes, bazardons le totalitaris-
]'ai pomtant bien failli retomber dans presse_ntim·e nt en lisant son titre com- me et rallumons les Lumières ! Et
ce travers en épluchant le dossier pré- plet : " · Spectres de Marx. L'Etat .de la quand on les rallume, que voit-on ?
cité. Un chassé-croisé intellectuel avait_ dette, le travail du deuil et la nouvelle " La démocratie menacée par le Nouvel
semblé amusant à l'esprit superficiel Internationale " (sic). Pour éviter les Ordre mondia l qu i est en train de
que je suis : tandis qu 'un groupe de contresens dont je suis coutumier dès s'imposer "· Cet ordre-là est porteur de
penseurs, ex-marxistes pour la plupart, qu 'il s'agit de la pensée de gauche " dix plaies ", parmi lesquelles le chô-
travaillent sur le concept de démocra- (pléonasme), j:avais intérêt à- me mage, l'exclusion, la mafja, la drogue,
tie, d'autres empruntent une démarche contenter des quatre pages de vulgari- mais aussi et surtout « les guerres inter-
apparemment inverse ; anciens contes- sation réalisées par le « Nouvet Obs " ethniques, guidées par un concept et
tataires de tous les systèmes de pensée après une rencontre avec le Maître à un· fantasme archaïques de la commu-
dénoncés globalement comme " totali- New York. nauté, de l'Etat-nation, de la souverai-
taires ", ceux-là sont en train de décou- neté, des frontières, du sol et du sang "·
vrir ... Karl Marx. C'est le cas de Gilles ~ Conclusion de l'hebdo : condamner eri
Deleuze : après avoir consacré vingt- Spectres bloc le marxisme au nom des Droits de
cinq ans à " critiquer la rationalité de en tous genres l'Homme serait une erreur dramatique,
tout discours de savoir " au nom du car " l'esprit de la critique marxiste
" désir " - on lui doit notamment la Résumé du résumé : Derrida n'est nous est plus que jamais néaessaire
définition de l'homme comme « machi- nullement " devenu marxiste ", comme pour rendre un langàge (sic) au com-
ne désirante " - , il écrit actuellement je vous i'aurais dit niaisement. Il pro- bat pour la démocratie"·
un livre sur la " Grandeur de Marx "· pose des " schèmes de .lecture " per- Merci au « Nouvel Obs " ! Grâce à
Itinéraire· parallèle pour Jacques mettant de distinguer, dans les textes lui, j'ai évité de commettre une énième
Derrida, inventeur du concept-dé de de Marx, ses " spectres " multiples. Car erreur d 'interprétation sur le mouve-
" déconstruction " : il avait entrepris de il y a un bon et un mauvais Marx, ment des idées. Non, il n'y a pas de
déconstruire systématiquement toutes nous apprend l'auteur. D'un côté, " ce contradiction, mais une convergence
les philosophies au nom de la " cri- que nous devons bannir : la monstruo- entre les penseurs néo-marxistes ~t
tique du signe "· Aujourd'hui, dans sité totalitaire ", induite par les néo-démocrates. Mieux : le « bon ,
" Spectres de Marx ", il ... reconstruit la concepts de matérialisme dialectique, Marx , redécouvert par Derrida au
statue du géant déboulonné. de lutte des classes, de dictature du milieu des mauvais, constitue pour
prolétariat, etc. l'avenir l'unique rempart de la démo-
~ De l'autre, " ce dont nous avons cratie contre le Nouvel Ordre mondial
·Kar l Marx absolument besoin : l'esprit de la cri- fascistoïde que nous préparent
"d érridé" tique soCÎale ", qui n 'est autre que Clinton et l'ONU. C'est clair,
Cocasse, non ? Eh bien, pas du " l'héritage çies Lumières "· fois?

L E LIBRE J OURNAL de la France Court:oise p age 1 0 N° 18 D U 5 N O VEMBRE 1993 ~


['CJûstoire a' ( endroit .

par Bernard Lugan

t
u début du siècle, le Maroc LE MAROC ultérieurs allaient le montrer, même
était l'objet des convoitises si, en 1909, en pleine crise germano-
européennes . L'Espagne, qui lAFRANCE ET russe au sujet de la Bosnie-
voulait y faire valoir des droits histo-
riques, n'était pas de force à les
L'ALLEMAGNE Herzégovine, l'Allemagne, qui dési-
rait éviter un total alignement de la
imposer internationalement. Restaient France sur la position russe, accepta
la France, la Grande-Bretagne et
l'Allemagne. Laissant résolument de
t un accord mettant un terme provisoi-
re à la crise marocaine.
côté le Reich, la France et la Grande-
Bretagne négocièrent. Le 8 avril 1904, Cet accord donnait la limite des
un accord est trouvé : la France ambitions politiques françaises, d'une
renonce à toutes ses ambitions égyp- part, et des appétits économiques
tiennes et la Grande-Bretagne recon- l'Allemagne au Maroc. Puisque je allemands, d'autre part :
naît les droits prioritaires de la France considère le Sultan comme Souverain
sur le Maroc. absolument libre, c'est avec lui que je Le gouvernement de la
veux m'entendre sur les moyens République française, entièrement
L'Allemagne, qui a des intérêts propres à sauvegarder ces intérêts. attaché au maintien de l'intégrité et
commerciaux dans les ports maro- Quant aux réformes que le Sultan a de l'indépendance de l'Empire chéri-
cains, s'estime lésée et attend sa l'intention de faire, il me semble qu'il fien, résolu à y sauvegarder l'égalité
revanche. Elle la trouve en 1905, faut procéder avec beaucoup de pré- économique et par suite à ne pas y
quand la France entame au Maroc un caution, pour que l'ordre public ne entraver les intérêts commerciaux et
processus de protectorat déguisé ; soit pas troublé. » industriels allemands :
elle n'hésite alors pas à intervenir - et le Gouvernement impérial
dans les affaires marocaines. Afin de Non prononcé sous cette forme, allemand, ne poursuivant que des
donner un poids considérable à cette le " Discours dé Tanger » est néan- intérêts économiques au Maroc,
initiative, l'empereur Guillaume II moins publié tel quel par la presse reconnaissant d'autre part que les
offre sa garantie au Sultan du Maroc qui en avait reçu le texte rédigé à intérêts politiques de la France y sont
par le fameux « Discours de Tanger » l'avance. Les réactions furent consi- étroitement liés à la consolidation de
du 31 mars 1905 dans lequel il affir- dérables, car, en réalité, Guillaume II l'ordre et de la paix intérieure, et
me que le Maroc est un pays libre, assurait le Sultan de son appui au cas décidé à ne pas entraver ces intérêts
que l'Allemagne y a des droits et que où il déciderait de repousser le pro- déclarent(. .. ) "
les réformes institutionnelles décidées tectorat français.
par la France risquent de créer dans En échange de la reconnaissance
le pays une situation insurrectionnel- La tension entre la France et des droits politiques français sur le
le : l'Allemagne est vive ; afin d'éviter Maroc, l'Allemagne obtient d'impor-
une confrontation militaire, une tants avantages économiques et com-
« C'est au Sultan, en sa qualité de conférence internationale est convo- merciaux. En réalité, c'est une sorte
Souverain indépendant, que je fais quée à Algésiras, en Espagne. Son de condominium économique franco-
aujourd'hui ma visite. ]'espère que principal résultat en est l'internationa- allemand sur le Maroc qui est décidé,
sous sa souveraineté un Maroc libre lisation économique du royaume mais la firme des frères Mannesmann
restera ouvert à la concurrence paci- chérifien, mais l'Allemagne subit un estime qu'il s'agit là d'un marché de
fique de toutes les nations, sans échec dans la mesure où seuls ses dupes et que leurs intérêts écono-
monopole et sans annexion, sur le intérêts économiques sont sauvegar- miques, donc ceux de l'Allemagne,
pied d'une égalité absolue. Ma visite dés. sont lésés. L'affaire prend de
à Tanger a pour but de faire savoir l'ampleur et elle devient vite poli-
que je suis décidé à faire tout ce qui La conférence d' Algésiras ne tique, les milieux pangermanistes
, est en mon pouvoir pour sauvegar- réglait aucun des grands problèmes soutenant la position des ,
der efficacement les intérê.ts de marocains ainsi que les évènements Mannesmann. (à suivre)

LE LIBRE JOURNAL de la France Courtoise page 11 N° 18 DU 5 NOVEMBRE 1993 6


A

CE,nttetien Courtois avec


·« · Michel Droit/Radio Courtoisie/CNCL »
l'affaire est terminé~ !

