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ÉVIDENCE ET POLITIQUF JURISPRUDENTIELLE
11 s'agit, d'abord, d'une erreur commise dans une appréciation, c'est-à-dire dans
une opération intellectuelle. Elle se différencie par là de l'erreur manifeste d'ordre
matériel dont le type même est fourni par la faute de rédaction ou la faute d'impres
sion contenue dans un acte.
Le Conseil d'État, lit-on parfois, n'accepterait la rectification, par la voie d'erra
tum, des lapsus que comportent les textes publiés au Journal Officiel « qu'au cas
d'erreur manifeste résultant à l'évidence du texte original» 5. Il rejoint ainsi la Cour
de Cassation qui, dans la première moitié de ce siècle, avait quasiment dégagé, dans
cette matière, une « erreur manifeste ». I'erratum ne doit pas conduire à changer les
dispositions originales ou à y ajouter", aussi la Cour ne l'admet-elle que si l'erreur
matérielle qui affecte le premier texte est d'une certitude suffisamment évidente
pour faire prévaloir le texte rectifié 7.
Dans un registre voisin, la doctrine déclare que le Conseil d'État ne redresse
les erreurs matérielles qui entachent ses arrêts et qui sont de nature, selon
l'ordonnance du 31 juillet 1945, à avoir exercé une influence sur le jugement de
l'affaire, que lorsqu'elles sont évìdentes Ces opinions reflètent la jurisprudence,
ë.
. . . . . . . . . 1 Paris, Pédone,
5. PACTET P., Essai d'une théorie de la preuve devant la Jundicllon adm1n1strat1ve, t 1èse, de rédac·
1952, p. 104-105. M. Pactet introduit une distinction entre la faute d'impression et la faute
uon dont on saisit mal la réalité. 1 wuLX M.,
6. Sur Ja pratique détournée de l'erratum: ROUSSEAU C., note au Sirey 1934.1.257. PON - al officiel,
note au Sirey 1950.3.59; LAFERRIÈREJ., De l'authenticité du texte des lois publiées auJourn
RDP 1949.113. . . . é I rnentaires ¡~sé·
7. « Mais attendu que la rectification par voie d'erratum des d1spos1t1ons légales ou r ge ur rnaLéricllc
rées au Journal officiel n'est admissible qu'au tant qu'il s'agit de réparer une simp)e errte Lle erreur esL
· I' · tence d une e I .«,.
et qu'il appartient au juge d'apprécier, eu égard aux circonstances, si exis . é é auJoun1a 0»·
· · · ent 1ns r ·,<".1111
assez apparente pour qu'il convienne de faire prévaloir sur le texte pnm1uvem . 11 n'appafal:,;,<'
ciel le texte ainsi modifié; or, attendu qu'en l'espèce, la certitude de l'e~reur ma_cér~e8~écernbre 193¿7
pas avec une suffisante évidence, le tribunal de la Seine a pu à bon droit.·· » Ci_v. J 947 5. J947.1·
5.1934.1.257, note C. Rousseau, 15.11.1937, 5. 1938.1.308; Cass. Réunies, S ~évner tribué à forf11er
8. M. Poussière : « méconnaissance manifeste de la matérialité des faits qui ont ~on rreur nagranie
l'opinion du juge », conci. CE 6 juillet 1956 X ... , AJDA 1956.2.318; M. Josse · « e
50
l'i IUU'IJR MANll JS'J I n APPRt(JAl ION
même si le Co~~eil d'État, qu'il s'agisse de l'erreur rnatéríclle qui !>'C5L glissée dans
une de ses cléct!,ton9s ou dc celle qui allei ru un texte publié au Journal Officiel ou,
encore, un c~ntrat , ne retient pas expressément, dans la lettre du jugement, une
« erreur rnanif este ».
En tant qu'erreur qui frappe l'esprit avec la force de l'évidence, l'erreur manifeste
d'appréciation se distingue, ensuite, de l'erreur manifeste présente dans le comen
Lieux des dommages de guerre.
En principe, les décisions reconnaissant les droits des sinistrés ou leur attri
buant une indemnuë créent au profit de ces derniers des droits acquis auxquels une
mesure postérieure ne peut porter atteinte. Elles ne peuvent être remises en cause
car elles n'ont été édictées qu'après les contrôles et vérifications prévus par la loi.
Cependanl, la Commission supérieure de cassalion a apporté à cette intangibilité,
au cas de droits ou d'indemnités reconnus ou perçues à tort, des tempéraments tirés
soit des règles de droit commun relatives au reversement de l'indu, soit des dispo
sìuons de la loi du 28 octobre 1946 sur les dommages de guerre.
Faisant application de l'article 72 alinéa l qui vise les fausses déclarations et
prévoit la répétition des sommes perçues, elle a d'abord estimé que, lorsque la
décision auribuuve a été motivée par des déclarations ultérieurement trouvées
inexactes, il y avait lieu à restitution des sommes versées.
Elle a ensuite jugé, en vertu des principes généraux et sans référence à la loi
de 1946, qu'une erreur manifeste commise dans le calcul de l'indemnité ne saurait
créer de droits acquis au profit de son bénéficiaire et que l'autorité administrative
pouvait, à tout moment, retirer la décision. Pendant une décennie, la Commission
supérieure de cassa lion a développé et consolidé cette jurisprudence 10. Le Conseil
d'État l'a reprise en compte, quand en 1963 les compétences de la Commission lui
furent transférées : les décisions administratives provisoires peuvent être rectifiées
en tant qu'elles portent sur la consistance et l'évaluation des biens sinistrés, « mais
ne sauraient, sauf le cas de manœuvres frauduleuses de la part du sinistré ou d'er
reur manifeste de la part de l'administration», faire l'objet de modifications en tant
qu'elles concernent la nature des dommages, leurs causes ainsi que la qualité des
personnes qui les ont subies 11.
el ne supportant de discussion», conci. sous CE 21.11.1930 Danie ßenoit, 5. L93l.3.933, note P.L.
MM. Galabert et Gernot (AJDA 1961.614), ainsi que M. Walinc (note RDP 1963.272) parlent
« d'erreur qui ne fait aucun doute ». « Lerrcur matérielle est une erreur flagrante »; déclare
M. Mabrouk, note sous CE 16 juin 1966 X... , D. 1966.66. Voir l'opinion plus nuancée de E BORELLA,
La rectification d'erreur maLéríelle devant /esjuriclicUons admi11isLralives, RDP 1962.476, note 30.
