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DOCUMENTS DE TRAVAIL SUR LA MUSEOLOGIE NO 1/1980

La muséologie


- SCIence ou
seulement travail
pratique
du musée?
DoTraM Documents de travail sur la muséologie
Revue de débat sur les problèmes fondamentaux
de la muséologie

Publiée par
le Comité international de l'ICOM pour la muséologie

en collaboration avec

Statens historiska museum

(Le Musée des antiquités nationales),

Stockholm, Suède

avec la contribution financière

de l'Etat suédois

et de la Fondation Sven et Dagmar Salén

Rédacteur en chef et gérant responsable


Vinos Sofka, Stockholm

Conseil de rédaction du Comité international


de l'[COM pour la muséologie
Andreas Grote - République Fédérale d'Allemagne,

Rolf Kiau - République Démocratique Allemande,

Wolfgang K1ausewitz - République Fédérale d'Allemagne,

Awraam M Razgon - Union des Républiques

Socialistes Soviétiques, Vinos Sofka - Suède

Bureaux du Conseil de rédaction


Statens historiska museum, Box 5405,
S-114 84 Stockholm, Suède

© Comité international de l'ICOM pour la muséologie


ISBN 9l-7l92-471-X
Couverture et maquette Bengt Serenander/Stockholm
Imprimé par Departementens offsetcentral/Stockholm
et Snitz & Stil Repro/Stockholm

Stockholm, Suède 1980


DoTraMnol

THÈME NO 1

La muséologie science ou
seulement travail pratique
du musée?
SOMMAIRE

Editorial par Vinos Sofka 3

Bonne chance, DoTraM! par Jan Jelfnek 4

Question posée: Qu'est-ce que la muséologie? 6

Introduction par le rédacteur en chef 6

Points de vue muséologiques - Europe 1975 par Villy Toft Jensen 6

Provocations muséologiques 1979 par le Conseil de rédaction 11

La question 'à analyser:

La muséologie - science ou seulement travail pratique

du musée? 14

Petit sommaire en guise d'imroduction par le rédacteur en chef 14

Contributions de
André Desvallées - Paris, France 17

Anna Gregorovà - Bratislava, Tchécoslovaquie 19

Bengt Hubendick - Goteborg, Suéde 22

Louis Lemieux - Ollawa, Canada 24

Geoffrey Lewis - Leicester, Grande-Bretagne 26

Jifi Neuslupny - Praha, Tchécoslovaquie 28

Jurij P Pisèulin - Moskva, URSS 30

Daniel R Porter - Cooperslown, USA 32

Barrie Reynolds - Townsville, Queensland, Auslralia 34

Joseph A Scala - Syracuse, USA 37

Klaus Schreiner - Ait Schwerin, RDA 39

Zbynëk Z Strànsky - Brno, Tchécoslovaquie 42

James L Swauger - Pillsburgh, USA 45

Soichiro Tsuruta - Tokyo, Japan 47

Bachir Zouhdi - Damas, Syrie 50

Et maintenant? Avis du rédacteur en chef 52

Faits et documents 53

DoTraM no 1 - acte de naissance 53

Notes sur les auteurs 54

Chronique DoTraM 56

Editorial

Un nouveau venu fait son entrée dans la communauté inter­ besoin de rapprocher la profession par des moyens qui
nationale du musée. Son peti~ nom: DoTraM. Taille: 67 pa­ soient aisément accessibles à tous. Le besoin d'un forum à
ges. Poids: 203 grammes. cette fin. C'est cette lacune que DoTraM veut combler.
Bien entendu, l'idée n'est pas nouvelle. Jan Jelinek, le
Depuis la nuit des temps, un tel événement donne généra­ president du Comité international de l'ICOM pour la mu­
lement lieu à tout un rit uel non écrit. On célèbre la nais­ séologie, ancien président de l'ICOM et président de son
sance, le rejeton est présenté à la famille, aux amis et à ('en~ Comité consultatif, en brosse la toile de rond dans son
lourage, on J'admire, on glose. La curiosité est générale. Les avant-propos. L'élément nouveau de ce tableau est qu'en
questions se pressent: sur les auteurs de ses jours et leurs ori­ 1978, le Comité international de l'ICOM pour la muséolo­
gines, sur les péripéties de la gestation et de la délivrance, gie a non seulement remis la question à l'ordre du jour,
sur les signes célestes qui ont présidé à sa naissance, sur les mais a dans le même temps nommé un groupe de travail
particularités du nouveau-né, sur son avenir. spécial, le Conseil de rédaction, et en suivant les travaux de
Perpétuons la tradition - n'est-ce pas l'une de nos tâches ce groupe a fait en sorte que l'objectif puisse être atteint et
primordiales - et sacrifions au rituel. Le moment est venu réalisé. Les travaux du Conseil de rédaction ont abouti en
de célébrer le nouveau venu et de le présenter à la grande fa­ 1979 à la proposition de publier DoTraM. Et l'adoption de
mille du musée. Comme nous l'avons dit, il porte le nom de cette proposition, à son tour, a abouti à la célébration
DoTraM - et ceci sans que la famille ait été consullée et d'aujourd'hui. Il est inutile d'entrer davantage dans les dé­
sans baptême. C'est un nom qu'il a reçu alors qu'il se trou­ tails de la gestation - son «journah, se trouve à la section
vait encore in statu nascendi. Nom provisoire d'abord, qui Faits et documents.
s'est imposé petit à petit et qui lui est resté.
Qu'est-ce donc que DoTraM, à qui s'adresse-t-il, quels Voici donc le nouveau venu présenté, ct ccci au tout pre­
sont seS intentions et ses objectifs? Qui sont ses «parentsn? mier stade de son existence, à l'état de prototype. Avant
Quels sont ses projets d'avenir? qu'il se lance dans l'inconnu et le vaste monde, il faut que
Depuis longtemps, le.besoin se fait fortement sentir d'un toute la famille du musée - l'ICOM, ses organes et ses
débat vivace, permanent sur les grands problèmes auxquels membres --- ait l'occasion de dire son mot quant à son ap­
est confronté le musée de notre temps - besoin d'un dialo­ parence et son caractère, sa viabilité.
gue fécond, stimulant entre gens du musée, par-delà les «Vouloir, c'est pouvoir)), ont pensé les proches de
frontières et les continents. La société d'aujourd'hui est DoTraM - c'est-à-dire le Conseil de rédaction. Et «Qui ne
marquée par un flot ininterrompu de transformations, risque rien n'a riem" dit un autre proverbe. Le Conseil de
transformations qui se succèdent à un rythme de plus en rédaction a osé prendre le risque. Mais dès le départ aussi, il
plus accéléré. Les musées et les gens de musée ont à faire a adopt:': une attitude ouverte, condition d'une collabora­
face à des exigences nouvelles, qui doivent être abordées par tion fructeuse. Certes, DoTraM peut être amélioré, modifié
un corps de spécialistes du musée bien informés, compé­ sur un point ou un autre. DoTraM est maintenant entre les
tents et déterminés, un corps établi et reconnu comme une mains de ceux à qui il est destiné - les gens de musée du
catégorie professionnelle à pan entière. La réponse devra monde entier. Sa raison d'être et sa nécessité, ses objectifs et
être rapide et efficace, si l'on veut que les musées soient à sa présentation - tout est à examiner, que ce soit pour être
même de conserver et de consolider leur place dans la so­ approuvé, modifié ou rejeté.
ciéte, une place qui est pour eux un droit autant qu'un de­ L'avenir? Une déclaration de programme? C'est le débat
voir. qui en décidera, qui l'établira. Les objectifs quc le Conseil
Prétendre que rien n'a été fait à cet égard jusqu'à présent de rédaction a déposés dans le berceau du nouveau venu
serait travestir gravement les faits. Il existe certes des revues sont les suivants:
spécialisées, nationales et internationales, des colloques se • être un forum ouvert pour un débat permanent sur les
tiennent, des rappons sont publiés. Des projets vastes et im­ problèmes fondamentaux du musée
portants ont été réalisés ou sont en voie de réalisation, au • mener ce débat sous la forme de blocs thématiquement
plan national aussi bien qu'international. La publication du clos, suivant un programme arrêté qu'il peut être facile
Traité de muséologie est un projet d'un intérêt capital dans de modifier pour faire face aux exigences les plus ac­
lequel le monde du musée place de grandes espérances. t uelles de la société
Mais - il y a un mais. Certaines circonstances qui amè­ • sur la base des contributions données par des auteurs
nent à penser à notr~ nouveau venu, DoTraM. Les collo­ choisis représentant, du point de vue géographique
ques ne peuvent avoir 1u'une assistance restreinte, leurs ré­ autant que possible taUles les parties du monde et, du
sultats n'atteignent pas tout le monde. La diffusion de l'in­ point de vue du contenu, des opinions diverses, dévelop­
formation est entravée par le manque de moyens et de ca­ per un large échange de vues, suivi objectivement et éva­
naux appropriés. Les projets ne sont pas toujours suivis, ni lué de façon pluraliste
évalués par manque de temps. Résultats, savoir et expérien­ • publier au moins un volume par an
ces sont perdus pour les autres, tombent dans l'oubli. L'in­ • faire appel à des méthodes de distribution qui permettent
formation de haut niveau donnée par les revues est le plus une participation active et vivante grâce à une diffusion
souvent à sens unique, le débat en est absent. Le Traité peut et un enracinement aussi larges que possible parmi les
- si le projet est mené à bien - saisir de façon remarquable gens de musée, les institutions apparentées, diverses
et à très large échelle un certain état des choses, donner un branches du savoir, les universités et les bibliothèques.
reflet statique de l'état du savoir. L'aspect dynamique du
Traité est limité à la déscription de certaines tendances. Notre présentation est achevée - le débat sur le nouveau
Reste le besoin d'un échange permanent d'idées et d'ex­ venu et son avenir peut commencer. Ses parents spirituels
périences - d'un colloque international de haut niveau qui ont dit ce qu'ils avaient à dire et attendent les réponses.
se poursuivrait sans interruption, où les contributions et les Sera-t-il bien accueilli dans la grande famille du musée,
voix critiques se feraient écho par le monde entier. Le be­ sera-t-il salué par des voeux de bonheur ct de réussite? La
soin tout d'abord de susciter le débat sur les questions fon­ réponse nous sera donnée par la Conférence générale de
damentales qui se rapportent au musée, à ses activités et à la l'ICOM en 1980.
profession du musée, un débat qui serait suivi et évalué. Le Vinos SoJka
Jan Jelinek

Bonne chance, DoTraM!

Quand j'étais président du Comité consultatif dàns les an­ assuré sans une telle plate-forme, et ce doit être le rôle des
nées 1964-1970 et président de l'ICOM dans les années «Documents de travail sur la muséologie)).
1971-1977, je réfléchissais souvent à celle question: com­
ment les musées devraient-ils développer leur profession el Le changemelll de la structure sociale et politique du
leur activité pour pouvoir répondre aux besoins culturels de monde nécessite de reconsidérer maints aspects culturels
notre société? traditionnels. La transmission des informations a toujours
Il état alors clair qu'il fallait poursuivre les objectifs sui· joué un rôle décisif dans l'évolution de notre société.
vants: L'usage du langage était et est une des principales différen­
1 développcr le Conseil International des Musées en orga· ces entre l'homme ct l'animal. L'utilisation des symboles vi­
nisation internationale reposant sur une large base démo­ suels - pktographiques signale la plus ancienne créativité
cratique. ouverte aux adhérents aussi largement que pos­ artistique et en même temps l'apparition de l'Homo sapiens
sible, englobant touS les continents. L'organisation devrait il y a entre 30 et 60 mille années.
servir au développement des musées, en sorte qu'ils devien­ D'autres pas importants dans le développement des mé­
Ilent des institutions utiles, qui non seulement se préoccu­ thodes d'information sont certainement la découverte de
pent de notre héritage culturel ct naturel, mais servent aussi l'écriture, de la pholographie, du cinéma, et enfin du vidéo­
aux impOrl3mS besoins contemporains de notre société; enregistrement et en même temps de la vidéodiffusion des
2 à cette fin, il s'avérait indispensable de créer cl instituer j'nformations, ou désinformations, des connaissances ou des
la muséologie comme une activité professionnelle spécifique illusions. L'âge des ordinateurs annonce certainement ce
et ensuite d'en faire une discipline scientifique ayant sa changement qualital.if fondamental dont nous supposons à
placc dans les universités. Il serait alors possiblc de procéder juste titre qu'il ouvre une ère nouvelle de l'existence hu­
à l'étude dc son histoire, de ses méthodes, dc son développe­ maine.
ment futur, de ses bases théoriques, de ses relations avec les En même temps, les anciens ordres sociaux el politiques
autres disciplines, de publier ses résultats, de former une se sont effondrés et les pays développés avec les pays en voie
nouvelle génération de spécialistes de niveau professionel de développemem cherchent leurs propres traditions. La
correspondant et d'établir ainsi la muséologie comme une queslÎon de la coexistence pacifique multi-ethnique com­
discipline scientilïque. mence à devenir fondamentale pour noire survie.
3 par suite de celte nouvelle situation et en réponse aux be­ La conséquence logique est le l'ail que la conception des
soins existants, de nouvelles publications devraient appa­ monuments culturels, voire même de l'ensemble de l'héri·
raître sous différentes formes, depuis les manuels - qui tage naturel ct culturel est, el sera constamment reconsidé­
couvriraient les besoins pratiques de nos collègues dans les rée et réévaluée. Aujourd'hui nous faisons face à une situa­
musées - jusqu'aux traités fondamentaux sur la muséolo­ tion différente de celle des autres époques, car nous devons
gie, ayant en vue la formation des bases théoriques de cette décider ce qu'il n'est pas nécessaire de conserver, ce qu'il sc·
discipline. Parmi les éléments indispensables de celle linéra­ rail souhaitable de conserver et ce qu'il faul absolument
turc, il faut compter également un périodiques qui consti­ conserver pour les générations futures.
tuerait une plate-forme pour les échanges de vues sur les En elTet, Ics valeurs des objets comme Ics valeurs des
problèmes théoriques de la muséologie et pour la diffusion idées changel1l rapidement. Certaines idées qui constitu­
de nouvelles idées. taienl, il ya peu de temps, une partie indispensable de l'exi­
Les professionnels de musée ont déjà leur périodique !->tence sociale humaine, l'om panic aujourd'hui de notre
«Muscum», publié par l'UNESCO, qui apportc avant tout histoire passée.
la documentation des résultats récel1ls de l'activité pratique Les besoins ct les conceplions concernant la conservation
des musées dans le domaine des expositions, de l'architec­ de notre héritage naturel et culturel changent. La respon­
ture, de la conservation etc. Les numéros précédents de sabilité des spécialistes compétents et naturellement des l1ltl~
cette importante revue racontent l'évolution historique des séologues professionnels augmente.
musées, surtout à travers des activités pratiques. Dans cc La si(llation est beaucoup plus compliquée. Les musées
domaine, il s'agit d'un périodique représentatif et bien il­ conservent certains objets - documents importants. Ils for­
lustré. ment des collections qUÎ devraient nous donner un exemple
A l'heure actuelle il s'avère indispensable de créer une représentatif et par conséquent une information aussi objec­
autre plate-forme théorique ct professionnelle sous forme tive que possible. La formation de ces collections d'objets,
d'une revue de niveau universitaire. Certes, le Comité inter­ qui sont une source d'information originale inépuisable,
national pour la muséologie en a pri~ l'initiative ici, mais constiwe le noyau de la science de la muséologie qui n'est
comptc tenu du fait que le programmc d'êdition devrait pas el ne peut pas être remplacée par une autre discipline
couvrir tous les domaines théoriqucs de la muséologie, la scientifique. L'essentiel, pour la sélection des objets d'une
coopér31ion très étroitc de spécialistcs dans la collection, est leur caractère permettant de discerner les va­
théorie de la documelllation, dans l'anthropologie sociale leurs informatives, historiques etc. Si nous ne sommes pas
appliquée aux activités culturelles des musées modernes, capables de reconnaître les valeurs importallles, bien dc~
dans la théorie de, la conservation, la lhéorie de J'éducation choses, traits, phénomènes, usages, traditions qui font par­
au moyen d'objets tridimensionnels et dans beaucoup tic de notre patrimoine naturel et culturel, pcuvent être irré­
d'autres domaines, est une «conditio sine qua nOI1». Le dé­ parablement perdus dans la situation actuelle de change­
veloppement raisonnable de notre profession ne peut être ment, une situation pour ainsi dire de carrefour.

4
I.cs lIlllS0l'S sont considérés comme des institutions im­ des équipement~ techniques Ir~s complexes.
porl:ltl[Cs pour 1'0dtll.:ation du public el pour certaines bran­ a
Pour pouvoir répondre cc!'> impératifs, des instituts de
l·lll·.. . :...dL'lllilïqucs L'n tant que centres de recherches et de do­ recherches spécialisés ont élé développés ct se développent.
L' 1111 lL'nt a tion. Les musées se préoccupent seulemelll de cenain!'> domaines,
I.l·s L'hangell1cnts intervenus dans le rôle édm:atif des mu· pour la plupart traditionnels, ('1 comme n'importe quelle
....L'L'S \,:t dans leur aClivité éducative démonlrent les rails sui­ autre instilution scicl1liJïque ils ne peuvenr couvrir qu'une
\;lIl1s: certaine partie d'un champ d'activiles. A l'heure aCluelle, il
1 I.\"~ h...· soins éducatifs sont différenls dans les diverses ré­ n'existe pas d'institut scientifique qui pourrait se préoccu­
~iol1s du monde. car conformes aux traditions culturelles per de l'ensemble d'une princîpale branche scientifique.
IllL'alcs. au caractère social de la population, il son niveau Ainsi, les musées ne peuvent s'adapter qu'à leur propre acti­
\\:ollomique, au progrès technique, au mode de vie. C'est vité, donc à l'activité liée aux collections ct à la do('umema­
pourquoi les méthodes ct programmes éducatifs des musées tion.
dans les différentes régions du monde peuvem différer dans
hil'n des cas. La situation actuelle, où nous devons souvelll faire face
2 La diffusion des informations par les «mass media)) au danger de destruction de notre environnemelll naturel el
elant aujourd'hui à peu près universelle, nous pouvons ob­ (ulturel, ouvre de nouvelles grandes possibilités pour la co­
server un certain écart entre la conception Que l'éducation opération dans la documentation des changements de notre
du musée est égale à son exposition permanente, et la con­ environnement, la documentation des changements fré­
ception que j'exposition «permanente» n'existe plus et quents de certaines espèces de plantes et d'animaux qui con­
qu'elle est remplacée par l'exposition de «longue durée)) ou duisent parfois à leur disparition ct qui signalent souvent le
«exposition principale)). Elle change continuellement en danger biologique (p.ex. par la pollution) même pour cer~
fonction de nouvelles connaissances scientifiques. laines espèces d'importance économique et pour l'homme
Cependant, le !lux continuel de nouvelles informations, lui-même.
dilTusées par la tcll'vision ct les autres «mass media)), a ap­ Dans cette bataille moderne pour la survivance, les mu­
porté une autre forme de l'activité éducalive des musées: les sées peuvent coopérer en jouant un rôle très important.
t:xpositions à court terme. Si on les appelle expositions Les domaines scientifiques traditionnels dans les musées
«d'actualités», on exprime mieux comment elles doivent d'histoire naturelle, les jardin!'> Loologiqucs. les musées
réagir aux les principaux événements et problèmes de la .'10­ d'histoire CI d'anthropologie parlent d'eux·mêmes. Les
L'iété contemporaine. Les musées peuvent certainement réa· meilleurs Illusees Olll toujours cl'fect ué une pan de la re­
liser ces expositions à court terme et de celle façon ils peu­ cherche scientifique. Dans les disciplines hisloriques, il y a
vent jouer un rôle complémentaire important dans l'éduca­ la conception de nos origines et de l'origine et du processus
tion moderne de toutes formes: rurale, industrielle, uni- ou cie notre évolution physique ct L:ulturelle, il ya la conception
multi-ethllique, en Afrique tropicale, en Europe du Nord de notre changement culturel. Oans les disciplines biologi­
ou en Chine. ques il s'agit de la conception des processus évolutifs, du
3 A l'époque où les méthodes d'éducation traditionnelles mécanisme d'équilibre dans la nature et de beaucoup d'au­
subissent une crise ct où l'importance des informations vi·· tres phénomènes.
suelles ne cesse de croître, la sélection des informations Cependant l'innovation, à laquelle nOLIS faisons face, ac­
commence il jouer un rôle décisif. L'homme devrait ap­ centue sans cesse la :-.pecialisatioll ct la coopération. C'est
prendre les plus importantes valeurs par l'expérience per­ un appel aux musées qui sont souvcni des institutions multi­
sonnelle directe, car c'est la meilleure el la plus sûre mé­ disciplinaires par leur caractère, disposant de leurs organi­
Ihode d'étude. sations internationales l1lu~éologiques (ICOM) et ~cienti­
Certains musées avancés commencent à établir des ate­ fiques (diverses) par l'intermédiaire desquelles ils peuvent
liers de différentes sortes, surtout pour les enrants et les coopérer sur une vaste échelle mondiale.
jeunes, orientés avant tout vers l'activité artistique. Mais,
ces ~llelier~ peuvent servir à tout le monde et à n'importe Après avoir décrit brièvement la base des changemellls
quelle activité humain..:, car ils représentent une méthode dramatiques de la situation actuelle et explique la nécessité
applicable aux siluations el programmes les plus variés. De d'adapter les musées aux nouvelle!'> situation!'. et de contri­
tels ateliers peuvent être créés ct ils existent déjà dans cer­ buer à couvrir les besoins scientifiques, éducatifs ct docu­
tains musées de sciences ct techniques, jardins zoologiques, melltaires de la sociélé, je crob qu'il n'y a pa!'> de doute que
musées d'histoire naturelle ou musées d'anthropologie. notre domaine professionnel d'activilé~, la muséologie a be­
La connaissance des valeurs fondamentales pour la vic ct soin d'avoir SOIl journal théorique qui doit conslilUer une
la société contemporaine, pour son développement ulterieur base pour l'échange de~ vue:-., de~ idées Cl un instrument
est l'objectif de l'éducation moderne. La meilleure applica­ pour la compréhension correL"te de notre situation, de nos
tion des capacités de chaque homme fait panie de ces ba~es. possibilités et de nos devoir:-. dans le développement de no!'>
Dans cette situation il n'est pas surprenant que certain~ services.
musées commencenl à devenir des centres culturels et pas Il reste seulement il répondre à la queslion suivallle: com­
seulement des dépositaires. Les deux sont indispensablc~, ment organiser la coopération conçue très largement qu'un
mais un bon équilibre ouvre un vaste champ d'aclivité pour tel périodique exige? Je souhaite qu'être une base pour des
les musées el leur permel de répondre de plus ell plus effica­ discussions animées et pour des commentaires concernant
cement à nos besoins contemporains. chacun des problèmes et sujets fondamentaux constitue un
En ce qui concerne le travail scientifique des musées, leur de ses Iraits caractéristiques.
rôle dans les recherches scientifiques et la documentation Je souhaite une longue vic à la revue e1lc-même, au Co­
change suivant l'évolution de la science elle-même. En effet, mité de rédaction une activité inlassable, cl avant tout il tous
les sciences sc développent el elles apportent sans cesse des les muséologues professionnels de profiter le plus possible
méthodes nouvelles et compliquées qui nécessitent sOllvent de cet instrument utile et indispensable.

5
Question posée:
QU'EST-CE,

QUE
LA MUSEOLOGIE?

Introduction du rédacteur en chef

Une question que l'on peut entendre de plus en plus souvent sur les problèmes fondamentaux de la muséologie». Que
parmi les gens de musée. Une question qui sc pose dans di­ faire? A l'été 1979, les membres du Conseil de redaclion ré­
vers contextes muséaux - ct à laquelle on répond de diver­ unis en session à Stockholm, décidèrent d'y apporter une ré­
ses façons: avec beaucoup d'assurance, avec une verbosité ponse. Ils prirem le risque, s'aventurant sur un terrain glis­
confuse, ou simplement avec un haussement d'épaules. sant. Quatre essais de définition du terme virent le jour. Il
ne s'agissait nullement de dissertations scientifiques. Sim­
Bien qu'il n'y ait pas unanimilé quant à sa signification, plemenl de brefs résumés de ce que chaque membre du
Je terme est largement employé dans le monde du musée. Conseil de rédaction entendait par ce terme. L'arrière-pen­
Une enquête effectuée en 1975 en Europe a révélé combien sée était de susciter un débat en ayant le courage d'avancer
la confusion elail grande au sujel de la museologie. Villy une définition. Ces essais ont été joints au rappon d'activité
Tort Jensen examine les résultats de celle enquête dans 1978-79 du Conseil de redaclion présenté lors de l'assem­
POINTS DE VUE MUSEOLOGIQUES - EUROPE blée annuelle du Comilé à l'automne 1979 et, avec ce rap­
1975. pon, ils ont connu l'honneur d'être annexés au procès­
verbal de l'assemblec. Il n'y eul malheureusement pas de
En débattanl de ses lâches en 1978, le Comile internalio­ débat, et ces essais sont passés à l'histoire de la muséologie.
nal de l']COM pour la museologie s'esllrouvé place devant Sous le lilre de PROVOCATIONS MUSEOLOGIQUES
le même dilemme. Un comité pour la muséologie: quel est 1979, ils reparaissent dans les presenls DoTraM. Reussi­
nOire objet? La situation n'était guère plus claire pour le ront-ils celte fois à soulever le débat?
Conseil de rédaclion du Comile lorsqu'il fUI charge d'éla­
borer un «programme-cadre en vue de documents de travail ENFI , QU'EST-CE QUE LA MUSÉOLOGIE?

Villy Toft Jensen

Points de vue muséologiques


Europe 1975
Sur la voie d'orientations théoriques en muséologie

1 Base et objectifs a pas encore de formation officielle en muséologie mais où


Ces lignes résultent d'une enquête sur la muséologie entre­ Ic débat sur l'éventualité d'en établir une sous une forme
prise parmi des professionnels de musée en 1975. L'une des quelconque s'est intensifié récemment; je pense que c'est
raisons de cc travail était la situation au Danemark où il n'y également le cas dans d'autres pays.