Fondateur et directeur de
''Actuamédiai'', l'une des lettres d 'infor-
maâons confidenâelles les plus suivies
sur l'univers de la presse ecrite, radio-
phonique et télévisuelle, notre ami ·
Yannick Urrien est sans doute aussi l'un
des meilleurs connaisseurs du monde des
radios-libres à la naissance duquel il
parâcipa en tant <JUe cofondateur de
"Radio.Solidarite " aUJourd 'hui défun-
t(!. C'est aussi un esprit libre.
Pour cette raison.qui nous éxonère de
tout soupçon de complaisance ou de
connivence, nous lui avons demandé
l'autori$aÛon de publier l'entreâen qu'il
a eu récement avec_ /ean Férré, fonda-
teur avec Serge de Beketch de ''Radio
Courtoisie ".
Le président du comité éditorial de
''Radio Courtoisie "y expose les
incr<JJables péripéâes d'une révoltante
persecuâon poliâcojudiciaire qui, susci-
tée par une simple dénonciaâon calom-
nieuse que rien ne fondait, a, pendant
six longues années, menacé la vie même
de "la radio du pays reel et de la franco- YANNICK URRIEN: sident du comité édito-
phonie", une des rares frequences de la Le dernier épisode de rial de Radio
'"F.M exclusivement animée par des béné- ce qui fut incontesta- Courtoisie, pour « cor-
voles et quondiennement empoisonné blement l'une des plus ruption des membres
grandes affaires politi- . de la CNCL ». A la suite
l'existence de jean Férré. . co-médiatiques de ces de cette plainte, Michd
dix dernières années Droit, membre de
vient de se dérouler. l'Académie française,
L'affaire « Michel fut inculpé de « forfai-
Le LibreJournal Droit/Radio Courtoi- ture ». Des centaines
sie/ CNCL » avait débuté d'articles et d'émis-
le 1er août 1987 par sions furent alors
une plainte de Roger .consacrés à l'affaire ;
Actuamédia, BP 136, 75363 Paris Pelloux, directeur de la Radio Courtoisie fut
Cedex 08 (abonnement un an: 1056 F) radio libre Larsen FM, mise au ban de la
contre Jean Ferré, pré- bande FM et François

LE LIBRE JOURNAL de la France Co-urtoise page 12 N° 18 DU 5 NOVEMBRE 1993 ~


1

Jean Cferré 1 .

. M,tterrand prononça la nous voulions. faire com- YANNICK URRIEN : réunir 'les hommes de
cêlèbre ph,-ase sur « la prendre au tribunal que Il y avait donc b6nne volonté amoureux·.
CNCL qui n'a rien fait nou s a ttendions ré para- quelqu'un derrière de la langue française et
qui méritât le respect». tion · de la Justice elle ~ Monsieur Pelloux. • · de la liberté d 'expression. ·
Des propos qui ont même . Savez-vous qui ? Même si .nous . devons
condamné définitive- déplaire encore aux profi-
nient cette autorité de .. !'YANNICK URRIEN : JEAN FERRÉ: teurs de ta guerre franco-
régulation. Quatre jours Et la Justice a réparé ? Oui, un proche du · française.
après la plainte de · pouvoir ,socialiste. Il n'a
Roger Pelloux, Jean JEAN FERRÉ: jamais caché qu'il jouissait
Ferte ripostait par une Un p.eu. Elle a fait JJn alors de très hautes rela-
plainte en dénonciation réel effort en rédigeant un tions et qu ' il travaillait
calomnieuse. Comme jugement de onze pages , pour elles. Tous
l'avait annoncé « Actua- bourré de révélations . YANNICK URRIEN : les mercredis
média » (n° 203 du Bien qu·e désig'né par Son nom?
22/07/93), cette plainte Monsieur Pelloux comme de 18 à 21 h
· a été jugée le 24 sep- · l'unique " corrupteur », je JEAN FERRÉ: en direct.
. tembre. Le procès eut ne fus jamais inculpé . Je Cela n 'a plus d 'impor- Tous
lieu devant la demeurai " témoin princi- tance . L'important est de
XVIIe ch:ambre correc- pal » et, comme tel, je n 'e4s retenir que M. Pelloux les jeudis
tfonrlelle de Paris. Il jamais accès au dossier. avait fait citer, par huis- de 2 à 5 h.
dura sept heures. Le Grâce au jugement de la sier, trois témoins et
jùgement, rendu le XVIIe chambre , des élé- Messieurs François Mitter-
de 7 h.30
1

22 octobre, condamne ments importants , qui rand, Pierre Arpaillange et


Roger Pelloux au franc à 10 h.30
de dommages et inté- en rediffusion.
rêts réclamé par Jean
·F erré, à la publication .Une p~rsécution Sur
dans. quatre journaux et Radio
à 20 000 F d'amende. politique et judiciaire Courtoisie :
Vous devez être heu-
·r eux d'avoir en:fin-
six ans après ! - obte-
qui a duré _six ans le Libre
Journal
,•
' nu justice en faisant de Serge
condamner votre étaient couverts par le Roland Dumas . Message
calomniateur ? secret de l' instruction, clair. de Beketch
deviennent publics . Ils sont Aucun d'eux n ' a cru Paris : 95,6
JEAN FERRÉ: éclairants , lumineux , Ils bon de se déplacer mais, Chartres : 104,5
Certes , mais j'accor.de expliquent tout. fors du pr9cès., l'avocat de
moins d ' intérêt à la. Par exemple, il es,t écrit, M. Pelloux a v è ndu la Cherbourg: 87,8
·Condamnation de Mon- page ·5, que la totalité de mèche. Se tournant vers Caen: 100,6
sieur Pelloux: qu 'au libellé l'affaire a reposé sûr un son · client, Maître Le Le Havre : 101,1
. , du jugement. faux témoignage , d'une Borgnë a déclaré : " On
1 . Avec Maître Eric Boyer, évidente fausseté , qu 'un cherchait un imbécile Le Mans: 98,8
. mon avocat, nous avions. magistrat s'était abstenu de pour signer cette plainte Radio-Courtoisie
décidé de ne demander dénoncer., Pa'f exemple, il e t , pardonnez-moi de le La radio libre du
qu 'un franc symbolique est écrit, page 9, que le ca- dire , cet imbécile , ce fut
pour les d b mrriages et lomniateur, en çléposant sa vous », pays réel et de la
intérêts. Parce que le pla ï'nte contrn moi le francophonie
calomniateur ne fut qu 'un 1er août 1987, ,, ménageait YANNICK URRIEN : 61 bd Murat
i_nstrùment dans ·c ette ses i'ntérêts financiers per- Et maintenant ?
mons·trueuse affaire , sonnels ». C'est clair. 75016 Paris
presque une· victime -;' On cherchâit un imbéci- ; JEAN FERRÉ: (46510085)
parce qu ' il est père de le pour signër cette plain- Maintenant ? Radio
quatre enfants ; parce que te .. . Çourtoisie contirn,iera de

LE UBRE J OURNAL èie la .Fra7Zce Co-urt:dise page 13 N° 1X 1) 1 '> NOVEMBRE . i 9 93 ~


Ies Cfrovinciafes
par Anne Bernet
dernier poète souvenir des jours d 'hor-
chouan », doit reur si proches et celui
de n ' avoir pas des martyrs . Cette vieille
sombré , un dame berça l'enfance de
demi-siècle ses descendants des his-
après sa dispari- toires déjà centenaires ,
tion , dans un leur redonnant une actua-
total oubli . Et lité et une présence qui ·
c'est heureux. marquèrent profondément
Prétendre Louis .
que Louis Foisil . Parvenu à l'âge adulte ,
fut un grand juriste établi à Pa.r is et
poète serait cer- père de dix enfants dont il
affirmait orgueilleusement
géré . Mais, por- qu ' ils étaient ses plus
té par le triple belles œuvres, Foisil prit
amour qu ' il conscience qu 'il avait bien
vouait à la terre préparé l'avenir, bien res-
ancestrale , à la tauré la maison familiale,
Maison de Fran- mais qu'il lui manquait de
ce et à Dieu, ce transmettre aux généra-
Normand de tions futures les témoi-
l'Avranchain eut gnages du passé dont il
souvent des était le dépositaire. Or,
vers violents , grand lecteur de Barrès et
farouches et de Maurras, il savait que
beaux qui ra- les enfants ont besoin de
chètent les fai- s 'enraciner pour résister
blesses fré- aux tempêtes de la vie ,
surtout en une époque qui
favorisait tous les renie-
ments. En prenant la
plume, guère de doute
qu 'il voulût aider les siens
à préserver ~n patrimoine
précieux, d 'honneur et de
fidélité . .

