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Le système juridique français repose sur deux ordres de juridictions. Ce n’est pas un
système universel mais un choix français. Les pays anglo-saxons retiennent une autre formule qui est
celle de l’unité de juridictions : l’administration est soumise à un Juge unique pouvant connaitre les
litiges concernant l’administration et les particuliers. La France a choisi la dualité pour des raisons
historiques qui ont conduit à considérer que le Juge judiciaire devait être écarté du contrôle de
l’administration.
Méfiance de nature politique. Cette méfiance date de l’Ancien régime et avait conduit, dès
l’Ancien régime, le pouvoir royal à interdire au Juge judiciaire de connaitre de l’administration : Edit
de Saint Germain de 1641. Cet édit royal interdit expressément à la juridiction judiciaire de l’époque
(parlements) de prendre à l’avenir « connaissance d’aucune affaire qui peuvent concerner l’Etat ».
Cette idée de la séparation n’est donc pas une création de toute pièce de la Révolution française. Au
XVIIIème, le déclin du pouvoir royal ne va pas permettre de faire respecter cette interdiction par les
parlements qui vont s’immiscer dans le fonctionnement de l’administration et s’opposer à toutes les
tentatives de réformes de la monarchie. Cela a favorisé la chute de la Monarchie en l’empêchant de
se réformé.
De crainte de voir menacée de la même façon, les révolutionnaires se sont empressés de
renforcer cette interdiction.
A cette méfiance s’ajoute une raison qui tient à l’idéologie révolutionnaire. Victoire de la
doctrine de Montesquieu sur la séparation des pouvoirs. Article 16 DDHC : « toute société dans
laquelle la séparation des pouvoir n’est point déterminée n’a point de constitution ». De ce principe
constitutionnel de séparation des pouvoirs, els révolutionnaires vont en tirer, par une déformation
de sa signification, de sa portée, l’interdiction pour le Juge judiciaire de contrôler l’administration.
Pour les révolutionnaires, juger l’administration revient, pour la juridiction judiciaire, à s’immiscer
dans l’exécutif et donc violer la séparation du pouvoir. La séparation des autorités administratives et
judiciaires découle naturellement du principe de séparation des pouvoirs.
C’est un contre sens que démontre l’histoire des Constitutions française et qu’atteste le
droit comparé. Il y a eu, durant le XIXème siècle, toute une série de régimes politiques qui ont rejeté
la séparation des pouvoirs en continuant de pratiquer la séparation des autorités administratives et
judiciaires. Inversement, il y a, à l’étranger, des régimes politiques reposant aussi sur la séparation
des pouvoirs (régime présidentiel américain par exemple) mais qui ne pratiquent pas la séparation
des autorités administratives et judiciaires.
Mais force est de constater que cette séparation des pouvoirs ajoutée à cette vieille
méfiance à l’égard du Juge judiciaires ont poussé les révolutionnaires à conserver ce principe et à le
proclamé dans la loi du 16 et 24 aout 1790 : « les fonctions judiciaires sont distinctes et demeureront
toujours séparées administratives. Les Juges ne pourront, à peine de forfaiture, troubler de quelque
manière que se soit les opérations des corps administratifs ni citer devant eux les administrateurs
pour raison de leur fonction ». Cette loi est toujours en vigueur et c’est à elle que se rattache le
principe de séparation des autorités. Principe réaffirmé sous la Révolution par un texte toujours en
vigueur : décret du 16 Fructidor de l’an III qui dit : « défenses itératives sont faites aux Tribunaux de
connaitre les actes d’administration de quelque espèce qu’ils soient ». Mais ces textes n’ont pas
valeur constitutionnelle car le CC, 23 janvier 1987, Conseil de la concurrence, « les dispositions de la
loi de 1790 et du décret de l’an III qui ont posé le principe de séparation des autorités administratives
et judiciaires n’ont pas valeur constitutionnelles ». Cette décision montre bien qu’il n’y a pas rapport
obligatoire entre la séparation des pouvoirs au sens de la pensée de Montesquieu et la séparation
des autorités (le 1er est un principe à valeur constitutionnelle).
B) L’émergence de la séparation
La loi de 1790 a deux conséquences :
- Elle interdit au Juge judiciaire de s’immiscer dans le fonctionnement
de l’administration et donc de juger des litiges mettant en cause
l’administration.
- Séparation réciproque donc interdit à l’administration d’empiéter sur
les attributions du Juge judiciaire.
Au delà de ces deux conséquences, on pouvait s’attendre, dès 1790, à ce que la loi mette
immédiatement en place une juridiction particulière. Mais cela n’a pas été le cas. Principe consistait à
dire qu’il fallait s’adresser aux autorités administratives. Ce système va être formellement organisé à
la suite de la loi mais pas satisfaisant car il manque une condition essentielle de tout règlement de
différend : l’impartialité. Le système va durer dix ans jusqu’en l’an VIII (1799). Bonaparte, dans sa
politique de réorganisation de l’administration, ne va pas toucher au principe de séparation mais il va
instaurer, au sein même de l’administration, des organes spécialisés dans le traitement des litiges,
dans le contentieux administratif :
- Le Conseil d’Etat : institué par la Constitution de l’an VIII (article 52). Il
est institué pour conseiller le gouvernement. Cette fonction a un
double objet :
Conseiller du gouvernement en matière législative
et règlementaire : sous Napoléon, le Conseil d’Etat
est chargé de rédiger les lois, les décrets. Tous les
Codes ont été rédigés par le C.E. Par ailleurs, ce
sont les conseillers d’Etat qui viennent défendre
les projets devant le corps législatif.
Chargé d’examiner les litiges opposant les
particuliers à l’administration : et donner des
conseils sur la solution à donner. Dans tous les
cas, ce n’est qu’un avis au Chef de l’Etat sur la
solution du litige. La solution définitive pour régler
le différend appartient au Chef de l’Etat. La
décision sur le règlement du litige se traduit par
un décret. C’est le système de la Justice retenue.
En pratique, Napoléon a pratiquement toujours
suivi les avis et, après lui, tous les Chefs d’Etat ne
s’écarteront pas des décisions du C.E.
- Les Conseils de Préfecture : institué par la loi du 28 Pluviôse de l’an
VIII. Cette loi met en place, auprès de chaque Préfet, sur le modèle
du C.E., un Conseil de Préfecture. Ce Conseil est chargé, comme le
C.E., de conseiller le Préfet en matière administrative et de statuer
sur le contentieux administratif. mais, sur le plan contentieux, ce sont
de véritables juridictions administratives car les décisions prises par
les Conseils de Préfecture (arrêtés) sont des décisions. Mais pas très
indépendants de l’administration. C’est le Préfet lui-même qui le
préside plus le Secrétaire Général de la Préfecture qui fait le
Commissaire la République. Ensuite, ce sont des Juges d’exceptions
qui ne peuvent donc être saisis que dans le cadre de ce qui est prévu
par la loi. Dans tous les autres cas, c’est le C.E. qui est saisi. Enfin, les
Conseils de Préfecture ne décident qu’en premier ressort et ne
statuent donc que sous réserve d’appel au C.E. Appels qui seront
examinés comme un 1er recours au C.E. donc système de la Justice
retenue encore.
A) La justification de la dualité
Deux arguments :
- Nécessité de recourir à un Juge spécialisé pour assurer, garantir un
contrôle juridictionnel efficace de l’administration : consiste à dire
que pour bien juger l’administration, il faut en connaitre les
contraintes, les limites. Or, le Juge administratif, car issu de
l’administration et car il a conservé ce lien avec l’administration
active, connait ses contraintes, ses impératifs. En raison de la
compétence qu’il a, il est mieux en mesure de faire accepter son
contrôle par l’administration. Si l’on soumettait l’administration au
contrôle d’un Juge judiciaire, ce serait prendre deux risques : avoir un
Juge trop timide car ne connait pas ou un Juge paralysant
l’administration en se montrant excessivement interventionniste ou
audacieux. Lorsque le Juge judiciaire est amené à connaitre certains
aspect du contentieux de l’administration, il se montre beaucoup
moins exigent que le Juge administratif.
- Utilité de recourir à un Juge spécialisé car on applique à
l’administration un droit spécial qui est la droit administratif : c’est un
droit essentiellement jurisprudentiel, élaboré fondamentalement par
la juridiction administrative. On considère que le droit privé n’est pas
adapté aux besoins de l’administration publique. TC, Blanco, 8 février
1873, responsabilité ne peut se soumettre au Droit civil. A ce droit
spécial soit donc correspondre un Juge spécial. Le Juge administratif
a, historiquement, auto justifié son existence. Il s’est rendu
indispensable car il a élaboré un droit particulier
Idée que le refus de donner compétence au Juge judiciaire pour connaitre d’un litige
impliquant l’administration se justifie par la volonté de voir le litige réglé en utilisant le droit public et
non le droit privé. Idée selon laquelle « la compétence doit suivre le fond ». Cette idée détermine en
partie la ligne frontière entre le Juge administratif et le Juge judiciaire. Mais il faut reconnaitre que la
pratique de ce système révèle des difficultés importantes. Difficultés dont les victimes sont
essentiellement les justiciables.
Système dualiste oppose les justiciables au risque d’injustices sur le fond. Le risque le plus
important est celui du déni de Justice découlant d’une contradiction de fond entre des ordres
diamétralement opposés. Exemple : frégate Isis, privée, pour conduire l’armée française sous le 2 nd
Empire. La frégate a été coulée par les canons russes car poussée par une tempête. La frégate était
garantie par l’Etat pour les risques de guerre et par la juridiction judiciaire pour les risques de mer.
Cour de cassation considère que c’est un fait de guerre qui est à l’origine de sinistre. L’armateur se
tourne vers le C.E. qui se reconnait compétent mais dit que la perte résulte de la tempête. L’armateur
n’a jamais été indemnisé.
Ce risque de déni de Justice résultant du fait qu’il y ait deux juridictions suprêmes, on s’est
employé à le faire disparaitre en 1932 en donnant le pouvoir au T.C. de statuer par exception non
plus sur les problèmes de compétences mais sur la résolution de l’affaire, de la question de fond. Ce
risque de contradiction a donc disparu mais subsiste toujours des risques de divergence de
jurisprudence qui conduisent, dans des affaires analogues, à des solutions différentes, à un
traitement inégal. Or, ce traitement inégal est injustifiable au plan de l’équité. Il est vrai que le Juge
administratif applique un droit spécial, adapté aux impératifs de l’intérêt public donc il n’est pas
illogique que l’application du droit administratif puisse entrainer des solutions différentes de celles
du Juge judiciaire mais cette différence de traitement est inadmissible lorsqu’elle n’est pas imposée
par les besoins de l’intérêt général et il en va essentiellement en matière de responsabilité. On en
peut pas admettre qu’une victime soit plus ou moins indemnisée selon que le préjudice est le résultat
d’une faute de la puissance publique ou d’un simple particulier. Or, sur le terrain de la responsabilité,
il y a des divergences fréquentes. Le Juge administratif s’est refusé, pendant très longtemps,
d’imaginer pouvoir indemniser le préjudice d’affection (La Cour de cassation l’indemnise depuis le
XIXème) car les larmes ne se monnaient pas. Cette différence de traitement est injustifiable donc
1961, C.E. finit par se résoudre à indemniser.
Dans la réalité, il y a un certain dialogue des Juges. Les juridictions suprêmes s’observent
mutuellement et il ya progressivement un alignement.
En tout cas, le choix d’un système dualiste soulève, dans son application, des problèmes
pratiques importants. Le droit comparé plaide indéniablement pour le maintien de la dualité car,
même dans les pays pratiquant formellement l’unité de juridiction, le développement de l’action
publique a suscité la création d’organes spécialisés. Une refonte du système supposerait une révision
constitutionnelle car, si on se réfère à la Constitution, on constate qu’elle ne garantit, par son article
64, que l’existence de l’ordre judiciaire. Mais, bien que le texte lui-même soit muet, une décision du
20 juillet 1980 a proclamé cette existence en la « rattachant aux PFRLR en ce qui concerne depuis la
loi du 24 mai 1872 la juridiction administrative ». CC, 23 janvier 1987, Conseil de la concurrence,
confirme le caractère constitutionnel de l’ordre administratif en ajoutant que « conformément à al
conception française de la séparation des pouvoirs figure au nombre des PFRLR celui selon lequel
relève de la compétence de la juridiction administrative l’annulation ou la réformation des décisions
des autorités administratives ». Il y a donc bien un principe constitutionnel qui commande, qui
consacre l’existence de la juridiction administrative et sa compétence propre.
A défaut, de réunir les deux ordres de juridictions, il faut réduire les problèmes pratiques et
notamment les problèmes de compétence qui sont les plus graves car ils peuvent inciter à se
détourner de la Justice. Il faut, pour cela, un effort pour redéfinir clairement les domaines
d’intervention spécifique. La loi peut intervenir pour simplifier mais, au-delà de cette intervention du
législateur, il faut aussi un effort de la jurisprudence elle-même.
Titre 1er :
L’organisation des juridictions
administratives
Constituent un ordre de juridiction qui est une hiérarchie de juridictions relevant d’une
même juridiction suprême.
On peut dire que, si sur le plan matériel, les fonctions sont bien distinctes, la séparation est
parfois assouplie sur le plan organique.
- Sur le plan matériel : bien séparation car l’administration active se
voit interdire de prétendre empiéter sur les attributions de Juge.
d’ailleurs, dans les cas graves, le C.E. a estimé que de tels
empiètements peuvent donner lieu à appliquer la théorie de
l’inexistence. CE, 31 mai 1957, ROSAN-GIRARD. Conséquence
inverse : le Juge administratif se voit interdire de se comporter
comme un administrateur. Il ne peut pas faire acte d’administrateur.
Il ne peut pas se substituer à l’administration. Si un fonctionnaire a
été révoqué illégalement, le Juge va annuler la révocation mais il ne
pourra pas renommer le fonctionnaire.
- Sur le plan organique : la séparation est parfois moins tranchée. On
ne peut pas nier que le personnel des juridictions administratives soit
un personnel indépendant. Les membres des T.A., C.A.A et C.E. ont
un statut qui leur garantie une plein indépendance même si ces Juges
ne bénéficient pas de l’inamovibilité des magistrats judiciaires. Il n’en
reste pas moins que certains membres des juridictions sont recruté
au taux extérieur qui est souvent utilisé pour intégrer dans les
juridictions des fonctionnaires provenant de l’administration active.
Inversement, les membres des juridictions administratives ont la
possibilité en cours de carrière, d’être détachés temporairement et
d’exercer des fonctions dans l’administration active. De même, il y a
traditionnellement une certaine collaboration, notamment au sein du
C.E. entre les formations internes au C.E. qui exercent la fonction
administrative et la fonction contentieuse. Pour éviter qu’il y ait des
contradictions entre les avis et les arrêts, on avait essayé de favoriser
la collaboration entre les deux. Les exigences d’un procès équitable
résultant de la ConvEDH ont conduit à remettre en cause cette
collaboration au sein du C.E. entre les formations consultatives et
contentieuses. Décret 6 mars 2008 vient limiter la portée de la
collaboration pour ne pas tomber sous les foudres de la CEDH.
II – Ses attributions
A) Attributions consultatives
Organe consultatif du pouvoir central aux termes même de la Constitution qui n’évoque pas
les fonctions contentieuse. Conseiller du gouvernement en matière législative et administrative. En
principe, le gouvernement n’est pas tenu de se tenir au contenu de l’avis sauf lorsqu’un texte le
prévoit (dissolution d’une congrégation religieuse).
En matière législative, le C.E. n’est plus chargé de rédiger la loi ni de défendre les projets de
lois au Parlement. Mais, aux termes des articles 38 et 39 de la Constitution, les projets de lois et
d’ordonnances sont obligatoirement soumis au C.E. En revanche, le C.E. n’est pas saisi des
propositions de loi.
En matière administrative, l’avis du C.E. est obligatoire dans le domaine règlementaire. Avis
requis pour tous les décrets d’application des lois. L’article 37 de la Constitution prévoit que lorsque
le gouvernement veut modifier par décret une loi antérieure à 1958 et qui est devenue
règlementaire après 1958, le C.E. doit être consulté pour avis.
En matière individuelle, l’avis du C.E. est obligatoire à chaque fois qu’un texte le prévoit.
Par exemple pour reconnaitre d’utilité publique une association privée.
Au plan juridique, il faut remarquer que lorsqu’un acte administratif a été pris sans
consultation du C.E., dans un cas où cette consultation était requise. Un tel acte est illégal pour
incompétence. Ce qui signifie que la règle qui impose la consultation du C.E. est une règle qui institue
le C.E. comme un coauteur de la décision. L’intérêt de ce raisonnement est que le vice
d’incompétence, à la différence du vice de forme, constitue un moyen d’ordre public : cet argument
peut être soulevé d’office par le Juge. À coté de cette consultation obligatoire, le C.E. peut être saisi
de demandes d’avis par le gouvernement ou par les ministres et par eux seuls. Ces demandes d’avis
peuvent porter sur l’interprétation d’un texte, une difficulté juridique et plus généralement sur toute
question administrative que se pose l’exécutif. Quand le C.E. est consulté dans cette fonction
administrative, l’avis n’est jamais exclusivement juridique. Les formations de jugement du C.E. ne
sont pas tenues par les avis donnés par les formations administratives. Il peut arriver que la
formation contentieuse annule un acte qui avait obtenu un avis favorable de la formation
administrative du C.E. Pour éviter cela, en 1963, collaboration mais machine arrière en 2008 à cause
de la CEDH car atteinte au droit à un procès impartial.
Depuis la réformes de 1963,e le C.E. s’est vu imposé la parution d’un rapport annuel qui a
deux fonctions : bilan très précis, complet de l’activité administrative et contentieuse et, d’autre part,
ce rapport doit proposer au gouvernement les réformes qu’il juge nécessaire. Rapport rédigé par une
section spécialisée qui peut publier des études particulières.
2) Juge de cassation
Cette compétence s’exerce à l’égard de toutes les décisions rendues en dernier ressort par
une juridiction administrative. C’est le cas de compétence le plus important. Il en va ainsi lorsque la
loi le dit expressément. C’est ainsi que la loi du 31/12/1987 créant les C.A.A. dispose que les arrêts de
ces Cours administratives sont rendus en dernier ressort.
Il en va également ainsi lorsque le législateur n’a prévu aucun recours contre les décisions
d’une juridiction administrative. Le recours en cassation est le recours de droit commun contre une
décision juridictionnelle. De la même manière que le R.E.P. est le recours de droit commun contre
une décision administrative. Ce caractère de droit commun est très fort puisque le C.E. avait tenu le
même raisonnement dans l’arrêt CE, 7 février 1947, D’AILLIERES, C.E. interprète une disposition
législative qui prévoyait que certaines décisions ne seraient susceptibles d’aucun recours n’exclut pas
le recours en cassations. Seule une disposition législative refusant expressément le recours en
cassation pourrait l’empêcher. Mais, à l’heure actuelle, si la loi prévoyait que des décisions puissent
se passer de la cassation, serait censuré par le C.C.
3) Juge d’appel
Il est Juge d’appel de tous les jugements qui n’ont pas été rendu en dernier ressort par une
juridiction administrative. C’est donc une compétence d’exception, d’attribution. En effet, il faut une
disposition de la loi pour pouvoir utiliser l’appel. Dans le silence de la loi, c’est le recours en cassation
qui doit être utilisé. Le législateur a eu le souci de faire en sorte que les recours en matière électoral
ne tiennent pas trop en longueur. Si contentieux en matière communale ou cantonale, T.A. compétent
mais loi de 1987 prévoit que les appels vont directement devant le C.E.
Lorsqu’un avis est donné par le C.E., il est en principe donné par une section ou par des
sections réunies ou par une commission spéciale composée de représentants des sections
compétentes. S’il y a urgence, l’avis est donné par une commission permanente. Pour les avis
importants (projet de loi, d’ordonnance), on saisit une formation solennelle quie st l’Assemblée
générale du C.E. qui peut revêtir un double visage :
- L’assemblée générale ordinaire : une trentaine de membres
provenant des sections administratives et contentieuse.
- Assemblée générale plénière : composée de la totalité des conseillers
d’Etat.
A) Les attributions
Au même titre que le C.E., attributions doubles mais les attributions administratives sont
peu importantes. Le Code prévoit que les Préfets de département qui se trouvent dans le ressort du
T.A. peuvent le saisir de demandes d’avis mais très peu utilisé. Dans de très rares cas, la consultation
est obligatoire. A titre individuel, on peut remarquer que les conseillers des T.A. peuvent être
conduits à remplir certaines attributions administratives. La loi prévoit que la présidence des
commissions de contrôle des élections dans les universités est assurée par un conseiller.
Les T.A. ont surtout des attributions contentieuses. Ils sont matériellement compétents en
er
1 ressort pour tout litige administratif sauf disposition expresse contraire.
Compétence territoriale :
Règles d’une grande complexité qui était inévitable car elle est le résultat de la volonté d’éviter qu’il
y ait en France un tribunal engorgé : le T de paris. L’adoption d’une règle simple de répartition de
compétence aurait conduit a attribuer la majeur partie des litiges administratifs au T administratifs
de Paris donc on a été conduit a retenir des règles multiples qui induisent une complexité évidente.
