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Une icône japonaise à I'EPFL n arrivant depuis l'Esplanade, le nouvel Depuis la place Cosandey, I'appréhension du profet
tl
Mésologies
Kuma adopte un parti urbain concis et efÊcace.
le contexte de dispersion architecturale symptoma-
tique du campus sont diamétralement opposées. Alors
L_.1 l
Seion un axe nord-sud, il implante son bâtiment le que Ie proiet de Sanaa prend part à cet éparpillement
long de I'allée de Savoie, fabriquant ainsi un front urbain, celui de Kuma tente de le résorber, quitte à
..: ,t
bâti de plus de 200 mètres qui définit distinctement faire appel à des dispositifs urbains tirés de la ville a,.:/
,
les limites ouest de la place Cosande¡ futur espace constituée. Implantation axiale, alignement en front
public maieur du campus. Ensuite, tel un ieu d'origami de rue, toiture continue, préau, porches d'entrées ou
fll fll
géant, il dépose un grand toit à double pente qui se encore marquise, sont autant d'archétypes architec-
plie pour épouser la topographique accidentée du sol. turaux qu'il est plus habituel de rencontrer dans un
L'effet visuel est saisissant: la silhouette du faîtage se centre ville ancien que dans un campus universitaire.
.::.
poursuit avec celle des montagnes au loin. A l'extré- L'effet de loupe que les deux proiets exercent l'un
mité nord du bâtiment, la toiture se replie et forme un sur l'autre s'amplifie au fur et à mesure que l'on se
impressionnant porte-à-faux trigonal dont un sommet rapproche des bâtiments. Pour le ArtLab, Ia texture
(lire
est posé au sol et I'autre est suspendu dans le vide et la teinte du bois de façade, I'ombre projetée par 1.1 C¿féMonkeuxJaz,
article p. 12). Depuis ce préau monumental, il faut I'avancée de toiture et enfin le relief créé par les sail- 1 2 M€elngRæm
Ad
longer un long mur aveugle couvert par une marquise lies des poteaux façonnent une peau épicurienne qui & Sc¡ence Påv¡lion
2.1 l\laìn EnÍance
22 MinExhibitionRoom
continue sur tout le bâtiment pour atteindre les deux contraste avec I'enveloppe vitrée et lisse dr Leørning 23 TruckEntanæ
I
I
24
Center. A I'intérieur des bâtiments, les ambiances
SloGge
porches permettant d'accéder aux espaces d'exposi- 25Smal Exhibìl on Room
26 Ssondary Enr¿nce
tions. A I'extrémité sud du bâtiment, la toiture se rabat créées par les deux architectes deviennent littérale- Datasquare
une dernière fois vers le sol, cadrant la vue depuis le ment antagoniques. Dans Ie ArtLøb,les espaces dans 3 1 M¿inEntance
32 E*ibilionSpace
33 otræ
café-restaurant vers le lac et sa façade montagneuse. 1es pavillons sont déterminés par les exigences de leurs 3 4 SloBge
35 Paftiru
A ces attentions contextuelles et plis topographiques programmations respectives ou encore par la forme
dr ArtLa.b rétorque la géométrie autonome, indiffé- extérieure du bâtiment. Les deux salles d'expositions
rente au site et détachée du sol dr Learning Center. sont seulement éclairées à leurs extrémités cardi-
Les relations qu'entretiennent les deux proiets avec nales. Fermées snr leurs faces latérales, I'effet de tube
t-rl
;:r \
3b r ITI 3
4
Vues des espaces d'exposition des pavillons
nord et central
Plan de rez, coupe longitudinale, élévatìon est
et plan de situôtion (O KKAA ârchitecte)
10 ARCHITECTURE TRAcÉs 2212016 tnncÉs zzlzoro
est amplilé par la perspective générée par Ie rythme pour constater que ce voyage des modèles entre ]apon la beauté ordinaire d'une simple palissade en bambou du
soutenu des portiques visibles depuis I'intérieur, Dans et le vieux continent n'a iamais cessé. Le travail de palais. Dans la foulée, il fustige le dédain supposé qu'au-
Ie café-restaurant, les plis de la toiture et de la façade Kuma, si apprécié depuis quelques années dans beau- rait exprimé Le Corbusier lorsqu'il visita le même lieu
contraignent grandement la géométrie et la confi- coup de métropoles occidentales, est révélateur des en 1955. Contre les affres de la modernité, Kuma défend