9. CE ]Juillet 1963, Société d'entreprise générale Edmond Patry, RDP 1964.218.
10. Se reponer aux huit « tableaux de la jurisprudence rela live à l'application ele la loi du 28 octobre 1946
sur les dommages de guerre» de M. POUSSIÈRE, parus auxjCP 1951.1.909; 1952.1.987; 1953.1.1087;
1954.1.1 J97; 1956 .. 1.1286; 1957.1.1360; 1958.1.1455; 1962.1.1705; et au tableau con1plé1nent.aire
dü M. FRAISSE,jCP J965.l.194S.
à
11. CE 12 février J 964 David, R. l OO; sect. 3 juillet 1964 Joligeon, R. 385; 28 octobre 1964 odie Goyer,
R. 470; J 3 octobre J 965 Consorts Lefebvre, R. 665; J 6 juin 1965 Consorts Sturdza, R. 365;
13 juillet 1965 Mauger, R. 470; 13 octobre 1965 Consorts Douieb, R. 514; sect. 19 mai 1966
Boris-Girames, R. 128; sect. 28 avril 1967 Soc. « Express-Rapide », R. 185; 3 mai 1968 Soc.
ßeauregaud et Cie, AJDA 1968.419, conci. Baudouin.
51
EVIDI NC[~ r-r POI 11 IQUI JUl{I PRUOFN ru-i LE
tic» de M. Schwarzenberg risque de ne pas se réaliser. En effet, l'erreur.nian.1 ~te mpéche 1'ac1.cde
une irrégularité con1parable aux autres irrégularités relatives aux motifs. Si e e eurde droit, du~e
. d- . . hée d'une erre urra11,
créer des droits, on ne voit pas au nom de quoi une ec1s1on entac . , uelconque po dt
inexactitude matérielle des faits et, d'une manière générale, d'une irr.égulante itjaniais créat_currité
elle, en produire. On en viendrait à cette extrémité que l'acte irréguher.ne.seralièrement la se~llrité,
droits et pourrait être retiré à Lout moment. Cette conception ébranlerait s~ng~minée d'írrégu1:1111c
des relations juridiques. En réalité si l'erreur manifeste entache la mesure ~ne ment de Pa~1~eiri,uís
elle ne lui fait pas perdre son caractère créateur de droits. t:.:a:rêt Soc. du lo.us1;s actes adrr11n15
est une stricte application des règles traditionnelles qui régissent le retrait
irréguliers créateurs de droit. (Voir les conclusions Vught précitées.)
15. BAVOOIN, conclusions sous CE Soc. Beauregaud précité, AJDA 1968.419.
16. Com. sup. de cass. 2 mai 1955 Legrand, nº 2347.
52
Cl.flRLUR M/\Nff·I SI I D'APPR(( IATION
- portant sur les motifs de fail, elle exclut l'erreur sur la baseJ·uric.Jique d l' .
· d' d e ac~.
- s'agíssaru une erreur ans une appréciation, elle est étrangère a Ja matérialité
des faits où l'agent, par simple constat, se borne à enregistrer une situation qui
physique1nent, s'i mpose à lui; '
- elle n~ s'id~ntifie fªs
non plus avec une erreur sur la qualification juridique
des faits puisque I agent, en l'absence d'une norme édictant une condition de
fond, possède vis-à-vis des faits une totale liberté d'appréciation.
I'erreur manifeste se situe donc au niveau des motifs de fail laissés à l'apprécia
tion souveraine ~e _l'administration. C'est dans cette perspective que Pon peut juger
de son apport original au contentieux administratif, en s'interrogeant sur sa fonc
tion (section 1) et en déterminant sa portée (section 2). Cette présentation globale
est indispensable pour prendre la mesure de la condition d'évidence et en dégager
la signification (section 3).
17. Conclusions sous CE ass. 12 janvier 1968 ministre de l'Économie et des Finances et Dame Perrot,
A)DA 1968.179 ,
18. Nom que donnent au pouvoir discrétionnaire les juristes des Etats socialistes. Cité par lAUBADÈRE A. de,
Traité élérnentai re, nº 399.
53
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I VIDI NC • 1· l POI I I IQUI JUIH<;PIHJDI N 111·1 I P
54
ll·RRl..:lJR ~1ANIF1:.Sl (: D'APPRLCIAllON
55
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l \'IPL ve l. t T P\)U I lQl [ Jl Rl\PRL Dl I Il tu
r ementai ) ¡gt
tence de ces organes, la présence au sein des commissions de e , Ja eo o.
l es exp I 01ìt an ts eux-rnernes, l a po 1ibili
A
1 rte
d e recour devant des
# membres
. dés ignésrnPf.
des problèmes et des hommes, la technicité très accentuée de la ins~ances Pr0cr
tunité de vérifications trop tatillonnes qui déboucheraient su l'inopPotl
r 1,01 ªllère, .
annula t-
el mal comprise d'opérations laborieusement mises sur pied, tous Lion lard,\·r
se cumulaient pour que la juridiction administrative se satisfasse d'uces arguments
motifs limité à l'erreur de droit et au fait matériellement inexact. n exarnen des
L'expérience montre que les commissions de remembren1ent ne rern
1.
toujours leur tâche avec la rigueur désirable. Composées de représenta:ts ISSecu ~
cul teu rs locaux, elles ont tendance à négliger les intérêts des propriétaires édes agn.
au pays 24. Parfois, la réorganisation des exploitations se solde par un fias tran,gos
. , . co te qu
se fomentent de petites erneutes 25. Lorsque les chiffres inscrits sur Ia fiche in .'
viduelle de répartition (fiche modèle 17) laissent apparaître des distorsions en~
la valeur des terrains apportés, estimée par exemple à l 000 points, et celled;
terrains attribués, évaluée à 800 points 26, il est regrettable que le juge de l'excès de
• pouvoir se déclare impuissant pour annuler l'opération remembrement, au motif
••
ri que l'appréciation de l'équivalence en valeur de productivité réelle ne saurait être
discutée devant lui 27.
