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Introduction :
I - Définition
Il y a eu une mode consistant à parler du droit du travail comme étant droit social. Au sens strict on
réserve le terme droit social au droit du travail et au droit de la sécurité sociale.
Dans tout manuel droit du travail est définit comme l’ensemble des règles juridiques applicables aux
employeurs privés et ceux qui travaillent sous leur autorité moyennant une rémunération appelé
salaire.
Observations :
- Le droit du travail ne régit que ceux qui travaillent dans le secteur
privé donc exclus le secteur public.
- Le droit du travail ne concerne que ceux qui travaillent sous l’autorité
d’une autre personne par conséquent ne sont pas concernés par le
droit du travail les commerçant, les artisans, les travailleurs
indépendants, les professions libérales, exploitants agricoles en cette
qualité là.
Ne concerne que le travail subordonné : les salariés.
- Le droit du travail réglemente à la fois les relations individuelles
(étude du contrat de travail) mais aussi les relations collectives de
travail (relative à une collectivité de salariés : institutions, conditions
de travail, conflits collectifs, la négociation collective et la
représentation du personnel etc). Cette distinction est très utilisée en
droit du travail.
A) Avant 1841
Au lendemain de la Révolution française, des principe comme l’individualisme, le
libéralisme conduisent à promulguer de la loi LE CHAPELIER (juin 1791) qui a créé le délit de coalition
qui interdisait et sanctionnait les regroupements professionnels, notamment d’ouvriers. Cela ne
facilitait pas l’action collective des ouvriers dans les manufactures.
On raconte que le droit du travail serait né le 22 mars 1841 : promulgation de la première
loi concernant les ouvriers (loi sur la limitation du temps de travail). En 1840, il avait été demandé à
un médecin de l’académie des sciences, Mr Villermé de faire une enquête, un rapport sur les
conditions de travail des ouvriers de certaines manufactures. Les résultats sont accablants avec une
misère effroyable, une population épuisée… Ce rapport a été rendu public et a ému l’opinion
publique dont il a été décidé de faire quelque chose d’où la loi de 1841. Sur le fond, elle a commencé
par interdire le travail des enfants de moins de 8 ans mais elle introduisait aussi une durée maximale
de travail. Loi pas appliquée car intéressés n’avaient pas les moyens de ne pas faire travailler leurs
enfants. Tous les historiens disent qu’elle n’était pas sociale car aucune volonté d’améliorer la
condition ouvrière. En fait, dues au Ministère de la guerre qui s’inquiétait de voir arriver des hommes
chétifs, épuisés.
B) De 1841 à 1936
De 1841 à 1936, période où, de plus en plus, les ouvriers vont bénéficier d’une
règlementation protectrice avec des lois sociales.
- On règlemente la durée de travail,
- Suppression du délit de coalition (1864) : la grève devient donc licite
même si ce n’est pas encore un droit.
Quelques grands pp contenu dans le préambule de 46 qui ont une grande influence :
- la liberté d’entreprendre
- la liberté syndicale
- le droit au travail
- la discrimination
- le droit de grève « dans le cadre des lois qui le réglemente ». Mais
pas de loi en 1946. Ce fut fait en 1950 dans le secteur public mais pas
dans le secteur privé. Par le biais de la négociation, des entreprises
avaient obtenus de leurs salariés qu’ils respectent un préavis dans
certains secteurs d’activités. Mais un jour grève surprise donc
licenciement pour faute grave contesté devant le Juge. La Cour de
cassation dit que le droit de grève a une caractère constitutionnel
donc doit être règlementé par législateur et que les volontés privées
sont impuissantes.
Ces principes sont importants mais l’essentiel du droit du travail est issu de la loi.
B) La loi
L’essentiel du droit du travail en est issu. Par le terme loi, on entend tout texte émanant du
pouvoir législatif mais également du pouvoir exécutif. La façon dont les règles sont élaborées ont
beaucoup évolué avec une volonté, depuis une vingtaine d’année, de faire en sorte que la loi soit
moins autoritaire, qu’elle ait au moins fait l’objet d’abord d’une concertation avec les partenaires
sociaux. On note que, souvent, la loi consacre des accords interprofessionnels. Ces textes sont
regroupés dans le Code du travail.
Le Code du travail a été réécrit en 1973 puis réécrit et refondu en 2008 (entrée en vigueur
au 1er janvier 2008). Sa particularité est d’abord qu’il est en deux parties :
- Dans la première partie : on retrouve la règlementation
quantitativement la plus importante, la plus générale. Tous les
articles commencent par un L et, depuis 2008, on est passé à une
numérotation à 4 chiffres.
- Dans la deuxième partie : articles à 4 chiffres commençant par la
lettre R et D. Il y a, en principe, une correspondance entre la
numérotation de la première partie et de la deuxième.
En substance, Code du travail trop imposant, une règlementation trop rapide, une cadence
législative trop conjoncturelle et la fonction première de la loi est un peu perdue de vue avec de plus
en plus une règlementation d’urgence. Instabilité législative critiquée par bon nombre d’auteurs et
de praticiens.
C) La jurisprudence
Source non négligeable. La jurisprudence de la Chambre sociale de la Cour de cassation a un rôle
déterminant, majeur, essentiel. C’est dans certain thème la source unique :
- Question de la modification du contrat de travail
- Clause facultative du contrat de travail, ex : clause de non
concurrence.
Normes issues du droit communautaire. Lors du traité de Rome de 57, il n’y avait dans ce
traité aucun objectif en matière sociale. Il expliquait qu’il y aurait des retombées sociales,
conséquence d’une communauté économique.
Aujourd’hui les choses ont beaucoup changé, l’union européenne a réussie à bâtir des
normes sociales obligatoires avec un outil de référence : les directives.
Thème phare :
- A partie des années 70 normes sociales au titre de l’égalité.
- Avancement sur l’information et la consultation des travailleurs, la
prise en considération des travailleurs, droit de s’interroger sur ce qui
se passe dans l’entreprise et de donner un avis
Cour Européenne : dignité des travailleurs.
- En matière d’hygiène et sécurité.
- Emploi précaire.
Cpd
exceptions : à partir des années 80 on accorde auj à ces partenaires sociaux la possibilité d’apporter
des règles moins favorables aux dispositions du code du travail. Cette possibilité existe que pour un
thème : l’aménagement du temps du travail.
Il n’est pas rare que l’on rencontre des dispositions étrangères à ces domaines, cette clause
est inopposable aux salariés.
Dans un règlement intérieur, en raison du droit européen, les employeurs doivent rappeler
sans pouvoir ajouter, toutes les dispositions légales interdisant la discrimination et le harcèlement
sexuel et moral il s’agit de dispositions énonciatives.
Le règlement intérieur ne peut pas apporter aux droits et lib des salaries des restrictions qui
ne seraient ni justifiées ni proportionnées au but recherché.
C’est un acte réglementaire de droit privé dont le rôle est dévolu à l’inspecteur du travail. Il
peut demander le retrait, la modification d’une clause qui ne lui parait pas conforme à la loi.
Notes de services : documents qui portent sur des points précis. La jurisprudence explique
qu’elles contiennent des règles provisoires, elles sont en réalité soumises a aucunes règles
particulières. En revanche si par le biais de ces notes on instaure des règles permanentes elles sont
soumises aux règles de droit intérieur.
C’est une source fragile. Bcp de syndicat ont cherché à incorporer les usages dans les
conventions collectives mais le processus est très long. Mais quelque fois la loi renvoie aux usages.
Conclusion : le but :
La multiplicité de ces textes on craint un conflit entre les sources sur un thème donné,
quelle solution retenir ?
Pour résoudre ce conflit de source on se réfère à la hiérarchie des sources :
En droit du travail se pp de résolution est écarté : la règle est que l’on fait tjs prévaloir la
norme la plus favorable pour le salarié. La référence est quelle est la norme la plus favorable pour le
salarié.
Appelé La manifestation de l’ordre public social : les règles sont impératives mais dans
certaines limites : qu’il n’existe pas une norme plus favorable aux salariés. C’est le pp initialement
réservé à la convention collective.
Le pp de l’application de la disposition la plus favorable
2 exceptions :
- La manifestation de l’ordre public absolu : il y a dans le code du
travail des règles auxquelles ont ne peut pas déroger le « noyau
dur » du droit du travail. Ex : la compétence des juges, durée du
mandat de délégué du personnel de 4 ans.
- L’ordre public dérogatoire : la possibilité a titre exceptionnel et
uniquement par la négociation collective de prévoir des règles moins
favorables que les règles légales. Or on remarque parfois on peut
mettre à l’écart le code du travail car il existe des règles moins
favorables : aménagement du temps de travail : ex : h sup.
CHAPITRE II :
LES INSTANCES DE CONTROLE
Qui est chargé en droit du travail de l’effectivité des règles ?
Ses droits :
- Droit à l’indépendance : défendu par la convention de l’OIT. C’est une
administration qui est indépendante de tout changement politique et
de toute influence extérieure.
- Droit à la protection dans l’exercice de leur fonction : tout obstacle à
l’accomplissement des prérogatives de l’inspecteur du travail est
sanctionné pénalement. Si un employeur refuse l’entrée à un
inspecteur du travail, il commet un délit d’entrave. Par exemple,
outrages ou violences.
A) Le pouvoir de contrôle
Le Code du travail précise que l’inspecteur du travail est chargé de vérifier que l’ensemble
du droit du travail est respecté. Aucune exception acceptée.
Pouvoir de décision :
- C’est lui qui autorise le licenciement des salariés représentants le
personnel.
- Inaptitude du salarié
- Exiger le retrait d’une clause du règlement intérieur
Mission de conseil :
Depuis 20 ans, on demande aux inspecteurs d’assurer une mission de conseil non
seulement auprès des salariés mais également auprès des employeurs. De plus, ils peuvent être
arbitres ou conciliateurs dans les litiges survenant entre employeurs et salariés.
L’appellation officielle est le conseil des Prud’hommes et pourtant c’est bien une juridiction.
Nés au 19ème siècle, on confiait le traitement des litiges à un conseil d’hommes connus pour leur
sagesse, leur modération. L’institution est généralisée en France en 1979.
Il y a au moins un conseil des prud’hommes dans le ressort de chaque TGI.
1) Composition et compétence
Composition :
- Juges spécialisés non professionnels (pas des magistrats de carrières)
élus tous les 5 ans par les salariés et les employeurs.
- Pour être en fonction, il faut nécessairement passer par un syndicat.
- Les élections auxquels le monde salarial est attaché car c’est la seule
occasion pour les syndicats de salariés (CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-
CGC) de tester leur audience sur le plan national.
- C’est une juridiction paritaire c'est à dire une proportion égale entre
salariés et représentants employeurs.
- Chaque conseil des prud’hommes est divisé en section et chaque
conseillé est issu de ce milieu là : section de commerce, d’industrie,
activités diverses, agriculture, encadrement.
- Lorsque les conseillers prud’homaux siègent, ils ont le statut de
magistrat (tous les attributs et obligations).
Compétence :
C’est une juridiction spécialisé. Le Conseil des prud’hommes est compétent uniquement
pour les litiges d’ordres individuels : litiges nés à l’occasion de la conclusion de l’exécution ou la
rupture du contrat de travail. C’est une compétence d’ordre public peu importe le montant du litige
et sa nature.
Tous les litiges de dimension collective ne sont pas de la compétence du conseil des
Prud’hommes.
N.B : On constate que plus de 90% des dossiers au conseil des prud’hommes sont des contestations
de licenciement (demande de salariés).
Il y a une formation de référé réservée en cas d’urgence.
2) Procédure
On peut se défendre seul au Conseil des Prud’hommes : le ministère d’un avocat n’est pas
obligatoire. La saisine se fait par une déclaration au greffe où le demandeur inscrit le litige.
1ère phase de la procédure : Les parties vont être convoquées obligation par une audience de
conciliation : trouver un arrangement pour que l’affaire s’arrête là. A l’issu de cette audience, 2
possibilités :
- Un arrangement est trouvé : les juges dressent un PV de conciliation
(affaire terminé)
- Echec de la conciliation : PV de non conciliation (fin 1ère phase de la
procédure)
2ème phase de la procédure : convoqué à huis clos devant le bureau de jugement. L’audience est
publique. ils siègent dans la section correspondante 4 conseillers. C’est là que l’affaire est plaidée.
Puis les conseillers prennent la décision à la majorité absolue des voies. On a craint un
partage des voies ; en cas de partage des voies, il est prévu que les débats doivent être repris dans le
mois qui suit en présence d’un 5 ème magistrat professionnel (Juge du TI). C’est le Juge départiteur. On
calcule le % d’affaires qui parte en départage (très surveillé) car il y a un certain nombre de
détracteurs considérant que les conseillers prudhommaux sont incompétentes et qu’ils soient
partiaux.
Il faut d’abord faire une place au Tribunal d’instance qui connait un contentieux non
négligeable : c’est le Juge, en droit du travail, de l’élection professionnelle et de l’élection des
conseillers prud’homaux.
Ensuite, il faut faire une place au TGI qui traite de tous les litiges, en droit du travail, de
dimension collective (conflits collectifs, grèves). S’il y a litige sur l’interprétation ou l’application d’une
clause d’une convention collective, compétence TGI. De même pour les contentieux concernant le
comité d’entreprise.
Il faut, enfin, faire une place au Tribunal de commerce. En cas de procédures collectives, il y
a des mécanismes qui sont là pour protéger les intérêts (financiers d’abord) des salariés. C’est
orchestré par le Tribunal de commerce.
Il y a des quantités de règles du droit du travail qui sont assorties de sanctions pénales en
cas de non-respect de telle sorte qu’il y a un droit pénal du travail. En droit pénal du travail, on ne
connait pas crimes, donc pas de Cour d’assise. Il reste donc le Tribunal de police mais également le
Tribunal correctionnel.
Le droit pénal du travail est une matière de plus en plus fourni. Accélération de la
pénalisation de la matière, aggravation des sanctions pénales (discrimination, harcèlement, travail
clandestin). Par ailleurs, on note qu’il s’agit d’un droit plutôt ineffectif, peu appliqué et donc peu
efficace sauf dans certains domaines dont le travail clandestin.
TITRE I :
LES CONTRATS ETABLISSANT LA RELATION
DE TRAVAIL
CHAPITRE I :
LA NOTION DE CONTRAT DE TRAVAIL
C’est une question épineuse qui fait partie des grands sujets en droit du travail français. Il
faut d’abord remarquer que, le Code du travail ne donne à aucun moment une définition du contrat
de travail. En réalité, aucun législateur ne s’est risqué à donner une définition : c’est une difficulté
puisque depuis que le droit du travail existe, on sollicite régulièrement les Juges dans le cadre de
litiges où il leur est demandé de qualifier la convention dont elles sont parties. Les Juges ont dû
aborder la question de la spécificité, de l’originalité du contrat de travail.
Depuis Cour de cassation, 22 juillet 1954, la Cour explique que le contrat de travail est « la
convention par laquelle une personne s’engage à mettre son activité à la disposition d’une autre sous
la subordination de laquelle elle se place moyennant une rémunération appelée salaire ».
N’ont pas la même importance. Le plus décisif est le lien de subordination, c’est ce qui
permet de déterminer l’essence même du contrat de travail.
