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La pathologie athéroscléreuse des troncs supra-aortiques est dominée aujourd’hui par les sténoses
carotides. L’impact des explorations non invasives échographie-doppler, imagerie par résonance
magnétique (IRM), explique leur large dépistage. L’évolution des techniques anesthésiques, la
reproductivité des techniques chirurgicales ont permis d’en améliorer les résultats. Les progrès des
techniques endovasculaires ont permis leur positionnement dans le traitement des lésions proximales, en
revanche le bénéfice à long terme de ces procédures dans le traitement des lésions carotides est mal
connu. Les indications des corrections des lésions occlusives sous-clavières et vertébrales sont devenues
mieux ciblées.
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Cardiologie 1
11-640-A-10 ¶ Pathologie athéroscléreuse des troncs supra-aortiques
Ces sténoses sont aisément décelables par les explorations Il existe une table de correspondance validée entre les deux
non invasives, et accessibles à un traitement (médical toujours, méthodes.
chirurgical parfois) susceptible d’empêcher la survenue de Cette appréciation est aujourd’hui remplacée par les métho-
complications. des non invasives dont les résultats ne sont pas complètement
Le traitement chirurgical a fait l’objet d’études randomisées valides : ultrasons, angiographie par résonance magnétique
qui ont permis de mieux connaître l’histoire naturelle de ces (ARM) ou angioscanner avec reconstruction.
sténoses, ce qui autorise une prise de décision basée sur des
preuves. Échographie-doppler
Ces études ont montré que les deux déterminants principaux Le doppler continu mesure les vitesses circulatoires sur l’axe
du risque d’infarctus cérébral homolatéral à la sténose sont le carotidien, sa sensibilité permet de dépister une sténose supé-
caractère symptomatique ou non de la sténose et son degré. rieure à 60 % sans préjuger de sa nature. Il n’existe pas d’étude
La structure de la plaque athéroscléreuse pourrait être aussi (hormis les centres experts) ayant comparé les vitesses à d’autres
un élément déterminant du risque vasculaire. explorations, notamment artériographiques. Il n’y a pas de seuil
de vitesse validé permettant d’affirmer l’existence d’une sténose
et de la quantifier.
L’échographie-doppler pulsé permet la visualisation des parois
“ Points forts
vasculaires. L’utilisation du codage couleur du flux circulant
permet de coupler l’image échographique à l’information
dynamique du flux sanguin.
Les déterminants du risque d’infarctus cérébral sont le Le doppler énergie est performant pour l’appréciation des
sténoses serrées ou pour le diagnostic de sténose préocclusive.
caractère symptomatique de la sténose et le degré de la
Les limites de l’exploration en échographie-doppler sont :
sténose. • l’existence de calcifications conduisant à sous-estimer la
sténose ;
• les bifurcations carotides hautes, difficiles à analyser ;
• le fait qu’il n’existe pas de critères vélocimétriques admis
pour mesurer le degré de sténose. Cependant, l’utilisation des
Clinique rapports de vitesse entre carotide interne et carotide com-
mune, plus qu’un seuil de vitesse, permet de pallier ces
La définition du caractère symptomatique d’une sténose est
difficultés.
purement clinique ne tenant pas compte des infarctus silen-
Il n’est pas possible d’évaluer le degré précis d’une sténose
cieux découverts sur l’étude du parenchyme cérébral.
carotide sur la seule exploration ultrasonore.
Une sténose carotide est symptomatique lorsqu’elle s’accom-
L’échographie-doppler reste cependant l’examen reconnu de
pagne de symptômes dans le territoire carotidien homolatéral.
dépistage, de surveillance et de contrôle postopératoire des
Ils peuvent être :
lésions carotides.
• hémisphériques : hémiplégie souvent brachiofaciale, troubles
sensitifs unilatéraux avec prédominance brachiofaciale, ou
aphasie ;
• rétiniens : cécité mono-oculaire transitoire totale ou partielle
généralement altitudinale ; parfois des symptômes oculaires
plus atypiques sont possibles. “ Points forts
Les symptômes vertébrobasilaires ne sont pas des signes
d’ischémie du territoire carotidien. L’échographie-doppler :
L’accident ischémique peut être transitoire (AIT) ou consti- • est une bonne méthode de détection (sensibilité) ;
tué : • ne comporte pas de critères admis pour mesurer le
• accident ischémique transitoire : déficit neurologique focal degré de sténose ;
durant moins de 24 heures ; • est une exploration opérateur-dépendante.