I D'autre part, avant de procéder à la répartition des terres, les commissions clas
'"
•
••
sent les parcelles selon leur nature ou vocation culturale en différentes catégo
... ries, champs, prés, forêts, friches, landes, labours ... Pour que la règle d'équiva
• lence soit respectée, il faut qu'un agriculteur qui apporte 500 points en champs
et 500 points en prés reçoive, en retour, le même nombre de points en champs et
en prés. La commission ne pourrait ni se livrer à une estimation globale et all~uer
I 000 points en prés, ni compenser entre les deux catégories et octroyer 700 poms
en champs et 300 points en prés. . idi
En raison des connaissances agronomiques. qu , exige
. l e casse
l ment/" , laJun ic·
tion administrative s'en remet à la discrétion des commissions 29. Celles-ci peuvent
24. Voir TA Clermont-Ferrand 16 juin 1961 Jaffeux, AJ~A 1962.1.93. . de CRS 513úonnJ
25. Panni bien d'autres: les événements de Fégréac (Loìre-Atlanuque) ou un pelot~ 0 (Côte d'Or) où
pendant plusieurs mois (note R. Dumas au Sirey 1963.336), ceux d'Ecorsai~l (Le Monde du
un invraisemblable imbroglio a donné lieu à des actes violents de contesla~ion .
14 avril 1970), ou encore ceux d'Octeville (Le Monde des 19-20 septembre 1971 · argent Le Po1111•
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t:CRRLUR MANll·U,J é D'APPRLCIATION
donc placer à l~ur .gré I~ parcelles à remembrer dans la catégorie qui Jes arrange.
Elles ~e~venl a1~s1, qua_hfìer un te rrain en friche de pré afin de sacrifier en appa
1
30. CE ] 3 juin 1951 Desjardins, inédit, cité par M. LETOURNEUR in « Appari Lion de nouveaux éléments
subjectifs dans le recours pour excès de pouvoir», EDCE 1953.66.
31. Sur ce point, voir M. LETOURNEUR, [influence du droit cornparé sur la jurispnidence du Conseil d'État
français, Livre du centenaire de la Société de législation comparée, LGDJ, 1969, p. 211.
32. Cet article proscrit tout « arbitraire par les autorités administratives el les juridictions subordonnées ».
57
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,-vlDLN E ET PûLITIQUI::. JVRISrRUOI NTIELLI:!
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encore faut-il qu'il use sans outrance de son autorité .
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Composé de trois membres, un magistrat anglais, un magistrat suisse et un
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magistrat français, le tribunal administratif de l'OIT constitue une enceinte privilé
giée où peuvent se confronter fructueusement les droits nationaux. Le juge français,
M. Letourneur, a pu apprendre du juge anglais, Lord Devlin, que les juridictions
.. britanniques annulaient les actes discrétionnaires de l'administration quand elles
les estimaient « déraisonnables38 ». Le juge suisse, M. Grisel, a porté à sa connais-
33. Trib. Iéd. 20 mars 1957 Soc. en nom collectif P. Bourquin et E Kray; Ch. de droit public 18 juin 1968
Meichtry ; cités par M. LETOURNEUR, op. cit. Ces deux arrêts concernent le cas où les autorité canto·
nales bénéficient d'une grande Latitude ~ans l'~~préc~ati~n eles pr:uves. Des références supplé:i~:
taises sont données par A. GRISEL, Le dro1.t ad1run1stratif suisse , Pans, Dalloz et Neuchâtel, coll.
et Calendes», 1970, p. 171. . . d Paris,
34. Sur le tribunal de l'OIT : BALLALOUD J., Le tribunal administratif de l'OIT et sa 1unspru en~~· 34.
19
Pédon_e, 1967; ~OLF F, Le tribunal cuJ_ministra~if de ~'OIT, "" origine, son évolutio11, E~~~, 'p.
35. Leur liste figure in SPY B., « La fonction publique internationale », RDP, ~970: P· 9 d décisions,
36. Jurisprudence constante: TA se session ordinaire 23 septembre 1960 aíf. Giuffrida, r;cRo~ald Morse,
jugement nº 47; 6 octobre 1961 aff. Wakley, AFDI 1961.321; 15/26 º<:tobre 1_96~ a Ì5 octobre J968
AFDI 1963, 496; 11 octobre 1966 ~ff._ ~aini, ¿FDJ 1966, 299; _2oe session ordina:,ann c. uNES~O,
aff. Dan jean, (nº 1 et 2), rec. des décisions, Jugement nº 126, 17 mars 1969 He ff . es sont relauves
RDP 1970.966; 3 novembre 1969 Chadsey c. U.P.U., RDP 1970.964. !out~ ces a dai~ésilíer l'engage·
au pouvoir des différents directeurs de titulariser un agent et de le licencier ou e
ment d'un stagiaire. .
37. Cf. a co~trado TA a~f. J?anj~n pr~citée., . , _ . . , tribunauxanglaishi~~:
38. Toutefois, selon un junsie britannique, 1 efficacité du controle ìnsnrue par les. " ir J{AMSON c..J
· idi1~uonne_
serait autant à désirer, sinon plus, que celle du contrô 1 e Jun · l françalS ·1958,
vOI
p. 2 6 ee suiv.,e:
Pouvoir discrétionnaire et contrôle juridictionnel de l'administration, Pans, LGDJ: érêlS en prtsenc,tt
nº 5-6- 7. Voir également, en droit hollandais, l'appréciation déraisonnable desªinstde la Corr11n1m01
AUBY J .-M. et FROMONT M., Les recours contre 1es actes administratifs dans les P Y
économique européenne, Dalloz, 1971, p. 435.
58
-~--
I I RRI I R MA lfl.:51 I IYAPPR£CIATION
administraii f vicié par une appréciation insensée des faits. I'administration propose
t-elle à un agent public un poste qui manifestement n'est pas équivalent à celui qu'il
occupait précédemment 40, la commission de remembrement attribue-t-elle à un
agriculteur des terres qui manifestement ne sont pas équivalentes à ses apports, ni
en productivité réelle, ní en nature de cultures41, leurs décisions encourent désor
mais l'annulation. Le juge administratif est en droit d'exiger que les autorités admi
nistratives respectent un minimum de logique et de bon sens.