Ce premier débat est résolu par Cour de cassation, 1931 : « la condition juridique d’un
salarié ne dépend pas de sa dépendance économique à l’égard d’une autre personne mais de
l’existence d’un lien juridique de subordination ».
I - La notion de subordination
Compte tenu du contentieux naissant, la Cour de cassation a décidé de donner une
définition de ce lien de subordination juridiquement entendu : « il y a lien de subordination juridique
lorsqu’il y a exécution du travail sous l’autorité d’un employeur qui donne des ordres, des directives,
qui contrôle le travail et qui sanctionne les manquements ».
Cette définition est centrée sur l’existence de deux pouvoirs traditionnellement reconnus
par le Juge à l’employeur en sa qualité d’employeur :
- Le pouvoir de direction
- Le pouvoir disciplinaire : sanctionner les manquements, les fautes.
C’est le corollaire du pouvoir de direction.
La définition, telle qu’imaginée par les Juges, s’est avérée inefficace ou impuissante à
appréhender la situation pour un certain nombre de salariés naturellement indépendants de par
leur fonction. Par exemple des interprètes, des médecins, des conférenciers qui, compte tenu de leurs
compétences sont naturellement indépendant.
La Cour de cassation a imaginé mettre en place un autre critère pour ces salariés
naturellement indépendants. Cet autre critère consistait à considérer que la subordination juridique
découlait de l’intégration d’une personne au sein d’un service organisé. Exemple du médecin dans
une clinique privée. Ce second critère est très critiqué, considérant que la jurisprudence est
susceptible de dérives.
La Cour de cassation décide de modifier à nouveau sa jurisprudence sur le lien de
subordination. Ch. Pl., 1996, Société Générale, recours à des interprètes, conférenciers qu’elle
salariait. Pour la première fois la Cour de cassation décide de changer sa jurisprudence :
- Dans un 1er temps : elle reprend, sans la modifier, la définition du lien
de subordination par référence aux deux prérogatives reconnues à
l’employeur.
- Dans un 2nd temps : revirement car la Cour de cassation abandonne le
critère de l’intégration au sein d’un service organisé. La Cour de
cassation explique que cette intégration est un simple indice du lien
de subordination mais plus du tout suffisant en tant que tel.
Depuis cet arrêt, on a une conception unifiée du lien de subordination. La volonté des
magistrats était d’essayer de limiter les requalifications de contrats en contrats de travail. Problème
est que les années suivantes ont démontré qu’on n’arrivait pas toujours très bien à distinguer
clairement le travail indépendant du salariat.
La Cour de cassation a réglé la situation en expliquant, par exemple : Ass. Pl., 1983, « l’existence d’un
contrat de travail ne dépend ni de la volonté des parties, ni de la dénomination du contrat litigieux
mais des conditions dans lesquelles le travail est accompli ». Les Juges poursuivent en expliquant que
« le droit du travail est une matière d’ordre public et il n’est pas question de soustraire une personne
au droit du travail lorsqu’elle travaille dans les conditions qui sont celles du salariés ».
Dans ce type de contentieux, le Juge n’a pas à opposer aux parties la force obligatoire du
contrat. Le Juge confirme l’analyse de l’URSSAF : requalifie le contrat en contrat de travail sans
demander l’avis de l’artisan, du travailleur indépendant : c’est le principe de réalité.
Cette requalification suppose la recherche des éléments de la subordination. Les Juges du
fond procèdent à la méthode dite du faisceau d’indice. C’est donc une méthode très pragmatique :
on s’attache à la réalité. Aucun secteur d’activité n’est épargné par ces actions en requalification.
Cour de cassation, 2000, LABBANE, Mr Labbane chauffeur de taxi à Paris. Un vieux décret permet à
des sociétés de louer des voitures aux chauffeurs de taxi. Ce Mr a un accident au cours d’une course
avec un client et se retourne contre la société de location en disant qu’elle était son employeur
compte tenu des contraintes imposées aux locataires. Mais pas d’éléments de rémunération. Contre
toute attente, la Cour de cassation considère que les Juges du fond avaient bien fait de requalifier le
contrat de location règlementé par décret en contrat de travail.
Ch. Sociale, 2009, concernait des candidats de l’Ile de la Tentation. La Cour de cassation n’a pas
hésité à requalifier. Mais aucune nouveauté sur le fond. Concrètement, TF1 condamnée pour travail
clandestin et ces candidats vont pouvoir réclamer le paiement de la totalité de leurs heures.
Il y a quelques actions en requalification que l’on retrouve à propos de personnes qui
intègrent des communautés religieuses et qui, au sein de ces communautés y effectuent un travail et
qui, quittant la communauté, peuvent assigner la communauté en requalification. La Cour de
cassation admet le cas échéant la requalification en fonction des éléments de fait. Il n’y a pas
finalement d’exception religieuse. Toutefois il semble qu’il y ait sur ce point un léger retrait de la
Cour de cassation :
Cour de cassation, 2010, la Cour de cassation semble considérer que l’engagement religieux d’une
personne peut exclure l’existence d’un contrat de travail pour les activités que cette personne
accomplit pour le compte d’une association ou d’une congrégation cultuelle légalement établie. De
telle sorte qu’il y aurait une exception religieuse mais limitée aux congrégations ou associations
cultuelles. On comprend, à la lecture de cet arrêt, que toute autre organisation pas établi selon ce
modèle-là n’est pas à l’abri de requalifications.
Il y a une quantité non négligeable de travailleurs indépendants qui, de fait, sont dans un tel
état de dépendance à l’égard des personnes pour qui ils travaillent que l’on peut les qualifier de faux
travailleurs indépendants. Même problème à l’échelle de l’UE.
Au milieu des 90’s, la Commission européenne avait promis d’imaginer un nouveau statut
qui s’appliquerait à ces travailleurs indépendants très dépendants et qui pourrait s’appliquer aux
salariés mais très indépendants (conférenciers, interprètes…). Le problème est que l’essentiel
manque : on n’a toujours pas trouvé le statut à ce jour (règles que l’on appliquerait à ces personnes-
là). Aucune solution concrète n’a été possible au niveau de l’UE.
Plusieurs tentatives gouvernementales pour essayer de décourager les Juges du fond à requalifier :
- 11 février 1994 : loi générale concernant les PME avec une
disposition concernant le droit du travail avec la création d’une
présomption de non salariat au profit de toute personne inscrite sur
un registre professionnel. Le but de cette loi était d’essayer de
sécuriser les relations professionnelles avec les donneurs d’ordre
(PME travaillant avec sous-traitants). Problème étant que cette
présomption n’est pas irréfragable. Elle peut être renversée si les
intéressés sont dans un lien de subordination juridique permanente.
- En 2000 : supprimée car alternance politique
- Aout 2003 : réintroduite dans le Code du travail à l’article L8221-6.
CHAPITRE II :
LE DROIT COMMUN DU CONTRAT DE TRAVAIL
Pendant de nombreuses années, le droit du travail ne s’intéressait qu’à la phase de
conclusion proprement dite du contrat de travail. Le juriste n’avait rien à raconter sur la phase du
recrutement. Aujourd’hui des contraintes s’appliquent aux employeurs lors du processus
d’embauche.
A) Le contenu du principe
Le principe général se retrouve dans le Code du travail à l’article L1132-1. Ce principe
repose sur un principe très largement consacré par le droit français, européen et international : le
principe d’égalité.
La discrimination est le traitement différencié entre personnes mais fondés sur un certain
nombre de critères.
Cette liste est le résultat de nombreuses interventions législatives sous la pression de l’UE.
Certains critères font double emploi (discrimination raciale notamment dans l’hypothèse où la
discrimination est fondée sur le nom de famille). Certains ont suggérés qu’il faudrait peut-être
condamner les discriminations au niveau de l’adresse.
Ces interdictions fondées sur ces critères ne sont pas toujours absolues. Certaines font
l’objet, par la loi, de possibilités de justifications pré établies.
Tous ces critères ne constituent pas des interdictions absolues et la loi consacre des possibilités de
justifications pré établies.
- Par exemple, l’âge : la loi explique que s’agissant de l’âge, il peut y
avoir des emplois pour lequel l’âge est un paramètre essentiel dans la
tenue de l’emploi et que l’employeur peut avoir des prétentions à cet
égard. La loi française va même aujourd’hui assez loin en prévoyant
qu’un employeur peut légitimement refuser d’employer une
personne dont la durée d’emploi sera trop courte en raison de
l’arrivée à l’âge de la retraite.
- De même pour le sexe : le sexe peut, parfois, être une condition
déterminante de l’emploi. Par exemple s’agissant d’un recrutement
concernant un comédien pour une pièce de théâtre.
En revanche, tous les critères relevant d’une discrimination raciale sont absolus. Par ailleurs ce même
article précise deux choses :
- La discrimination à l’embauche n’est pas limitée à l’embauche par
CDD ou CDI : cela vaut aussi pour l’embauche pour de simples stages
ou pour simplement effectuer une action de formation.
- Le droit français condamne aujourd’hui, à la fois la discrimination
directe mais également la discrimination indirecte : notions créées
par les Juges de CJUE.
Directe : s’explique directement par un des
critères énoncés par la loi
Indirecte : différence de traitement fondée sur un
critère apparemment neutre mais qui, de fait, lèse
une catégorie particulière de travailleurs ou de
candidats. Cette notion est importante, on
l’appelle aussi discrimination de résultat : elle
permet de faire l’économie de l’intention de
discriminer. Une entreprise, en Grande-Bretagne,
pour favoriser le travail à temps plein avait un
taux horaire de rémunération supérieur aux
personnes qu’il embauchait à temps partiel. En
réalité, mesure discriminatoire entrainant une
discrimination fondée sur le sexe. En effet,
statistiquement, la majorité des temps partiel
étaient des femmes.
Le droit européen met en place d’une législation pragmatique, offensive : directive de 1997 qui
allègent la charge de la preuve du demandeur victime d’une discrimination :
- Le candidat présente au Juge des éléments de fait laissant supposer l’existence d’une
discrimination directe ou indirecte : lors des débats pour l’adoption de la directive, on a
beaucoup discuté avec le terme « indice ». A ce stade de la procédure, le Juge saisit devrait
se contenter de peu.
- Lorsque le Juge accueille ces éléments : c’est alors à l’employeur ou au recruter de
démontrer que sa décision est justifiée par des éléments objectifs étrangers à toute
discrimination. S’il échoue, il sera condamné pour discrimination.
Quelque soit le cas de nullité, on écarte le caractère rétroactif, elle n’opère que pour
l’avenir : concerne nullité absolue et nullité relative.
Il n’est pas rare que la Chambre sociale, dans une même décision, prononce la nullité du
contrat et condamne la personne a effectué le contrat antérieur. Possibilité de proposer la nullité
d’une clause sans remettre en cause la totalité du contrat.
Le Code du travail précise que le contrat de droit commun est le CDI a temps complet. Tous
les autres contrats sont considérés comme des contrats dérogatoires, exceptionnels.
- S’agissant du CDI à temps complet , l’écrit n’est pas une exigence de
validité. Cela en vertu du pp du consensualisme.
- En revanche pour tous les contrats autres l’écrit est une condition de
validité du contrat dit dérogatoire. Ex : pour le CDD l’écrit est exigé.
Le salarié peut demander en cas d’absence d’écrit la requalification
en CDI. Le juge n’a pas de marge de manouvre : si pas d’écrit la
requalification est obligatoire.
Le droit de l’UE avait tenté d’instaurer des normes minimales pour que tout contrat de W
fasse l’objet d’un écrit mais en réalité le droit de l’UE impose simplement aux employeurs d’informer
leurs salariés des principaux éléments du contrat de travail dont la qualification, la rémunération, la
convention collective applicable. La France n’adopte pas de directives en considérant que les
bulletins de paye font figurer toutes ces mentions.
II - La période d’essai
Elle a pendant longtemps été une pratique non réglementée maintenant reconnue par la
loi. Elle est facultative, elle est destinée pour chaque partie d’apprécier concrètement dans le cadre
d’une prestation normale de travail la relation de W qui à vocation à devenir définitive.
Cette période a fait l’objet de règles légales par une loi du 25 juin 2008 : L1251-1 et suivant
du Code de travail. la période d’essai permet à l’employeur dévaluer les compétences du salarié dans
son W notamment au regard de son expérience et au salarié d’apprécier si les fonctions occupées lui
conviennent.
Cette loi est appelé loi de modernisation du marché du W. Elle a consacré de nombreuses
décisions jurisprudentielles mais a aussi démenti certaines positions prises par les juges du fond, au
titre de la rupture de la période d’essai.
La CCASS précise un certain nombre de choses : permet de rappeler que la période d’essai ne doit
pas être confondue avec l’essai professionnel du test professionnel qui correspond à une situation
où on test les capacités du salarié mais pas dans les conditions normales d’emploi.
C’est l’occasion pour la CCASS de faire la distinction entre période probatoire et période d’essai. La
période probatoire est réservée pour les magistrats de la CCASS à la période laissée à un salarié qui
vient d’être promu qui change de qualification et à qui on laisse une période pour que le salarié fasse
ses preuves. Le terme période probatoire est réservé à cette période de test.
Plusieurs arrêts rendus le 30 mars 2005 la cour de cassation explique que la période d’essai en cours
d’execution du contrat ne peut être qu’une période probatoire dont la rupture a pour effet de
replacer le salarié dans ses fonctions antérieures.
- Si le salarié ne convient pas aux attentes de l’employeur , celui-ci ne
peut pas se prévaloir du pp de la libre rupture mais doit replacer le
salarié dans ses fonctions antérieures : droit au retour.
- Si l’employeur met fin à une période probatoire sans motifs il pourra
être condamné pour licenciement sans cause réelle et sérieuse.
Il est possible d’insérer dans un contrat de W une période d’essai alors que celui-ci avait déjà
effectué un stage ?
Loi du 25 juin 2008 : L1221-24 en cas d’embauche à l’issu d’un stage la durée du stage doit
être déduite de la période d’essai mais sans que cette déduction est pour effet de réduire de plus de
la moitié la période d’essai.
Le renouvellement :
La loi du 25 juin 2008 apporte des précisions : art L1221-1 du code du W explique que la
période d’essai peut être renouvelée une seule fois mais faut il qu’un accord de branche le prévoit
dans son pp et dans ses modalités. Ce renouvellement ne doit jamais avoir pour effet de dépasser 4
mois pour les ouvriers et employés, 5 mois pour agents de maitrise et techniciens et 8 mois pour les
cadres.
La jurisprudence est protectrice des intérêts des salariés, considère que le renouvellement
doit résulter d’un consentement exprès des parties intervenu au cours de la période initiale cad
avant l’expiration de la période d’essai.
B) La rupture de la période d’essai
1) Le principe
Art L1231-1 : les dispositions relatives à la rupture du contrat à durée indéterminée ne sont pas
applicables à la période d’essai. La rupture de la période d’essai n’est ni un licenciement ni une
démission.
Le pp est que la rupture est libre sans motivations, sans procédures particulières.
Aménagement légale : depuis la loi de 2008 pas de formalisme particulier mais la partie qui veut
rompre doit respecter un délai de prévenance. La durée varie selon que c’est l’employeur ou la
partie qui y met fin (…)
Le Code du travail précise encore que la période d’essai ne peut être prolongée du fait de la
durée du délai de prévenance. L’employeur qui ne notifie pas la rupture suffisamment tôt la rupture
doit versée au salarié une d’indemnité compensatrice : qui est égale au montant des salaires du
jusqu'à l’expiration du délai de prévenance.