~
Les anecdotes
de l'aïeule
Louis ,F oisic, chouan
En vérité_, depuis 1906,

de N orrnandie date où il publiait un


recueil de sonnets, Foisil

«J arfait honnête
homme », « aède
des héros incon-
ficatifs e mployés par Jean
de La Varende pour évo-
quer le souvenir de son
faisait des . vers . Et la
publication dans les
années trente de « La
· chouette sur mon ber-
nus , des dévouements ami Louis Foisil , mort d 'un ceau » et de « Feu ma
épiques et silencieux près cancer à Paris le 20 janvier grand-mère me contait »
du calvaire et de 1943. s'inscrivait dans une suite
, l'ajonc .. . » Tels étaient C'est à La Varende sur- logique .
quelques-uns des quali- tout que Foisil , « notre Ce n 'était rien d'autre

L E LIBRE J OURNAL de la. Fra.-nce Co..,.rto-ise page 14 N° 18 D l) 5 N OVEMBRE 1993 6


que des rimes mi ses aux
1 Le fils Foisil avait fort bien Princes, serait j.usqu ' au . cent, recueilli ces fiers
anecdotes de l'aïeule, non compris l'intention inju- bout, . selon le mot de conseils :« Il faut prier,
sans avoir, avec de hauts rieuse, le mot chouan ~arbey, " fidèle · à des opi- il faut lutter, il faut.
scrupules, préalablement étant trop souvent passé nions qui ne triomphaient sol)ffrir. · / Aimez la
vérifié chaque assertion de dans le langage populaire pas." France, aimez le Christ,
la vieille dame, qui aurait comme un synonyme de aimez l'Eglise ~! / On ne
pu être tentée d'embellir brigand. Mais, sans dai- t
Pays de .
sait plus aimer, s'attacher
ni servir. / Faites de ce
la vérité ou s'égarer dans gner répondre et conti-
ses récits. Foisil pensait nuant son chemin, le gar- chemins creux ... mot-là : servir, votre devi-
que ses textes donneraient çon avait commencé à se ! » C'est beau comme
matière à des travaux évoquer les ancêtres incri- une citation de La
d ' histoire locale qui minés comme les lui avait La Varende le revoyait : Varende ...
n'auraient pas manqué montrés la grand-mère : Très haut, infiniment A ces Blancs fiers de
d'intérêt. Ce faisant, « Elle dit l'un des siens maigre, un peu voûté, cet l'être, Foisil qpposait les
l'auteur ne se cachait pas fusillé par les Bleus / autre gentilhomme de la Bleus, demeurés détestés
d'être partisan, du fond L'autre sur qui s'abat le Manche (le département) dans ce pays qui avait
des moëlles et du cœur. couperet hideux / Et le arborait le type physique suivi · le petit Aimé du
" Je ne saurais plaire à poids des regrets, la de Don Quichotte ... ", un Boisguy et ses quinze ans
beaucoup / Plus d ' un rigueur des épreuves / Sur Don Quichotte dont " la à peine. Ainsi croquait-il
verra, non sans dégoût / celles qu'ils laissaient, Dulcinée était sa foi roya - cette femme dont on disait
Ce défilé d'ombres chou- mères , filles ou veuves / liste " et, attendri, le sei- que l'ancêtre, l'affreux
annes / - "Holà, diront Et qui, d'un pas furtif, la gneur du Chamblac, pen- homme, avait carillonné la
de beaux messieurs, / nuit, l 'orei lle au guet / sant à tous ceux qui mort de Louis XVI en se
Quel effronté, quel fac- Sauvèrent tant de fois ces s'étaient lassés en ro~te, ·penchant au bourdon ·de
tieux / Rima ces rimes prêtres qu'on traquait. .. " rendait à son ami ce der- la cathédrale, offensant le
partisanes ?" Ces gens et nier hommage : " Il n ' a deuil d'une région entiè-
moi nommons tyrans / t
Sacrés
pas démissionné. Cela ne re ; ou cette autre dont
se faisait pas dans son l'aïeul avait dénoncé
Des personnages diffé-
rents / Je hais le nombre, par le martyre milieu.» l'infortuné Jean de Brée
inepte en somme. / Et je Foisil fut le chantre de aux Bleus.
crois bien que je rendrai /
Mon âme à Dieu, peu
t
Le jeune Foisil pensait
son Avranchain dont il
disait les beautés telles t
. pénétré / Du pur bienfait à ce Jean de Brée fusillé qu'il les avait (forte conso- Maurrassien
des Droits de l'Homme. » près de Saint-James, qui lation) découvertes un tris- convaincu
Peut-être ne faut-il pas avait dans le sacrifice te jour où il enterrait son
chercher plus loin les racheté une jeunesse de père, depuis le cimetière
causes du silence autour coureur de jupons et de d'Avranches. Il disait son Devant les crises et les
d'un homme si décidé à joueur effréné ; ce magis- " pays de chemins creux », échecs, Foisil s'était peut-
aller contre les idées du trat sexagénaire guillotiné ses brumes, le vent, les être interrogé : " Vers
temps. place du Trône renversé ; chouettes, les forêts. Mais l'Ouest et du côté de ma
cet aïeul, maire d'Avran- il était moins sensible au forêt natale / Cette voix
t
Fils
ches, qui avait osé sous-
traire aux profanations
paysage qu'aux types qui m'appelle, est-ce une
humains qu ' ils engen- voix qui ment ? " Mais
de Chouans républicaines le crâne de draient et à leur histoire. jamais il ne pensa que la
Saint-Aubert, patron du Aussi sa poésie est-elle Cause était perdue, et
diocèse, relique insigne de riche en portraits tou- vains les sacrifices. Maur-
Il avait très jeune com- la Normandie ... Des morts chants ou cruels : une rassien, il était convaincu
pris ce que signifiait son qu'il n'était pas question vieille demoiselle noble que le désespoir en poli-
choix, à un âge où il n'est de renier, serait-ce au pied souffrant de voir avec elle tique est une sottise abso-
pas encore question de de l'échafaud. Et il avait s'éteindre sa lignée ; un 1ue. Et il concluait, avec
, politique, et se souvenait pensé que " fils de chantre campagnard à la une confiance dont nous
. •· non sans émotion d'une chouans ", bien loin d 'être voix superbe mais avons également besoin,

l. scène de son adolescence.


Rentrant chez lui un
une insulte, signifiait à ses
yeux : " Fils de héros vain-
" Notre homme, obstiné- au lendemain d'un pèleri-
ment par contre, se tai- nage monarchiste : . " Foi
• soir, il avait, à la nuit tom- cus, sacrés par le marty- sait / Dès que c;lu Domine forte, espoir vibrant. Des
bante, cro.isé un homme re. » salvam il s 'agissait / Fi ! chouans, il en reste ! / Va,
sur la route. " Fils de Dès lors , par son raillait-il avec un mépris garde, tel qu'ils l'ont
chouans ! » jeta l'inconnu œuvre comme par son magnifique, / Prier, moi, jusqu'à la mort porté/ Ce
qui passait, avec la hargne engagement sans retour à vieux chouan, pour cette petit Sacré-cœur qui flot-
que pouvait mettre un l'Action française, Foisil, République ! » te sur ta veste / A
républicain de l'Ouest d'ailleurs payé de son L'ancien ·zouave ponti- d'autres le dépit de leur ,
dans ce mot à l'époque. choix par l'affection de ses fical donç il avait, adoles- honneur ôté. »

LE LIBRE JOURNAL de la France Courtoise page 15. N° 18 DU 5 NOVEMBRE 1993 ~


CEn poche
L'homme aux
C'est .à ·lire
gants de toile
/ ~ n peut le trouuer en
\!tJ poche chez les par Serge de Beketch
bouquinistes ou chez ·
Gibert et il vient d'être réédité
par Christian de Bartillat;
c'est un livre envoûtant; c'est
« L'homme aux gants de toile »
Au fond, il y a deux
de Jean de La Varende. Selon sortes d'hommes.
une légende normande le duc Il y a ceux qui suivent
de Choiseul Praslin, le rabbin Sitruk quand il
emp1isonné pour avoir Lué sa exige, au lendemain de
femme au couteau (celle-ci l'assassinat de René
s'était mal tenue ... ), a pu . Bousquet, qu'on exhume
s'enfuir dans la forêt du le cadavre et qu'on le défè-
Cotentin près de La Haye · re à titre posthume devant
Tondue. Il expie son crime_et le tribunal qu'on lui prépa-
mène la vie secrète et ascétique ·
rait de son vivant.
d'un bûcheron. Ce retour à la
a
terre va le racheter. Ce livre Et puis, il y a ceux qui,
été écrit en 1943 et La Varende parce qu'ils pensent,
pense au sort de la France : • comme Brasillach, que " Le
« Tandis que nous écrivions, le sang qui a cou!~ est tou-
sentiment de notre palrie jours un sang pur ", préfè-
abattue et énervée nous rent François Brigneau
saisissait, et, derrière le · quand, dans un livre
personnage, c'était toute une consacré à ces fusillés qui
nation que nous voyions se ont su regarder la mort
relever, grâce aux remèdes droit dàns les yeux, il rend
éternels, au travail sous le vaste
le même hommage à tous
ciel, au silence des campagnes,
à l'amour désintéressé; les morts, les pauvres
puisqu'elle n'a pas su accorder morts. Au · communiste
sa joie et son sacrifice ». Gabriel Péri, comme au
Derrière cette volonté morale faciste Marcel Burcard ou à
qui existe toujours dans les l'éternel résistant Roger
romans lavarendiens - on est Degueldre.
très très loin de Cyril Collard · Chacun choisira son
- apparaît l'une des plus camp.
belles histoires d'amour. Tout La chose sera facilitée
se sait à la campagne ; il . par l'heureuse réédition
1
guettera la lumineuse
d'un Hvre " culte », comme
Jacqueline et cette de,:nière le
guettera, et leur àtle_nte devient on dit aujourd'hui, que les
celle des chasseurs en forêt. éditions du Clan publièrent
Aux côtés de ces personnages, voilà un quart de siècle et
un truand, un saint homme qui était devenu totalement . D'Estienne d'Orves, de témoignages n'a rien
d'abbé, une délicate introuvable : « ta Mort en Agnès Adrien ou Jacques perdu de son intérêt. histo-
aristocrate, un duc qui tient ses face». Decour côtoient ainsi fra- rique et humain. Au
engagements.jusqu'au bout et François Brigneau y ternellement Pierre contraire, il est plus actuel
Barbey d'Aurevilly qui raconte, avec cette ardeur Pucheu, Darnand, que jamais. On assiste
apparaît un soir au ·château de de plume et cette puissan- Bassompierre et, bien sûr, aujourd'hui au retour, aussi
Blanche Lande vêtu de sa cape. ce d'émotion qui ont fait l'ami, le grand frère, celui artificiel qu'oppressant,
Ma tête à couper (nous que Brigneau ne cessa d'un climat de guerre civile
· de lui le plus grand pam-
commémorons la Révolution,
phlétaire français vivant, jamais de pleurer : Robert tendant à ressusciter les
oui ou non !) que ce livre vous
donnera beaucoup de joie. les derniers instants Brasillach. luttes fra~ricides qui, durant
« L'homme aux gants de toile », d'hommes et de femmes Nul mieux que son pré- la dernière guerre, ont
Jean. de La Varende, Christian qui, par delà leurs diffé- facier, Philippe Vilgier, ne déchiré notre pays. Dans
de Bartillat, Presses du village, rences, appartiennent tous saurait résumer le caractère cette ambiance délétère,
1 bis, vallée de l'Eglise, à la même race : celle des bienfaisant de ce livre : les paroles d'apaisement et
77139 Etrepilly. · héros. « ••• cet émouvant recueil de réconciliation pronon-