6
En outre, on peut dire que celle enquëte était basée sur le «Les responsables de musées 0111 compris la complexité
principe d'un étroit rapport entre le genre ou le niveau de des problèmes suscités par la conservation et ressentent le
formation muséologique dans les pays élUdiés el les princi­ besoin de dépasser le niveau artisanal dans ce domaine et ils
paux points de vue qui ont été - ou seront - adoptés sur y som poussés par l'intérêt grandissant du public pour les
le concepl de muséologie dans le pays concerné. biens culturels en général et les musées en paniculief.))
Malheureusement, le débat a été d'une certaine façon «Une prise de consciencc, qui grandit lentement, du fait
plutôt vague, en raison de l'incertitude qui règne sur ce que le travail de musée n'est pas un violon d'Ingres pour des
qu'est réellement ou ce que devrait être la muséologie. Cette privilégiés ou des profanes mais un très important facteur
enquête peut donc être considérée comme un essai de ré­ cultureb).
ponse à celle incertitude. «Une commune tendance à remellre en question tout ce
Pour y parvenir, j'ai essayé tout d'abord de me concen­ qui nous a élé transmis (c'est-à-dire le musée dont l'utilité
trer sur certaines questions théoriques fondamentales et en­ n'est pas immdiatemenl discernable, et en relation avec une
suite de classer certaines idées exposées plus loin en catégo­ tendance générale à «faire des choses scientifiques))))).
ries distinctes, espérant par là fournir une meilleure base de «Le travail pratique de musée doit être complélé par une
discussion du niveau et du contenu de la formation muséo­ théorie, en particulier pour permettre aux autres d'en ap­
logique. Comme pour J'obtention d'informations, des ques­ prendre les méthodes et les principes.))
tionnaires en anglais, français et allemand ont été envoyés à «La muséologie permet la fixation de critères généraux
environ 140 professionnels de musées européens dont le pour l'administration des musées.»
1I0ms ont été donnés par certains participants de la Confé­ «La nécessité de trouver une aide pour les musées - prin­
rence Générale de l'ICOM à Copenhague en 1974. J'ai agi cipalement financière - requiert la justification de l'exi­
ainsi parce que j'avaÎs des raisons de croire que les destina­ stence des musées dans la société, ce qui ne peut être réalisé
laires du questionnaire avaient déjà un certain intérêl pour par un ensemble vague de disciplines séparées, indépendan*
les queslions muséologiques ce qui m'a paru nécessaire pour tes, comme la zoologie, l'histoire, etc. Un musée étant une
obtenir des renseignements détaillés. institution composite est nécessaire pour donner une idée
Il s'ensuit que ceue enquête n'est pas représentative au exacte de la «vie)) en général.))
sens statistique; d'un alllre côté, il faut considérer que nous
traitons les réponses de gens qui ont beaucoup d'innuence Il n'y a pas assez de place, ici, pour ciler beaucoup de ré·
sur le développemenl muséologique futur. Environ 70 ré· ponses mais les citations ci-dessus couvrent dejà un large
ponses (de 10 pays) onl élé reçues dom 53 si délai liées qu'cl· horizon; elles paraissent être d'excellentes raisons pour jus­
les ont été incluses dans l'enquête. tifier j'existence de la muséologie.
Pour donner de l'enquête la meilleure idée possible, j'ai Pour compléter ce tableau, quelques commentaires sur le
choisi de me concentrer, dans le paragraphes suivants, sur mot «muséologie~) doivent être cités:
un petit nombre de questions qui seronl éclaircies par cer­ «On est atliré par une expression, ou une discipline à la
taines citalions significatives de réponses accompagnées par mode.)
quelques courtes remarques. «Une orientation commune vers la «réflexion sur l'ac­
tion» plutôt que comme actuellemenl «l'actioil)); ct une in­
2 Raisons qui justifient l'existence capacîté de plus en plus répandue dans notre civilisation à
distinguer clairement entre la fin et les moyens; de là l'éléva­
de la muséologie tion de beaucoup d'études, d'une réelle valeur en tant que
Si l'on tient compte des critères mentionnés ci-dessus pour moyens, au rang de fins et d'«ologies)).))
l'envoi du questionnaire, il n'est pas doureux quc l'opinion
personnelle des personnes questionnées est en majeure par­
tic favorable, pour autant que les aspccts théoriques(l) de la 3 Le contenu de la muséologie
muséologie soient concernés: ainsi 4 réponses seulement ont Jusqu'ici, nous nous somme bornés à traiter du concept de
indiqué que leur opinion était directement négative. muséologie sans tenter de le définÎr. Mais qu'est-ce que la
Pour la même raison, il n'est pas douteux non plus que muséologie? Essayons Îndirectement de répondre en exami­
les gens se sont montrés plus circonspects en jugeant l'opi­ nantla question suivante qui concerne le contenu de la mu­
nion générale dans le pays concerné; ainsi l'opinion générale séologie.
est caractérisée par une majorité dans l'expeclative mais en­
core positive. QI/estion:

Il est important de noter cependant que dans l'ensemble «Quelle est la partie centrale, le coeur, de la muséologie; par

le matériel col1eçlé indique que si certains commencent à exemple quels sonlles principaux thèmes et problèmes qui

s'occuper des aspeClS théoriques des musées et du travail de relèvent de la muséologie théorique à votre avis?»

musée - si le processus commence - alors "intérêt el la


compréhension de l'imporlancc du sujet grandiront en con­ Comme l'on pouvait s'y attendre, beaucoup de réponses
séquence. qui se chevauchent ont cté apportées et, prises dans leur en­
Examinons maintenant quelques unes des réponses à la semble, je pense qu'elles contiennent la plupart des fonc­
question suivante et nous aurons quelque idéc des raÎsons detions du musée. Ce qui est remarquable, cependant, c'est
considérer le sujet comme imporlant: l'énorme différence dans le niveau d'abstraction qui se dé­
gage des réponses.
Question:
Pour illuSirer cela, 5 réponses. qui parlelll d'c1les·mêmes,
«Le/ait que la /ormatiol1 muséologique soit dispensée dans
sont citées ci-après.
certaines activités de l'ICOM prouve un intérêt accru pour

la muséologie. Pouvez-vous citer deux raisons de l'augmen­


Réponses sélectionnées sur cc qui constitue le coeur de la
/(Ition de cet intérêt?»
muséologie:
1 a) «Une poiilique de développemelll des Illusées Cl du
Quelques réponses:
travail muséa1.»)
«Une prise de conscience qui grandit lentement de l'objectif
b) «Une étude de types individuels de musées.))
commun des musées -la réalisation, par les conservateurs,
c) «Des recherches sur le rôle actuel des musées, leurs
de la nécessité d'un plus grand professionnalisme dans leur
fonctions en tant qu'institutions publiques vouées à
travail - la reconnaissance d'une «profession Illuséale))
l'éducation, à la recherche et à la conservation d'ar­
(diSlincle des professions disciplinaires)>>.
chives.»

7
d) «Des recherches Sur les relations entre le musée et le pour être des celllres sociaux-culturels dans la commu­
public et sur la struClUre interne du musée.» naulé qui finance leur fOllctionnemclH et leur ('lltretÎen.
c) «Objectifs des activités museales dans les musées indi~ Autremem ces institutions serOnt considérées comme des
viduels.» dépôts de biens culturels qui ne doivent être conservés
1) «Développement du rôle didactique du musée par des que parce qu'ils constÎLuent l'héritage du pa!'!sc, cc qui en
expositions sur des problèmes spécifiques.») fait plus un fardeau qu 'un privilège)~.
g) «Préparation de recommandations pour la classifica­
tion ct la documentation sciemifique des objets de
musée.) 4 Quelques orientations théoriques

h) «Examen de l'utilisation possible des auxiliaires tech­


niques modernes, c'est-à-dire les ordinateurs, dans le en muséologie

travail muséal.» Je vais maintenant citer la dernière question qui sera traitée
i) «Préparation des techniques d'exposition nouvelles et un peu plus en détail que les autres. Son but était d'éclairr.r
économiques.~) le rôle des professions disciplinaires dans la sLructure de la
j) «Organisation de séminaires sur la conservation et la théorie l11uséologiq ue.
restauration.» De plus, on espérait oblenir des définitÎons personnelles
k) «Préparation d'expositions expérimentales pour tester de la muséologie.
les possibilités du musée en tant que moyen d 'éduca~
tion et pour le comportement des visiteurs.) Queslion:
2 «La muséologie est l'étude de: «Dans la lillérature 111l1seologique, on peUl trouver de nom­
a) l'objectif de base des musées (indépendamment de breuses manières de considérer la muséologie. Si l'on prend
leurs disciplines particulières), comme crilère de division le rôle des disciplines scientifiques
b) le rôle des musées dans la communauté, impliquées dans le musée, on peUl distinguer emre:
e) la «base commune) dans les fonctions des musées de A la muséologie en tant que science indépendal1/e avec sa
toutes les disciplines.~) théorie spécifique et ses méthodes.
3 «Pourquoi et pour qui nous collectons; quels principes (Suival1! celle idée, les disciplines impliquées dans le
de sélection som adoptés. L'équilibre de l'objet - les musée peuvent beaucoup contribuer à la construction de
images - les données. Les problèmes de nomenclature. la théorie l11uséologique, mais la base réelle d'une telle
Systèmes de recherche.» théorie doit être recherchée dans les caractéristiques spé­
4 «a) La question décisive est l'affirmation que la muséo­ cifiques des musées, par exemple leurs objectifs généraux
logie se rattache, d'une part au système des sciences, et leurs JonC/ions. De celle base se dégagent quelques
d'autre part au travail pratique de musée. C'est le principes communs à toutes les sortes de musées concer­
meilleur moyen de prouver objectivement sa fonc­ nant les critères de cvllecte, conservation, exposition,
tion. Affirmer que la muséologie est dans le système elc.).
des sciences, c'est résoudre méta-théoriquemelll la B la muséologie en tant que science appliquée, c'est-if-dire
question de son objeL, de sa méthodologie, de sa ter­ l'application de la théorie et des méthodes des disciplines
minologie, et de son système. sciemiliques sur les questiuns mL/seales.
b) Parce qu'il permet la solution de ces problèmes mé­ (Suivant cette idée, la collecte, la conservation, l'expo­
ta-théoriques, l'objet de la muséologie est d'une im­ sition, etc. ne peuvent être réalisées que dans les limites
portance décisive car il est la clef de la po~ition de de la théorie et des méthodes apparren(J11/ à la discipline
celle-ci dans le système des sciences. Grâce à œ fait, concernée. Cepend(J11f les di~ciplines - avec certaines
il est aussi la clef qui ouvre à la relation muséologie/ modifications - constilUent les fondations de la théorie
disciplines traditionnellement utilisées dans les mu­ muséologique. Les idées expusées ci~de5sus fA) 5011/, (lU
~ées. mieux, considérées comme irréalistes.)
c) La solution des problèmes méta-lhéoriques doit Laquelle de ces opinions ('onsidérez-vous comme la plus

aussi conduire à une compréhension correcte des de­ proche de la vûtre?

voirs des musées en lam qu'institutions. En outre, En quels termes caractériseriez-vous la muséologie?»)

clic doit permettre de différencier l'approche rnuséo­


logique de la réalilé en lant qu'approche de la con­ Si le rôle des disciplines Cl la queslion sur l<-l rnu . . éologie en
naissance scientifique et le travail pratique de musee tant que science appliquée ou science indépendante SOnt si
qui actuellement applique celle approche à la vie fortement soulignés ici, c'est parce que ce.. . questions sont
dans le musée en tant qu'inslitution. La muséologie le.. . plus importantes dans le problème complexe de la st ruc­
se dist ingue ainsi de la muséographie. De celle ma­ lure d'une théorie muséologique.
ni~rl' aw.!'!i, il apparaît que le mu~ée ne peul consti­ Dépendant, donc, de la base choisie - c'e~t-~l-dire A ou
tucr l'objct dc la J1lu~éologic .•~ B, - des modèles l11uséologique~ très distincts apparais!'!clH
5 «Quelque imponanb que Ic~ a~pecb technique!'! pUi ...... Clli - et en conséquence des manièrc~ très différente~ de réali­
être, il paraît \ouhaitabJe d'accorder une atlelllion parti~ ser la formation muséologique.
culière aux probl~me~ fonùamel1laux auxqucb sont con· Il est important cependant de nOter que la première partie
frontes les musées aujourd'hui. En général, ces pro­ de la question separe pratiquement les per.. . onnes queslion­
blèmes ne SOI1l pas bien compris, mais ils inllucncent di­ nées en deux groupes égaux.
rectement la politique des musées, dans un contexte na­ Cela pourrait être une coïncidence (c'esl-à-dire le~ per­
tional ('omme dans un contexte international, car ib som sonnes sont indifférellles en qui concerne la question), mais
essemiels. Ils sont en rappon direct avec le domaine de cela n ·c.. . t pas le cas comme on peUl le déduire du fait que les
l'éthique dans tous les champs d'action muséologiques, réponses à la dernière panic de la question sont constituées,
c'esl-à-dire observalion, sélection, préservation, présen­ dans de nombreux cas, par ulle reformulation, ulle l11odifi­
tation et information. Il semble que la recherche muséo­ cation ou un développement d'une de.. . deux alternatives.
logique doive se consacrer tout particulièrement à l'éluci­ Ces reformulations, modifications, elc. peuvent êlrc clas­
dalion cie œs problèmes fondamemaux et arriver à ulle sées dans les trois cat!;~orics .,UiVélIllS:
meilleure compréhension de leur influence fondamentale
sur le développement de la politique muséalc. De cel!e Categorie 1
façon, les musées seront mieux équipés et mieux qualitïés Dans cetle première calégorie, la muséologie est une science
appliquée el les professions di~dplinaires sont considérces terminante de la théorie muséologique.
comme la base de la théorie. Pour illustrer cette catégorie La muséologie étant considéré comme une scien~('

qui est plutôt homogène, les réponses suivantes peuvent être indépendante, l'intérêt se concentre sur les caractéristiques

citées: spécifiques du musée et du travail de musée - sur ces cho­

ses qui justifient l'existence du musée dans la communauré

Réponses choisies sur la muséologie en tant que science - sur ce que l'on appelle «l'idée de base du musée». Deux

appliquée: approches différentes peuvent être dégagées des réponses, ct

«(Toute thèorie peUl être incorporée à la discipline con­ c'est cette différence qui donne naissance aux catégories Il
ccrnée. Cependant, l'objectif général ct les fonctions des et Ill.
musées sont semblables. Les l:ritères pour la collecte, la COIl­
Dans la cat~goric li, les points de vUt sC L'OI\1:~ntrel1t sur
servation, l'exposition, etc. dépendent du caractère de la
les aspects institutionnels du musée. Donc, dans <.:cllc cate­
discipline. Le but ultime -le travail pédagogique au sens le
gorie, la muséologie devient unc sortc de théorie sociolo­

plus large: informer le grand public comme les groupes spé­


gique sur le musée et le travail de musée. Les réponses ct

cialisés des questions qui intéressent les gens - définit le ca­


idées rangées dans cette catégorie peuvent être résumées

ractère de la muséologie comme une science appliquée.»


comme suit:

«La muséologie n'a pas de sujet spécifique de recherche,


a) la base de la théorie muséologique doit être fondée sur

ni même sa propre méthodologie. Vous ne pouvez donc par­


les rôles et les fonctions des différents types ne mu-,_ée§;

Ier que d'une théorie «muséale» en relation avec l'objectif


b) par la structure de la théorie, on arrive à la formulation

général: l'utilisation scientifique ct culturelle-éducative des


générale de ces caractéristiques qui sont communes à

coUect ions tri~dimcnsionnelles.»


tous les types de musées et en même temps sont uniques

«Une muséologie commune n'existe pas. Et cela parce


au musée en tant qu'institution parmi les institutions;
que les collections étant différentes, les sphères culturelles
c) des critères communs se dégagent de celle formulation

différentes, les âges différents, etc., les problèmes sont très générale pour l'exécution des fonctions muséales, quel

différents.»
que soit le type de musée.

Ce point de vue est illustré par la figure 2.


Si nous essayons d'effectuer une brève généralisation des
réponses et des idées incluses dans cette catégorie, elle peut Si nous regardons enfin la catégorie Ill, nous ne trouvons
se résumer ainsi: pas une approche sociologique de <<l'idée de base du
a) une théorie muséologique peut être établie par la coordi­ musée)), mais une approche basée sur la théorie de connai­

nation des intérêt, des théories, etc. des professions disci­ sance ou méta-théorie.

plinaires; Le noeud du problème, dans celle catégorie, est d'arriver


b) à travers la structure de cette théorie, on doit arriver à la à reconnaître ce qui est «muséai» et ce qui ne l'est pas(2), ce
compréhension des objectifs de base des musées; qui donne les étapes suivantes dans la construction de la

c) suivant ces objectifs, des critères peuvent être définis théorie muséologique:

pour l'application de la théorie et des méthodes des pro­ a) l'établissement de critères de «muséalité», c'est-à-dire de .

fessions disciplinaires au travail de musée. critères qui permettent de décider si un objet donné doit
Cc point de vue est illustré par la figure 1. être placé dans un musée ou non. Ces critères théoriques
forment alors la base des activités pratiques de collecte.
Catégories Il et III b) après cela, on peut essayer - encore au niveau théorique
- d'établir des critères pour la préservation et la mise en
Dans les deux catégories restantes, la muséologie est consi­
réserve de ces objets. Ces eritères forment alors la base
dérée comme une science indépendante - l'objectif de base des activités pratiques d'enregistrement, de conserva­
du musée doit être défini indépendamment des intérêts par­
tion, etc.
ticuliers des professions disciplinaires, c'est-à-dire que con­
c) enfin on peut essayer de trouver les facteurs ou éléments
trairement à la première catégorie, le but ne peut pas décou­
«qui donnent aux valeurs muséales le plus grand pouvoir
ler d'une coordination des théories disciplinaires.
de diffusion». A nouveau, ceux-ci forment la base des
Pour donner une idée de ce point de vue, citons les trois
activités pratiques qui concernent les expositions.
réponses suivantes:

Réponses sur la muséologie en tant que science indépen­ 5 Conclusion


dante:
Malheureusement le manque d'espace nous empêche d'étu­
«La muséologie doit concerner tous les phénomènes en
dier d'autres questions, mais, en conclusion, je voudrais ré­
rapport avec les questions muséales. Il est extrêmement im­
sumer les trois catégories ou orielllations théoriques décrites
portant que la muséologie ait une orientation théorique, et
ci-dessus.
elle ne doit jamais servir de plan d'application des profes­
J'ai donc essayé, ci-dessous, d'effectuer une comparai~
sions disciplinaires dans le musée.»
son, sous forme de schéma entre les catégories d'après cer­
«La muséologie est l'étude des caractéristiques qui sont
taines caractéristiques choisies. Il faut savoir, cependant,
communes à tous les musées, mais, parmi les institutions,
que pour faire cette comparaison les catégories et les carac­
uniques aux musées.»)
téristiques théoriques ont été très simplifiées.
«La muséologie est une partie de la connaissance dans le
processus de sa propre identification en tant que science in­
dépendante (ce qui veut dire le stade prénatal) et appartient
au domaine des sciences documentaires. Elle a son propre
sujet d'intérêt, sa propre méthodologie et ses systèmes. La
muséologie est un moyen décisif de rationalisation du tra­
vail de musée et, pour cette raison, de son élévation au ni­
veau du progrès scientifique et technique. La soi-disant
Notes
«crise des musées») ne peut être résolue que sur la base de la (1) Dans le questionnaire, «théorique» se réfère. entrc autrc!'>, à certaines
muséologie et d'une plus large application de celle-cL» tentatives pour développer une terminologie muséologique ct Claborer un
!'>ystèrnc muséo!ogiquc comprenant les prohlème!'> relevant des musées cl du
travail de musée
Ces quelques citations suffisent à démontrer une claire (2) Cette reconnaissance ne peut être çonsideréc comme définitive car les
dissociation des professions disciplinaires comme base dé­ critères peuvent ~voluer

9
Schéma des catégories muséologiques
- --

l
~
la muséologie en tant
la museologie en tant que Sl.:ienCl' indêpenuul1Il.'
que science appliquée
caracté­
catégorie 1 catégorie II catégorie 111
ristiques théoriques
base de la théorie intérêts, théorie-êt les rôles institutionnels considérations théoriques:
méthodes des professions et les fonctions des qu'est-ce qui est «muséal»
disciplinaires différentes sortes de et qu'esl-ce qui ne l'est
musées pas?
f-­ - -
nalllre de la théorie interprétation inter- interprétation sociologique intcrprétaiion méta-
disciplinaire des activités du musée et du travail théoriquc des activités
du musée de musée du musée
but final de la 1héoric critères pour l'application critères communs pour l'accomplissement des fonctions
des disciplines concernées du musée, quel que soit le type de musée
dans le musée
'---

Filurt" 1
Figure 2
Construction de la thêorie musêologique suivant la eatégori~ 1
Construction de la théorie mus.éologique suivant la categorie Il

Rôles instÎtutionneis; développement ­


Theorie. me.:hodoloaie et interets a~pects suucturaux et d'organisation
des professions dÎsciplin~ Fonctions institutionnelles; concernanl 1
la cuhure,la science ( t l'tdUl.:ation
1

base pour la
coruuucuon
de la theom
_
e@@
hiswire
Mcheo..
,.
Ollc
1
zoo-
OJ!C
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-

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an"·' . . .
~ Impliquee
" dans les
mus«s
base ?Out la
construction
de la thiorie
..-chio­
logie &.
histou'C' @ ~0'-
t
K::C:S
ech
ruqu
scimces
naturelles'
1
an i
d iffnents 1
de musec:sl

'l\-.l 1 ,-----,1 1 1
constructlon coordination
construction
de la theonc
des intentions &. intertls de lAI thiorie
1mu.séololiquc des professions disciptinaires muscotOlique

1 objectifs

- -
"b... fannulation générale des caractéristiques
l,"ul'a< des musêe:s
dea;u

résultai commWles à tOUtes les sones de m~.


mais uroques au musee en

et defirus
tant qu'institution parmi les institutions

-
1 adaptation

-
adaptation d~a!!:emenl de cnltres

en vue d'une
descriptIon des critères
tri vue d'une
.:ommuns pour l'xcomplissement
appliclllon
pour l'application
des professions disciplinaires app{jcation des foncrions du musee,
pralÏquc pralique quel que soit le type de musee

j
CTileres pour .:ritêres pout
l'applicarion _ l'applic:uion _
pratique pratique

/
1 /'
accomplisse.

ment des

fonctions
du musee
- 3ccomplisse.
ment des
fonctions
iJu muS«
1 MUSEE 1

10
Provocations muséologiques 1979

QuaIre essais de définition du concept de muséologie par le Conseil de rédaction

Les différemes parties de la muséologie sont:

Villy Toft Jensen


La muséologie générale, qui a une orientation théorique

et comprend l'histoire des musées, la théorie de la mu­

séologie, les fonctions scientifiques des musées, etc.

La muséologie est une science qui prend pour objet de sa 2 La muséologie appliquée, qui a une orientation plus pra­
lü:herche la sélection, la recherche et la diffusion de la con­ lique et comprend toutes les questions concermint les ac­
naissance de toutes les «choses» (y compris leurs corréla­ tivités dans le domaine des collections, la documentation
lions) que l'homme juge assez précieuses pour être proté­ sur les objets, la publication, la pédagogie et Ics méthodes
g~('s el préservées en vue de J'avenir. didactiques du musée, la sociologie et la psychologie des
Le musée étant la seule institution qui remplisse IOUles les visiteurs, etc.
fonctions socia-culturelles ci-dessus, la muséologie pourrait 3 La muséologie spéciale, qui comprend tous les problèmes
aussi être définie comme la science du musée et de ses rôles muséologiques des divers types de musées.
el fonctions dans la collectivité. 4 La muséographie, qui a une orientation purement tech·
La muséologie est donc une science indépendante. possé­ nique et comprend les techniques et méthodes relatives à
dam son propre ensemble spécifique de théories et de mé­ la sécurité et aux collections, en particulier les divers
thodes qui, unifiées en un système, som à la base du fonc­ systèmes techniques d'exposition.
tionnement correct du musée.
La recherche muséologiquc comprend les aClivités de re­
La muséologie peut être subdivisée en: cherche de base aussi bien que les études appliquées dans les
1 Muséologie générale, qui comprend ou forme le cadre différents domaines qui sont utiles à tous les Iypes de mu­
d'un ensemble de théories indépendames telles que sées.
a) les théories qui se rapportent aux fonctions du musée La muséologie couvre tous les résultats fondamenlaux et
(théorie de la sélection, théorie de la documentation, appliqués par son système sciemi fique propre.
etc.)
b) les théories qui - le musée n'étant pas défini/carac­
térisé uniquement par ses fonctions - sc rapportent à
l'histoire du musée et à ses rôles en tant qu'institution.
Comme l'indique le terme «générale~~, ces théories doi­
vent être valables pour tous les types de musées - quelle
que soit leur spécialisation.
2 Muséologie spéciale, qui doit être considérée comme la
théorie de l'application de la muséologie générale aux
branches scientifiques intervenant au musée.
Awraam
Lors de la mise au point de la théorie muséologique, il
sera nécessaire d'y intégrer les acquis des autres sciences. La
M Razgon
méthodologie de la muséologie est donc de caractère inter­ La muséologie est une discipline scientifique qui examine les
disciplinaire. IOÎs de la naissance el du développement des musées, les
fonctions sociales des musées et leur réalisation concrète
dans les différents systèmes sociaux, dans l'activité de re·
cherche, de conservation, d'éducation et culturelle.