guration des espaces intérieurs. A I'opposée, dans le tendances et préoccupations architecturales actuelles. les valeurs oubliées de la tradition. Telle seraÌt alors la
Leørning Center,l'effacement des limites et l'absence Préfaçant une monographie sur lui-mêmeo, Kuma bataille qu'il veut mener partout où il construit. Depuis
de spécialisation fonctionnelle des espaces engendrent introduit son travail par un plaidoyer pour l'architecture ses premières réalisations postmodernes dans ies années
l'atmosphère éthérée qui baigne à I'intérieur. traditionnelle japonaise. II démarre son propos par une 1990u, cette opposition manichéenne - un brin moralisa-
A travers ce ieu de miroir grossissant, deux concep- ode aux artisans, paysages et architectures du Tohoku trice - a touiours motivé son travail. Dans ses argumen-
tions radicalement opposées se rétorquent. Aux espaces et Shikoku, deux régions qui ont été balayées par le tations de projets, il préfère touiours (une architecture
dirigés et spécialisés conçus par Kuma répond un envi- terrible tremblement de terre et le tsunami de 2011. de relations )) contre ce qu'il fustige comme du ( forma-
ronnement continu et générique dessiné par Sanaa: L'emphase atteint des accents bibliques lorsqu'il déclare lisme>>. Il se place du côté de l'artisan et du savoir-faire
deux définitions mésologiques de I'espace architectural, que <Dieu envoyait le déluge pour punir les hommes)) ancestral contre (( les hommes arrogants et corrompus ).
que lbn préfère nommer (milieu) au |apon. et que ((le tsunami était similaire au déluge de Noé)) Il choisira enfin la (chaleur)) du matériau bois plutôt
qui va < balayer ces maisons et voitures de styles améri- que l'acier ou ie verre.
Le voyage des modèles cains)). Dans la seconde partie de son argumentaire, Pour le ArtLøb, les techniques de construction
L'architecture japonaise a exercé en Europe une Kuma poursuit son référencement nostalgique à I'archi spécialisées et sophistiquées qui ont dû être employées
influence continue, et ce depuis au moins le milieu du tecture traditionnelle iaponaise en relatant le voyage de sont pourtant bien loin du récit de redécouverte de Ia
19" siècle. Ainsi, pour l'art nouveau en France, elle a Bruno Taut en 1933 au palais retiré de Katsura à Kyoto, tradition. l.lartisan a laissé place à un gros mafor de la
constitué un décor à recopier. Chez les pionniers de Il s'attendrit alors des larmes d'émotion de Taut devant construction. Les calculs statiques des ingénieurs lbnt
I'architecture moderne, elle a été un modèle lointain et obligé à associer de la tôle en acier perforé au bois de
idéalisé. Plus tard, les métabolistes faponais, inspirés 3 Sur le mouvement métaboliste jâponais en Europe et le plan de Skopje de structure. Le rêve de la frugalité du vernaculaire a
à leurs débuts par le brutalisme européen, dessine- (enlo lange ên 1965. lire IRACFS n'10.2016. du mal à coexister avec les millions issus d'un parte-
ront en retour de belles mégastructures en Europe3. 4 Kengo Kuma, complete works, London, 2012, Thames & Hudson Ltd, préfôce
nariat public privé complexe. A des milliers de kilo-
de Kenqo Kuma, pp.7-9
Auiourd'hui encore, il suffrt de parcourir du regard 5 Par exemple, l'immeuble lv12 réalisé à Tokyo en 1991. mètres et des centaines d'années du palais Katsura,
les rayons des bibliothèques des écoles d'architecture, 6 Lire Cedric van der Poel, TRACÉS n' 13-14, 2013. fart de Ia s¡mpl¡cité, le lien ancestral à la tradition constructive iaponaise
est rompu. 11 ne reste plus que I'image que véhicule le
bâtiment tel qu'il est réalisé, c'est-à-dire un large toit à
double pan couvrant des pavillons en bois. Dans beau-
coup de proiets de Kuma, plus ou moins explicitement,
cette forme iconique demeure un vecteur efficace pour
f,gurer une image simplifiée de I'architecture iaponaise.