En pp le TA territorialement compétent est celui dont le ressort duquel se trouve le siège de
l’autorité administrative. Ce pp a gonflé la compétence du TA de paris donc il ne s’applique qu’à titre
résiduel, que si aucun autres critères de compétence territorial ne peut s’appliquer.
En effet beaucoup de règles ne tiennent pas compte du siège. Ex : si litige provoqué par
arrêté du ministre de l’intérieur, pour les mesures de police le T compétent est le lieu de résidence
de la personne visée. Même raisonnement pour les litiges individuels concernant les agents publics,
on teint compte du lieu d’affectation.
En matière de contrat c’est le lieu d’exécution du contrat, le critère général ne s’applique que si le
lieu d’exécution n’est pas mentionné dans le contrat ou si l’exécution du contrat dépasse le seuil
d’une juridiction locale.
S’agissant de l’organisation :
Les TA depuis 1926 sont interdépartementaux, il ya à l’h actuelle 38 TA. Chaque TA
comporte plusieurs chambres qui comportent au moins 3 membres. Formation d’instruction et de
jugement. Le TA peut se réunir en formation plénière.
Ex : Grenoble 5 chambres.
Les membres du TA et du CA => même corps. Soumis au statut général des fonctionnaires
mais la loi leur accorde des garanties en matière d’avancement et disciplinaire.
TITRE 2 :
LA COMPETENCE DE LA JURIDICTION
ADMINISTRATIVE
Chapitre 1 :
La définition du domaine de compétence de
la Juridiction administrative
C’est une question difficile car la loi n’a jamais pris la peine d’établir la liste des matières
relevant de la compétence administrative. Cette absence de détermination précise n’est pas à
regretter car la compétence n’a pas était cristallisée une fois pour toute, du coup il y a une évolution
plus souple. Cependant si le législateur n’a pas établit une liste il a adopté une clause générale de
compétence dans le principe de séparation des autorités administratives et judiciaires. Cela résulte
de l’interdiction faite de troubler l’administration des corps administratifs. Le décret de l’an III
complète le contenu de cette interdiction, interdit au TJ de connaitre des actes d’administratif de
quelque espèce qu’il soit.
Clause de compétence qui est vague, c’est bien à la jurisprudence du C.E. et du TC qu’il est
revenu de définir la portée de la justice générale. Parfois le législateur s’est manifesté pour donner
compétence expresse pour tel ou tel ordre. Ex : compétence administrative s’agissant des travaux
public.
Cependant c’est le juge qui détermine la compétence :
- A l’origine, le Juge Administratif du C.E. a cherché à tirer le maximum
d’effet du principe de séparation et on constate qu’au fur et à
mesure il en a été différemment.
- Au début du 19eme s le critère est simple : la juridiction
administrative s’estime compétente pour tous les litiges où
l’administration est impliquée et cela s’impose au JJ. Jusqu’en 1972
lorsqu’il y a un conflit de frontière entre JJ et JA c’est le président qui
arbitre donc JJ obligé de s’incliner.
- Abandon de ce critère dans la seconde moitié du 19eme s au profit
du critère d’autorité. Limitation au cas où l’administration agit en
autorité et non en particulier. Distinction entre contentieux de
l’autorité et contentieux de gestion.
- L’arrêt Blanco, à partir de la fin du 19mem s va substituer un nouveau
critère de compétence fondée sur l’idée de service public (avant
puissance publique) mais il n’a pas résisté en tant que critère unique
à l’évolution. A partir du moment où en effet la gestion privée s’est
introduite dans les services publics, il n’était plus possible de
déterminer exclusivement la compétence de la JA qu’avec le critère
de service pub, (idée du bac El oka).
Il peut en aller parfois autrement car la compétence administrative est aussi définit par un
élément matériel.
B) éléments matériels :
Depuis le 20eme plus uniquement l’activité des personnes publiques car l’extension
considérables des fonctions administratives a incité l’Etat à se décharger de l’exécution de certaines
de ses fonctions sur des personnes privées. Donc matériellement parlant, c’est aussi parfois l’activité
de personnes privées, dès lors qu’elles présentent le caractère de SP.
Effectivement le JJ a pris en compte cette tendance de la puissance publique à déléguer
l’exécution de mission d’intérêt général à des organismes privés. Le JA a intégré à sa compétence le
contentieux des actes des personnes privées qui gèrent un SP.
Il le fait a deux conditions : il faut que ces actes aient été pris dans le cadre du SP et il faut
que ces actes manifestes l’emploi par la personne privée d’une prérogative de puissance publique.
1er décision 13 janvier 1961 MAGNIER => le JA accepte de contrôler la légalité par le biais
d’un recours par excès de pouvoir des actes obligatoires d’une personne privée qui gère le SP. Ex : un
joueur de football fasse rentrer un ballon avec la main et qu’il soit suspendu, cette suspension sera un
acte administratif.
En 1978 le CE a étendu cette solution au contentieux de la responsabilité, il a accepté de
connaitre des actions en responsabilité d’une personne privée chargé de SP à condition que le
dommage soit imputable à l’exercice d’une prérogative de puissance publique => arrêt 13 décembre
1978 ADASEA du Rhône. Le TC a confirmé cet arrêt.
En matière de responsabilité cette jurisprudence ne vaut que pour les SP administratif car le
contentieux des dommages des SPIC relève toujours du domaine commercial même si pers publique
qui gère (arrêt soc ouest africain).
II - Activités administratives et autres activités publiques
Les fonctions publiques ne se ramènent pas aux seules fonctions administratives.
Conséquence de rejeter du domaine de compétence de la JJ les autres activités publiques. Vont être
écartés les activités des autres organes de l’exécutif. Activité administrative ou même du pouvoir
judiciaire.
Concerne la loi stricto sensu votée par parlement mais aussi celles qui sont votées par le
peuple (voté par suite de référendum).
Apparait lorsque l’exécutif assure pour un temps la fonction législative. Sauf disposition
contraire de la constitution le pp est que le fait pour un acte pris par l’exécutif d’intervenir en
matière législative n’a pas pour conséquence de lui donner valeur de loi donc JA reste compétent
pour en connaitre. Le C.E. en a ainsi décidé pour les articles 38 ordonnances qui ont une valeur
administrative tant qu’elles ne sont pas ratifier => arrêt du 24 novembre 1961 fédération nationale
des syndicats de police. Même attitude pour les ordonnances prises sur habilitation du peuple =>
arrêt 19 octobre 1962 Canal où la décision est annulée par le C.E.
Cependant le raisonnement du C.E. change dans les périodes où il y a non plus séparation
des pouvoirs mais confusion des pouvoirs au profit du gouvernement, il établit un clivage entre les
décisions émanant de ce pouvoir unique qui ont force de lois et les autres qui conservent la valeur
d’acte administratif.
Ce clivage est fondé sur un critère formel ou matériel :
- Formel : le CE se considère incompétent à l’égard de l’autorité de la
loi ou des actes qui se présentent formellement comme des lois (ex :
lois de vichy/ De même à la libération le CE s’est déclaré incompétent
à l’égard des ordonnances de CPRLR qui se présente comme des lois).
Lorsqu’il est inutilisable on se réfère au critère matériel
- Matériel : le juge administratif va rechercher si l’acte en Q contient
ou non des dispositions relevant des compétences du législateur.
Attitude que le CE adopte s’agissant des décisions prises en vertu de
l’art 16=> arrêt URBIN SERVENS. Cette solution a été facilité par le
fait que le constituant en 58 a distingué art 34 et37.
3 limites :
- Le JA ne refuse plus d’indemniser les dommages causés par la loi, il
accepte d’engager la responsabilité de l’Etat. Arrêt 14 janv 1938 soc
anonyme des produits laitiers la florette => cette jurisprudence
reflète un affaiblissement du caractère absolu de la loi. Mais elle ne
remet pas en question l’attitude de soumission du Juge vis-à-vis de la
loi car la responsabilité n’est engagée qu’à la condition que le
législateur n’est pas entendu explicitement ou implicitement exclure
toutes indemnisations.
Cette responsabilité n’est pas fondée sur l’existence d’une faute commise par le législateur.
Le C.E accepte de réparer au terme d’un raisonnement objectif, la loi a rompu légalité devant les
charges des citoyens.
- Résulte de la jurisprudence NICOLO 20 octobre 89 le C.E fait prévaloir
le traité international sur la loi en cas de contradiction. Cette
jurisprudence est une atteinte portée au JA vis-à-vis de la loi car le
juge ne se prononce pas sur la validité de la loi mais sur son
applicabilité. c’est un contrôle de conventionalité de la loi.
Cependant le C.E a refusé de faire prévaloir le traité sur la
constitution.
- Mise en œuvre d’une reforme de la constitution juillet 2008, l’art 61-
1 qui entrera en vigueur en 1 er mars 2010 énonce que le CE pourra
soulever la question prioritaire de constitution d’une loi portant
atteinte aux droits et libertés que la constitution garantie. Mais il
n’aura pas le pouvoir de la trancher.
Permet de regrouper tous les actes pris par les parlementaires et qui concerne le
fonctionnement interne au parlement. Pas de valeur législative. Dans la mesure où les actes
interviennent dans le fonctionnement du pouvoir législatif, il bénéficie de la même immunité
juridictionnelle. L’étendu de cette immunité à eu des effets regrettables : le JA en vertu de cette
immunité refusait de connaitre du contentieux des fonctionnaires des assemblées parlementaires.
Les fonctionnaires du fait de cette jurisprudence ne disposait d’aucun recours contre leurs décisions/
le JA refusait de se reconnaitre compétente en réparation d’un dommage causé par cautionnement
d’acte législatif, pas de recours.
Pour remédier à cela, la loi organique est revenue par ordonnance du 17 novembre 1958
pour donner compétence au JA pour les litiges d’ordre individuel concernant les agents des
assemblées parlementaires. Le C.E s’est reconnu de se prononcer par voie d’exception sur la légalité
d’une disposition du règlement intérieur d’une assemblée. Décision du 19 janvier 1996.
La reforme de 58 a également posé le pp de la responsabilité de l’Etat pour les dommages
de toutes natures. Cette responsabilité n’est pas nécessairement appréciée par le JA, elle serait
appréciée en fonction de l’application des règles normales de compétences. Depuis une dizaine
d’années, le C.E a accompli des progrès supplémentaires, il accepte de contrôler les actes des
assemblées qui interviennent dans la passation du marché du SPIC=> GAJA 5 mars 1999 président de
l’Assemblée nationale.
B) L’activité judiciaire
Le principe de séparation des autorités administrative et judiciaire a eu pour effet
d’interdire a la juridiction judiciaire de connaitre des actes de l’administratif mais il a aussi un 2eme
effet qui est d’empêcher l’administratif et donc le JA qui en est issus de s’immiscer dans la JJ.
Néanmoins la JJ constitue aussi un SP dont l’organisation appartient à l’exécutif, a partir de
là on peut se demander s’il ne revient pas au JA de contrôler les actes de l’exécutif qui interviennent
dans cette organisation du SP. C’est effectivement le clivage qui a été adopté entre l’activité même,
le fonctionnement du SP et d’autre part l’organisation du SP. Si le litige touche au fonctionnement de
la JJ c’est la JJ sui sera compétente mais si le litige touche l’organisation se sera la JA.
Ce clivage appliqué par la jurisprudence a été retenu en 1952 par le TC. C’est une décision
du 27 nov. 1952 Préfet de la Guyane qui pose le pp de cette distinction. Dans cette affaire l’Etat
avait décidé de suspendre les activités de certaines juridictions J, cela forme un préjudice auprès des
officiers ministériels qui ont intenté une action en responsabilité contre l’Etat. L’action est portée
devant le JJ et le préfet de Guyane a contesté cette compétence de la JJ et il a élevé le conflit au TC .
Le TC a validé l’arrêté de conflit car les actes en question touchent non à l’exercice de la fonction
juridictionnelle mais à l’organisation même du SP de la justice. Cette distinction n’est pas toujours
évidente à mettre en œuvre.
2) Le contentieux de l’organisation de la JJ
Le principe selon la quelle la compétence suit le fond n’au qu’une valeur indicative, ne
marche pas dans tous les cas. Il est assez rare que le Juge se réfère directement à cette idée. Il faut se
résoudre au constat qu’aucun critère ne peut prétendre à l’exclusivité même si le Conseil
constitutionnel a tenté de le faire. Certains auteurs ont prétendu qu’on peut faire revivre le critère
de la puissance publique mais au sens d’activité exercée dans des conditions exorbitantes du droit
commun (doyen VEDEL). Ce critère a paru séduire le Conseil constitutionnel qui a tenté de lui donner
un statut constitutionnel. Ce n’est pas un hasard si cette tentative remonte à 1987 (avec la décision
Conseil de la concurrence) car VEDEL était au Conseil constitutionnel. Dans cette décision, le Conseil
constitutionnel dit : « au nombre des principes fondamentaux reconnus par les lois de la République
figure celui selon lequel relève de la compétence de la juridiction administrative l’annulation ou la
réformation des décisions prises dans l’exercice des prérogatives de puissance publique ». Mais le
Conseil constitutionnel reconnait que ce principe ne peut pas toujours s’appliquer car reconnait deux
limites à ce critère :
- Il y a des matières réservées par nature à la juridiction judiciaire
- Le Conseil constitutionnel admet que le législateur puisse introduire
des exceptions pour simplifier les règles de compétences.
Le Conseil constitutionnel reconnait lui-même que la synthèse est impossible autour d’un
seul critère. En réalité, la compétence de la juridiction administrative est commandée par une
diversité, ce qui génère un sentiment d’incertitude dans la délimitation des compétences respectives
des deux Juges. Incertitude qui est accrue par la méthode variable à laquelle recourt le Juge pour
appliquer ses critères. Dans l’application des critères de compétences, il y a deux méthodes possibles
qui sont effectivement utilisées :
- La méthode analytique : a pour objet de déterminer la compétence
juridictionnelle en prenant seulement en compte l’acte qui a
provoqué le litige mais sans considérer l’activité à laquelle se rattache
l’acte. C’est la méthode analytique qui est utilisée pour déterminer la
compétence juridictionnelle en matière de contrats sauf une
exception.
- La méthode globale : consiste, à l’inverse, à se référer pour fixer la
compétence à l’activité publique à laquelle se relie, se rattache l’acte
en question. Il est un cas où le Juge s’abstient d’analyser le contrat
pour déterminer la compétence applicable. C’est le cas des contrats
passés par les SPIC avec leurs usagers qui relèvent de la compétence
des juridictions judiciaires. Ce bloc de compétence judiciaire rend
inutile l’analyse de l’acte en cause.
A) Le critère du SP
Le SP a perdu son monopole dans la définition de la compétence administrative mais il n’a
pas perdu tout rôle. Son rôle a même eu tendance à se renforcer à partir des 50’s par l’effet d’une
jurisprudence multiple qui a conduit la doctrine à parler de renouveau de la notion de SP.
Le SP, à l’égard de la juridiction administrative, remplit une double fonction :
- Directement : le Juge administratif ne peut jamais être saisi que de
litiges mettant en cause une activité de service public. L’existence
d’une SP est une condition de la compétence du Juge administratif.
les activités des personnes publiques qui ne peuvent pas être
qualifiées d’activités de SP relèvent du Juge judiciaire. Les
collectivités publiques ont un patrimoine qui est parfois privé. Les
litiges qui touchent à la gestion du domaine privée par les collectivités
échappent normalement à la compétence du Juge administratif. Cela
ne veut pas dire que la présence d’un SP est suffisante pour la
compétence.
- Moins directement : le SP est en effet utilisé en tant que tel dans la
définition des principales notions de droit administratif. Des notions
dont la présence constatée rend ipso facto le Juge administratif
compétent. C’est d’ailleurs à ce plan que l’on a pu parler d’un
véritable renouveau de la notion de SP. Toute une jurisprudence a
décidé de se référer au SP pour définir des notions qui déclenchent la
compétence administrative : notion de contrat administratif (Epoux
BERTIN), notion d’agent public, notion de travail public, notion de
domaine public.
B) La voie de fait :
C’est une notion ancienne qui s’est dégagée progressivement de la notion d’emprise.
Lorsque l’administration commet une illégalité son acte illégal ne perd pas son caractère
administratif qui entraine la compétence de l’ordre administratif. Mais lorsque cette irrégularité est
grave et grossière l’acte ne peut plus être rattaché a l’exercice de la fonction administrative, il est
dénaturé, on ne peut plus le qualifier d’acte administratif, il devient impossible a justifier, c’est un
acte hors la loi. On parle de « voie de fait » et non de « voie de droit ». L’acte est dénaturé. La
conséquence est que l’administration va perdre à son égard le privilège de juridiction. Le JJ devient
compétent.
La voie de fait : c’est une action matérielle de l’administration qui porte atteinte au droit de
propriété ou à une liberté fondamentale et qui est entachée d’une grande irrégularité. Il faut que
l’action administrative remplisse cette double condition :
- Atteinte à une liberté fondamentale ou à une propriété privée
- Irrégularité grossière
Une grave irrégularité qui ne met pas en cause les droits fondamentaux des individus reste
de la compétence du JA. L’atteinte peut concerner aussi bien la propriété mobilière qu’immobilière.
Le TC a considère que la mise en véhicule pour stationnement abusif a été détruit le jour même est
une atteinte au droit de propriété.
Affaire CARLIER, 1949 architecte qui critiqué la politique de restauration de l’Etat, pour
illustrer ces propos, il souhaite prendre une photo de la rénovation de l’église de chartes. La police
s’empare de ces photos sur ordre du préfet. Le TC considère que c’est une atteinte.
Dans l’affaire CARLIER l’administration est rancunière, et CARLIER critique une autre action
de l’administration, il est contre la restauration d’une cathédrale, il se présente devant la cathédrale
et se joint a un groupe de touristes pour visiter le clocher, sur ordre de l’architecte de l’Etat Carlier
s’est vu refuser la visite. Le C.E. n’a pas vu dans ce cas une voie de fait car il ne s’agit pas d’une
atteinte de liberté publique fondamentale en effet il s’agissait d’une atteinte à une simple faculté
étant donné que l’interdiction concernait l’entrée au clocher qui n’est pas un lieu de culte.
Ces deux conditions sont alternatives, l’acte doit être gravement irrégulier et non pas
simplement illégal. De ce point de vu on peut distinguer deux sortes de voie de fait. L’irrégularité
peut résulter de la décision juridique qui a été exécuté par l’administration (manque de droit) ou de
modalité d’exécution de la décision auxquelles l’administration a recouru (Manque de procédure).
- Voie de fait par manque de droit : Décision qui en elle même est
irrégulière, le TC s’est arrêté en 40 en disant que cette irrégularité est
réalise lorsque l’acte de l’administration est insusceptible de se
rattacher à l’application d’un texte légal ou réglementaire => arrêt du
4/06/40. Mais cette formule est insuffisante car n’est pas régie
seulement par le droit écrit. Il apparait une nouvelle définition par
l’affaire Carlier, il y a voie de fait lorsque l’acte est insusceptible de se
rattacher à l’exercice du pouvoir de l’administration. L’acte n’est
donc pas simplement illégal. Cette irrégularité plus grave fait penser à
une théorie qui est la théorie de l’inexistence des actes
administratifs. Un acte contraire au droit est un acte illégal mais
parfois lorsque l’acte est affecté d’un vice grave, l’acte est considéré
par le juge comme un acte nul et non avenu c’est à dire inexistant.
Cela a 3 intérêts :
pas de délai pour saisir le juge
tous les ordres de juridictions sont
habilités à reconnaitre cette
inexistence
l’acte inexistant doit être retiré par
l’administration à tout moment car
n’a pas fait naitre de droit.
Dans quel cas un acte peut être déclaré comme manifestement insusceptible de se rattacher à un
pouvoir ?
On distingue 2 situations :
Un acte de l’administration constitue une voie de
fait par manque de droit quand l’acte ne peut être
relié à aucune espèce de pouvoir administratif.
L’autorité a pris une mesure qui, par son objet,
s’écarte des attributions de l’administration toute
entière. Dans ce cas, on ne peut pas dire qu’il y a
utilisation illégale de l’acte administratif car il n’y a
pas du tout de compétence administrative. C.E.,
10 octobre 1969, Muselier, Muselier, amiral, avait
été pendant la WWII chef des Forces Françaises
Navales Libres. A Alger, il avait occupé les
fonctions de Préfet de police avec le général
Giraud. Muselier est mort à Toulon en 1965, or à
ce moment-là, le général De Gaulle était au
pouvoir, avec qui il avait eu des différends. Les
autorités maritimes, sur ordre supérieur, se sont
rendues au domicile de l’amiral et ont placé un
scellé sur une caisse de documents. Le C.E. a
estimé que c’était une voie de fait car les autorités
militaires avaient usurpé les pouvoirs propres au
Juge d’instruction de placer des scellés, aucune
autre administration n’en avait le pouvoir.
Il y a voie de fait pour les décisions administratives
portant atteinte aux libertés essentielles en
s’appuyant sur un motif étranger à celui prévu par
la loi. Cette jurisprudence s’applique surtout aux
décisions de polie administrative qui portent
atteinte aux libertés publiques sans motif d’ordre
public. La jurisprudence utilise une interprétation
différente, plus large. A la base du texte
administratif, il y a bien un texte mais l’application
de ce texte est exorbitante de celui-ci. TC, 8 avril
1935, Société du journal l’Action Française
L’autorité de police, dans un but préventif, a le
droit de saisir un journal quand celui-ci constitue
une menace à l’ordre public. Mais dans ce
contexte, la saisie n’était pas indispensable pour
assurer le maintien de l’ordre public. Eût égard à la
gravité de l’atteinte qui était ainsi portée à la
liberté de la presse, il s’agissait donc d’une voie de
fait.