1 L'objet de la muséologie comprend les éléments suivants:

Wolfgang
A Le système de musée Clic musée lui-même en tant qu'in­
stitution sociale conditionnée historiquelllenl, sa fonc­
tion et son organisation intérieure.
B Les traits spécifiques des sources primaires rassemblées

Klausewitz
et conservées dans les collections des musées à des fins
scientifiques et éducatives.
C Les aspects particuliers dans l'examen des événements et
La muséologie est un champ de recherches concernant le phénomènes naturels et sociaux, qui répondent au profil
musée en tant que phénomène socio-culturel Ct en tant du musée.
qu'institution scientifique avec ses fonctions spécifiques de
documentation sur les objets, de recherche ct d'éducation. Les éléments susmentionnées se caractérisent comme suit:
La muséologie n'est pas uniquement une science appli­ A La muséologie examine l'origine des musées, leur place
quée mellant en oeuvre différentes disciplines scientifiques, dans la vie de difércnts systèmes sociaux, la formation des
tâches éducatives, méthodes sociologiques, ni une forma­ lois du musée, la classification et la typologie des musées;
lion pure et simple. leur organisation interne, la connexion de cette organisai ion
La muséologie est une science indépendante avec ses avec l'évolution des disciplines scientifiques el les besoins
théories et méthodes spécifiques, bien qu'elle réunisse les sociaux de l'époque.
w,pccts communs à 10US les musées et qu'elle intègre de La muséologie examine la spédficité fonctionnelle de
façon interdisciplinaire des éléments scientifiques extérieurs l'activilé des musées:
(pédagogie, sociologie, histoire, etc.) a) la collecte des objets, qui est liée à l'examen des sources

II
primaires illustrant des systèmes déjà morts ou vivants,
scientifiques. La position de la muséologie dans le système
b) la classification scientifique, l'étude des sources pri·
des sciences n'est pas univoque. La muséologie esl une
maires et la création d'une banque d'information scienti·
science marginale. Sa liaison aux disciplines apparentées, à
lïque, qui sert aux besoins de disciplines scientifiques parti­
la théorie des sources et aux nombreuses disciplines spéci­
culières ct de l'éducation populaire,
fiques et auxiliaires, présente le caractère de l'intégration,
c) la conservation des sources primaires,
bien que la muséologie acquière de plus en plus les traits
d) l'éducation scientifique et la diffusion du savoir.
d'une science indépendante.
Ceue caractéristique s'applique à la muséologie générale.
B La muséologie examine les objets de la réalité - les sour­
Outre la muséologie générale il existe des muséologies
ces primaires qui font également l'objet d'intérêt d'autres
spéciales. Celles-ci examinent les problèmes des différentes
sciences, mais elle a sa propre vue spécifique de ces objets,
sortes de musées (muséologie des musées d'historie, muséo­
cc qui distingue la muséologie des autres sciences.
logie des musées d'art, muséologie des musées techniques et
L'étude des sources primaires répond aux besoins de l'in­ technico-économiques, muséologie des musées de littérature
formation sur les phénomènes naturels et sociaux. Les sour· etc.).
ces sont à considérer comme des signaux (porteurs d'infor­ Les muséologies spéciales peuvent examiner également les
mation) et l'information elle-même constitue un élément es­ problèmes selon les différentes sortes d'aclivité des musées.
sentiel de la communication renétée, qui est l'une des pro­ Pour la mise au point de la théorie de la muséologie géné­
priétés fondamentales des objets. rale il est possible naturellement de traiter les problèmes
La muséologie étudie dans ces sources les aspects infor­ spéciaux qui sont propres aux différents éléments de sa
matifs des objets (et non leurs aspects objectifs et énergé­ structure (théorie, méthodes, historiographie etc).
tiques). Ces sources nous fournissant de l'information, la
muséologie étudie leur «fonction informative».
Les aspects suivants de ces sources, ainsi que les aspects
particuliers de leur étude, consistuent un objet spécifique de
la muséologie:
a) l'étude des sources primaires en vue de découvrir leurs
fonctions informatives et leur structure et de décider s'il y a
lieu de les admeLtre dans les collections d'un musée en géné­
rai, ou dans les collections d'un musée de type particulier,
b) l'étude des sources primaires en vue de déterminer le ré­
Vinos Sofka
gime de conservation et les méthodes de conservation et de La muséologie est la science du musée et des activités du
restauration, mu~ée.
c) la documentation scientifique générale des sources pri­
maires en liaison étroite avec les tâches de la protection 1 Objet d'étude de la muséologie
scientifique des objets de musée et avec leur préparation En tant que discipline scientifique indépendante, la muséo­
pour l'utilisation scientifique, éducalive et culturelle opti­ logie a pour objet de son élUde l'activité humaine qui
male, s'exerce par le moyen de l'institution musée ou d'autres in­
d) l'e,xamen des possibilités d'information des objets de stitutions analogues dans le but de conserver, d'étudier et de
musée dans leur application pour les buts éducatifs et in­ mettre en lumière le patrimoine naturel ct culturel du
stru~tirs ct avant tout pour la forme de publicité spécifique
monde ct/ou de certaines parties du monde - pays, régions
du musée - l'exposition. Une telle étude offre ainsi les cri­ ou autres l:ommunauté~.
tères de la sélection des objets de musée.
e) l'étude des possibilités expressives d'une source (y com­ Cette activité aux aspects muhiples donne à l'institution
pris les possibilités eSlhéliques), c'est-il-dire la délermina­ musée le caractère d'un remarquable composé de réservoir
tion de «l'impulsion émotionnelle de la source dans le pro­ d'objets originaux et de base d'information, d'instilUtion de
cessus de la présemation ct d'autres aspects du travail édu­ recherche et dans le même temps de moyen d'éducation de
calir cl instructib). masse. C'est pourquoi le musée en tant qu'institution socio­
culturelle - l'idée du musée ct sa philosophie, les objcctifs
C L'élude muséologique dc la nalure el de la societe est du musée, ses tâches, son organisation, son évolution ct son
spécilïquement orientée vers la détermination des événe­ rôle uans la collectivité - est au premier plan de la muséo­
ments illustres par le musée, ainsi que vers les objets qui logie ct de la recherche muséologique el lui a donné son
illustrent eux-mêmes ces processus, ct sont pour celte raison nom.
admis dans les colleclions du musée. Cela se manifeste dans
l'étude typique pour le musée - dans la collection scienti­
fique.
2 Objectif de la muséologie
L'objeclif de la muséologie esl
2 Les éléments structuraux de la muséologie sont:
a) la théorie de la muséologie - d'acquérir, par l'examen, l'analyse, l'étude du musée et
b) l'hiSioire de la muséologic de son activité, des connaissances et une expérience qui
c) la science Illuséologique concernant les sources puissent être généralisées et intégrées en un système
d) les méthodes scientiriques de tous les traits spécifiques scientifique de théorie du musée ayant sa propre mé­
des musées thode et un terminologie unifiée, el
e) l'historiographie de la muséologie. - de formuler des objectifs, d'élaborer des mélhodes et de
proposer les voies et moyens d'activité muséologique, de
Tous ces éléments sc caractérisent par leur étroite liaison résoudre ses différents problèmes et de créer une base
ct par leur enchevêtrement. Les différents éléments, qui exi­ pour son évolution ultérieure,
stent elTcctivement, ne peuvent dans aucun cas être séparés
dans la pratique des travaux de recherches. Ces objectifs peuvent être atteints en utilisant les résultats
acquis par d'autres disciplines scientifiques, mais aussi par
La complexité objective de la muséologie conditionne k des activités scientifiques propres dans le domaine de la mu­
caraclère multiforme de sa liaison à d'autres disciplines séologie.

12
3 Caractère et méthode 4 Système de la muséologie
de la recherche muséologique Selon son caractère. son champ d'aclivité et son usage. la
muséologie peur être subdivisée en
La multiplicité des fonclions du musée:

muséologie générale, qui csl la sL'Îcnce générale du musée


- pn':sf".'rvcr en collectionnant, en enregistrant, en emmaga­

applicable à lOUS les types de musées cu à leur activité


sinant ct en conservant
muséologie !lpéâale. qui, prenant pour ba~e la mu . . éologie
- t-lUuier en examinant, en établissant une documcntalion,
générale, l'approfondit etlou la modi fic pour l'appliquer à
l'Il évaluant. ct
des phénomènes spécifiques repré.. .entatil\ seulement de cer­
- Illettre en lumière en exposant, en enseignant, en infor­
tains types de musées ct d'activités du musée
mant Cl en publiant
et
ct
muséologie appliquée, également appelée mu.. . ëographie,
la l1luhiplicité des domaines qui forment ensemble le
qui, subordonnee à la muséologie générale ct régie par ses
patrimoine naturel el cuhurel
conclusions, s'occupe de la technique muséologique pra­
l'o III que la méthode de la recherche muséologique est de ca­
tique, qui est utilisée par le mu.. . ée pour remplir ses fonc­
l'acIère fortement interdisciplinaire.
tions.

A côté de la recherche muséologique de base, il existe une 5 Résumé


vaste recherche appliquee. Sur la base de cc qui a été dit ci·dcs.. . us. nous pouvons con­
La recherche muséologique de base se consacre à l'élm.:η simer en résumé que la muséologie en tam que sCÎence géné­
dation des questions communes à lOuS les musées ct n'en­ rale du musée est une discipline sL'Îel1lilïque indépendallle
Iranl pas dans le champ d'activité d'une autre branche ayant ses propres objectif. objet d'étude Cl théorie. champ
scieJ1lifique. d'activité et méthode. ainsi que son système propre.
La recherche appliquée centralise "intérêt des autres La multiplicité des fonclions et des domaines de collec­
branches scientifiques pour le musée et son activité, engage tion rait de la muséologie une discipline ayant un fon carac­
des recherches sur des questions touchant à celles-ci el appli­ tère d'interdisciplinarité el nécessitant une collaboration
que les résultats des autres branches de recherche à son avec d'autres branches scientifiques, Cil fa i.. . ant converger
propre objet d'étude. A cet égard, la muséologie joue un leur intérêt sur l'objet d'étude commun: le musée et son ac­
ràlc de coordinatioll. tivité.

tJ
La question
, à analyser:
LA MUSEOLOGIE SCIENCE
OU SEULEMENT TRAVAIL
,

PRATIQUE DU MUSEE?

Petit sommaire
en guise d'introduction
par le rédacteur en chef
Enfin, nous en arrivons au thème principal du jour, «La graphique étaiem souhaités.
muséologie - science ou seulement travail pratique du mu­ Plus de cem circulaires - 176 pour être précis - 001 été
sée?», le thème nU 1 des DoTraM que nous allons approfon­ envoyées. ,Quinze comité - dom dix comités nationaux et
dir. cinq comités internationaux - ont répondu à la lettre et
Dans les sections qui suivent, pas moins de quinze experts renvoyé le questionnaire. Peut-être moins que ce que l'on
éminents prennent la parole pour répondre il la question. aurait pu attendre d'un groupe professionnel cohérent ­
Sans concertation préalable, sans recommandations du mais un nombre suffisant proposaient plusieurs noms d'au­
Conseil de rédaction, sans connaître J'identité de ceux qui teurs potentiels. Trop même, si tous avaient été intéressés et
descendaient en même temps dans l'arène muséologique. avaient voulu écrire pour les DoTraM.
Qui sont ces experts? Qui les a choisis? Les prises de contact direcles du coordinateur avec les
Début 80, le coordinateur des DoTraM a écrit à tous les personnes proposées - trente en tout - ont peu à peu
comÎtés nationaux el internationaux de l'ICOM pour les in­ abouti dans le courant de J'été à l'arrivée de quinze contri­
former du projet el les engager à le soutenir. Mais avant butions sur son bureau.
tout, ils devaient apporter au Conscil de rédaction dcs sug· Que représentent-elles? Quels sont les points de vue qui
gestions qU3m aux gens de musée el autres experts qu'ils ju­ s'y expriment?
geaienlle mieux désignés pour les exercices inlellectuels pré­ A tilre d'introduction, donnons quelques paims de re­
vus. Des points de vue variés el une large répartition géo- père.

André Desvallées: «... il appartient aux gens de musée de préciser s'ils souhaitent appli­
quer le terme de muséologie au seul langage qui leur sert à communiquer avec le public
ou à l'ensemble des recherches et des réflexions qui leur permettent d'exercer pleinement
leur métier ... »

Anna Gregorova: «Je considère la muséologie .... comme une discipline scientifique en
voie de formation, dont l'objet est l'étude du rapport spécifique homme - réalité, et ce
dans tous les contextes dans lesquels il s'est manifesté et se manifeste concrètement.»

Bengt Hubendick: «La muséologie ... est une science pauvre si on la considère comme à
la limite de la recherche. Le travail d'un musée, par contre, est aussi bien une science
14
qu'un travail pratique. Mais, avant tout, c'est un travail pratique cérébral effectué dans
un esprit scientifique.»

Louis Lemieux: «La muséologie, ,à mon avis, n'est pas une science ... Cependant, la lIIU­
séologie est certes plus qu'une activité pratique du musée ou qu'une façon de faire les
choses. Elle est une combinaison de connaissance, de compréhension, d'aptitude et de
métier, auxquels viennent s'ajouter une bonne dose de vision, d'inspiration, de dévoue­
ment et de patience ... Devant catégoriser la muséologie, je l'appellerais un art plutôt
que toute autre chose.»

Geoffrey Lewis: «Si la muséologie, comme terme, a une histoire honorable, on ne peut
pas le dire du sujet lui-même ... Nous ne devrions plus avoir lieu de débattre si la muséo­
logie est un sujet de plein droit; nous devons plutôt présenter le cadre théorique dans le­
quel la muséologie et le mouvement muséal dans son ensemble peuvent se développer.»

Ji!'i Neustupny: «Cependant un membre du personnel d'un musée peut désirer éviter la
muséologie, sa tentative ne pourra qu'être un échec. Cette discipline est nécessaire si
nous voulons comprendre le rôle des musées dans la culture contemporaine et leur place
dans 1'avenir. »

Jurij P. Pisculin: «La muséologie actuelle - c'est une discipline scientifique appliquée
qui doit assurer tous les aspects du fonctionnement du musée dans la société moderne.»

Daniel R. Porter: «Le chaos y règne dans une grande mesure, parce que les responsables
de l'enseignement ne sont guère d'accord sur les questions suivantes: 1) Le travail de mu­
sée est-il une profession? 2) La muséologie est-elle une discipline?»

Barrie G. Reynolds: «... je dirais que la muséologie est un domaine spécifique d'intérêt
mais que, jusqu'à présent, ses paramètres sont médiocrement définis.... je crois en effet
que c'est une science en embryon.»

Joseph A. Scala: «La muséologie peut se définir comme l'étude complète de toutes les
fonctions - esthétique, commerciale, pratique, universitaire, de gestion et de relations
publiques - nécessaires pour comprendre le musée dans le monde complexe d'aujour­
d'hui ... La muséologie est-elle science ou expérience pratique? Elle est les deux, et bien
plus encore.»

Klaus Schreiner: «La muséologie est une discipline socio-scientifique, historiquement


grandissante, qui concerne les lois, principes, structures et méthodes du processus com­
plexe d'acquisition, préservation, déchiffrage, recherche et exposition d'objets originaux
mobiliers choisis de la nature et de la société en tant que sources primaires de la connais­
sance, qui forme la base théorique du travail de musée et du système muséal avec l'aide
d'une expérience généralisée et systématisée.»

Zbynek Z. Stninsky: «Le terme de muséologie ou de théorie de musée concerne la sphère


15
de l'activité de connaissance spécifique, orientée vers le phénomène de musée ... Il se dé­
veloppait déjà dans le passé, et aussi à l'époque contemporaine nous pouvons constater
certaines tendances non seulement vers l'amélioration de la qualité de cette théorie, mais
aussi vers sa transformation en discipline scientifique spécifique.»

James L. Swauger: <de pense qu'il est plus fructueux de considérer la muséologie comme
un corps de techniques du musée visant à promouvoir les buts et l'organisation du mu­
sée, qui ont été mises au point et jugées pratiques et fécondes par les gens de musée dans
l'accomplissement de leurs tâches quotidiennes.... Un jour peut-être la muséologie sera
une science, encore que j'en doute, mais ce jour n'est pas encore venu.»

Soichiro Tsuruta: «Je crois que la muséologie est une science et que des efforts doivent
être accomplis durant les dix années actuelles grâce à la coordination et à la coopération
internationales entre musées et muséologues scientifiques pour développer l'étude de la
muséologie.»

Bachir Zouhdi: «La muséologie est la science de musée. Elle doit sa naissance et sa matu­
rité au muséologues pionniers qui ont contribué sérieusement à son expansion dans les
différent pays du monde.»

Restons-en là -l'introduction est terminée. Le détail, les


arguments pour et contre, tout le reste, c'est à chacun d'en­
tre vous d'en prendre connaissance.
Entrons dans le vif du sujet. La parole est aux auteurs!

16
André Desvallées

Conservateur de l'Inspection générale des musées


classés et contrôlés, Direction des musées de France,
Ministère de la Culture et de la Communication,
Paris, France

Muséologie et muséographie. Science du musée et activité même temps le maximum d'informations sur le contexte
pratique du musée. Recherches sérieuses pour former une d'où émane l'objet, sur l'environnement dans lequel il a été
discipline ou simple accumulation de recettes empiriques. Il produit, dans lequel il a été utilisé: le maximum de données
s'agit là d'un vieux débat, rarement impartial d'ailleurs se­ archéologiques pour les objets de fouille; connaissance du
lon que J'interlocuteur se situe à l'intérieur de la profession milieu culturel pour les objets recueillis en enquête ethno­
ou à l'extérieur, selon qu'il est un homme de progrès ou graphique; connaissance du milieu naturel pour les uns et
qu'il tourne le dos à toute évolution de la profession. La les autres aussi bien que pour les témoins naturels; et même,
première façon de se poser sérieusement les problèmes est ,pour les oeuvres d'art ou les instruments scientifiques qu'il
de se demander s'il est une spécificité muséale; la seconde, serait tentant de considérer dans un absolu dégagé du temps
d'ordre épistémologique est de se demander comment se si­ et de l'espace, recherche des explications historiques éclai­
tuent les activités de musée parmi les activités humaines. rant les conditions de leur naissance, de leur création. de
leur survie, et leur apport au mouvement général de l'his­
Est-il une spécificité muséale? En quoi l'activité d'un toire de l'art ou de l'histoire des sciences. En cela, la collecte
conservateur est-elle différente, pour le rassemblement des et l'étude sont intimement liées, l'étude ne viendra pas se
collections, de celle de l'antiquaire, du brocanteur? En quoi plaquer après coup, sur la collection.
est-elle différente pour leur conservation, de celle du collec­ C'est ainsi que la conservation devient le débouché natu­
tionneur? L'étude des collections se fait-elle différemment rel d'une recherche raisonnée et cesse d'être une simple col­
par un conservateur qu'elle se fait par un chercheur quel­ lection aléatoire et, au mieux, une simple accumulation de
conque? Quelle différence entre un conservateur et un pro­ formes variées.
fesseur dans l'enseignement d'une même discipline? Un A partir de là se pose le problème de la destination don­
éducateur ou un animateur, dont les aptitudes sont orien­ née aux objets recueillis. A la différence des objets thésauri­
tées spécialement vers les enfants ou vers tel ou tel public, ne sés, souvent dans le secret, par les collectionneurs, et autre­
sont-ils pas plus qualifiés pour l'éducation et l'animation fois par les conservateurs, la destination des objets de musée
que tel conservateur s'improvisant éducateur ou animateur? est double. D'une part, à des fins de transmission, la con­
Un décorateur, un étalagiste, un réalisateur de spectacle ne servation, donc le maintien en état, et la restauration, donc
savent-ils pas beaucoup mieux mettre en valeur ce qu'ils la remise dans le meilleur état possible; d'autre part la resti­
présentent que n'importe quel conservateur? tution à la communauté d'où ils émanent ou la communica­
Voilà comment, en les ramenant à la compétence des per­ tion aux individus désireux de connaître la culture de cette
sonnes, les détracteurs d'une spécificité muséale réussissent communauté. Cette restitution, cette communication, se
à poser le problème de façon à ce qu'on ne puisse que leur font par des moyens variés dont le plus spectaculaire est
donner raison. Car ce n'est pas à partir des personnes exi­ l'exposition.
stantes, ou de leur profession, qu'il faut poser le problème, Là réside une autre originalité de la fonction muséale:
mais à partir des fonctions multiples que le musée doit chaque jour est l'occasion de résoudre cette contradiction
remplir et de ses objectifs. fondamentale entre la nécessité de maintenir en état les col­
Un antiquaire, un collectionneur repèrent, acquièrent, lections pour les transmettre intactes et la nécessité de les
rassemblent, collectionnent les objets au hasard en fonc­ sortir de leurs réserves pour les présenter au public qui n'a
tion de critères de variations typographiques ou selon des aucune raison de se voir frustré de leur communication. A
thèmes qui sont à la mode ou qui les passionnent. Peut-être la différence des commerçants qui n'utilisent les objets de
en fut-il parfois ainsi pour les conservateurs, autrefois. collection que pour attirer la clientèle et mettre en valeur
Mais dans un musée bien compris, les acquisitions se font leurs propres marchandises; à la différence des décorateurs
désormais en fonction d'un programme réfléchi, selon les qui n'utilisent des objets que dans une construction plas­
orientations thématiques de ce musée; elles ne se font pas au tique; à la différence de l'animateur ou de l'éducateur qui
hasard du marché ou selon les caprices de ses responsables. sont tentés de les utiliser à des fins de démonstration, en mé­
Davantage, elles se font non pas seulement pour les objets connaissant les risques d'usure, l'homme de musée s'efforce
en soi que l'on acquiert mais en essayant d'appréhender en de présenter les objets sans perdre de vue qu'ils ont chacun

17
une sit"niiïcation propre, indépendante de toute échelle de Lorsqu'il ne s'agit que des techniques de fouille, de wl­
valeur, en évitant les interférences avec d'autres expôts, ce lecte sur le terrain, d'achat aux ventes publiques ou .:hl'z un
qui n'exclut nullement qu'il les melle en valeur au maxi­ particulier, on peut se' contentc:r de parler de pratiqul::'> 111U­
mum ct les présente avec goût en utilisam les modes d'ex­ séographiques. De même lorsqu'il s'agit dl: manipuler ,ks
pression les plus neutres possibles afin que I\:nvironnement objets, de les nettoyer, de 1cs restaurer, J'cn analyser ks
n'illlcrfère pas à son tour dans la présentation. matériaux constitutifs, de rele\'er lr~ appareils de mcsure. dl'
Parallèlement, l'homme de musée saura toujours garder fahriquer les dispositifs de leur présentatiou.
pr~~clli Ù l'esprit que l'animation et la démonstration peda­ Par ~onlre. lorsqu'il s'agit de dëfinir les nrienl:.Hinns fon­
gogique IH: doivcnt jamais meUre en danger la conservation l1amentalcs d'un musée. de mc:ltre au poinl un prO~ral1llllC:
ue~ objels communiqués. C'cost pourquoi, sans sat.'rilïer le de collecte, de Iïxl'r la taxonomie pour le da$sc1l1clll des l'ol­
car:H.:lèrc vivant de ces expositions cl contrairement à cc que leelions, nous renvoyons aux scienccs humaines; lorsqu'il
fonl géneralemenl les établissements d'enseignement ou de s'agit de choisir les techniques qu'il faut utiliser pour la res­
loisir, il fera en sorte qu'un objet ne puisse être manipulé, tauration, de fixer les normes de température, d'humidité
une machine actionnée, si cet objet et cette machine sont des ou d'éclairement, de prévoir pour lcs prévenir les dangers
exemplaires uniques; c'est pourquoi il veillera à ce que les plus divers qui peuvent nuire à la bonne conservation des
l'cxemplaire unique des collections archéologiques, ethno­ collections, nous sommes dans les sciences expérimentales;
logiques, technologiques, comme l'oeuvre d'art ou l'instru­ par contre lorsqu'il s'agit de définir dans quel esprit doivent
ment scientifique historique ne soit jamais sorti des réserves se faire les restaurations, et pour tout ce qui concerne la
pour être exposé, que s'il est rigoureusement protégé, à l'a­ mise au point d'un langage muséal pour la communication
bri d'une vitre autant que possible, et que J'on ne songe à des collections au public, nous avons à faire à un art d'ex­
des manipulations qu'à partir du moment où un nombre pression.
suffisam de spécimens a été préservé ou de modèles exécutés Sciences humaines, sciences expérimentales, art d'expres­
à l'identique spécialement pour être manipulés. sion: chacune des disciplines distinctes forment-elles un (out
l.orsqu'ils se situent dans cette problématique rigou­ homogène donnant naissance à une autre discipline: la mu­
reuse, les musées, qui n'étaienl parfois que des lieux de ra· séologie? Ou bien, les disciplines scientifiques étant lraitées
massage ct d'entassement d'objets hétéroclites, un riche indépendamment, rattachées à leur discipline mère (pro­
marché aux pUl:es sans caractère affirmé et au mieux un ca­ gramme de recherche et taxonomie en anthropologie, en
binet de curiosités spécialisé, deviennent de~ lieux de ren­ technologie culturelle, en organologie, en sciences natu­
contre entre des ensembles cohérents d'objets recueillis pour relles, etc ... , sciences de la restauration, climatologie, lu­
le témoignage qu'ils apportent, conservés pour être trans­ minologie, etc), l'art du langage muséal formerait à lui seul
mis, et un public auquel ils appartiennent ou à qui ils sont la muséologie. Dans cette hypothèse, la muséologie ne serait
destinés, qui peut communiquer avec eux sallS barrière de pas une science mais un art - un art d'expression équiva·
langage. lent à l'art dramatique, au cinéma, à l'opéra, à l'imprime­
Tout cet ensemble de pratiques liées à des connaissances rie, etc.
variées forme ce qu'on a coutume d'appeler la muséogra­ Comme chaque art d'expression, cet art du musée a pour
phie. Si une spécificité n'est pas discutée aux musées c'est caractéristique de possèder ses lois propres, ses règles qui,
celle de la restauration, mais pour que l'ensemble des activi­ de l'extérieur, peuvent passer pour artifices mais avec les­
tés soit reconnu comme spécifique, encore faut-il non seu­ quelles il serait illusoire de vouloir tricher sans mettre en pé­
lement que soient reconnues comme essentielles chacune des rill'ensemble du langage. Il n'est pas question de rappeler
diverses activités que l'on vient de rappeler, el que doit pos­ ici toutes ces règles (distanciation, éclairages focalisés et en­
séder un musée digne de ce nom, mais aussi que l'on com­ vironnement neutralisé, sens de visite déterminé par le sens
prenne bien qu'elles n'ont de signification dans le musée de lecture et déterminant le plus souvent l'asymétrie,
sans une étroite interdépendance, la collecte conditionnant etc ...); ces règles n'ont aucun intérêt en elles-mêmes si elles
la conservation, la présentation, l'animation, et inverse­ ne sont intégrées à la philosophie de l'ensemble.
ment, la recherche conditionnant les unes el les autres et En conclusion, si la spécificité muséale est inconstestable,
étant conditionnée par eux. et si une discipline existe qui se distingue nettement des sim­
Si tel est le cas, l'ensemble des activités muséales possède ples pratiques muséographiques, il appartient aux gens de
une qualité spécifique qui en fait une discipline particulière. musée de préciser s'ils souhaitent appliquer le terme de mu­
séologie au seul langage qui leur sert à communiquer avec le
Unc fois reconnue la spécificité de celte discipline, la public ou à l'ensemble des recherches et des réflexions qui
question qui sc pose immédiatement est de savoir dans leur permettent d'exercer pleinement leur métier, même si la
quelle catégorie elie se situe parmi les activités humaines. plus grande partie de ces dernières se situe dans le cadre de
sciences qui existeraient de tOUles façons sans le musée.

t8
Anna Gregorova

Chargée de recherche à la cJstrednd sprdva muzef a galérif


(Office central des musées et galeries d'art),
Bratislava, Tchécoslovaquie

Les dernières années de mon activité au Musée National logique, psychique et éthique. Ce rapport muséologique
Slovaque de Bratislava je me suis penchée profondément avec la réalité n'est pas apparu subitement, mais il fait par­
sur ma propre initiative - en tant que philosophe - sur les tie de l'évolution générale de l'homme, donc du processus
problèmes de la muséologie. Mes efforts ont abouti à une culturel et social de l'humanité.
vaste oeuvre, de 400 pages, dont j'ai choisi, pour le Comité Le deuxième aspect spécifique qui caractérise le rapport
international de muséologie (ICofoM), quelques idées fon­ muséologique homme - réalité est l'aspect de structuration
damentales auxquelles je suis parvenue et qui sont liées au et de différenciation de la réalité, qui se manifeste dans le
1" thème du programme de l'ICofoM - «La muséologie­ fait que l'homme est conscient de la totalité de la réalité,
une science ou seulement un travail pratique?», tout en distinguant la substance par rapport au phénomène,
A mon avis, il est périmé de poser la question «soit la partie par rapport à l'ensemble, les traits spécifiques et
science soit seulement activité pratique»). Je considère la uniques par rapport aux traits généraux etc. C'est pourquoi
muséologie (non seulement pour sa terminaison «Iogie») nous pouvons appeler cet aspect «aspect générique». Alors
comme une discipline scientifique en voie de formation, que l'aspect de «continuité de la réalité» (sens historique)
dont l'objet est l'étude du rapport spécifique homme - réa­ reflète plutôt le côté éthico-psychologique du rapport mu­
lité, et ce dans tous les contextes dans lesquels il s'est mani­ séologique homme - réalité, l'aspect «générique de la
festé et se manifeste concrètement. réalité» est lié au niveau des sciences, des connaissances, de
(Z. Z. Strânsky a été le premier dans notre pays à pré­ l'éducation à un certain moment. Le côté psychologique ou
coniser une conception de la muséologie dont l'objet est le psychique du rapport muséologique de l'homme avec la réa­
rapport spécifique homme - réalité; d'ailleurs l'approche lité peut avoir différentes racines, mais la motivation fonda­
philosophique de ce thème nécessite d'elle-même une telle mentale est ici le sens historique mentionné ci-dessus, qui a
solution qui permettrait de développer les problèmes sur donné la première impulsion à la constitution de collections.
une base théorique). En effet, ce n'est qu'à un certain degré de son évolution que
Dans le cadre de ce rapport spécifique, donc muséolo­ l'homme est capable de concevoir et d'apprécier les valeurs
gique à l'égard de la réalité il est possible d'examiner 3 grou­ de la réalité (culturelle ou naturelle) et de prendre vis-à-vis
pes de problèmes fondamentaux: le musée et la réalité, le d'elles une attitude muséologique qui se manifeste de façon
musée et la société et enfin les problèmes terminologiques en concrète par la constitution de collections et la protection de
connexion avec l'analyse des fonctions du musée. Ce n'est ces valeurs. Ce rapport muséologique à l'égard de la réalité
qu'après une telle approche analytico-inductive que nous revêt un certain aspect institutionnalisé dans lequel apparaît
pourrons parvenir. par une méthode déductive, à une syn­ la notion propre du musée. Dans ce sens, le rapport muséo­
thèse qui permette de formuler logiquement la définition logique avec la réalité a été démontré pour la première
des notions musée et muséologie. fois par un fait historique, qui a été découvert par Léonard
Woolley: la princesse Bel-Chalti-Nannar, fille du dernier roi
de Babylone, Nébonide, a réuni, au VI' siècle avant J .-C.,
1 Le musée et la réalité une collection qu'on peut considérer comme le plus ancien
Le rapport muséologique de l'homme avec la réalité est ca­ musée au monde, et qui fut documentée par un registre
ractérisé par certains aspects spécifiques. Il s'agit tout d'objets, qui est sans doute le plus ancien guide connu de
d'abord de l'aspect chronologique tridimensionnel de la ré­ musée.
alité qui se manifeste par le fait que l'homme se rend comp­ Le développement du rapport homme - réalité n'a cessé
te de la continuité de l'évolution historique et que par consé­ de s'approfondir et de se préciser - et ce même sous son
quent il a du respect à l'égard du passé, des traditions et res­ aspect institutionnalisé - du VI' siècle av. J .-C. jusqu'à nos
sent le besoin de les protéger etc.; cet aspect du rapport mu­ jours. Parallèlement, nous pouvons constater le développe­
séologique de l'homme avec la réalité peut être appelé aussi ment de la conception des fonctions du musée et la différen­
aspect de la «continuité de la réalité» ou plus simplement ­ ciation des types de musées.
<de sens historique». Cet aspect du rapport muséologique Cependant, le problème des musées et de la réalité ­
homme - réalité a en même temps des composants gnoséo­ comme objet de l'étude muséologique - ne se borne pas

