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CONSTITUTION
- Au sens formel, la Constitution est la « norme des normes », fruit de l’intervention du
pouvoir constituant, pouvoir suprême dans l’Etat : son élaboration et sa révision
obéissent à une procédure solennelle, plus lourde que celle de la procédure législative
ordinaire (ex : assemblée constituante, majorité qualifiée). Ce formalisme, que traduit
l’expression Constitution rigide, place la Constitution au sommet de la hiérarchie des
règles de droit. Par opposition, la Constitution était dite souple –dans l’histoire
constitutionnelle française- lorsqu’elle ne se distinguait pas, par sa forme des lois
ordinaires et pouvait donc être modifiée aussi facilement qu’une loi ordinaire.
- Au sens matériel –quant à son contenu, la Constitution est l’ensemble des règles de
droit public relatives à la conquête et à l’exercice du pouvoir politique dans un Etat.
En ce sens, selon le doyen Maurice Hauriou (1856-1929), toute Constitution comporte
deux volets :
. La Constitution politique correspond aux règles définissant le statut des gouvernants ; elle
détermine, en particulier, qui a qualité pour vouloir et agir valablement au nom de l’Etat : elle
règle le mode de désignation et la condition des organes de l’Etat, elle répartit les
compétences entre ces organes, elle définit leurs rapports mutuels.
. La Constitution sociale revêt une importance primordiale : comprenant tous les principes et
les règles qui renvoient à un projet d’organisation de la société, elle définit le statut des
gouvernés, en énumérant, dans sa version libérale, les droits de l’homme et du citoyen.
CONSTITUTIONNALISME
*« Courant d’idées apparu au XVIII° siècle en Europe et en Amérique du Nord qui préconise
l’adoption de constitutions écrites dans le but de faire obstacle à l’exercice arbitraire du
pouvoir (Jean-Claude Zarka).
* « Le constitutionnalisme strictissimo sensu est l’idée selon laquelle le résultat souhaité
(impossibilité du despotisme ou liberté politique) ne peut être atteint que si au nombre des
principes sur lesquels se fonde la Constitution figure le contrôle juridictionnel de
constitutionnalité des lois » (Michel Troper) ; il renvoie à l’Etat de droit.
COUP D’ETAT~ « Action de force contre les pouvoirs publics exécutée par une partie des
gouvernants ou par des agents subordonnés, notamment des militaires, qui vise à renverser le
régime établi (exceptionnellement à le défendre : ex. les coups d’Etat « en chaîne » du
Directoire pour rétablir l’harmonie souvent rompue entre les pouvoirs publics » (Lexique
Dalloz).
COUTUME CONSTITUTIONNELLE~ C’est une « règle de droit non écrite qui
résulte de précédents concordants respectés par les pouvoirs publics d’un Etat. Comme dans
d’autres branches du droit, la coutume doit effectivement répondre à deux conditions :
l’existence d’une pratique répétée durant une assez longue durée et la conviction généralisée
que cette pratique est obligatoire » (Jean-Claude Zarka).
DEMOCRATIE
- « Le terme français de démocratie vient en droite ligne du grec, qui désigne par là le
pouvoir (ou la domination : kratos) du peuple (demos). La démocratie … se ramène
très exactement à ces deux éléments ni plus ni moins : à l’idée que le pouvoir
souverain doit être détenu et exercé, en droit comme en fait, par le peuple. Elle se
résume au fond à la fameuse formule du président Lincoln, reprise dans la
Constitution de 1958 : « le pouvoir du peuple, pour le peuple, par le peuple » (F.
Rouvillois).
- « La démocratie n’existe que si plusieurs conditions sont remplies : l’équilibre des
pouvoirs, la participation du peuple à l’exercice du pouvoir lors d’élections
périodiques et concurrentielles, le pluralisme politique qui s’exerce dans le cadre des
partis politiques, et la reconnaissance de garanties au profit des citoyens concernant le
respect des droits fondamentaux » (J.-C. Zarka).
La démocratie revêt trois formes principales : elle est directe lorsque les citoyens exercent
eux-mêmes le pouvoir politique sans intermédiaires ; elle est représentative lorsque les
électeurs donnent mandat aux représentants élus d’exercer le pouvoir politique en leur nom et
à leur place ; enfin, la démocratie semi-directe combine les deux autres formes de
démocratie : le pouvoir politique est normalement exercé par des représentants élus, mais les
électeurs peuvent dans certaines conditions intervenir directement dans son exercice.
DICTATURE~ « Régime dans lequel les détenteurs du pouvoir, qui s’en sont souvent
emparé par la force (coup d’Etat, révolution), l’exercent autoritairement, sans véritable
participation du peuple et sans tolérer d’opposition » (Lexique Dalloz).
DISSOLUTION~ « Acte par lequel le Chef de l’Etat ou le Gouvernement met fin par
anticipation au mandat de l’ensemble des membres d’une assemblée parlementaire. Le droit
de dissolution est un élément essentiel du régime parlementaire, dans lequel il contrebalance
le droit pour le Parlement de mettre en jeu la responsabilité politique du Gouvernement »
(Lexique Dalloz).
ETAT~ L’Etat, au sens moderne du terme, se caractérise par trois éléments principaux :
1) un territoire : sans territoire, il ne peut y avoir d’Etat ; le périmètre géographique sur
lequel l’Etat exerce sa compétence est délimité par ses frontières –terrestres, maritimes
et aériennes-, résultant des traités internationaux ;
2) une population identifiée : chaque Etat se compose d’un certain nombre d’individus
qui sont ses ressortissants, ont la nationalité de cet Etat et, en général, forment une
nation ;
3) et un pouvoir souverain : l’Etat est la personne morale de droit public titulaire de la
souveraineté -autrement dit l’organisation dont la compétence ne relève d’aucune
autorité supérieure- sur son territoire et vis-à-vis de sa population.