- La voie de fait par manque de procédure : Dans ce cas, l’irrégularité
grossière résulte de l’exécution de la décision juridique. Par exemple
quand il y a exécution forcée d’une décision alors même que les
conditions d’exécution n’étaient pas satisfaites. TC, 2 décembre 1902,
Société immobilière Saint Just, l’exécution forcée est permise dans 3
hypothèses qui remontent au siècle dernier avec cet arrêt:
quand la loi l’a expressément prévu,
quand il y a urgence
quand il s’agit pour l’administration
d’imposer l’exécution d’une loi ou
d’un règlement qui n’a prévu aucune
sanction (pénale) à l’encontre des
parties qui ne les respecteraient pas
et même, s’y opposeraient.
La question s’est posée de savoir si on pouvait procéder à l’exécution
forcée d’une réquisition de logement. Le T.C. s’est aligné sur la
position de la Cour de cassation en estimant que les sanctions
pénales prévues par un texte de 1938 n’étaient pas applicables en cas
d’obstruction. A partir de là, le T.C. a estimé que l’administration
pouvait procéder à l’exécution forcée lorsque l’occupant du logement
s’y oppose.
Pour conclure sur le champ d’application de la théorie de la voie de fait, on peut faire 2
remarques : il arrive assez souvent que l’administration commette une double voie de fait,
notamment quand l’administration utilise l’exécution d’office pour faire respecter une décision qui en
elle-même constitue une voie de fait. L’exécution forcée est dans ce cas irrégulière par hypothèse, car
elle vise à imposer l’application d’un acte inexistant. Exemple : TC, 1935, Journal l’Action Française,
dans cette affaire, il y a eu double voie de fait :
- la décision de la saisie était en elle-même insusceptible de se
rattacher à un pouvoir administratif.
- De plus, cette décision a été exécutée. De même, dans les affaires
Carlier ou Muselier.
La compétence est justifiée par le fait que l’action de l’administration est dénaturée.
Puisque l’activité en cause litigieuse ne mérite plus le qualificatif d’administrative, la juridiction
judiciaire est compétente. Ce qui signifie que
- Le Juge judiciaire est compétent pour relever lui-même l’irrégularité
qui entache l’acte de l’administration ou l’exécution de l’acte. Il n’a
pas à demander au Juge administratif quelle est son appréciation. Il
n’y pas de question préjudicielle. Le Juge judiciaire est compétent car
par hypothèse, l’irrégularité est manifeste.
- Le Juge judiciaire est aussi seul compétent pour condamner , en
appliquant les règles du droit privé, l’administration à réparer les
dommages causés par la voie de fait.
- Le Juge judiciaire dispose de pouvoirs exceptionnels pour faire cesser
la voie de fait. Il peut adresser des injonctions à l’administration pour
mettre fin à la voie de fait. Par exemple, il peut ordonner l’expulsion
de l’administration d’un immeuble dont elle a pris possession de
manière irrégulière (TC, 17 mars 1949, Société RIVOLI-SEBASTOPOL),
ou bien lui ordonner d’interrompre des travaux. Ce sont des pouvoirs
qui permettent à la victime de la voie de fait d’obtenir satisfaction
rapidement. De plus, le Juge peut aussi avoir recours à l’astreinte
pour condamner l’administration à payer aussi longtemps qu’elle ne
se sera pas pliée à l’injonction qui lui a été adressée.
Le Juge judiciaire a donc une compétence entière pour faire face à une voie de fait
Pour conclure, cette ancienne théorie a été souvent critiquée en invoquant 2 arguments :
- la voie de fait est un élément de complication car elle rend plus
difficile pour le plaideur l’identification de son juge puisque la théorie
de la voie de fait déroge aux répartitions traditionnelles des
compétences. C’est un élément de complication inutile car le Juge
judiciaire n’est pas un meilleur gardien des libertés que le Juge
administratif. Cette théorie de la voie de fait mérite d’être maintenue
dès le moment où on a la conviction qu’elle permet aux victimes
d’agissements graves de l’administration de disposer d’un juge au
pouvoir étendu. Le jour où la juridiction administrative disposera de
pouvoirs aussi étendus, cette théorie sera sur le point de disparaître.
Or le législateur montre depuis quelques années la voie car le juge
administratif a reçu à la suite de plusieurs réformes législatives des
pouvoirs importants qui lui permettent d’agir vite et de façon efficace.
La loi du 8 février 1995 a accordé au Juge le pouvoir d’adresser à
l’administration des injonctions dans le cadre de l’exécution des
décisions de justice administrative. La loi du 30 juin 2000 a instauré
une nouvelle procédure de référé que l’on appelle le « référé-
liberté ». C’est le pouvoir accordé à la juridiction administrative de
faire cesser en urgence par toute mesure nécessaire les actes des
autorités administratives qui portent une atteinte grave et
manifestement illégale à une liberté fondamentale. Le T.C, 2000,
BOUSSADAR., dans la mise en œuvre de cette loi, a néanmoins
montré que la théorie de la voie de fait n’était pas remis en cause. Le
champ d’application de la procédure du référé-liberté n’est pas
identique, il est plus large. Mais en pratique, parce que le juge
administratif en a reçu le pouvoir, la théorie de la voie de fait a toutes
chances d’être de moins en moins utilisée.
C) L’emprise
La théorie de l’emprise remonte au XIXème siècle. Elle conduit à donner dans certains cas à
donner compétence à l’autorité judiciaire. Mais sa portée est plus limitée : elle se distingue par sa
notion. Une emprise peut être définie comme une prise de possession, régulière ou irrégulière par
l’administration d’une propriété immobilière privée.
La notion d’emprise est beaucoup plus restreinte que la notion de voie de fait. Elle
comporte 2 conditions :
- pour qu’il y ait emprise, il faut qu’il y ait atteinte à un droit réel
immobilier d’une personne privée. La théorie de l’emprise ne protège
donc pas la propriété mobilière, ce qui témoigne de l’état de
développement économique des structures du XIXème siècle (la vraie
valeur est celle de la terre, de l’immobilier). Une atteinte à un droit
de propriété artistique ou littéraire ne peut donc pas bénéficier de
l’emprise. Ces droits réels immobiliers se réduisent-ils aux droits
immobiliers ? La question a été en partie résolue par le TC, 4 juillet
1983, François contre commune de Lusigny, il s’agissait d’une
atteinte avec autorisation municipale portée à un tombeau dans un
cimetière. Or les cimetières relèvent du domaine public, et le domaine
public est imprescriptible, donc la concession d’un tombeau ne peut
pas être un droit de propriété privé. Le TC a cependant accepté
d’appliquer la théorie de l’emprise.
- Pour qu’il y ait emprise, il faut que l’atteinte reprochée à
l’administration constitue une véritable dépossession du propriétaire,
qu’il y ait eu occupation physique par l’administration. L’emprise
n’existera que si l’administration est véritablement entrée sur la
propriété, même si cette présence n’a été que provisoire ou partielle.
Si l’administration n’a porté atteinte que de l’extérieur à la jouissance
du particulier, on ne pourra pas parle d’emprise. La théorie ne
s’applique pas à un dommage causé à un particulier d’un ouvrage
public qui fonctionne de manière bruyante ou polluante. Il y a
emprise en revanche si l’administration vient capter une source sur
une propriété privée, ou bien implante une canalisation dans le sous-
sol d’un terrain privée, ou encore fait circuler ses véhicules sur une
allée privée. L’administration construit un barrage dont la mise en eau
noie une propriété privée : l’emprise est applicable.
Une emprise telle que définie, peut être régulière ou irrégulière. Or l’appréciation de ce
caractère régulier ou irrégulier de l’emprise est de la compétence exclusive du Juge administratif. En
effet, l’administration peut déposséder tout à fait légalement un propriétaire de son bien immobilier.
Certaines règles permettent à l’administration de mettre la main sur un bien immobilier de façon
définitive ou temporaire. L’emprise est irrégulière si l’acte juridique sur lequel elle s’est appuyée est
irrégulier, ou bien si l’emprise a été réalisée sans titre juridique préalable, ou bien encore si elle s’est
réalisée en discordance avec le titre juridique qui l’avait autorisé, soit que l’emprise ait été plus
étendue, soit qu’elle ait été plus longue. C’est au juge administratif d’apprécier l’irrégularité de
l’emprise. Si cette question se pose dans un procès devant le juge judiciaire, c’est une question
préjudicielle : le Juge ne peut pas la trancher lui-même. Il devra renvoyer la question devant l’autre
ordre.
Une fois réglée cette question de régularité, quel est le régime d’une emprise régulière ?
Le contentieux d’une emprise régulière relève du juge administratif. CE, 15 février 1961,
Werquin Etait en cause une réquisition de logement décidée par un maire de façon exceptionnelle en
se fondant sur ses pouvoirs de police municipale. Le Juge administratif a estimé qu’il appartenait au
maire d’indemniser le propriétaire pour cette emprise. Cette compétence du Juge administratif est
critiquable car pour le Conseil Constitutionnel, la compétence judiciaire pour indemniser un
propriétaire en cas de dépossession est un principe à valeur constitutionnelle. A cette compétence de
principe de l’ordre administratif, il est assez fréquent que la loi prévoit des dérogations. Lorsque la loi
met sur pied une procédure une dépossession d’immeuble, généralement, la loi charge l’ordre
judiciaire de son contentieux (contentieux de la réparation du préjudice entraîné par la
dépossession). Mais dans le silence de la loi, c’est le Juge administratif qui est compétent, car c’est un
procédé de puissance publique.
Si l’emprise est irrégulière, la théorie des emprises irrégulières vient donner compétence au
Juge judiciaire. Elle lui donne une compétence limitée à la réparation des dommages causés du fait de
l’emprise par l’administration. Le Juge judiciaire est en effet compétent pour réparer l’ensemble des
préjudices résultant de l’emprise irrégulière mais sa compétence ne va pas au delà. Le Juge judiciaire
ne peut pas, lui-même, reconnaitre l’irrégularité de l’emprise et il ne peut pas prononcer
d’injonctions ou d’astreintes pour faire cesser l’emprise. Cette règle résulte de la décision du TC, 17
mars 1949, Société « Hôtel du Vieux Beffroi ». Le Juge judiciaire ne peut pas lui-même déterminer le
caractère irrégulier de l’emprise et pas non plus adressé des injonctions à l’administration pour faire
cesser l’emprise. Il ne peut qu’ordonner la réparation des dommages.
Au total, on constate que l’emprise irrégulière se distingue de la voie de fait par sa notion
plus étroite, et en même temps, la notion est plus large par d’autres aspects car il n’est pas nécessaire
pour appliquer l’emprise que l’irrégularité soit grossière. Elle se distingue de la voie de fait car elle
donne moins de compétence et moins de pouvoir à l’autorité judiciaire. Il peut arriver, si l’atteinte
portée à la propriété immobilière est très grave, qu’elle constitue à la fois une voie de fait et une
emprise. Dans ce cas, on applique la théorie de la voie fait car les pouvoirs du juge judiciaire ne sont
pas limités face à une emprise.
2 variétés de questions accessoires sont en effet distinguées : les questions préalables et les
questions préjudicielles.
- Une question préalable : est une question accessoire que le juge saisi
du litige au fond peut lui-même résoudre.
- A l’inverse, une question préjudicielle est une question sur laquelle le
juge d’une question principale ne peut statuer, et qu’il doit renvoyer à
l’autre ordre de juridiction. Quand on est en présence de questions
préalables, on peut parler de concours de compétence puisque le
juge saisi du litige peut trancher un problème qui ne relève pas de sa
compétence mais de l’autre ordre de juridiction.
Devant le juge administratif, lorsque se présente une question accessoire relevant du juge
judiciaire (question d’état civil, contrat de location etc.…), le Juge administratif est obligé de renvoyer
les parties devant le juge judiciaire, elles sont toujours préjudicielles. Le caractère toujours préjudiciel
n’a pas pour effet d’interdire au JA de connaitre des règles de droit privé. Le JA est compétent quand
recours d’un acte administratif. Ex : arrêt canal, annulé l’ord de la cour militaire de justice, le CE
annule en raison de l’importance et la gravité que l’ord apportait du droit privé.
Par contre, c’est au bénéfice de l’ordre judiciaire que parfois l’on admet le concours de
compétence.
Quelles sont les questions accessoires que le juge judiciaire est susceptible de rencontrer au cours
d’un procès ?
Il y a question accessoire quand le juge judiciaire est conduit à s’interroger sur le sens, la
signification, l’interprétation d’un acte administratif, ou bien sur sa légalité. Cette question revêt d’un
caractère préalable et préjudiciel et lorsqu’elle revêt du préjudiciel, par l’intermédiaire du conflit peut
le JA interpréter l’acte. Il n’est pas douteux que seul le Juge administratif peut être saisi d’une action
principale tendant à obtenir un acte administratif. Mais lorsque la question de la légalité, ou du sens
d’un acte administratif se pose au Juge judiciaire, elle revêt tantôt un caractère préalable, tantôt un
caractère préjudiciel.
Pendant longtemps, les pouvoirs d’interprétation du juge pénal et du juge administratif ont
été identiques. La réforme du CP en 1992 a changé la donne. Ses pouvoirs d’interprétations sont
maintenant en fonction de la nature des actes administratifs dont l’interprétation est sollicitée. Il faut
regarder le caractère de l’acte réglementé.
Pour les actes réglementaires, la distinction juge pénal/civil ne joue pas. Les 2 juges sont
tout à fait compétents. TC, 16 juin 1923, Septfonds, Les Tribunaux judiciaires chargés de
l’interprétation d’actes réglementaires sont compétents pour en fixer le sens s’il se présente une
difficulté d’interprétation au cours d’un litige dont ils sont saisis. Le TC, en 1923, déclarait qu’un acte
administratif réglementaire participe à l’acte administratif car contient des dispositions générales et
complémentaires. Le TC, avant cela, pensait que le Juge judiciaire pouvait interpréter la loi.
Aujourd’hui, on peut expliquer ainsi : le Juge judiciaire n’a jamais été soupçonné de porter
atteinte au principe de la séparation des pouvoirs en interprétant les règles générales contenues dans
la loi. De même, le Juge judiciaire ne porte pas atteinte au principe de séparation des 2 juridictions en
interprétant les règles générales contenues dans un règlement d’administration. Pas perçu comme
une atteinte. Le JJ en interprétant un règlement ne porte pas atteinte au pp des autorités. Cette
compétence est une compétence G, elle vaut pour attribution des JJ G et spéciaux.
S’agissant des actes individuels de l’administration ou acte collectif (donc non
réglementaires), la règle est inverse, du moins pour le juge civil. Cette question est toujours
préjudicielle (Sauf depuis reforme du Code pénal pour le JP) devant le Juge civil, mais elle n’existe que
si les dispositions de l’acte sont obscures. Dès lors que l’acte est sans ambiguïté, on ne peut pas
surseoir à statuer. S’agissant du Juge pénal, la décision Septfonds avait refusé au Juge pénal la
possibilité. Mais l’article 111-5 CP « les juridictions pénales sont compétentes pour interpréter les
actes administratifs, réglementaires ou individuels, lorsque de cet examen dépend la solution du
procès pénal qui leur est soumis ».
Les pouvoir du Juge pénal ont toujours été dans ce domaine, supérieurs à ceux du Juge civil,
on peut invoquer 2 arguments :
- Argument pratique : on a toujours considéré qu’il était plus grave de
ralentir par le principe du mécanisme préjudiciel le cours de la justice
pénal que celui de la justice civile.
- Argument de texte : pour fonder le pouvoir du Juge pénal, on s’est
appuyé sur une formule apparue dès 1832 dans l’Art. 1171 CP (R26,
15èmment aujourd’hui) Cet article prévoyait de sanctionner les
contraventions aux règlements de police « légalement faits ». On a vu
dans ce texte l’illustration d’un principe général donnant au Juge le
pouvoir d’apprécier la régularité de tous les règlements de police.
Les pouvoirs du Juge pénal : Le TC avait défini la compétence du Juge pénal en se basant sur
la distinction des actes réglementaires et des actes non réglementaires. TC, 15 juillet 1951, Avranches
et Desmarets, le TC a défini la compétence du JP en se basant sur la distinction entre acte
réglementaire et individuel. La question de la légalité d’un acte individuel constituait toujours un
pouvoir du juge pénal. Le TC s’en est toujours tenu à cette jurisprudence alors que la CCass, ChCrim, a
retenu des solutions différentes.
C’est le législateur, en 1992 avec la réforme du Code pénal, qui met un terme à cette
divergence en reconnaissant un total pouvoir d’appréciation de la légalité des actes administratifs,
quels qu’ils soient : Art. 111-5 CP. Le TC avait défini la compétence du juge pénal en se basant sur la
distinction des actes réglementaires et des actes non réglementaires. Les JP sont compétents dès lors
que leur réponse dépend de la solution rendue.
CHAPITRE II
La sanction des règles de partage des
compétences:
le Tribunal des Conflits
Chacun des 2 ordres de juridictions a le pouvoir de se prononcer sur sa propre compétence.
Mais leur décision, sur un même dossier, peuvent se révéler contradictoires. Il y a donc un rôle
d’arbitrage pour les litiges inévitables dans un système dualiste.
A l’origine, durant les 75 premières années du XIXè, cette fonction d’arbitrage était assurée
par le Chef de l’Etat sur avis du C.E. Cette solution n’a pas survécu à la disparition de la justice
retenue. A la chute du second empire, la loi du 24 mai 1872, qui a décidé de donner au C.E le statut
d’une juridiction souveraine, a en même temps institué définitivement un Tribunal des Conflits.
Depuis lors, l’organisation de ce tribunal n’a pas été modifiée pour l’essentiel. On lui a donné une
composition strictement paritaire qui garantit une représentation rigoureusement équilibrée du C.E
et de la Cour de cassation, en nombre pair.
Le TC est présidé par le garde des sceaux, lequel n’intervient pas sauf dans les cas où il y a
partage de voix, il intervient pour vider le conflit. Depuis 1872, une dizaine de cas seulement ont
nécessité l’intervention du ministre de la justice (EX => arrêt BLANCO). Solution parfois compliquée
car suppose une question singulièrement complexe. Auprès du TC, il y a des commissaires du
gouvernement, nommés pour moitié parmi les membres de la Cour de cassation, et pour moitié
parmi les maîtres des requêtes du C.E. Dans son fonctionnement, le TC est assez proche du C.E, et il
siège d’ailleurs au Palais royal. Il rend des décisions, et non des arrêts ( 40/an).
Il va de soi qu’avant tout, le TC s’est vu confier la charge de régler les litiges de compétence
qu’engendrent de façon inéluctable tout système dualiste. L’expérience à toute fois montré qu’un
système dualiste engendre aussi des contradictions de fond graves car elles peuvent entrainer une
véritable injustice au fond car entraine un déni de justice. C’est pourquoi le législateur a aussi donné
compétence au TC pour juger le fond.
Section 1 : Les conflits de compétence
A sa création, en 1972, le TC s’est vu reconnaître le pouvoir de trancher les conflits de
compétence entre les 2 ordres => « conflits ouverts ». Au début de la Vème, on a élargi le mandat qui
lui avait été donné pour lui permettre de se prononcer sur des difficultés de compétence rencontrées
par les juridictions avant même que des conflits aient dégénéré : mission de prévention (à titre
préventif).
Cette analyse rationnelle est dans une certaine mesure remise en cause du fait de l’origine
historique de la séparation des autorités administratives et judiciaires. Elle ne correspond pas à la
réalité juridique.
A) Le conflit positif
1) Définition
Mais cette procédure du conflit positif, à titre exceptionnel, peut permettre de protéger des
intérêts privés. Notamment, dans le droit de la responsabilité : la victime d’un dommage causé par
une activité administrative doit évoquer la responsabilité personnelle de l’agent si le dommage est
imputable à une faute personnelle de l’agent. A l’inverse, il doit invoquer la responsabilité de
l’administration devant la juridiction administrative si son dommage est imputable à une faute de
service. L’administration doit normalement élever le conflit si le juge judiciaire retient sa compétence
alors qu’aucune faute personnelle n’a été commise. Dans cette hypothèse, l’élévation a comme effet
de substituer la responsabilité de l’administration à la responsabilité de l’agent. Mais la procédure
permet aussi d’assurer la défense de la compétence de la juridiction administrative.
On constate, en moyenne, une dizaine de cas de conflits positifs par an. Un encadrement a
été organisé pour éviter les manœuvres dilatoires de la part de l’administration. Seuls les préfets ont
le droit d’y recourir. Le préfet compétent est celui dans le département duquel siège le Tribunal
judiciaire saisi du litige en première instance. Les arrêtés de conflits sont donc toujours préfectoraux.
Le conflit ne peut pas être élevé à n’importe quelle juridiction judiciaire :
- le conflit ne peut jamais être élevé devant la Cour de cassation, car
celle ci est Juge de la légalité, et pas des faits.
- Il ne peut pas non plus être élevé devant les juridictions pénales, sauf
sur l’action civile.