Chambre sociale, 26 octobre 2005, La Cour de cassation explique que le régime réservé aux salariés
victimes d’accident du travail ou de maladies s’applique à la période d’essai. Le salarié victime d’un
accident ou de maladie dit ordinaires.
Depuis 1982 le CDD est considéré comme dérogatoire. CDI est présenté comme le mode
normal de relation de W. Décalage entre traitement juridique et la pratique.
Cela explique les exigences légales relatives au CDD notamment. Cela explique aussi en
partie les très nombreuses réformes autours des emplois précaires avec des réformes qui n’ont pas
toujours suivis les mêmes objectifs.
Tout est réglementé de la conclusion à la rupture.
I - La conclusion du CDD
Au titre de la conclusion, le législateur a créé au fil des années un mode d’emploi de ces
contrats, le législateur prévoit dans quelles hypothèses précises on peut utiliser ces CDD. L’essentiel
au titre de la conclusion du CDD c’est le recours au CDD.
A) Le recours au CDD
Le Code du travail prévoit en réalité deux grandes catégories de CDD : de droit commun :
les cas de recours ordinaire et les CDD conclut dans le cadre d’une politique en faveur de l’emploi.
Le Code du travail ne dit pas grand-chose sur le recours. Le motif de l’absence importe peu.
Cependant il est Interdit de recourir au CDD pour remplacer des salariés grévistes : Puni pénalement.
Concernant le remplacement le Recours régulier à partir du moment où l’on nomme le nom et la
qualification du salarié absent. Cela Signifie que lorsqu’une entreprise embauche en CDD pour
remplacer un certain nombre de salariés absents, le CDD est irrégulier car il faut remplacer
nominativement quelqu’un.
Pendant de nombreuses années le chef d’entreprise était obligé de remplacer sur le poste
du titulaire absent alors qu’il aurait pu préféré mettre un salarié déjà présent dans son entreprise sur
ce poste et embauché une autre personne en remplacement avec un CDD dans un autre poste.
La Cour de cassation admet dorénavant : ce qu’elle appelle le remplacement en cascade
depuis le 22 novembre 95 appelé aussi le remplacement indirect.
Cas ou l’on peut recourir au CDD :
- En cas d’accroissement de l’activité de l’entreprise. L a loi précise se que recouvre cette
situation. Accroissement de l’activité habituelle de l’entreprise.
- Pour l’exécution d’une tache occasionnelle ponctuelle mais qui peut ne pas être lié à
l’activité habituelle de l’entreprise. C’est ainsi que l’entreprise peut embaucher des
salariés par CDD pour assurer des actions en formation pour leur salarié.
- Pour l’exécution de travaux dit urgent : renvoyant à la prévention d’accident du travail.
Préserver l’intégrité physique des salariés. Le Code du travail prévoit qu’une entreprise
puisse faire fasse à une commande exceptionnelle à l’exportation nécessitant la mise
en œuvre de moyens exorbitants.
- Emploi saisonnier : le CDI n’est pas adapté. Beaucoup de contentieux car la loi ne
définit pas se qu’il faut entendre par emploi saisonnier. Du mal a distingué
l’accroissement du W d’entreprise et W saisonnier. La Cour de cassation explique que le
cas de recours doit relever de la réalité. Véritable enjeu à ne pas confondre les 2 :
différences de régimes : l’indemnité de contrat n’est pas du pour les contrats
saisonniers alors qu’elle est due pour les contrats d’accroissement du W d’entreprise.
La CCASS pendant des années ne prend pas de définition pour les contrats saisonniers.
Prend position le 12 oct 99 : elle donne une définition : la Cour de cassation explique
que l’emploi saisonnier est l’emploi correspondant a des activités appelées a se répéter
chaque année a des dates fixes en fonction du rythme des saisons ou des modes de vie
collectif.
Circonstances : met en cause la politique de
recrutement concernant la tour Eiffel et considère
qu’il y a contrats saisonniers car période ou il y a
le plus grand nombre de visiteurs.
Commentaire de la définition : ce qui caractérise
l’activité saisonnier c’est son caractère régulier,
cyclique et prévisible. Secteur plus concerné que
d’autres par l’activité saisonnière : culture,
agroalimentaire et le tourisme. Mais le CDD
saisonnier n’est pas limité à ces secteurs. Qu’est
se que l’on entend par mode de vie collectif ? La
façon dont on envisage les périodes de vacances.
On constate que malgré la définition produit par
les magistrats de 99 on a toujours du mal à
distinguer le contrat de W saisonnier de
l’accroissement de l’activité habituelle de
l’entreprise. Par ex : pb : les chocolateries. La Cour
de cassation énonce que la saison est déterminée
par référence a des éléments objectifs et non a la
subjectivité de l’employeur. C’est à l’employeur de
décréter la saison.
- Le CDD dit d’usage ou CDD coutumier : Le Code du travail utilise
l’utilisation du CDD dans les secteurs professionnels où il est établit
l’usage pour certain emploi de ne pas recourir au CDI ou l’usage est
d’utiliser le CDD. C’est La consécration par la loi de la coutume. Les
secteurs professionnels intéressés sont visés par décret, liste : D1242-
1, liste qui peut être complété par décret, figure dans cette liste :
secteur audiovisuel, production cinématographique, les activités
d’enquête, le sport professionnel. Le législateur permet à ces
entreprises de pourvoir des CDI alors que ce n’est pas adapté.
En cas de litige sur le motif de recours au CDD c’est à l’employeur a qui il incombe de
rapporter la preuve de la réalité du motif énoncé dans le CDD retenu par l’employeur.
Le motif de recours énoncé dans le contrat fixait les termes du litige. Cela signifie que les
juges ne peuvent jamais substituer le cas de recours retenu par l’employeur par un cas de recours
plus adéquat.
1) Un écrit obligatoire
Toujours exigé : aucune exception. Le Code du travail précise que cet écrit doit être
transmis au salarié au plus tard dans les 2 jours qui suivent l’embauche.
La requalification CDD en CDI est une présomption irréfragable pour l’employeur, il n’a
jamais la possibilité devant le juge de rapporter la preuve que le contrat était conclus de manière
déterminée. Sur ce motif là, il n’y a aucun aléa et le juge doit requalifier, les magistrats n’ont pas de
pouvoir d’appréciation.
Seul le salarié peut se prévaloir du défaut d’écrit.
II - La durée du CDD
La loi énonce des limites précisent dans le temps et par ailleurs la loi prévoit la possibilité
ou non d’enchainer la succession de contrat successif sur un poste de travail équivalent ou différent.
Le Code du travail précise que dès leur conclusion les CDD doivent comporter un terme
précis c'est à dire une date, cette 1 ere règle fonctionne toujours avec une 2 nd qui est la durée
maximale du CDD qui est de 18 mois (parfois ramené à 9 mois, parfois est de 24 mois).
La loi permet dans certains cas de conclure des contrats à termes imprécis.
Quels sont les cas où il est possible de conclure des CDD à date imprécise ?
- CDD de remplacement
- CDD saisonnier
- CDD d’usage
Lorsque l’entreprise fait ce choix : exigence de durée minimale et dans ce cas la durée
maximale de 18 mois disparait et sans qu’il y ait une limite maximale absolue.
2) Le renouvellement du CDD
Prolongation du même contrat qui va entrainer la signature d’un avenant qui va modifier la
date de fin de contrat. Le renouvellement est possible une fois dans la limite maximale de 18 mois.
Le renouvellement ne s’entend que pour les CDD conclus initialement à terme précis. Ne
pas confondre avec la succession de CDD.
B) La succession de CDD
La succession de CDD vise la succession de contrat de CDD distincts. Question traitée dans
le code du travail mais pas de manière unifiée. Succession de CDD avec le même salarié.
Pour ne pas encourager le recours à ces CDD, la loi prévoit que pour recourir à un nouveau
CDD sur un même poste de travail, il faut respecter un délai de carence qui est égal au tiers de la
durée du précédant CDD renouvellement inclus.
Par exception : le délai de carence n’a pas à être respecté dans certain cas la succession de
CDD sur le même poste de W est possible immédiatement :
- travail urgent,
- saisonnier,
- d’usage,
- remplacement,
- lorsque le précédant CDD a été rompu avant le terme par le salarié,
- lorsque le salarié a refusé le renouvellement de son contrat.
Dans les hypothèses finalement nombreuses où la succession est possible, la loi ne fixe pas
de limites maximales. Le code du W n’en dit pas plus : il autorise la succession.
Pour les CDD de remplacement et d’usage cela laisse une large marge de manœuvre pour
les entreprises.
Chambre sociale, 4 décembre 96 concernait salarié qui travaillait dans grande structure pendant 4
ans même qualification même rémunération et avait signé 94 CDD. CDD de remplacement toujours
réguliers. Mais pas de 95 CDD donc le salarié demande requalification de tous ces CDD en CDI. Les
juges requalifient en se fondant au visa de l’art L1242-1.
Arrêts concernant les salariés de péage d’autoroute.
A) La requalification en CDI
Conclus en violation de la loi le CDD est réputé CDI. Seul le salarié concerné peut se
prévaloir de l’inobservation des règles. Cette action n’est pas ouverte à l’employeur et le juge ne
peut pas d’office requalifier le CDD en CDI.
En revanche lorsque l’irrégularité est demandée au juge, celui doit requalifier, il alloue
automatiquement une indemnité qui ne doit pas être inferieur a l’équivalent d’un moi de salaire
brut. Indemnité intrinsèquement à la requalification.
Bien souvent les salariés qui agissent en requalification sont des salariés qui ont quitté
l’entreprise. Bien souvent ils agissent a postériori.
Lorsque le juge requalifie il tire toutes les conséquences de la nouvelle qualification qu’il
vient de poser. Ainsi licenciement sans cause réelle et sérieuse : équivalent de 6 mois salaire brut
pour indemnité. L’employeur aurait du un préavis que l’employeur n’a pas respecté.
En principe, indemnité de précarité concernant le CDD. Que se passe t’il si requalification ?
Elle n’est pas due mais si elle a déjà été versée au salarié elle est acquise.
B) Les règles de procédure
De nombreux cas où l’indemnité n’est pas imposée par le code du travail mais tjs possible par
accord, convention :
- Emploi saisonnier
- CDD d’usage
- CDD conclu dans le cadre d’une politique de l’emploi
- Lorsqu’à l’issu du CDD le salarié est embauché par la même
entreprise mais par un CDI
- Lorsque le salarié refuse le CDI à l’issu du CDD alors qu’il s’agit des
mêmes qualifications et mêmes rémunérations
- Pour tous les CDD conclus par les jeunes pendant les périodes de
vacances scolaires et universitaires
- Lorsque le salarié met fin au CDD avant le terme à son initiative
- Lorsque le CDD est rompu en raison de la faute grave du salarié
Lorsqu’un salarié demande la requalification du CDD en un CDI et qu’elle lui ait accordé, le
salarié perd le droit à l’indemnité de précarité. Car rétroactivement il y a toujours eu relation de
travail indéterminé.
Mais si l’indemnité est versée avant la requalification elle reste acquise au salarié arret
CCASS 9 mai 2001 revirement car avant on considérait que le salarié devait rembourser l’indemnité.
II - La rupture anticipée
Aucune des parties n’a la possibilité de résilier unilatéralement ce contrat. Pas de place
pour le licenciement et pour la démission.
Cas exceptionnel de rupture avant le terme.
Lorsqu’un salarié commet une faute grave elle est d’abord apprécier par l’employeur puis
lorsqu’il décide de mettre fin au CDD avant le terme il doit respecter la procédure de droit
disciplinaire qui ressemble bcp à la procédure préalable au licenciement. L’employeur va convoquer
le salarié a un entretient préalable et à la suite il doit faire un courrier en exprimant les motifs de la
rupture anticipée du CDD.
Cette liste est d’ordre public : les parties n’ont pas la possibilité de la compléter. Les clauses
résolutoires sont interdites. Les clauses de résiliation unilatérale accordé à une partie et consentie
par l’autre sont nulles. Ex : ce rencontre souvent dans le monde des sportifs professionnels.
Préciser les conséquences d’une rupture anticipée en dehors des cas prévu par la loi. Les
sanctions prévues à l’art L1243-4 et varies selon qui rompt irrégulièrement le CDD.
1ere hypothèse : rupture anticipée fautive à l’initiative de l’employeur : le code du travail prévoit
que le salarié peut prétendre obtenir les dommages et intérêts qui ne peuvent pas être inférieur aux
salaires perçus s’il était allé jusqu’au terme du contrat.
C’est une indemnisation forfaitaire minimale : elle ne peut pas être réduite par le juge
arret de la ch soc du 31 mars 93 indemnité qui est due alors même que le salarié a
retrouvé très vite un emploi.
Pb pour le calcul de l’indemnité concernant les CDD sans termes précis. Il est demandé au juge du
fond de fixer une date de fin de contrat et ensuite de calculer l’indemnisation minimale.
Ce sont des dommages et intérêts étant précisés qu’un salarié ne peut pas cumuler ces
indemnisations avec les allocations chômages.
2ème hypothèse : Si la rupture est fautive coté salarié. Le code du travail prévoit que l’employeur a le
droit a des dommages et intérêts, pas d’indemnisation minimale, librement apprécié par les juges.
L’indemnisation n’est pas automatique ainsi l’employeur doit établir un préjudice particulier et en
apporter la preuve. Alors que dans le cas du préjudice du salarié, l’indemnisation est automatique.
1er contrat conclu entre l’entreprise de travail temporaire et l’entreprise utilisatrice (cliente) :
réglementé par le code du travail : contrat de mise à disposition.
2ème contrat conclu entre l’entreprise de travail temporaire et l’employeur.
Celui que l’on appelle l’intérimaire travaille chez le client de son employeur. Il n’y a pas de contrat
entre le salarié et l’entreprise utilisatrice. Le salarié est tenu de respecter toutes les règles de
l’entreprise cliente.
S’il y a faute au sein de l’entreprise cliente c’est l’entreprise de travail temporaire qui sanctionnera
car l’entreprise cliente n’a pas de pouvoir sur le salarié.
TITRE II :
LES DIFFERENTS MODES DE RUPTURE DU
CONTRAT DE TRAVAIL A DUREE
INDETERMINEE (CDI)
Le droit de la rupture du contrat de travail est pour l’essentiel happé par le licenciement.
CHAPITRE I :
LE DROIT COMMUN DU LICENCIEMENT
Quelque soit le motif invoqué par l’employeur au titre du licenciement il doit respecter
deux séries de règles : règles de forme et règles de fond.
Procédure préalable et exigence d’une cause réelle et sérieuse.
I - L’entretien préalable
Procédure qui est de la responsabilité de l’employeur. En cas de contestation le juge
constatera l’erreur sans rattrapage possible. Il est toujours obligatoire dans le cadre d’un
licenciement pour motifs personnels, malgré la gravité des faits reprochés au salarié.
En France tous les licenciements prononcés sur le champ ou verbal sont nécessairement
irrégulier.
Pour certain licenciement économiques d’au moins 10 salariés, la formalité de l’entretient
préalable est supprimé.