Pour son prolet lausannois, et cette fois-ci très expli- a*\
citement, c'est un autre modèle architectural tradi-
tionnel que l'architecte invoque. Uutilisation de I'ar-
EMCH
doise en toiture n'est autrement iustifiée que par une
\/
référence au chalet suisse6. Le grand écart est encore
plus surprenant et de plus en plus diffrcile à tenir. En Mairie, Sarnen
Architectes Joos & N/athys, Diener & Diener
ramenant son travail à I'architecture nipponne ou
encore à un cliché helvétique, Kuma semble vouloir à
tout prix se rattacher à des paradigmes traditionnels,
quitte à essentialiser, De I'architecture, il ne laisse
alors que I'icône.
De retour sur la place Cosandey, la scène imaginée
Construisez
d'un paysage de Hiroshige s'est évaporée. Il ne
:àa
reste plus que des icônes architecturales insensibles UN ASCCNSCUT
*.ø les unes aux autres. In fine, la condition urbaine
inhérente au campus faite d'obiets hétérogènes et
dispersés est tenace.
qui est comme
vous unique,
PARTICIPANTS
Architecte: Kengo Kuma and Associates, Tokyo, Japon
Architecte local: CCHE Architecture et Des¡gn SA, Lausanne
Entreprise générale: lvlart¡ Construction SA, Lausanne
lr,4atériaux de construction principaux: toiture en plaques d'ardoise,
structure porteuses en bois-acie¡ façades bois-verre
5 Utâgawa Hiroshige, Snow scene of Benzaiten
Coûts : construct¡on 30 900 000 CHF ; équìpements, démonstrôteurs
Shrine in Inokashirô pond, entre 1838 et 1844.
et scénographies fixes 4600000 CHF
(Sâuf mention, toutes les photos illustrênt cet article
Dimensions: volume total'de 17586 m3j surface nette totale de 3360 m,
5 sont de Joel Tettamanti.) BIEN PLUS QU'UN ASCENSEUR
SWISS N/ADE
Structure hybride
La toiture unificatrice d'ArtLab crée un
contraste entre construction traditionnelle en
ardoise et image contemporaine avec sa longueur
presque dramatique et ses divers pans inclinés.
Ce contraste caractérise également la structure
porteuse, composée de simples cadres, mais
dont Ia géométrie très spécifique nécessite
des techniques de construction modernes et
même innovantes.
Philippe Menétrey
(,
& G j" ì
e proiet développé par I'architecte iaponais béton armé et formée du radier, des sous-sols et
T
I Kengo Kuma, lauréat d'un concours organisé des fondations.