~
ANNE BRASSIE
. LE UBRE JOURNAL de le, Frc,nce Cou..-eoi.se page 16 N° 18 DU 5 NOVEMBRE 1993
cées par "ceux qui allaient
mourir" doivent servir
d'antidote au poison que
pour les jeunes hommes et
les jeu n es femme·s , pour
qu'ils sachent qu'ils appar-
qui en tiennent pour l'éter-
nelle malédiction talmu-
dique et ceux qui savent
<Expos_ition
distillent les éternels nostal- tiennent à une nation de que " l'idée de haine est
giques de la guerre franco- héros. Il est indispensable étrangère au combattant"·
française , . de le savoir, au moment où François Brigneau est de Un pélerinage
Ainsi que le dit Jean- l'on pourrait se croire ceux-là.
l'occasion de la
Marie Le Pen dans l'entre- emporté par la décaden- commémoration de
tien qu'il a accordé à Anne ce.,, (Publications F.B., 24, la mort de Marie-
Le Pape et qui conclut ce Oui, vraiment, il y a rue de l'Amiral-Roussin, Antoinette, le musée
livre : " [La réédition de "La deux sortes d 'hommes. 75015 Paris. Par corres- Carnavalet nous présente
Mort en face") est une Ceux qui s'abandonnent et pondance exclusivement, les derniers témoignages
excellent chose . Surtout ceux qui espèrent. Ceux 145 F franco.) du calvaire de la Fami/le
royale. La première partie
de l'exposttion, de loin la
plus intéressante parce
que la plus émouvante,
« moi », sur son « je », sur son futur.
nous fait découvrir la vie
« CHARETTE ET L'ÉPOPÉE VENDÉENNE »
de la Fami/le royale des
de Jacqueline Chauveau Jusqu'alors, seuls les initiés pouvaient exercer Tuileries au cachot de la
Surtout Charette, symbole exemplaire de ce possible art paramagique ; aujourd'hui, Reine à la Conciergerie. A
l'antique gentilhommerie française qui avait grâce à l'ouvrage qu'il a écrit, prétend travers différents objets
pour pieuse, loyale, galante et hautaine l'auteur, chacun en est capable. Billevesée? - meublés, peintures,
devise : « Mon âme à Dieu, ma vie au Roi, Vrai savoir? Qu'importe! Voilà un jeu très vêtements, livres, jeux -
mon cœur aux dames, mon honneur à moi ». amusant à pratiquer durant les longues se dessine un destin
Un texte plein de couleurs, de panache, à mi- veillées hivernales. tragique : fa":ill~ enfermée
chemin entre la biographie et le roman, où Sorlot/ Lanore, 120 F. certes mais reunie et
néanmoins « les dialogues ( ... ) se limitent à jouant par exemple
des détails de conversation ». A propos, « CRÉATURE » autour de la table de tric-
trac du Dauphin, puis
quand tournera-t-on un film, un téléfilm, un de John Saul
famille séparée et exécutée
feuilleton TV sur le Grand Brigand? Ne résis- Une gigantesque multi-société yankee, la mais montrant une
ta-t-il point, lui aussi? C'est vrai qu'il y a résis- Tarren Tech, manufacture de logiciels, de éternelle foi et fermeté.
tance et résistance ... produits pharmaceutiques et d'équipements, Le musée Carnavalet nous
Nouvelles Editions latines, 90 F. possède des chaînes d'agences de voyage, de offre, là, l'occasion de
location d'automobiles, de splendides hôtels, relire l'admirable
« 1A NUIT DES SAIAMANDRES » d'hôpitaux ultra-modernes ... Et, bonne fille, testament de Louis XVI
de Graham Masterton elle salarie avec une rare largesse ses ainsi que la dernière lettre
A San Diego, Californie, Cella Williams se tue employés, singulièrement ceux qui travaillent de Marie-Antoinette à
par le feu ; puis une autre jeune fille l'imite ; dans s~n complexe industriel de San Marco. Madame Elisabeth. Plus
puis treize passagers d'un « bus » s'auto-brû- La boîte idéale, quoi ! Sauf que les cher- rare encore, la chasuble
portée par l'abbé
lent sur la route de Borrego-Springs ... Outre cheurs génétiques de la Tarren Tech transfor-
Edgeworth et le ciboire
la manière dont ils ont été commis, ces sui- ment en monstres les enfants de l'heureux utilisé lors de la dernière
cides présentent trois similitudes : leurs personnel des usines de San Marco. Un cau- messe du Roi le 21 janvier
auteurs sont tous mélomanes, tous appartien- chemar! 1793. Quant à la
nent à un groupe wagnérien que dirige une Presses Pocket, 33 F. deuxième partie de
espèce de gourou nommé Otto Mender, tous l'exposition, plus froide
réapparaissent sous la forme de ... fumée ! « CRIMES EN PICARDIE », mais curieusement plus
Lloyd Denman, l'amant de Cella, percera-t-il de Philippe Randa et Jacques Beal détaillée, elle retrace la
les épouvantables mystères qui entourent la Il n'y a point que des roses qui poussent en naissance du culte de ces
secte musico-démoniaque ? Bien plus qu'un Picardie ... De 1948 à 1980, seize faits divers rois martyrs. Culte
très bon roman fantastique, une dénonciation ont défrayé la chronique de la plaisante pro- exprimé aussi bien par la
peinture, la sculpture, la
des faux-prophètes modernes. vince. Un écrivain de grand talent et un
littérature que le cinéma.
Presses Pocket, 29 F. brillant journaliste en rappellent ici les affli-
geants sujets : drames amoureux, familiaux, P. B-F.
« LE MIROIR DES NOMBRES » crapuleux, évasions de pénitenciers, dont
de Nicole Delongchamp celle de l'abominable Mesrine, canaille La Famille Royale à Paris,
Venue de l'Egypte des Pharaons, la science, qu'encensa, des années, l'intelligentsia gau- de l'histoire à la légende
ou la pseudo-science, des Nombres permet - charde. Mieux qu'une banale histoire policiè- Musée Carnavalet, 23, rue
peut-être ... - , à travers les lettres chiffrées re, de petits romans vécus, hélas trop souvent
de Sévigné, Paris 75003 ;
tous les jours sauf lundi,
du nom et la date de naissance de quelqu'un, sanglants. Un reflet de notre basse Société
de 10h à 17h40, jusqu'au
de monter les thèmes qui renseigneront permissive. 9 janvier 1994.
l'homme ou la femme concernée sur son Martelle, 95 F.