L’art L1232-3 précise qu’au cours de l’entretien préalable l’employeur indique les motifs de
la décision envisagée et recueille les explications du salarié. La CCASS veille au respect de la raison
d’être de cet entretien préalable, elle considère que l’entretien préalable est le moment de la
franche explication de la rencontre imposée par la loi du salarié et de l’employeur.
La Cour de cassation refuse que l’employeur soustraite la tenu de ses entretiens préalables.
Pour que le débat soit le plus simple possible la Cour de cassation censure tous les comportements
qui transformeraient les entretiens préalables en tribunes d’accusation ou en chambres d’enquête.
Procédure irrégulière si l’employeur convoque d’autres salariés le même jour pour avoir des
témoignages ou convoque la hiérarchie.
Dans un entretien préalable on est maximum 4 :
- le salarié éventuellement assisté,
- l’employeur qui a aussi le droit d’est assisté par une personne
appartenant à l’entreprise.
Les magistrats disent que c’est le lieu de la franche explication. La Chambre sociale explique
que c’est un moment privilégié et pour se faire elle considère que sauf abus les propos des salariés
ne peuvent jamais être retenu contre eux c'est à dire ne peut pas constituer un motif
supplémentaire.
Jurisprudence instaurée par arret 21 juin 94.
L’abus semble réservé à la violence physique. C’est la consécration d’un droit à la colère, on
instaure au profit du salarié une immunité de parole au cours de l’entretien préalable.
II - La notification du licenciement
C’est l’étude de la lettre de licenciement, cette lettre de licenciement doit prendre la forme
d’une lettre recommandée avec la demande d’accusé de réception.
La date de la première présentation de la lettre au domicile du salarié fixe le point de
départ du préavis. Le préavis démarre au jour où est présentée pour la première fois la lettre au
domicile du salarié. Elle doit être motivée, envoyée en respectant un délai minimal.
L’obligation de motivation :
- C’est un droit pour le salarié
- Pour l’employeur c’est une discipline
- Pour le Juge, elle délimite précisément le litige
Il faut retenir que le Code du travail ne précise pas directement les conséquences d’une
lettre non motivée la loi ne précise pas la portée de cette obligation.
Dans le silence de la loi la Cour de cassation prend position dans Chambre sociale, 29
novembre 1990 ROGIE : explique que si la lettre de licenciement n’est pas motivée ou
insuffisamment motivée en substance ce n’est pas une irrégularité de procédure mais équivaut à un
licenciement sans cause réelle et sérieuse et qui n’a donc pas de motifs.
Motif précis : la Cour de cassation explique que tel motif précis est celui qui permet au Juge
d’exercer un contrôle, c'est à dire qui renvoi à des qualifications connues par le Juge ou des
catégories d’actes.
Elle n’est pas très exigeante.
Ex : indélicatesse du salarié, insuffisance professionnelle.
En revanche : le manque de motivation, pour des difficultés relationnelles : imprécis car rien de
typique. Ou renvoi à des courriers antérieurs ou conversations antérieures.
Dans le cadre de licenciement économique : la Cour de cassation est plus exigeante au titre
de la qualification des motifs.
Que se passe-t-il si l’employeur ne respecte pas les règles jurisprudentielles régissant l’entretien
préalable ?
Elle varie selon l’ancienneté du salarié et la taille de l’entreprise.
Par exception : en cas de non respect des règles relatives aux conseillers du salarié, le salarié a le
droit à l’indemnité d’un mois de salaire même sil n’a pas 2 ans d’ancienneté et qu’il travaille dans
une entreprise de moins de 11 salariés.
La Cour de cassation parle quelque fois de motif objectif ou non fautif. Dans cette catégorie
on retrouve d’abord des motifs professionnels : des motifs intrinsèquement lié au travail.
Pour perte de confiante : licenciement qui a été très en vogue dans les années 80. Dans un premier
temps la CCASS admet cette cause de licenciement.
Arrêt du 29 novembre 1990 elle explique que la perte de confiance ne peut jamais constituer en
tant que telle une cause de licenciement. Si cette perte de confiance repose sur des éléments
objectifs que l’on peut constater, se sont uniquement ces éléments objectifs qui pourront causer une
cause de licenciement.
Mésentente ou incompatibilité d’humeur : mésentente entre salariés mais aussi et surtout entre le
salarié et l’employeur. La Cour de cassation explique que la mésentente en tant que telle n’est pas un
motif de licenciement mais en revanche ce qui pouvait être les causes réelles et sérieuses peuvent
être les conséquences de cette mésentente reposant sur des faits imputables au salarié.
Par insuffisance professionnelle : par incompétence mais le mot n’est pas évoqué. La difficulté à
assurer ses fonctions. La Cour de cassation admet ce motif de licenciement en précisant que
l’employeur est seul juge des capacités professionnelles du salarié. Mais l’employeur doit d’abord
faire l’état de fait précis, des faits vérifiables, faut il que l’employeur démontre qu’il a avant
d’envisager le licenciement essayer de former le salarié à son emploi. L’employeur est tenu d’adapter
le salarié à l’évolution de leur emploi tout au long de l’execution du contrat obligation tirée de
l’obligation de bonne foi.
Au delà de cette formation les Juges tiennent compte de l’ancienneté du salarié sur son
poste, de sa progression dans la hiérarchie de l’absence de reproche sur la qualité de travail fournit
par l’employeur.
Insuffisance de résultat : est sur la sellette, très présent en jurisprudence, qui renvoi à des salariés qui
ont des objectifs qui ont été fixé. La Cour de cassation a commencé à prendre position sur ce motif
de licenciement par arrêt du 30 mars 1999 en considérant que le fait que le salarié n’atteigne pas les
objectifs fixés peut être une cause de licenciement à condition que les objectifs soient précis et
connu du salarié, qu’ils soient réalistes et compatibles avec le marché.
Arrêt du 14 novembre 2000 : Les magistrats reprochent à l’employeur de ne pas avoir vérifié que la
non réalisation des objectifs n’était pas imputable au salarié mais à la conjoncture.
A partir de 2001 la Cour de cassation a en outre exigé que soit vérifié par les juges que le
salarié avait à sa disposition tous les moyens lui permettant d’atteindre les objectifs
contractuellement fixés. Lorsque cette exigence de résultat est imputable au salarié, il ne s’agit pas
d’un licenciement pour faute car souvent le salarié a fait tout se qu’il pouvait pour atteindre
l’objectif. Mais on peut imaginer que la non réalisation des objectifs découlent d’une faute du salarié
mais dans ce cas : licenciement pour faute. C’est l’employeur qui décide d’opter pour tel ou tel
licenciement. Le licenciement peut découler du refus du salarié d’accepter une modification de son
travail : en dehors de toute idée de faute.
Licenciement pour inaptitude : renvoi à un problème de santé. A la suite d’une maladie ou d’un
accident, un salarié peut garder des séquelles, il va obligatoirement être reçu par le médecin du
travail qui peut constater une inaptitude ou inaptitude à exercer les fonctions dans les conditions
ultérieures à l’accident ou la maladie.
Lorsque le médecin du travail a statué sur le sort du salarié, l’employeur est tenu de s’y
conformer. Lorsque le médecin fait des avis partiels l’employeur est tenu d’une obligation de
reclassement sur un poste compatible avec l’état de santé.
Dans l’hypothèse où l’employeur ne trouve pas de poste ou dans l’hypothèse où le salarié
refuse ce poste alors le licenciement peut être prononcé, pour quoi qu’il arrive, pour impossibilité
de reclassement.
Le licenciement et la maladie : dans un premier temps pas de possibilité de statuer sur le sort du
salarié pendant l’arret maladie. La maladie en tant que telle n’est pas une cause de licenciement car
ou sinon licenciement discriminatoire : donc interdit selon art L1132-1.
En revanche la Cour de cassation admet que l’on puisse licencier un salarié en arret de
travail dans la seule hypothèse ou l’employeur démontre qu’il est dans la nécessité de remplacer
effectivement et définitivement le salarié malade.
Les employeurs ne pouvaient pas licencier des salariés sous prétextes que l’absence
perturbait l’entreprise, les magistrats refuse car existe les CDD et les emplois temporaires pour palier
l’abs du salarié malade, donc que dans circonstance où l’employeur démontre que pour remplacer
son salarié malade ne peut avoir recours qu’à un CDI.
Question de l’incarcération du salarié : la Cour de cassation censure les employeurs qui prennent
acte de la rupture du contrat du fait de l’incarcération : pas de force majeure. Il s’agit d’un cas de
suspension du contrat de travail. Si l’employeur veut mettre fin au contrat il doit emprunter le
licenciement mais ne fonde pas une cause réelle et sérieuse du licenciement dès lors que
l’événement ne cause pas de troubles à l’organisation et le fonctionnement de l’entreprise.
Sauf exception : l’employeur ne peut pas licencier un salarié en se fondant sur des faits des
comportements relevant de sa vie personnelle. Le salarié bénéficie d’une immunité. Mais parfois il y
a quand même un lien étroit entre les fonctions exercées par le salarié et sa vie personnelle.
Arret de 2006 : cas de salarié qui était cadre supérieur d’une agence bancaire et la nuit braqueuse de
banque. La Cour de cassation a admis que l’employeur est put puiser dans la vie personnelle du
salarié.
Il faut retenir que depuis 1945 la Cour de cassation reconnait que l’employeur en sa qualité
de chef d’entreprise est titulaire d’un pouvoir disciplinaire. C’est une prérogative qui n’est pas sans
limite car depuis une ordonnance du 4 aout 1982 ce pouvoir est délimité par des règles de fond et de
forme mais l’ordonnance de 1982 ne remet pas en cause ce pouvoir.
Conditions de fond : l’employeur ne va pouvoir infliger que des sanctions écrites dans le règlement
intérieur.
Le Code du travail donne une définition à l’art L1233-1 : la sanction est une mesure écrite et
c’est une mesure que prend un employeur à la suite d’un agissement que l’employeur considère
comme un comportement fautif.
Dans un premier temps c’est l’employeur qui a la maitrise de la qualification, à ce stade là le
salarié n’a aucun moyen d’action, il n’a pas de recours mais il en aura un a postériori. Pas de liste de
sanctions possibles, grande variété de sanction : avertissement, le blâme, la mise à pied à titre
disciplinaire, la mutation, la rétrogradation, le licenciement pour faute.
Les sanctions pécuniaires sont interdites, une faute ne peut pas être sanctionnée par une
restriction financière. Un employeur ne peut pas sanctionner 2 fois un salarié pour le même fait
fautif. L’employeur a le pouvoir d’individualiser les sanctions. La différence de traitement est fondée
par les magistrats sur l’intérêt du salarié et sur l’intérêt de l’entreprise.
Règles de formes : Convoquer le salarié a un entretient préalable de l’assurer et d’en notifier ensuite
la sanction par écrit.
Lorsque la sanction est un avertissement la procédure est allégé. Dans ce cas l’employeur
est tenu simplement de notifier par écrit.
Délai : la mise en œuvre de cette procédure doit intervenir dans les 2 mois qui suivent le
jour où l’employeur a eu connaissance du comportement fautif. C’est un délai de prescription. Il n’est
pas tenu dans les 2 d’infliger la sanction mais de commencer la procédure, s’il n’agit pas dans les 2
mois il perd son pouvoir disciplinaire. Ce pouvoir disciplinaire n’a pas d’impact que si la sanction par
rapport au fait fautif.
La question : quelle est la faute du salarié qui pourra justifier un licenciement ? Quelle est la
faute qui peut être érigé en cause réelle et sérieuse du licenciement ? le code du W consacre une
hiérarchie des fautes : 4 types de faute :
- La faute légère
- La faute simple ou faute sérieuse
- La faute grave
- La faute lourde
La jurisprudence est claire, une faute légère ne justifie pas un licenciement, elle est hors
champ, les 2 autres sont des causes réelles et sérieuses de licenciement mais les enjeux ne sont pas
les mêmes.
La faute sérieuse ou simple : permet licenciement mais ne prive le salarié d’aucune indemnité de
rupture. Le salarié a droit à une indemnité de licenciement, congés payés et préavis.
La faute grave : permet le licenciement, définie pas la Cour de cassation comme celle qui résulte de
fait ou ensemble de fait personnellement imputable au salarié constituant une violation des règles
du W d’une importance telle qu’elle rend impossible le maintient du salarié dans l’entreprise.
27 septembre 2007 : on ne fait plus référence au prévis. L’employeur peut se prévaloir d’une faute
grave alors même qu’il a respecté les règles relatives au préavis. Privé de l’indemnité de
licenciement. Il peut être privé de préavis mais pas obligation. Il ne perçoit que son solde congés
payés.
La faute lourde : le salarié est privé de tout, pas même l’indemnisation compensatrice de congés
payés. Aucune indemnité. La faute lourde définie pas la Cour de cassation comme la faute
caractérisé d’une gravité particulière qui révèle l’intention de nuire : arrêt du 16 mai 1990.
C’est la seule faute qui permet à l’employeur d’engager la responsabilité contractuelle du
salarié.
Illustrations :
La faute la plus fréquente en jurisprudence est la faute grave : refus de travailler, refus de
se soumettre, les violences, harcèlement, les indélicatesses, la réitération de comportement fautif,
l’accumulation de ces comportements fautifs (les retards), absence non justifiée. Il n’y a pas de fait
typique relevant de la faute sérieuse, car tout se qui relève de la faute grave peut être qualifié de
faute sérieuse. Cela car c’est à l’employeur de qualifier la faute.
Bien souvent en jurisprudence il y a des illustrations de fautes sérieuses qui sont des fautes
graves disqualifiées par le Juge.
S’agissant de la gradation des fautes : l’employeur a le pouvoir de qualifier la faute sous réserve de
l’appréciation du juge a postériori si le salarié conteste. Soit dans le sens favorable soit défavorable
au salarié. Requalifie en fonction d’un certain nombre de paramètre non officiel, ils tiennent compte
de l’ancienneté du salarié de sa qualification par l’employeur de son passé disciplinaire de son âge.
3 possibilités du Juge :
- Le Juge considère qu’il y a faute grave, le salarié ne perçoit aucune
indemnité
- Licenciement non justifié : pas de faute. Cette fois c’est l’employeur
qui est condamné, le licenciement est complètement anéanti
- Le Juge considère qu’il y a bien comportement fautif : fondé. Mais il
considère qu’il n’y a pas faute grave mais faute sérieuse.
(….)
La charge de la preuve de la faute grave et la faute lourde incombe à l’employeur alors
qu’en principe c’est au Juge.
Le Code du travail prévoit à l’art L1235-1 que c’est le Juge du fond qui apprécie le caractère
réel et sérieux du motif et qui forme sa conviction au vue des éléments fournis par les parties et, au
besoin, après toutes mesures d’instructions que le Juge juge utile. Au titre de la preuve les 2 parties
sont sur un pied d’égalité, alors qu’avant la preuve incombait au salarié. Loi de 1973.
Mais une exception pour la faute grave et la faute lourde : employeur qui a la charge de la
preuve. Le juge peut demander toute mesure d’instruction qu’il juge utile : les Juges du fond
considèrent cette disposition très précieuse : ils peuvent appeler des salariés pour témoigner,
procéder à des enquêtes, demander et obtenir des expertises.
Les moyens et modes de preuves présenté par les parties : le motif du licenciement peut
être prouvé par tout moyen sauf obtention déloyale, illicite.
