Vous êtes sur la page 1sur 2

Actuel / virtuel : deux degrés du réel

VIRTUEL : du latin virtus « vertu, force », « ce qui n’est qu’en puissance, qu’en possibilité sans
existence concrète »
A l’inverse l’ACTUEL est tangible, il est en acte – il est l’état du virtuel actualisé
Car le virtuel encercle en quelque sorte l’actuel d’un faisceau de devenirs. C’est la condition
du virtuel : être en devenir, appelé à être.
Le virtuel n’est pas opposé au réel, comme l’on oppose ordinairement le numérique au
physique : le virtuel c’est un degré du réel, tout comme l’actuel. Actuel et virtuel sont
distincts car ils ne mettent pas en jeu les mêmes effets. Opposer le virtuel au réel revient à
opposer un élément structurel à sa structure même, c’est un non-sens.
D’ailleurs le réel n’est pas une donnée primordiale, c’est le résidu des frottements
virtuels/actuels : il ne préexiste pas comme on pourrait le croire, il est la somme de
l’ensemble des vérités du monde à un moment donné – le réel est la vérité générale (à
comprendre dans le sens d’une immense fiction, càd une construction, et non d’un absolu
éternel)
Le réel n’existe pas malgré nous ; il existe par nous, à cause de nous. L’actuel et le virtuel en
sont les conditions de possibilités.
Faire du virtuel un synonyme de numérique est une erreur : car le numérique, son lot
d’expériences immatérielles, fait partie intégrante du réel (cela n’est pas dur à démontrer de
nos jours, le monde digital redéfinit totalement nos rapports aux choses, aux hommes, à la
naturalité, jusqu’à tendre à devenir peut-être la nouvelle forme de nature).
Si le réel ne trouve pas son contraire chez le virtuel, il le trouve plutôt du côté du possible:
« un réel fantomatique, latent. Le possible est exactement comme le réel, il ne lui manque
que l’existence » càd l’actualité.
La différence est que le possible lui est clôturé, son état est prédéfini et s’oriente vers la
réalisation de sa détermination, alors que le virtuel est pleinement potentiel et sans
limitation, une simple force en pur devenir. Le possible se réalise, le virtuel s’actualise ;
« l’occurrence d’un possible prédéfini » contre « l’invention d’une solution exigée par un
complexe problématique ».

Gilles Deleuze sur une interprétation moderne de l’actuel et du virtuel (tiré de Dialogues - l’édition de
2008 chez Flammarion - avec Claire Parnet) :
http://lucdall.free.fr/workshops/IAV07/documents/actuel_virtuel_deleuze.pdf
Voir Henri Bergson dans Matière et Mémoire (chap II et III) sur l’idée d’encerclement de l’actuel par
des couches virtuelles
Voir Pierre Lévy, Qu’est-ce que le virtuel ? (1998), éditions la Découverte, sur l’opposition réel/possible
en correction de la mauvaise opposition réel/virtuel
Petit préambule à l’ouvrage : http://dnarchi.fr/culture/actuelvirtuel-introduction-une-problematique-
architecturale/

Vous aimerez peut-être aussi