- Enfin, il ne peut pas être élevé devant les juridictions judiciaires qui
n’ont pas de ministère public. Autrefois, il n’y avait pas de Parquet au
niveau des Tribunaux de commerce ou des Prud’hommes. Mais depuis
une réforme de l’organisation judiciaire, on a donné au Procureur de
la République la faculté d’exercer, en toute matière, le ministère
public, devant l’ensemble des juridictions judiciaires de premier
degré relevant de son ressort.
S’agissant des conditions relatives au moment, le conflit peut être élevé dès l’introduction
de l’instance mais il ne peut plus l’être si elle se clôt du fait des parties (désistement des parties), ou
quand la juridiction s’est définitivement prononcée sur le fond ou sur sa compétence.
En dernier lieu, la procédure du conflit est exclue au terme de l’article 136 CPP en matière
d’atteinte à la liberté individuelle sanctionnée pénalement (arrestations illégales, violations de
domicile). Cette précision est inutile pour l’action civile car le conflit est toujours impossible en
matière pénale. Elle n’a d’intérêt que dans la mesure où elle interdit aussi l’élévation du conflit sur
une action en réparation civile fondée sur de tels faits.
3) Le déroulement de la procédure
La procédure s’ouvre par l’envoi par le Préfet d’un mémoire au Ministère public de la
juridiction judiciaire saisie. Ce mémoire s’appelle un déclinatoire de compétence. Ce déclinatoire,
préalable obligatoire, développe les arguments qui conduisent l’autorité administrative à considérer
que le Juge judiciaire est incompétent. Le Ministère public, qui est le destinataire de ce document,
est tenu de transmettre au tribunal judiciaire, lequel doit se prononcer explicitement sur la question
de sa compétence.
- S’il se déclare incompétent, l’autorité administrative est satisfaite.
- Si le Tribunal judiciaire refuse de s’incliner en rendant un jugement
de compétence notifié au Préfet, celui-ci dispose de 15 jours pour
poursuivre la procédure, durant lesquels le Tribunal judiciaire ne peut
pas juger l’affaire. Le préfet peut alors élever le conflit en prenant un
arrêté de conflit qui provoque la saisine du TC. Le TC dispose de 3
mois pour se prononcer, durant lesquels la juridiction judiciaire ne
peut pas se prononcer sur le litige. Le TC dépasse souvent ce délai
mais la juridiction judiciaire prend patience.
Le TC peut confirmer l’arrêté de conflit, ce qui
dessaisit la juridiction judiciaire.
L’annuler au fond ou pour vice de procédure, si
le préfet n’a pas respecté l’une des conditions
(cf 2-).
Le TC peut aussi rendre une décision de non-
lieu à statuer si la juridiction judiciaire, après
les 3 mois dans lequel le TC doit se prononcer,
a jugé l’affaire.
B) Le conflit négatif
Il répond à des préoccupations bien différentes de celles du conflit positif. En effet, il a
toujours été analysé et conçu comme un outil de protection des justiciables contre le danger d’un
déni de justice qui résulterait d’une double décision d’incompétence de chacun des 2 ordres.
Cette double décision d’incompétence peut être parfois justifiée.
- Elle peut être justifiée, par exemple, si elle est motivée par la théorie
des actes de gouvernement.
- Elle peut être justifiée si les Tribunaux saisis n’étaient pas
territorialement incompétents.
Mais si cette double incompétence est le résultat d’une erreur de l’un des 2 ordres qui a
jugé à tort que le litige relevait de l’autre ordre, il faut donner au justiciable le moyen de trouver son
Juge. Dans ce cas, c’est le plaideur victime de ce déni de justice qui peut saisir lui-même directement
le TC. Il y a très peu de déni de justice (1/an). De plus, depuis un décret de 1960, on a quasiment
rendu impossible un conflit négatif, en mettant sur place un système préventif. Si els règles du
mécanisme préventif étaient bien respectées, les conflits négatifs ne devraient plus exister mais
méconnaissance de ce mécanisme.
A) Le renvoi obligatoire
C’est le renvoi obligatoire qui a été imaginé, conçu, pour empêcher le déclenchement d’un
conflit négatif. Une première juridiction s’est déclarée incompétente, par une décision qui n’est plus
susceptible de recours, déclarée incompétente en estimant que le litige relevait de l’autre ordre. Si la
juridiction de l’autre ordre à laquelle le litige a été par la suite soumis, considère que la première
juridiction saisie s’est trompée, elle ne peut plus rendre une décision d’incompétence. Avant 1960,
elle le pouvait et ne pouvait pas faire autrement. Mais le décret oblige la juridiction qui a été saisie
en 2ème temps à renvoyer, par un jugement motivé et ne pouvant faire l’objet d’aucun recours, la
question de compétence au TC. Donc, en pratique, sauf méconnaissance du décret, le conflit négatif
ne peut se produire que dans un « cas d’école » : celle où la première décision d’incompétence serait
encore susceptible de recours au moment où la seconde juridiction aurait à se prononcer. Il faudrait
que les plaideurs aient pratiquement engagé une procédure devant les deux ordres en même temps.
Ce renvoi obligatoire s’applique à toutes les juridictions quand les conditions de renvoi sont réunies.
B) Le renvoi facultatif
Cette procédure est réservée aux juridictions suprêmes : C.E. et Cour de cassation. Ces
juridictions peuvent toujours, par décision motivée, renvoyer au TC toute question « soulevant une
difficulté sérieuse dans l’application des règles de partage de compétence entre les 2 ordres de
juridictions ». Dans ce cas, le C.E. et la Cour de cassation sont habilités à se prononcer sur leur
capacité de compétence. Le décret de 1960 leur a donné la possibilité de ne pas statuer de façon
unilatérale pour éviter que de telles difficultés de compétence puissent dégénérer. Ce renvoi
facultatif a donc aussi une fonction préventive ; il est d’ailleurs souvent utilisé, notamment pour
l’affaire époux Barbier. Dans tous les cas, la juridiction qui a favorisé le renvoi doit sursoir à statuer
en attendant que le TC rende sa décision.
Pour résumer, l’existence du système de dualité de juridiction entraine ainsi des conflits et
la fonction première du TC est de régler ou empêcher ces conflits. Le système dualiste peut aussi
évoquer des contradictions de fond : le TC a aussi reçu mission d’y remédier.
Il se peut qu’il n’y ait pas les même parties (cf affaire Rosay). Ces conditions sont précises et
sévères et le TC a très rarement été saisi dans ce domaine.
Conclusion:
On pourrait souhaiter une extension des attributions du TC. Celui-ci n’a en effet que des
attributions juridictionnelles. Il serait opportun de lui confier l’élaboration chaque année d’un
rapport qui lui permettrait de suggérer au parlement les réformes nécessaires pour supprimer les
défauts les plus graves.
TITRE 3 :
Les recours contentieux
Le contrôle du Juge administratif qui s’effectue par le biais des recours contentieux. Un
recours est une voie de droit qui vise à obtenir une décision. 2 types de recours :
- Recours administratifs adressés à une autorité administrative et se
concluant par une administrative.
- Recours contentieux, intentés devant une juridiction, débouchant sur
un jugement.
S’agissant des contentieux, ce qui frappe c’est leur diversité : tout type de recours peuvent
être présentés, même s’ils n’ont pas tous les mêmes caractères ou formes. On les a donc regroupés
en catégories. La classification classique distingue 4 types de recours qualifiés des 4 branches du
contentieux administratif.
La distinction entre ces 2 contentieux présente des intérêts juridiques précis, nombreux,
dont on peut donner 2 ou 3 exemples. Parce que le REP vise à faire respecter la loi, il est beaucoup
plus ouvert que le recours de pleine-juridiction. Il suffit, pour que le recours soit recevable, d’avoir à
intérêt à agir. Alors que pour que leurs demandes soient recevables, les victimes des recours en
plein-contentieux doivent bénéficier d’un droit. Les règles de délai s’appliquent différemment selon
le contentieux, notamment en cas de silence de l’administration. La portée juridictionnelle est
différente :
- dans le plein-contentieux, les décisions prises par le Juge n’ont que
l’autorité relative : elles n’ont d’effets qu’à l’égard des parties en
présence.
- Dans le contentieux de l’excès de pouvoir, les décisions d’annulation
possèdent l’autorité absolue de chose jugée. Cette décision bénéficie
et s’impose à tous, pas seulement au requérant.
CHAPITRE 1 :
La procédure administrative contentieuse
Les règles de procédures contentieuses ne sont pas uniformes et constantes : elles peuvent
changer d’une juridiction à une autre ou d’un recours à l’autre. Cela s’explique que, pendant très
longtemps, les juridictions administratives n’ont pas été régies par un Code unique de procédure.
Mais un effort d’unification a été entrepris puisque depuis le 1 er janvier 2001 a été rédigé un Code de
Justice administratif unique. Il regroupe toutes les règles régissant les juridictions administratives de
droit commun : Tribunaux administratifs, Cours administratives d'appel, C.E. En revanche, il n’ya pas
les règles applicables aux juridictions spécialisées, ni celles applicables au TC.
Il y a cependant une limite à ce rôle moteur du Juge : il n’a pas le pouvoir de se saisir lui-
même, il est tenu par ce que les parties lui ont demandé.
B) La portée de la règle
D’application très générale: elle s’applique à tous les recours devant toutes les juridictions
administratives. Elle connaît des exceptions et des aménagements.
1) Les exceptions
Elles sont peu nombreuses, la plus importante concerne le contentieux des travaux publics.
En matière de travaux publics, elle ne s'applique ni dans le contentieux des travaux publics ni dans le
contentieux des dommages. Ce contentieux met en effet souvent en présence 2 parties privées. La
règle est également écartée dans le cadre de certaines procédures de référé. La règle est également
écartée dans le cadre des procédures d’urgence, de référés.
2) Les assouplissements
A) La durée du délai
Le délai d'introduction des recours contentieux est en principe un délai de 2 mois. Mais
certains textes ont prévu des délais dérogatoires, plus courts, voire inexistants.
Aucun délai ne s’applique dans tes travaux publics et à l’égard des actes administratifs
inexistants (nuls). Par ailleurs, il n’y a pas de délai dans l’hypothèse où le délai serait déclaré
inopposable. En vertu du Code, les délais ne sont opposables que s’ils ont été notifiés ainsi que les
voies de recours dans la notification de la décision administrative. Si l’administration a omis de le
dire, le délai est inopposable. Cette règle ne vaut que pour les décisions soumises à notification
(décisions individuelles).
Lorsque le délai s'applique, la règle est d'ordre public. Le Juge est tenu de relever lui-même
d'office la forclusion du recours. Depuis une réforme de 1983 intégrée dans le CJA, les délais de
recours contentieux ne sont opposables que s'ils ont été mentionnés par l'administration dans la
notification de sa décision. Cela ne vaut que pour les décisions individuelles. Si l'administration met
cette mention, le délai est inopposable, il ne court pas.
B) La prorogation du délai
a) La prorogation jurisprudentielle
Telle que conçue par la jurisprudence, la prorogation a un effet interruptif, c'est-à-dire que
le délai de recours recommence à s'écouler dans son intégralité. Bien sûr, le requérant ne peut
bénéficier de la prorogation qu'à la condition que l'évènement prorogatif se soit produit dans le délai
initial du recours. La jurisprudence a retenu plusieurs cas de prorogation:
- Le délai est prorogé par une demande d'aide juridictionnelle (si elle a
été déposée avant la fin du délai).
- Le délai de recours est prorogé par l'accomplissement par le
particulier d'un recours administratif préalable. La jurisprudence a
admis cette cause de prorogation pour favoriser la recherche d'une
solution amiable. Cela ne peut jouer qu'à la condition que ce recours
ait bien été exercé dans le délai initial de 2 mois. Depuis la loi du 12
avril 2000, lorsqu’une demande est adressée à une autorité
administrative incompétente, cette dernière à l’obligation de la
transmettre à l’autorité compétente et d’en informer l’intéressé. CE,
arrêt Brasseur du 25 janvier 1991, a étendu ce mécanisme en
estimant que la requête d'un particulier demandant à un Préfet
d'utiliser son pouvoir de déférer au Juge administratif l'acte d'une
autorité locale avait pour effet de proroger le délai du recours
contentieux contre cet acte. Cette prorogation ne peut jouer qu'une
fois (soit un recours préfectoral, soit un recours gracieux, mais pas
possible d'en cumuler les délais)
- Le délai est prorogé par la saisine d'une juridiction incompétente. Le
délai recommence à courir dès la notification du jugement
d'incompétence. La prorogation ne joue qu'une fois car errare
humanum est, diabolicum perseverare. Le cumul de prorogation est
en revanche possible avec un recours administratif préalable.
b) La prorogation légale
Il est arrivé qu'une loi intervienne pour décider que les délais de recours qui avaient expiré
pouvaient renaitre. La loi l'a prévu dans des périodes troublées: en juillet 1968 ou dans les périodes
de grève longue et dure du service des postes. Mais, surtout, le législateur a introduit des cas
permanents de prorogation qui s'appliquent dans des cas comparables aux prorogations
jurisprudentielles. La loi du 11 juillet 1979 est venue imposer à l'administration la motivation
expresse des décisions individuelles défavorables. Il y a un grave défaut dans le dispositif législatif:
l'administration ne s'est pas vue interdire de se prononcer implicitement. Or, logiquement, une
décision implicite ne peut pas être motivée expressément. Dans ce cas, la loi a donc prévu que
l'intéressé peut exiger la communication des motifs de la décision implicite et à condition que la
demande de motifs aient bien été formulée dans les 2 mois de la décision implicite. Le délai de
recours recommencera à courir à compter du jour où l'administration lui aura communiqué les
motifs.
Il est logique que le délai ne puisse courir à l'encontre d'un justiciable qu'à partir du
moment où celui-ci a été informé de la décision qu'il conteste. La question se pose différemment
selon qu'il s'agisse d'une décision expresse ou implicite.
b) Le terme du délai
Le délai de recours contentieux est un délai franc. On ne compte pas le jour d'échéance
(=dies ad quem). Le délai se calcule en mois, quel que soit le nombre de jours dans le mois.
Exemple: une décision notifiée le 4 mars à 17h30: le recours courra dès le 5 mars à 0h,
jusqu'au 5 mai à 24h.
Si le dernier jour est un dimanche, l’article 642 du CPC : « si jour est samedi, dimanche, jour
férié ou chômé, le recours peut être déposé le premier jour ouvrable qui suit ». Le Juge administratif
applique l'art du Code civil lorsque le jour d'échéance est un jour non ouvré, on peut encore déposer
la requête le jour ouvrable suivant. Le terme du délai peut être repoussé en application du système
du délai de distance. Au terme du code (article 643), le délai de recours est prolongé pour les
requérants qui habitent en dehors de la France métropolitaine, et qu'il s'agit de saisir une juridiction
métropolitaine. La prorogation est d'1 mois pour les DOM-TOM et de 2 mois pour ceux habitant à
l'étranger.
Pouvoirs d’autant plus nécessaires que la puissance publique bénéficie de l’effet exécutoire
des décisions administratives. Une administration a le pouvoir de prendre des actes exécutoires par
eux-mêmes. Ce privilège a d’ailleurs été expressément qualifié par le C.E. de « règle fondamentale du
droit public » (CE, HUGLO). Dès son émission, l’acte administratif modifie l’ordonnancement
juridique et le recours contentieux ne peut rien y changer. Cette règle s’imposait car si le recours
contentieux avait été suspensif, cela aurait eu pour effet de pousser les particuliers a
systématiquement contester pour bloquer l’administration. Il est donc nécessaire que le Juge
administratif ait le pouvoir d’agir vite. Ces deux pouvoirs s’étaient révélés insuffisamment efficaces,
notamment parce que le sursis à l’exécution des décisions administratives était soumis à des
conditions très restrictive dans l’ancien système et le prononcé du sursis était lent car ne pouvaient
être prononcé que par une juridiction collégiale. Tout le dispositif en matière de sursis comme en
matière de référé a été repris, simplifié, unifié par une loi du 30 juin 2000 relative au référé devant
les juridictions administratives.
- Cette loi a créé un Juge unique des référés
- L’ancien mécanisme du sursis à exécution a été intégré au référé
appelé référé suspension.
Si l’intégration du sursis dans le référé a permis d’unifier, il reste que les procédures sont
néanmoins multiples puisqu’il y a trois procédures de référés conditionnées par l’urgence et trois
autres non soumises à la condition d’urgence.
1) Décision exécutoire
On ne peut pas demander au Juge de suspendre une décision devenue caduque. Cette
condition avait conduit le Juge administratif, le C.E. à refuser que l’on puisse sursoir à l’exécution
d’une décision négative, d’une décision de rejet. Cette attitude du Juge administratif était
essentiellement fondée sur l’idée que prononcer le sursis d’une exécution négative revenait à
prononcer une injonction à l’administration. La loi de 2000 revient sur cette jurisprudence : l’article
L521-1 du CJA prévoit que le Juge peut suspendre une décision administrative, même de rejet. Si
l’administration refuse d’admettre un candidat à se présenter à un concours, le Juge peut suspendre
ce rejet.
Au delà de ces règles de base, pour que le Juge en vienne à suspendre une décision de
l’administration, encore faut-il satisfaire à deux conditions de fond :
- Le C.E. n’accordait auparavant le sursis que si la requête principale lui
paraissait fondée
- Et que si l’exécution de la décision était susceptible d’entrainer un
préjudice difficilement réparable
La loi de 2000 maintient deux conditions mais dont le libellé a changé pour inciter le Juge à
être plus libéral :
- Condition d’urgence : elle est venue se substituer à la condition
antérieure d’un préjudicie quasiment irréversible. Cette condition
autorise le Juge à une pratique beaucoup plus large. Dès le début de
l’année 2001, CE, 19 janvier 2001, Confédération nationale des
Radios Libres, la condition d’urgence est satisfaite lorsque la décision
administrative contestée préjudicie de manière suffisamment grave
et immédiate à un intérêt public, à al situation du requérant ou aux
intérêts qu’il entend défendre. Il en va ainsi alors même que la
décision n’aurait un objet ou des répercutions que purement financier
et que, en cas d’annulation de la décision, ces effets pourraient être
effacés par une réparation pécuniaire. De plus, par cette même
décision, le C.E. a donné la méthode que le Juge doit employer pour
apprécier l’urgence. une méthode qui fait penser à la théorie du bilan
coût/avantage (principe de proportionnalité). « il appartient au Juge
des référés d’apprécier concrètement compte tenu des justifications
fournies par le requérant si les effets de la décision sur la situation du
requérant sont de nature à caractériser une urgence » : le Juge doit
examiner le rapport qui s’établit entre la décision et ses effets et le
requérant dans sa situation personnelle. Une personne qui a fait des
faibles ressources sera mieux accueillie à demander la suspension
d’une décision qui a des conséquences pécuniaires.
- CE, 12 novembre 1938 : il faut qu’il y ait un moyen invoqué à l’appui
du recours dirigé contre l’acte de l’administration qui soit sérieux.
L’interprétation que le Juge donnait de cette formule le conduisait à
n’exiger le sursis que s’il était persuadé du bienfondé de la requête.
La loi de 2000 a formulé la condition : « il faut un moyen propre à
créer, en l’état de l’instruction un doute sérieux quand à la légalité de
la décision ». On n’exige plus un moyen fondé à obtenir l’annulation.
Mais lorsque ces conditions sont réunies, la loi a néanmoins maintenu la possibilité pour el
Juge de ne pas accorder la suspension. La loi a maintenu une jurisprudence du C.E. de 1976. Jusqu’en
1976, il était acquis que si els conditions étaient réunies, le sursis était de droit. le C.E. est venu
discrétionarisé un pouvoir du Juge que l’on estimait lier CE, 13 février 1976, association de
sauvegarde du quartier Notre Dame à Versailles. Si le C.E., confirmé par la loi de 2000, a ainsi
reconnu au Juge un pouvoir de refuser le sursis lorsque les conditions sont réunies c’est dans le but
de lui donner les moyens de refuser la demande lorsque el sursis compromet l’intérêt général. Dans
l’affaire de 1976, il s’agissait de la construction d’un nouveau Palais de Justice. Permis de construire
illégal et la condition du préjudice était satisfaite puisque c’est un ouvrage public donc ne se détruit
jamais. En dépit de l’illégalité et du caractère irréversible de l’exécution, le C.E. a refusé le sursis en
estimant que le fonctionnement de la Justice était majeur. Jurisprudence confirmée par la loi mais
critiquable parce que le premier devoir du Juge est de faire respecter la loi.
1) Le référé liberté
C’est une vraie création perçue comme essentielle. En vertu de l’article L521-2, « le Juge
des référés peut, en cas d’urgence, ordonner toutes les mesures nécessaires à la sauvegarde d’une
liberté fondamentale à laquelle une personne morale de droit public ou un organisme de droit privé
chargé de gérer un service public aurait porté une atteinte grave et manifestement illégale ».
Ce pouvoir de référé est subordonné à la réunion de la condition d’urgence (examinée en
tant que telle) et à la condition de sauver une liberté fondamentale menacée. Une liberté
fondamentale est une grande liberté. C’est au Juge d’apprécier et il a été relativement accueillant
dans la mise en œuvre de ce concept. Ont été rangées dans les libertés fondamentales la liberté
d’aller et de venir, liberté du commerce et d’industrie, le droit de participer à des compétitions
sportives ou encore le principe de libre administration des collectivités locales. En revanche, la
possibilité d’accéder au M2 n’est pas considérée comme une liberté fondamentale. L’atteinte doit
être manifestement illégale. TC, octobre 2000, BOUSSOUDAR, le champ d’application de la voie de
fait diffère assez sensiblement de la manière dont a été rédigé l’article L521-2. La voie de fait
préserve les libertés et la propriété contrairement au référé liberté.