19
seulement au rappon muséologique de l'homme avec ceUl' lieulier. Du point ue vue des calégorie.'> de la psychologie so­
réalité: il reste ici encore la réalité choisie elle·même, l'objet (.:iale, il faut étudier aussÎ les problèmes de motivation, d'in­
muséologique (et son contexte), notammenl sa valeur gno­ térêts, d'attitudes, de formation de l'opinion publique,
séologique et son potentiel. Le potentiel gnoséologique de d'influence sur les petits groupes etc. Un important rôle,
l'objet de musée est compris dans sa valeur documentaire dans ce sens, revÎent aussi aux recherches sociologiques ef·
spécifique et surtout matérielle, qui est en même temps la fectuées dans les musées; leur but est d'augmenter l'effica­
valeur muséologique. Le spécialiste d'un musée doit consta­ cité el d'approfondir l'impact des musées.
ter, décrire, apprécier et généraliser ceue valeur dans le pro­
cessus d'étude de l'objet (ou de toute une série d'objets).
C'est le processus de progression du phénomène à la sub­ 3 Musée, muséologie
stance et finalement à la généralisation des connaissances, Les problèmes de terminologie et de catégories font égaIe­
au cours duquel se manifeste et se forme la connaissance de­ ment partie de la muséologie générale. Le défaut de la plu­
puis son degré sensoriel jusqu'à son degré abstrait et de part des définitions existantes de la muséologie consiste, à
concept logique. Même dans les musées, le processus de mon avis, dans le fait qu'elles ne prennent pas en considéra­
connaissance se réalise sous deux formes: la recherche de tion l'exigence stricte de la définition exacte d'une notion
nouvelles vérités de la réalité (recherche scientifique de base) comme élément fondamental de la pensée logique, c'est-à­
et la transmission des connaissances ainsi acquises (recher­ dire la définition per gemls proximum et differentiam speci­
che appliquée), réalisée par les expositions et les activités ficulll (deff. pgp.).
culturelles et éducatives. La confusion et l'inexactitude de maintes définitions sont
dues aussi au fait que les problèmes des musées et de leurs
activités étaient analysés plutôt du point de vue pratique,
2 Le musée et la société sur la base d'une approche institutionnelle et fonctionnelle
L'objet de la muséologie est aussi l'étude de tous les rap­ ct par conséquent elles n'exprimaient pas la substance de la
pons du musée en tant qu'institution avec la société (avec chose. De même que l'objet, par exemple, de l'esthétique ne
l'ensemble de la société et des différents membres et peuL pas être un bâtiment ou une institlltion qui collectionne
groupes), et vice versa. Le rapport des musées avec la réalité Cl expose des oeuvres artistiques, mais le rapport 5péclfique
matérielle (1" groupe des problèmes compris dans l'objet dc esthétique de l'homme avec la réalité, le musée ne peut pas
la muséologie) comme le rapport des musées avec de la réa­ constituer lui non plus l'objet de la muséologie.
lité sociale (2' groupe de problèmes) crée les conditions pour Pour ma définition de la muséologie, je prends en consi­
que la muséologie soit une science interdisciplinaire. Dans le dération (sur la base de l'analyse précédente) le rapport spé­
cadre des problèmes «musée et société» (panie de la muséo­ t..:ifique homme - réalité. Cette définition est alors formulée
logie relativement la plus étudiée) c'est la fO/lClio/l sociale l:omme suit: La muséologie est une science qui examine le
des musées qui devient l'objet de l'étude dans le sens le plus rapport spécifique de l'homme avec la réalité, et consiste
large du mol. II s'agit avant tout de trois aspects fondamen­ dans la collection et la conservation conscientes et systéma­
taux de la fonction des musées: aspect culturel, aspect édu­ tiques et dans J'utilisation scientifique, culturelle et éduca­
catif et aspect sociologique ou socio-psychologique. live d'objets inanimés, matérieJs, mobiles (surtout tridimeo·
L '(J.)pect culturel, l'action des musées et de leurs collec­ sionnels) qui documentent le développement de la nature et
tions sur le public nécessite l'étude de certains problèmes du de la société.
point de vue de la théorie de la documentation et de la théo­ Celte définition, d'une part exclut la possibilité dt: confu·
rie des informations scientifiques. L'accent doit être mis ici ~ioll de l'objet d'étude avec une autre science, d'autre part
sur la valeur gnoséologique el informative ainsi que sur les elle comporte la constatation du caractère synthétique et in­
possibilités des collections (en distinguant par exemple l'in­ terdisciplinaire de la muséologie par rapport aux sciences
formation des faits de l'information des notions etc.) et sur appareillées ainsi qu'aux sciences descriptives (représentées
la connaissance sensorielle et de concept logique. A ce sujet sur la plus vaste échelle dans les musées). La définition de la
nous distinguons par exemple les termes «explication») Cl muséologie en taot que science ne peUL donc pas être basée
«interprétatioJl)) des objets, des collections de musée. ~ur le musée (comme établissement, bâtÎment, institution) ni
L'aspecl édacalif de l'action des musées (engloballl ~ur les objets collectionnés, les collections. Les institutions
l'idéologie ct la conception du monde) nécessite avant toUl ne sont pas l'objet de la science, car on peut les concevoir
l'étude du processus éducatif lui-même et de ses possibilités aussi comme une architecture, un bâtiment. Les coilections
spécifiques dans les musées: ce processus représente plu­ ne peuvent pas être l'objet de la muséologie en tant que
sieurs types d'éducation (esthétique, polytechnique etL), science d'autant plus qu'elles sont elles-mêmes l'objet
toujours par rapport au caractère d'une collection donnée. d'étude d'autres disciplines scientifiques (notammeIH des­
Il faut prêter attention également au caractère idéologique, criptives) qui sont appliquées même dans les institutions
psychologique et pédagogico-psychologique de ce proecssus autres que les musées. Les recherches scientifiques des mu­
éducatif uniforme, compte tenu des différents types de ~ées comme telles ne peuvent pas être non plus l'objet de la
public de musée; cela demande une étude des visiteur~ uu IIJu",éologie (car elles constituent l'objel d'une part de la
point de vue des catégories de la psychologie généralc, ct ~cicnce sur la science, d'autre part de la méthodologie et de
surtout de la psychologie de la personnalité. Dans ce con­ l'histoire de la science, ainsi que des différentes disciplines
texte il faut souligner l'importance des musées comme fac­ sdentifiques). L'activité culturelle et éducative ne peut pas
teurs généraux de culture ct de leur impact idéologique sur être l'objet de la muséologie car elle est réalisée aussi par
la formation de la conscience sociale. plusieurs autres institutions et qu'elle est en même temps
L'effel sociologique ou socio-psychologique des musécs l'objet des préoccupations théoriques de tout un ensemble
exige d'étudier l'influence sociale et culturelle des musées uu d'3utreS disciplines scientifiques (histoire et théorie de la
point de vue des catégories de la sociologie et de la psycho­ cullure, sociologie, psychologie etc.), totalement ou par­
logie sociale. Il s'agit ici de trois types de facteurs de l'inl1u­ tiellement, mais toujours par rapport à l'objet d'étude
ence sociale des musées (qui naissent de l'interaction entre propre.
l'individu et la société, ses groupes, ses institutions etc.), La définition ci-dessus de la muséologie détermine cet
compte tenu des problèmes de modèles culturels, de la pcr­ objet d'élude qui détache la muséologie de toutes les autres
sonnalité-modèle (comme produit typique d'une cenaine dis":Îplines scientifiques, el en fait une discipline indépen­
société) el soulignant le processus de socialisation (accultu­ dante avec son propre objet d'élUde d'une spécificité parti­
ration) de l'individu, dans lequel les musées ont un rôle par­ culière. Cet objet d'étude est en même temps un aspect de

20
l'existence matérielle du monde et de ses rapports et phéno­ collections; 3) utilisation générale des collections de musée.
mènes; en effet, n'importe quel rapport homme - réalité Cette dernière fonction peut être divisée encore en fonction
reflète en quelque sorte celte réalité. Etant donné que ce de recherches scientifiques et en fonction culturelle et édu­
rapport spécifique avec la réalité est concrétisé par l'énumé­ cative (en les réunissant on obtient la notion de j'utilisation
ration de ses caractéristiques fondamentales, la définition générale des collections de musée).
du terme «muséologie» laisse entrevoir en même temps qu'il Dans le cadre des différentes fonctions j'analyse en détail
s'agît d'un système complexe el intérieurement consistant les différentes activités découlant de la fonction donnée,
des connaissances concernant l'objet d'étude donné - ce c'est pourquoi les problèmes s'étendent en largeur, interve­
système des connaissances a été analysé aux points 1 et 2 (le nant dans les différentes activités (ct opérations), réalisées
musée et la réalité; le musée et la société). dans le domaine des musées. Le manque de place ne me per­
En rapport avec la définition de la muséologie, on peut met pas toutefois de mentionner ici plus en détail ces pro­
formuler aussi la définition de la musée comme suit: «Le blèmes.
musée est une institution qui applique et réalise le rapport
spécifique homme - réalité, consistant dans la collection et En conclusion je tiens à souligner ce qui est aujourd'hui
la conservation conscients et systématiques et J'utilisation déjà accepté par tous les pays ayant une culture: les musées
scientifique, culturelle et éducative des objets inanimés, ma­ sont irremplaçables en tant qu'institutions culturelles; ils
tériels, mobiles (notamment tridimensionnels) qui docu­ ont des fonctions caractéristiques qui ne peuvent être rem­
mentent le développement de la nature et de la société». Par placées par rien et une mission sociale créative (surtout cul­
celte définition nous avons caractérisé d'une façon à peu turelle). Je considère cette mission sociale des musées
près exhauslive tous les traits fondamentaux et spécifiques comme leur fonction principale dans chaque société; mais,
par lesquels les musées se distinguent des autres institutions les musées servent à la société par toutes leurs fonctions qui
Je l:3ral:tt:re similaire. constituent une unité indivisible.
La notion de musée, délimitée par cette définition permet En ce qui concerne la muséologie elle-même, je répète ce
d'analyser plus en détail les fonctions du musée. Par le que j'ai dit plus haut; la muséologie n'est pas une «activité
terme fonction on entend l'oriemation, l'objectif de l'activi­ pratique», mais une nouvelle discipline scientifique avec son
té, exprimant en même temps la mission et la sphère d'acti· objet d'étude, ses méthodes et moyens de recherche pro­
vité; les fonctions des musées font l'objet d'une riche littéra­ pres. Avec le développement des musées et leur inOuence so­
ture. Il découle de ma définition du musée qu'il s'agit pe ciale croissante à "époque de la révolution scientifique et
trois (éventuellement quatre) fonctions fondamentales: 1) technique, il s'avère indispensable de former et codifier
collecte consciente et systématique des objets de musée el cette nouvelle discipline scientifique dans le cadre des autres
formation des collections; 2) conservation et protection des sciences.

21
Bengt Hubendick

Directeur du Naturhistoriska museet (Musée d'histoire naturelle),


G6teborg, Suède

On m'a demandé de répondre à la question: la muséologie le fait dêtre unique qui détermine le choix? Jusqu'où peu­
est-elle une science ou concerne-t-elle uniquement les tra­ ton prévoir un changement dans le temps quand il s'agit de
vaux pratiques de musée? Nous commencerons donc par la valeur informatrice des objets? Quelles nouvelles techni­
définir ce que l'on entend par «science» et par «travail pra­ ques peut-on développer qui ajoutent au contenu potentiel
tique» dans ce contexte. d'information? Qu'allons nous demander demain sur le
A mon sens, le terme <<science» désigne J'acquisition d'un temps passé? Comment faut-il équilibrer les coûts entre
ensemble d'expériences recueillies de façon contrôlée. Dans l'acquisition d'un objet, sa conservation et l'emmagasinage
le cas présent, cela veut dire assimiler la manière de faire lors du choix? Dans quelle mesure peut-<>n accepter des ca­
fonctionner un musée et baser cette assimilation sur J'expé­ deaux comportant des stipulations qui en restreignent la
rience acquise. manipulation ou "emploi?
Par «travail pratique» on peut entendre le travail effectué Une collection est inutile sans une conservation et un em­
dans un musée, sans prendre en considération le but du tra­ magasinage appropriés. Ces deux fonctions constituent la
vail. Certains travaux de musée sont effectués de cette ma­ deuxième responsabilité importante d'un musée. Son but
nière, mais ce n'est pas très pratique. principal est de conserver les collections de telle manière que
Enfin, la muséologie c'est la connaissance des musées et l'information qu'elles contiennent demeure intacte et dispo­
de leurs fonctions. Cela pourrait être par exemple, tout sim­ nible. Comment y parvenir? Quelles techniques faut-il em­
plement, un inventaire des musées existants. Dans ce con­ ployer? A l'aide de quelle technique, le matériel pourra-t-il
texte, cependant, il s'agit pour moi de la connaissance du conserver ses possibilités d'exploration les plus vastes? Le
fonctionnement d'un musée avec sa philosophie. catalogage et l'enregistrement des objets sont aussi néces­
Comme je l'ai déjà mentionné, le fonctionnement d'un saires pour faciliter J'utilisation des informations. Jusqu'où
musée peut s'effectuer sans caractère philosophique et est peut-on aller en ce qui concerne l'élaboration de catalogues
alors réduit à un simple travail pratique, pas forcément dans et l'enregistrement en utilisant des méthodes simples ou so­
un but bien précis. Il peut être également réglementé sciem­ phistiquées? Les coûts et les efforts doivent être calculés en
ment par une philosophie sous-jacente. Cette philosophie fonction du bénéfice en ayant présent à l'esprit que chaque
doit être, au moins partiellement, basée sur l'assimilation objet peut être rarement demandé mais que l'utilité de la
de l'expérience acquise de façon contrôlée, ce qui exige collection repose sur sa disponibilité. Un certain nombre
beaucoup plus qu'un simple travail pratique. Autrement de questions transforment ce travail pratique de musée en
dit, que la muséologie soit une science ou alors uniquement science.
un travail pratique, c'est une question d'approche. Je vais Extraire des informations d'un objet peut le détruire par­
illustrer ceci en citant un certain nombre de fonctions du tiellement ou totalement. Ceci s'applique par exemple aux
musée considérées soit comme des travaux pratiques uni­ analyses chimiques ou à la détermination de l'âge d'un
quement, soit dans un esprit scientifique. objet par la méthode «carbone 14». Un exemple extrême est
La fonction première d'un musée concerne ses collec­ la reconstitution d'un fossile en le râpant tranche par tran­
tions. La fonction élémentaire d'un musée est de contrôler che. Durant cette opération, le fossile disparaît complète­
continuellement l'évolution de chaque secteur bien défini en ment, mais en revanche on obtient des renseignements sur
rassemblant des objets à partir de données s'y rapportant. sa structure interne. Prendre une telle décision, en pesant le
En général, le musée n'a pas les moyens d'acheter les nom­ pour et le contre, est une affaire compliquée et qui doit
breaux objets qui lui sont proposés. Acquisition implique donc être basée sur des principes scientifiques.
sélection. Pour quelle raison? C'est précisement la raison Par cet exemple, nous avons atteint le troisième devoir
qui fait la différence entre une approche scientifique et un d'un musée: celui d'extraire des informations des collec­
travail pratique. L'approche scientifique soulève un grand tions par le traitement et la recherche scientifiques. Le trai­
nombre de questions. Est-ce que les objets doivent être tement scientifique et la conservation d'une part, la recher­
choisis en fonction de leur représentativité? Représentativité che d'autre part, représentent deux étapes de cette fonction.
de quoi? L'objet unique, est-il représentatif ou faut-il une Le premier implique un travail assidu comportant des dé­
série d'objets permettant des données statistiques? Ou est-ce tails sans développements intéressants. Le deuxième peut

22
(onsister en un travail scientifique Ùt' pionnier intéressant. sel' la question: comment?
Le premier esl monotone et ingrat, le deuxième est inspi­ Celle qlle~tioT1 «comment?» entraîne ;', son tollr lll\t.' sl..~ril..'
rant, encourageant, quelquefois même assez I..'aptivant ct d'autres questions. Quelle l'Sl la l:apadté ~.rassill1jlatillll
qui peut même donner la célébrité. Le premier implique une d'un visiteur et que peut-il assimiler debolll? Comment sti­
responsabilité pour l'avenir en assurant la qualité scîenti· muler son intérêt? Commem éveiller sa curiosité? Comm~nt
Iïque ct l'utilité des collections, ct le deuxième la récolte des sont perçues les différentes espèces de s)'mboles~ Dans un
fruits tout de suite. Evidemment, il est souvent tentant pour certain contexte, l.:ombien de mots peut-on employer? Dans
un t.,;onservateur de favoriser la rel.:herche au dél riment de la certains l.:as particuliers, quel type de lettres doit on utiliser
(onscrvation slrictc. Très souvent, le travail fustidcux de Cl dl' quelle grandeur? Combien de paragraphes doit com­
conservateur - contrôle des données, étiquettt's correctes, porter un texte pour être aussi lisible que possible? COIll­
dassilïl.:utinn, l:atalogage - exige plus d'hcures de travail ment éviter de décourager certains visiteurs sans ennuyer les
que l'on ne peUl cn donner ct plus lk l:onnaissances scienli­ autres? Quel csi l'équilibre optimal entre une information
tïquc~ qu'jln'cst né,cssairc. La qucslÎon csi de savoir com­ solide -et la manière de provoquer un engagement ~motioll­
ment ~quilibrer la recherche aujourd'hui avct,; la conserva­ nel? Ceci n'l'st pas une liste de questions. mais quelques
tion uu potentiel sciemilïquc des collections pour l'avenir. exemples de questions types. Et, naturellement, il n'y a pas
Souvent, dans les pet its musées le travail de recherche de réponses uniques à ces questions types, le public étant ex­
n'existe pratiquement pas. 11 faut espérer que le travail de trêmement hétérogène. Il ne faut pas désespérer, mais tra­
conservation est fait. Parfois, dans les grands musées, il y a vailler avec persévérance pour combler le fossé qui nous sé­
des personnes chargées du travail de conservation et d'au­ pare des solutions optimales. Le travail pratique seul - ef­
1res du travail de recherche. Dans les musées de taille forts et erre,urs - avec un esprit observateur peuvent aider
moyenne le con nit peut être ressenti profondément. La phi­ considérablement. Mais une approche scientifique peut pro­
losophie ne peut certainement pas résoudre cc problème. gressivement mener au but de façon plus directe.
Lorsqu'on est responsable, il faut souvent sacrifier le travail La préparation d'une exposition pourrait peut-être être
de recherche au travail pratique. Le problème de la fonction une science, mais encore peu développée. Une condition
du musée - sciences ou simplement travail pratique - est sine qua non pour développer cette science sont de sérieuses
certainement concrétisé dans ce conflit. connaissances. Comment pouvons nous savoir ce qu'un vi­
Le quatrième devoir d'un musée est bien sûr de commu­ siteur retient de sa visite à un musée qu'il ignorait avant?
niquer des informations, expériences, émotions essentielle­ Des études scientifiques ont été faites dans ce domaine et el­
ment par des expositions. Mais comment? Les variations les démontrent clairement combien il est diflïcile d'obtenir
possibles sont illimitées et nous ne savons pas comment eUes des réponses sérieuses.
fonctionnent véritablement. Autrefois, il était naturel que Franchemenl, je ne pense pas qu'il ne nous soit jamais
les expositions soient organisées par des hommes de sciences possible de développer l'art de monter une exposition à un
seulement de telle manière que leurs collègues scientifiques niveau tel que nOlis puissons connaître à l'avance la réponse
ne puissent déceler ni fautes ni lacune. Une approche scien­ à ce que nous faisons. Et à mon avis c'est fort heureux. Si
tilïquc fut adoptée dans un but erroné ou sans but de con­ nous atteignons ce sommet, la préparation d'une exposition
templation du tout. Le résultat pouvait être ennuyeux et perdra alors son caractère d'aventure et l'organisateur
vide de sens pour un public profane. Dans un cas extrême perdra goût à son travail. Il ne sera plus motivé, son engage­
que j'ai eu l'occasion de voir dans un grand musée européen ment personnel disparaîtra et j'ai bien peur que ce ne soit
récemment construit, les scientifiques avaient abandonné une grande pene.
toute la préparation de l'exposition à un seul décorateur.
d'où de magnifiques vitrines ne laissant aucune place au Muséologie - science ou simple travail pratique? Il est
message atLendu. II apparaît donc que le travail pratique temps de répondre à la question. La muséologie, au sens où
quel qu'il soit n'est pas suflïsan!. Habituellement, un cer­ l'on entend les principes, les méthodes et les techniques fai.­
tain équilibre est nécessaire et cet équilibre doit être fondé sant partie du fonctionnement d'un musée, est une science
sur une approche scientifique, refléchie, etayée solidement pauvre si on la considère comme à la limite de la recherche.
de connaissances spécilïques et dans un but bien défini. Le Le travail d'un musée, par contre. est aussi bien une science
but n'est naturellement pas de convaincre vos collègues que qu'un travail pratique. Mais, avant tout, c'est un travail
vous connaissez votre métier, ni de créer un vide esthétique. pratique cérébral effectué dans un esprit scientilïque. Mais
Il faut savoir cc que nous voulons communiquer et à qui ce - pensée blasphématoire - cet esprit scientifique n'est pas
message s'adresse. Ce n'est qu'après cela que l'on peut po­ loin du bon sens associé à la culture.

23
Louis Lemieux

Directeur du Musée national des sciences naturelles,


Ottawa, Canada

La muséologie, à mon avis, n'est pas une science. Les pro­ requièrent une attention et des soins qui relèvent de la mu­
cessus et méthodes de la recherche scientifique sont bien séologie et qui incluent la documentation des pièces, l'em­
établis et connus, de sorte que les résultats de cette recher­magasinage, le catalogage,la préservation et la restauration.
che peuvent être aisément évalués par ceux qui sont des fa­ On peut se former à ces tâches en suivant des cours de mu­
miliers de la méthodologie, et que le curriculum pour l'en­ séologie, mais le responsable de l'enregistrement ou le res­
seignement d'une science est assez facile à dresser. Par con­ taurateur ainsi habilité est encore loin d'être un muséologue
tre, le produit de la muséologie, un bon musée, est un orga­ complet, même si sa participation à l'ensemble de l'entre­
nisme complexe dont il est difficile d'évaluer la production. prise est essentielle. Les conservateurs doivent participer à
D'autre part, on sait par expérience qu'il n'existe pas de l'élaboration et à la mise en oeuvre des expositions; ils por­
modèle absolu selon lequel la muséologie peut être ensei­ tent des jugements sur les prêts et sur la question de savoir si
gnée. un objet peut ou non être exposé; il leur faut servir les pro­
Cependant, la muséologie est certes plus qu'une activité fessionnels intéressés à l'étude des collections; ils auront à
pratique du musée ou qu'une façon de faire les choses. Elle rédiger des textes qui s'adressent au public, etc. Il est évi­
est une combinaison de connaissance, de compréhension, dent qu'ils doivent comprendre et apprécier ce que le musée
d'aptitude et de métier, auxquels viennent s'ajouter une s'efforce d'accomplir, et contribuer à la tâche tout en recon­
bonne dose de vision, d'inspiration, de dévouement et de naissant que les exigences des autres sections devront être
patience. Voilà pourquoi on a peine à recruter des muséolo­ considérées positivement même si elles entrent en conflit
gues; le candidat recherché n'est pas simplement celui qui a avec certains de leur propres standards. On voit bien que
bien réussi ses élUdes et qui possède un diplôme. Devant ca­ tous ces attributs du bon conservateur ne SOnt pas du do­
tégoriser la muséologie, je l'appellerais un art plutôt que maine de la science et qu'on ne peut d'ailleurs les enseigner
toute autre chose. tous. Il faut avoir du jugement, une motivation, de la com­
Le musée, avec ses diverses fonctions et ses départements, préhension et une bonne attitude qui, avec la connaissance
s'apparente à J'orchestre. Pour produire une bonne mu­ et le talent sont les éléments de l'art.
sique, chaque groupe d'instruments doit bien jouer et la La seconde fonction du musée, la recherche, consiste
section la plus faible diminuera l'ensemble. Quant au direc­ principalement en l'étude des collections afin d'en faire res­
teur, il doit réussir à tirer le meilleur rendement possible de sortir la signification en tant que parties, ou témoins, du
ses musiciens, et à les faire jouer en harmonie et selon le patrimoine culturel ou naturel de la société que le musée
tempo qu'il désire; c'est aussi lui qui choisit le programme, sert. Si les collections constituent la base du musée, la re­
connaissant les capacités de son groupe et Je caractère de cherche en est l'âme - ce qui le rend vivant. La recherche
son auditoÎre. Même si cette comparaison est très simplifiée, est l'oeuvre d'hommes de science ou de professionnels, mais
iJ serait peut-être utile de considérer tour à tour chacune des un chercheur n'est pas nécessairement un bon scientifique
sections du musée pour voir ce que la muséologie en exige, de musée. Tous les musées devraient avoir une politique de
puis de les orchestrer à nouveau dans un mouvement final. recherche qui reflète les objectifs de l'institution. Les buts
Les principales fonctions du musée sont les collections, la de la recherche, en termes larges, pourraient être: de pro­
recherche et la diffusion des connaissances; les sections de mouvoir une prise de conscience et une appréciation de la
l'orchestre sont les instruments à vents, à cordes et les in­ valeur de patrimoine et une volonté de le préserver; de met­
struments à percussion. Chaque fonction ou section com­ tre en lumière les problèmes auxquels la société fait face et
prend dÎvers instruments. Examinons les fonctions du mu­ de présenter des éléments de solution; de favoriser une
see. appréciation accrue des réalisations dans les domaines artis­
Les collections sont confiées aux soins des conservateurs. tiques, sociologiques, scientifiques et technologiques. Le
Dans un musée de quelque envergure, les conservateurs se­ chercheur oeuvrant au musée doit se laisser guider par de
ront probablement des professionnels: historiens, historiens tels objectifs plutôt que par son intérêt personnel. Il est
d'art, anthropologues, scientifiques, etc. Mais le fait qu'ils peut-être des scientifiques qui prennent un emploi au musée
soient professionnels n'en fait pas des muséologues. Pour­ croyant qu'ils pourront y poursuivre leurs travaux sans être
tant, les spécimens, artefacts et oeuvres dans les collections dérangés par les objectifs de la maison. Ce n'est pas le cas.