39. Cl: JI mai 1951 Lemarchand, R. 262; 10 janvier 1958 Bö et autres, AJDA 1958.2.128, obs.J.G. - CE
20 mars 1964 Époux Tihay, R. 197, AJDA 1964.711, obs. P.~.; 27 mai ~96'. groupement_de défense
de l'ilôt Flrrnigny-Cerure el autres, AJDA 1964.~32, conci. Rigaud; 25 Janvier 1967 Devlte~er, AJDA
1967.478, noie Laporte; ass. 23 janvier 1970 Epoux Neel, AJPJ. L97~.3~8, conci. Ba~do:1in, ~JOA
J 970.298, obs. Momont. Par son esprit on peul rapprocher de celle jurisprudence l artet Pujol et
section départementale des preneurs de baux ruraux du Tarn el Gar?nne (CE 12 octo~re_ 19?6,
lt 358, AJDA 1957.2.39). Lorsqu'il fixe le prix des baux I~ p~~feL doll p~end_re en _considerau_on
celui des denrées produites dans le département. Le Conseil d Etal dans 1 affair~ Pujol a annule la
décision préfectorale, en jugeant que « les quantités ?e tabac retenues pour servir de base au cal_cul
de certains fermages, eu égard à leur caractère manifestement excessif, ne correspondent pas a la
valeur normale des biens loués ».
40. CE 9 mai J 962 corn mune de MonLfenneil c. Foiuier, R. 304.
41. CE 18.3.1963 Galloux, req. nº 57.352; 20 octobre 1968, R. 669; sect.6 novembre 1970 Guyé,
!\JOA 1971.54.
59
.. __
,::-v,or;N I' E'T POI I rrQUf1 JUl{l!>PRUDl2N rtFLl.E
le Conseil d État, Vl5-à-V1S des mesures de police allentato1res aux libertes pu q esantsur lordes
contente pas d'une disproportion évidente encre celles-ci et les menaces de tToub I es_p 0,anifeSte dts
public. Par contre, la juridicuon judiciaire semble ne sanctionner que l'i.~d~ptall;;e la /égalitt
mesures de_ police ~eurs _motifs ?e fait. Voir CAsTAGNÉ]., Le contrôlejundiclLOn~i; et 50¡v.
à
acLes de police adm1nLStrat1ve, Pans, LGDJ, coll. « Biblio DP», t. LVll, 1964, P· 1
60
l'i l{HI UR MANIPESI I• D'APPRL(IAl ION
qu'elle est allée au-delà des limites du raisonnable dans le jugement qu'elle a porté
sur des éléments d'opportunìté+". »
CcrLes, le Conseil d'ÉLaL, nonobstant le recours à l'erreur manifeste, continue dc
préciser que l'opportunité ne saurait être discutée devant lui 46. li faut entendre par
Là qu'il ne lui appartient pas de vérifier l'opportunité d'un acte administratif contre
lequel le requérant n'allègue pas une erreur flagrante commise dans l'appréciation
des faits.
Le Conseil d'État s'est doté d'un instrument redoutable dans son principe pour
combattre l'emploi abusif du pouvoir discrétionnaire. I'erreur manifeste constitue
une sorte de révolution au Palais Royal, même si elle est assagie par un contrepoids,
l'évidence. Elle remet en cause - partiellement 47 - des habitudes séculaires au nom
desquelles l'opportunité ressortissait à la seule compétence des autorités adminis
tratives 48. On comprend que dans son utilisation le Conseil fasse preuve demodé
ration. Il annule plus volontiers une décision viciée par une erreur grossière d'ap
préciation lorsqu'elle intervient dans une matière où l'opportunité est peu sensible,
comme dans le remembrement rural 49, que dans l'hypothèse où l'opportunité est
mieux caractérisée, telle la délivrance d'un permis de construire. Dans ce cas, si la
possibilité lui en est offerte, il peut préférer sanctionner l'acte irrégulier sur la base
d'un autre moyen, y compris le détournement de pouvoir auquel il ne fait pourtant
appel que rarement et de façon subsidiaire 5°. Même dirigées avec circonspection,
les incursions dans l'opportunité que permet l'erreur manifeste montrent à souhait
combien est élargi le contrôle minimum traditionnel des motifs.
45. Conclusions sous CE sect. 13 novembre 1970 - Lambert - dont un extrait figure à la chronique
de MM. Labetoulle el Cabanes, AJDA 1971.34. Dans le même sens, conclusions Baudoin sous CE
6 novembre J 970 Gayé, RDP 1971, p. 524. « Linjustice manifeste~>: parente italien~e _de l'erreur
manifeste, permet de « con Lester le mérite de l'acte, c'est-à-dire son utilité, s~n opportuni te, sa conve
nance ou encore son caratère équitable». AUBY J.-M. et FROMONT M., op. c,t., p. 324.
46. CE 12juin 1968 Guintini, R. 353.
47. Voir infra section 3 de ce chapitre. . . . ~ ,
48. I'erreur mani feste comble en partie les vœux de ceux qui réelarnaieru un controle de I opportu-
nité: cf. ISAAC G.:« Chaque fois que J'adn1inistration dispose.d'un_ pouvoir discr~tionnair~, seul le
contrôle de l'opportunité serait efficace», in La procédure admi111slrat1ve 11011 contenueuse, Pans, LGDJ,
coll. « Biblio DP», t. LXXIX, 1968, p. 195.
49. Plus de la moitié des décisions qui ont censuré une appréciation manifestement erronée ont été
rendues en matière de reme1nbrement rural.
50. CE sect. 13 novembre L970 Lambert, AJDA 1971.53 el la chronique Labeioulle et Cabanes, p. 31.
51. KORNPROSBT 8., art. précité, D. 1965, p. 124.
61
I ll)l·N I:: sr POLll lQUEJURISPRUDl·N-l ll·LI i::
, l
Dans un arrêt Bachex, le Conseil d'État a jugé que l'autorité militaire n'avait pas
commis une erreur manifeste en déclarant un jeune homme apte au service armé,
.. sous réserve d'une mise en observation dans un hôpital des armées au moment
de son incorporation 53. Il tranche en faveur du « contrôle minimum » élargi à
l'erreur manifeste.