• accident ischémique constitué : déficit neurologique focal
durant plus de 24 heures, classé selon sa gravité en :
C accident rapidement régressif sans séquelle à 1 mois ;
C accident mineur avec séquelles minimes au-delà de 1 mois ;
C accident majeur avec un handicap fonctionnel moyen ou
Résonance magnétique nucléaire
sévère. L’objectif de cette exploration est d’étudier le parenchyme
cérébral, d’apprécier les suppléances intracrâniennes (cercle de
Willis) et d’évaluer le degré de sténose.
L’examen se déroule en trois phases.
“ Points forts
Étude du parenchyme cérébral
Elle recherche un accident ischémique (Fig. 1) :
• un accident ancien ou récent apparaît en hypersignal sur
La détection des sténoses carotides repose sur la clinique, acquisitions axiales séquences T2 et FLAIR (fluid attenuated
l’exploration ultrasonique. inversion recovery) ;
• en cas d’accident récent, l’acquisition sagittale avec des
séquences en T1 peut montrer un remaniement hémorragi-
que en hypersignal ;
• l’imagerie de diffusion permet de dater l’ischémie, en hyper-
Degré de sténose. signal si accident récent (1re semaine), en hyposignal à la
phase séquellaire.
Explorations non invasives
Étude du polygone de Willis (séquence en temps de vol
Dans les études randomisées, la quantification du degré de
sténose a été réalisée sur les données de l’artériographie. [TOF])
La méthode américaine est appliquée dans les études NAS- Technique sensible aux flux de vitesse élevée, elle visualise les
CET [1] et ACAS, [2] la méthode européenne dans l’étude siphons carotidiens, le tronc basilaire, les artères cérébrales
ECST. [3] proximales et surtout les communicantes (présence – calibre).
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Figure 1. IRM cérébrale. Accident vasculaire ischémique sylvien profond gauche récent.
A. Hypersignal sur les séquences pondérées T2 FLAIR et Spin Echo.
B. Isosignal en T1.
C. Le caractère récent est documenté par : l’hypersignal sur la séquence de diffusion, la prise de contraste avec gadolinium.
D. L’ARM en TOF (séquence en temps de vol) montre un flux réduit dans la sylvienne gauche.
Étude des troncs supra-aortiques Les progrès des techniques non invasives, la morbidité du
Elle visualise les troncs supra-aortiques proximaux jusqu’au cathétérisme artériel, bien que faible, son coût plus élevé, la
polygone de Willis avec injection de gadolinium en bolus font réserver à des indications bien ciblées (Fig. 4).
(ARM) (Fig. 2). Ces indications en seraient :
Le post-traitement en 3D MIP permet de dégager les ostia, les • l’échec technique des méthodes non invasives ;
bifurcations et de classer les sténoses (bas grade < 30 % - grade • la discordance de deux techniques non invasives ;
intermédiaire 30-70 % - haut grade > 70 %). • un doute sur une lésion associée du siphon carotidien ;
L’ARM avec gadolinium n’est pas artefactée par l’os et offre • en cas de doute entre sténose serrée ou occlusion de l’artère
une bonne visualisation du système vertébrobasilaire. [4] carotide interne, elle reste la méthode la plus performante
montrant la persistance d’une lumière circulante en bas débit,
Angioscanner (ASC) spirale multicoupes s’opacifiant tardivement.
Il permet d’imager en coupes ultrafines un volume du dôme
aortique à l’encéphale, lors d’une injection de produit de
contraste iodé en bolus.
L’examen comprend deux temps d’exploration :
• l’étude du parenchyme cérébral intéressant en cas d’accident
“ Points forts
ischémique récent. Elle peut montrer un foyer hémorragique
hyperdense spontanément, et/ou une prise de contraste L’évaluation d’une sténose carotide demande deux
témoignant de la rupture de la barrière hématoencéphalique ; méthodes non invasives concordantes.