24
Le chercheur doit être muséologue, ce que la science ne lui à l'occasion d'un travail à exécuter: c'cst parœ que chaque
donne pas mais qu'il doit acquérir en étant attentif, et en ré· participant doit être un muséologue.
pondal1l aux aspirations de la société et de l'institution qu'il Il en va de même si on a choisi de communiquer en utili­
sert. sant la publication. La plupart des éditeurs som habitués à
La diffusion des connaissances, troisième fonction du atteindre l'objectif de l'industrie qui est dc faire lin profit.
musée, est la plus complexe à cause de la variété des tâches Mais les musées financent leurs publications [QUI comme ils
et appons que son exécution implique. Une fois le sujet à font pour leurs expositions, leurs programmes éducatifs et
diffuser déterminé et l'information disponible, il reste à les conférences qu'ils présentent. L'éditeur du musée doit se
choisir le chemin à suivre pour aueindre le public: exposi­ familiariser avec les objectifs de l'institution et s'appliquer à
tion (permanente, temporaire, itinérante ou mobile), pro­ les aueindre [Qut en utilisant des paramètres autres que ceux
grammes éducatifs, conférences, publications, usage des auxquels il est habitué. Sa tâche est d'aider le musée à servir
média. Quelque soit la méthode retenue, le service des rela­ la société.
tions publiques doit informer le public du programme. Pre­ Les administrateurs d'un musée ne sont pas dispensés
nons l'exemple de l'exposition. Pendant longtemps, il a suf­ d'avoir à devenir des muséologues. Leur rôle n'est pas sim­
fi aux musées de présenter rangée après rangée de spéci­ plement de contrôler l'activité de la maison ou de faire sa­
mens, artefacts ou oeuvres d'art, pour satisfaire le public. Il voir à leurs collègues ce qu'ils peuvent, ou ne peuvent pas,
n'en va plus ainsi; ce sont maintenant les expositions théma­ faire. Ils doivent s'appliquer à faciliter les tàches el partici­
tiques traitant un sujet qui sont de mise. Ces expositions re­ per aClivement à l'accomplissement des projets; pour ce
quièrent un effort concerté de tous les secteurs: le conserva­ faire, il leur faudra faire montre d'ingénuité, ils auront à as­
teur fournit les objets qui illustreront le thème, lout en indi­ souplir les règles du jeu, à courir certains risques, à concen­
quam leur tolérance minimum et maximum aux conditions trer leurs effons, à maîtriser ou à contourner les obstacles.
de tempéralUre, d'humidité et de lumière; le sciemifique On juge un musée sur ce qu'il produit plutôt que :-.e1on la
donne les informations et les interdits; le chercheur appro­ f;tçon donl il admini"il fi: "t'" f(' ......ource.....
fondit le thème, pUÎsant ici et là des renseignements addi­ Ayant parcouru rapidement la plupart des sections du
tionnels; l'éducateur détermine le niveau de communication lTIu~éc, nous ailon~ mail1lenam le:-. ra:-.:-.embicr pour ulle pru­
que le visiteur pourra saisir et recommande les moyens à ut i­ duction concertée; il nou.\ faul un direc..:leur, dom la lâche
liser pour communiquer; le designer prépare une présenta­ est essentiellemenl la même, que It: musée soit pelit ou
lion qui tient compte de la qualité des objels à montrer el du grand. Ce n'est pas lIne lâche facilc. Le chef d'orchcstre ne
bon goûI avec lequel cela doit être fait, qui assure la protec­ sait pas jouer à la perfection Lous les instruments; ce sont les
tion de ces objets, offre des graphiques lisibles, facilite la musiciens qui SOI1l les experts et ce que le chef partage avec
circulation des visiteurs, respecte les budgets alloués el rend eux est la connaissance de la musique. De même, le direc­
l'entretien facile; le guide ou interprète se préparera à faire teur d'un musée n'est pas un maître dans tous les domaines
le lien entre l'exposition et le public; les fabricants construi­ concernés, mais ce qu'il a en commun avc'.: les membres de
ront le tout scion le design mais en songeant à l'économie; son équipe est la connaissance de la muséologie. On juge les
les préparateurs installeront les objets avec loul le soin vou­ solisles selon leur art personnel, mais Ics membres de l'or­
lu; le personnel de sécurilé donnera son avis sur la préven­ chestre doiveI1l se soulenir les uns les autres ct mérilelll les
tion du vol, du feu, sur l'efret des eXlincteurs, etc. C'esl une bravos si le concert est un succès. Diriger un musée ou un
démarche en effet compliquée. Tous ceux qui participem à orchestre n'est pas une science ni une façon pratique de
l'oeuvre sont des professionnels, mais leur contribution est faire. En quelques mOlS, la muséologie est l'art de gérer un
subordonnée au fait que la communication du message esl musée ou j'une de ses sections.
primordiale. Le conservateur devra peut-être courir certains Nous ne pouvons altaqucr le mouvement final sans la
rÎsques en permcuam l'exposition de divers objets; le scien­ participation du conseil d'administration du musée, un élé­
tifique fournira certains raits qui, pour lui, sont communé­ melH fort important. Les membres du conseil sont des mu­
ment connus alors qu'il préfèrerait parler de ses récemes dé­ séologues en ce qu'ils doivent comprendre le fonctionnc­
couvenes; l'éducateur devra se rendre compte qu'il a un ment du musée et savoir cc qu'ils peuvent en aHendre. Re·
auditoire qui n'est pas captif, mais qui va et vient à sa guise; présentant la communauté desservÎe par le musée, ils sont le
le designer consentÎra à une présentation discrète qui metlra lien entre ces deux entités. Leur rôle principal est bien situer
en valeur l'objet plutôt que son propre savoir-faire; l'inter­ le musée dans son contexte social, conjuguant le potentiel
prète aura à user d'ingénuité pour communiquer un thème de l'institution avec les besoins et les désirs de la sociéh~.
qui est diftïdle à présenter; le fabricant devra travailler sc­ Ils s'acquittent de cela en traçant les grandes politiques et
Ion un calendrier qui lui laisse peu de répit; les agents de sé­ les lignes de conduite qui guideronl le musée, Cl en fournis­
curité se préparerom à protéger une exposition qui pourra salH à celui-ci les ressources qui lui sont nécessaires pour
leur paraître trop vulnérable. bien oeuvrer. Le conseil a de plus la responsabilité d'cnga­
Ces professions, talents et métiers existent presque par­ ger un directeur qui saura obtenir le meilleur rendement de
tout, mais les rassembler selon les besoins pour produirc chacun des membres de son personnel, s'assurant que cha­
une exposition ne donnera pas le résultat espéré. Dans le que participant à ce travail d'équipe recoive le crédit qui lui
contexlc du musée, lous cc~ gen:-. doivcllt contribuer au est dû.
maximulll de CC' qu'il"i "i'WC'n! k micux faire t'I :-.'cfforccr Mainlenant quc tous sont en placl' el prêto, il travailler ell
d'allcindre un but commun qu'ils connaissent et compren­ harmonie, prenon ... notre "iièg(' ct (-COUlon ... le l'oncert. La
nent. Voiiù pourquoi on ne pelll sc comelHer uc Ic:-. rcerui~1 production promet d'être fort artistique el de haule qualité!

25
Geoffrey D Lewis

Directeur des études du musée à l'Université de Leicester,


Grande-Bretagne

Le thème de ce premier volume expérimental des Docu­ (qui devraient influer sur le travail de l'étymologiste (ou éty­
ments de Travail sur la Muséologie concerne uniquement la mographe?);) admettent la muséologie comme une science.
base fondamentale et la nature de la muséologie même. Ce­ La définition du mot ne devrait pas être contestée ici. Un
pendant, la forme et l'aspect interrogateur du thème nous aspect plus important est si les gens des musées peuvent jus­
amènent à conclure que la nature de la muséologie ou la tifier l'emploi du mot dans le contexte de leur travail. Est-ce
question du ferme établissement de ses bases doivent être que le travail de musée est bien établi sur une base scienti­
mis en doute. Immédiatement, en effet, ce doute amène la fique, ou est-ce qu'il est pour une grande partie sur une base
question «que veut dire le terme muséologie?» amateur? Donc, est-il seulement une activité pratique de
Une sélection de définitions venant de dictionnaires l'ad­ musée?
mettent unanimement comme une science. Par exemple, Il n'y a rien de nouveau à mettre en question l'existence
Webster (1961) le définit comme <da science ou profession d'une base scientifique pour le travail du musée. En effet, il
de l'organisation, de l'équipement, et de l'administration y a une décennie, Jelinek, en discutant l'attitude universi­
du musée»; Larousse (1975) la voit comme la «science de taire envers la muséologie, comme sujet, a posé la même
l'organisation des musées, de la conservation et de la pré­ question. «Est-ce que la muséologie est une science ou sim­
sentation des oeuvres d'art des coUections»; tandis que plement un procédé pour travailler, une technique?» A la
l'Oxford English Dictionary (1971) l'admet simplement fin de son argumentation, solide par sa base scientifique, il
comme «la science de la réglementation des musées)}. L'es­ a conclu que «généralement aujourd'hui la muséologie n'est
sai de définition du concept de muséologie par le Comité in­ pas considérée comme une science», (Jelinek, 1970, p 27).
ternational pour la muséologie (rapport de la troisième ses­ Plus récemment Teather a examiné le sujet, dans le contexte
sion du Comité, pp 16-22, Brno, 1979) souligne aussi la de la formation, pour l'Association des musées canadiens;
nature scientifique du terme bien qu'il y ait quelques diver­ elle l'a vu comme «un terrain interdisciplinaire en train
gences de définition. La plupart admettant également la di­ d'émerger après quarante ans» el a ajouté que «la plupart
vision du sujet entre muséologie générale et muséologie spé­ du personnel de musée ou Canada ... ignorent ou nient la
ciale; divisions qui ont été délibérées il y a trente ans par théorie de la pratique muséale» (Teather, 1978, p 207).
Neustupny (1950). Quelques autres se sont allés plus loin à Cette situation n'est pas du tout unique pour le Canada.
inclure la muséologie appliquée, laquelle par définition 11 existe une division évidente des avis parmi le personnel
d'usage courant est la muséographie. des musées dans beaucoup des pays du monde. La situation
Il n'y a pas de doute qu'étymologiquement, la muséolo­ en Bretagne a été attribuée par Duggan (I %9) au «procès
gie est une science, (1) mais il est intéressant de remarquer par lequel le personnel de musées a sauté sans période inter­
que l'Oxford English Dictionary (1976) a suggéré une équi­ médiaire, d'un amateurisme dédié aux élans les plus hauts à
valence entre la muséographie et la muséologie. Tandis que une spécialisation académique. De cet façon ... un abîme a
ces mots continuent tous les deux à être acceptés, et ce de­ été créé entre deux types de pratiques muséales». D'autres,
puis un siècle (OED, 1971), il est nécessaire de se demander par exemple Razgon (1979), suivant Stninsky (1968) et Ri­
si ces deux termes, qui sont si différents mais si intimement vière (1970), considèrent que les crises des musées et la mu­
liés, devraient continuer à encombrer le vocabulaire des mu­ séologie sont liées à l'impuissance des musées par répondre
séologues. Par exemple, si l'archéologie, l'anthropologie, la aux changements scientifiques. techniques, et sociaux de
géologie, et la géographie ont une signification bien com­ nos jours. Sans doute, ceci est vrai en partie qu'il y ait eu,
prise, alors ou la muséologie ou la muséographie suffisent ou non, un ensemble de théories muséologiques capables de
(voir Stefanescu et Zdercius, 1976, sur ce sujet). 11 y a ici les s'adapter à ces tendances nouvelles.
éléments d'un débat stimulant auquel contribueront sans Mais les problèmes fondamentaux paraissent être dans le
doute les implications des deux mots, et la préséance histori­ monde muséal: l'impuissance à identifier le besoin d'une
que de la muséographie et de ses dérivations(2) (e.g. Mendes base scientifique pour le travail du musée; et, de plus,
da Costa, 1776). comme Neustupny l'a suggéré avec raison (1968, p 153) le
Mais, dans le contexte du titre de ce livre, ces définitions développement de la muséologie doit être plus indépendant
de dictionnaires et un ensemble de jugements professionnels de la «pensée muséale». La pensée muséale aujourd 'hui est

26
..'I1\:orc d'un type introspectif inl1uencée pour la plupart par Bibliographie
ks philosophies de spécialistes formés dans leurs domaines
panil.:ulicrs, choisb pour un emploi sur la base de leur expé­ CUYI)\:r,. J. Il. (J9XO)
SUI k ..:ara..:ll'rl· 'p'-~ilï\IU": dc la prok",ion mu,,::!k..\lIlI'·lIm II"II/I/III)! 111
ril.'n..·t.:. Comme Cuypers (1980) a fait remarquer, beaucoup //11II·t".litl" Il'1·l'!. 5-9. ICOM 11II\'rnaliollal COllllllillù· lor Ih..: Ilainilll:' of
de p..'rsollllel des musées, formés seulement dans leurs do­ /l.lu....:urn·I'..:r.olllld. l1ru,~d~
mailles spécialisées croient 'qu'ils sont aptes et prêts pour le lJu~:lI1. A. J. (I%<J)
tr""ail dl' Musée'. Est-ce que la base scientilïque de ces spé­ 1rainilll:' prof..:,-~ionaJ curalOr... Mllwllm~ J. 6~3). pp 1.14-135. london
..'ialisles peut fournir la base théorique du travail de musée'! Jdind.. J. (I97l1)
Si la réponse est oui, alors l'idée de muséologie eSl une hy­ Mu~ ...'()logy alld IIluwltl:'raph)' 111 IIlU"·Ulll\. }"'II/I1/)! II} 1II11\1·/III/I)I'nOI/III·/.
poth':se insupportable, le travail pratique du musée n'est pp 23-34. ICO~1/Hul:'h hd)·n. I.ondun

qu'une extension d'une des nombreuses disciplines scienti­ 1 arllll'W (1<J751

lïques représentées dans les collections des musées, et les (,ranl! l.arou"..: l!..: la 1:llIguI' Iral1..;ai~l\ ~. l'ari,

L·onS(''fvateurs ne sont que des spécialistes de l'un ou l'autre McnrJc~ rJ;J Cmla. l. (1776)

domaine. La profession l11uséale ne peut pas être cela. Il 1..:."/1'111('/111 f~! CIIl/dlOllI).:.\". P 57

s'ensuit que les musées, au mieux, ne sont que des entrepôlS NCU~llIPll)'. J. (l'J5(l)

pour des spécimens naturels et matériels, ct qu'ils sont occu­ QUI'.lIilJIII dl' mu.\'éo{o).:ù· II//Jdcm\'. l'rah'l

pés à des activités qui concernent uniquement l'étude et la N...·u,IUptl)'. J. (I%gj

rel:hen.:he des sujets représentés selon la base théorique par­ '\'//1.11'11111.\ I/ild '1'.\I'II((·h. l'raha

ticulière et la méthodologie du sujct en cause.


NCll'lllPIl)·. J. (1'J71)

Il serait hors de propos d'examiner en détail ici la fonc­ Whal i, lIlu ....-ology·! .\lIIW/II//I l. 71(2l. pp 67-ftH. london

tion du musée ou la théorie sur laquelle elle est fondée. De


(),forl! l.:1ll:'li,h Di.:lionar~ t 1971 t
cene derniere d'aulres ont déjà décrit les aspects (par exem­ 1h..• ...·UllIpiKI nJilion 01 Ihc (hhm.l t:llgJi,h UKlionar)'. (hfun.l
ple Neustupny, 1950, 1971; Strànsky 1966) et nos collègues
u:hécoslovaques ont même préparé une exposition (Schnei­ (hlurrJ lngli,h Di.:tlonar) (19761
S/lppll'II/('III II} 111(' OxjfJrd I..:.I/X/i\1I Vie/ùmu,y. FIJI Il. (hforl!
der 1977); sur la première nous ne pouvons faire plus que ci­
ter les Statuts du Comité Înternational pour la muséologie Ka/gllll. A. ~1. (1979)
(olll"Il1I)()rary mu.......,I,,!» and Ill...· prohlcm nf Ihc plal·'· ot 1Il11'''·1I11l' in Ih..:
«Ulle institution permanente ... au service de la société et de 'Y'll·m 01 'O..:ial in'Iilulioll'. ill Jdilld:. J_ & SJ.II1.Î. v. (cd.l• .\I)I·lOlo1:lI·ul
son développement, ... qui fait dcs recherches concernant /II/(I ("("oll/Kieul U-I/J<·Cf.) in !/I1N/l'rll 111/111'1/111 uclil'ilù'l i" Ih('''KIII /I} (11011(:ru­
liflll 1l'ifJ1 ollt('r _'("/C'l"/(·II 1111/1/1/1/0/11. pp 26-33. Brno
ks tcmoins matériels de l'homme et de son environnemcnt,
<H.:quicrt ceux-là, les conserve, les communique et notam­ KÎ\Î:rc. (i. H. (1\)7(JJ
'Jlll' I1llJWlltll and 111..: l,.'{)Jllcmr1'l.)I'lr~ l\orlrJ. I( 0.\1 ,\'C!t·.I. ~3(31. PI' 33-:\5
ment les expose à des fins d'études, d'éducation ct de délec­
tatiOl1». Est-ce que la formation dans une autre disl:iplinc SdmcirJcr. L. (19771
fournît la base théorique sur laquelle reposent ces al:tivités? ·1 h~' \l'ay 01' 1111J-"ClIrIl': all c\hibiliol1 ,II thl' Muravial1 MU'Clllll. Brl1o. ,\4i/­
I('/IIJI. 21)(~1. pp liD-II)I. UNI·SIO. Pari.,
La réponse, bien sûr, est un non catégorique! Ccne forma­
tion ne fournit que les bases du sujet concerné; de plus avec SId":IIl'·'"·U. 1.. & Z(krl'iu'. H. 111)76)
tl.'hl">l,(llogic..au mU/c\)gralÎc'! MlI:'("c·. lJ131. pp H-Jh. Budl;lfC.,1
l'a..:noissement dc spécialisation au nivcau universitaire il
peut êrre sourenu que la base fournie n'est pas assez ~h.:n· "'lr;ll1,ll././.I!'Hw»
duc. Certainement il est peu probable qu'clic couvrirait la l'fl·l!mèl IllU/l'()lngIC. .\ "o,"iA; II/Ult·rJtillll'l"I·aW lIIu:,c·"/o).:l\·kél,,, \.rllll1fJ:'w
HmollJ6J. Umu
lhéorie nécessaire pour l'application de cc sujet au conte.'\te
museal. h"lIhl·l. 1 . 11'}7~J
l'ro/t'\\umu/ dl"·CIIUlI' lur II/tllt'lII!! "III-A. 11/ (Ul/tII/<I. (, .111;1\11,111 \IU~UlI"
Il CSI nécessaire cependalH de souligner j'élément sociolo­ J\''>Ot:l;lllUli. ()ll<l\\a
gique de la muséologie dans un domaine dominé par les
"111"111:1. S. (11)f,(11
obj~ts. L.e personnel du musée ne sc sent pas tout simple­ I·urr>t.h~·' of c\labli..lllIl\·1lt 01 lit..: nUl">l'UIll ,ml! il, rd;llioll,hil) hl Ihc nllll­
ment con..:erné par «les choses~) il se sent concerné par les lllUllil)·. ""II!Jl'u~rUI}/"nJi ,,·w·un·1i lm llic '"/(' of lli(' 11111\('1/111 III If nlf1llml
t·C·/If1~· ill flll' dl')'C'fop!/l1'1II fi) I//(' l'mmmmlly i/l lll/Hm (/'rdil/lil/cl/Y /w/n/.
gens même si quelques-unes de ses activités répondent à un p 5, Sodal Ll!uciltÎun l1url·au. Milli'lr)" of L:du...· alioll. 10"ro
rôle orienté largement vers la recherche. Comme TsurUla
(1960) a dil: «Un musée ne peut pas exister indépendam­ \\dhl ...· lll'MI)
Il ('111/""\ /II/rd 1/('''' 1l1Ii·,'trU/III/IlI{ 1f/,'IIII/llItT. 1 ()l1d"l1 .111.1 '>P11Ilt!11"hl
ment de la communauté.) La muséologie ne peut pas mé­
connaître non plus pour sa part les considérations théori­
ques de cet élément essentiel de son travail.
Le but de cette courte étude, provoquée par le titre dL'
(cite oeuvre, n'cst pas d'apporter quelque chose de nouveau
à ce sujet, il esi plutôt de souligner fortement le besoin d'y
ajouter quelques contributions nouvelles. Si la muséologie,
commc terme, a une histoire honorable, on ne peut pas le di­
re du sujet lui-même. On en a assez dit pour démontrer que
non seulement semble-t-illa base scientilique du travail mu­
séal reste sur des bases faibles, mais aussi qu'au moins une
panic du personnel de musée l'a dit depuis longtemps; peu
d'entre eux y ont fait quelque chll'e. Les Documents de
Travail 511r la Muséologie peuvent fournir un forum idéal
pour le débat de ces matières importantes au niveau interna­
lional. Nous ne devrions plus avoir lieu de débattre si la mu­ Notes
séologie est un sujel de plein droit; nous devons plUIÔI III 1....· mIl! ·· ....'icll\."C·· \."1)1l111l\" 011 I·a crl1I)lù~''': ki fail allll...ioll il \lll ~'II'l'mhk (.Il' ':011­
présenter le cadre théorique dans lequel la muséologie Cl le l1ai""1111:1" IIrgalll,é ..ur kqucl peul \:11''': d":ldnpl't.;": la ba,c Ih('llriquc
(2) On atlrihuc l'u,agc Ic plu~ I"..:..:ulé rJc Ù"IlC falllilk d..: moh ,'1 McnrJc.. ua l'INa.
mouvement muséal dans son ensemble peuvent sc dévelop­ ··I.a pluparl rJc.~ Ilallirali'II·.. ..:1 dc, lllu\":agraphi\lc, allt ÎI1.:lu u~" l:l1411ill;lgC... rJ,llh
per. leur, OCll\'f'·~." OEl)

27
lit! Neustupny

Premier Conservateur de préhistoire du Ncirodn{ muzeum (Musée national)


de Praha, directeur du Centre d'enseignement de la muséologie et
professeur de préhistoire et de muséologie à la Faculté de philosophie
de l'Université Charles, Praha, Tchécoslovaquie

La muséologie en tant que discipline changements, des extensions et des regroupements durant
ces dernières décennies. Ce qui a eu pour conséquence de
scientifique faire apparaître les mots «théorie» et «discipline)) comme
Avam d'examiner le caractère de la muséologie en tant que tout-à-fait synonymes. Ce qui est important en ce qui con­
discipline, il est nécessaire d'expliquer le sens et l'usage de cerne la muséologie. c'est qu'elle existe en tant que disci­
quelques-uns des termes souvent employés comme syno­ pline, indépendamment du fait que, d'après l'opinion la
nymes ou à la place de «muséologie», plus répandue. elle doit, ou non, être séparée. L'avis de cer­
Pendant longtemps, le mot muséographie est apparu, tains muséologues allemands qui pensent que la «Museums­
dans la littérature sur les musées, comme ayant aussi la si­ wissenschaf\)) est une «Querwissenschaf\)) (science inter­
gnification que nous donnons actuellement au mot muséo­ disciplinaire) mérite d'être relevé. En tout cas, il ne fait pas
logie. Suivant l'étymologie du mot, la discipline qu'on ap­ de doute que la muséologie est une discipline hétérogène. A
pelle muséographie pourrait n'être qu'une description du mon avis, le caractère de la muséologie est très proche de la
travail de musée. Une grande partie de la littérature sur les sociologie contemporaine ou théorie de la culture contem­
musées est, en ce sens, muséographique. Nous pouvons, par poraine. Ceci est particulièrement vrai de ce que nous appe­
exemple, classer dans la muséographie les rapports annuels lons muséologie générale, en d'autres termes une théorie et
sur le travail de musée, les articles qui étudient les musées une méthodologie du travail de musée, communes à tous les
d'un domaine particulier, les rapports sur les acquisitions de domaines de la connaissance tels que sciences naturelles, so­
matériel de musée, la conservation ou la restauration des ciales ou techniques, représentés dans les musées
collections, le catalogage, la programmation ainsi que la d'aujourd'hui.
réalisation des expositions. Les activités administratives et Alors que la muséologie générale est obligée de respecter
techniques des musées peuvent peut-être aussi être rangées les principes, besoins et orientations des différents do­
sous cette appellation. maines de la culture, les muséologies spécialisées représen­
En d'autres termes, nous aimerions désigner par muséo­ tentla théorie et la méthodologie de l'application des diver­
graphie tous les aspects purement descriptifs et pratiques ses disciplines du travail de musée. Evidemment il y a deux
des études théoriques du travail de musée. Vue sous cet aspects dans chacune de ces muséologies spécialisées. D'un
angle, la muséographie est l'ensemble des activités qui n'ont côté il yale composant dérivant de la muséologie générale
pas de caractère créatif mais qui projettent un tel travail et donc analogue dans toutes les muséologies spécialisées.
créatif et de recherche sur les activités pratiques des musées. Les muséologies spécialisées doivent répondre aux objectifs
Dans certaines langues, il existe des mots comme MU­ et aux orientations de la muséologie générale parce qu'elle
ZEEVEDENIE, MUSEUMSKUNDE, MUZEOZNAWST­ exprime les besoins de la société dans laquelle et pour la­
WO. Ils semblent couvrir à la fois la muséographie, telle quelle les musées existent. D'un autre côté, chaque muséo­
qu'elle est définie ci-dessus, et la muséologie. Il ne devrait logie spécialisée est en relation avec les besoins et les pro­
pas y avoir d'objection à cela, naturellement, à condition blèmes d'une discipline différente, comme la minéralogie ou
que la muséologie soit reconnue comme existant indépen­ la préhistoire, et contient un composant supplémentaire
damment. La même remarque est valable aussi pour le mot étendu qui concerne ces besoins et ces problèmes.
MUSEUMSWISSENSCHAFT qui est actuellement utilisé Tous ceux qui sont en rapport avec l'organisation du tra­
par certains auteurs comme un parfait synonyme de muséo­ vail de musée ont rencontré des membres du personnel des
logie. musées qui nient dans la pratique l'utilité de la muséologie.
La muséologie peut être parfaitement définie comme la L'expérience personnelle, quelquefois complétée par celle
théorie et la méthodologie du travail de musée. La question du prédécesseur, est élevée au rang de modèle théorique. On
posée par certains auteurs est de savoir si la muséologie est ignore souvent que ceUe expérience repose principalement
une discipline scientifique indépendante ou si elle n'a que sur les formes passées des besoins sociaux, ce qui amène un
peu de signification dans le système actuel de la connais­ approche dépassée de la réalité sociale, et donc elle est d'une
sance et de la sociologie contemporaine de la science. Même valeur douteuse dans la situation actuelle. Dans la plupart
les disciplines les plus classiques ont subi de considérables des cas, elle manque totalement de possibilité de s'adapter