On comprend mal que le juge ne veuille pas connaître, sauf erreur n1aniíesLe,
l'appréciation des conseils de révision qui réforment ou refusent de réformer ~ne
recrue pour inaptitude physique, puisqu'il accepte d'examiner les décisions relauves
à l'aptitude physique des agents civils 54.
. . • ~ J aux agen15
« Il n'y a pas de raison,
remarque M. Braibant, de lìrnìter ce contro e . dc
, , J'occas1on
en activité ou aux mìlitaires de carrière; il peut également s exercer s
l'entrée en service el à l'égard des militaires du contíngent55. »
62
Larrêt Bachex établit une discrirninat ion d'autant plus diffìcilc a justifier que
l'année précédente, lors d'un recours en responsabilité Iorrné par un conscrit qui
den1andaiL réparation du préjudice que lui avait causé une incorporalion suivie,
quelques mois plus tard, d'une réforme pour inaptitude physique, le Consci I d'État
s'était prononcé pour le contrôle le plus large. Il avail repoussé la requête, considé
rant que l'affection de la vue dont souffrait le requérant « ne le rendait pas inapte
au service n1ilitaire56 ».
En abandonnant par l'arrêt Bachex les principes de la décision Hermann, le
Conseil adopte une position en retrait. Le contrôle de la qualification juridique
s'incline devant celui de l'erreur manifeste. Si la Haute Assemblée n'avait pas eu à sa
disposition cette notion, aurait-elle révisé la jurisprudence Herman n ? M. Rigaud a
Liré argument de ce que la politique du recrutement variait en fonction des besoins
du moment. Un tribunal qui pratiquerait une vérification trop stricte risquerait
d'être toujours « en retard d'une guerre», à moins d'homologuer intégralement les
critères avancés par le ministre des Armées. Bref, « le contrôle total tendra dans l'un
et l'autre cas à devenir totalement théorique57 ». La démonstration du commissaire
du gouvernement a convaincu le Conseil d'État, mais en quoi, peut-on objecter, le
contrôle de l'erreur manifeste sera-t-il dans un tel contexte plus efficace?
56. CE 25 octobre 1967. Hermann, R. 394. Voir également les conclusions Gabolde, précitées, favorables
à ce contrôle.
57. RIGAUD conci. sur CE Bachex, RDP 1969, p. 703 et suiv.
58. TA Nan,cy J 8 mai 1966 Manufacture de Blanvi_lle, R. 752; CE 10 ~uin L9?6 ministre du Travail c.
Besson R. 387 · 18 novembre 1970 ministre d'Etat chargé des Affaires sociales c. Le Bolch, R. 689;
21 avri'I 1971 ~in ist re du Travail, de l'Empio i et de la Population c. ocllcs Raffin el Roue, AJDA.
1971 .374. Voir également CE 23 septembre 1968 Manufacture française des pneumatiques Michelin,
R. 214 conci. Vught, RDP. 1969.320, conci. Vught. . . ,
59. Par sa jurisprudence restrictive, la Chambre sociale d~ la Cour dc cassaL'.on ruine la P?rtec du recours
hiérarchique auprès du ministre. Elle estime que, st le. chef.d'entreprise rompt untlatérale_n1ent le
contrat de travail avec I'autorisauon de l'inspecteur, le licenciement est valablement effectue, quelle
que soit la décision ultérieure du ministre: Cass. Soc. ler juillet 1964 Soc. des ét.ablisse~ents Felbacq
c. Berlin,JCP 2.1424·0, note de Foru-Réaulx. Ses arrêts les plus. r~cents n1ontr~nl s1mplcm~nt un
souci de mieux indemniser le délégué licencié à tort : Soc. 27 juillet 1970 Abisse c. Rhodiaccia,
D. 1970.742 eLJ.-J. Dupeyroux, Le licenciement illicite d~s.représen~ants du personnel, D. 19:0,
chron. p. 187. La chambre criminelle s'est arrêtée à une posiuon à la fois plus respectueuse.et moins
critiquable. Un employeur qui congédie un délég~é_avec !_'accord de l'inspecteu_r.el ~ui refuse dc le
Laisser siéger au comité d'entreprise a~ant que le m'.n1stre. a~L statué, cor:i1n1et _le délit cl entrave a~ bon
fonctionnement du comité d'cntreprise : Cass. Crim. 9 JULn 1966 Uruon départementale de l'Aude
de la CFTC c. Talrnier, GP J 966, 2e sern., p. 138.
63
I vin, N r I I P()LI I JQUI JllRl\PRUDJ NI JI·( Lt:
Le démenti de la jurisprudence
60. En ce sens: COUIARD C.-A., « la stabilité de l'emploi et les autorisations administratives devant le
contrôle juridictionnel», Dt. soc. 1951.237; Guionin, conclusions sur CE 12 novembre 1~4
nancéienne d'alimentation,JCP 1950.2.5909. Contra: AUBY J.-M., « le contrôle du Conseil
~.r·
1~:
sur les décisions des inspecteurs du travail relatives au licenciement des délégués du personne
des membres des comités d'entreprise »,]CP 1952.1.989.
61. Cass. Civ. sect. soc. 12 février 1954 Dominguez c. Arnaud, Bu1/. civ., IV, nº 108, P· 79. relève
1
62. Même s'il apparai L souhaitable que le contrôle de la qualification juridique des faits_ preo~e ~elle se
de l'erreur manifeste, il n'en demeure pas moins que celle-ci constitue un progres puisq~ liccn·
substitue à l'absence de contrôle. À l'égard des conscrits comme des délégués du ?c.rso~: conse~
ciés, il vaut mieux que le juge administratif affirme son pouvoir de censurer I~ déc15'º:r du tntV'.iil
de révision (CE 6 décembre l 968, Bach ex précité RDP. 1969. 700) et celle de I i~pecte rreur mani·
(CE 10 juin 1966 ministre du Travail c. Besson, précité, R. 387_) ~ntachées d u;fe
eConseil _(CE
feste, plutôt que de le voir renoncer à coute sanction sur l'appréciation porLée pa . comcneJuge
. .