2) Le référé conservatoire
C) Le référé provision
1988. un requérant qui détient une créance sur l’administration peut demander au Juge des
référés une provision sur les sommes dues à une collectivité mais sous certaines conditions :
condition de garantie et le principe de la dette publique ne doit pas être sérieusement contestable.
A la différence du CPC, il fallait que le recours soit sur el fond de la dette publique,
aujourd’hui supprimé car on constate que l’octroi par le Juge d’une provision facilite le transfert et le
règlement à l’amiable du litige.
Le décret du 7 janvier 2009 a changé la donne sur plusieurs points. Notamment parce que
les parties sont désormais mis en mesure de connaitre avant l’audience le sens des conclusions du
rapporteur public. Désormais, l’article R711-3 interdit donc au rapporteur de modifier le sens de ses
conclusions. Pendant l’audience, le décret permet aux parties de présenter de brèves observations
orales après l’intervention du Commissaire public. Enfin, le décret de 200ç a prévu une
expérimentation dans certaines juridictions qui consiste à modifier l’ordre de l’audience. Le
rapporteur public se prononcera avant les avocats et plus en dernier.
Après l’audition du rapporteur public, l’affaire est mise en délibéré. C’est au cours de ce
délibéré secret que la formation de jugement collégiale arrêtera sa décision dont la lecture devra
être fait en séance publique au début d’une audience ultérieure. A défaut de cela, la décision serait
irrégulière. La question de savoir si le Commissaire du gouvernement participe au délibéré a
beaucoup perturbé le C.E. CEDH, 7 juin 2001, KRESS c/ France, CEDH condamne la France car
participation au délibéré contraire au droit des justiciables à un procès équitable. Il continue à
assister mais il doit se taire : décret du 19 décembre 2005. Cette réforme purement formelle a été à
nouveau condamnée par CEDH, 12 avril 2006, MARTINIE c/ France, France conduite à préparer une
nouvelle réforme. Celle-ci s’est exprimée par un décret du 1 er aout 2006 : le rapporteur public, devant
les TA et CAA, exclus du délibéré. En revanche, au niveau du C.E., sauf demande contraire d’une
partie présentée par écrit, le Commissaire du gouvernement assiste mais n’y participe pas. Ce décret
a fait l’objet d’un REP et le C.E. a jugé que le décret était conforme aux exigences de l’article 6 de la
ConvEDH (CE, 25 mai 2007, arrêt COURTY).
S’agissant du fond, deux questions méritent qu’on s’y attarde : quels sont les pouvoirs du Juge et
quelle est l’autorité de sa décision ?
Cette décisions n’a pas plut au CE qui suggère une autre formule : le commissaire
continuera d’assister, mais sans prendre la parole. Un décret en ce sens fut pris en 2005.
Cette réforme a de nouveau condamné la France par un arrêt du 12 avril 2006 dans un
arrêt MARTINIE C/ France donc la France à de nouveau dû réformé cette participation du
commissaire et un décret du 1er aout 2006 contenant 2 séries de précisions :
- Le commissaire est définitivement exclu du délibéré en revanche au
niveau du CE sauf demande contraire d’une parti (demande faite par
écrit) le commissaire du gouvernement continu d’assister, mais il ne
prend pas part au débat. Ce décret a fait l’objet d’un recours pour
excès de pouvoir et le C.E. a jugé le décret parfaitement conforme à
l’article 6 de la convention de sauvegarde des droits et libertés
fondamentales, dans un arrêt COURTY.
- La décision doit être lue en séances publique sinon elle est
irrégulière.
Par des dérogations. En effet l’ultra petita est possible dans certains contentieux
particuliers, notamment dans les contentieux électoraux :
- Dans l’intérêt des partis le Juge administratif se reconnait le pouvoir
d’interpréter en les redressant, les demandes qui furent rédigées de
manières maladroites.
- Le Juge peut soulever lui-même l’autorité des arguments qui ne
furent pas soulevé par les partis s’il s’agit de moyens d’ordres publics.
Ex : dans tous les types de contentieux on va toujours retrouver les
moyens de l’incompétence, ou bien, le caractère inapplicable d’une
loi.
Cette interdiction faite au Juge administratif fut longtemps interprétée très largement car le
C.E. en avait tiré la conclusion qu’il ne pouvait pas par principe surseoir à l’exécution d’une décision
négative de l’administration car ce la revenait à prononcer une injonction, mais ce fut écarté par la loi
de juin 2000.
A l’égard de l’administration le Juge administratif c’était reconnu depuis longtemps le
pouvoir de faire à l’administration des injonctions de procédures. En cours d’instruction le Juge
administratif s’est reconnu le pouvoir d’ordonner à l’administration de produire tel dossier, de
fournir tel document, c’est ce que le Juge administratif avait fait dans l’arrêt BAREL.
Ce pouvoir d’injonction dans la procédure administrative fut élargit à l’hypothèse de l’exécution des
décisions de justice et si ce pouvoir fut élargit, c’est du fait du législateur, par 2 réformes
importantes :
- La loi du 8 février 1995 qui donne formellement aux Juridictions
administratives le pouvoir d’injonction dans le cadre de l’exécution
des décisions de Justice administrative. Pour exécuter les décisions
de Justice administrative, le Juge peut ordonner.
- La loi du 30 juin 2000 sur les référés a donné un pouvoir d’injonction
au Juge administratif dans le cadre du référé liberté.
En vertu de l’article 1351 du code civil, la reconnaissance de cette autorité de la chose jugée est
soumise à 3 conditions d’identité :
- Identité de partie : L’autorité de la chose jugée n’est opposable
qu’aux partis qui ont figuré dans l’instance.
- Identité d’objet : A l’ égard d’une demande ayant le même objet.
- Identité de cause : Elle n’est opposable qu’à l’égard de la même
cause.
Mais par exception, les décisions d’annulation du Juge pour excès de pouvoir, possèdent
l’autorité absolue de la chose jugée et bénéficie à tous, et pas seulement aux partis, elles ont autorité
erga omnes.
Cette autorité, relative ou absolue, emporte obligation de les exécuter. L’administration
doit prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer l’exécution des décisions du Juge
administratif, pour appliquer le jugement. L’administration empêchant l’application du jugement
viole l’autorité de la chose jugée et commet un excès de pouvoir, et donc commet en même temps
une faute qui engage sa responsabilité. Une règle fondamentale du droit public vient contrarier cette
obligation : l’application par l’administration est toujours une application volontaire.
L’exécution par l’administration des décisions de justice est une exécution qui est toujours
volontaire il faut s’en remettre à la bonne volonté de l’administration. On doit faire confiance car
l’administration est, par principe, de bonne foi et cela car il n’existe pas de voie de contrainte,
d’exécution à l’encontre des personnes morales de droit publique, y compris les EPIC (arrêt BRGM du
21/12/1987). Le Juge administratif ne peut recourir à des mesures de contraintes, de force contre
l’administration et contre les biens de l’administration et tous les biens.
1) La prévention de l’inexécution
Les requérants qui se heurtent à une difficulté d’inexécution par l’administration des
décisions obtenues, peuvent appeler à l’aide l’administration. Tout requérant qui n’a pas pu obtenir
dans un délai de 3 mois la décision de Justice à son profit peut saisir la Section du Rapport et des
Etudes qui doit dialoguer avec l’administration pour régler l’affaire.
En deuxième lieu, le Juge administratif, si le requérant l’a demandé, peut prononcer en vue
de garantir l’exécution des injonctions (loi du 8 février 1995). Si le requérant l’a demandé, le Juge
administratif peut prononcer des injonctions.
2) La sanction de l'inexécution
b) Le mécanisme de l’astreinte
S'agissant des décisions du Juge de l'excès pouvoir, la loi de 1980 a introduit un mécanisme
qui avait toujours été refusé avant : l'astreinte. La loi de 1980 prévoit que l'astreinte peut être
utilisée pour assurer l'exécution de n'importe quelle décision administrative mais, dans la mesure où
les dispositifs spécifiques concernant les dispositions pécuniaires sont efficaces, le recours à
l'astreinte est inutile.
Une astreinte est une condamnation au paiement d'une somme d'argent fixé par unité de
temps (par jour de retard en général) aussi longtemps que l'obligation d'exécuter le jugement n'aura
pas été respectée. La loi de 1980 a prévu qu'en cas d'inexécution d'une décision (ou d'une décision
partielle), le Juge administratif peut désormais, sur requête du justiciable, ou même d'office,
prononcer une astreinte à l’encontre de la collectivité publique. La loi de 1980 avait réservé le
pouvoir d'astreinte au C.E., et le dispositif a ensuite été déconcentré car les CAA et les TA ont
également ce pouvoir.
L'astreinte ne concernait au départ que les personnes publiques. Le mécanisme de la loi
comportait une lacune car il se pouvait que ce soit une personne privée qui se refuse à exécuter une
décision administrative. C'est une loi de 1986 qui a permis d'élargir l'astreinte à des personnes
privées chargées de la gestion d'un service public.
Dans un arrêt CE, 1er juillet 2001, ministre de la défense C/ Préaud, le CE a pu écarter une
loi de validation jugée incompatible avec la CSDH, en application de la jurisprudence Nicolo. CE, 8
février 2007, Gardedieu est même allé jusqu'à engager la responsabilité de l'état pour le préjudice
causé par le non-respect par une loi de validation de la CEDH.
I - L'appel
L'appel est la voie de réformation qui peut être utilisé de façon générale contre les
décisions prises par toute juridiction statuant en 1er ressort. Devenu important à partir de 1953. Le
C.E. l'est resté dans certains cas, et l'on rencontre d'autres Juges d'appel dans les juridictions
administratives spécialisées (la Cour des comptes est Juge d'appel des décisions rendues par les Cours
régionales des comptes; en matière disciplinaire, le Conseil National de l'Enseignement Supérieur et
de la Recherche est Juge d'appel des décisions prises par les universités; le CN de l'Ordre des
Médecins est Juge d'appel des décisions des centre régionaux de l'ordre des médecins). Toute décision
rendue en premier ressort par une juridiction administrative peut faire l'objet d'un appel.
Régime de l'appel: sauf texte contraire (rarissime), l'appel n'est pas suspensif. Mais le Juge
d'appel peut, comme pour les décisions administratives, suspendre l'exécution du jugement du Juge
du premier degré, en s'appuyant sur les conditions de la procédure du référé-suspension.
L'appel a d'abord un effet dévolutif. Le Juge d'appel, dans les limites de ce qui lui est
demandé, va juger une seconde fois le litige. Il va le juger avec les mêmes pouvoirs que le Juge du
premier degré. Par définition, le Juge d'appel saisi par l'effet dévolutif, tranche le litige.
Il arrive que le Juge d'appel, après avoir réglé la/les questions de droit soulevées par l'appel,
renvoie l'affaire au Juge du premier degré pour statuer sur les questions de fait si l'appréciation des
faits nécessite un complément d'instruction. Ce jeu de renvoi ralentit la Justice, et c'est pour cela que
le juge d'appel et obligé de statuer.
Le Juge d'appel dispose du pouvoir d'évocation. C'est le pouvoir de statuer sur le fond d'un
litige sans avoir été saisi par le mécanisme dévolutif. L'évocation vise le cas où le Juge du premier
degré ne s'est pas prononcé sur le fond. Si ce jugement d'incompétence rendu en première instance
est frappé d'appel et que le Juge d'appel l'annule, l'effet dévolutif ne peut pas jouer pour le fond de
l'affaire puisque celui-ci n'a pas été traité.
- Par dérogation à la règle du double degré de juridiction, le
mécanisme de l'évocation permet au Juge d'appel, s'il le veut, de
statuer sur le fond, à condition que l'affaire soit en état d'être jugée,
et que les parties ont consenti à ce que le fond soit jugé par le Juge
d'appel.
- Dans un souci de rapidité de la Justice, le C.E. a élargi les possibilités
d'évocation par le Juge d'appel puisqu'il admet à l'heure actuelle
l'évocation, même si l'appelant principal s'y oppose. Il suffit que l'une
des parties ait effectivement demandé au Juge d'appel de statuer au
fond. Si aucune partie ne l'a demandée (c'est-à-dire qu'aucune partie
n'a déposé de conclusions sur le fond), l'évocation est interdite sinon,
il y aurait violation de la règle ultra petita.
II - Le pourvoi en cassation
En tant que recours en réformation, le pourvoir en cassation s'oppose à l'appel en ce qu'il
ne constitue pas un degré supplémentaire de juridiction. Le Juge de cassation n'examine pas une fois
de plus le litige, il ne va pas le rejuger. Il se borne à examiner la légalité du jugement attaqué. Cela
explique que le pourvoi en cassation ne soit possible qu'à l'encontre des décisions de Justice rendues
en dernier ressort. Cela montre bien que le Juge de cassation n'est pas un Juge en 2 nd ressort.
Le pourvoi en cassation s'exerce exclusivement devant le C.E. A l'égard des décisions de
Justice, le recours en cassation est toujours ouvert, même dans le silence de la loi. Il est le recours de
droit commun contre les décisions de justice administrative.
- Cela résulte de l'arrêt CE, 7 février 1947, D'AILLIERES : l'idée est que,
faute de pouvoir s'adresser à un Juge d'appel, dont le contrôle est
nécessairement plus approfondi, le justiciable doit au moins disposer
du recours en cassation.
- CC, 14 mai 1980 :"Le pourvoi en cassation est une garantie
fondamentale pour les justiciables dont seule la loi, en vertu de l'art
34 de la Constitution, peut fixer les règles".
Le pourvoi en cassation ne peut être formé qu'à l'encontre des décisions juridictionnelles
rendues en dernier ressort, et à ce titre, insusceptibles de tout autre recours. Depuis la loi du 30 juin
2000, les mesures d'urgence du juge des référés sont rendues en premier et dernier ressort. Le
pourvoi en cassation n'est ouvert qu'aux personnes ayant été parties ou ayant été représentées
devant le Juge du fond et ayant un intérêt à la cassation. Comme en appel, le défendeur peut
introduire un recours incident. Le délai habituel est de 2 mois à partir de la décision de justice que
l'on veut attaquer. En principe, le pourvoi en cassation doit être présenté par un avocat et plus
particulièrement l'un des avocats au conseil. Le recours en cassation n'est pas suspensif de
l'exécution du jugement attaqué mais le C.E. peut suspendre l'exécution de la décision judiciaire.
Du fait de la réforme de 1987 qui a créé les CAA, le pourvoi en cassation est devenu le titre
de saisine du C.E. le plus important. Le C.E. a craint d'être submergé par les pourvois en cassation.
C’est pourquoi la loi du 31 décembre 1987 a organisé, à l'imitation de ce qu'on rencontre à l'étranger
et de la Chambre des requêtes de la Cour de cassation désormais disparue, une procédure de
filtrage. C’est une procédure préalable à l'admission des procédures de pourvoi. Au terme d'une
procédure simple et rapide, le C.E. peut, par décision juridictionnelle, refuser les pourvois qui ne
seraient pas recevables ou seraient fondés sur aucun moyen sérieux. Pour éviter tout arbitraire, la loi
prévoit que le C.E. ne peut agir ainsi que si l'irrecevabilité est manifeste ou si l'absence de moyens
sérieux est évidente. Cette procédure d'admission préalable est confiée à une formation
spécialement instituée au sein du C.E.: la commission d'admission.
Tout le pourvoi en cassation est transmis au président de la commission d'admission. S'il
estime que le pourvoi est recevable, il transmet à la section du contentieux. Mais si le président de la
commission d'admission doit être refusée, la commission est saisie, et après avoir écouté l'avocat qui
présente l'avocat et les conclusions du commissaire du gouvernement, c'est la commission qui
décider de l'admission du pourvoi par une décision motivée. La commission peut prononcer une
amende pour pourvoir abusif. En moyenne, les 2/3 des pourvois en cassation ne passe pas!
Le recours en cassation a longtemps été confondu avec le REP. En effet, c'est aussi un
recours en annulation. La distinction ne s'est faite clairement qu'à la fin du XIXème siècle. Le recours
en cassation concerne l'annulation des décisions juridictionnelles alors que le REP concerne les
annulations des décisions administratives. Les cas d'ouverture se rapprochent fortement des moyens
d'annulation des actes administratifs.
Moyens de cassation:
- L'incompétence de la juridiction (moyen le plus important)
- Le vice de forme (exemple: toute décision doit être motivée
suffisamment, c'est une obligation de forme, non-respect des droits
de la défense)
- La violation de la loi (depuis 1913), qui couvre le cas où le Juge
"inférieur" a directement méconnu une règle de droit, et le cas où il
a connu une erreur de fait.
A l'origine, le CE en tant que Juge de cassation
se refusait à connaître de l'erreur de fait. Mais
cherchant à renforcer son contrôle,
notamment sur les juridictions spécialisées, le
C.E. a dépassé cette attitude initiale de refus, et
il a ainsi fait évoluer la ligne de partage entre le
fait et le droit, pour aboutir à un équilibre.
A l'heure actuelle, le C.E. en tant que Juge de
cassation, contrôle l'exactitude matérielle des
faits. Ce contrôle de l'exactitude matérielle des
faits n'est effectué que sur la base des dossiers
qui avaient été soumis au juge du fond.
Le C.E. contrôle ensuite la qualification juridique des faits: les faits retenus par le Juge du
fonds sont-ils de nature à justifier juridiquement la décision en question?
En revanche, le C.E. en tant que Juge de cassation ne contrôle pas l'appréciation des faits,
opérée par le Juge du fond (appréciation souveraine des Juges du fond). Mais l'opposition entre
qualification des faits et appréciation des faits est difficile à caractériser, ce partage reste flou et c'est
le résultat d'une politique jurisprudentielle nuancée. En effet, le C.E. se pose une question: "quelle
est la marge de liberté de jugement qu'il faut laisser aux juges du fond?" En fait, cela dépend de la
confiance que fait le C.E. à la juridiction qui a jugé au fond.
Le C.E. a toujours refusé comme moyen le détournement de pouvoir.
CHAPITRE II
Le recours pour excès de pouvoir
C'est un recours par lequel un requérant demande au Juge administratif l'annulation d'un
acte administratif pour violation de la règle de droit. Cette définition appelle quelques observations
préalables. C'est un recours porté devant le Juge, donc un recours contentieux. Pourtant, le REP n'a
pas toujours possédé ce caractère contentieux. Historiquement, le REP tire son origine du recours
administratif hiérarchique organisé sous la révolution par la Constituante.
C'est un recours qui relève du contentieux de l'annulation. Dans la mesure où il s'y rattache,
le REP présente essentiellement un caractère objectif. Il vise à l'annulation d'un acte et pas à la
condamnation de l'administration. C'est un procès intenté à un acte. LA FERRIERE disait que dans une
instance d'excès de pouvoir, l'administration n'est pas le défendeur, mais le défenseur de l'acte. En
ce sens, le REP est plutôt objectif. Ce recours n'est en fait ouvert qu'au requérant ayant un intérêt
personnel, il y a donc aussi un aspect subjectif, au moins dans les conditions d'accès au recours.
Le REP est un recours de droit commun: il peut être exercé contre tous les actes de
l'administration. L'existence du REP constitue un véritable PGD. L'administration ne peut donc pas
prévoir que certains de ses actes seront insusceptibles de REP, car sinon elle violerait un PGD. Seule
la loi peut écarter le REP, encore faut-il que cette exclusion législative soit explicite. CE, 1950,
Ministre de l'agriculture c/Dame Lamotte: dans cette décision, le CE a estimé qu'une disposition
législative qui avait prévu que certains actes déterminés de l'administration "ne pouvait faire l'objet
d'aucun recours" ne comprenait pas le recours POUR EXCES DE POUVOIR. Le REP est essentiellement
l'œuvre du C.E qui a agi dans 2 directions:
- Il a progressivement accru son contrôle, puisqu’à l'origine, il ne
contrôlait que la légalité
- 2ème orientation: le C.E. a de plus en plus assoupli les conditions de
recevabilité du recours.
Section 1 : Les conditions de recevabilité du REP
I – Conditions de forme et de délai
Ce sont des conditions limitées.
B) S’agissant du délai
Il faut distinguer le cas des décisions expresses et implicites.
- Pour les décisions expresses, le recours doit être formé dans les deux
mois de la notification ou la publication de la décision critiquée. Si la
mention ne figure pas dans le recours, le délai est inopposable.
- En matière de décision implicite, le délai de recours est un délai de
deux mois suivant les deux mois de silence de l’administration. Pour
préserver les droits des administrés, l’administration doit accuser de
réception de la demande dans lequel l’administration doit préciser le
délai à l’expiration duquel, si l’administration n’a pas répondu, la
décision vaut rejet.
Elle doit aussi préciser les délais et voies de recours contre la décision tacite de rejet. Si
l’administration n’a pas produit cet accusé, le recours pourra être exercé sans délai. Mention
obligatoire le délai au bout du quel il sera rejeté. Transmission de cet accusé qui fait courir les délais
en question, s’il n’est pas transmis avec toutes les mentions obligatoire, il est illégal. Une fois le délai
expiré, le REP n’est plus recevable. Si l’acte n’est pas entaché d’une simple illégalité mais d’une
irrégularité telle que l’acte apparait inexistant, l’expiration du délai de recours n’interdit pas de saisir
le juge pour faire déclarer cet acte inexistant.