• l’étude des vaisseaux à destinée cérébrale (Fig. 3). En cas de discordance, ou de circonstances bien ciblées,
Les reconstructions bidimensionnelles offrent les mesures les l’artériographie numérisée est justifiée.
plus fiables dans l’évaluation du degré de sténose de la carotide.
Le scanner permet d’apprécier la densité de la plaque hypo-
dense ou calcifiée.
En revanche, l’étude des artères vertébrales est plus difficile.
L’efficacité de chacune des méthodes non invasives pour
■ Données épidémiologiques
l’évaluation du degré de sténose de l’artère carotide interne Elles peuvent se résumer à des données simples, communes
proximale est bonne, comparativement à l’artériographie aux différentes études réalisées sur ce sujet.
(sensibilité > 80 % - spécificité > 80 %). Les facteurs de risque de sténose carotide sont :
Cependant, les résultats de ces deux techniques d’angiogra- • l’âge élevé ;
phie non invasive sont étroitement dépendants de la qualité de • le sexe masculin ;
l’équipement, de la qualité du post-traitement opérateur- • l’hypertension artérielle (HTA), le tabagisme, la dyslipidémie,
dépendant, enfin de la qualité de l’acquisition. [5] le diabète ;
• l’atteinte clinique de l’athérosclérose sur un autre site.
Artériographie numérisée « conventionnelle » Les déterminants du risque d’infarctus cérébral homolatéral
Elle fut la méthode diagnostique de référence pour l’évalua- sont :
tion des sténoses carotidiennes (études NASCET, ECST, ACAS). • la sténose symptomatique ;
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Les lésions sténosantes du segment cervical sont plus excep- Lésions occlusives des artères vertébrales
tionnelles (Fig. 7).
Les lésions des artères vertébrales sont fréquentes dans la
Les procédures endovasculaires ont aussi pris une place
pathologie athéroscléreuse mais la correction de ces lésions n’a
importante dans le traitement de ces lésions.
Elles sont le plus souvent traitées au cours de la chirurgie pas toujours fait la preuve de son utilité.
carotidienne par la mise en place d’un stent par la même Les lésions ostiales fréquentes sont considérées comme étant
incision cervicale. de pronostic favorable, à l’inverse des lésions distales qui
peuvent être responsables d’accident constitué vertébrobasilaire.
L’ischémie vertébrobasilaire est souvent la conséquence de
Lésions occlusives des artères sous-clavières lésions occlusives bilatérales ou associées à une hypoplasie de
l’une d’entre elles.
Leur localisation est assez homogène dans le segment pré- et
Les symptômes les plus fréquents en sont les troubles de
juxtavertébral de l’artère sous-clavière (ASC). L’atteinte du
segment médiastinal de l’ASC gauche est la plus précoce et est l’équilibre intermittents puis progressivement permanents et
souvent peu symptomatique. invalidants.
La symptomatologie clinique en est diverse. Les signes L’ischémie vertébrobasilaire est habituellement hémodynami-
d’ischémie du membre supérieur sont rares, le plus souvent c’est que, en rapport avec une démodulation des flux dans l’artère
une asymétrie tensionnelle qui conduit au diagnostic. vertébrale distale et le tronc basilaire, habituellement retrouvée
La pathologie embolique est rare mais grave, nécessitant une lorsqu’il n’existe pas de suppléance par le territoire antérieur
prise en charge rapide. carotidien.
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“ Points forts
• Lésions proximales des TSA.
Procédures endovasculaires de 1re intervention pour
lésions TABC – A. Carotide C.
• Chirurgie de 1re intention pour lésions sous-clavières et
vertébrales.
Cardiologie 9
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Service de chirurgie vasculaire, Hôpital Saint Joseph, 185, rue Raymond-Losserand, 75674 Paris cedex 14, France.
V. Marteau.
Service de radiologie, Hôpital Saint Joseph, 185, rue Raymond-Losserand, 75674 Paris cedex 14, France.
C. Saliou.
Service de chirurgie vasculaire, Hôpital Saint-Brieuc, 22000 Saint Brieuc, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Laurian C., Marteau V., Saliou C. Pathologie athéroscléreuse des troncs supra-aortiques. EMC (Elsevier
SAS, Paris), Cardiologie, 11-640-A-10, 2005.
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