21 cl écembre 1960 de P1cc10Lto, R 722 - le Conseil. d'État, à cette é poque,
. intervena1L
·
de cassation) ou par l'inspecteur (CE 26 mars 1958 Tolédo, R. 200). . (966
30 013rs
63. Marquées par les arrêts CE 16 octobre 1963 Boursier, R. 487 (erreur man ifeste), rts QL1111at,
ministre de l'Agriculture c. oclte Puren ne, R. 1068 (contrôle complet), 26 juin 1966 conso
R. 1069 (erreur manifeste).
64. CE sect. l l juillet 1969 Lévrier, AJDA 1969.633, conci. Baudoin.
64
1'1 RIU lJI( Ml\Nll 1 'i li JJ'Al'l'RI ( lAllON
Dès lors, il lui parais ait inévitable que le jug' « Ías..,cporter son contrôle, avec tout
on poids ct toute sa rigueur, ur l'~ccon1plissen1ent d'une condition qui est parfaite
ment qunntifìable ». Le Con eil d'Etat s'est rangé à l'argumeruauon dc son commis
saire, rendant caduque la jurisprudence où il se contentait d'une erreur manifeste.
C'e ten uit e le ca en ce qui concerne le classement par catégories de cultures.
Les excès auxquels cédèrent, dans leur appréciation ouveraine, les cornmission-,
avaient [ait prendre conscience à lajuridicLion administrative de l'étroitesse de son
contrôle 65. Pour y remédier elle avait introduit l'erreur n1anifcs1e66. En dépit de cet
averLissemenl, de nombreux abus se perpétuaient, C'est pourquoi, par deux arrêts
de ] 967, la I-laute Assemblée a décidé que les cornrn iss ions perdaient leur liberté
de grouper discrétionnairernent les terrains soumis au remembrement dans telle
ou telle catégorie et qu'elles devaient, en fonction de la nature propre de chaque
parcelle, créer autant de catégories que nécessaire67. Dans une région traditionnel
lement partagée entre des près et des terres à labours, Ics prés naturels ne peuvent
figurer dans la même catégorie que les labours. La commission départementale a
l'obligation de prévoir pour les herbages une catégorie partìculiërev''. Les tribunaux
administratifs veillent au respect de cette sujétion en ordonnant, au besoin, une
expertise sur la vocation culturale exacte d'un so( 69.
D'autres domaines ne sont pas « à l'abri» d'une telle mutation. MM. Labetoulle
et Cabanes signalent une évolution analogue pour ce qui regarde les besoins de
la population en pharmacies 70. Après avoir recherché si aucune erreur manifeste
n'affectait l'appréciation préfectorale 71, le Conseil d'État examine maintenant si les
72.
besoins sont de nature à justifier la création d'une nouvelle officine
11 est à noter enfin que, lorsque le juge de l'excès de pouvoir a annulé une déci
sion frappant d'éviction un agent public, il s'assure strictement que l'administration
le réintègre dans un poste équivalent 73. Toutefois l'hypothèse est trop particulière,
l'autorité de la chose jugée trop impérieuse pour que l'on puisse ici parler d'une
progression générale du contrôle dans l'ensemble du contentieux des équivalences
d'emploi.
Cette jurisprudence coupe donc court à une interprétation « pessimiste » de
l'erreur manifeste. La doctrine n'aurait pas d'ailleurs exprimé tant de réticences si
elle s'était attachée à définir l'essence de cette notion. Celle-ci constitue un compro-
65
I \ lf)J t I I 1 I'(. )I IT lt.JI I JllUl\PRl/DI NI li I I I
7"
n11 ... : !'ti .., ·" lern1e" icnuenr ù chan•rcr ln ,·uric.I,' .1 ·
n (.'
.,,._, 1·,..., • ( . ' f' ,-, ' <.:: 1011 ~c.l IJ11ni•t · , rnt1v.
l-,~._1,~1nt:n !'t.. l f>O!',l(fc)n. -n ~urro~nnt, par Xl'lllJ)lc: ,
l. · cl r , . , qu un te e r1;\>
ont Ilion~ ~ loud ù I ct.li ·rion dc l'acte subs1i1u, ... I' . J\l • cluirfì lc¡r,_
.
rcnienr ()U acc1ùcn1cllc111ent . ..
ílouc le c:ontrôl, ,·uricJ,·,..1.. _ , unc. : 1e11n , r d,tcu00 '~a "1d "'
•
ele ln regi ·n1cnrat1on. en vigueur, . '
nugrn mt ra .n intcn"' ...ronne , 1 , . co rn,nnnd~ pVo/o,
1~,
rem ph I e ffcet I vcrnen t lo o u I .s con di I ion. I ·gale .
. . .~1 c. e Jug' e v r,. fier:, ,.,. .tr l't ~,
Qu o iqu'on a i I e ra int I bi I an d • I' err , ur n ¡ ~. e • ªcit
1110 1 c~r cr den,
~ .
San nutre ~, d'autre. niotlnlirc.s p.trnlfcl es dc contrôl, clic n l'ure p0•
,. . . . . . , ,,ern1 t nu . , ,11,r
erncr I e. cr ice du pot1vo1r dt cr 'li nna1re qui r vi 'nt .1 1' d .. Juge de lllic
une technique . .
propre à rnieu , lutter contre l'arbitraire ._ n n11n1srr •111.on. ('..~
Le
.
deux JJ01nrs d vu": du JJornL d vu .. analytiqu . en e que l'erf)rogrè lrn n Para¡1\.~I
" . à
. .
vient dan. d ma11crc..s cnrncreri . ,
cs uuparavanr par une v rifìcat· rcur n1nnif c1.i ,
te 1n1cr.
r,a,~ er qui . b ·nclìc1 . nt dorénavant d'une prot ction accrue. du pc>' ron r ~tre·•nted~
. . , int ( e vue
oque, en cc quelle oumct ù ln ccn. ure dc lribunaux administrati[s 1 le¡. Ynrh1.
lion form ui c..s en opportunité qu'il refusai •nt jusqu'alors d' xamincr ªPPréria.
bâillonnée, il 'en four, la liberté d'acrion dc l'admini tration 'en trouve· ª"'111?
dans l'i nlérêt d'une meilleure justice. · nn101ndne
-. "
.... rend precaire loute présentalion exhaustive mai que la doctrinen co111t1111c de
elas er ous quatre rubriques : les mesures de police gen rale, le n1 ~sur s ù cnmc·
Lère technique, les mesures édictées alors que la réglcmcnlation n'en pr~ci.c pa5
les conditions de fond, enfin certaiT1es in ures i11t res~ ~1nc la fonction publ,qur75.