Si l’acte illégal et donc fautif a causé un préjudice, la victime qui a laissé passer le délai de
recours contre l’acte, peut toujours demander réparation à l’administration et dans les deux mois de
la réponse, elle peut saisir le juge pour un recours en indemnité. Si dans le plein contentieux l’adm
ne répond pas au bout de 2 mois, rejet.
Après l’expiration du délai, il reste toujours possible d’invoquer par voie d’exception,
l’illégalité d’un règlement de l’administration pour obtenir l’annulation par le JA des actes individuels
d’application du règlement => Mécanisme d’exception d’illégalité. Ce mécanisme fonctionne aussi
devant le Juge Pénal. Par exemple le CE dans les années 80 a été saisit d’une affaire, le
gouvernement avait pris un décret qui soumettait le mariage d’un diplomate français au Ministre des
Affaires Etrangères : un diplomate a voulu se marier avec une Bulgare, et le Ministre a refusé et le
diplomate a attaqué cette décision individuelle du ministre en invoquant l’illégalité de l’acte individuel
sur le fondement de l’illégalité du décret, il considérait que ce décret était du domaine de la loi, et le
CE lui a donné raison.
De plus, lorsqu’une décision d’une juridiction administrative a prononcé l’annulation d’un
acte individuel de l’administration pour un motif tiré de l’illégalité du règlement, l’administration est
tenue , en dépit de l’expiration du délai de recours, de faire droit (accepter) toute demande d’un
administré ayant le même objet et fondée sur le même argument.
Un décret de 1983 a posé le principe de l’obligation pour l’administration d’accepter toute
demande tendant à l’abrogation d’un règlement illégal. Cette formule signifie qu’il n’y a plus de
conditions de délai pour demander l’abrogation d’un règlement qui était illégal au moment où il a été
pris par l’administration => le CE, dans l’arrêt « Compagnie Alitalia » de 1989, a confirmé la légalité
de ce décret.
En dernier lieu, au terme d’une jurisprudence ancienne « Despujol », 10 janvier 1930, le JA
estime que lorsque les circonstances de fait ou de droit qui avait motivé l’intervention d’un
règlement, changent ultérieurement, tout intéressé peut demander à l’administration de modifier
et même d’abroger ce règlement et le décret de 1983 impose à l’administration de faire droit à la
demande. Cela montre que la demande d’abrogation peut être formée sans délai.
A) Nécessité d’un AA
En principe, le REP ne peut viser que les actes unilatéraux d’une autorité administrative française.
- Le REP n’est recevable qu’à l’encontre d’un acte juridique, on ne
peut pas attaquer un acte matériel, une action de l’administration,
opération administrative, un comportement, par ex : une copie
d’examen mais on peut attaquer la décision du jury au vu des
épreuves.
- Le REP est essentiellement dirigé contre les actes des personnes
publiques mais accessoirement peut être aussi formé contre
certains actes des personnes privées : à certaines conditions, l’acte
administratif peut émaner d’une personne privée gérant un SP
(administratif ou industriel et commercial) => arrêt Monpeurt : on ne
s’intéresse plus à la fonction exercée que la qualité publique ou
privée de la personne qui a pris l’acte + arrêt époux barbier 68.
- Le REP ne peut pas être exercé à l’encontre de tous les actes des
personnes publiques, encore faut-il que la personne publique ait agi
en tant qu’autorité administrative.
C’est ce qui conduit à exclure du REP les actes législatifs ou réglementaires, intervenant
dans le fonctionnement de la justice judiciaire, les actes de gouvernement, ou encore les actes des
autorités administratives étrangères ou internationales.
- Par principe, le REP est réservé aux AAU, donc il est exclu en matière
de contrat. Si le contrat est administratif, sa validité peut être mise
en cause mais par un autre recours réservé aux contrats
administratifs.
Cette condition entraine le fait que tous les actes qui n’ont pas ou plus d’effets de droit sont
insusceptibles de REP :
- Il y a d’abord des actes purement indicatifs (simples renseignement,
opinions, communiqué de presse, réponse d’un ministre à une Q de
parlementaire) donc on ne peut pas les attaquer
- Il y aussi tous les actes préparatoires qui interviennent dans la
procédure d’élaboration des actes de l’administration (projet,
proposition, une demande d’avis, …).
- Le recours est irrecevable contre les actes qui ont été retirés/
annulés par l’administration, ils n’ont plus d’effet de droit, de même
pour les actes abrogés à condition que ce dernier n’ait pas reçu
d’application.
- Echappent au recours les actes confirmatifs qui se bornent à
rappeler une décision antérieure sans rien y ajouter ou les actes qui
suivent une décision pour en assurer l’application sans rien ajouter.
Ex : on ne peut pas attaquer l’interprétation que donne
l’administration d’un acte, on ne peut pas attaquer la notification
d’un acte.
- De même, échappent au REP les circulaires. Depuis l’arrêt de 2002
« Duvignères », le C.E. a abandonné sa distinction en disant que les
circulaires impératives uniquement font grief. Les circulaires
administratives ne peuvent s’appliquer que si elles figurent sur un
site internet qui assure une information générale, depuis le 1 er mai
2009.
- Enfin, le recours est irrecevable à l’encontre des MOI , qui le plus
souvent, sont destinées à garantir le respect de la discipline par les
usagers ou agents dans certains SP. Cette notion de MOI se restreint
dans les régimes pénitentiaires.
- Arrêt récent => Une inscription sur le répertoire d’un détenue
particulièrement dangereux est susceptible porter atteinte sur ces
droits, ainsi susceptible de REP.
Constituent des actes faisant grief l’ensemble des décisions exécutoires : la notion de
décision faisant grief a un champ plus large que la notion de décision exécutoire. En effet des actes
faisant grief ne présentent pas le caractère de décision exécutoire (=> susceptible d’exécution). Ex :
on demande un permis de construire, l’administration dit qu’elle ne peut pas répondre car attente
d’un plan, donc l’administration prend la décision de sursit à statuer, elle n’est pas exécutoire mais
susceptible de faire grief.
A) La capacité du requérant
Le requérant doit avoir la capacité juridique d’agir en justice : Capable d’ester en justice.
Il doit remplir les règles du droit civil s’agissant des personnes :
- Ainsi un enfant mineur n’est pas recevable, il doit être représenté par
ses parents. Si l’enfant devient majeur en cours de procédure, les
parents ne pourront plus le représenter légalement.
- Un majeur incapable, est également irrecevable, sauf contre la
décision qui touche leur liberté individuelle.
Le JA témoigne d’un grand libéralisme dans l’application des règles de capacité en matière
de REP, de même concernant les recours pour les personnes morales, notamment en matière de
recours des associations qui ne sont pas déclarées et donc n’ont pas la personnalité juridique : elles
sont néanmoins recevables à attaquer un acte qui atteindrait les intérêts qu’elles se sont donnés à
défendre. Une association dissoute, qui a donc perdu sa personnalité juridique, elle pourra quand
même attaquer la décision de dissolution par un REP.
B) L’intérêt du requérant
Le requérant doit justifier d'un intérêt à l'annulation de l'acte.
C'est une condition qui a priori peut étonner, le recours pour excès de pouvoir étant un
recours objectif (puisque sa finalité, c'est de sanctionner la violation de la règle de droit par un acte
administratif) et non pas subjectif (il n’a pas a justifier de l’atteinte à un droit particulier).
Le recours pour excès de pouvoir devrait être une action populaire, action ouverte,
utilisable par tous. MAIS Le Conseil d'Etat ne l'a jamais voulu, pour d'évidentes raisons pratiques,
pour éviter d'être débordé.
Le Conseil d'Etat a donc opté pour une solution intermédiaire : il faut que le requérant est
un intérêt caractérisé et non un droit.
Le Conseil d'Etat interprète de façon de plus en plus large l'intérêt, extension croissante de
la condition. Ainsi il élargie le cercle des intérêts, il élargit son prétoire.
Par exemple : les actes qui interviennent dans la préparation (régime, date,...) d'un
concours, peuvent faire un recours, toutes les personnes remplissant les conditions pour participer au
concours. Après le concours, en cas de refus d'inscription, seul le candidat évincé peut faire un
recours, car lui seul a intérêt. Seul les candidats ayant EFFECTIVEMENT participé au concours, (ne
concerne pas ceux qui ne sont pas venu) peuvent critiquer les décisions du jury.
Qui a intérêt à contester devant le juge, les décisions qui ont une incidence sur les finances de la
collectivité publique ?
Pendant longtemps le CE refuse, puis progressivement, le Conseil d'Etat a élargit le cercle
d'intérêt, dans l'arrêt Casanova du 29 mars 1901. Le Conseil d'Etat a admis qu'un contribuable
communal, départemental (1911), pouvait faire un recours. En revanche cela a été refusé pour le
contribuable national, pour éviter que l'on attaque tout et n'importe quoi.
A priori, on pense que les intérêts personnels sont d'ordre matériel. Mais le C.E admet les
REP fondés sur la défense d'intérêts purement moraux. C'est ainsi qu'une association familiale est
recevable à attaquer le refus d'un maire d'interdire dans sa ville la projection d'un film qu'il estimerait
trop violent. De même, une ligue de lutte contre l'alcoolisme est recevable à contester une
autorisation d'ouverture de débit de boissons. Il peut arriver que l'intérêt matériel défendu soit
immoral => arrêt Dames Dol et Laurent.
L’intérêt collectif se manifeste essentiellement à l'occasion des recours intentés par les
groupements, associations, syndicats,...
La notion d'intérêt public se rencontre à l'occasion des recours des autorités administratives
elles-mêmes ou des agents publics. Mais cela dépend de la nature du lien entre les 2 autorités :
- Si on est dans les rapports entre personnes publiques : le Juge
administratif a admis le REP des autorités décentralisées contre les
décisions prises par l'autorité de tutelle, depuis l'arrêt CE, 18 avril
1902, Néris-Les-Bains. Inversement, le C.E en 1911 juge que
l'autorité centrale peut également intenter le REP contre une décision
de l'autorité décentralisée lorsque la loi ne lui reconnaît pas le
pouvoir d'annulation. Autrefois, les représentants de l'état avait le
pouvoir d'annulation, mais depuis la loi de 1982, cela n'est plus
possible, il faut désormais un référé, qui est considéré comme un REP
par le CE.
- Dans le cadre de la hiérarchie (il s'agit d'une même personne
publique) : le REP est irrecevable. Cependant, l'agent public peut
former un tel recours contre la décision de son supérieur
hiérarchique lorsque cette décision touche à :
ses droits statutaires
à ses intérêts de carrière
ou aux prérogatives du corps auquel il
appartient.
Lorsqu'il s'agit d'un recours d'un syndicat de fonctionnaires, il faut combiner 2 types de
solutions:
règles applicables aux recours des groupements,
et règles relatives aux recours des personnes publiques.
L'autorité hiérarchique est également irrecevable car les REP contre les actes du
subordonné sont inutiles, vu que l'autorité supérieure a le pouvoir d'annulation.
Cette classification traditionnelle a été souvent critiquée, notamment dans son dernier
élément: la violation de la loi a été difficilement acceptée comme cas d'ouverture du REP.
- En effet, les 3 premiers cas sont déjà des violations de la loi.
- En plus, le REP ne sanctionne pas seulement la violation de la loi
(mais aussi la violation de la C°, de PGD, de traités internationaux, de
la chose jugée...).
- On a remarqué enfin que la violation de la loi recouvre 2 types
d'éléments de l'acte.
Il y a 5 éléments de l'acte:
- forme,
- compétence,
- but,
- objet,
- motif: à chacun de ces éléments, il y avait 1 cas d'ouverture.
En revanche, la violation de la loi porte sur 2 éléments: elle porte sur l'objet de l'acte et sur
les motifs. Dans la mesure où le REP est le résultat de la construction du juge, on doit accepter la
classification qu'il a dégagée. Sur le fond du contrôle, le REP est d’origine prétorienne. Simplement,
on peut regrouper 2 à 2 ces 4 cas d'ouverture en distinguant le contrôle de la légalité externe et le
contrôle de la légalité interne.
Elle s'observe et se sanctionne lorsque l'auteur de l'acte attaqué n'avait pas l'aptitude légale
à accomplir l'acte critiqué.
B) Le vice de forme
Tout vice de forme n'est pas nécessairement sanctionné par l'annulation de l'acte
Le CE s'est refusé à tomber dans le travers d'un formalisme excessif, qui l'aurait conduit à
annuler systématiquement pour lesquels l'administration aurait commis une petite erreur sur les
formes à suivre. En effet, si l'on met à part le cas exceptionnel où la loi prescrit expressément une
forme à peine de nullité, en dehors de ce cas le C.E opère une distinction entre les formalités
"substantielles" et les formalités "accessoires". La distinction est délicate car elle est appliquée par le
juge de manière concrète pour juger du caractère substantiel ou non d'une formalité, le juge va tenir
compte de la matière en question.
- Sont considérés comme substantielles => toutes les formalités dont le
non respect ou l'accomplissement irrégulier a été de nature à
influencer le contenu de la décision.
- Sont considérés comme accessoires =>
les formalités qui n'ont pu exercer aucune
influence sur la décision
ou bien encore les formalités que l'administration
devait accomplir mais en situation de compétence
liée,
ou bien encore les formalités qui sont accomplies
après la décision,
ou bien encore les formalités imposées dans
l'intérêt exclusif de l'administration.
Par ailleurs, le vice de forme, même touchant une formalité substantielle, peut être couvert,
du fait des évènements qui se sont produits (circonstances exceptionnelles, une situation d'urgence
ou cas de force majeure). Ex : la loi a prévue doit être pris après consultation d’un organisme
déterminé, si cet organisme refuse de siéger => force majeure.
Il y a détournement de pouvoir lorsque l'autorité administrative a utilisé les pouvoirs qui lui
avaient été confiés dans un autre but que celui qui lui était imposé par la règle de droit.
Il s'agit donc d'un cas d'illégalité relatif au but de l'acte administratif.
En effet, non seulement l'administration doit toujours agir dans l'intérêt général, mais de
plus, lorsqu'on lui confie l'exercice d'une compétence, c'est en vue d'un résultat déterminé. L'autorité
de police doit agir dans l'intérêt général, mais cela n'est pas suffisant: il faut aussi maintenir l'ordre
public. Toute mesure de police prise dans l'intérêt général mais avec une autre finalité que la
protection de l'ordre public est entaché de détournement de pouvoir. C'est l'exemple d'une mesure
de police prise dans le seul intérêt financier de la collectivité. Si les mesures de stationnement payant
sont légales, c'est parce que l'intérêt n'est pas seulement financier. Un maire interdit la circulation
pour pas que la chaussé soit usée, intérêt général mais pas mesure d’op.
Détournement de procédure => arrêt de 1902 lorsque l'administration utilise une procédure
dans un but qui n'est pas celui en vue duquel cette procédure a été organisée. Ex : il est possible de
licencier un fonctionnaire pour insuffisance professionnel, une autorité administrative utilise cette
procédure utilise cela pour punir un fonctionnaire au lieu d’utiliser la procédure disciplinaire. Pour le
Juge, il faut déterminer l’intention de l’autorité et cela pose le proble de la preuve du détournement
de pouvoirs
B) La violation de la loi
C'est le moyen d'annulation le plus important, celui qui est le plus utilisé. Il vise une
illégalité (violation de la loi) qui peut :
- Soit résulter d'une contradiction entre le contenu même de la
décision prise, et une règle de droit supérieure
- Soit peut aussi porter sur les motifs qui ont conduit l'administration à
prendre la décision en cause.
La violation de la loi permet au Juge de sanctionner toutes les illégalités relatives à l'objet de
l'acte et celles portant sur les motifs de fait ou de droit de l'acte en question.
C'est la violation directe de la règle de droit. On dira d'un acte qu'il est illégal par son objet
lorsque l'acte ne pouvait pas être pris. C'est par le contenu même de l'acte que celui-ci est
directement contraire à une norme qui lui est hiérarchiquement supérieure.
- Exemple: un préfet qui licencie une infirmière, alors qu'elle est
enceinte: le CE a annulé ce licenciement car il viole directement un
PGD.
- Exemple: un fonctionnaire demande communication à
l'administration de sa note de l'année, ce que l'administration refuse.
Cette décision est contraire, par son contenu même, à la loi.
- Exemple: L'administration prend à l'encontre d'un de ses agents, à
titre disciplinaire, une mesure de suppression de son congé de
l'année: cela est contraire à la loi.
- Exemple => société aurore 1948=> contradiction avec le PGD de la
non rétroactivité des actes administratifs
Une réserve à cette violation directe à la règle de droit: la théorie des circonstances
exceptionnelles peut autoriser, sous le contrôle du juge, à prendre des décisions dont l'objet eut été,
en période normale, illégal.
CE, 28 juin 1918, Heyriès: le CE a estimé que vu les circonstances, le chef de l'état pouvait
suspendre par décret l'application d'une loi qui imposait la communication de son dossier à tt
fonctionnaire faisant l’objet de mesures disciplinaires.
On entend par motif l’ensemble des circonstances qui ont poussé l'autorité administrative à
agir comme elle l'a fait.
Ces circonstances sont de 2 ordres:
Il y a des motifs de droit et des motifs de fait. Si l'autorité administrative interdit une réunion
publique, ce qui l'incite à prendre cette décision est le CGCT, qui donne mission à l'autorité
municipale de maintenir l'ordre dans sa commune, et le fait que la réunion, organisée au moment
prévu, présente un danger pour l'ordre public. Les motifs sont le "par quoi?" et le but et le
"pourquoi?".
Le Juge contrôle en premier lieu les motifs de droit. Il s'assure qu'il n'y a pas eu erreur de
droit (si l'administration se fonde sur une base juridique inexistante, inexacte,...). Il y a 2 erreurs de
droit:
- Le défaut de base légale (Exemple: l'administration refuse un permis
de construire en se fondant sur un PLU qui n'est pas encore entré en
vigueur) => base juridique inexistence, inexacte, illégale qui a
disparue.
- L'erreur de raisonnement juridique : erreur sur le sens de la règle,
c’est un vice du raisonnement juridique de l’administration. Ex :
retenue dans l’affaire Barel, il y a une base légale mais erreur de
droit commise par le ministre de l’époque en écartant certaines
personnes au vu d’opinion politique.
Le contrôle du juge de l'excès de pouvoir est un contrôle variable, plus ou moins approfondi,
susceptible de degrés. Cela dépend de la nature du pouvoir attribué par la loi à l'administration:
- compétence liée
- cadre d'un pouvoir discrétionnaire attribué par la loi
Le Juge accepte de le faire chaque fois que la règle de droit a subordonné l'usage par
l'administration de son pouvoir à l'existence de certaines conditions de fait. Il vérifie ainsi si les faits
peut être qualifiée de faute (et donc y appliquer une sanction correspondante). On ne peut
sanctionner un agent public que s’il y a l’existence d’une faute et donc contrôler la qualification des
faits est se demander si le comportement peut être qualifié de faute. L’arrêt GOMEL est l’arrêt de
principe : refus de permis de construire que si place qualifiée de perspective monumentale donc
qualification juridique des faits.
- Contrôle le dispositif de la décision : il faut vérifier si elle est bien
adapté aux circonstances de fait. est-elle adaptée aux circonstances
de fait? C'est la question de l'adéquation de la sanction aux faits. Il
faut un enjeu fort pour calculer cette proportionnalité. Le Juge, pour
effectuer ce contrôle, en est arrivé à faire une balance entre les
inconvénients et avantages de la décision. Le Juge administratif
exerce ce pouvoir particulièrement en matière de police
administrative: il vérifie que la mesure de police n'était pas
disproportionnée à la menace de trouble: pouvait-on prendre une
autre mesure?
Ce contrôle maximum a été effectué dans
l'arrêt: CE, 19 mai 1933, Benjamin. Dans
cette affaire, le C.E reconnaît qu'il y a
menace de trouble à l'ordre public, mais
compte-tenu des forces de police auxquelles
il pouvait être fait appel, on aurait pu
prendre une autre mesure que
l'interdiction. Le Juge refuse le contrôle
maximum en matière disciplinaire.
Cependant pas exercé dans tous les domaines, en matière disciplinaire, à partir du moment
où le juge a considéré que le comportement pouvait être qualifié de faute disciplinaire, il considère
que l'administration apprécie souverainement la sanction, il ne la contrôle pas.
Mais le Juge peut désormais donner l'ordre à l'administration (avec un délai) de remplacer
l'acte illégal par un acte conforme au droit grâce aux pouvoirs d’injonction. Le Juge s'était d'ailleurs
donné, dès les 20's, le pouvoir d'indiquer dans sa décision les conséquences qu'entraine l'annulation
prononcée: il peut préciser les directives à suivre pour exécuter la décision.
Cela résulte de l’arrêt de principe CE, 26 décembre 1925, Rodière, dans lequel ce qui
était en cause était la marche que l'administration devait respecter pour reconstituer la
carrière d'un fonctionnaire évincé de l'administration. De plus, le CE poussé par le
législateur a été poussé à aller plus loin dans la définition des obligations qu'entraine
pour l'administration l'annulation de ces décisions, puisqu'alors même que le
requérant n'a rien demandé :
Le C.E depuis CE, 25 juin 2001, Société Toulouse Football-Club, se reconnaît le pouvoir
d'ajouter à l'annulation proprement dite, dans son dispositif, que l'annulation
comporte les obligations énoncées dans les motifs. Le C.E par ce moyen donne une
force obligatoire à la marche que doit suivre l’administration.