Question des mails : depuis 1991 la Cour de cassation explique que pendant le temps de travail et
sur le lieu de travail avec l’outil informatique de l’entreprise, le salarié a le droit a une
correspondance privée, étant précisé que ces mails doivent être édicté comme tel, a défaut ils sont
présumé professionnel et l’employeur peut les consulter.
2) Le bénéfice du doute
Depuis la loi du 2 aout 1989 : après l’énoncé des règles de preuves il a été ajouté dans le
Code du travail : si un doute subsiste il profite aux salariés. Il s’agit du doute du juge après examen de
tous les éléments présentés par les parties, c’est le doute final. Le Juge a la possibilité de déclarer
que le licenciement est sans cause réelle et sérieuse.
C’est une possibilité pour le Juge, il doit motiver sa décision particulièrement sur ce point.
Cette disposition est rarement utilisée.
Insuffisance de résultat peut être un motif de licenciement. Les Juges du fond doivent
qualifier l’absence de résultat et son caractère sérieux. Mais c’est la Cour de cassation qui dresse
une liste de motifs. Elle délimite les pouvoirs des Juges du fond. Parfois elle limite. Elle explique que
le juge ne peut pas modifier la nature du licenciement prononcé par l’employeur. Un employeur qui
licencie pour faute un salarié qui est simplement incompétent, si le salarié conteste le licenciement
va censurer en disant qu’être incompétent n’est pas une faute, il ne peut que apprécier le motif de
l’employeur mais ne peut pas requalifier en un licenciement pour cause objective.
Distinctions :
Licenciement sans cause réelle et sérieuse Sanction appliquée par le juge lorsque le licenciement
repose sur un motif qui n’est pas conforme par la jurisprudence
Licenciement abusif pas sans cause réelle et sérieuse. La Cour de cassation réserve cette
expression au licenciement prononcé dans des circonstances qui vont causer un préjudice moral au
salarié : circonstance humiliante, vexante qui porte atteinte à la dignité de la personne.
Si licenciement abusif : le salarié peut obtenir des dommages et intérêts distinct pour réparer le
préjudice moral.
Illustration : cadre d’une équipe de 80 salariés, licencié pour faute grave, l’employeur organise une
cérémonie et réuni toute l’équipe et publiquement il explique la faute du salarié cadre devant toute
l’équipe puis le licencie. Licenciement régulier mais dommages et intérêts pour le préjudice moral. Il
existe des licenciements sans cause réelle et sérieuse et abusive : cas des licenciements sur le champ.
Licenciement nul dans les 2 cas (licenciement sans cause réelle et sérieuse) il s’agit de licenciement
qui n’aurait pas du être prononcé, mais le licenciement nul n’est une sanction exceptionnelle prévu
dans le code du W dans certain cas. Il y a un degré de gravité supplémentaire.
Liste où le Code du travail précise si le licenciement est nul : souvent des licenciements qui portent
atteinte à des libertés fondamentales ou lorsque le législateur a accordé une valeur particulière (le
licenciement discriminatoire, de la femme enceinte).
Le régime n’est pas le même : en principe, lorsque le licenciement est nul la réintégration est
obligatoire pour le Juge lorsqu’elle est demandé par le salarié qui n’a aucun pouvoir d’appréciation.
Ce sont les rares cas ou la réintégration est effective. Pour le salarié elle reste facultative.
Si le salarié ne demande pas la réintégration il va réclamer des dommages-intérêts : le Code
du travail précise que l’indemnisation est plus élevée que dans le cadre du licenciement sans cause
réelle et sérieuse. La Cour de cassation prononce parfois la nullité du licenciement alors qu’aucun
texte ne le prévoit. Chaque fois que le licenciement va à l’encontre d’une lib fond : lib d’expression.
CHAPITRE II :
LES LICENCIEMENTS POUR MOTIF ECONOMIQUE
Droit particulier ou droit spécial.
Originalités :
- Tenant à la cause réelle et sérieuse, la démarche est différente : elle
s’étudie par référence à la définition du licenciement économique.
- Existence de mesures réservées au salarié licencié dans ce cadre :
mesure d’accompagnement
- Procédure préalable
Inauguré en 1975 par le Code du travail pour prévoir les licenciements massifs. 3 janvier
1975 pour éviter les licenciements massifs : instaure loi qui soumet les licenciements pour motif
économique à l’autorisation de l’inspecteur du travail. Fonctionne jusqu’en juillet 1986 où
l’autorisation administrative est supprimée. L’inspecteur du travail n’avait plus le temps d’instruire
les dossiers.
Pour les juristes et praticiens cela change les choses car les licenciements économiques
seront contrôlés a posteriori par le Juge du conseil des prud’hommes.
Loi du 2 aout 1989 donne définition du licenciement pour motif économique. Suite à cette loi de
nombreuses réformes d’appoint en renforçant les garanties réservées aux salariés menacés pour
motif économique ou ceux qui le sont déjà.
En 2002 le législateur insiste beaucoup sur le reclassement des salariés. Le reclassement interne
qui permettrait d’éviter la rupture mais aussi le reclassement externe (après le licenciement).
En 2003 le gouvernement Chirac fait un tris dans la loi 2002 car considérait la loi trop lourde, les
entreprises ont 18 mois pour négocier et ensuite on verra quelles mesures seront adoptées.
Le 18 janvier 2005 loi adoptée : elle n’a pas été très novatrice sur le fond. Mais on a revu les règles
relatives au reclassement du salarié, réécriture de la définition, raccourcie les délais permettant aux
salariés de contester son licenciement. L’objectif est la stabilité de l’emploi. Cela veut dire que le
licenciement économique est envisagé comme l’ultime remède.
Insistance du législateur sur le rôle du comité d’entreprise, c’est au moins le porte-parole
de l’intérêt collectif.
L’article 1233-3 explique que la qualification du licenciement pour motif économique est
au choix de l’employeur qui découle de 3 éléments :
1) La suppression d’emploi
Cela étant ce paramètre n’est pas le seul à prendre en compte : la Cour de cassation prend en
compte les réinsertions économiques : il n’est pas rare que la baisse d’effectif ne soit pas constaté
car la suppression entraine la création de nouvelles activités économiques donc on recrute des
salariés pour ces nouvelles activités.
Il y a suppression d’emploi effective alors même que les taches ou les fonctions demeurent mais sont
réparties autrement : par exemple entre les autres salariés restants. On admet dans ce cas la
suppression d’emploi.
2) La transformation d’emploi
C’est un élément qui n’a jamais été utilisé. Depuis la loi du 2 aout 1989 : il avait été dis que
l’expression avait été proposée pour permettre aux employeurs de licencier pour motif économique
lorsque l’emploi stricto sensu avait été profondément transformé.
Cela renvoi à quelque chose qui se fait beaucoup. La loi laisse le choix des armes à
l’employeur. Il peut opter de garantir tous les emplois mais il peut décider de demander à tous ses
salariés de faire un effort face aux difficultés économiques : soit augmentation des activités soit
baisse de rémunération. Porte sur un élément important du contrat de travail : salaire. Donc il a
toujours été admis qu’il fallait l’accord du salarié. Si le salarié accepte, la relation de travail se
poursuit.
Le problème se pose lorsque le salarié refuse : principe absolu : l’employeur ne peut pas lui
reprocher une faute au nom de la loi contractuelle.
La loi permet à l’employeur de licencier le salarié pour motif économique. Le lien est que la
modification refusée par le salarié s’explique par un contexte économique et les raisons pour
lesquelles le salarié refuse sont indifférentes. Dans ce cas là il y a une procédure écrite.
Les salariés ont le choix sans commettre de faute.
Notion qui relève de l’appréciation souveraine des Juges du fond : doivent vérifier qu’elles
soient :
- réelles,
- véritables,
- structurelles
- et pas simplement momentanée et passagère (conjoncturelle).
Définition issue de la loi du 2 aout 1989. Peu de contentieux. En France c’est un motif qui
n’est pas souvent employé par les employeurs. Mais c’est pour autant une cause distincte des
difficultés économiques.
Ces 2 éléments constituent une liste ouverte : le législateur a volontairement précisé que
cette liste pouvait être complétée. La Cour de cassation ne s’est pas privée de compléter la liste par
un autre critère.
C) L’obligation de reclassement
La jurisprudence considère que le licenciement est fondé, est convainquant, après avoir
tout tenté. Il est demandé à l’employeur avant de licencier de tenter de placer les salariés dans
l’entreprise : reclassement interne qui évitera le licenciement. Ce reclassement a pris une ampleur
considérable.
Développé par les Juges :
- Arret du 25 février 1992 : sur le fondement de l’article 1134 al 3 la
chambre soc explique qu’un employeur de bonne foi est un
employeur qui adapte ses salariés à l’évolution de leur emploi.
- 1er avril 1992 : explique que sur le fondement de ce devoir
d’adaptation l’employeur était débiteur d’une obligation particulière
en cas de projet de licenciement : l’obligation de reclassement
- Juin 1992 : l’obligation de reclassement consiste pour l’employeur à
rechercher dans l’entreprise un emploi de même catégorie ou à
défaut un emploi de catégorie inférieure.
Ces offres de reclassement doivent être écrite et précise. Ces recherches de reclassement
soulevaient des difficultés notamment pour les recherches à l’étranger.
Le gouvernement avait promis que l’on légiférerait ce qui a été fait dans une loi 2000 pour
les postes offerts à l’étrangers. Il est prévu désormais une procédure d’interrogation auprès de
chaque salarié concerné. Pour les offres de reclassement dans des entreprises hors du territoire
national l’employeur doit demander au salarié s’il accepte de recevoir des offres de reclassement
pour l’étranger.
- Si oui le salarié doit préciser éventuellement les restrictions quand
aux caractéristiques de ses emplois offerts, notamment en matière
de rémunération.
- L’employeur envoi individuellement un questionnaire, délai de 6
jours pour répondre au questionnaire, à l’issu des 6 jours si le salarié
ne répond pas : refus.
Formule reprise et justifiée par 2 arrêts du 11 janvier 2006, entreprise pages jaunes :
- La formule permet donc à des entreprises de licencier légitimement
pour motif économique alors qu’elle ne traverse pas de difficultés
économiques.
- Pour les magistrats la formule permet seulement aux entreprises de
licencier lorsqu’elle a déjà des indices concordants et sérieux qui
démontre quelle est tenu de réagir pour rester. Il s’agit de
sauvegarde et non d’amélioration de l’entreprise. Le maitre mot est
la prévention.
2) La cessation d’activité
Depuis Chambre sociale, 16 janvier 2001 les magistrats expliquent que la cessation de l’activité de
l’entreprise constitue un motif économique à une double condition :
- Que la cessation d’activité soit définitive
- Que cette cessation d’activité ne soit pas due a une faute de
l’employeur
Ces précisions sont apportées par la Cour de cassation en l’absence de toute procédure de
liquidation judiciaire. Il y a une règlementation particulière pour le licenciement économique.
Lorsque le Juge statu il va se placer au jour du prononcé du licenciement, cela ne l’empêche pas de
vérifier se qui s’est passé dans l’entreprise dans les mois qui ont suivis.
Dans Ass. Pl., 8 décembre 2000 la Cour de cassation explique que l’employeur reste seul juge du
choix économique. Le juge n’a pas à apprécier le choix économique de l’employeur.
Arret important car délimite le pouvoir du juge au regard du pouvoir de direction
de l’employeur.
Entreprise qui avait décidé de licencier des salariés et qui avait demandé des études persuadé qu’il
fallait qu’elle se réorganise pour assurer sa compétitivité. 3 personnes interviennent et les 3
confirment qu’il faut licencier mais les experts n’étaient pas tous d’accord sur les manières de faire. Il
y avait une variation de 300 postes.
Le comité d’entreprise a eu connaissance des documents : l’entreprise a entamé une réorganisation
en annonçant plus de 300 licenciements : des salariés ont contesté leur licenciement sur le fait que
des experts avaient considérés que moins de licenciement s étaient possibles.
Le Juge peut-il exercer un contrôle sur le choix qu’a opéré l’employeur quant au cout en matière
d’emploi ?
La Cour de cassation refuse car à partir du moment où les Juges reconnaissent que la réorganisation
était nécessaire à la sauvegarde de compétitivité ils ne pouvaient pas opérer un contrôle sur le choix
effectué par l’employeur car relève de son pouvoir de direction et de sa liberté d’entreprendre.
Section 2 : Les procédures de licenciement pour motif
économique
Pourquoi ce pluriel ?
Il y a plusieurs procédures préalables au prononcé des licenciements éco. Le code du W
tient compte de la taille de l’entreprise qui va licencier et tient compte du nombre de licenciements
envisagés.
Cela étant on peut envisager qu’un licenciement économique peut être un licenciement
individuel. Dans ce cas c’est la procédure préalable avec entretien qui est maintenu.
C’est aussi le cas pour les licenciements collectifs à partir de 2 salariés jusqu’à 10. Au delà
on considère sauf exception qu’il est préférable de remplacer l’entretien individuel par une phase
plus sophistiqué par une consultation avec les délégués du personnel qui peut être le comité
d’entreprise ayant le moyen de jouer un rôle important. Ce qui caractérise la procédure préalable
sera dans ce cas la consultation mais il y aura tout de même une lettre. Il y aura toujours la
notification du licenciement et entre les 2 s’intercale la question de l’ordre des licenciements.
L’employeur peut ajouter d’autres critères étant précisé que le Cour de cassation a expliqué
qu’aux titres des critères légaux, il n’y a pas de hiérarchie mais l’employeur a la possibilité de
privilégier un critère : les employeurs ont la possibilité de pondérer leurs critères, c'est à dire
d’assortir leurs critères de coefficients. C’est généralement le critère des qualités professionnelles qui
est prépondérant. C’est d’ailleurs celui qui a suscité le plus de difficulté en jurisprudence.
L’employeur doit, en cas de litige, fournir au Juge des éléments objectifs. Plus généralement, le choix
des salariés compris dans le projet ne doit pas être discriminatoire.
Le Code du travail ne dit rien de la façon, du cadre au sein duquel les critères peuvent-être
utilisés. La Cour de cassation est venue préciser que l’ensemble des critères s’applique dans le cadre
général de l’ensemble du personnel de l’entreprise. Cela signifie que, par exemple, les salariés dont
le contrat de travail est suspendu (maladie ou tout autre congé) ne sont pas exclus de l’ordre des
licenciements. On leur applique les critères malgré leur absence.
La Cour de cassation a également précisé que l’employeur doit opérer ses choix, ces critères
par catégories professionnelles. Etant précisé qu’il faut comprendre par catégorie professionnelle les
salariés qui exercent au sein de l’entreprise des fonctions de même nature supposant une formation
professionnelle commune. Un salarié dont l’emploi n’est pas stricto sensu supprimé pourra être
licencié pour motif économique pour son appartenance à une catégorie.
Lorsque les salariés contestent l’application des critères, les Juges du fond demandent à
l’employeur de fournir des données objectives, précises, vérifiables sur lesquelles l’employeur s’est
appuyé pour arrêter son choix. Exigence particulièrement précieuse lorsque l’employeur a privilégié
le critère des qualités professionnelles. L’employeur ne peut pas dire « je suis, moi, employeur, seul
juge des capacités professionnelles de mes salariés ». La jurisprudence veille à ce qu’il n’y ait pas de
décision arbitraire : minimum de transparence dans ce domaine.
