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A Bihr et R Pfefferkkorn vont alors opposer deux segments de la population :

A - TOUJOURS MOINS : DE LA PAUVRETE A L’EXCLUSION .

• La pauvreté, a priori, peut se définir en termes exclusivement économiques. On


retiendra , alors comme critère l’insuffisance globale de revenu (en particulier à partir
de la définition d’un seuil de pauvreté.
• Mais rapidement cette définition semble insuffisante: la pauvreté est une réalité
multidimensionnelle, qui ne se réduit pas à la seule insuffisance de ressources. La
pauvreté concerne l’ensemble des aspects de l’existence individuelle : forte instabilité
professionnelle, faiblesse des revenus primaires, dépendance importante à l’égard des
revenus de transfert, insuffisance des revenus disponibles par unité de consommation,
faiblesse du patrimoine, difficulté de logement, morbidité et mortalité élevées, faible
niveau de formation générale et professionnelle, peu de loisirs et de détente , manque
d’ouverture à la culture savante, faible capital de relations sociales. La pauvreté peut alors se
définir par le défaut :
- d’avoir : expropriation à l’égard des moyens de production et de consommation,
revenus insuffisants et /ou irréguliers, absence de réserve et de fortune (patrimoine).
- de pouvoir : c’est à dire l’absence de maîtrise sur les conditions matérielles et
institutionnelles de sa situation, la précarité, et la dépendance institutionnelle (à
l’égard des organismes de protection sociale ) qui en résultent, la fragilité des réseaux
de socialisation ( milieu professionnel , voisinage, association) souvent limités à la
famille, l’absence surtout de capacité politique ( de capacité conflictuelle, de capacité
à transformer sa propre situation par la lutte collective et/ou les médiations
organisationnelles ou institutionnelles: cf l’exemple des chômeurs)
- de savoir, c’est à dire non seulement la disqualification scolaire, le défaut de capital
scolaire (absence de diplômes) et culturel (l’extranéité à la culture savante) , mais plus
fondamentalement encore la faible capacité à symboliser, à se construire une
représentation cohérente du monde, à s’y repérer et à s’y orienter de manière à
pouvoir le transformer à son avantage.

Conclusion : Si la pauvreté est multidimensionnelle, c’est qu’elle relève d’un processus cumulatif :
• Nous la définirons par l’accumulation de handicaps résultant d’inégalités tendant à se
renforcer réciproquement.
• Au bout de cette accumulation se profile l’exclusion des modes de vie plus ou moins
considérés comme normaux par notre société, qui marque le degré extrême de la pauvreté. Le
CERC a distingué 3 types de population:
- une population intégré économiquement grâce à un emploi stable, mais aussi
socialement, grâce à un revenu régulier, ainsi qu’à un capital social et culturel bien
constitué. Cette population représente 80,3 % des actifs.
- une population fragile formée d’individus marqués par une forte instabilité
professionnelle et par des liens sociaux qui restent faibles, il s’agit pour l’essentiel de
jeunes en attente d’une meilleure insertion. Cette population représente 14,5 % des
actifs, dont la fragilité s’accroît au fur et à mesure que perdure leur situation
d’instabilité professionnelle.
- Une population en situation de retrait du marché de l’emploi qui est composée
principalement de travailleurs âgés qui connaissent simultanément une forte pauvreté
matérielle mais aussi relationnelle. Cette population défavorisée représente 5,2 % des
actifs.

Remarque : Selon le CERC ces 3 populations ne présentent pas la même probabilité d’être frappée
par l’exclusion :
• si l’on approche l’exclusion en présupposant que le risque est d’autant plus fort que l’individu
accumule plus de handicaps (on retient seulement deux critères : la pauvreté économique et la
vulnérabilité sociale. On peut alors constater que le risque d’exclusion , et donc de
plongée dans la misère et la pauvreté , s’accroît quantitativement au fur et à mesure
qu’il s’aggrave qualitativement : plus ce risque est lourd de conséquences, plus sa fréquence
est grande , dit autrement : on risque d’autant plus de s’appauvrir (de cumuler des handicaps et
des handicaps de plus en plus lourds) que l’on est déja pauvre (c’est à dire frappé par des
handicaps) .
• S Paugam, l’auteur de l’étude conclut ainsi : « le cumul de handicaps est donc aussi cumul de
risques de disqualifications sociale ».

B - TOUJOURS PLUS : FORTUNE, POUVOIR ET PRESTIGE.

Constat : Pas plus que son contraire (la pauvreté) , la richesse ne se réduit à la seule dimension
économique : elle se présente aussi comme une réalité embrassant l’ensemble des aspects de
l’existence individuelle et collective. . Nous pouvons donc construire une définition
multidimensionnelle de la richesse analogue à celle de la pauvreté. :
• la richesse c’est tout d’abord la fortune : non pas tant la perception de revenus élevés,
assurant l’accès à une consommation somptuaire, que la détention et l’accumulation de droits
de propriété sur la richesse sociale, plus exactement sur les sources de cette richesse, la nature
et le travail; c’est la capacité de s’approprier de manière privative aussi bien l’une que l’autre.
• La richesse est plus fondamentalement encore, le pouvoir: la maîtrise sur les conditions
matérielles et institutionnelles de reproduction non seulement de sa propre situation mais
aussi de la société globale, la stabilité et la pérennité de sa propre situation et de celle des siens
qui en résultent, l’ampleur et la diversité d’un réseau de relations sociales, dans lequel on
occupe le plus souvent la position de dominant que d’obligé, par lequel on étend le champ
d’exercice de son pouvoir personnel; et ,bien évidemment, la capacité d’infléchir les décisions
et action des pouvoirs publics dans le sens de ses intérêts propres.
• C’est enfin le prestige: non pas seulement , ni fondamentalement l’accumulation de titres
culturels ou scolaires, alors simple procédure de légitimation des positions de pouvoir déjà
déjà occupées dans les champs économiques et politiques, mais encore le contrôle sur les
organes d’élaboration et de diffusion du savoir et de l’information; et surtout la possibilité
d’imposer comme culture dominante (officielle) sa propre culture (ses goûts, son style, ses
moeurs et ses valeurs), de diffuser comme allant de soi sa propre vision du monde au sein de
l’ensemble de la société.

Conclusion : On peut donc en conclure que comme dans le cas de la pauvreté, ces multiples
dimensions de la richesse font système, en se renforçant réciproquement en un processus
cumulatives m^mes enchaînements et rétroactions entre les inégalités, qui conduisent à l’accumulation
de handicaps à l’un des pôles de la hiérarchie sociale, produisent en effet une accumulation
d’avantages et de privilèges à l’autre pôle.

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