J-l en2}l2,a été réalisé en entreprise totale par ì
Marti Construction SA et la structure porteuse a été
conçue par le bureau d'ingénieurs INGPHI SA,
La toiture unif,catrice recouvre ainsi les pavil-
lons mais aussi la route d'accès au parking dr Rolex
Cadres initialement prévus en bois-aluminium
Dans Ie cadre du concours, la structure des cadres
était proposée comme une structure mixte en bois
lamellé collé (BLC) recouvert de tôles perforées en
q
Leørning Center et un passage piéton pour connecter aluminium provenant de la fabrication de canettes
I'allée de Savoie avec la route des Noyerettes, Les de boisson. Cette solution est intéressante au niveau
pavillons atteignent ainsi une longueur importante développement durable, mais elle n'a pas pu être
de près de 230 m comme le montre le photomontage réalisée à cause de la différence de comportement
présenté (frS. 1) lors du concours. entre le bois et I'aluminium. En effet, comme résumé
\ 2
Cette toiture est recouverte d'ardoise noire pour dans le tableau ci-contre, le coeffrcient de dilatation
rappeler les constructions vernaculaires en pierre. thermique et le coefficient de Poisson sont très diffé- 120
Différence de comportement mécanique entre le bois
Elle est étendue sur une telle longueur qu'elle atteint rents, en plus d'une grande différence de sensibilité à et I'aluminium
presque une dimension dramatique. Cette exagération l'humidité de I'air. 100
Bois Aluminium
crée un contraste entre tradition des toitures en pierre Ce problème d'incompatibilité de comportement --PoürêbÒß â¿¡or .alcùl
(sapin rouge)
et esthétique contemporaine qui est encore amplifié n'a pas été détecté dans le cadre du concours. Au ao
par les divers pans inclinés de la toiture. début de la phase profet, ce point a été démontré par Coefficient de q=0.4à0.5 s = 2.3 à2.1
z dilatation thermique 10 s'c 10{ "c
La structure porteuse est quant à elle composée de un essai de délamination normalisé selon [1]. Les :60
c
56 cadres, espacés de 3,80 m. Ces cadres ont tous une échantillons ont ainsi été immergés dans I'eau puis Coefficient
géométrie très spécifique qui nécessite des techniques soumis à des variations de pression, de température de Poisson v=0.45à0.46 v = 0.33
40
de construction modernes et innovantes. En effet, Ies et d'humidité. Les essais ont montré que la différence
cadres ont tous une forme différente à cause des divers de comportement des deux matériaux conduisait à
20
pans inclinés de la toiture, mais aussi parce que la un décollement de la tôle d'aluminium et ceci pour 1 Photomontage du concours (Kengo Kuma architecte)
2 Vue 3D des cadres
largeur des pavillons varie entre 6 el 16 m. une liaison par collage et également pour une liaison 3a Vue de I'essai en laborato¡re d'une poutre hybride
La superstructure repose sur une infrastruc- à I'aide d'ergots métalliques. Cette incompatibilité de 2A 30 40 60 70 bois-acier
ture monolithique conventionnelle. Elle est en comportement, en plus des difñcultés de fourniture Flèche Imml 3h) 3b Courbes charge déplacement des essais de flexion
14 ARCHITECTURE TRAcÉs 2212016 TRAcÉs 2212016 ARTLAB 15
.l
tant les bourrelets. La liaison est encore renforcée aux inférieure du bois alors que Ia rupture des poutres
extrémités des tôles par des ergots métalliques péné- hybrides en bois et tôle perforée est nettement plus ^bê,ss.nrerl
d:s a:iâ s
4 Vue éclatée des cadres et de la couverture de la toiture
trant dans Ie bois. ductile. Les essais ont également permis de conf,rmer E
ô 5 Montage de la toiture
La réalisation des angles des cadres, particuliè- le comportement initialement prédit par la simula- .20 6 Vue 3D de lô structure plissée en bois massìf
de la toìture nord
rement sollicités, a été facilitée par I'utilisation des tion numérique en considérant le comportement non- 7 Evolution du déplacement vertical de I'extrémité
cadres en tôles perforées, permettant de transmettre linéaire du bois et de I'acier, 1 du porte-à-faux lors de la construction
16 ARCHITECTURE rRAcÉs 22/2016
., .:
li
la toiture, les chéneaux sont intégrés dans l'épaisseur valeurs déterminées par simulation numérique, li
de la couverture. Philippe Menétrey, D' sc. tech. EPFL, MSc, dipl. ing. cìvil EPFL, Á
L
armé, les cadres sont montés à I'aide de camions-grues. t
È
Les panneaux des parois et de toiture sont ensuite
Références:
glissés entre les cadres (ñS. 5). [1] NF EN 391 "Bois Lamellé collé Essaì de délamination des joìnts de collage',
2002.