IV - La priorité de réembauchage
C’est le cas s’agissant des ex salariés de l’entreprise licenciés pour motif économique. Tout
salarié qui a été licencié pour motif économique bénéficie d’une priorité de réembauchage pour
l’année qui suit la rupture de son contrat de travail (un an à l’expiration du préavis). A n’importe quel
moment au cours de cette année, le salarié peut, par écrit, demander à l’employeur de bénéficier de
cette priorité.
Cette priorité consiste à l’employeur à proposer les emplois disponibles et compatibles avec
la qualification de l’employé. Dès la réception de la lettre, l’employeur est débiteur d’une obligation.
La loi oblige les employeurs à mentionner la priorité de réembauchage dans la lettre de licenciement.
Ceci n’est effectif que dans l’hypothèse où des emplois sont disponibles.
Si l’employeur ne propose pas les postes disponibles aux employés prioritaires qui en ont
fait la demande, le Code du travail propose une indemnité minimale de 2 mois de salaire brut si le
salarié a au moins deux ans d’ancienneté et travaille dans une entreprise qui emploie au moins
salariés. A défaut, indemnité en fonction du préjudice subi.
Le Code du travail précise aujourd’hui que le contenu de ce plan est apprécié, en cas de
litige, au regard des moyens dont dispose l’entreprise ou le groupe le cas échéant. C’est dans ce
contexte que va s’intégrer la consultation des représentants du personnel.
CHAPITRE III :
LES SUITES DE LA RUPTURE DU CDI
Section 1 : Le préavis et les indemnités de licenciement
I - Le préavis ou le délai-congé (C. trav., art. L. 1234-1)
C’est un délai de prévenance dû par l’employeur au salarié avant que la rupture du contrat
soit effective, réelle. Prévu de 1928 à l’article 1234-1 du Code de travail. Le but est de permettre au
salarié d’avoir un peu de temps et d’éventuellement retrouver un emploi. le Code du travail prévoit
la durée du préavis et c’est surtout la jurisprudence qui a traité la question de l’exécution et de la
dispense.
A) La durée du préavis
Le préavis est un délai qui commence à courir au jour de la notification du licenciement,
lors de la première présentation de la lettre recommandée au domicile du salarié. Délai susceptible ni
de suspension, ni de prolongation sauf convention collective prévoyant des dispositions plus
favorables au salarié. Le Code du travail prévoit une durée minimale et cette durée varie en fonction
de l’ancienneté du salarié dans l’entreprise :
- Si au moins deux ans d’ancienneté : 2 mois de préavis
- Entre 6 mois et 2 ans : 1 mois de préavis
- Pour une ancienneté inférieure à 6 mois : la loi renvoie à la
convention collective ou, si elle est muette à ce sujet, elle renvoie à
l’usage.
Les conventions collectives peuvent prévoir des durées plus longues ou une condition
d’ancienneté plus favorable.
Lorsqu’un salarié quitte l’entreprise, l’employeur doit lui remettre un certificat de travail
(L1234-19) qui est un document dit objectif : il atteste de l’expérience acquise par ce salarié dans
l’entreprise. Il ne peut jamais contenir de mentions défavorables pour le salarié. Autre document
obligatoire destiné à Pôle Emploi permettant au salarié, le cas échéant, d’être pris en charge au titre
de l’assurance chômage. Enfin, le reçu pour solde de tout compte qui est un document facultatif mais
la pratique démontre que la plupart des secteurs d’activité le considère obligatoire : document
rédigé par l’employeur et signé par la salarié et qui atteste de l’ensemble des sommes versées par
l’employeur et effectivement versées au salariés. Ce reçu peut être dénoncé par le salarié dans les 6
mois suivant sa signature mais, en revanche, à l’expiration du délai de 6 mois, il est libératoire pour
l’employeur.
Section 2 : La transaction
C’est un contrat et donc évidemment, à ce titre, il n’est pas obligatoire. Mais il est vrai que,
pour éviter le contentieux lié au licenciement, pratique qui s’est beaucoup développée.
C’est un contrat qui a pour objet d’aménager de façon définitive les conséquences
juridiques et surtout financières de la rupture. La transaction n’a pas pour objet de rompre le contrat.
Objectif de mettre fin à une contestation déjà née ou prévenir une contestation à naitre. La Cour de
cassation a eu à statuer sur les conditions de validité et les effets
I - Les conditions de validité de la transaction
Comme tout contrat, la validité est conditionnée aux 4 conditions générales présidant à la
validité générale du contrat.
Pour le manquement d’une gravité suffisante, on a les mêmes illustrations que celles
évoquées pour la prise d’acte.
Cette résiliation peut être invoquée par tous les salariés, y compris les salariés protégés.
AnaisSection 2 : La rupture d’un commun accord et la
rupture dite conventionnelle
Rupture du contrat par accord commun des parties. On la retrouve en droit du travail à
propos du CDD. Dans le cadre du CDI, plus compliqué car on considère que cette rupture privera le
salarié des indemnités de licenciement notamment. De telle sorte que la Cour de cassation n’admet
la rupture d’un commun accord qu’en cas de licenciement pour motif économique. Dans cette
hypothèse, le salarié n’est pas licencié pour motif économique. Ce qui suppose de vérifier que le
consentement du salarié était libre et éclairé. Cet accord mettant fin au contrat de travail doit
nécessairement être accompagné du versement par l’employeur au salarié d’une indemnité dite de
rupture qui est assimilé à des dommages-intérêts.
A la suite d ‘un accord interprofessionnel signé en janvier 2008 a été instauré une modalité
particulière que l’on appelle la rupture conventionnelle. Idée qu’il fallait trouver un mécanisme
permettant de mettre fin de manière sereine à une relation de travail constatée comme difficile par
l’employeur et le salarié afin d’éviter les licenciements comédies.
Les règles issues de la loi de 2008 ne concernent que les CDI. Lorsque salarié et employeurs
vont être d’accord pour utiliser ce mécanisme, l’employeur va devoir organiser un ou plusieurs
entretiens avec le salarié. Mais formule souple quant à l’organisation des entretiens. Le respect des
règles relatives à l’assistance sont imposées (assisté par une personne de son choix de l’entreprise) et
l’institution du conseiller du salarié s’applique aussi dans cette hypothèse. Si le salarié souhaite être
assisté, il en informe l’employeur qui pourra alors être également assisté. Ensuite, les parties signent
leur accord pour lequel elles doivent tout prévoir (date de la rupture, montant de l’indemnité versée
au salarié). Les parties peuvent utiliser un formulaire type. Une fois signé, s’ouvre un délai de
rétractation de 15 jours calendaires : rétractation libre à condition d’envoyer un courrier à l’autre
partie. Le respect de ce délai est impératif. Ce n’est qu’à l’expiration de ce délai que le contrat, la
convention est envoyée à la direction départementale du travail et de l’emploi qui a pour mission
d’homologuer ou de refuser d’homologuer la convention dans un délai de 15 jours ouvrables.
Lettre recommandée ou remise directe pour demande d’homologation. Cette demande
exige des intéressés la remise d’un formulaire. L’administration, a réception de ce courrier, dispose
de 15 jours ouvrables pour exercer son contrôle :
- D’abord, contrôle sur la validité du consentement des parties : en
particulier celle du consentement des salariés.
- Contrôle sur la conformité de la convention à la loi : respect des
entretiens, montant de l’indemnité de licenciement…
Dans ce délai de 15 jours ouvrables, l’administration notifie par écrit sa décision à chaque
partie (acceptation ou rejet de la demande d’homologation). S’il y a rejet, l’administration doit
motiver. Le Code du travail considère qu’à défaut de décision dans le délai, l’homologation est
réputée acquise. Lorsqu’il y a rejet de la demande par l’administration, la relation de travail est
maintenue car pas de rupture du contrat. En cas d’acceptation, la rupture du contrat est acquise et
intervient, au plus tôt, le lendemain du jour de la décision d’homologation de l’administration. Si
administration est restée silencieuse, la rupture du contrat peut intervenir à l’expiration du délai de
15 jours ouvrables.
Les parties peuvent, dans le cadre de la convention, décider d’une date de rupture
nécessairement postérieure à l’acceptation de l’homologation. Une indemnité de rupture (indemnité
spécifique de rupture conventionnelle) est obligatoire et doit être au moins égale à l’indemnité de
licenciement. Il y a eu un débat mais, le plus souvent, on se base sur l’indemnité conventionnelle de
licenciement. Bien souvent s’ajoute l’indemnité compensatrice de congés payés car, en France, le
Code du travail fixe une période de référence avec laquelle on capitalise 2 jours ½ de congés payés
par mois travaillés donc le salarié a forcément capitalisé des congés payés. L’employeur doit remettre
au salarié un certificat de travail, une attestation destinée à l’assurance chômage et, le cas échéant,
un reçu pour solde de tout compte une fois que le processus a pris fin. Le salarié sera pris à la charge
au titre de l’assurance chômage comme s’il avait été licencié, ce qui n’était pas le cas pour les
ruptures amiables avant la loi de 2008.
A été envisagée l’hypothèse d’un litige postérieur à l’homologation : c’est le conseil de
prud’hommes qui est seul compétent pour connaitre des litiges relatifs à cette convention, à son
homologation et à son refus d’homologation. Contentieux enfermé dans un délai de 12 mois à
compter de l’homologation ou non par l’administration. Mais contentieux très rare sur cette question
donc pas d’idée précise de l’office du Juge et des décisions de la Cour de cassation. La seule chose
que l’on sache est que la rupture conventionnelle a connu un très fort succès.
Ce qui inquiète est que ces ruptures évitent les règles de licenciements pour motif
économique.
TITRE III :
L’EVOLUTION DE LA RELATION DE
TRAVAIL
Le contrat de travail est un contrat à exécution successive : en conséquence, de nombreux
évènements peuvent affecter son exécution, son contenu. Beaucoup d’évènements sont extérieurs à
la volonté des parties, externes à l’entreprise (grossesses, maladies…). Mais il y a aussi des
évènements internes (décisions de l’employeur de céder une partie de l’activité, de changer
d’activité…).
Il est admis que la relation de travail doit nécessairement évoluer mais qu’il faut cependant
mettre en place des techniques spécifiques, originales pour assurer la protection des employés.
CHAPITRE I :
LA THEORIE DE LA MODIFICATION DU CONTRAT
DE TRAVAIL
Distinction exclusivement bâtie par la jurisprudence : c’est un mode de raisonnement qui va
permettre de déterminer le statut du salarié (ses droits et obligations) face à un employeur qui
entend modifier un élément du contrat. Ce n’est pas une situation exceptionnelle mais le Code du
travail est muet sur ce sujet.
La Cour de cassation est saisie de ce type de litiges dans les 50’s. Les Juges, en l’absence de
texte, hésitent beaucoup parce qu’ils ont à faire face à un conflit de logique :
- Si on se place dans une logique civiliste de droit commun des
contrats : dans ce cas, la réponse est non car il faut être deux pour
faire un contrat et donc pour le modifier aussi donc l’employeur ne
peut rien imposer à un salarié. Un employeur ne pourra pas
reprocher à un salarié de refuser une modification.
- Dans une logique travailliste : on part du constat simple que le
contrat de travail, c’est la subordination. Face à une modification du
contrat, le salarié, en sa qualité de subordonné, doit se soumettre au
pouvoir de direction de l’employeur. Dans cette logique-là, si le
salarié refuse de se soumettre, il commet un acte d’insubordination
et donc une faute.
La Cour de cassation décide de préserver les deux conceptions en instaurant un compromis
qui concilierait les principes du droit civil et les spécificités du contrat de travail. Cette conciliation
prend la forme d’une distinction fondée sur l’importance de la modification. De cette distinction
découlera le statut du salarié.
Ccass, 25 janvier 1961, Charpentier, la Cour de cassation annonce qu’elle a pris la décision d’opérer
une distinction. « Selon son importance, une modification des conditions d’exécution du travail peut,
ou ne peut pas être imposée au salarié ». La situation du salarié dépend de la modification opérée
par l’employeur.
- Pour les modifications dites substantielles (importantes) : l’accord du
salarié sera toujours requis. Si refus de la modification par le salarié,
ce refus ne sera jamais fautif.
- Pour les modifications non-substantielles (mineures) : le salarié doit
se soumettre au pouvoir de direction. Si refus de la modification par
le salarié, il commettait toujours une faute.
10 juillet 1996, la Cour de cassation annonce qu’elle va rendre deux arrêts qui vont remodeler la
distinction car jurisprudence de la Cour de cassation très critiquée. Dans ces arrêts, la Cour de
cassation opte d’abord pour un changement de terminologie :
- au lieu de parler de modification substantielle , il est décidé qu’on
parlerait de modification du contrat.
- La modification non substantielle est remplacée par modification des
conditions de travail qui, elles, relèvent désormais du pouvoir de
direction de l’employeur.
I - La sphère contractuelle
Quelles sont les types de modifications pour lesquels le salarié aura un pouvoir de
résistance. La Cour de cassation a toujours entendu cadrer cette sphère qui est constituée de 4
piliers en l’état actuel de la jurisprudence.
A) La rémunération
La jurisprudence est constante avant et après les arrêts de juillet 1996. La Cour de cassation
a toujours affirmé que la partie contractuelle du salaire ne peut être modifiée par l’employeur
qu’avec l’accord du salarié. Le principe a été réaffirmé dans :
Ch. Soc., 28 janvier 1998, « ce principe vaut à propos d’une modification du montant de la
rémunération, quelle que soit la variation minime, voire même si le montant est plus avantageux
pour le salarié. Ce principe vaut également pour la modification de la structure de la rémunération ».
Cette règle selon laquelle il faut obtenir l’accord du salarié ne s’applique pas pour des
éléments de rémunérations qui prennent leur source dans un usage ou pour des éléments de
rémunération issus de la convention collective ou d’un accord collectif. Il ne s’agit pas, dans ces cas,
de rémunérations instaurées par la voie contractuelle car on est dans une logique collective.
Enfin, pour éviter les incidents en cours d’exécution du contrat, l’employeur peut, à
l’avance, requérir l’accord du salarié. C’est l’objet de ce qu’on appelle les clauses de variation de la
rémunération donc la Cour de cassation admet la validité depuis Ch. Soc., 2 juillet 2002. Ces clauses
sont valables à condition qu’elles soient fondées sur des éléments objectifs indépendants de la
volonté de l’employeur, à condition également que cette clause de variation ne fasse pas porter le
risque de l’entreprise par l’employé et à condition enfin que cette clause n’ait pas pour conséquence
de réduire le salaire en dessous des minima légaux (SMIC) et des minima conventionnels.
B) La qualification
La jurisprudence est assez bien établie encore qu’il faille préciser ce qu’est la qualification.
Le principe énoncé par la Chambre sociale est que la modification de la qualification du salarié ne
peut être imposée au salarié sans son accord : c’est une modification de contrat. La Cour de cassation
a réaffirmé cela dans Ch. Soc., 26 mai 1998. Ce principe vaut alors même que ce changement de
qualification n’entraine aucune modification de rémunération.