Ce contentieux vaste el hérérogène soud son unit par une doubl rcfcrcnccau
JJOuvoìr discrétionnaire el au contrôle rcslreint des morifs.Jusqu'ù n1.1i11tc11:111tl'cr·
reur man if este ne recouvre pas l'en en1blc dc ce n1aticrcs, rnais p 'lk cr qu'elle llt'
vaut que là où le juge l'aurait CXJJrcssémcn I n1entionne erait co1nn1c11re un gra\'r
.
conlresens. Celte 1nlerprétallon . . ., .
étriquée 1néconnn1tra11 . l e cl ynnn11 · . nie, d . l'erreur
mani,estc
r : on intérêt rés1 ·c1 e morns
· d an ses app 1 ,cauons
· · ac1uc ·lies· l/llC clnn . 5~¡,
vocal ion - c'est un poi n l certain - à crnbras cr la. I otal11. e cl · <.:e on I e·nric11x ou '\•
J·uridiclion ad1nini tra Live n'exerce qu'un contrôle r · trc1n1 . dcs 111011 . [.;• Cl dn11s !IC
pos ibilités - c'est encore l'inconnu - à~ 'élargir à toutes le apprcciar,on~. , . . q (lt' 11•l
que soit la profo11deur du contrôle exercé.
67
f.vrn, NCE ET ro111 IQlJE JlJRISPRUDf NTll:LLE
79. Par exemple: C[ 15 avril 1970 Miniez, \'ì1ry. Pinot, Lemoine. Office d'I fUvt dc I.i \'ìllc d p
R. 250 Mais aussi l'analogie des cadres ( E 17 m~rs 1961 1v..tignac. R. 319), I~ íoncuons :cr:~
quemeni comparables (CE 21 dccembre 1966 Gaillard, R. 1069), la nature idenriquc d~ rorp,tt
la correspondance entre deux corps (CE IO mai 1963 Bartoli, R. 294), l',1p1ilude d'un agtm pubi,
à l'..1,•ancement (CE 12 février 1971 mini tre de l'Ecooom1c et des Finances c. Dubob cr i1ur"'
R. 219), .l l'1nt~gr..ttion (CE 13 janvier 1971, Bajada, AJDA l971.-f92) rì C."\CTccr une Ioncuon (([
... 18 décembre 1968 Bianzon. R. 1072; 2 octobre 1970 Corbcllini, R. 551 ). l..t valeur d'un mrmotrt'
.... (CE 27 novembre 1970 Delle Martin, AJDA.1971.42-f). Pour un con1plemcn1 dc junsprudcnrt', ''Otr
le tableau publié en annexe de l'arricle précité à la Rc« adm., 197 l .
BO. Par exemple: CE 15 juillet 1964 Dame V'~ Denis AJDA l 964. 72 l; l3 juillcr l 961 D.1n1c \"" Adun.
R. 476; 16juin 1971 ministre de l'Agriculture c. Dame vw chue, R. 450; 10 mars 1971 nunìsue ee
l'Agriculture c. Grizon, R. 198; 22 mai 1968 Époux Ory, AJDA 1968.651.
81. CE 24 avril 1964 deux arrêts, Dclahaye et Villard, A}DA 1964.303 et 319; 15 juillet 1964 Cadi, RDP
1965.125; 15 Juillet 1964 ministre du Travail c. Carrière, A]DA 196-f .575; 7 juin 1967 Rougemom,
D. 1968 201. Pour les conaaissaaces techniques particulières : 2-f avril L9b-f CortScil dr l"ùrJrr
des médecins c. Bricourt, R. 981 ; 5 jan,ricr 1966 ,nini lrc dc l.1 .1n1c publique, C l)~t ti ~lolSJnl,
R. I 070; 28 mai 1971 Langlais, R. 415. .
82. CE sect. 26 janvier 1968 Soc. Maison Gcnetal, R. 62. conci. Bertrand; l9 no\'cn1brc 1969 ~oopérJll\T
des propriétaires récoltanLS de la Champagne délin1itéc, R. 514; 3 n1Llrs 1971 n1inistrc dc l'l:conom,~;1
des Finances c. Soc. Ateliers dc Dunkerque ct Bordeaux « France-Gironde», R. 175: AJDA l 97dl.-l _
83. CE 6 novembre 1963 oc. lranex, A}DA 1964.187; 28 mai. 19 6 7 Féd émuon . nauon.1
. 'le des :in IC,lb
de Îa
pharmaceutiques de France, R. 180; 22 mars 1968 oc. des Labon.noires Be 1lout, 1VOA l968· 356
84. CE 17 décembre 1965 Époux Plani y cl au ires, R. _695; 29 mars l 968 oc. du loti
plage de Pampelonne, R. 211, conci. Vught; 13 Judice 1968 Mendelsohn, AJDA 19
;;i;;; .
27 février I 970 commune de Bozas, R. 139. ¡ Vught (k
t
85 Par exemple : CE sect. 26 juin 1970 Bartoli, Rev. trirn. dt. san. el social l 970.366, cone .,Ilion dr
retrait d'approbalion à une sociéce mutualiste); 4 octobre 1968, Tou~a~, R. 1?73 (~Pf~u~l,Îei ¡969
la valeur des litres possédes par des personnes non titulaires dun d1plo1nc d Étal)• J Confolc1c.
mirustre de {'Éducation nationale c. Association d'éducation populaire «!'Espérance~ à rol.iirc),
R. 315 (apprécia úon du min is ire en décida ni ou refusan¡ d'agréer un ci reui t dc ramassageport et dr
24 octobre 1970 Gaveau, R. 578 (approbation par le préfel des tracés des lignes de transcs R. 627
distribution
( ª~
d'énergie électrique)· 30 octobre 1970 Soc du Moulin de Giboudet et 1~ ~ 1.1 R(l
.
déc1Sio11 • . êlS cli= .,
adm., 1971.d'une municipalité dc participer à un syndicat communal). Adde les arr
68
l'l·Rlll UR MANll'LSI I· IJ'AI'PRfC.IATION
69
r\ IDE cr l I POl Il lQlll JllRl.'l'RUOL 111·1 I I·
98. Expulsion d'un étranger : CE 24 octobre 1952 Eckert, R. 467, S. 1953.3.52, note Tixier;
18 mars 1955 I-larnou Ben Brahi1n; R. 168, Rev. jur. ct pv/. dc l'U11. Jra11. 1955.405, conci. Lauil'nl
. . . d' . r ·ic ù un. f¡n111·.