ETAT DE DROIT~ C’est un Etat où les titulaires des fonctions publiques – en particulier,
les élus – sont tenus de respecter le droit qui a été édicté. Un Etat de droit suppose aujourd’hui
que :
- sur le plan formel, conformément au principe de la séparation des pouvoirs, des juridictions
indépendantes puissent sanctionner toute violation d’une norme juridique, tout manquement à
la hiérarchie des normes ;
- sur le plan substantiel, le respect des droits fondamentaux de l’individu soit la valeur
primordiale de l’ordre juridique.
La démocratie et l’Etat de droit, quoique renvoyant à des réalités distinctes, sont intimement
liés.
LOI~C’est une catégorie précise de règle de droit, votée (sauf référendum) par le Parlement
à la majorité simple, après délibération, et promulguée par le Chef de l’Etat. A ce critère
formel, de définition s’ajoute, sous l’empire de la Constitution de 1958, un critère matériel
résultant de la délimitation du domaine de la loi. Il s’agit là de la loi ordinaire, par opposition
aux lois spéciales qui sont principalement les suivantes : porte le nom de loi constitutionnelle
tout texte de révision de la Constitution, adopté –par référendum ou par les assemblées
réunies en Congrès- dans le respect de l’article 89 de celle-ci ; constitue une loi organique un
texte qui, complète et précise la Constitution, sur renvoi exprès de celle-ci, et est adopté selon
une procédure spéciale, moins contraignante que celle requise pour une révision
constitutionnelle et un peu plus exigeante que la procédure législative ordinaire.
MOTION DE CENSURE~ C’est l’acte par lequel, dans un régime parlementaire, mais
aussi dans un régime semi-présidentiel, une assemblée met en jeu la responsabilité du
Gouvernement en désavouant sa politique. L’adoption effective d’une motion de censure
provoque la démission forcée du Gouvernement. Sous la V° République, compte tenu de
l’existence constante d’une majorité à l’Assemblée Nationale, « le dépôt d’une motion de
censure, même sans aucune perspective d’adoption, demeure la seule procédure contraignant
le Gouvernement à s’expliquer sur sa politique » (O. Duhamel, Y. Mény). C’est donc une
arme constitutionnelle de l’opposition.
NORME JURDIQUE~ Terme synonyme de règle de droit qui désigne une règle générale
et impersonnelle émanant d’une autorité habilitée et dont la violation expose, en principe, à
une sanction. Il existe plusieurs catégories de normes juridiques (Constitution, loi,
ordonnance, règlement…) hiérarchisées entre elles.
ORDONNANCE
1- Acte du pouvoir exécutif, délibéré en Conseil des ministres et signé par le Président de la
République (article 13 de la Constitution), intervenant, soit sur habilitation de la Constitution,
soit sur habilitation du Parlement prévue par la Constitution, dans une matière relevant
normalement de la loi.
- Aux termes de l’article 38 de la Constitution, le Parlement, via une loi d’habilitation, peut
autoriser le Gouvernement à légiférer par ordonnance pour l’exécution de son programme,
pendant un délai limité. Une ordonnance entre en vigueur dès sa publication au journal
officiel ; elle devient caduque si le projet de loi de ratification n’est pas déposé dans le délai
prévu par la loi d’habilitation. Sa valeur juridique est liée à la question de sa ratification par
une loi : avant sa ratification, une ordonnance a la même valeur qu’un règlement et peut faire
l’objet d’un recours pour excès de pouvoir devant le Conseil d’Etat ; après sa ratification, elle
a valeur législative, mais ne peut être déférée au Conseil Constitutionnel. Depuis la loi
constitutionnelle du 23 juillet 2008, la ratification doit être expresse.
- Le Gouvernement peut mettre en vigueur par ordonnance un projet de loi de finances,
lorsque le Parlement ne s’est pas prononcé dans un délai de 70 jours suivant son dépôt
(article 47 de la Constitution), ou un projet de loi de financement de la sécurité sociale,
lorsque le Parlement ne s’est pas prononcé dans un délai de 50 jours suivant son dépôt
(article 47-1 de la Constitution).
- Aux termes de l’article 74-1 de la Constitution, introduit par la loi constitutionnelle du 28
mars 2003, le Gouvernement bénéficie d’une habilitation constitutionnelle permanente, pour
prendre des mesures d’adaptation de la législation dans les collectivités d’outre-mer et la
Nouvelle-Calédonie. Ces ordonnances deviennent caduques si elles ne sont pas ratifiées dans
un délai de 18 mois suivant leur publication.
2- Dans le domaine juridictionnel, une ordonnance est une décision prise par un magistrat
unique, notamment en matière de référé.
REGIME PRESIDENTIEL~ Ce régime pratiqué aux Etats-Unis repose sur une stricte
séparation des pouvoirs législatif et exécutif : le Président des Etats-Unis, élu par un collège
de « grands électeurs », est le seul détenteur du pouvoir exécutif qu’il exerce avec le concours
du Vice-président et d’un cabinet ; il ne peut dissoudre le Congrès (composé du Sénat et de la
Chambre des représentants), seul détenteur du pouvoir législatif, et le Congrès ne peut
renverser le Président. Ce régime ne peut être confondu avec le présidentialisme.