La qualification est le titre du salarié issu de la classification de son emploi au sein d’une
nomenclature professionnelle pré existante. La seule difficulté à propos de la notion de qualification
est que la qualification est en réalité une catégorie juridique qui recèle plusieurs taches, plusieurs
fonctions. Il y a un enjeu assez considérable : la Cour de cassation a toujours considéré que le
changement des fonctions, la modification des taches relève du pouvoir de direction de l’employeur.
Ch. Soc., 10 mai 1999, concernait une salariée ouvrière agricole. Pendant des années, elle est affectée
à la cueillette de citrons. L’employeur l’affecte désormais à la préparation des colis de bananes et la
salariée refuse et elle refuse de travailler et donc licenciée pour faute grave. Les Juges avaient comme
unique problème juridique de qualifier la nature de la modification apportée : ils confirment la
position de l’employeur et que ce dernier avait légitimement pu l’affecter aux colis puisque cette
fonction relevait toujours d’une tache d’une ouvrière agricole.
C) La durée du travail
La durée du travail ne peut être modifiée qu’avec l’accord du salarié : Ch. Soc., 20 octobre
1998. Le passage d’un temps partiel à un temps plein par exemple est une modification de contrat.
La durée du travail est la question liée au volume d’heures effectuées par un salarié à la
semaine. Il faut l’accord du salarié pour modifier le temps de travail hebdomadaire. En revanche,
dans le contrat de travail à temps complet, les horaires relèvent du pouvoir de direction de
l’employeur qui peut imposer des changements d’horaires.
D) Le lieu de travail
Beaucoup de jurisprudence sur cette question-là. Il y a un principe mais de nombreux
tempéraments. Le principe est que le lieu de travail est un élément du contrat qui suppose, pour être
modifié, l’accord du salarié. Mais la Cour de cassation, depuis la fin des 90’s, n’a pas cessé d’apporter
des atténuations, des exceptions :
- Situation pour laquelle le salarié est lié par une clause de mobilité
géographique : le salarié s’engage par avance à accepter toute
modification du lieu de travail dans la zone géographique précisée
dans le contrat de travail.
- En l’absence de clause de mobilité géographique : la Cour de
cassation considère que le salarié doit accepter une modification du
lieu de travail si celle-ci n’entraine pas un changement de secteur
géographique. C’est ce qu’ont décidé les Juges dans :Ch. Soc., 20
octobre 1998 : une salariée vit et travaille à Paris avec un trajet très
modeste pour son domicile. L’entreprise déménage et s’installe dans
la grande banlieue parisienne et la salariée à deux heures et demi de
trajet par jour donc elle considère que c’est une modification du
contrat et refuse de travailler : licenciement pour faute grave. La Cour
de cassation confirme l’analyse faite par l’employeur considérant
qu’il y avait eu une modification du lieu de travail mais sans
changement de secteur géographique donc la salariée aurait dû se
soumettre au pouvoir de direction.
La Cour de cassation refuse de prendre en
considération la situation personnelle de la
salariée : refuse l’argument de la situation
familiale et dit que la modification du lieu de
travail sera appréciée de manière objective et non
plus subjective.
Notion de secteur géographique : ici, c’était la
région parisienne. Appréciation au cas par cas par
les Juges du fond. Pas de définition générale du
secteur géographique donné par la Cour de
cassation. Le secteur doit nécessairement être
défini en tenant compte des transports et qu’il
n’est pas question de la calquer sur les structures
administratives.
La raison d’être de la notion : l’idée c’est que c’est
la traduction d’une obligation de tout salarié qui
est celle d’être relativement mobile en l’absence
de clause de mobilité géographique.
- La Cour de cassation explique par ailleurs que la modification
temporaire du lieu de travail délimitée dans le temps et les
modifications liées aux spécificités de l’emploi du salarié relèvent
toujours d’une modification des conditions de travail. Exemple pour
un salarié chef de chantier en France à qui on demande de prendre un
chantier en Allemagne : modification temporaire liée aux spécificités
de l’emploi donc salarié tenu d’accepter le travail. la Cour de
cassation ajoute que l’employeur est tenu néanmoins d’avertir le
salarié dans un délai raisonnable.
La jurisprudence, dans Ch. Soc., 3 juin 2003, a précisé que « la mention du lieu de travail
dans le contrat a une simple valeur d’information ». Elle ne contractualise pas le lieu de travail sauf
stipulation claire et précise qui souligne que le travail s’exécutera exclusivement dans ce lieu de
travail (clauses de sédentarité).
Cour de cassation, 23 février 2005 : la bonne foi de l’employeur est présumée lorsqu’il
modifie les conditions de travail. il est considéré que l’employeur le fait dans l’intérêt de l’entreprise.
C’est donc sur l’employé que pèse la charge de prouver que l’employeur est de mauvaise foi.
Section 2 : Les enjeux de la distinction entre modification du
contrat de travail et changement des conditions de travail
Les enjeux tiennent essentiellement au statut, à la situation du salarié.
Plusieurs illustrations :
- Salarié incompétent : l’employeur peut lui proposer un autre poste
qui convient mieux aux possibilités, aux capacités du salarié.
- Salarié déclaré inapte par le médecin du travail : l’employeur est tenu
de tenter de reclasser le salarié et, bien souvent, au titre du
reclassement, l’employeur va trouver un poste qui va entrainer une
modification du contrat.
Dans toutes ces hypothèses, l’employeur ne peut rien imposer. Mais le Code du travail
n’impose aucune procédure particulière. Le salarié doit disposer d’un temps de réflexion nécessaire
pour accepter ou refuser. En cas de refus, et face au blocage dans l’exécution, la rupture est
inévitable et la jurisprudence considère que cette rupture doit nécessairement être à la charge de
l’employeur qui ne peut pas prendre acte de la situation ou se prévaloir d’un cas de force majeur.
Si le salarié démissionne, il pourra obtenir la requalification de sa démission en un
licenciement. Parfois, face à des employeurs qui ne font rien, certains salariés demandent la
résiliation judiciaire de leur contrat et, dans cette hypothèse aucun aléa, la résiliation prendra les
effets d’un licenciement sans cause réelle et sérieuse. Si licenciement ce sera pour motif personnel
non fautif. Généralement, licenciement retenu par la jurisprudence est l’impossibilité de reclasser le
salarié.
Un salarié commet une faute ; l’employeur le sanctionne et retient comme sanction une
rétrogradation modification du contrat (changement de rémunération, de qualification). Pendant
des années, la Cour de cassation expliquait que le salarié devait se soumettre à la sanction et donc à
la modification du contrat. La Cour de cassation opère un revirement par :
Ch. Soc., 16 juin 1998, « le salarié a le droit de refuser une sanction disciplinaire qui modifie son
contrat ». La rétrogradation ne s’applique au salarié que pour autant qu’il l’a acceptée car elle
entraine une modification du contrat de travail. Si le salarié refuse cette sanction, son refus n’est pas
fautif. La Cour de cassation explique que l’employeur peut prononcer une autre sanction adaptée à al
faute initiale à la place de celle qui vient d’être refusée ou renoncer définitivement à appliquer une
sanction. L’autre sanction peut être un licenciement pour faute grave le cas échéant si les faits fautifs
qui justifiaient la rétrogradation soient suffisamment importants pour justifier un licenciement pour
faute grave.
Les salariés qui, dans ce contexte-là, refusent sont donc compris dans un projet de
licenciement économique et l’employeur va devoir respecter son obligation de reclassement.
CHAPITRE II :
TRANSFERTS D’ENTREPRISES ET TRANSMISSION
DU CONTRAT DE TRAVAIL
Les transferts d’entreprise renvoient aux restructurations qui ne sont plus, aujourd’hui, des
phénomènes accidentels liés à des situations de crises mais ce sont des instruments de gestion des
entreprises. Le droit du travail s’intéresse à ces restructurations de par leur impact sur le sort des
contrats de travail au titre de la relation individuelle. Le but poursuivi par le législateur de longue
date (loi du 18 juillet 1928) est de maintenir les contrats de travail malgré les restructurations.
La règle est posée aujourd’hui à l’article L1224-1 qui fait partie de l’une des dispositions les
plus célèbres en droit du travail : « en cas de modification de la situation juridique de l’employeur, les
contrats de travail en cours sont transmis de plein droit au nouvel employeur. Par l’effet de la loi,
l’acquéreur deviendra employeur ». Ne suppose aucune formalité et ce transfert s’opère de plein
droit. C’est l’une des plus belles dérogations du droit français à l’effet relatif des contrats ( 1165 Code
civil). Cette disposition a fait l’objet de nombreux revirements en jurisprudence car principe marqué
par le droit de l’UE avec une directive des années 75 sur les droits des salariés en cas de
restructurations.
En réalité, les difficultés sont regroupées autour du champ d’application de la disposition,
c'est-à-dire les circonstances dans lesquelles les salariés peuvent se prévaloir de plein droit du
transfert du contrat de travail. La jurisprudence est presque calme sur les effets, les conséquences,
les retombées de ce transfert.
I - L’évolution jurisprudentielle
Jurisprudence longtemps hésitante. Elle s’est stabilisée à partir de 1990.
- De 1934-1985 : la Cour de cassation adopte une interprétation très
large. Elle considère qu’indépendamment des modalités de la
restructuration, il doit y avoir transfert des contrats de travail chaque
fois qu’une activité économique est poursuivie et qu’à cette activité
étaient affectés de façon durable des salariés.
- Début des 80’s : jurisprudence de la Cour de cassation critiquée car
trop large. La Cour de cassation annonce un revirement en deux
temps :
Ass. Pl., 15 novembre 1985, désormais, il n’y a pas
transfert de plein droit des contrats de travail
lorsqu’une entreprise perd un marché au profit
d’une autre. Concerne donc essentiellement les
prestataires de service (entreprises de nettoyage
de locaux par exemple).
Ch. Soc., 12 juin 1986, désormais, il y a aura
transfert des contrats de travail chaque fois qu’il y
aura un lien de droit entre les employeurs
successifs.
Mais la CJCE commence à statuer sur des affaires similaires mais avec une jurisprudence
beaucoup plus large. Donc Cour de cassation annonce un revirement pour 1990.
La jurisprudence française hésite en expliquant que, dument motivés, il pouvait y avoir des
licenciements économiques avant transfert en vérifiant qu’il n’y ait pas eu de collusion frauduleuse
entre employeurs. Puis, évolution de la jurisprudence au début des 2000 : la Cour de cassation
explique que « les licenciements économiques prononcés avant transfert sont sans effets ». C’est la
position de la jurisprudence de la CJUE.
Ch. Soc., 20 mars 2002 : dans l’hypothèse où le licenciement est déclaré sans effet, le salarié a le
choix :
- Soit il demande au repreneur la poursuite du contrat de travail
illégalement rompu.
- Soit il demande à l’auteur du licenciement illégal (employeur n°1) la
réparation du préjudice qui en résulte pour lui.
Dès lors que la proposition de poursuite du contrat de travail est proposée par le repreneur,
le salarié n’a plus le choix et doit entrer au service de l’employeur n°2.
La seule difficulté est la question de l’accord ou pas du salarié. En France, pas de difficulté
car on n’a pas a demandé l’accord du salarié quant au transfert car disposition d’ordre public. Si un
salarié refuse, la Cour de cassation explique qu’il est assimilé à un salarié démissionnaire. Certains
auteurs considèrent que cette disposition est contraire à la liberté du travail. Et, à l’échelle de l’UE, la
question n’est pas directement tranchée par la directive qui laisse aux Etats membres le choix de
définir les conséquences attachées au refus. Cela étant, la CJUE insiste souvent sur la possibilité, la
préférence qu’il faudrait accorder au choix pour le travailleur.
TROISIEME PARTIE : LES RELATIONS
COLLECTIVES DE TRAVAIL
Le droit du travail a aussi vocation à régler les relations entre un chef d’entreprise et sa
communauté. A ce titre figurent de très nombreux mécanismes tels que le dialogue, la négociation
collective. Seront étudiés aussi dans cette partie toutes les représentations du personnel.
TITRE I :
LES CONFLITS COLLECTIFS DE TRAVAIL
Etude du droit de grève pour l’essentiel dans le secteur privé. Conception très marquée par
notre histoire sociale. Au sein de l’UE, on est très isolés au niveau de la grève.
Au lendemain de la Révolution (1791), on a condamné les regroupements avec le délit de
coalition. Ce délit de coalition est supprimé en 1864. En 1946, la grève est érigée en un droit à valeur
constitutionnelle : « le droit de grève s’exerce dans le cadre des lois qui le réglemente ». Loi de 1950
pour le secteur privé précise que « la grève ne rompt pas le contrat de travail » mais aucune loi,
depuis, n’a posé de définition.
Tout ce qui relève de la notion même est d’origine jurisprudentielle (définition et limites).
En revanche, s’agissant des effets de la grève, loi du 11 février 1950 aborde de façon très générale
ces effets.
CHAPITRE I :
LE REGIME JURIDIQUE DU DROIT DE GREVE
Il est important de savoir ce que l’on entend par grève car c’est ce qui permet ensuite la
qualification du mouvement et de déterminer la situation, le statut des salariés qui y participent. S’il
s’agit d’une grève, les salariés bénéficient d’une immunité disciplinaire. En revanche, si le
mouvement ne correspond pas à la conception juridique du droit de grève, les salariés ne sont pas
immunisés contre le pouvoir disciplinaire de l’employeur. C’est la raison pour laquelle les Juges sont
régulièrement saisis de litiges.
I - L’arrêt de travail
A) Un arrêt complet
Cela permet de valider des modes d’actions retenus par les grévistes.
- Sont considérés comme des modes licites des arrêts de travail qui
sont francs, qui sont nets. Dans le secteur privé, les débrayages
répétés et de courtes durées constituent l’exercice normal du droit
de grève.
- Sont également considérés comme des grèves ce qu’on appelle les
grèves tournantes : ce sont des arrêts de travail par secteurs au sein
de l’entreprise ou les grèves par catégorie professionnelle.
- Egalement les grèves dites bouchons : arrêt de travail d’un seul
service de l’entreprise mais un service essentiel.
Limite classique de l’abus pour ces types de grèves. Etant précisé l’abus, pour la
jurisprudence, est considéré lorsque le mouvement collectif désorganise non pas la production mais
l’entreprise.
Cette exigence d’un arrêt clair, net du travail entraine la condamnation de deux modes
d’action :
- La grève dite perlée : la Cour de cassation considère que ce n’est pas
un mode d’action licite car c’est l’exécution volontairement ralentie
ou défectueuse du travail. les salariés ne sont pas couverts par le
droit de grève dans ce cas-là.
- La grève dite du zèle : c’est l’exécution du travail au ralenti sous le
prétexte du respect scrupuleux du règlement. Pas licite car pas de
cessation du travail.
L’arrêt doit être également concerté. En réalité, il y aujourd’hui peu d’exigences posées par
les Juges à ce titre. Ce qui est certain c’est que, en France, la grève dans le secteur privé n’est pas
subordonnée au rejet officiel des revendications par l’employeur. Il n’est pas même exigé que
l’employeur ait été informé bien à l’avance du déclenchement du conflit collectif. Il n’y a pas d’abus
pour des salariés à déclencher en quelques minutes un conflit collectif dans l’entreprise. On
comprend donc que la Cour de cassation condamne clairement la pratique des préavis
conventionnels de grève dans le secteur privé.