LE LIBRE JOURNAL de lez Frcznce Court:oi.se page 1 7 N° 18 DU 5 NOVEMBRE 1993 ~


Cfidi(e au poste
'

p.ar Serge de Beketch


SAMEDI 6 NOVEMBRE MARDI 9 NOVEMBRE b ouch e rie diabolique qui Bouvard des anné e s
Canal Plus 20H30 F2 22H40 priva l'Europe de ses élites soixante-dix, la vulgarité
"Une vie de prof' "Bas les masques" intellectuelles , morales, pouffiasseuse des "grosses
Dommage que ce reporta- Cette semaine, pas d 'homo, artistiques, spirituelles et têtes" mesure à quel point
ge saisissant sur la vie (?) p as d e Sida , pas de curé physiques et qui tranforma notre société a réduit ses
dans un collège "difficile" divorcé, pas d 'inceste. On la France puissante et forte, exigences en matière. . . ne
de la banlieue colonisée nous propose une ode à la France charnelle et disons pas d'humour, mais
soit diffusé sur la chaîne l'avortement, avec célébra- vivante, la France tradition- simplement de comique.
cryptée. Il répond, en effet, tion émue des tricoteuses nelle et inspirée, en une On dira qu e nos grands-
très clairement à la ques- et du lobby des tueurs peuplade à demi-dégéné- pères riaient aux incongrui-
tion posée par ses produc- d 'enfants , mais reportage rée livrée aux appétits des tés du pétomane . C'est vrai.
teurs : "Nos enfants ont-ils sévère sur les "commandos gangs ethniques et des pré- A cette différence près
e ncore les moyens d'ap- anti-IVG" qui, figurez-vous , dateurs cosmopolites. qu'aujourd'hui le pétomane
prendre ?" La réponse est : "sèment la terreur" (sic). "Les Sentiers de la Gloire" serait probablement jugé
nos enfants, oui ; ceux des En France , chaque année est un film dur et insultant collet-monté en comparai-
"autres", ce n 'est ni pro- depuis dix ans , l'Etat per- pour le haut état-major son d'un Roucasse ou d 'un
bable ni , à vrai dire, de met de dépecer impuné- militaire de l'époque. Il Montagnier.
notre responsabilité. ment deux cent cinquante reste cependant l'une des
mille bébés dont le crime ·représentations les plus DIMANCHE 14 NOVEMBRE
DIMANCHE 7 NOVEMBRE unique est de menacer le vraies et les plus émou- F2 20H50
TF1 23H05 confort de ceux qui les ont vantes de l'horreur de cette "Légitime violence"
"Douce France" engendrés ; mais ce sont gigantesque tuerie Pas dégonflé, le très ambi-
La France de l'Occupation, les hommes et les femmes tieux mais encore plus
une jeune juive réfugiée , qui ont le courage de VENDREDI 12 NOVEMBRE médiocre Serge Leroy se
les salauds de franchouil- s'opposer pacifiquement à F3 23H15 prend pour Michael
lards, etc. Air archiconnu, ce génocide que la télévi- Passions de jeunesse : Winner, réalisateur de la
qui commence d 'ailleurs , sion d 'Etat traite de terro- Chirac fameuse série des "Justi-
pour ne rien vous cacher, à ristes. Inutile de perdre votre ciers ". Mais il remplace
m'emmerder sérieusement. temps à regarder cette émis- Bronson par Brasseur et la
MERCREDI l0NOVEMBRE sion. Pour savoir ce qu 'est célébration de la légitime
LUNDI 8 NOVEMBRE M6 20H45 vraiment Chirac, regardez défense par un procès en
F2 20H50 "Mon Dieu, on a tué ma plutôt les "Guignols de règle contre la "légitime
"Les Orphelins femme!" l'info " sur Canal Plus ou violence". Si le film n'était
de Liverpool" Les occasions de rire sont lisez l' "Encyclopédie poli- pas si mauvais, il pourrait
Et si, pour changer un peu trop rares pour manquer ce tique " de Ratier Vous y être idéologiquement dan-
d e s heures sombres , on petit chef-d'œuvre d 'hu- retrouverez , entre autres gereux.
parlait des heures pas mour noir qui raconte les merveilles, ce portrait défi-
claires ? Ce téléfilm anglais mésaventures d\m gaffeur ni tif dû à Franz-Olivier LUNDI 15 NOVEMBRE
raconte dans quelles cir- impénitent décidé à tuer sa Giesbert, du temps qu'il ne F3 20H50
constances honteuses le . femme devenue vraiment pantouflait pas au "Figaro" : "Le Pont de la riv iè re
très démocratiqu.e libéral et insupportable . C'est à .. . "Chirac est toujours en train Kwaï"
humanitaire gouvernement mourir de rire. de faire ou de penser deux M6 20H50
de sa Très Gracieuse a fait choses à la fois . Il n'est pas "Un Pont trop 'loin"
déporter, entre la fin de la JEUDI 11 NOVEMBRE double , il est sa propre Le chef-d'œuvre quasi my-
guerre et le début des ARTE20H40 contradiction . . . il est de thique de David Lean con-
années soixante-dix, près La Grande Guerre. ces hommes dont chaque tre le superbe film de Ri-
d e cent cinquante mille 21H50 mensonge est un enchaîne- chard Attenborough sur la
orphelins anglais dans des ''Les Sentiers de la Glnire" ment de sincérités". bataille d'Arnhem Qean
pays du Commonwealth. Le "devoir de mémoire ", Tulard ass u re dans son
Une histoire terrifiante par parlons en ! Ce soir, une SAMEDI 13 NOVEMBRE indispensable guide paru
ce qu 'elle révèle de seule chaîne de télévision TF1 20H45 aux éditions "Bouquins"
l'inhumanité de la machi- daigne évoquer la fin de la "Les Gro sses Tê te s " que le tournage coûta
' ne politico-administrati- plus atro ce des guerre s Pour qui se souvient de la plus cher que les corn- ,
civiles européennes. Cette fin e sse mordante du bats authentiques).

L E LIBRE J OURNAL de la Fran.ce Courto-ise page 18 N° 18 DU 5 NOVEMBRE 1993 ~


cfideau rouge
par Jérôme Brigadier
« Le Cardinal sant Thalie de « biguemagues » .. .
C'est aussi une aventure financière
d'Espagne » hardie. Raymond Gérôme; ce magi-
cien, anime le plateau (important)
avec son intelligeAce r:;iffinée qui ne
enry de Montherlant a passé lui fait signer que des mises en
une grande partie de son scène réussies et unanimement
existence à tenter de se saluées. Monsieur Dessailly est un
modeler une statue d'airain ... Cardinal d'Espagne qui mérite bien
Malgré une œuvre considérable, un un grand coup de chapeau. Simone
profil romain et une mort théâtrale, Valère est de nouveau (enfin)
il ne parvint qu'au carton-pâte. De éblouissante de talent, de vérité et
son répertoire dramatique foison- de force. C'est tellement réussi qu 'il
nant émerge son sublime « Cardinal est certain que le Bon Dieu a dû
d'Espagne ", commandé par la s'en mêler. A voir absolument.
Comédie-Française pour son grand 1517 et l'action se déroule sur trois Emmenez les enfants en âge scolai-
sociétaire Henri Rollan qui donnait jours. Le Cardinal est déchiré entre re ... Une agrégée des lettres disait, il
du corps même aux textes les plus son goût pour la contemplation et y a peu (sur Radio Courtoisie) ,
médiocres ... et un souffle divin aux son avidité de pouvoir. Jeanne La qu 'elle avait découvert Montherlant
grands dialogues. Ce Cardinal fut le Folle l'amènera à constater qu'il a par elle-même et qu'elle n 'en avait
dernier beau rôle d'H. Rollan et perdu son âme. Cette riche réflexion jamais entendu parler durant son
l'ultime œuvre pour la scène de sur le pouvoir régalera les amateurs parcours universitaire ... Evitons
Montherlant. Heureuse rencontre. de beaux textes. Il fallait le courage cette lacune à la jeune génération
Respectant presque l'histoire, teinté d'inconscience de Jean sinon nous commettrons une erreur
l'auteur fait revivre le cardinal de Dessailly et Simone Valère pour cardinale.
Cisneros qui, âgé de quatre-vingt- mener à bien cette lourde entreprise
deux ans, devient régent du royau- dans un temps où les pétomanes en
me avant l'avènement de Charles- tous genres envahissent les théâtres, Théâtre de la Madeleine,
Quint. Nous sommes transportés en les écrans et les ondes en nourris- 42 650709.