Dissolution d'association : CE Assoc1ac1on Rousky-Don1 pr cité. Inter 1c11on 1a1
· · dc rt ,dcncr ·
ger de pénétrer en France : CE 22 novembre 1952 tvlarcon, R. 524. R estncuon I
CE 12 J·uin 1953 Dame de Savicch-Ritchgorsky, R. 28 L. Rcfu dc la carte dc co~imerç¡i:\1
. · d~Jou,nuu,
CE 26 no,,embre 1956 Villa, R. 433, RDP 1957.123, conci. Laurent. Inter d ,cuon 1.: b 1955
écrits provenant de l'étranger : CE 4 JUln . . L954 Joudou ' et Riaux,. R . 346. , 17 déccm re
ministre de l'Intérieur c. Girodia , R. 968, D. 1959.175, conci. Braibant.
99. CE 31 janvier 1964 Époux Bonjean, R. 73.
100. CE 30 janvier 1959 Grange, R. 85, conci. Chardeau. ,brc ¡964
101. CE 13 novembre 1964 ministre de l'Intérieur c. Rocher, AJDA 1965.228; 13 noive:. 01¡011rt'
ministre de l'Intérieur c. Livet, D. 1965.668, note Demichel; sect. 22 avril.1966 Te~~ 1966.504.
de l'Intérieur c. Mony, RDP 1966.584, conci. Galmot, RA 1966.227, note Liet-Vc~~;·0c·,obre 1968
note Dran; 18 mai 1966 Férréol, R. 333; 22 mai ] 968 Lagrange, AJDA 1969.JO • .1 Lcbort 0111
, d s du recuei dr
Douzou, R. 517; 4 déce1nbre 1968 Mary R. 615. A noter que Ics ré acteur . ées. RéScrvc
porté dans l'abstrait précédant l'arrêt Livet : « appréciations ne pouvant etre dLScut les déci 1005
l'erreur maniíeste et du íait matérie!Jement inexact ». Ccue menlion disparaît pour
postérieures.
70
l.J·RRLUI{ MANll'L'>I I IJJ\PPIU (IAílON
l¡.
•
viduelle des faits et n'autorise qu'une vérification par catégories. Lerreur rnanífeste,
elle, dans chaque affaire, nécessite une analyse « personnalisée ». La trop vague
condition légale bloque les initiatives du juge, entravant la progression ven, l'erreur
manifeste ou, comme le souhaite la doctrine 102, vers l'examen de la qualification
J,(
juridique des faits de nature à justifier ces atteintes à la liberté.
Ces lacunes, parce qu'elles sont temporaires ou excusables, ne contredisent en
rien l'esprit « conquérant » qui anime la jurisprudence, Chacun des cas d'ouverture
du recours pour excès de pouvoir a connu une lente maturation avant de parvenir à
¡. sa plénitude. Lerreur manifeste n'échappe pas à la loi du temps. Au fur et à mesure
de son développement, il deviendra éclatant que, dans toutes les hypothèses où le
droit abandonne l'appréciation des faits à la latitude de l'administration, elle fait
,, partie intégrante du « contrôle minimum » des motifs.
j•
7l
I v,n, NC.I I· I POI IT IQIJt JllRl',PUll()t NI li, I I
eel I e-ci in lé res e I' opportun i lé de I a décision administra¡¡ ve. Cetie "'em e _coup 'llrr
elle pas d'ailleurs dans la nature des choses: par définition un « conir:~tens,oo n'e.¡.
d, . · 1 pas un contro I e a~quc l tout acte administra1if doit se lie e rn1nunu
ne esigne-r-¡ , "'•
P l ,. l C ·1 d'E ' p r. .
our 1 ns tant, e onset tat s oppose à transporter l'erreur
dehors du contentieux soumis à un contrôle réduit des motifs M Mo rnan,fes1 e en
sa thèse consacrée ã la répression administrative 106, et M. Kahn · · lui urgeon
ont ' ~
de relever une erreur manifeste quand, l'évidence, la peine disciplinaire~:~po,,
à
apparaît trop forte pour punir une faute mineure. Le Conseil d'État n'a p ,g~
son commissaire du gouvernement 107. Cette résistance de la Haute Assernbl,e as sun1
n'implique pa ipso facto qu'elle y proscrit à jamais l'erreur manifeste. Peut-êlre
a-t-elle jugé plus sage (et plus politique) d'achever l'évoluiion en ce qui concern,
le « contrôle minimum », avant de procéder à un nouveau bond. Parce que fes
concepls de pouvoir et d'appréciation discrétionnaires répondent à une realrté
unique, on veut espérer que dans les années ou les décennie à venir, le Conseil
d'État perfectionnera, sur ce point, sa jurisprudence.
....• On peut y croire d'autant plus fermement qu'on retrouve trace inonde la
notion, du moins de la technique de l'erreur manifeste appliquée à ce niveau .
Le Conseil a, en effet, admis la régularité d'un décret prononçant la révocation d'un
maire parce que les faits retenus contre lui étaient « manifestement de ceux qui
rendaient impossible son maintien à la tête de l'administration municipale 108 ».
Si, à /'évidence, les fails qui lui étaient reprochés n'avaient pas été susceptibles ~e
fonder une telle sanction, le gouvernement aurait en quelque orte mal appré~ie
la gravité des manquements et la révocation eût été annulée. Le motif de e arre15
mérite d'être reproduit intégralement :
JJJ
106 · M DURGEON R., /..a repress ion administrative, Pa ris, LG D)., co li. . DP • • l. I • t , ouv,vrter
« Bi. bho. 1967,P19611 4(l,
I 07. CF 23 noven1bre l 967 AdminislraLion généra/e de l'As islancc publique, Droi
conci. Kahn.
108. CE SjuilleL J9J8 Gérard, R. 665; 6jui111928 Michel, R. 696.
72