28
aux problèmes de la société contemporaine et de ce fail est à l'élude des divers aspects de la nature et de la société hu­
la fois statique et imprévoyante. Les changements ont lieu maine demeurera une partie importante du comportement
dans "environnement social; "expérience des générations social de l'homme. La structure institutionnelle de celle ac·
précédentes ou actuelles, bien qu'étant certainement au tivité peUL changer dans J'avenir et les collections, conser­
nombre des facteurs de décision importants, ne peut con­ vées actuellement dans les musées, peuvent être transférées
stilUer l'unique base d'un comportement efricace. Il faut dans d'autres institutions telles que des instituts de recher­
plus, et ce plus peut être trouvé dans la discipline de la mu­ che spécialisés. Cette éventualité cependant ne peut changer
séologie. Cependant un membre du personnel d'un musée la nature du processus caractéristique de telles collections.
peut désirer éviter la muséologie, sa tentative ne pourra Les musées, sous une forme ou sous une autre, demeureront
qu'être un échec. Cette discipline est nécessaire si nous vou· et avec eux demeurera la muséologie.
Ions comprendre le rôle des musées dans la culture contem­
poraine et leur place dans l'avenir.
Les nouvelles générations de personnel de musée sem­
blent être moins orientées vers l'expérience et plus enclines à Bibliographie
accepter la nécessité d'un modèle théorique concernant les Nt'USlupnS.. J. (1950)
nouveaux comme les anciens problèmes. La théorie et la Olli::.ky (/nl.'!>'nihu I1IUSl'jIlÎcf\'i - ()u{'),lÎon.. ,k 111l1\l:ologi{' mo<krn{', Praha
méthodologie ont joué un rôle d'une importance croissante
N{'u\lUpnS', J, (1%8)
dans la formation aux diverses disciplines comme les scien­ Museum u/ld Unwlfôl, Pra ha
ces sociales, naturelles et techniques représentées dans les
Ncu!>lUpnS'. J, (1971)
musées, la sociologie, la science de l'éducation, la théorie de \\'hat is mUJ>(:ology'! MII:><'/II11'" JO/lrnul, 71 121, pp 67-68, London
J'administration ou l'économie. Le nouveau personnel de
CU.J>lupnY, J, (197YI
musée formé à l'une ou l'autre de ces disciplines montrera K jednolé \'ftly a O'I\él)' (To lhl: unit)" of -..:Îl:ncc and cuhurc), MII:,cpli U
une anilUde plus positive envers la théorie et la méthodolo­ \'laSfil'N!m; prrice (Mu\Cum and R{'gionaJ \Vor!.:I, XVII 14), pp 228-232,
gie du travail de musée. La collection de sources pour Praha

29
Jurij P Pisculïn

Directeur adjoint et chef des laboratoires de muséologie


du Gosudarstvennyj muzej revolucii SSSR,
(Musée national de la Révolution), Moskva, URSS

«Le dictionnaire abrégé de la terminologie muséale» pré­ ment un grand intérêt porté aux musées de la part de toutes
paré par un groupe de spécialistes qualifiés, caractérise la les couches socio-<lémographiques de la société soviétique.
muséologie comme «une discipline scientifique étudiant la Devant les théoriciens et les praticiens de la muséologie de
régularité de la création et du développement des musées, l'URSS surgit une tâche importante - ils doivent assurer
leur fonction sociale et la réalisation de ces fonctions en l'utilisation rationnelle des collections des musées «dans le
étapes différentes du développement social». Comme on le but du développement de la science. de l'instruction du
dit dans la définition les composants de la muséologie sont: peuple, de la culture et de l'éducation esthétique, patrio­
la théorie, l'histoire et le travail pratique.(I) tique, idéologique, morale et internationale».(2)
La définition ci-dessus généralise l'expérience concrète de Selon les spécialistes la solution de ce problème ne peUl
la pratique muséale en URSS, des relations entre la théorie être possible que par J'introduction des normes et des cri­
et la pratique en différentes étapes de l'histoire soviétique. tères scientifiques dans tous les domaines de l'activité mu­
De grandes tâches de la révolution culturelle, la nécessité séale ce qui exige l'élaboration ultérieure des notions et des
d'initier des millions de travailleurs à la création politique, connaissances dans les aspects théorique, historique et mé­
scientifique et artistique ont abouti à l'élaboration des pro­ thodique.
blèmes scientifiques en domaine de la muséologie. En 1920 Parmi les problèmes sur lesquels travaillent les centres
on a déjà commencé les recherches scientifiques dans les muséologiques du pays on peut nommer les suivants:
plus grands musées. 1 la nature et les caractéristiques principales de l'objet mu­
Les ouvrages fondamentaux sur la théorie de j'histoire de séal c'est-à-dire du monument de la culture matérielle et
la muséologie, sur la méthode de l'exposition et sur l'éduca­ spirituelle qui est à la base de l'activité du musée comme
tion ont été publiés à cet époque, et les recherches sociolo­ d'un institut social;
giques ont été organisées dans les musées de 1'histoire, de 2 les régularités de la formation des collections des musées
l'art et de l'histoire naturelle. Les données reçues ont été uti­ (surtout en ce qui concerne les nouvelles périodes histori­
lisées dans les manuels, à l'élaboration de la terminologie ques l'art moderne, la technique etc.);
muséale et des méthodes du travail dans les musées, elles 3 les régularités de la représentation du processus histori­
étaient à la base des documents normatifs et du système de que dans l'exposition;
la formation des cadres. Les relations organiques de la 4 les prémisses sociologiques et socio-psychologiques de
science et de la pratique ont assuré un certain niveau profes­ l'activité éducative du musée;
sionnel de J'activité des musées. 5 l'auditoire actuel, sa composition socio-démographique,
A l'heure actuelle, les théoriciens et les praticiens sont les motifs des visites;
obligés de résoudre des problèmes beaucoup plus compli­ 6 les fonctions sociales du musée, leur évolution et les con­
qués parce qu'ils doivent prendre en considération les pro­ ditions de la réalisation aux étapes différentes.
grammes du développement économique et social de grande U est évident que l'élaboration scientifique des problèmes
envergure, le niveau élevé de l'information et de l'éducation théoriques a une grande signification pratique. La muséolo­
du peuple ainsi que la place occupée par les musées dans le gie actuelle exige des recherches et des expérimentations mé­
système de la culture socialiste. ticuleuses, une grande utilisation des méthodes sociologi­
On compte à peu prés 140 millions de personnes qui fré­ ques, socio-psychologiques, statistiques et mathématiques.
quentent les musées par an. Chaque année le réseau des mu­ De plus en plus souvent les muséologues ont recours aux
sées devient de plus en développé: sans compter les nou­ calculateurs électroniques, au renforcement des liens entre
veaux musées devient de et leurs succursales on crée des di­ les spécialistes de différentes branches de la science - psy­
zaines de milliers de musées publics auprès des entreprises et chologues, philosophes, historiens, sociologues, spécialistes
des organisations. Les collections des musées de tout le pays en cybernétique, architectes et d'autres. Il est nécessaire de
présentent une richesse inestimable. On ya réuni plus de 50 créer des groupes de recherche stables ayant une base tech­
millions de monuments de culture matérielle et spirituelle. nique conforme à leur but.
Le travail pratique et scientifique mené dans les musées, les La pratique muséologique nous atteste d'une manière
recherches sociologiques et socio-psychologiques conflf­ convaincante que la force de persuasion et l'authenticité des

30
conclusions théoriques doivent s'appuyer aux recherches muséaux sur l'histoire contemporaine avec une différencia­
fondamentales de l'histoire de la muséologie. tion détaillée des signes et des propriétés déterminant une
Le développement du réseau des musées de l'URSS, la ré­ valeur scientifique, artistique ou politique de fOus les objets
partition des musées sur le territoire de tout le pays, le tra­ - monuments.
vail d'après les modèles de l'administration des musées tout Cependant, l'élaboration d'une méthode pareille au ni­
cela exige des recherches sur l'histoire de la création d'un veau des exigences de la science moderne n'cst possible que
musée particulier ou d'un groupe caractéristique des mu­ tenanl compte des résultats des recherches théoriques el des
sées; des études approfondies de l'histoire de la muséologie expérimentations sur la réception par les visiteurs de diffé­
dans les républiques et les régions du pays. rents Iypes de documenls, des éludes de pratique de pro­
Un autre exemple. Dans les années 60-70 les sociologues longement de la collection des objels muséaux vers l'histoire
et les psychologues ont montré dans leurs études que la du­ contemporaine dans son aspect historique etc.
rée moyenne de J'assimilation de l'information dans les mu­ Une question analogue se pose s'il s'agit de résoudre
sées est égale à peu près à une heure trente (ce qui veut dire d'autres tâches pratiques, par exemple, la méthode d'orga­
que l'appareil psycho-physiologique de la perception du vi­ nisation des excursions; le prix de toutes sortes de services;
siteur est pratiquement débrayé après une participation as­ la structure du musée et d'autres questions du travail pra­
sez active pendant 90 minutes). Ce résultat est confirmé par tique dans les musées. A notre époque on ne peul poser ces
les données des études de la réception qui étaient menées questions avec compétence sans études scientifiques.
dans les années 1920-1930 dans les musées de l'histoire el La muséologie actuelle - c'est une discipline scientifique
de l'art. D'après leur résultat une norme de la réception est appliquée qui doit assurer 10uS les aspects du fonctionne­
aussi à peu près 90 minutes. ment du musée dans la société moderne - en commençant
Le musée moderne est non seulement un institut de re­ par le niveau de la méthodologie jusqu'au niveau des mé­
cherche mais en même temps c'est un établissement d'édu­ thodes appliquées dans une sphère concrète d'activité des
cation et de répartition de la culture. Son activité pratique musées.
ne peut pas se passer des méthodes concrètes dans les do­
maines du complètement des collections, du travail avec les
fonds, de la pédagogie muséale etc.
Il est évident que tous les employés du musée historique,
Notes
(1) Kralkij slovai nltlzejn}\:h lerminov. Moskva, 1974,~. 26
ceux de l'histoire naturelle ou du musée de réserves doivent (2) Zakon Sojuza Socia1i~liéeskich Rcspublik. "Ob ochrallc i ispollOvanii iSlOriü's­
avoir en leur possession une mélhode de choix des objets kkh i kullUrnych pamjalnîkov." Mosha, 1976, s. 1)

31
Daniel R Porter

Professeur et administrateur des Programmes d'enseignement supérieur


de Cooperstown au Collège universitaire d'Oneonta, New York, USA

L'experience de Cooperstown questions suivantes: (1) Le travail de musée est-il une pro­
Ecrivant ceci au début de l'été 1980, je regarde par la renêtre ression? (2) La muséologie est-elle une discipline? (3) Qui
de mon bureau cinq jeunes hirondelles de cheminée qui se doit nxer les normes de l'enseignement? (4) Qui doit déli­
préparent à prendre leur envol. Le nid, sous un auvent, les a vrer les habilitations? (5) Quelle est la meilleure rorme de
protégées physiquement du soleil et des pluies torrentielles préparation pour des débuts réussis dans la proression? (6)
du printemps. L'allention de la mère est constante. Elle a Qui doit avoir le contrôle du contenu de l'enseignement?
gavé les becs béants de centaines d'insectes, dont la sub­ La recherche de réponses à ces questions en débat est
stance a transformé ces petites boules de duvet en machines compliquée par le caractère informel des musées, alors que
volantes bien emplumées. Avec combien d'hésitation pour­ les établissements qui délivrent des diplômes som parmi les
tam les oisillons tentent-ils de se lancer dans un élément organismes les plus fortement structurés. Il a été diffïcile de
étranger. tellement moins sûr et ferme que leur solide nid créer des alliances entre des partenaires aussi différents. Le
d'argile. Comme ils semblent mal préparés à entrer dans le caractère dilettante des musées et leurs modes d'administra­
monde aérien qui est celui des membres adultes de l'espèce! tion souvent particuliers ont entravé les efforts faits par la
Mais demain, deux d'entre eux seront partis, et les autres ne profession pour assurer elle-même sa réglementation et son
tarderont pas à les suivre. Ceux qui ont les ailes les plus rai­ habilitation. Car aussi longtemps que ceux qui IUllent pour
bles seront la proie d'un chat. Mais je soupçonne que la plu­ un statut professionnel se refusent à une critique construc­
pan survivront davantage grâce à leur instinct que grâce à tive entre pairs, ce caractère professionnel restera incon­
l'enseignement maternel. sistant.
L'étape de la formation pour le musée aux Etats-Unis est Persiste également l'idée irritante que les musées sont di­
un nid d'hirondelles. Chaque saison, quiuant la sécurité de rigés par des historiens et des scientifiques plutôt que par
l'université, des novices s'apprêtent à se lancer dans le des muséologues. Et l'incapacité des musées à comprendre
monde inaccoutumé du travail du musée. La mere a bien leur nature fondamentale et à établir pour eux-mêmes un
nourri ses protégés, mais clic n'a pas su leur inculquer la classement uniforme contribue à l'absence d'une formation
technique du vol. L'instinct devra suffire, dans l'univers objective de praticiens convenant à chaque type ou catégo­
peu organisé des musées. Chaque débutant devra apprendre rie de musées.
par lui·même comment échapper aux prédateurs, comment Dès les années 30, les avantages d'une formation spéciali­
chercher sa subsistance, bref, comment s'en tirer. Hélas, les sée pour ceux qui administrent les musées étaient reconnus.
novices du musée ne sont pas dotés d'un instinct aussi sûr Peu à peu, répondant aux besoins ressentis, des pro·
que nos amis ailés de l'autre côté de la renêtre. L'errort de grammes d'enseignement isolés ont été mis au point en liai·
préparation des spécialistes du musée, sur le plan universi­ son avec des départements universitaires établis, afin d'ai­
taire autant que pragmatique, n'a pas évolué dans les col­ der les étudiants à rechercher avec succès les carrières du
lèges et les universités. musée au lieu de choisir une autre profession plus reconnue,
Des douzaines de séminaires, de cours, de programmes, comme l'enseignement. La formation pour le musée est aus·
de postes d'assistants, d'ateliers, d'internats, d'externats, de si considérée comme favorisant l'égalité des chances: un
stages de concentration et d'approfondissement, de pério· moyen d'entrer dans la carrière sans références sociales ex­
des de rormation et d'études de travail, sont proposés par ceptionnelles el sans fortune personnelle.
des centaines de collèges, d'universités et de musées pour L'impulsion particulière la plus forte qui ait poussé à la
l'obtention de grades, de certineats, de diplômes et autres création de programmes d'études du troisième cycle pour le
en rait d'études muséales. Après des débuts combien hési­ musée aux Etats-Unis vient sans doute du besoin qui se fai­
tants dans les années 50, il est apparu deux décennies plus sait sentir dans les musées historiques, les plus nombreux et
tard une pléthore d'expériences visant à préparer les étu­ les plus démunis de LOuS les types de musées, de trouver du
diants à réussir cette transition entre le nid et l'air libre. Le personnel qui ait une meilleure formation. Les départe­
chaos y règne dans une grande mesure, parce que les res· ments d'histoire des universités ne formaient Lout simple·
ponsables de l'enseignement ne sont guère d'accord sur les ment personne aux carrières du musée. Celle situation était

32
due pour une large part au mépris des historiens pour l'ane­ de l'Université et de la NYSHA fut nommé atïn de formuler
facL(I) Si grande est l'ignorance des amants de Clio en fait et d'adopter des règles de conduite ct de fixer le programme
de civilisation matérielle que les musées historiques étaient des études, souvent indépendamment des règles et procé­
contraints, soit de recycler les historiens, soit d'employer dures universitaires, situation exceptionnelle qui permeltait
des spécialistes d'arts décoratifs, de technologie, d'histoire de maintenir l'éloignement du Programme par rapport au
des métiers, d'ethnologie ayant acquis leur formation par centre universitaire principal.
eux-mêmes. Seul le tarissement du marché de l'emploi-pour L'expérience a réussi. Depuis 1965, quinze promotions en
les enseignants a obligé les départements d'histoire et d'étu­ sont sorties, ce qui représellle un corps de diplômés s'éle­
des américaines à s'annexer timidement la muséologie vant à 348 personnes. Sur ce nombre, 80 % sont entrés dans
comme une sous-discipline ou comme une simple branche des musées historiques ou des secteurs apparentés. Parmi
de l'histoire générale, ceux-ci, environ 60 % occupent des fonctions administra­
C'est au moment où celte indifférence de l'université aux tives dans les musées, 25 0J0 sont conservateurs ou archivis­
besoins en personnel des musées historiques était à son som­ tes et les autres se consacrent à l'enseignement, à la recher­
mer, au début des années 60, qu'une expérience audacieuse che ou à d'autres spécialités du musée. Les anciens élèves
était tentée dans une petite localité de l'intérieur de l'Etat de travaillent dans tous les Etats sauf quatre, et dans deux pays
New York, siège de l'Association historique de l'Etat de étrangers. La plupart travaillent dans la Région Nord-Est de
New York (NYSHA). Organisme privé à but non lucratif, l'Association américaine des musées. De surcroît, les an­
pratiquement indépendant, comprenant musées et biblio­ ciens élèves sont en mesure d'apporter leur aide au Pro­
thèques, celle-ci gère un musée d'histoire de l'art et un mu­ gramme, tant pour le recrutement de nouveaux élèves que
sée en plein air dans les Catskills de l'Ouest, une région val­ pour le placement des diplômés. Il y a lieu de penser que les
lonneuse et parsemée de lacs. Le Dr Louis C. Jones, qui en liens étroits établis entre les étudiants et le Programme au
était à l'époque le directeur, imagina d'adapter les anciens sein de ceUe petite communauté permeltent de former un
programmes de formation pour les boursiers du Musée de corps d'anciens élèves plus cohérent, qui maintiennent leur
Winterthur menés en liaison avec l'Université du Delaware. association et Financent les besoins du Programme qui ne
Les objectifs de Jones étaient immédiats et d'une simplicité sont pas couverts par des ressources publiques.
convaincante. D'abord, il envisageait un programme d'étu­ Curieusement, l'expérience de Cooperstown. lOute réus­
des supérieures du niveau de la maîtrise, indépendant et sie et fruclUeuse qu'elle soit, n'a été suivie ni dans nOtre
complet en soi, dispensé exclusivement dans le cadre d'un pays ni à l'étranger. La raison pour laquelle le Programme
musée et non dans celui de l'université. Ensuite, il proposait est resté dans une large mesure unique m'est apparue indi­
de former, plutôt que des expens, des «généralistes adap­ rectement lors des importantes sessions ponant sur les for­
tables}) qui seraient en mesure de remplir avec plus de com­ mation pour le musée qui se sont tenues à l'assemblée an­
pétence les fonctions multiples que doit assumer le person­ nuelle de l'Association américaine des musées, à 13oston en
nel des musées et sociétés historiques. Enfin, il comprenait juin 1980. Le motif le plus concret de ce manque d'émula­
que dans toute collaboration entre un musée et une institu­ tion apparaît être la répugnance des établissements d'ensei­
tion délivrant des diplômes, l'une des parties était appelée à gnement supérieur qui décernent des diplômes à abandon­
dominer, l'autre à être dominée. En conséquence, l'accord ner une part appréciable de leur hégémonie universitaire et
qu'il conclut avec le Collège d'Oneonta de l'Université de sociale à des organisations muséales moins structurées. Le
New York était scellé par un contrat remettant la respon­ strict contrôle disciplinaire que ces départements universi­
sabilité financière première au budget public de l'université taires souhaitent exercer sur les règle~ d'admission aux étu­
et réglant l'accès aux collections, aux équipements et per­ des du musée, sur l'établissement des programmes, "ensei­
sonnels du musée concerné. Les enseignants universitaires gnement en salle, la sélection des enseignants, la délivrance
pour les disciplines appropriées seraient fournis par l'uni­ ces diplômes et les habilitations on relégué les musées parti­
versité et jouiraiem du statut des professeurs de l'université. cipants au rôle de fournisseurs de places d'internat el leur
Le personnel des musées, enseignant à lemps partiel, aurait personnel aux fonctions d'assistants ou de lecteurs. Les mu­
le statut de maîtres-assistants. Tous les cours, travaux de la­ sées historiques ne sonl pas aUlorisés à avoir une politique
boratoire el formations pratiques auraient lieu dans les mu­ propre ou une voix consultative s'agissant de la formation
sées de Cooperstowll, tandis que les stages en internat d'une du personnel même qu'ils auront à employer ct qu'ils seront
durée de neuf mois au moins se dérouleraient dans d'autres lïnalement obligés de recycler. Dans le même temps, les spé­
musées d'accueil offrant des expériences pilotes. Avec J'in­ cialistes de culture malérielle se voient toujours refuser un
clusion d'une spécialité, l'un des objectifs à aueindre serait statut universitaire à pan entière dans les facultés d'histoire
l'équilibre pédagogique entre l'élément universitaire et l'élé­ et les départements apparentés. Je soupçonne que la profes­
ment pragmatique. sion du musée historique, si lant est qu'elle en soit une, de­
Les étudiants furent recrutés activement à l'échelle natio­ vra allendre d'avoir mûri et acquis droit de cité avant de
nale. Les postulants étaient soigneusement passés au crible pouvoir s'attendre à innuer sur la formation de ses propres
afin d'examiner leur intérêt pour la profession et leurs dis­ praticiens.
positions pour la culture matérielle, ainsi que leurs titres
universitaires antérieurs, Un petit groupe de quinze à vingt
étudiants fut sélectionné; ils vivaient et étudiaient en faisam
partie intégrallle de la communauté de la ville et des musées, Notes
initialement pendant une année civile entière, puis par la (1) L'cxprc-.,ioll da:-.,illUC dc n'lIc opinion.\C trouvc dan' l'c''po~ du d.:rUIiI IlrOfClo­
\èur William U. Hes'>Cltinc inlilulé «The Chalkng~'orlhcArtirael" Cl pr6clllê ta l'a,·
suite pendant trois semestres universitaires assortis d'un in­ locmbléc de l'A\Mx:ialiOIi all1éricaîn~' d'hi\lOir~' nationale ~'l locale il Colombulo,
ternat ailleurs. Un comité d'enseignants et de gestionnaires Ohio, le 5 octobre 1957.

33
Barrie G Reynolds

Professeur de culture matérielle et directeur de l'Unité

de culture matérielle de l'Université James Cook de North Queensland,

Townsville, Australie

res impliqués? Les musées, comme beaucoup d'autres insti­


La muséologie: Une science en embryon? tutions, drainent fortement une très large gamme de disci­
Les musées ont changé considérablement depuis le 19ème plines scientifiques spécialisées et de talents professionnels,
siècle, lors de la création de beaucoup des plus importants techniques et administratifs. La muséologie cherche à se
de nos musées internationaux. La plupart de ces change­ glisser dans les intervalles qu'il y a entre eux et à concerner
ments datent d'un peu plus de 1950 et rellètent l'inlluence le concept global des musées. C'est l'étude des musées, de
de certains facteurs; parmi les facteurs externes, ceux qui af­ leur développement, de leurs fonctions et de leur philoso­
feelent le monde en général ont été particulièrement impor­ phie.
tants. Le développement des communications, l'augmenta­ Le travail de musée est en effet très «pratique» pour em­
tion des voyages internationaux, le nationalisme de nou­ prunter un mot au thème de ce volume. Le besoin de pra­
veaux Etals, la croissance de J'industrie touristique, l'intérêt tique pour un fonctionnement efficace est évident mais ce
accru du public pour son patrimoine: tout cela, depuis la n'est pas là la muséologie qui, par définition, est l'étude et
deuxième guerre mondiale, a beaucoup stimulé les commu­ non la gestion des musées. Que de telles études soient néces­
nications entre musées, le partage des idées et la notion que saires saute aux yeux quand on considère les musées du
les musées forment une partie importante, jusqu'à présent monde, grands et petits. Beaucoup trop ont souffert des
encore sous-estimée, du système culturel de la société. trop lourdes charges qui s'étaient imposées à eux au 19ème
L'UNESCO et l'ICOM y ont joué un rôle important, peut­ et au début du 20éme siècle: collections massives, mal lo­
être plus comme catalyseurs que directement, en réunissant gées, à peine conservés et documentées et souvent mal pré­
les gens et en leur donnant l'occasion d'échanger et de déve­ sentées. Malheureusement, ce sont souvent les conséquences
lopper leurs idées. d'une mauvaise gestion, de conservateurs déficients, d'une
C'est alors que le terme de muséologie et le concept des croissance imprévue et d'une politique peu sûre. La com­
musées en tant que domaine valable d'étude ont pris de l'ac­ préhension des principes muséologiques de base (et de ges­
tualité, bien qu'encore aujourd'hui il y ait des membres de tion générale) aurait permis d'éviter quelques-uns des plus
la profession muséale pour qui ce terme est inacceptable; évidents problèmes et de développer ces musées et collec­
alors que, en outre, la muséologie en tant que discipline sé­ tions pour atteindre une meilleure efficacité. Ces problèmes
parée n'est pas encore très largement acceptée scientifique­ se posent encore aujourd 'hui spécialement aux musées iso­
ment. En effet, dans la profession aussi, comme le thème lés et plus petits alors que les musées plus importants se
des essais de ce volume l'indique. la question se pose tou­ heurtent à de nouveaux problèmes qu'ils ne peuvent résou­
jours: la muséologie est-elle une discipline? Ceci se rellète dre, sur une base pratique, seuls. Les études muséologiques
au niveau pratique car relativement peu de musées exigent peuvent fournir des contributions nécessaires et valables à la
des qualifications muséologiques du personnel qu'ils enga­ solution de ces problèmes, bien que naturellement la théorie
gent. Cette situation est en train de changer graduellement. et la pratique aillent de pair; elles ne s'excluent pas mutuel­
La muséologie est-elle une science? Est-elle le moins du lement.
monde une discipline. scientifique? Ces questions doivent Si la muséologie est une discipline scientifique, elle
être étudiées. Nous reconnaissons qu'il existe quelque chose tombe nettement dans le domaine des sciences sociales.
de distinct qui concerne les musées, centré sur les collections Pour cela, cependant, il faut que soit réunies certaines con­
qu'ils détiennent, mais nous éprouvons de la difficulté à dé­ ditions:
finir ce terme avec précision. La définition de l'ICOM, • elle doit avoir un objectif global et être définissable en
établie pour les besoins de ses membres, est très valable mais particulier par rapport aux autres disciplines impliquées
elle est largement et souvent aveuglément acceptée; il y a dans les musées;
certainement de vrais musées qui ne répondent pas à ces cri­ • elle doit avoir un ensemble de publications;
tères. • elle doit avoir une structure th6rique et sa propre métho­
Les musées sont-ils, en fait, des institutions assez diffé­ dologie;
rentes des autres institutions comparables (hôpitaux, biblio­ • ses conclusions doivent pouvoir être évaluées, ses recher­
thèques, écoles, prisons) pour mériter d'être reconnus com­ ches et ses expériences refaites;
me un domaine d'étude séparé? Si oui, quels sont les critè­ • elle doit être reconnue par les autres disciplines établies et