L'Amour-foot >>
« Ce pourrait être une tragédie et c'est le spectacle le
plus finement drôle vu au « boulevard » depuis cinq ou
de et avec Robert Lamoureux six ans.
Se greffent sur cette trame une série d'événements
é en 1920, l'auteur-acteur est toujours heureuse- " tragico-cocasses ,, inspirés de l'actualité et qui tiennent
ment bien vivant ! Après plus de trois cents le spectateur en haleine. Cette réussite est très bien ser-
représentations, la pièce est, elle aussi, toujours vie par une troupe exemplaire : Jacques Balutin,
bien vivante ! Comme l'emblématique canard. Robert Jacques Ciron, ainsi que Mesdemoiselles Liliane Ponzio,
Lamoureux, canard ou pas, n'a jamais « cuisiné ,, de Chimène (ravissante), Laurence Colussi, Nathalie
navets. Il aurait plutôt « la pêche "· Courval et Magali de Vendeuil (Madame R. Lamoureux).
Notre Sacha Guitry des quartiers populaires, entre Avec une maîtrise de chorégraphe chevronné,
autres dons, a celui des pythonisses ... Ecrite il doit y Francis Joffo coiffe une mise en scène subtile. Pas un
avoir, environ, trois ans « L'Amour-foot ,, met en scène mot de trop, pas un geste inutile. De plus, lorsqu'on
le maire d'une ville moyenne de province vivant un connaît les penchants politiques de l'auteur, tout cela
cauchemar quotidien à cause de l'immigration et parti- est, pour nous, fort réjouissant !
culièrement du comportement de l'un des meneurs. Le Une soirée de théâtre roborative pour papa, maman,
malheureux édile a aussi de gros soucis avec son ... les enfants. On pourra aussi venir avec « l'aide-ménagè-
club de football. Depuis la création de cette comédie, re "· Ainsi, en famille, vous succomberez à la tentation
la réalité a dépassé la fiction ! Le jeune (noir) chef de d'Antoine!
bande va trouver la« rédemption , en devenant footbal-
leur et être, ainsi, l'idole d'un public versatile qu'il Théâtre Antoine-Simone Berriau,
.· , « braquait "jusqu'alors. 42 08 77 71. ,
Sous
mon béret
Cf fatsirs fi Cf rance
L'annonce par Chaumeil
faite aux marris
7Jia
1l I
palombière avait été fermée la
veille. L'heure de la comptabilité Les bordeaux
r était venue. « Il faut toujours du
recul, affinna péremptoirement le Ca-
,,
passes au scanner
pitaine. Dans l'artillerie, comme ail- teau » suivi du nom de son domaine.
out le monde a bu, boit ou
leurs ». Il posa son canon de rouge et
attaqua une nouvelle tranche de ven-
trèche qui avait bardé les volatiles,
entreprit une découpe fine d'un « bre-
W boira du vin de bordeaux. Il
faut ajouter : le monde
entier. Et depuis deux mille ans, car,
Encore que l'un des plus grands, le
célèbre Pétrus, un pomerol,
dédaigne de se nommer château ;
bis » du Batétous, chauffa le café, y avant même l'ère chrétienne, des son autre particularité est qu'il ne
versa une large rasade de Bombita. navigateurs de commerce grecs provient que du seul cépage merlot.
L'aspiration fut bruyante. Son savant avaient planté des vignes sur les ter-
revers de manche, usité de la vallée
d'Aspe jusqu'aux fonds des Afriques,
rains caillouteux qui bordaient t
Un patrimoine de qualité
l'océan autour de l'embouchure de
annonça la suite. « Ça n 'a été ni bon ni la Garonne et de la Dordogne. Peu à sans équivalent
mauvais. Les conditions climatiques peu, le vignoble s'étendit sur les
étaient moyennes, pluie d'abord, vent
sud ensuite. Mais, au vu des circons-
rives des deux fleuves et autour de t
Tout cela prouve que les vins de
tances, il peut être affirmé que tout le leur estuaire, la Gironde, qui a
monde a respecté un parfait état d'es- donné son nom au département, en bordeaux constituent un monde à
prit que l'on pourrait qualifier d'huma- dehors duquel il n'y a pas de vins part, immense, prestigieux, un patri-
niste. La force des ailes a permis aux de bordeaux. moine de qualité sans équivalent, où
bleus de prendre leur envol au début. un profane peut avoir quelque peine
Mais nous leur avons cloué le bec sur la
fin, à ces détracteurs félons, en tirant
t
Tous les grands vins
à se diriger. Disons d'abord qu'il faut
se fier à son goût personnel plus
de loin. C'est ça, la force des cols verts. proviennent d'un château qu'au conseil du voisin. Tel qui prise
Mais l'avenir, comme l'espoir, est de- avant tout un pomerol peut tiquer
vant nous ... » Abasourdis, les yeux
écarquillés, les attablés du Grand Re-
t
Premier vignoble de France, avec
sur un médoc, ou inversement.
En tout cas, une réédition des
pas Final, qui clôture la dure campa-
près de 75 000 hectares (40 000 en • Vins de bordeaux » vient de
gne d'octobre, sentirent la gravité ex-
trême de l'instant: le Capitaine Thon vins rouges et 35 000 en vins paraître, remise à jour par son
devenait totalement fou. Peut-être mê- blancs), le Bordelais produit en auteur, Robert Parker, lequel depuis
me démocrate ou libéral. Le docteur moyenne 3 millions d'hectolitres par 25 ans a goûté près de trois mille
maigre songea à une saignée, Freddo à an, soit 400 millions de bouteilles, le crus du Bordelais, en barriques,
un verre de vraie« blanche» du Gers, tiers de la production des vins fins jeunes, ou après plusieurs années de
le Curé à l'extrême-onction. Mme Bibi- de France, autant que la Bourgogne vieillissement. Il a, en somme, passé
che se moucha et les chiens aboyèrent et les Côtes-du-Rhône ensemble ... au scanner de son palais tout ce que
longuement. La pendule marqua cinq Cependant, rien ne fut épargné à le vignoble a produit d'agréable,
heures. « Et de toute façon, le tableau ces vignes, ni les invasions étran- d'excellent et de remarquable depuis
final est là et bien là. Le "planchot", un quart de siècle ! Il note aussi ses
gères avec leurs affrontements
c'est la vérité. Ils avaient beau courir
comme des lapins, on a eu vite fait de dévastateurs, ni le phylloxéra qui y appréciations sur ses dégustations
leur faire hérisser les poils. » Alors, débarqua voici cent vingt ans et antérieures et le devenir des vins.
toujours méfiant, Ordoqui - celui des anéantit tous les ceps. De nos jours, Une bible des bordeaux ? Certes
chantiers - demanda : « De quoi les bordeaux se répartissent en non, car chacun de nos goûts, de
parles-tu exactement? - Du match 62 appellations, régionales et com- nos coups de cœur, peut différer des
Pau-Oloron, équipes réserves de la munales : 34 en vins rouges, 25 en siens. Mais c'est quand même une
semaine dernière. Pourquoi, il y a un vins blancs et 3 en vins rosés. Ces bonne compagnie que son gros
problème ? Les verts ont battu les appellations, médoc, graves, saint- livre, pour découvrir quelques
bleus d'ici. Je n 'oublie pas mes premiè- émilion, pomerol, saint-julien, etc., secrets, quelques beautés, quelques
res amours : la Section Palaise. Section, figurent sur toutes les étiquettes au- précieuses saveurs. Un beau cadeau
en avant, marche !. . . » Et il se resservit
dessus ou au-dessous du nom du pour les amateurs de bordeaux.
un peu de « poire » de chez Brana. Les
• château » producteur de chaque « Les Vins de bordeaux ", édition de
chiens soupirèrent. Les cloches de Ste-
Croi:x appelèrent le Curé. Il se leva bouteille. Car tous les grands vins de 1993; 1120pages, 16x24cm,
pesamment. JOSEPH GREC bordeaux proviennent d'un • châ- 220 francs. Solar, éditeur.

LE LIBRE JOURNAL de la Fran-ce Coureoise page 20 N° 18 DU 5 NOVEMBRE 1993 ~


[e CVoyageur errant
par Nicolas Bonnal
Sous le toit du monde
urnommé la « cou-
. ronne de l'Inde »
depuis toujours, le
Cachemire gît enchâssé
dans les chaînes de· mon-
tagnes les plus hautes du
monde. Avant l'aviation, il
fallait deux jours de bus
pour le gagner, avant
l'automobile, un mois de
voyage en partant de
Delhi. Longue route que
prenaient les empereurs
moghols lorsque, terrassés
par les chaleurs torrides,
ils venaient chercher la
fraîcheur des montagnes
et de ses lacs.
La capitale du Cache-
mire est Srinagar, dont le
nom signifie « ville sainte »
en sanscrit. Mais, si les
cachemiris sont de souche
et de langue indo-euro-
péenne (comme le peuple
dé « l'homme qui voulut Le Nôtre en France, réali- dans les temps récents. et qui n'a pas de bois
être roi ,), leur religion est sées à la même époque. Empêchés par le maharad- pour se chauffer apprend,
musulmane. J'ai eu la Mais ce n'est pas tout : jah de posséder de la comme je l'ai fait, l'art du
chance, il y a déjà cinq le Cachemire est le pays terre, les Anglais, avec ce " fire-pot » . Il s'agit d'un
ans, avant que n'éclatent de l'art de vivre : la pres- génie caractéristique de petit poêle portatif à char-
les problèmes politiques tance voilée des femmes, leur race, avaient contour- bon, que l'on porte sous
liés à l'intrusion du l'excellence et la variété né l'obstacle en habitant son poncho durant toute
Pakistan dans les affaires de la cuisine, la douceur sur l'eau ... Ce faisant, ils la journée. Le « fire-pot »
intérieures de l'Inde, de des distractions (chasse, avaient créé les « house- permet aux artisans et
vivre plusieurs semaines pêche, tradition), la boats », les " bateaux-mai- commerçants cachemiris
au Cachemire, et ce hors richesse de l'artisanat en sons », où voyageurs las- d'affronter courageuse-
saison touristique (l'été). font un parent asiatique sés et familles d'hôteliers ment des températures
Il faut être français de la France classique. Il coulaient des jours heu- polaires sans cligner de
pour apprécier pleinement lui manque, comme il reux. On circule entre ces l'œil, assis en position du
le Cachemire. Le pays de nous manque depuis des houseboats et le rivage lotus toute la journée . Il
Srinagar est jonché d'une siècles, un roi ; au moins sur des petites pirogues est resté pour moi l'image
végétation luxuriante et n'a-t-il pas perdu sa reli- nommées " shikaras "· de la vie intérieure ·; à
d'un vert qui rappelle le gion. Elles permettent de savoir l'art de s'abstraire
Val de Loire de la belle Srinagar, aujourd'hui gagner les jardins suspen- du monde, d'affronter le
saison ; Srinagar est une livrée aux chars de dus ou ceux des rois froid , d'attendre sa source
ancienne ville royale ~qui l'armée indienne et à une moghols situés au bord de vie et de chàleur du
a gardé de son passé les constante « intifada », est des rives. dedans de soi-même. Car,
fastueux jardins moghols, bâtie au bord d'un lac : le La vie peut être rude comme le dit Augustin, il ,
dont l'austère géométrie " Dai Lake ", à qui elle sur le lac, surtout par jour faut apprendre à « habiter
; évoque les créations de devait sa fortune jusque de froid. Il peut faire 0°, avec soi-même » .