Ch. Soc., 7 juin 1995 : condamnation des préavis conventionnels en se fondant sur le caractère
constitutionnel du droit de grève et rappelant que puisque la grève a un caractère constitutionnel,
les limites ne peuvent être imposées que par la loi. Depuis cet arrêt, la Cour de cassation n’a pas eu à
rappeler cette règle.
Tous les arrêts de la Cour de cassation sur le droit de grève le montrent : c’est une
conception de la grève par défaut car pas de définition légale du droit de grève.
Contrairement à l’idée souvent entendue, il n’existe pas, à ce jour dans la loi, un service
minimum imposé dans le secteur public. En revanche, il y a deux secteurs pour lesquels les agents
sont soumis à un service minimum :
- Le service de l’audiovisuel public
- Le secteur public hospitalier.
Question des transports publics : il y a une loi du 21 aout 2007 qui vaut uniquement pour le
service public des transports terrestres. Cette loi a surtout encouragé fortement la négociation
collective. Elle incite les intéressés à négocier pour mettre en place des procédures permettant
d’instaurer des dessertes minimales propriétaires notamment aux heures de pointe. Si ça marche
pas, une loi l’imposera.
Si des actes illicites sont commis au cours d’une grève, ces actes ne disqualifient pas
automatiquement le mouvement. La Cour de cassation considère que ce sont des actes individuels
qui ne rendent pas collectivement la grève abusive.
17/03/2011 : Précision sur les ruptures conventionnelles : Arrêt mars 2011 concernant les
ruptures conventionnelles : aménagement de l’accord par lequel on met fin au contrat. Problème car
ces ruptures remplaçaient les licenciements pour motif économique. Action menée par comité
d’entreprise qui précise qu’il aurait dû être consulté et la Cour de cassation a suivi en expliquant qu’il
était établi que ces ruptures conventionnelles s’étaient inscrites dans un processus global de
réduction d’effectifs et qu’elles devaient donc être prises en compte pour apprécier la régularité de la
procédure suivie par l’employeur et qu’elles devaient également être prise au titre du plan de
sauvegarde de l’emploi conséquence de l’arrêt : lorsque contexte économique, employeur doit
intégrer ces ruptures conventionnelles dans le plan de sauvegarde de l’emploi et consulter le comité
d’entreprise. En revanche, la Cour de cassation ne retient pas la nullité des ruptures conventionnelles
en considérant que les syndicats et le comité d’entreprises n’étaient pas recevables à demander la
nullité.
CHAPITRE II :
LES EFFETS DE LA GREVE A L’EGARD DES
SALARIES GREVISTES
L’exercice du droit de grève (refus momentané de la subordination accordé par la loi) a pour
effet de suspendre le contrat de travail et donc de suspendre l’obligation, pour l’employeur, de
verser la rémunération.
CHAPITRE III :
LA REACTION PATRONALE A LA GREVE
C’est l’étude des possibilités offertes à l’employeur face à un conflit collectif.
I - La réorganisation de l’entreprise
La grève n’est pas un cas de force majeur qui exonère l’employeur à l’égard de ses clients. Il
faut donc maintenir l’activité avec les salariés non-grévistes. L’employeur, en théorie, a deux
possibilités :
II - Le lock-out
Aussi appelée « grève patronale » car c’est la fermeture de l’entreprise. Question pas réglée
par la loi. Si l’employeur décide de fermer l’entreprise en raison du conflit, il n’aura pas à rémunérer
les non-grévistes. Seulement, la jurisprudence condamne le lock-out qui n’est pas un droit selon elle.
La jurisprudence le condamne lorsqu’il est utilisé avant même le déclenchement du conflit (lock-out
préventif). L’employeur devra, malgré la fermeture de l’entreprise, rémunérer les non-grévistes. La
Cour de cassation condamne également la fermeture de l’entreprise concomitante à la grève (lock-
out de provocation).
Finalement, la Cour de cassation ne l’admet qu’en cas de force majeure. Les Juges parlent
plutôt de situation contraignante qui renvoie souvent à des impératifs de sécurité. En réalité, on a
souvent fait remarquer que c’est une obligation pour l’employeur de fermer l’entreprise car il est le
garant de la sécurité dans son entreprise.
La fermeture de l’entreprise n’est donc jamais une possibilité permise à l’employeur,
toujours au nom du respect du droit de grève.
Conclusion : La mise en jeu des responsabilités (occupation des locaux, expulsion des
grévistes, responsabilité des salariés grévistes et des syndicats)
Cette responsabilité des salariés grévistes ne peut être engagée que s’ils ont commis une
faute lourde. Mais les spécialistes expliquent que c’est finalement difficile de trouver les
responsables. En général, les meneurs sont assignés pour la responsabilité civile et ce qui fonctionne
le mieux, c’est la responsabilité pénale.
La Cour de cassation explique que les syndicats ne sont pas les commettants des grévistes
donc :
- Lorsque des actes illicites sont commis par les grévistes, pas
automatiquement responsabilité des syndicats.
- Possibilité d’invoquer la responsabilité du syndicat en tant que
personne morale. Mais très compliquée donc très peu utilisée.
On dit souvent que la mise en jeu des responsabilités est rare, pas adaptée et peu efficace
en France.
Autre possibilité, lorsque les grévistes occupent les locaux : permet de demander une
ordonnance d’expulsion. Dans ce cas, c’est le TGI qui siège en urgence. L’employeur se prévaut d’une
atteinte à la liberté du travail, sur l’atteinte au droit de propriété ou atteinte à la liberté de commerce
et liberté d’entreprendre. C’est le Préfet qui doit ordonner l’intervention des forces de police si refus
de l’ordonnance par les salariés. Mais le Préfet a un mois pour faire intervenir les forces de police. Il
décide seul du moment d’intervention et des conditions d’exécution de l’ordonnance : il peut donc
refuser l’intervention des forces de police.
L’idéal, ce sont donc tous les modes de règlement alternatif des litiges (médiation,
arbitrage, conciliation). Le législateur a développé beaucoup de techniques depuis 1982 et n’a pas
ménagé ses efforts pour encourager le recours à ces techniques qui, à ce jour, ne fonctionnent pas.
21/03/2011
TITRE II : LA REPRESENTATION DU
PERSONNEL ET LE DROIT SYNDICAL DANS
L’ENTREPRISE
Introduction : statut des entreprises concernées, taille et calcul des effectifs, distinction
entre élection et désignation, unité de représentation .
Représentation du personnel consacrée dans la Constitution dès 1946 et également dans le
droit de l’UE. La représentation en France est complexe pour au moins deux séries de raisons :
- La participation des travailleurs est assurée, en France, par plusieurs
institutions élues qui peuvent cohabiter avec des institutions
désignées par les syndicats. Bien souvent, les compétences
respectives de chacune de ces institutions ne sont pas clairement
définies.
- C’est un thème qui est, historiquement, lié à la négociation collective
qui est liée au statut des syndicats. L’articulation entre les règles liées
à la négociation salariale et négociation collective est difficile.
Le Code du travail consacre de très nombreuses règles au processus d’élection pour les
membres élus. Il précise d’abord les conditions
- pour être électeur : dans l’entreprise depuis au moins 3 mois et au
moins avoir 16 ans.
- pour être éligible : il faut être majeur et dans l’entreprise depuis au
moins un an.
Depuis une directive du 22 décembre 1994 qui a créé les comités d’entreprise européen,
les entreprises de dimension communautaire sont tenues de mettre en place un comité européen.
Définis par un jeu de seuil : au total, plus de 1000 salariés et qui a au moins deux implantations d’au
moins 150 salariés dans au moins deux Etats membres de l’UE. Cette directive ne concerne que le
comité d’entreprise.
CHAPITRE I :
LE FONCTIONNEMENT ET LES ATTRIBUTIONS DES
INSTITUTIONS REPRESENTATIVES
DU PERSONNEL
Section 1 : Le comité d’entreprise
Organe collégial. Aux termes de l’article L2323-1 ; il est précisé que « le comité d’entreprise
a pour vocation d’assurer une expression collective des salariés permettant la prise en compte
permanente de leurs intérêts ». A ce titre, le comité d’entreprise est doté de la personnalité morale
et a donc un patrimoine propre.
I - La mise en place du comité d’entreprise
a) L’information
Pour que le comité d’entreprise puisse assurer sa mission, il doit être informé de ce qu’il se
passe dans l’entreprise et pas seulement à des moments clés de l’entreprise. A cette fin le Code du
travail organise une information très complète des documents et de la teneur des documents qui
doit être transmis aux membres du comité d’entreprise. Liste des documents est impressionnante et
très organisée : le chef d’entreprise est tenu de respecter un calendrier relatif à ces informations.
- Une fois par an, le comité d’entreprise doit recevoir un rapport écrit
sur l’ensemble de la situation de l’entreprise.
- Chaque trimestre, le chef d’entreprise doit transmettre une analyse
détaillée de la situation de l’emploi.
- Chef d’entreprise doit informer le comité d’entreprise lorsqu’il
prévoit des suppressions d’emplois ou en cas de cession d’activité.
Dans les très grosses structures, cette information est reçue puis traitée par les membres
du comité d’entreprise. Mais, dans les entreprises de taille modeste, l’information n’est pas utilisée
car trop lourde. Le Code du travail a donc allégé les informations dans les entreprises de 300 salariés
au plus.
Les membres du comité d’entreprise sont tenus à une obligation de confidentialité à l’égard
des informations qui ont été présentées comme telles au comité d’entreprise.
L’information n’a jamais été un but en tant que tel. Il est assorti de la consultation.
b) La consultation
Prérogative importante pour le comité d’entreprise que ce droit d’être assisté, aidé par des
experts. Beaucoup de contentieux sur les experts. Le Code du travail permet aux membres du comité
d’entreprise d’être aidés par des experts au titre desquels on retrouve avant tout l’expert-comptable.
A tout moment, le comité d’entreprise peut s’allouer les services de tout expert mais il
devra en supporter les frais et ces experts qui sont désignés et rémunérés par le comité d’entreprise
ne pourront consulter que les documents détenus par le comité d’entreprise donc peu utilisé en
France.
Le Code du travail ne donne pas une définition des activités sociales et culturelles. Il y a une
liste mais très vieille et pas du tout exhaustive. La jurisprudence a donné une définition large en
expliquant que « c’est une activité facultative, bénévole qui assure une amélioration des conditions
de travail ou de vie offerte à l’ensemble des salariés et à leur famille ».
Lorsque le comité d’entreprise décide de financer en partie un transport en commun pour
se rendre à une manifestation difficulté. De même lorsque dans le cas d’un conflit collectif le
comité d’entreprise décide d’octroyer des sommes pour combler le manque à gagner des grévistes.
La Cour de cassation est plutôt bienveillante en considérant souvent que ces sommes versées sont
souvent fondées sur l’idée de secours donc activité sociale.
Le comité d’entreprise dispose d’un budget propre pour les activités sociales et culturelles,
c'est-à-dire bien distinct du budget de fonctionnement. Aujourd’hui, les règles relatives au montant
ne sont plus d’aucun secours car datent de 1945. Ce budget de fonctionnement découle d’une
négociation entre le comité d’entreprise et le chef d’entreprise. Les comités d’entreprise peuvent
recevoir des dons et des legs qu’ils doivent obligatoirement affecter à ces activités sociales et
culturelles.
Le Code du travail prévoit la possibilité pour les comités d’entreprise d’instaurer des
coopérations entre les comités d’entreprise en regroupant leurs activités.
Elle est expressément visée à l’article L2313-1 du Code du travail. Les délégués sont donc
habilités à saisir l’inspecteur du travail de toute observation, plainte relative à l’application ou au
non-respect des règles. Là encore, il ne s’agit pas de correspondants exclusifs et chaque salarié a la
possibilité de saisir individuellement l’inspecteur du travail.
Ce qui reste critiqué c’est que cette prérogative reste réservée aux délégués du personnel.
Coté employeurs :
- MEDEF : 1998. Précédemment le CNPF.
- CGPME
La représentativité syndicale a été remaniée par la loi du 20 aout 2008. Jusqu’alors, on avait
un système à deux vitesses : certains syndicats bénéficiaient d’une représentativité impossible à
attaquer (les 5 grandes confédérations nationales de salariés). Tous les autres syndicats devaient
établir leur représentativité, laquelle s’établissait par la réunion de plusieurs critères énoncés par le
Code du travail comme l’attitude patriotique pendant l’occupation.
Cette loi du 20 aout 2008 supprime définitivement la représentativité irréfragablement
présumée. Désormais, tout syndicat doit apporter la preuve de sa représentativité. Cette
représentativité découle de 7 critères cumulatifs :
- Le respect des valeurs républicaines
- L’indépendance
- La transparence financière
- L’ancienneté minimale (au moins 2 ans) dans le champ professionnel
et géographique
- L’audience
- L’influence de ce syndicat
- Les effectifs d’adhérents et l’existence de cotisations.
C’est le critère de l’audience qui fait partie des critères à propos duquel la loi a apporté des
précisions. Un syndicat doit tirer sa force, sa légitimité de ses résultats électoraux antérieurs. Pour
éviter une application variable des Juges, la loi a fixé des seuils au titre de cette audience :
- Au niveau de l’entreprise : le syndicat doit avoir recueilli au moins
10% de l’ensemble des suffrages exprimés au 1 er tour des dernières
élections au comité d’entreprise ou délégué du personnel. Si ce score
est atteint, le critère de l’audience est atteint et on passe à l’examen
des autres critères. Règle d’ordre public.
- Au niveau de la branche professionnelle : le seuil chute à 8%.
- A titre individuel : 10% pour être désigné comme délégué syndical.
CHAPITRE II :
L’EXERCICE DES FONCTIONS REPRESENTATIVES
Quel que soit la nature du mandat, élu ou désigné, tous ces salariés bénéficient d’un statut
commun pour l’exercice de leur mandat. Deux grandes séries de règles :
- Bénéficient de moyens pour exercer leur mission, leur mandat de
représentation
- Bénéficient d’une protection contre le licenciement.
A) Les bénéficiaires
Le Code du travail protège le mandataire plus que le salarié. Le Code du travail protège
ceux qui sont en cours de mandat mais aussi ceux qui ont voulu être mandaté mais sans succès et
ceux qui l’ont été. Bénéficient donc de cette protection :
- Tous les représentants en cours de mandat
- Les anciens représentants pendant 6 mois à l’expiration du mandat et
12 mois pour les délégués syndicaux.
- Ceux qui auraient souhaité être mandaté : les candidats qui n’ont pas
été élus sont protégés pendant 3 ou 6 mois selon l’institution.
- Les salariés qui ont demandé l’organisation des élections dans
l’entreprise sont protégés 3 à 6 mois. Exceptionnel car l’initiative des
élections doit venir de l’employeur.
La décision de l’inspecteur est un acte administratif qui peut être contesté par les
intéressés dans les conditions du droit commun administratif.
1) La réintégration
2) L’absence de réintégration
Si le salarié ne demande pas la réintégration, il a le droit à des dommages-intérêts
uniquement pour le préjudice qui découle du non-respect de la procédure, indépendamment du
motif du licenciement. Dommages-intérêts qui ne peuvent pas être inférieurs à la rémunération
qu’aurait touché le salarié jusqu’à la fin de sa protection.
1) La réintégration
Le salarié a le droit d’être réintégré dans les 2 mois suivants la décision de Justice.
2) L’indemnisation du salarié