A cette règle a été apportée certain assouplissement pour des raisons pratiques : la théorie
du fonctionnaire de fait permet de considérer valable les actes accomplis par un agent ou une
autorité dont la nomination est annulée.
- Idée de stabilité juridique qui doit être préservée . Ces
assouplissements ont été augmentés depuis une décision
d’assemblée de 2004 par laquelle le C.E a choisi de se reconnaitre le
pouvoir dans certaines circonstances de moduler dans le temps les
effets de l’annulation.
- CE ASS 2004 association AC => pose le principe que l’annulation
d’une décision n’a plus d’effet rétroactif.
Après avoir énoncé le principe de l’effet rétroactif il reconnait qu’il peut parfois être de
nature à entrainer des conséquences manifestement excessif, au regard des effets et au regard de
l’intérêt général qui peut justifier que les effets de l’acte annulés soient maintenu pour un temps.
L’espèce jugée en 2004 conduisait le Juge à une telle solution, il s’agissait d’une annulation pour des
raisons de formes qui avait pour conséquences de créer un vide juridique et désorganiser tout le
régime d’assurance de chômage.
Dans ce cas le Juge est en droit de prendre considération des conséquences, le juge doit
faire une balance entre les intérêts et avantages du pp de rétroactivité. Il doit faire une moyenne
entre les impératifs contradictoires. Par cette balance, le juge a le pouvoir d’apprécier s’il peut
déroger à titre exceptionnel à la dérogation au principe. S’il accepte la dérogation il peut décider que
l’annulation s’appliquera à une date fixée. C’est une entorse au principe de légalité.
Dans l’espace : l’annulation produit un effet
par définition à l’égard de toute personne
car l’annulation possède l’autorité absolue
de la chose jugée. L’acte disparait à l’égard
du requérant mais aussi à l’égard de toute
autre personne ainsi elle a caractère absolu.
Cela présente des risques pour les tiers, c’est pourquoi il existe 2 mécanismes qui
permettent aux tiers d’agir : en cours d’instance => l’intervention / après l’instance => la tierce
opposition.
- L’intervention permet à toutes personnes intéressées de participer à
l’instance en apportant des arguments nouveaux ou des moyens
nouveaux. Cependant la participation est limité aux arguments.
- La tierce opposition est admise après un long débat par CE, arrêt
BOUSSUGE 1922, permet a toutes personnes intéressées au
maintient de l’acte annulé et qui n’est pas intervenue, d’attaquer la
décision d’annulation => c’est une voie de recours en rétractation.
Mais cette tierce opposition est accueilli que si la personne n’est été ni représentée ni mise
en cause dans l’instance mais aussi elle ne peut s’exercer que contre une décision qui lèse les droits
de l’opposant.
CHAPITRE 3 :
Le recours en indemnité : la responsabilité
administrative
La responsabilité administrative est un droit prétorien. Il existe certains régimes législatifs
spéciaux de responsabilité. Mais pour l’essentiel c’est une création du CE et du TC.
Ce droit de la responsabilité administrative est un droit autonome car le TC a refusé
d’appliquer à la puissance publique les règles du Code Civil, les articles 1382 et suivants.
Ces 2 juridictions ont construit une théorie propre, le pp est affirmé avec force dans
BLANCO 1873. La responsabilité qui peut incombée à l’Etat ne peut être régit par les pp établis dans
le code civil, elle a ses règles spéciales.
Règles spéciales :
Cela veut dire que parfois les règles sont moins favorables aux victimes que les règles du
droit privé. Depuis 1873, on a pu constater que l’autonomie du droit administratif profite aussi aux
victimes. C’est ce qui a conduit la CCASS dans une décision du 23 nov 56 docteur GIRY à imposer au
JJ lorsque celui-ci est appelé à se prononcer sur la responsabilité de la puissance publique,
l’obligation de se référer aux règles de droit public qi elles sont plus avantageuses aux victimes.
En 6 fev 2007 Mme Pallafieu, la Cour de cassation a utilisé cette jurisprudence pour la
responsabilité d’un officier d’Etat civil, pour l’appréciation de la responsabilité de cet officier le Juge
doit se référer au règles de droit public.
Cela dit il ne faut pas exagérer cette autonomie car le plus souvent les règles dites spéciales
ne sont pas si différentes du droit commun.
Dans tous les cas il faut un fait générateur, une faute, un dmg et un
lien de causalité.
3 réponses possibles :
- La personne publique dans tous les cas : cependant inconvénient car
irresponsabilité du fonctionnaire qui favorise le laisser aller du
comportement de l’agent donc solution dangereuse.
- La charge est toujours supportée par la personne physique de
l’agent, auteur du fait dommageable. La PM de droit publique agit
par l’intermédiaire de ses agents qui pourront seuls être poursuivis.
Solution pratiquée dans les pays Anglos Saxon. Elle est critiquable car
favorise l’immobilisme des agents publics donc détruit l’initiative.
- Solution de compromis qui retient tantôt la responsabilité de la
Collectivité tantôt de l’agent. Il a été retenu dans sa décision du 30
juillet 1873 PELLETIER, cette solution de coexistence des
responsabilités a été complété par le CE qui a ajouté à ce dispositif la
possibilité pour les victimes de poursuivre à leur choix pour les
mêmes faits la personne publiques ou l’agent, il s’agit du cumul de
responsabilité.
L’abrogation avait-il pour effets d’instituer un système de responsabilité totale des fonctionnaires
pour tout fait accompli par eux dans l’exercice de leur fonction ?
Le TC a refusé d’interpréter cette abrogation de la sorte, dans l’arrêt PELLETIER de 1873, on
se demande quel est la portée du décret loi de 1870 ? Le TC juge que ce décret loi doit être analysé à
la lumière du principe de séparation des autorités administratives et judiciaires. Le TC estime que le
principe de séparation des autorités administratives et judiciaires interdisait à l’autorité judiciaire de
connaitre des actes accompli par les fonctionnaires, dans le cadre de leurs fonctions. Ce n’est que
dans l’hypothèse ou le fonctionnaire aurait agit en dehors de ses fonctions, dans l’hypothèse ou
l’agissement du fonctionnaire aurait un caractère personnel, qu’il est possible à un Tribunal
judiciaire, de juger le fonctionnaire.
L’arrêt PELLETIER pose donc le principe de la distinction de la faute personnelle de l’agent
de l’administration qui engage sa responsabilité personnelle devant le Juge Civil, et d’autre part de la
faute de service de l’agent, qui engage la responsabilité de l’administration donc c’est le Juge
administratif.
Quand peut-on qualifier de personnel une faute qui fut commise par un agent publique ?
Au regard de l’origine de l’a Jence Pelletier, on peut dire que la faute personnelle est celle
qui se détache de l’exercice des fonctions de l’agent.
La faute qui se détache de l’exercice de ses fonctions c’est « la faute qui révèle non pas
l’administrateur qui est plus ou moins sujet à erreur, mais qui révèle l’homme avec ses faiblesses, ses
passions et ses imprudences ».
En fait, la Jence se montre beaucoup moins dogmatique, en ce sens que le Juge n’a jamais
cherché à adopter ni même à proposer une définition théorique de la faute personnelle, pour le juge
c’est une question d’espèce, néanmoins il est possible de synthétiser cette Jence et cela permet de
dire que la faute personnelle se rencontre dans 2 séries d’hypothèses :
- La faute personnelle est celle du fonctionnaire, faute qui est
matériellement commise en dehors de l’exercice de ses fonctions,
c’est une faute purement privée, personnelle.
- La faute personnelle c’est aussi la faute qui bien que commise
matériellement dans l’exercice des fonctions, va néanmoins
apparaitre détachable intellectuellement.
Il a 2 cas :
- La faute intentionnelle, celle qui révèle une intention malveillante, ou
qui est réalisé dans la recherche par l’agent d’avantages personnels.
Il est bine évident que quand un agent commet une faute de
l’intention de nuire, sont comportement ne peut pas se rattacher à
l’exercice de ses fonctions.
- La faute d’une particulière gravité, celle qui révèle un comportement
inacceptable, brutale.
Exemple : un chirurgien est en train d’opérer, et une infirmière en versant de l’éther trop
près d’une flamme déclenche un incendie, le chirurgien s’est enfui et le patient est mort. La Cour de
Cass à jugé qu’il y avait une faute pécuniaire et pénale du chirurgien.
Exemple : le comportement d’un secrétaire générale de préfecture qui quelques soit les
pressions exercées sur lui à prêté son concours actif à l’arrêt de Juifs faute personnelle, arrêt du 12
avril 2002, PAPON.
On voit que le CE et le TC se montre très exigent pour qualifier une faute de personnelle.
Elle a un caractère résiduel, d’ailleurs ce caractère très restrictif est attesté par la confrontation de la
notion de faute personnelle avec d’autres notion qui apparaissent très proches
B) Le cumul de responsabilité
A l’origine, la Jence, considérait qu’il y avait là une alternative en ce sens qu’elle estimait
que ces 2 responsabilité (personnelle du fonctionnaire, la responsabilité de l’administration) étaient
exclusives l’une de l’autre, c’était ou l’un ou l’autre. Dès lors que la faute pouvait être qualifié de
personnelle, seul l’agent était fautif et non pas l’administration.
Cette solution est apparut critiquable au plan pratique car elle avait pour résultat en cas de
faute personnelle, c'est-à-dire en cas de faute grave, de ne placer en face de la victime qu’un seul
responsable (le fonctionnaire) qui présente beaucoup moins d e garantie de solvabilité que la
personne publique. Et c’est pourquoi avec une préoccupation d’équité, la Jence du CE va
progressivement admettre le cumul de responsabilité, on passe de la coexistence au cumul. C'est-à-
dire que le CE va accorder aux victimes, dans certains cas la possibilité de poursuivre à son grès,
indifféremment, l’agent publique ou la collectivité publique pour la réparation du dommage.
Il y a 2 situations différentes :
- Le cumul matériel, c’est le cas ou un même dommage fut provoqué
par la rencontre, la conjonction de 2 fautes, une étant personnelle,
une autre étant une faute de service, il y a cumul de faute. Donc très
logiquement la Jence admet dans ce cas le cumul de responsabilité, la
victime va pouvoir demander une réparation intégrale soit à l’agent
soit à l’administration. La Jence l’accepte depuis l’arrêt du 3 février
1911, ANGUET (Anguet se présente dans un bureau de poste pour
encaisser un mandat, il procède à son opération, et au moment de
sortir il s’aperçoit que la porte d’entrée fut fermée et on lui dit que
sortir par les locaux du personnel. Il va être mal accueilli et être jeté
sur le trottoir au point de se casser la jambe. Le Ce considère que la
faute était personnelle, et que c’était une faute de service le fait
que le porte soit fermée plus tôt que prévu).
- C'est le cas ou le dommage ne résulte que d'une faute personnel. Est
ce que l'administration peut être obligée de réparer alors qu'elle n'a
commis aucune faute ? Le Conseil d'Etat accepte de faire jouer le
cumul idéal de responsabilité dans deux hypothèses :
- si la faute personnelle a été commise dans le service, ou à l'occasion
du service. Arrêt du 26 juillet 1918, époux Lemonier . Pourquoi ce
cumul ? Et bien parce que même si la faute se détache du service, le
service lui ne se détache pas de la faute. Il paraît donc naturel que
l'administration soit responsable. Par exemple, des pompiers,
viennent éteindre un incendie, ils oublient un objet sur les lieux du
sinistre, un pompier reçoit alors l'ordre d'aller le récupérer, et en
fumant une cigarette met le feu à une grange. Il y avait
indiscutablement une faute personnelle, mais comme elle a été
commise pendant le service. (il était la sur ordre) la responsabilité de
l'administration a pût également être retenue.
- Si la faute a été commise en dehors du service (temps/lieu) dans ce
cas en principe la responsabilité de l'administration ne saurait être
retenue. Mais des dérogations sont intervenues. Dans trois arrêts de
1949, Bestellsemer, Dlle Mimer, et Défaux, le Conseil d'Etat a
accepté de retenir la responsabilité de l'administration, car la faute
n'était pas dépourvue de lien avec le service. Dans les trois cas, ils
s'agissaient d'accidents de voiture, causé par des agents de
l'administration, qui n'étaient alors pas en service, mais qui utilisaient
une voiture prêté par l'administration. Le juge se contente d'un lien
assez faible entre la faute et le service pour engager la responsabilité
de la personne publique. Par exemple, affaire époux Bachelier, du 23
décembre 1987 : il s'agissait d'un gardien de la paix, qui chez lui en
manipulant son pistolet de service, blesse involontairement un enfant.
Il s'agissait bien sûr d'une faute personnelle commise en dehors du
temps du service, et en dehors du lieu du service. Pourtant la
responsabilité de l'Etat a été retenue, car conformément aux règles
du corps des gardiens de la paix, le gardien de la paix conservait son
arme de service chez lui, et compte tenu de la dangerosité de cette
pratique, l'accident ne pouvait être regardé comme dépourvu de lien
avec le service. Autre exemple, arrêt de 1988, Ministre de la défense
contre époux Raszewski. Le Conseil d'Etat a admis le cumul pour un
assassinat commis par un agent de l'administration, avec son arme
personnelle, en dehors des heures de services. L'agent en question
est un gendarme, qui avait déjà commis de nombreux méfaits. Par
ses fonctions, il avait put échapper aux recherches, et poursuivre ses
méfaits. Il y avait donc un lien avec le service
Cela assure une garantie d’indemnisation pour la victime. Lorsque les conditions du cumul
son réalisées la victime a le choix de poursuivre pour le tout soit l’agent public pour sa faute
personnelle devant le Juge Judiciaire, soit la collectivité publique qui est toujours solvable devant en
principe le Juge Administratif. Mais, bien évidement, la victime si elle a ce choix, n’a pas droit pour
autant a une double indemnisation, ce qui constituerai un enrichissement sans cause. Pour éviter ce
risque d’enrichissement sans cause lorsque le Juge Administratif condamne l’administration a
indemniser une victime, il subordonne la paiement des sommes à la subrogation par la victime de la
collectivité publique dans les droits nés au profit du particulier a l’encontre de l’agent public. En
pratique cette subrogation est inefficace (Cumuls de responsabilité signifie cumuls d’action, mais pas
cumuls d’indemnisation).
Pour comprendre ces modalités il faut d’abord bien saisir le fait que ce qui prédomine dans
toute cette jurisprudence Laruelle c’est moins l’aspect réparation d’un dommage subi par
l’administration, que l’aspect répression d’un comportement que l‘on n’attendait pas de son agent.
C’est ce qui explique que la faute personnelle de l’agent qui fonde l’action récursoire, est une faute
différente que celle que l’on observe entre les victimes et l’agent. Cette faute a un aspect quasi
disciplinaire. Ce qui est fondamentalement reproché a l’agent, c’est d’avoir eu un comportement non
conforme a celui que l’administration était en droit d’attendre de lui. La preuve en est que lorsque
l’administration se retourne contre son agent après avoir été obligée d’indemniser une victime par la
théorie du cumul, elle peut invoquer a l’encontre de son agent une faute que le Juge Judiciaire lui
n’aurait jamais qualifiée de faute personnelle.
Ex : affaire jugée 22 mars 1957, Jeannier : 6 militaires de Belfort décident de s’offrir une promenade
en auto. Ils choisissent le jour ou le CE rend l’arrêt Laruelle (28 juillet 51). Pour cette balade ils
prennent un véhicule de l’armée mais renverse et tue un cycliste. Dans cette affaire, pour le Juge
Judiciaire qui ne peut connaitre que des rapports entre la victime et les agents publics, seul un
militaire a commis une faute (pénale) à l’origine du dommage (le conducteur). Or dans cette affaire
Jeannier était un simple passager. (Donc au regard du Juge judiciaire il n’a pas commis de faute
personnelle) Pourtant cela n’a pas empêché l’Etat de se retourner contre Jeannier et contre tous les
autres parce qu’aux yeux de l’Etat tous avaient commis une faute personnelle vis avis de l’Etat : celle
d’avoir utilisé illégalement le véhicule de l’état. Le CE a relevé que jeannier avait sciemment utilisé le
véhicule a des fins étrangères au service et a retenu sa responsabilité. (c’est bien une infraction à la
discipline militaire) La faute personnelle qui fonde l’action récursoire de l’état ce n’est pas la faute
qui a entrainé le dommage pour le particulier, c’est une faute disciplinaire, c’est la fait que l’agent
s’est écarté de ses fonctions. C’est pourquoi on peut affirmer que la Jurisprudence Laruelle a entrainé
un dédoublement de la notion de faute personnelle : celle identifiée dans les rapports entre agent et
victime et celle entre l’agent et l’administration.
L’administration peut elle se décharger de sa responsabilité sur un seul agent dans le cas d’une
pluralité d’agents fautifs ? (arrêt Jeannier par exemple).
L’état a longtemps demandé à son profit l’application des règles de la solidarité. Le C.E dans
l’arrêt Jeannie a définitivement refusé, que l’administration puisse revendiquer le bénéfice de la
solidarité à son profit. Le Conseil d’Etat dans cet arrêt, s’est donné le pouvoir de fixer la contribution
de chaque agent en fonction de la gravité respective des fautes de chacun de ses agents. Il a refusé le
système de la solidarité parce que ce mécanisme avait été imaginé en faveur de la victime face a une
pluralité d’auteurs : ici cela ne fonctionne pas puisque la victime a déjà été indemnisée. De plus si
l’état demande a un seul, seulement a Jeannier de tout rembourser, celui-ci va se retourner contre
les autres auteurs : or cette nouvelle action relèvera du Juge Judiciaire qui ne reconnait pas la faute
de Jeannier, simple passager mais du seul conducteur de l’auto. Cela ruinait toute la construction de
la jurisprudence Laruelle.
Ce système présente de nombreux dangers soulignés par le commissaire du gouvernement
Cannes. Risques d’injustices parce que la faute personnelle est par essence une faute de subalterne :
(la faute personnelle est une faute détachable) lorsqu’un agent se situe en bas de la hiérarchie il a
des fonctions d’exécution alors qu’en haut de la pyramide les fonctions sont beaucoup plus larges
(direction, conception) il est donc plus facile de commettre une faute détachable lorsque l’on est un
simple technicien de surface ou un simple militaire du contingent que lorsque l’on est en haut de la
hiérarchie. Les fautes personnelles sont les fautes matérielles des agents d’exécution. Il y a donc un
risque que soient plutôt pénalisés les agents en bas de l’administration. Sinon on parlera de petites
erreurs de conception insuffisantes pour fonder la faute personnelle. 2eme danger : l’action
récursoire qui permet d’engager la responsabilité de l’agent est engagée par l’administration elle
même, pas devant le juge.
Or l’administration n’a pas l’obligation de se retourner contre son fonctionnaire : elle a un
pouvoir d’appréciation discrétionnaire. Dans l’exercice de ce pouvoir il y a donc des risques
d’inégalités : le chef de service se retournera plus facilement contre des agents qui sont loin de lui
que contre ses proches adjoints. C’est pourquoi le système aurait été amélioré si on avait accepté
l’idée de transférer la pouvoir de mettre en œuvre la responsabilité de l’agent de l’administration
active au Juge Administratif. Cela aurait permis surtout de donner une plus grande efficacité (porté) à
la jurisprudence Laruelle car 50 ans après, c’est une jurisprudence assez mal introduite dans
l’administration qui engage assez peu les actions récursoires. Une administration seulement le fait :
l’administration militaire.
On peut indiquer en conclusion que l’agent public dispose lui aussi d’une action récursoire
contre l’administration. Cette action des fonctionnaires est une action nécessairement
juridictionnelle, qu’il doit exercer toujours devant le Juge Administratif. (l’agent n’a pas le privilège
du préalable).
Si pour le code civil tout fait quelconque de l’homme oblige a réparer, la faute s‘analyse
comme un manquement à une obligation préexistante, en droit public toute faute n’est pas de
nature à engager la responsabilité de la collectivité. Chaque service est soumis à une obligation de
bon fonctionnement, et la faute de service constitue un manquement à cette obligation. La faute de
service a été dégagée contre les principes du Code civil : on la voulait autonome par rapport au droit
privé. Le Tribunal des Conflits dans l’arrêt Blanco refuse d’appliquer le Code civil en énonçant que la
responsabilité publique ne peut être ni générale ni absolue. Cette affirmation est donc contraire a
l’art 1383.
Qu’est ce qu’une faute de service ? Selon Duez la faute de service se rencontre dans 3 cas :
- Lorsque le service a mal fonctionné, lorsque le service a fonctionné
avec retard ou lorsqu’il n’a pas du tout fonctionné.
- Il y a des fautes que l’on constate lorsque l’administration a agi
maladroitement, imprudemment, irrégulièrement (exemple : affaire
Marcy : un vétérinaire est chargé de vacciner des veaux mais pique
l’épaules de l’agriculteur : faute de service dans l’action qui engage la
responsabilité de l’Etat).
- Il peut s’agir d’une faute qui résulte de l’abstention, d’une carence
(l‘inertie administrative peut être fautive).