~ LE LIBRE JOURNAL de la France Cou,rt:oise page 21 N° 18 DU 5 NOVEMBRE 1993 6~'


CUn jour Carnets '
Jerne
8 novembre 1226
œi(
« Louis VIII, Cœur par Le rêve et le
de Lion» Pierre Monnier surhomme
ainq1teur des hérétiques imanche 31 octobre, le
albigeois, Louis VIII îfr a politique exige, on le sait, le sens
soir au ciné-club,j'ai
remontait du Midi vers Paris C- des priorités, la nécessité de régler découvert« l'exception
lorsque, à Montpensier, le jeudi qui avant tout les questions d'urgence ... Ainsi, française». Il s'agit d'un film
précédait la Toussaint de à Nice, la classe politique, UPF en tête, méconnu, classé au rayon des
l'an 1226 de l'incarnation, un gros consacre tous ses efforts à la solution des amours adolescentes par la
spasme intestinal le poigna problèmes vitaux ... Non ! Pas la récession, critique et réalisé par Duvivier
brusquement; il trépassa là le pas le chômage, pas l'entretien et la pro- en 1954. Ce film est franco-
8 novembre, et son surnom de preté de la ville, pas la sécurité des allemand et s'appelle
Cœur de Lion devint celui de Lion, citoyens, pas le développement des activi- « Marianne de mon amour».
car Merlin, le Breton inspiré, avait tés liées à la nature de Nice, rayonnement, C'est la poésie absolue. Un
prophétisé: « Le lion (. .. ) mourra château_ enchant~ur, la forêt
culture, tourisme. Non ! Ce qui compte,
au ventre du mont ». germanique ; un 1eune
Né le 5 septembre 1187 de c'est de se maintenir à la mairie pour
surhomme de retour de
Philippe II Auguste et d1sabelle de empêcher Jacques Peyrat du Front natio- Patagonie et ami des animaux,
Hainaut, Louis VIII apparaît, bien nal et sa liste d'union de gagner les élec- une dame « blonde aux yeux
qu'il n'ait régné que trois ans, trois tions municipales. Le reste est sans impor- noirs, dans ses habits anciens »,
mois el trois jours, comme un tance. comme disait Nerval, une
prince des plus glorieux. Qu 'on en 7r:; dith Piaf et Jean Cocteau disparais- société secrète de jeunes scouts
juge ... Au.x aurores de sa brève é:-'- saient le même jour, il y a trente ans. férus de symbolisme et
existence, Louis avait, le 2 juillet Pourquoi les chaînes de télévision qui d'héro"isme, un professeur chenu
1214, tandis qu'à Bouvines ont, à juste titre, célébré l'art de Piaf, ont- et lecteur de Nietzsche, ·une
Philippe II pulvérisait les osts elles été aussi discrètes sur celui de histoire d'amour digne du
germano-flamands, broyé à La l'enchanteur du " Sang d'un poète » et << Grand Meaulnes », de
Roche-aux-Moines ceux des « Madame de La Fayette», des
Godons, et, à la Pentecôte 1216,
d' « Orphée » : « Laisse-moi caresser ta
« Contes » de Perrault. L'inouï:
coiffé, pour peu de temps il est vrai, joue et tes cheveux, laisse ma main, par Le plu_s terrible est que _c~fibn
la couronne d'Angleterre. Splen- cœur, apprendre ton visage ... »? est meconnu: que Duvwier a
dides débuts ! Ils généreront un 7f 'ai un copain dont je veux vous dire une réputation de faiseur (même
avenirjlamboyant. Quoique ill un mot. Il a écrit une trentaine de bou- si Orsan Welles en faisait à
premier souverain de la tige d'Ilu- quins dont Pol Vandromme, qui s'y égalité avec Pagnol le roi du
gues le Grand à n'avoir point eu connaît, dit : « Une intelligence d'une luci- cmémafrançais); gu'ilpasse
l'onction du vivant de son père, le dité féroce. Un style d'une liberté magni- pour la deuxième fois dans le
Cœur de Lion ne rencontra nul fique. » Il n'a jamais sollicité un éditeur. Il fort paresseux ciné-club de
rival, si indiscutable était fabrique et vend ses livres chez lui. C'est Patrick Brion ; et que Pierre
maintenant la légitimité de« l'Ais- Vaneck, à quarante ans de là,
Jean Guénot, 85, rue des Tennerolles,
né Fils de Roy», quand il accéda joue le rôle du docteur Feldman
au Trône le 6 juillet 1223. Et c'est 92210 Saint-Cloud (décidément, quelle
(au lieu de celui du blond
approuvé de tous les Français rue !) . Vous pouvez lui demander son Argentin) dans la sinistre série
qu 'aussitôt oint « il ceignit l'épée catalogue. Il est de gauche, mais intelli- « Les grandes marées ».
pour faire triompher le Droit ». gent et tolérant . Il m'a dit, pour mes Comment est-ce possible ? On
D'abord, Louis chassa les Anglais " Pendules ·à l'heure " : " Je vous félicite touche là au mystère de l'art
du Poitou, de la Saintonge, de avant d'aller vous porter des oranges qui faisait écrire« Elévation» à
l'Angoumois, du Périgord, d'une · quand ils vous auront mis en prison. » Il a un débauché comme
partie de la Guyeni'le ; ensuite, consacré son dernier livre à Céline. Baudelaire, et le « Testament » à
avec la bénédiction du Pontife ")f 1 est bon d'admirer la grandeur et un voyou comme François
Honorius III, il alla combattre les c,!J l'intelligence de Soljenytsine quand, Villon.
cathares du félon Raymond VII de « Marianne de mes amours » est,
balayant les mensonges, il montre le visa-
Toulouse, les tailla en pièces, et pour reprendre le mot de
rattacha de la sorte le Languedoc ge criminel de la Révolution française et
Musset, « moins écrit que rêvé ».
au Pré Carré ... Le Cœur de Lion quand il déclare que la devise " Liberté, Pourtant contemporain de
au tombeau, les Evêques et les Egalité, Fraternité» n'est qu'un ramassis de l'année 1954 (même les voitures
Feudataires, obéissant à l'ultime contradictions. Il faut aussi savoir procla- y sont poétiques), il est d'un
vouloir du disparu, donnèrent son mer que ces vérités ont été énoncées, il y autre temps. « Je ne suis pas de
jeune fils« à la garde et tutelle de a près de cent ans, par un écrivain fran- ce monde », a dit Notre-
la reine » et menèrent sacré à çais, avant même l'avènement du commu- Seignew: Quelques artistes, par
Reims le bachelet. L'une était nisme dont il savait qu'il était, dans son les voies du hasard, semblent
Blanche de Castille, l'autre le futur essence, portèur de terreur et de mort. bien avoir compris ce qu'il en
saint Louis IX. Charles Maurras avait tout dit, tout prévu, est.
JEAN SILVE de VENTAVON tout expliqué . NICOLAS BONNAL
CJUes bien
lettres CJMartiennes chers frères
Annette
par Martiannus * ~ ll, étaü fille de [\l,s~tancc
'l D'humbles cultivateurs de
Normandie furent sa famille
adoptive. Annette est morte il y a
maintenant cinq ans, à l'âge de
29 ans. C'est à !'Hôpital des
7~ e souci de ma mis- graisse et tannait la peau. quait de troubler ma Enfants-Malades que je L'ai
1J I sion me contraint, On a signalé aussi des digestion, je m'inquiétai connue, vingt~ans auparavant. Ses
r- mon bon ami, à
regarder la télévision un
actes de cannibalisme.
Cependant, ne vous y
de savoir si les auteurs
d'un projet aussi mons-
çeins ne fonctionnaient plus.
Denise, sa sœur aînée, Lui en donna
peu plus que de raison. trompez pas, continua-t- trueux avaient reçu la un. Mais la greffe ne tint pas;
il, la façon dont on trai- juste punition de leurs Denise mourut d'un cancer
Encore me limité-je aux
quelques années après. Annette
émissions sérieuses. Peut- tait les vivants était tout forfaits.
souffrit dans son corps toute sa vie.
être même devrais-je aussi regrettable. On « Pas du tout , reprit
Elle me faisait penser à Ste
m 'en abstenir davantage massacrait en série. On mon hôte. Ceux d'entre Bernadette. La moitié du temps à
car il apparaît vite que éventrait les femmes eux qui ont survécu à l'hôpital, sa survie dépendait des
l ' on n'y aborde guère enceintes. On clouait les leur élimination réci- machines et des médecins. Ses
que quelques thèmes bébés sur les portes. On proque ont été comblés seules joies furent familiales et reli-
obsessionnels, comme enfermait vieillards, d 'honneurs et de riches- gieuses : sa Communion solennelle
celui de cette guerre qui femmes et enfants dans ses, et même gratifiés de et les pèlerinages diocésains à
vit, il y a cinquante des églises pour les y quelques titres impé- Lourdes. Annette n'avait pu rece-
années terrestres, les brûler par centaines . riaux. Ils sont morts pieu- voir d 'instmction; elle ne connais-
Terriens s'étriper si sement dans leur lit, sait pas Les joies de l'esprit. Toute
gaillardement que nous ~ entourés de la vénération
sa personne était marquée par la
maladie ; elle ne pouvait être jolie.
en eûmes des échos Qui parle émue de leurs voisins. Elle se sentait inutile à la société,
jusque chez nous. Bien des Alfemands
que les guerres n'aient ~ ne pouvant mener une vie active.
Le dépouillement de tout ce qui
jamais manqué sur cette Robespierre fait, apparemment, un être humain
planète et qu'elles conti- Mais, intervins-je, et Adolf normal donne aux dernières heures
nuent à y prospérer de comment les Allemands, de La vie une importance propre à
nos jours, on en revient qui me paraissent gens ~ nourrir notre méditation de La
presque quotidiennement raisonnables, ont-ils pu Il faut que vous com- Toussaint et du Jour des Morts.
à cette guerre-là. On en se livrer à de telles hor- preniez que, si l'on veut J'ai noté, au cours de son agonie,
évoque surtout l'un des reurs? bien faire abstraction de Jes dernières paroles. Oh, il n y en
avait pas une page sur mon cale-
pires aspects, que l' on - Qui vous parle des la bavure vendéenne et
pin. Mais c'est de l'or. « Je voudrais
appelle le " génocide "· Allemands ? reprit mon de quelques autres assez que Denise vienne me chercher.
ami. Il n'y en avait pas fâcheuses , nous devons à
~
Notre-Dame de Lourdes, venez me
en Vendée. Peut-être ces hommes-là de jouir prendre ! » Puis elle a récité Le
Massacres quelques mercenaires. de la liberté, de l'égalité Notre-Père et Le Je-vous-salue-
en série Non, les bourreaux et de la fraternité. Marie, très Lentement. Chaque mot
étaient nos propres sol- C'est grâce à eux que, était entendu littéralement. A
dats. depuis deux siècles, nous quelques heures du Départ, Denise,
A la fin d'une semaine - Pas possible ! Ils vivons une ère de paix , Notre-Dame de Lourdes, Dieu
où j'avais suivi trois films, n'obéissaient donc pas à de bonheur et de prospé- étaient son tout. L'essentiel de la
deux entretiens et quatre leurs chefs ? rité, bref de démocratie. vie comme de ['Eternité est résumé
Là : Dieu, La Vierge, Les saint.s, les
débats sur le génocide, je - On peut dire au Ils méritent bien que nos
nôtres. Voilà ce qui définit un
ne pus m'empêcher de contraire que, chefs et rues honorent leur homme. Les prophéties, les
déclarer, chez un ami qui soldats, ils obéissaient mémoire. » sciences, Les Langues passeront, dit
m'avait prié à dîner, que avec zèle et entrain au Il me revint alors à saint Paul. Ajoutons : la beauté, la
l'atrocité du génocide se gouvernement qui avait l'esprit que l'avenue force, l'instruction, l'activité en ce
trouvait soulignée par sa ordonné l'extermination qu 'habitait mon ami por- monde passeront, mais « la
sordidité. de la population. Mais le tait le nom de Robes- Foi, !'Espérance et l'Amour demeu-
" Vous avez raison, me génocide vendéen, bien pierre. Je me demandai rent, et la plus grande d'entre
dit cet ami, quoi de plus que fort avancé, n'a pu s'il existait déjà des rues elles, c'est l'Amour. L'Amour ne pa
sordide que le traitement être mené à sa fin. ,. Adolf Hitler. ssera jamais» 11 Co 13!. L'amour.
appliqué aux cadavres L'estomac soulevé par pccDANIEL L'amour est ce qui nous attache les
uns aux autres. Il n'est pas seule-
dont on récupérait la une indignation qui ris- RAFFARD DE BRIENNE