Porte-à-faux de la toiture nord [2] EPFLUOR, Essais de f/exion sur des poutres mxfes bols-béton, HEIG-VD,
janvier 2O15.
Déjà inscrit? espazium.ch est la plateforme indépendante
La toiture nord est particulière, car elle constitue
la porte d'entrée. Elle est conçue comme un avant- PARTICIPANTS
et interdisciplinaire de référence pour la culture du bâti en Suisse.
toit en porte-à-faux qui est biais et asymétrique, Ce Architecte : Kengo Kuma and Associated, Tokyo
Cinq laboratoires mettent leur savoir-faire à contri- On répliquera qu'il s'agit d'un dispositif destiné au de données publique de tous les concerts de l'histoire
bution afin d'enrichir la perception et la compré- grand public et aux écoles. Les concepteurs ont fait du festival. Cela prend la forme d'un espace immersif,
hension d'ceuvres issues pour l'essentiel de la galerie acte de vulgarisation, essayant de rendre explicites version praticable d'un prototype peu maniable conçu
lausannoise Alice Pauli. Telle équipe crée un dispo- dans un même élan deux proiets complexes: Venice à I'Ecal Lab.
sitif de mise en lumière capable de donner à voir ce Time Mackine et Blue Brøia Projet. En effet, I'idée Pour résumer la chose, on peut tout simplement
qui n'apparaît pas à l'ceil nul, telle autre travaille d'une analogie entre les deux profets, inscrite dans naviguer dans l'intégralité de I'histoire du festival,
sur des dispositifs de numérisation ultrasensibles la scénographie, constitue une ébauche d'analyse. Ça retrouver tel concert et se le rejouer dans un dispo-
capables de restituer en ligne la plasticité des mono- n'ira pas plus loin. La comparaison avec l'excellente sitif de sonorisation ajustable.
chromes saturés de Soulages'. Telle aLrtre encore installation voisine, ne fait qu'aggraver les carences Seule réserve: le culte du label. Le tout est emballé
invite le visiteur à appréhender le contenu de I'exposi- de cette mise en scène grandiloquente. dans la franchise Montreux lazz Café, qui se décline
tion sous une forme immersive et interactive.3 d'aéroport en aéroport tel un Starbucks de luxe.
Dans tous les cas, l'exposition est censée fonc- Allthatjazz.., Globalement, si le projet Under One Roof pãtit
tionner à double entrée, sans que jamais I'une des Le troisième espace de I'ensemble Under One Roof, d'une vision trop commerciale, trop corporate de
deux approches scientifique ou artistique ne soit !ì consacré au Montreux Jazz Festival, rétablit Ie carac- I'action culturelle, il ne comporte pas moins les
relayée au rang de prétexte pour mettre en avant tère expérimental du lieu, même s'il le fait dans le germes qui permettent d'en faire un haut lieu de
I'autre. L'idée étant de pérenniser cette approche, contexte un peu trop commercial pour être crédible. I'interaction entre art et science. Reste à purger tous
dans un esprit d'innovation et d'expérimenta- Le festíval de iazz ayant le droit de montrer les les faux pas, les impensés néolibéraux et les faci-
tion qui fera, à terme, la renommée de cet espace milliers d'heures d'enregistrements uniquement dans lités des partenariats publics-privés, pour permettre
d'exposition. ses propres cafés, il a fallu créer une succursale de la au cæur du proiet d'apparaître dans ce qu'il a de
franchise sur le campus pour rendre accessible une base radicalement innovant.
Data in a box
Peut-on en dire autant du très coûteux et specta-
culaire Datasquare? Le dispositifregroupe toutes les
caractéristiques d'une exposition d'aéroport; un lieu
que I'on doit pouvoir visiter en le parcourant, sans
famais ressentir le besoin de revenir sur ses pas.