34
par la profession muséale elle-même. tière d'études 11(: concernant que le~ délïnitions. Cela res­
Les objectifs globaux sont probablement une meilleure semble trop aux enort~ consL'Îenciclix de!'! philosophes
comprehension des musées et de contribuer à une plus effi­ d'autrefois pour déterminer combien d'anges peuvent lenir
cace réalisation de leurs bUIS, exprimés peut-être par les ter­ sur une tête d'épingle! En anthropologie, sCÎence qui con­
mes de fonctions de recherche et de communication. Mais la cerne l'élUde des euhures, Kroeber CI Kluckhohn (1952), il y
défînilion précise de la muséologie, particulièrement là où a quelques dizaines d'années, étaient capables d'identifier
die se chevauche avec les alllres disciplines et talents Ï111pli­ plus d'une centaine de définitions anthropologiques du ter­
qués dans les musées n'est pas si simple. Où est, par exem­ me «CllltllrC)~. Je suppose qu'en muséologie nous pourrions
ple, la limite entre la muséologie et la conservation; entre la trouver une semblable pléthore cie c1élïnitions des musées.
muséologie et l'archéologie, spécialement dans le domaine Plus utile serait la recherche de la raison d'être des mu­
dt: la gestion des collections et de la recherche; entre la mu­ sées: pourquoi ils existent el quels SOIll leurs objectifs, ce
séologie et les plans d'expositions'! Ces relatÎons el do­ qui n'esl pas forcémcllt la même chose; quels sont aussi
maines mal définis restent encore difficilement déterminés. leurs buts réalistes - nous n'avons que des incertitudes sur
La pratique d'un refus arbitraire, comme clle s'est si sou­ leur sûreté, sur les objectifs à long terme qui parlent gaie­
\"c0i produite en relation avec les activités de recherche des ment de «au service de l'homme)) Cl sont si inatleignables
conservateurs, a ét<~ à la fois déraisonnable et peu sage, dis­ que leur degré de succès ne peut jamais être évalué.
suadant comme elle l'a fait tant de conservateurs scientifi­ Ici en Australie, nous entreprenons une étude sur les mu­
ques d'une active participation aux organisations de musée sées universitaires, unc catégorie de musées spécialisés ct
et au développement de la muséologie. La muséologie doit très négligés, qui s'efforcent non seulement d'identifier
être plus que l'étude des méthodes d'administration, com­ leurs problèmes pratiques, mais ce qui est plus important,
munication et conservation dans les musées. de définir leur rôle et leurs fonctions au sein des institutions
Il y a un ensemble de données qui s'accroît rapidement donl ils font panic (Reynolds, 198üb). D'aulres musées spé­
sur les différents aspecls des musées. La lilléralUre est en cialisés mériteraient de telles élUdes.
fait déjà substanlielle. J'en soupçonne cependant une A un toU[ autre niveau, on sait encore peu de choses sur
grande partie d'être locale ou régionale quant à son contenu nos visiteurs, et sur ce qu'ils recherchent dans le musée. Je
et essentiellement faite de descriptions anecdotiques plutôt suis conscient des nombreuses el très valables études qui ont
que d'analyses ou de syrllhèses. Ccla est compréhensible el été faites, mais nous soufrrons encore, comme nos collè­
je me hâte d'ajouter que ce matériel est inestimable en tant gues du cinéma et de la publicité, de n'être pas récllemelll
que données. Mais si la muséologie doit être une discipline, capables de savoir quel élément magique fait d'une exposi­
alors ces données doivent être entièrement analysées et des tion un succès ou un échec. Nous tendons aussi, dans notre
conclusions générales doivent en être tirées. Alors seulement professionnalisme basé sur les conœpts des musées impor­
nous pourrons espérer le développement d'une solide struc­ tants ct sophistiqués, à penser que les musées de tOllS les ni­
ture théorique. Telle qu'elle est, une telle théorie peUl être veaux sont destinés à combler les mêmes besoins. Mais les
trouvée mais éparpillée et souvent se rapportant à des petits musées d'amateurs, orientés vers l'objet ct peut-être
aspects séparés des musées. Il faut les rassembler. Cc pro­ très faibles qualll à leur~ normes de préselllation el de ges­
cessus stimulerait en lui-même la distillation de nouvelles tion des collections, sont-ils hor!'! de course'! Nous connais­
idées pour le bénéfice de la profession. sons trop peu de choses de ces petits musées, des motiva­
La f{~connaissance par les disciplines scientitïques établies tions de ceux qui les onl créés et de celles de leurs visiteurs.
est très importanle bien que cela ne puisse venir qu'avec le Ils pourraient bien êlfe plus populaires que beaucoup de
développement d'une saine struClllre théorique, une métho­ musées professionnels. Certainement nous sommes tous
dologie acceptée et un large soutien de la profession muséale très conscients que les musées n'atlirent qu'une panic de la
elle-même. Le plus imponant doit être le déveIoppemenl de population. Pouvons~nous nous payer le luxe de ne pas exa­
l11élhodologies de recherche sûres. II y a suffisamment de miner plus énergiquement le problème d'aueindre une plus
méthodes et de techniques éprouvées à trouver dans les large partie de celte population, de trouver ce qui pourrait
autres disciplines, dans l'histoire, la sociologie, l'anthropo­ l'encourager à mieux utiliser ses musées?
logie el la psychologie, pour n'en nommer que quelques Dans les musées importants, il est nécessaire Cl urgent
unes. Il esl cependant essentiel pour la méthodologie de dé­ d'étudier le rôle du conservateur et de meUre de l'ordre dans
cid~r ce qu'elle s'efforce de réaliser par sa recherche, ct une situation souvent confuse. Le rôle du conservateur (pré­
quelles méthodes principales de recherche elle propose server, étudier, communiquer) est le seul qui corresponde à
d'adopter. Pour que ses conclusions soient respectées, il est ce qu'est le musée dans son ensemble. Avec le développe­
vilal que ses recherches soient sûres et qu'elles puissent êlre menl de nouveaux départements spécialisés, en particulier
testées en étant répétées. Pour ccla, le matériel anecdotique, l'éducation, la présenlation et la conservation, le rôle du
qui ne peUl être ainsi testé, est d'une valeur limitée. conservaleur a changé de façon significative au cours du
A la lumière de ces critères, je dirais que la muséologie est siècle, dans les domaines de la conservation ct de la commu­
Ull domaine spécifique d'intérêt mais que, jusqu'à présent, nication. Cependant, sa responsabilité reste celle des collec­
ses paramètres sont médiocrement définis. Je me demande tiolls et de l'étude, en d'autres lermes la recherchc. Mais la
si c'est même une science ou une discipline distincte, en rai­ colllroverse sur la question de savoir si la recherche esl une
son de l'insuffisance de sa lillérature Cl de sa théorie, ct fonction valable conlinue, cl il ya beaucoup trop souvent
parce qu'elle manque encore d'une méthodologie sûre qui des doutes parmi les collègues de musées retirés dans la tour
lui soit propre. En même temps, elle est centrée sur une d'ivoire de la recherche. L'apaisement de cette querelle se
gamme distinctive d'institutions et d'activités, les musées, et fait trop attendre pour qu'on puisse déterminer quelle pro­
s'efforce manifestemenl de pallier ses faiblesses. Cesl pour portion de conservaleurs la recherche devrail occuper.
cela que je crois en effet que c'est une science en embryon. A un niveau plus général, il est ridicule que nous confions
Il serait facile de terminer sur celle note quelque peu pé­ encore les responsabilités de conservateur sur la base de la
dan le. Je pense cependant que quelque chose de plus positif discipline, sans se préoccuper de la quantité de travail impli­
est nécessaire, une indication des domaines d'intérêt parti­ quée. Il est possible de quantifier le travail de catalogagc et
culiers méritant une recherche muséologique qui, dans le de conservation que nécessite une collection, mais quelle est
processus, favorisera le développement d'une science de la la proportion souhaitable de conservateurs par rapport aux
muséologie. collections? 1/5000, 1/10000, 1/50000 objels? La pluparl
Alors qu'il serait excellent d'avoir des définitions sûres des problèmes de collections non publiées, mal gérées, dont
pour «musée» el «muséologie», on doit être réservé en ma­ nos musées ont hérité viennent d'un manque de données qui

35
permettraient de développer une politique efficace concer­ sée. Il faut que la muséologie soit pleinement reconnue
nant le personnel de conservation. Le problème de l'insuffi­ comme discipline universitaire. Jusque là, elle continuera,
sance des conservateurs dérive pour beaucoup de la même mais comme une science en embryon.
source.
Ce ne sont là que quelques problèmes majeurs qui, pour
moi, réclament d'urgence d'être étudiés et résolus. Il y en a
beaucoup d'autres à qui les collègues de musée donneraient Bibliographie
la même importance. Mais ce qui est évident dans la profes­ Edwards. R. (1979)
sion muséale aujourd'hui est que les musées eux-mêmes SoUlh Auslro!ion Museum Siudy, Istlmerim Report: Findings and Ret"om­
offrent peu d'occasions à leur personnel d'entreprendre des mendarÎons

études importantes à long terme sur ces questions. Cela se Jclinek. J. (1970)
comprend car les musées eux-mêmes doivent répondre aux Museology and museography in mu~ums. ICOM, Training of Museum
Personnel
exigences pratiques quotidiennes relatives à leurs respon­
sabilités directes. Peu de membres de leur personnel peuvent Kroeber, A. L & Kluckhohn. Clyde (1952)
Cullur~: a crilical revi~w of conc~pts and definitions. Pupers of fhe Peabo­
consacrer leur temps de recherche à la solution des grands dy Museum of American Archor%gJI and Ethna/ogy, XLVII(I)
problèmes muséologiques comme à leurs propres travaux et
R~ynolds, B. (1970)
peut-être à des recherches spécialisées. On a besoin de cher­ Ethnology in muscums, Mu~um News, 49(4)
cheurs muséologiques Qui peuvent se tenir à l'arrière plan el
se concentrer sur les seuls projets dont les résultats puissent Reynolds. 8. (198Oa)
On the academic requirements for curaiors of clhnology, COMA News/et­
être bénéfiques pour la profession tout entière. C'est là que Ier, No 4
les départements universitaires de la muséologie peuvent
Reynolds. B. (l980b)
jouer un rôle primordial. Pour cela cependant, il faut qu'ils Communities and museums: university museums, Ka/ori QUOrtl'r/y News­
fassent plus que de former simplement du personnel de mu­ /efler, No 1

36
Joseph A Scala

Directeur de la Galerie d'Art ioe et Emily Lowe,

Président du Programme de troisième cycle de muséologie,

Coffege of Visual and Performing Arts, Université de Syracuse,

Syracuse, USA

La muséologie: Science ou expérience


développés. Par exemple, la connaissance de l'histoire de
l'art est essentielle comme préparation à une carrière dans
pratique?
un musée des beaux-arts, mais elle n'est qu'une partie d'un
La muséologie peut se définir comme l'étude complète de tableau global qui comprend une expérience pratique de la
toutes les fonctions - esthétique, commerciale, pratique, gestion, des connaissances financières et comptables, une
universitaire, de gestion et de relations publiques - néces­ connaissance du marketing, un appareil de relations publi­
saires pour comprendre le musée dans le monde complexe ques ainsi qu'une expérience et une capacité pratiques qui
d'aujourd'hui. Travailler de nos jours dans un musée ou s'acquièrent sur le terrain.
une galerie d'art demande des connaissances pratiques et Le présent article plaide donc en faveur d'un enseigne­
une expérience de tous les secteurs de l'art et des affaires; ment de troisième cycle unifié pour tous ceux qui se desti­
il faut également un solide bagage dans les disciplines histo­ nent aux carrières du musée. Cet enseignement de troisième
riques et modernes pour utiliser pleinement les collections et cycle consisterait d'abord dans l'équivalent d'une maîtrise
le matériel d'exposition d'un musée. de lettres (M.A.) dans la discipline universitaire spécifique
La muséologie est aujourd'hui une profession. Elle s'est du musée où l'étudiant souhaite travailler. Ceci apportera la
imposée comme telle sans la seule composante inhérente à perspective historique et la compréhension du genre de tra­
toutes les autres professions reconnues: un corps de con­ vail que les expositions de musée et les méthodes de recher­
naissances commun et une filière d'enseignement commune che nécessitent dans ce domaine. En outre, une connais­
qui soient le partage de tous les membres de celle profes­ sance pratique du travail sur le terrain est nécessaire pour
sion. Le fait qu'elle ait acquis ce statut est tout à l'honneur mettre en oeuvre ces connaissances. Des cours sur l'histoire
du personnel des musées d'aujourd'hui. Il est douteux du musée, sur les fonctions du conservateur et de l'expert,
qu'elle puisse le conserver à l'avenir sans ces connaissances sur la gestion (des finances aussi bien que du personnel), sur
et cet enseignement communs. le droit et l'éthique, l'éducation, les problèmes, majeurs et
L'étude de la muséologie ne devrait plus être considérée mineurs, auxquels est confronté le musée dans le dernier
comme une accuntulation fortuite de savoir glané par les quart du XXe siècle, le financement et la recherche, sont in­
gens qualifiés, alliée à un mélange disparate de connaissan­ dispensables s'agissant de constituer un corps commun de
ces dans diverses disciplines et à une propension à la forma­ connaissances et d'expérience aux professionnels du musée.
tion sur le tas. Pour que la muséologie puisse rester la pro­ Ce corps de connaissances multiples est non seulement
fession qu'elle est actuellement, il faut que les principes de nécessaire pour faire de celui qui travaille dans un musée un
son étude soient unifiés de manière à comprendre une brève professionnel, mais il est indispensable si l'on veut que la
préparation universitaire pour les diverses situations aux­ muséologie conserve son statut récemment acquis de vraie
quelles doit faire face quotidiennement le personnel des mu­ profession. Il ne suffit plus que le personnel des musées soit
sées. réuni par le lien ténu d'une seule affinité, celle de travailler
Les différents niveaux de fonctions du personnel des mu­ pour des musées. Le personnel des musées doit commencer
sées requièrent de fait des aptitudes et des formations diffé­ à recevoir un enseignement portant sur des secteurs com­
rentes. Tout le personnel des musées devrait cependant pos­ muns, afin d'éviter que vienne le temps où, lorsque des gens
séder la même formation muséale de base au niveau de la de musée se rencontreront, on verra des historiens de l'art
maîtrise, avec la possibilité de poursuivre des études univer­ discuter avec des spécialistes de la gestion de la façon de dis­
sitaires dans une multitude de domaines spécialisés. Par poser des objets dans un espace donné. Si nous en arrivons
exemple, quelqu'un qui se destine à une carrière dans un là, la muséologie en tant que profession deviendra quelque
musée d'art devrait avoir une formation universitaire de chose comme une moderne Tour de Babel.
base en lettres et sciences humaines centrée sur l'histoire et De nos jours, le secteur du musée devient de plus en plus
la pratique des arts. La passion des objets et le sens de la une affaire, encore que ce soÎt une affaire où priment la
qualité artistique sont aussi des éléments essentiels à la connaissance et l'amour des objets qui ont une valeur cultu·
réussite d'une carrière dans le domaine du musée. Certes, relie et naturelle. En tant que tel, le secteur du musée de­
ces éléments ne peuvent s'enseigner, mais ils peuvent être mande à être géré comme une affaire. Quelle entreprise ris­

37
querait aujourd'hui son avenir en engageant un cadre de di­ II existe pour les spécialistes du musée une bibliographie
rection connaissant bien les produits de l'entreprise, mais ne en rapide expansion, qui empiète sur un certain nombre de
sachant rien ou peu de chose des finances, de la gestion et domaines connexes. Ceux-ci comprennent la gestion, le
du marketing? Seuls les musées, sans doute. droit, la comptabilité, la bibliologie, la psychologie, la socio­
Nous assistons actuellement à un phénomène intéressant. logie, la technologie, les ressources humaines, l'évaluation
Les grand musées engagent des directeurs associés, l'un de l'enseignement, le marketing, l'informatique, l'architec­
pour s'occuper des besoins esthétiques du musée, l'autre ture et le design, pour citer les plus évidents. Pour acquérir
pour s'occuper de ses aspects commerciaux. Est-ce là le des connaissances efficaces dans ces domaines, un enseigne­
signe que la profession muséologique n'est pas en mesure de ment spécialisé de haut niveau qui rende celle information
fournir des gens capables de répondre à ces deux aspects des applicable à la muséologie est nécessaire et requÎs pour réus­
besoins du musée? Nous voulons espérer que ce n'est pas la sir une carrière dans le domaine du musée. Nous ne pou­
bonne conclusion. Mais d'autre part, ce n'est pas impossi­ vons plus nous offrir le luxe de consacrer un temps illimité à
ble. la formation sur le tas, et nous ne pouvons pas davantage
Le défaut, et par conséquent ce qui rend cette situation nous offrir le luxe de vivre dans une tour d'ivoire. Nous
inévitable, ce n'est pas le manque de personnes qualifiées avons besoin maintenant de professionnels du musée haute­
pour remplir les deux fonctions. C'est pJutôt J'absence d'un ment qualifiés afin de faire face aux problèmes complexes
programme d'études uniformisé destiné à former des per­ des musées contemporains.
sonnes qualifiées pour assumer un rôle dont les attributions La muséologie est-elle science ou expérience pratique?
s'étendent presque de jour en jour. C'est l'absence de ce Elle est les deux, et bien plus encore. II est temps que ceux
corps de connaissances cohérent si nécessaire pour qu'une qui s'occupent de l'éducation du futur personnel des musées
profession soit réellement une profession. comprennent qu'ils forment des gens pour occuper un cré­
Comme certaines catégories de musées se spécialisent de neau professionnel, avec un ensemble de besoins et d'exi­
en plus dans des problèmes, fonctions et solutions uniques, gences professionnels. Ils ne forment plus des étudiants
des associations nouvelles se créent entre des catégories ana­ pour qu'ils aillent chercher un travail.
logues de musées et les membres du personnel occupant les Si l'on ne comprend pas ce fait et que l'on n'agisse pas en
mêmes positions dans ces musées. Les musées et galeries des conséquence, il se peut que la muséologie devienne, au lieu
universités et collèges sont également en voie de former une d'un secteur professionnel fascinant, un anachronisme. Ou
association internationale destinée à promouvoir leurs inté­ pire, un secteur où personne ne pourra plus partager con­
rêts communs. Alors que se produit ce morcellement de la naissances et expériences communes avec quelqu'un
profession, quelle est la force de cohésion qui lui permenra d'autre. Autrement dit, inexistant.
de préserver son unité de corps professionnel? La réponse Les grandes professions se som toutes développées à par­
est dans un corps commun de connaissances muséologiques tir de grandes écoles professionnelles. Si nous refusons
dispensées par une grande école professionnelle délivrant un un enseignement professionnel propre, qui est l'étude de la
diplôme unifié de muséologie en collaboration avec un muséologie, nous ne remplirons jamais les conditions vou­
musée qualifié, qui pourrait faire partie du même etablisse­ lues pour devenir réellement une grande profession.
ment.

38
Klaus Schreiner

Directeur de Agrarhistorisches Museum

(Le Musée d'histoire de l'agriculture), Ait Schwerin,

membre du Conseil des musées au Ministère de la


Culture, République démocratique allemande

domaines (parties, aspects, apparences, processus) de la réa­


Critères pour la place de la Muséologie lité (c'est-à-dire la réalité objective ou son image dans notre
dans le système des sciences conscience) qui sont explorés par la discipline concernée(2).
Depuis le commencement de la société humaine, la connais­ La tâche essentielle de toute discipline scientifique est de
sance n'a cessé de s'étendre avec une vitesse croissante. Au trouver et formuler le lois concrètes de son sujet d'étude
cours du développement historique, cet élargissement régu­ particulier. Quel est le sujet d'étude de la muséologie?
lier a amené une différenciation de plus en plus grande dans Comme on le sait, il y a eu beaucoup de discussions et
les domaines de la connaissance, une division du travail au d'opinions différentes émises sur cette question et sur les
sein des activités scientifiques, et une spécialisation grandis­ problèmes qui s'y rattachent directement ou indirecte­
sante. La science moderne aujourd'hui est un système arti­ ment(3). Les discussions continuent. Ilse Jahn a réalisé une
culé de connaissances aux multiples ramifications compre­ étude sur l'état de la discussion de ce sujet de la muséolo­
nant plus de mille disciplines individuelles spécialisées(l). gie(4). Elle fait une analyse critique des discussions nationa­
Pour analyser la place de la muséologie dans le système les et internationales comme des intuitions dans ce domaine
des sciences et pour répondre correctement à la question de et elle explique les raisons qui rendent difficile la définition
savoir si la muséologie a le caractère d'une discipline scienti­ de ce sujet et la classification de ce domaine complexe de la
fique, il ne faut pas émettre de considérations subjectives, muséologie et de ses différentes parties par le fait que seule
de prévisions ou de craintes, mais ces critères objectifs qui «l'institution musée») est prise en considération.
déterminent une discipline scientifique et son sujet. Les publications suivantes contiennent des conceptions
Quest-ce-qu'une discipline scientifique (ou individuelle)? sur le sujet de la muséologie, nées dans des pays socialistes:
C'est un domaine de la connaissance indépendant, histori­ Kleines Wbrterbuch der Museumstermini, Projekt, Kultur­
quement en voie de développement et systématisé par une forschungsinstitut, Moskva 1974; Taschenwbrterbuch mu­
connaissance de base exacte de la nature, de la société et de sealer Termini (Entwurf), Kulturforschungsinstitut, Mos­
leurs lois; il est déterminé par certaines conceptions (en par­ kva 1976; J. Benes, Museologisches Wbrterbuch (Muzeolo­
ticulier les lois), affirmations, théories et hypothèses et il gicky slovnik), Nationalmuseum, Praha 1978; Z. Z. Stran­
diffère des autres disciplines par son sujet, ses méthodes et sky, Methodologische Fragen der Dokumentation der Ge­
ses conceptions spécifiques. genwart, Museologische Hefte (Muzeologické sesity) V,
Suivant leur sujet, les diverses disciplines scientifiques Brno 1974, p 13-43; Die Probleme von lnhalt, Didaktik
sont intégrées à un système scientifique complexe, et là, se und Asthetik moderner Museumsausstellungen (Internatio­
subdivisent encore. nales Seminar für Museologie), Hrsg. 1. Éri, Zentralinstitut
L'astronomie, la physique, la chimie, la géologie, la bio­ für Museumswesen Ungarns, Budapest 1978; Dictionarium
logie, etc., qui sont subdivisées en nombreuses disciplines Museologicum, Manuskriptdruck 2. Auflage, Hrsg. 1. Éri,
spécialisées, appartiennent au groupe des sciences naturel­ Budapest 1979; etc.
les; alors que la science de l'histoire, les sciences politiques, Dans sa thèse sur les questions méthodologiques de la do­
le droit, la pédagogie, la sociologie, l'économie politique, cumentation moderne, Z. Z. Stransky qualifie le musée
etc., se rangent dans le groupe des sciences sociales. A côté d'institution documentaire qui rassemble, préserve et com­
de ces disciplines de base (sciences primaires) et de leurs munique les témoignages authentiques de la réalité con­
disciplines spécialisées, il y a les disciplines auxiliaires (scien­ crète!S). Pour lui, le sujet de la muséologie est la «muséa­
ces secondaires). Les sciences naturelles et sociales entrent lité», c'est-à-dire une valeur documentaire spécifique(6) des
dans ces domaines, c'est-à-dire la médecine, la psychologie, sujets concrets et perceptibles de la nature et de la société, la
l'agronomie, les disciplines techniques, etc. A côté, il y a les valeur de l'authentique évidence de la réalité(7). Mais est-il
sciences générales structurelles comme les mathématiques, juste de mettre à égalité le sujet spécifique de la muséologie
la cybernétique, etc. avec la valeur documentaire générale des objets et percepti­
Quel est le sujet d'étude d'une discipline scientifique? Par bles de la nature et de la société? D'autres disciplines scienti­
sujet d'une discipline scientifique, on entend l'ensemble des fiques se fondent elles aussi sur les objets concrets et percep­
attributs, structures, et lois du développement de certains tibles de la nature et de la société et du point de vue gnoséo­

39
logique ces objets n 'om pas de valeur documentaire «au dé­ pourrait peut·être inlluer sur leur étal de conservation. Ils
pan»), mais seulement en connexion avec la discipline spé· constituent des panies d'une panic de la réalité objective,
cialisée concernée et ses objectifs. représentée par un organisme vivant. Un vase antique en
Les objets naturels sont <da base de travail des disciplines terre et une bouteille de vin moderne ou un coffre à grains
des sciences naturelles ayant ... une évolution propre, telles ne sont, en principe, pas différents les uns des aUlres. On ne
que la botanique, la geologie, la mineralogie, la psieolllolo­ voit pas pourquoi, par exemple, les lois él:riles, factures el
gie, la zoologie, qui sont aniculées en elles-mêmes)). tg) Dans ordonnances en caractère cunéiformes sur des tablettes en
la science de l'histoire, les objets de l'évolution de la société terre n'auraient pas, par principe, la même significalion que
tels que «sources orales, écrites, graphiques ou matérielles» les édits, traités, faclUres, et autre~ documcnts da(,;(ylogra­
formem une base de travail pour j'étude hisLOrique des phiés ou écrits à la main sur du papier, qui sont les sourccs
sources, qui constitue une discipline spécialisée de la science du processus actuel de la communicatiofl»).(15)
de !'histoire.(9) Les objets originaux (sources primaires de la connais­
Les effons visant à prétendre que les sources primaires de sance) qui arrivent dans un musée et proviennent de la na­
la connaissance scientifique de la nature et de la société ont ture et de la société sont appelés objets de musée(l61. Dans
une existence intrinsèque et SOnt ensuite découvens pour les musées, ces objets sont conservés, restaurés, préparés,
former le sujet spécifique de la muséologie ne conduisent déchiffrés et étudiés de diverses manières, suivant certain~
pas à des solutions satisfaisantes. principes, et suivant leur caractère et leur étal. Comme
Il y a des annees, Wolfgang Herbst soulignait le danger toute autre science, la muséologie existe aussi pour les be­
d'une telle erreur dans son ouvrage «Geschichtsmuseum»: soins pratiques d'une société en évolution. La nature et la
«Qu'on le veuille ou non, le sujet de l'élude dedem lIll sujet société continuent il changer et à évoluer sur la base de lois
scientifique indépendant avec ses lois propres».(IO) La spéci­ agissant objectivemenl. Parmi la variété infinie d'objets ap­
ficité du musée acquien une existence propre, le sujet musée partenant à l'évolution naturelle est sociale, certains té­
devient absolu, «le musée en tant que sujet fonctionnerait moins sélectionnés 0111 été ct sont préservés par des person­
comme une chose ayant une existence propre, dégagée des nes ou par des institutions sociales de diverses sortes et pour
situations historiques, avec une discipline scientifique indi­ beaucoup de raisons différentes. Mais la question est tou·
viduelle supérieure en imponance aux disciplines spéciali­ jours de garder précieusement ces témoins concrets et per­
sées, tandis que celles-ci seraient subordonnées à la muséo­ ceptibles du passé historique de la nature el de la société
logie, deviendraient ses sciences auxiliaires)),(II) pour le présent et pour le fUlUr; autrement, ils seraient per­
dus à cause du développement de celle nature et de cette so­
En decembre 1964, un projet de thèses sur la museologie
ciété qui ne peut être ni différé. ni stoppé. Cela demande la
publié dans «Neue MuseumskundeH 1964(12) a dû être refu­
préservation de témoins séleclionnés du présent pour j'ave­
sé lors d'une conférence centrale des directeurs des musées
nir. La nature transitoire des objets uniques et les phénomè­
de la RFA à Berlin; considérant la muséologie comme une
nes conduisent à un besoin social croissant el à la nécessité
science documentaire, ce projet, sans doure, visait è élucider
d'une préservation à long terme. durable, de témoins choisis
les problèmes theoriques de la museologie; mais il panai! de
de la nature et de la société, ct cela dans un but de recherche
prémisses erronées en tentant «de subordonner toules les
et d'éducation, comme «une mesure et un indicateur du dé­
disciplines specialisees il un presumable sujet d'etude de la
muséologie)). (13) veloppement économique, politique, social ct culturel à un
certain moment, dans llne cenainc société et sur un certain
Le sujet de la muséologie ne peUl être établi que sur une terriloire»(l7) ou «pour permcure la comparaison des étapes
base gnoséologique et scientifique-Ihéorique, en employam du développement du processus historique de la nature dans
les principes et critères memionnés plus haut pour le sujet un temps à venir, soit pour comparer les processus de la
d'étude d'une discipline sciemifique. Ceci signifie que l'en­ connaissance pour découvrir s'ils sont réitérables ou testa­
semble des attributs, struClUres el lois en évolution de cer­ bles, soil pour susciter la connaissance»tl l!).
tains domaines de la réalité doit être déterminé et appliqué à Ainsi ces témoins servent de «sources primaires de la con­
la museologie. naissance, et comme preuve matérielle, ils démontrent indu­
Selon moi, le sujet d'étude de la muséologie est l'el1sem~ bitablement l'existence de l'objel ('oncerné et aussi d'autres
ble des allribUls, structures et lois en évolution qui détermi­ objets. Sans ces témoins matériels qui ne peuvent être mis
nent le processus complexe d'acquisition, de préservation, en doute, celle preuve ou ces phénomènes seraient compli­
de déchiffrage, de recherche et d'exposition d'objcts choisis qués dans beaucoup de cas)II'J).
originaux de la nature Ct de la société cn tant que sources Le besoin social général, d'origine historique et qui croît
primaires de la connaissance. régulièremem, d'une préservation durable, à long terme de
Les sources primaires de la connaissance ~Ont la base de témoins sélectionnés qui sont les sources primaires de la so·
travail nécessaire de beaucoup de disciplines scientifiques ciété peut parfaitement être délimité et déterrniné comme le
(et pas seulement de la muséologie) et donc ne sont pas spé~ domaine spécifique d'un sujet car «le sujet d'une discipline
cilïques à Ull musée. La laxonomie el l'étude des sources scientifique établie n'est pas simplement donné mais - en
historiques, par exemple, sont des éléments d'une disdpline cc qui concerne la fonction de la science - choisi)).(20)
sdemilïque spécialisée mais ne som pas spécifiques à un «La formation d'une discipline est un évènement social
musée. au caractère complexe qui résulte de l'effet réciproque des
Donc les sources primaires elJe~-mêmcs ne sont pas origi­ besoins de la société, des changements qualitatifs dans les
nellement le sujct spécilïquc de la muséologie mais le pro­ champs d'action scientifiques correspondants et de la fon­
cessus complexe d'acquisition, préservation, déchiffrage, dation d'institutions auto-existantes))(21). La fondation d'in·
recherche et exposition des sources primaires de la connais­ stitutions correspondantes commence parallèlement à la
sance. Les sources primaires de la connaissance (aussi appe­ formation d'une discipline scientifique. L'institulion elle·
lées originaux, objets originaux, objets authentiques(J~J, ou même n'est ni une discipline scientifique, ni un élément de
objets de la perceplion directe sensorielle) ne sont pas limi­ celle-ci, mais la base institutionnelle nécessaire des disci·
tées à ces soi-disant sources matérielles, respectivement ob­ plines scientifiques. Ainsi les musées, par exemple, sont les
jets. lise Jahn a dit clairement «un fossile ammonite, un bases institutionnelles d'un ensemble de disciplines scienti­
squelette de saurien ou la marque d'un archéoptéryx ne dif­ lïqucs différentes, mais eux-mêmes ne sont pas des éléments
fèrent, en tant qu'objets de musée, d'une récente coquille de disciplines scientifiques ce qui est démontré par l'histoire
d'escargot, du squeletle d'un lézard ou du corps d'un du système muséal.
oiseau, que par l'epoque il laquelle ils appaniennenl qui Suivant le~ critères gnoséologique~. théoriques ct scienli­