6
ment 1m mouvement du cœur, c'est
un lien (Col.J, / 4)- Abbé GUY-MARIE
LE LlBRE JOURNAL de lez Frczn,ce Cou-o-i.se page 23 N ° 18 D U 5 NOVEMBRE 1993
CJ{Jstoire de Cf rance
par Aramis
La France se porte bien. Enfin! Nos clubs
de football se qualifient pour les quarts de rêve/
finale des coupes d'Europe. Notre tennis
fait des miracles à Bercy. Nos otages sont
libérés en Algérie. Nos ancêtres les
Gaulois avaient raison. Le ciel a fini par
tomber sur la tête des habitants du sud-
est. Nous avons de nouveaux billets de
banque. Nos entreprises se privatisent
D
brillamment. Les avions de nos
compagnies nationales sillonnent derechef
l'azur éthéré. Nos chômeurs n'arrêtent
pas de chômer. Nos délinquants de
délinquer. Simone Veil de veiller. En un
mot c'est la stabilité tant espérée qui
triomphe. Trois indices le confirment
chaque semaine:
Le loto, les impôts et Balladur.
Malgré la crise, le loto consolide son
implantation dans les bureaux de tabac.
Particulièrement le mercredi et le samedi.
Dans la difficile épreuve que traverse la
croissance, les impôts quant à eux
poursuivent méthodiquement leur itl
progression. Edouard Balladur a donc raison de confier aux journalistes sa confiance. Souhaitons que ceux-ci aient l'obligeance
de la lui rendre en ne la gardant pas par devers eux. Tout ceci est le fruit de sa politique de rigueur que le regretté président
Pompidou traduisait d'une formule: le changement dans la continuité. Santé, sobriété. H PLUMEAU et R. JACOB

~fi
JJ I
a lutte antàsodale contre
la féodalité fut tout Philippe Auguste gnait. Par charité sans doute. A
la place du roi de France, si le
compte fait un fiasco. En bon sens l'avait emporté, il eût
effe·t, avec la Normandie, brise un beau rêve été logique de la lui donner.
l'Anjou, l'Aquitaine et la Cela nous aurait épargné bien
Guyenne, le roi d'Angleterre était plus puissant en des guerres et des déboires. A commencer par ces villes
France que le roi de France lui-même. Faut-il d'ailleurs de cure dont le rôle fut funeste dans un pays de surpro-
parler de France dans ces conditions ? Puisque le beur- duction viticole. Les Français se seraient alors tout natu-
re, la crème fraîche, les caramels de Normandie et le rellement divisés en porteurs de casques à pointe et
camembert étaient made in England. Idem pour le chi- adeptes du melon. Et pour cette dernière proposition
non, le saumur-champigny, le bourgueil, les rillettes et les efforts que nous connaissons aujourd'hui nous
les rillons. Ne parlons pas du foie gras du Périgord, des auraient été économisés eux aussi. Seuls restaient à
vins du Bordelais, de Cahors, de l'armagnac.' Tout était régler les problèmes de circulation automobile entre les
anglais. A ce train-là, Maurjac se serait appelé Somerset, zones britanniques et germaniques. Une broutille. Paris
Chaban gênér~l et ADG Déconan Doyle. On mesure aurait été également divisé. La rive droite se rattachant
l'étendue du désastre. La culture française en prenait un logiquement du boulevard Macdonald au quai Kennedy
sacré coup. Certes, pour se consoler on pouvait tou- à l'influence anglo-saxonne, tandis que de facto la rive
jours tâter du bourgogne ou du châteauneuf, mais gauche devenait allemande. La force d'interposition
reconnaissons que ces vins sont plus lourds à digérer. multinationale se serait trouvée sur la Seine, à bord des
D'accord, il y avait le beaujolais nouveau. Mais quand Bateaux-mouches. Ainsi la France n'existant plus pou-
même ! Son goût de banane ne pouvait lui attirer qu'un vait se flatter de donner sa première flotte à l'ONU.
succès relatif à une époque où le chimpanzé était enco- Cette splendide image de marque se brisa comme un
re inconnu. Bref, rapport qualité/prix, le XIIIe siècle ce rêve quand le belliciste Philippe-Auguste devint roi.
n'était pas cela. Il fit la guerre aux Anglais, puis aux Allemands, qu'il
Cette période, nous allons le voir, fut celle des défit en 1214 à Bouvines. Par sa faute la France se fit.
occasions manquées. Grosso modo, la moitié de la Et prospère en plus. Ce qui le rend plus insupportable
, France était, nous l'avons dit, anglaise. L'autre s'affir- encore aux yeux de ceux qui viscéralement sont atta- ,
mait française, mais l'empereur d'Allemagne la gui- chés aux droits de l'homme.

LE LIBRE JOURNAL de la, Frœnce Coz,,rt:oise page 24 N° 18 DU 5 NOVEMBRE 1993 ~

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