Au delà de ces 3 cas, plusieurs critères de la faute de service existent : on a proposé de dire
que la faute existe lorsque le service fonctionne anormalement. Ce serait l’anormalité du
fonctionnement de l’administration qui fonderait ce critère. D’autres ont recherché la faute du coté
d’une atteinte aux droits des citoyens. La faute de service serait la violation du droit a exiger du
service public un bon fonctionnement. Cette analyse est juste a condition d’observer qu’il convient
pour rechercher la faute d’analyser directement le fonctionnement du SP. Chaque SP est soumis a
une obligation de bon fonctionnement et la faute de service doit s’analyser comme un manquement
a cette obligation.
Selon une formule de Plagnol et Ripeyre, être en faute cela consiste a ne pas se conduire
comme on aurait du la faire. La faute s’analyse en un manquement à une obligation préexistante.
Rapproché de l’administration ; compte tenu de ses moyen, eu égard a ces conditions d’activité, le
SO avait l’obligation d’agir de telle façon. S’il ne l’a pas fait il est fautif, a charge de démontrer que ce
fait est bien a l’origine du dommage.
La faute ainsi définie peut se manifester à l’ occasion d’un agissement matériel de
l’administration ou dans son activité juridique. La faute administrative peut résulter de l’illégalité
d’une décision administrative.
Une décision légale n’est jamais fautive. Ce qui ne veut pas dire qu’elle ne puisse pas
engager la responsabilité de l’administration mais sur un autre fondement que la faute : ce sera de la
responsabilité objective.
Inversement toute décision illégale, quelque soit la cause de l’illégalité, est par principe
fautive et donc est de nature a mettre en cause la responsabilité de la collectivité publique a
condition de remplir aussi les autres conditions du dommage.
Il peut en aller autrement lorsque l’illégalité est purement formelle et que le juge a la
conviction que la décision était justifiée sur le fond, s’il pense que la décision l égale aurait été
semblable a la décision illégale. Dans ce cas l’annulation ne donnera pas lieu a indemnisation.
Par exemple, un fonctionnaire qui mérite bel et bien une sanction disciplinaire, mais lors de la
procédure, les droits de la défense n’ayant pas été pleinement respecté, la décision est annulée.
Dans ce cas, le fonctionnaire n’aura pas le droit à réparation.
Le Juge Administratif accepte parfois d’engager la responsabilité de l’administration pour
des actes qu’il considère comme ne faisant pas grief et de ce fait ne peuvent pas faire l’objet d’une
annulation dans le cadre d’un REP. Et pourtant ces actes sont parfois susceptibles de générer un
dommage. Le CE l’a admis en 1978 pour des MOI pour la première fois. De même en 2007 le CE a
admis la même solution pour les recommandations d’une AAI, la HALDE qui a des pouvoirs
d’enquête. Le Conseil d’état par trois décisions du 13 juillet 2007 (notamment décision Mme. Abric)
a jugé que les recommandations de la HALDE, ou les refus de donner suite à une déclaration, ne font
pas griefs mais qu’en cas de préjudice le Conseil d’Etat a dit que l’action en responsabilité était
possible sur le fondement de ces actes.
La responsabilité de l’administration ne peut pas être engagée pour n’importe quelle faute.
Le Juge Administratif apprécie la faute de service in concreto en tenant comptes des moyens d’action
du Service Public. Cela a conduit le Juge à élaborer une échelle de faute. En principe la faute simple
suffit pour mettre en œuvre la responsabilité de l’administration mais parfois la jurisprudence exige
une faute présentant un certain degré de gravité. Autrefois l’échelle de fautes comportait 3 degrés :
il n’en reste plus que deux : faute simple et faute lourde. La faute simple est de plus en plus
suffisante. La faute lourde reste exigée lorsque du fait des circonstances ou en raison de sa nature
même l’activité du Service Public est difficile à assurer. Difficile à exercer au regard de la mission qui
est celle de l’administration. Par sa nature même, ou des faits des circonstances de temps ou de lieu.
Cette volonté de coller a la réalité a incité le juge pour certains Services Publics à opérer
une sorte de partage interne pour isoler au sein d’un SP les éléments de l’activité qui relèvent d’un
régime de faute lourde. Les autres éléments étant soumis a la faute simple.
Par exemple, après avoir abandonné la principe d'irresponsabilité, la jurisprudence a estimé que l'on
ne pouvait pas mettre en cause la responsabilité de l'administration en matière de police. Dans sa
décision Tomaso Greco de 1905 le CE a renversé cette jurisprudence traditionnelle mais il a considéré
en l'espèce que les conditions n'étaient pas réunies pour engager la responsabilité de l'Etat.
Dans l'affaire il s'agissait d'un gendarme qui voulant toucher un taureau avait blessé un
passant. Le C.E a retenu l'absence de faute.
En 1905 le CE a souhaité tenir compte de l'effet délicat du service de police et a exigé une
faute lourde. Cette exigence de la faute lourde ne vaut cependant pas pour l'ensemble des activités
de police. Le Conseil d’Etat s’assure dans chaque espèce que l’exécution du service de police
présentait bien des difficultés particulières.
De plus cette faute lourde est en déclin. Le Juge a limité l'usage de la faute lourde. Il
s'assure que l'exécution du Service Public du maintien de l'ordre présentait bien des difficultés
particulières. Dans le cas contraire on se contente de la faute simple. Cette conduite conduit à
distinguer l'activité juridique de la Police Administrative (production normative) pour laquelle le Juge
se contente en principe d'une faute simple.
En revanche en matière d'activités matérielle le Juge exige souvent une faute lourde pour
engager la responsabilité des autorités de police (parce qu’il faut agir vite). Cela dit on constate
parfois que le CE recule dans ses exigences an matière de faute lourde : le CE dans une décision d'il y
a un an a abandonné l'exigence de faute lourde pour la police des édifices menaçant ruine : 27 déc.
2006, commune de Baallon.
Cela dit cette police spéciale se traduit essentiellement par des activités plus juridiques que
matérielles.
3) le régime de la preuve
L'idée sous jacente est que lorsque par son action l'administration génère un risque
anormal de dommage, elle doit, si le dommage se réalise en assumer la responsabilité. Cette
jurisprudence s'applique dans toute une série de domaines.
L'exemple le plus caractéristique est celui de l'utilisation par la police « d'armes ou d'engins
comportant des risques exceptionnels pour les personnes et les biens », aux termes d'une
jurisprudence consorts Lecomte, CE, 24 juin 1949 (GAJA) : dans cette affaire un gardien de la paix
tire un coup de feu en direction d'un véhicule qui forçait un barrage de police et tue un riverain. Le
Conseil d’Etat accepte d'engager la responsabilité sans faute. Il indemnise du seul fait de l'utilisation
de l'arme dangereuse.
Pour le Juge Administratif les armes dangereuses excluent l'usage par la police des
matraques ou des grenades lacrymogènes. De plus la solution de la responsabilité sans faute ne
s'applique que si la victime était un tiers à l'opération de police.
La personne visée par l'opération ne peut prétendre au bénéfice de la responsabilité sans
faute : il lui faut prouver une faute dans ce cas. Lorsque la police utilise une arme a feu il suffit
cependant d'une faute simple.
Si les incidents se produisent au cours d'une manifestation sur la voie publique les
manifestant peuvent utiliser le mécanisme de responsabilité introduit par le législateur : sur le
fondement de la loi (loi de 1983) et non de la jurisprudence les manifestants sont fondés à engager
une responsabilité de l'Etat fondé sur le risque. Cette responsabilité bénéficie aux manifestants, et
aux riverains (la faute de la victime peut alléger la responsabilité de l’Etat)
c) En 3eme lieu le mécanisme de responsabilité sans faute est utilisé lorsque le risque est créé
par une politique, une action dangereuse de l'administration
C'est ainsi que le Juge engage la responsabilité sans faute de l’Etat, pour les dommages
depuis 56, causés par un mineur qui s'évade d'un établissement éducatifs qui présentaient des
méthodes libérales. Ces méthodes constituaient un risque pour le voisinage.
Autres exemple : le dommage causés par des malades mentaux hospitalisés dans un centre
spécialisé qui les a placé en régime de sorties d'essais : ce régime génère un risque pour les
administrés qui peut engager la responsabilité de l'hôpital.
Ou encore, le cas d'un détenu qui bénéficie d'une permission de sortie et qui commet une
infraction a cette occasion : le CE a retenu la responsabilité de la collectivité pour le risque de cette
mesure.
Même solution pour les détenus qui bénéficient d'une mesure de libération conditionnelle.
Exemple arrêt sur le hold-up dans une banque de Strasbourg.
Le juge a admi le risque dans les actes médicaux, c’est le risque thérapeutique, c’est l’aléas
thérapeutique.
Arrêt du 9 avril 1993 – BIANCHI – arrêt d’Assemblée un malade qui à la suite d’un examen artériel
c’est retrouvé victime de complications très graves, allant jusqu’à la paralysie totale de ses 4
membres, le dommage subit par le patient était hors de proportion avec l’état initial qui avait
justifié l’examen (c’était la recherche de chute de tension), le CE a admis la resp sans faute en
posant 3 conditions :
- D’abord il faut qu’on soit en présence d’un acte médical nécessaire au
diagnostique ou au traitement
- L’acte doit présenter un risque connu mais dont la réalisation est
exceptionnelle et surtout dont rien en permet de penser que le malade
y soit exposé
- Condition relative au préjudice, le dommage doit être sans rapport
avec l’état initial du malade ou, avec l’évolution prévisible de sa
maladie.
Donc conditions qui permettent d’encadrer.
1) L’idée de risques est aussi utilisée en cas de dommages causés par des travaux
publics
On touche des actes qui concerne les relations de la France avec les Etat étrangers, donc on
est dans un domaine privilégié de la théorie des actes de gouvernement, mais la Constitution de 46
puis celle de 58, ont conduit le Juge à traiter la question de la responsabilité du fait des conventions
dans des termes analogue à ceux de la responsabilité du fait des lois. Ces 2 Constitutions sont venues
affirmer que les traités constituent, au même titre que la loi une source de légalité interne, les traités
ont force de lois, ils ont même selon l’article 55 de la Constitution de 1958, une autorité supérieur à
celle des lois.
Dès lors cette assimilation par le constituant du statut juridique du Traité à celui de la loi, ne
pouvait pas manquer d’avoir pour effets/conséquences une transposition de la jurisprudence de
LAFLEURETTE en se fondant non pas sur la faute, mais en se fondant sur l’égalité des citoyens devant
les charges publiques.
- Le C.E. a décidé cette extension en 1966 par un arrêt du 30 mars
1966 - COMPAGNIE GENERALE D’ENERGIE RADIO ELECTRIQUE.
- C’est 10 ans plus tard que le C.E. va admettre la responsabilité vis-à-
vis d’une convention.
C’est l’hypothèse où le Juge s’est pour la première fois explicitement basé sur légalité
devant les charges publiques (en matière d’exécution par l’administration des décisions de Justice
judiciaire). L’arrêt de principe, c’est l’arrêt Couitéas de 1923. Toutes les décisions judiciaires sont
normalement revêtues d’une formule exécutoire. Tout justiciable ayant obtenu une décision en
Justice, est donc en droit d’attendre le concourt de l’administration. Si l’administration refuse, elle
commet une illégalité. Dans l’affaire Couitéas, le Juge a estimé que le refus était légal, si l’exécution
est dangereuse pour l’ordre public (expulser 8000 personnes).
Dés lors que le refus est légal, la responsabilité pour faute est exclut. Mais le Juge a estimé
que le justiciable ne devait pas supporter les conséquences de ce refus motivé par l’intérêt général. Il
en a donc conclut qu’il fallait indemniser le requérant sur la base de l’égalité des citoyens devant les
charges publiques, dés lors que ce refus dure pendant un certains temps. Même jurisprudence
lorsqu'il s'agit du refus d'expulser un occupant sans titre.
Outre ces cas, la responsabilité sans faute de l'Etat a été admise dans d'autres hypothèses,
par exemple, lorsque l'Etat doit assurer le respect d'une réglementation, par exemple une
réglementation d'urbanisme.
Par exemple : dans un arrêt Ministre de l’aménagement du territoire c/ Navarra de 1974,
concernant une infraction pénale à l'urbanisme. Le particulier demande au préfet d'agir, mais le
préfet s'abstient de saisir le parquet. Cette abstention est jugée légale, car l'administration est seule
juge de l'opportunité des poursuites, mais dans la mesure où cette décision cause un préjudice, l'Etat
est condamné à réparer le préjudice.
Autre exemple : suite à une grève des contrôleurs aériens, le Conseil d'Etat a condamné l'Etat, car les
contrôleurs aériens n'ont pas le droit de faire grave. L'inaction de l'Etat n'a pas été jugée fautive, mais
dans la mesure où cette inaction a causé un dommage, le Juge a engagé la responsabilité sans faute
de l'Etat (arrêt du 6 novembre 1985, Ministre des transports contre Touraine Air transport)
Dernier exemple : suite à l'expulsion d'une famille d'un immeuble menaçant ruine, le maire, en
utilisant son pouvoir de police municipale, réquisitionne un immeuble. Cette emprise a été jugée
légale, mais dans la mesure où cette prise de possession entraînait un préjudice, le Conseil d'Etat a
engagé la responsabilité sans faute de l'Etat. (Décision du 15 février 1961 Werquin)
En se fondant sur ces deux théories : risque et égalité devant les charges publiques, le Juge
administratif a multiplié les cas de responsabilité sans faute. Il faut tout de même noter que le Juge
considère que l’éventuelle application de la responsabilité sans faute à l'administration, est une
question d'ordre public. Il appartient au Juge de la soulever d'office, même si la victime s'est placée
sur le terrain de la faute (l'inverse n'est pas vrai, si la victime fonde son action sur la responsabilité
sans faute, le Juge ne va pas rechercher la faute). Le législateur a lui même mis en place des régimes
législatifs de responsabilité sans faute de la puissance publique. Il faut bien les distinguer des régimes
d'indemnisation (fondé sur le principe de la solidarité).
Exemples :
- 1964 : la loi introduit un mécanisme de responsabilité sans faute de
l'Etat, pour les dommages causés par les vaccinations obligatoires.
(mécanisme élargit dans la loi Kouchner de 2002).
- Responsabilité du fait des attroupements sur la voie publique. Elle a
d'abord pesée sur les habitants, puis sur les communes, et depuis
une loi de décentralisation c'est l'Etat qui est désormais responsable,
sans qu'il y est à prouver de faute de sa part. Cela vaut aussi bien
pour les dommages subits par les personnes, que pour les dommages
subits par les biens. (vitrines fracturées,...) Le Juge a estimé que ce
régime s'applique aux tiers à la manifestation, mais aussi aux
manifestants eux même, sous réserve qu'une faute de leur part ne
vienne pas atténuer cette responsabilité. La loi à tout de même prévu
que l'Etat peut exercer une action récursoire contre les auteurs du
dommage et leur complice, ainsi que contre la commune si elle a
commis une faute.
- Le législateur met en place des indemnisations fondées sur l’idée de
solidarité. Loi de 1991 : dispositif d’indemnisation des victimes du
SIDA.
Le Juge administratif a même accepté de réparer l’atteinte à la vie conjugale : une femme
avait accouché à l’hôpital par une césarienne. Pendant des mois elle a ressenti une telle douleur que
son mari était condamné à une stricte abstinence. Le médecin avait oublié dans le ventre de la femme
son rouleau de gaz. Le mari s’est vu accordé des Dommages et intérêts pour trouble dans sa vie
conjugale.
Cependant le C.E a longtemps refusé d’indemniser le préjudice d’affection, le chagrin : ce
préjudice n’était pas réparable parce que « les larmes ne se monnayent pas ». Ce préjudice n’était
pas évaluable en argent. Mais cette jurisprudence était critiquable parce que le Juge Judiciaire
indemnise sans difficulté la douleur morale : elle a même indemnisé en 1962 le chagrin causé par la
perte d’un cheval de course. Cette jurisprudence montrait bien que ce préjudice était évaluable en
argent. Sous l’influence des critiques et par crainte que l’on vienne lui retirer des domaines de
compétences le CE a évolué. La loi de 1957 sur le contentieux des véhicules a joué en ce sens parce
que ce domaine lui a été retiré parce que le C.E. refusait d’indemniser le préjudice d’affection. Le C.E.
dans un arrêt du 24 novembre 1961, ministre des TP contre consorts Letisserand a admis
l’indemnisation de ce préjudice.
Cette condition de légitimité est rarement utilisée parce que le Conseil d’Etat a abandonné
cette exigence sur le terrain de l’indemnisation de la concubine pour le décès de son compagnon.
Cette jurisprudence sévère et contestable dans la mesure où le concubinage n’était pas interdit par la
loi a été abandonnée par une décision du CE du 3 mars 1978, dame Müesser (le Conseil d’Etat
rejoignant ainsi la position de la Cour de Cassation)
Parfois, le Juge administratif fait preuve d’un certain libéralisme dans l’existence de ce lien
de causalité directe. Mais la jurisprudence du C.E est parfois difficile à interprétée car pas toujours
très cohérente.
Exemple : affaire ministre des armées contre OCCELLI 13 décembre 1963 : une affaire ce
déroulant sur la Cote d’Azur, 4 militaires basés à Fréjus quittent un soir de façon irrégulière le camp
de Fréjus et vont aller agresser un chauffeur de taxi, le tuant. Le CE constate que l’autorité militaire
avait commis des fautes au niveau de la surveillance donc considère qu’il y avait un lien directe car
l’autorité militaire connaissaient les antécédents judiciaires de l’un des 4 militaires donc aurait du
prendre des mesures de précautions plus affirmée à l’égard de ce militaire dangereux.
Exemple : une fille est hospitalisé pour des douleurs de genoux, ya une infection mais
l’établissement hospitalier va mettre 4 jours pour lui filer des antibiotiques, donc il a fallut à cause de
ce retard pratiquer une arthrodèse du genou et boiter toute sa vie. Cette fille c’est suicidé 2ans et
demi après, le Juge administratif estime que le retard dans la mise en œuvre de l’antibiotiques avait
constitué une faute et que ce retard était la cause directe du décès de l’intéressé. Arrêt de la Cour
administrative d’appel de Paris.
IV - La réparation du dommage
A) La détermination de la personne publique débitrice de l’indemnité
Il ne suffit pas de dire que la personne publique est responsable, encore faut il pouvoir
designer la collectivité publique (CP) qui va devoir supporter la réparation.
Exemple : un prof d’université fait l’objet d’une sanction prononcé par la Juridiction
disciplinaire de l’université. Il fait appel et le Juge d’appel annule la sanction et le professeur demande
réparation du préjudice subit, à l’université, le CE a rejeté cette demande car en France, la Justice est
rendue quelques doit la juridiction, au nom du peuple français et donc cette Justice ne peut mettre en
jeux que l’Etat. Arrêt POPIN 27 mars 2004.
La règle est que c’est la personne morale pour le compte de laquelle l’activité était exercée
au moment ou le dommage fut causé.
Ce principe soulève au moins 2 difficultés pratiques de mises en œuvre :
- Le cas ou un même agent public ou une même autorité publique, agit
pour le compte de plusieurs autorités publiques (c’est le
dédoublement fonctionnel). C’est au Juge de déterminer au cas par
cas, de déterminer au nom de qui l’agent public agissait quand il a
commis l’acte préjudiciable. Exemple jugé en 2007 : un retraité
perçoit une rente d’une société d’assurance, il décède, donc la rente
s’éteint, or le fils de ce retraité va obtenir du maire de sa commune,
pour continuer à toucher la rente, un document établissement que le
retraité est toujours en vie, mais le Juge administratif a estimé que les
services de la mairie n’avaient pas effectué toutes les vérifications
nécessaires donc avaient commis une faute en délivrant ce certificat,
ce qui entraine une responsabilité du maire en la qualité d’agent de
l’Etat, donc c’était la responsabilité de l’Etat qui devait être engagé et
non pas la responsabilité de la commune.
- Problème posé par l’intervention de plusieurs collectivités dans une
même activité. Que ce passe t’il si y eu association de plusieurs
personne publique dans une activité qui a généré le dommage? dans
ce cas le juge va déterminer les rôles respectifs des collectivités
concernées. Exemple : l’enseignement primaire, il y a association de
plusieurs personnes publique car le personnel d’enseignement est un
personnel fournit par l’Etat, mais les communes fournissent les
locaux. Si le dommage subit par un élève est du au mauvais entretien
des bâtiments c’est la responsabilité de la commune et si c’est une
faute du prof responsabilité de l’Etat.
Au cas particulier où une personne publique prête son concours à une autre, c’est la
responsabilité de la collectivité qui tire avantage de ce concours qui sera responsabilité mise en jeu.
Depuis ces 2 arrêts, le C.E établi une distinction entre le dommage aux personne et dommage aux
bien :
- Pour le dommage corporels l’évaluation ce fait au jour du jugement à
moins que le retard apporté à la fixation de l’indemnité ne soit due à
la négligence de la victime.
- Pour dommage matériel la date d’évaluation retenu par le Juge
correspond au jour ou la victime fut en mesure de réparer son bien,
c'est-à-dire qu’il faut attendre que le dommage ai été stabilisé et qu’il
ait été apprécié qu’on ait pu l’expertisé. Donc au lendemain du jour
ou le dommage c’est produit et fut expertisé, on peut fixer le
montant de l’indemnité, SAUF ci pour des raisons variées (juridique,
financière) cette reconstitution c’est avérée impossible à cette date.