Certes, graphiquement, Ia chose en iette plein la
vue. Mais ce chantier de prédilection ne méritait-il
pas une approche plus intelligente, plus dialectique,
voire légèrement plus critique ?
N'aurait-il pas fallu passer commande à des artistes
ou des chercheurs pour penser Ie contenu de cette
boîte de proiection? Au lieu de cela, on se retrouve
face à un récit qui frôle le simplisme. On ne quitte
o
iamais les stéréotypes les plus usés sur la réalité
virtuelle, sans iamais esquisser la moindre réflexion
sur ce que signifie cette nouvelle condition du savoir
reposant sur le décuplement des capacités de calcul et
5 bonnes falSOnS d'opter
de stockage.
Les big data sont exposés comme une perspective
pour le raccordement
radieuse dans une imagerie mêlant Harry Potter
et Star Trek, sans vraiment aborder leur dimen-
sion actuelle qui fait que notre quotidien en est
domestiq ue de Swisscom.
dé|à façonné.
Pour dire les choses plus simplement, le récit du
dispositif semble désuet avant même d'avoir été inau- Bâtir l'avenir avec intelligence commence aujourd'hui.
guré. Pour ne donner qu'un seul exemple de ce qui o
f
Visez le n" l- pour votre raccordement domestique.
aurait pu être fait, la cartographie dynamique de Paul E
1
Po
JE
Affirmé
Laboratoire LTS2 Max¡milien Cuony, Fabien Willemin, Johan Paratte, Pierre
Vandergheynst); Fragment.in (Marc Dubois, Laura Perrenoud, Simon
de Diesbach)
! .!!
.!! g
Èo
;!
.$ rort d'un seultenant.
2 Laboratoire de communicôtions audiovisuelles (LCAV); ARTMYN
(Loîc Baboulaz, Julien Lalande, Alexandre catsicôs) 5
oq ffi'
3 EPFL+ECAL Lab (Tommaso Colombo, Joèlle Aeschlimann, N/arius Aeberli, Ol swissco m .ch f r accord e m e nt ¡l'
QO
Delphine Ribes, Nicolas Le N4oigne, Nìcolas Henchoz) I
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4 www.youtube.com/watch?v=kyMbF2uuSlw 3 Vue de I'exposìtion Soulages (photo [/ichel Denancé) !L
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28 ACTUALITES TRACÉS 2212016 rRACÉS 2212016
OFFICE Kersten Geers David Van Severen Ies éléments du programme vont devoir trouver leur
eaco
bore cette hypothèse. Geers et Van Severen sont-ils les
vecteurs de la transposition de la déchéance spécula-
tive de I'art contemporain en architecture ? La b S
On aimerait penser que non, car ce qu'ils produisent
reste pertinent, iuste et capable de questionner un
contexte par Ia façon de se poser en contrepoint. Leur
de Schweizer:
bureau ne compte qu'une vingtaine de collabora-
teurs, et cela malgré les profets importants remportés recevez vos colis même
récemment.
D'Harvard, où ils enseignent, à Bruxelles, où ils lorsque vous êtes absent.
travaillent, et de I'EPFL au Bahrein, ils poursuivent
Avec la boîte à colis, interactive et extrêmement pratique,
leur chemin singulier fait de réalisations imprévisibles
vous offrez une nette plus-value aux habitants. La boîte à
car toufours différemment paramétrées par rapport colis est disponible en trois exécutions différentes:
à ce qui est attendu d'eux. En quittant I'exposition, la boîte-à-colisPlus, système complet comprenant des
Centre communâutaireTi rùâ, Chil¡, 2011 (O OFFICE) ie me suis demandé dans quelle mesure leur esprit boîtes aux lettres, des boîtes à colis et le terminal d'infor-
de contradiction entrera en conflit avec la rigueur et mation; la boîte-à-colisOentro, une installation centrale pour
I'orthodoxie formelle suisses. La RTS sera-t-elle une un ensemble d'immeubles; et la boîte-à-colisReno permet-
Qr'est ce qui fait I'attrait du bureau eux-mêmes, arbitrairement, des contraintes de savoir que le travail architectural, c'est- brèche supplémentaire dans cette swiss box qui n'en tant de compléter apròs coup des groupes de boîtes aux
belge OFFICE Kersten Geers David Van assez rigides, souvent formelles, qui vont à-dire le fait de négocier entre une réalité finit pas de se fissurer? Si tel était le cas, le caractère lettres existantes.
Severen, auquel le centre d'architec- conditionner leurs proiets. donnée et une autre à atteindre, gagne à provocateur de leur conception n'aura pas été gratuit.
tvte ørc en rêve à Bordeaux consacre ces Le goût pour la contradiction est souvent être confronté à des obstacles concrets.
iours-ci une exposition monographique ? au départ du processus créatif. On peut Dans la plupart des cas, on appelle cela le Christophe Catsaros Garde les envois
l'observer pour la RTS dans les premiers contexte. Quand le contexte ne s'impose
Nous avons essayé de comprendre ce collages réalisés à partir des vues aériennes pas et que tout est envisageable, Geers et
de manière sûre.
qu'il y avait au cceur de la pratique des du site. Le Learning Center vu du ciel est Van Severen choisissent, pour commencer,
lauréats du concours pour le nouveau bâti-
ment de la RTS sur Ie campus de I'EPFL.
un grand rectangle perforé de formes de s'en fixer un.
I
lnforme le destinataire
circulaires. Prenant Ie contrepied du choix
L'exposition, dont la scénographie affiche formel de Saana, Kersten Geers et David Architecture sous contrainte A en cas de livraison.
un parti pris esthétique fort, reste assez Van Severen dessinent un plan courbe Cette façon de poser une contrainte à p¡ck@home
cryptique à ce suiet. Néanmoins, la persis- perforé de quadrilatères. Ce parti pris en partir de laquelle ils vont concevoir se Permet la reprise des
tance d'un certâin langage formel, la réité- apparence superficiel constitue un point retrouve dans d'autres proiets. EIle prend
ration de certains gestes dans le processus d'entrée dans le profet qu'ils n'hésitent pas souvent la forme d'un cadre strict, d'une colis en toute sécurité
créatif permettent de se faire une idée de à revendiquer. Ils vont ensuite dégrossir, trame régulière et restrictive au sein de
ce qui les anime, affiner, aiuster, penser spatialement, c'est- laquelle le proiet va évoluer.
à-dire agir en architectes, Une de leurs premières réalisations, la
Evite le trajet
Légèrement antinomique
Deux postures récurrentes semblent
Ce choix arbitraire initial fonctionne
comme une contrainte qui conditionne la
transformation d'une maison ouvrière
avec jardin en week-end house, illustre
I jusqu'à la poste.
EVERYTHING ARCH ITECTURE.
caractériser leur pratique: la dimension conception architecturale. Cette dernière parfaitement cette façon de faire. Le iardin OFFICE KERSTEN GEERS DAVID YAN SEYEREN Vous trouverez de plus amples informations sur notre
antinomique de plusieurs réalisations et va devoir s'élaborer en dépit, voire contre long de 40 m et large de 10 m est séparé en Arc en rêve centre d'architecturq, Bordeaux nouveau site lnternet:
A voir jusqu ôu 12 {évtier 2017. www.arcenreve.com
une certaine disposition à s'imposer à le choix formel. Cela ne surprend personne 4 carrés de 10 m sur 10 m au sein desquels
www.boite-a-colis.ch
Ernst Schweizer AG, Meiallbau, 1 024 Ecublens VD, téléphone 021 631 1 5 40,
info@schweizer-metallbau.ch, www.schweizer-metallbau.ch, www.boite-a-colis.ch