40
fiques, le sujet de la muséologie est parfaitement délimité et forme la base théorique du travail de musée et du système
profilé par le fait qu'il est interprété par un ensemble d'at­ muséal avec l'aide d'une expérience généralisée et systémati­
tributs, de structures et de lois en évolution détermÎnant le sée.
processus complexe d'acquisition. préservation, déchif­ Comparée aux disciplines définies comme disciplines de
frage. recherche et exposition d'objets originaux sélection­ base ou spécialisées (sciences primaires) utilisées dans les
nés de la nature et de la société comme sources primaires de musées, la muséologie n'a que le caractère d'une science
la connaissance. Ce ne sont pas les sources primaires origi­ auxiliaire (science secondaire). Ainsi et à cause de ses liens
nales elles-mêmes, formant la base de travail nécessaire de étroits avec beaucoup d'autres disciplines de la science, il
bl:aul'oup de disciplines scientifiques el la désignation unila­ sera nécessaire que la muséologie coopère avec elles et leur
térale de la muséologie comme un élément des sciences do­ snit intégrée. La muséologie comprend la thcorie Illu.. . éak,
cumentaires (là les comparaisons avec les archives et la bi­ 1( . . mcthode.. . mllséale~ Cl ]'hi",loire du syslème dL's lllusée".
bliologie sont injustifiablement schématiques) qui sont spé­
cifiques aux musées, mais le processus complexe d'acquisi­
(ion. préserval ion, déchi l'l'rage, recherche CI exposilioll
d'objets originaux de la nalUre et de la société en tant que Notes
sources primaires de la connaissance, ce qui dans la pratique (1) Grul1dfagl'l1 der 1I/{lrxislisl"h-lellilli~·{i.l'('hl'l1Pllilo.l·oIJhie, p !J. Berlill 1971
sociale correspond aux fonctions de base connues du travail (2) Cp. PhiloWJphisâlt's Wdr/erbuch, l, pp 44'J, 4'J2; L<::ipl.ig 1975; Vialekli.II'!IN
und histMiseh('/" Maleriafislllu.I·. pp <)6~'-J7, Uerlin l'J74
de musée et des musées. (22) (3) Cr. p.ex. Hühns, E. Mu~cologie ~ GesehidHe. Ciegenswnu. Melhcd('n, Nl'ul'
C'est le devoir de la muséologie et de la recherche muséo­ MllseulIIskllndc. Heft 4, pp 291~2'J4, Berlin 1973
(4) Jahn, 1. Die Mu~eologic ab Lehr- und l·oN:hung.,di'/iplin Illil ~p<:l.idkr LIe'­
logique de découvrir et de formuler les auributs, structures rüd~ichligung ihrer Funktion in nalurhisloriso.:hen Museen ~ Cie~dlkhtc, gcgcn­
ct lois en évolution de cet ensemble qui est spécifique aux wanÎger SI and und th(,Of(,li.,ehe Grunulagell, Ui.....erlaIÎon (B) Humboldl­
musées. UniversiUil. pp 4--26. Herlin !'J7R, and lh('~e~, p 3
(5) Slran~kY. ad loc, p. 28
L'analyse des catégories de base muséales est importanle (6) lb., p 38
mais fixer ces catégories de base par une prédominance ma­ (7) lb.. P 31 and pp 34~35
(8) CI. Neill' Milselllllskllllde. Hdl 2, P 126. Herlin l'JRO

térielle de la réalité complexe et reconnaître les relations ré­ ('J) lb.

ciproques ne sera pas suffisant pour un travail scientifique. (10) leilsehrifl ./ùr GeschichlSlt'issef/sc!w./i, Hdl 1. Il 9, 13crlin l'J72

(Il) lb.

1\ faudra formuler des lois qui soient incontestablement ty­ (12) Nellc MIISClilIISklllldc, Hcll 3, Bcilage, Ikrlin 1'J74
piques des relations réciproques et des connections des phé­ (lJ) Neue Musewl/sklltUle. Hdl l, lkilagc, pp 2')~31; Berlin 1'J65 "Ldlsdmji ./iir

nomènes muséologiques et des catégories qui en découlent. Geschi('hlswissl'l/schajl, ad loc; Kleinl'S rvôrterbuch des MUSeW/lSII'{'SCIIS, 11l.'>liIUI
liir MU.'>elllll.,wom der DDR, Schriflenreihe Hefl 6, p IX. Berlin 1'-J75
D'après les critères de la définition d'une science et les (l4) Cp. Nellc MIiSCIlIIISklllllk, Heft 2, p no. Berlin 1'J80
termes de cel exposé, la muséologie peut être définie comme (]5) Neue MllwlIlIIskunde, Heft 4, p 282. Berlin 1'J79
(16) Nclle Mliselll/lskullde, Hen 2, r 126, Berlin 1'-Jl!O
suit: la muséologie est une discipline socio-scientifique, his­ (17) I.eilscluiji ./iïr Gcschichl.lwi.I:\·emdlO./I, ad lac., p 12 (W. Hcrb.'O
toriquement grandissante, qui concerne les lois, principes, (18) NCIIL' MlisclI/lI.\·kunde. Hefl 2. p 76 (1. .Iahn). Berlin 19HO
(19) l/eitrii}.:c ~lIr .lOw}cliscl/ell MII.IL'IIIIISkun(/i'. HCrl l, Il 20, Halle 1%0
structures et mélhodes du processus complexe d'acquisi­ (20) Hm"ffl("kcr Wi.I·WI/.\Cilu./isflislori.lâlc Mt.lflllskriIJ/c, Hdl l, p 52, RO.\IOd l'-J7H
tion, préservation, déchiffrage, recherche et exposition (21) lb., r 23
d'objets originaux mobiliers choisis(23) de la nature el de la . (22) Cr. p.ex. Dil' Hauplallfgab~'n der Musl'm der DDI< bis l'-JHO, in Schrifle!H('ihc,
Hef! '-J, [nslillil Ilir MUSellIllS\\'e\en dn DUI<, Teil 2. pp 201~223, Berlin 1977
société en Lant que sources primaires de la connaissance, qui (23) Cf. Uell('s, ad luc.. pp IX, 7H and 91

41
Zbynek Z Stransky

Directeur du département de muséologie du Moravské muzeum


(Musée morave) de Brno et directeur du département de muséologie
de la Faculté de philosophie de l'Université Jan Evangelista Purkynë,
Brno, Tchécoslovaquie

1
A l'initiative des dirigeants de l'ICOM, un projet très im­ Déjà les anciens philosophes disaient qu'il faut douter de
ponant est en cours de réalisation: l'édition d'un Traité de tout. C'est pourquoi je crois qu'on me comprendra si je
Muséologie. Certes, c'est une oeuvre utile. Elle devrait con­ commence par douter de la question elle même: muséologie
stituer un tournant dans l'évolution actuelle de la pensée - science ou simplement travaux pratiques?
muséologique, et ce non seulement par ce qu'elle contien­ Comment dois-je au juste comprendre celle question?
dra, mais aussi et avant tout par les impulsions qu'elle ap­ Tout à fait schématiquement: Nous devons décider si A pré­
portera. sente les caractéristiques de B ou de C.
Cependant, une tâche aussi importance ne peut être ac­ A répond ici au terme «muséologie» qui renferme toute­
complie par une simple accumulation d'idées. Elle doit ap­ fois certaines caractéristiques de B (-Iogia). Cela influe sur
paner un système de connaissances résultant de grands cf­ la conclusion. Pourtant, la question considère a priori A
forts professionnels, développés en plein accord avec le ni­ comme effectivement existant. B (Science) est mis en oppo­
veau méthodologique existant de la pensée scientifique. Ce sition avec C (Travaux pratiques). Or, nous avons ici encore
n'est que de cette facon que nous obtiendrons que l'oeuvre le mot «simplement» qui est équivoque. Nous pouvons
réalisée non seulement réponde aux besoins actuels de la comprendre de telle sorte que nous ayons intérêt à savoir si
muséologie, mais aussi qu'elle devienne la base nécessaire actuellement A est encore telle ou telle chose, ce qui signifie­
des contacts avec les autres éléments des systèmes institu­ rait que nous supposons un changement.
lionneis. La question n'est pas formulée - comme je l'ai laissé en­
Une tâche aussi exigeante ne peut pas être r~alisée d'un trevoir - de facon suffisamment adéquate pour saisÎr la
seul coup. II faut établir tout d'abord le laps de temps et la réalité examinée. II sera sans doute préférable de tenter de la
base de publication nécessaires. Nous devons épurer l'ac­ développer comme suit:
tuelle pensée muséo-théorique. La version définitive du a) Si nous prenons un certain terme, ou certains termes,
Traité ne doit pas comprendre ce qui est marginal, superflu, nous pouvons supposer qu'ils ont une certaine intention,
inorganique, mais seulement ce qui est essentiel, ce qui dé­ donc qu'ils répondent à une partie ou à un aspect de la réali­
limite les structures de base de ce que nous sommes habitués té, ainsi qu'à la question de savoir si cette réalité est subjec­
à appeler muséologie. tive ou objective.
De ce point de vue. il faut non seulement accueillir, mais b) Si les termes répondent à une certaine réalité, alors
soutenir à tous égards le projet d'éditer «Museological celle-ci doit présenter certains aspects par lesquels elle se dis­
Working Papers (MuWoP»> qui sera une plate-forme de tingue de la totalité de la réalité. Ces aspects doivent être es­
discussion pour préparer les composantes fondamentales du sentiels pour cette réalité, car ils conditionnent sa propre
Traité de Muséologie. . existence.
Le choix de la première question à discuter répond certai­ c) Si celle réalité spéciale existe à l'heure actuelle, il faut
nement à ce dessein. savoir aussi si elle a existé auparavant, donc si elle se déve­
Nous pourrions répondre à cette question en nous réfé­ loppe. Lorsqu'on peut prouver qu'elle se développe, nous
rant à la série des travaux déjà publiés. Mais, ce ne serait supposer que l'état actuel n'est qu'une phase.
pas juste à mon avis. Il ne s'agit pas ici de répéter nos pro­ d) Lorsqu'un phénomène examiné existe et se développe,
pres vues et connaissances. mais. en confrontation avec les son existence est conditionnée historiquement et sociale­
autres - pour autant qu'ils acceptent les règles de celle dis­ ment, ce qui signifie que ce phénomène accomplit une cer­
cussion - de défendre nos positions et de savoir avant tout taine mission, qu'il a son propre sens. La connaissance de
les convaincre de l'exactitude et de l'authenticité de nos ce sens permet de déduire non seulement la connaissance de
idées. ce que c'est, mais aussi de ce que c'était et de ce que ce de­
J'accepte donc la question posée et je suis prêt à partici­ vrait être.
per à la joute. Prêtons attention aux questions suivantes.

42
2 l'élément muséo-théorique (scienlifico-éducatif) est égaie­
Outre le terme «muséologie» qui est utilisé dans la question ment effacé, surtOUl par l'activité d'organisation, de docu­
posée, nous rencontrons d'autres termes dom la significa­ mentation, d'information et dans le large sens du mol par
tion est souvent identifiée ou seulement différenciée de l'activité éducative el publicitaire, cc dont témoignent tant
façon panielle. Il s'agit par exemple des termes «muséogra­ les conceptions, programmes et plans d'activités publiés que
phie», «Théorie des musées», Exceptionnel est le terme la propre produclion et activité.
«Muzeislic» (analogique par exemple aux termes «Est he­ Du point de vue mélathéorique, la Ihéorie de musée ac­
tic», <dnformatic») utilisé en Roumanie. tuelle ne répond que dans une certaine mesure aux cl'ltères
Tous ccs termes ont un trait commun: ils se rapportent au de la théorie. Mais la théorie n'est pas encore une science. Si
phénomène de musée. Il n'cn résulte pas toutefois que nOLIs on appréciait celle produclion au niveau métascicnlifique,
puissions lier la signification de ces termes directement à ce nous devrions aboutir à la conclusion que seulement cer­
phénomène. Tous les termes susmentionnés comportent un tains ouvrages répondent aux criteres scientifiques. La meil­
signe (genus proximum) qui nous amène dans le plan de ré­ leure preuve que celle théorie ne présente pas le niveau
flection d'idées du phénomène de musée réel. La justesse de d'une discipline scientifique indépendante est le fait que les
cette conclusion est confirmée par la terminologie même qui résuhats de la production muséo-théorique ne sont pas ac­
comprend également ses propres [crmes pour exprimer ce ceptés sur une vaste échelle dans le cadre des connaissances
qui existe pratiquement, comme par exemple le terme «Tra­ scientifiques. Autrement dit: la muséologie n'a pas sa place
vaux pratiques de musée». dans le système existant des sciences.
Nos termes se rapponent donc au phénomène que nous La théorie de musée nous paraît aujourd'hui comme un
pouvons désigner comme théorie de la pralique de musée. cenain domaine spécifique de connaissance humaine, qui
Cela répond aussi à la relation générale: théorie et pra­ porte certaines caractéristiques de la théorie, éventuellement
tique. même des tendances vers la délimitation de cette théorie
Celte théorie de musée devient objective, avant tout dans comme une discipline scientifique.
la production muséologique. Chacun peut s'assurer de son
étendue et de son orientation par l'intermédiaire des biblio­ 4
graphies muséologiques. Mais, celte théorie se manifesle Les travailleurs de musées soutiennent eux-mêmes souvent
également aujourd'hui dans les programmes d'enseigne­ que l'enthousiasme pour la théorie de musée ou pour la mu­
ment de muséologie ou dans le cadre des institutions théori­ séologie n'esl qu'une affaire contemporaine el que c'est
ques muséologiques spécialisées (un tel institut fut fondé ré­ aussi une tendance motivée seulement très subjectivement.
cemment par exemple à Berlin-Ouest). Certains aUleurs ont tenté de saisir le cadre de l'évolution
Les termes utilisés répondenl donc au phénomène de mu­ de cet effort théorique. Il s'agit avant totH de certains histo­
sée existanl objectivement. riens des musées (WITTLlN, BAZIN). Or, cette dernière
décennie ont paru aussi des ouvra~es spé.cifïques de cette
3 orientation (MALINOWSKI, STRANSKY).
En ce qui concerne la spécificalion des aspects déterminants Dans ces ouvrages nous Irouvons assez de preuves que ce
de celte réalité muséo-Ihéorique, nous rencontrons dans la qui a été créé par exemple par QUICCHEBERG, MAJOR,
littérature muséologique presque uniquement des descrip­ EICKELlUS, L1NNE, KLEMM, GRAESSE, MURRAY,
tions des différents auteurs des essais de résumé des caracté­ SCHLOSSER, COLEMA n'cst pas un fait isolé, mais une
ristiques générales ou de définition de la muséologie ou de la partie organique du développement de la pensée théorique
théorie muséologique (par exemple RIVIÈRE, ALOI, muséologique, qui a non seulemenl ses représemants, mais
NEUSTUPNY, RAZGON, BURCAW, AVE). Vers le mi­ aussi ses élapes de développement et ses points culminants.
lieu des années soixanle, la Chaire de muséologie à l'Uni­ Nous n'avons pas en attendant une oeuvre qui prouverait
versité de Brno a lenté une approche métathéorique avec la­ le caractère autochlOne de ce développement et démontre­
quelle plusieurs auteurs (par exemple HÜHNS, JAHN, rail en même temps les facteurs conditionnant ceUe création
GLUZINSKI) Olll renoué dans une vaste mesure. théorique. Cependant, l'ouvrage de MALINOWSKI (1970)
En analysam la Iiltérature ffiuséo·théorique nous aboutis­ est une preuve très éloquente du fait que notre supposition
sons à la conclusion que les vues gnoséologiques el métho­ dans ce domaine esl juste.
dologiques ne répondent pas aux exigences contemporaines. La théorie de musée ou la muséologie a sa propre histoire
Un imponant pourcentage des ouvrages se situe sur le plan qui diffère de celle des musées.
de l'historiographie des musées; bien des travaux se conten· Nous avons eu IOrt car jusqu'ici nous n'avons pas prêté
lent de la description des difrérel1les activités de musée, ou assez d'allemion à cette histoire et notamment nous n'avons
au plus atteignent le niveau des généralisalions et c1assifica­ pas su apprécier l'apport théorique de IOuS ceux qui se som
lions empiriques. Les ouvrages qui onl une intensiol1 gno­ engagés avant nous dans la voie des efforts muséo-Ihéo­
séologique plus profonde sont relalivement rares. Maints riques. Ce sont par exemple les travaux d'ENNENBACH
ouvrages, qui répondent aux besoins méthodologiques, y qui montrent ce que ccla peut signifier pour le dévcloppe­
parviennent dans le domaine des disciplines scientifiques en· ment de la muséologie contemporaine.
gagées et non par leur propre conception muséo-théorique
ou muséologique. 5
11 en est de même dans le cas des programmes d'enseigne­ Si la théorie de musée a existé dans le passé et si elle s'est dé­
ment. L'enseignement de la théorie de musée ou de la mu­ veloppée, cela signifie qu'elle répondait à un certain besoin
séologie est réalisé aujourd'hui déjà dans bien des écoles su­ social.
périeures. Cet enseignement repose principalemenl ­ Il en doit être de même aujourd'hui.
comme le démomrent les programmes d'enseignement pu­ La théorie de musée ou la science muséologique ne peut
bliés - sur une base théorique relalivemcnt faible: il s'agil exister el se développer que si elle répond à un besoin con­
en général de Iransmettre des expériences positives, des in· cret et aux exigences de la société contemporaine.
structions relatives à la pratique, aux différenles méthodes Compte tenu du fait que le phénomène de musée accom­
et techniques. Ce n'est cenainement pas insignifianl, mais pagne, bien que sous des formes el des conceptions diverses,
seulement à cc niveau la théorie de musée ou la muséologie en substance l'ensemble du processus de formai ion de la
peuvent diflïcilement devenir une discipline égale aux au­ culture humaine, il esl naturcl que même aujourd'hui il ail
tres branches des études universitaires. dans la société humaine non sculement sa place, mais aussi
Dans les instituts muséologiques théoriques spécialisés, sa mission spécifique.

43
Si la muséologie s'est développée en relation avec l'évolu­ pliquer les bases de son langage. Il n'est pas possibk, bien
lion générale de l'humanité et si la théorie de musée s'esl dé­ entendu, de remédier à ce défaLH par des essais purCIllcm
veloppée d'une façon analogue, il est tout à fait naturel que terminologiques ou lexicographiques.
tant les musées que la théorie de musée ne puissent exister et Enfin, nous avons ici la question du système théorique.
ne puissent Conserver leur droit à l'existence et à leur déve­ Nous ne rencontrons que des Icntatives lrès timides. Plu­
loppement que seulement s'ils suivent l'évolution générale sieurs auteurs confondent aussi le système théorique avec la
de l'humanité. structure fonctionnelle du musée. Cependant, le système
Alors qu'au XIXe ou dans la première moitié du XXe théorique n'est pas une simple classification des connaissan­
siècle la société se contentait d'une approche intuitive et em­ ces acquises. Son rôle est beaucoup plus importalll: non
pirique dans bien des sphères d'activité, la seconde moitié seulement il modèle la réalité connue, mais il devient aussÎ
de notre siècle apporte des changements révolutionnaires, un instrument pour sa connaissance plus profonde. Mais
décisifs. Les facteurs de la révolution scientifique et tech­ notre théorie de musée n'est pas encore arrivée si loin.
nique pénètrent dans la totalité de la réalité naturelle et so­ Tant que ces problèmes fondamentaux ne scrolll pas re­
ciale et ils interviennent de plus en plus profondément dans solus, nous ne pourrons pas prouver que la théorie de musée
sa structure. est seulement une théorie ou une science, ou bien que finale­
ment nous n'avons besoin ni de l'une ni de l'autre. Parfois
Hors de cette constellation de l'évolution, les musées ne
nous rencontrons une telle opinion.
peuvent pas exister. La prise de conscience récente de la si­
tuation critique des musées a été justemenl une expression
de la compréhension des contradictions entre les exigences
6
En résumant ce que nous avons appris par l'examen des dif­
de l'évolution de la société et l'état aueint par les musées.
férellles sous-questions, nous pouvons exprimer à peu près
Or, nous ne pouvons pas résoudre aujourd 'hui les pro­
le point de vue suivant:
blèmes d'existence des musées seulement au niveau de la
Le terme de muséologie ou de théorie de musée concerne
pratique. Nous avons besoin d'un instrument spécifique qui
la sphère de l'activité de connaissance spécifique, orientée
nous permettrait de prendre connaissance de l'aspect objec­
vers le phénomène de musée. Il s'agit ici du rapport théorie
tif de la réalité, de se rendre compte de ses lois et de trouver
et pratique.
les modes optimaux pour la solution des lâches quotidien­
Le niveau général de celte théorie de musée n'est pas sa­
nes, ainsi que pour ouvrir la voie à suivre.
tisfaisant du point de vue métalhéorique, car il ne répond
Cependant, celle tâche ne peut être assumée que par la
pas pleinement aux critères actuels de la théorie scientifique.
théorie de musée ou la muséologie.
Néanmoins, c'est un phénomène historique. Il sc déve­
Comme pour l'ensemble de la sphère des musées, le pos­
loppait déjà dans le passé, el aussi il ['époque contempo­
tulat du changement révolutionnaire s'applique à la théorie
raine nous pouvons constater certaines tendances non seule­
de musée. Si la théorie de musée doit accomplir sa mission,
ment vers l'amélioration de la qualité de cette théorie, mais
il faut qu'elle atteigne un niveau répondant aux crilères ac­
aussi vers sa transformation en discipline scicnlifique spéci­
tuels de la théorie, éventuellement de la science.
fique.
Nous pouvons l'atteindre seulement en nous concenirant En appréciam l'évolution et l'état de la pensée muséo­
consciemment sur la solution des problèmes déterminants théorique du point de vue des lois se manifestant générale­
de celle activité. Il s'agit avant tout de l'objet de celle théo­ ment dans l'histoire des sciences (BERNAL, DOBROV),
rie ou science. La conception intuitive du musée, qui prédo­ nous pouvons prouver objectivement que la pensée muséo­
mine encore comme objet de ceue théorie, relie sans cesse théorique se trouve au stade de formation et de spécifica­
ceHe activité aux problèmes d'organisation et d'ordre tech­ tion. C'est pourquoi elle est encore fortement chargée d'em­
nique el amène plusieurs aUleurs jusqu'à l'identificalion de pirisme el liée à la pratique directe.
la théorie avec la pratique de musée. La question de l'objet En même temps nous pouvons constater dans celle pen­
est la question clef. Elle n'était pas résolue jusqu'ici en prÎn­ sée théorique certains traits d'évolution et de structure, qui
cipe. Nous constatons ici une forte influence des idées d'une témoignent de l'existence de conditions objectives pour que
sorte de synthèse de différentes méthodes scientifiques dans ceue théorie devienne une discipline scientifique spécifique,
le cadre de celle théorie de musée, commençant par les mé­ mais à condition qu'elle résolve ses propres problèmes mé­
thodes des disciplines scientifiques concrètes. Et encore, tathéoriqucs.
maints auteurs n'élucident pas la fonction des différents On peut donc répondre à la question posée de sorte que A
plans des méthodes appliquées et ne précisent pas non plus est au stade de sa spécification aussi bien que B. Mais A
les méthodes muséologiques spécifiques. n'est dans aucun cas identifiable à C. A est en rapport spéci­
Non moins important est le problème du langagc théo­ fique avec C, mais du fait qu'il se rapproche du niveau de B
rique de musée. Ce problème s'est révélé pleinement par il s'éloigne nécessairement de C. Mais, plus A se rappro­
exemple lors de J'essai soviétique, allemand ou international chera ou s'identifiera à B, plus il sc rapprochera de C, bien
d'élaboration Cl d'édition de dictionnaires musêologiques entendu à un niveau autre qu'originaire, au niveau de l'in­
(voir Diclionarium museologicum). C'est en effet l'indéter­ terprétalion théorique.
mination théorique qui eSI la cause des grandes différences Parce que, comme l'a rappelé nOire éminent généticien
de signification. La thêorie de musée n'a pas su, jusqu'ici, KRiZENECKY, «c'est la bonnc théorie qui est la plus pra­
délimiter les piliers fondamentaux de sa construction ni ex­ tique»).

44
Jarnes L Swauger

Maître de recherches en anthropologie au Carnegie Museum


of Natural History (Musée Carnegie d'histoire naturelle),
Pittsburgh, USA

Suivant le précepte qui veut que l'on définisse ses termes Si les objectifs du musée sont de collecter, de conserver,
avant la discussion, je donnerai la définition de la science d'étudier et d'expliquer leur fonds, les objets, les éléments
sur laquelle repose ce qui suit: matériels confiés à leurs soins, ou les principes de l'existence
humaine ou naturelle par le moyen de ces objets, il est mani­
connaissance systématisée déduite de l'observation, de feste qu'un seul de ces quatre objectifs appartient exclusive­
l'élude et de l'expérimentation pratiquées dans le but ment au musée: collecter.
de déterminer la nature ou les principes de l'objet de La conservation des objets, par exemple, n'est pas du res­
l'étudrf'). sort exclusif des musées et de leur personnel. En Pennsylva­
nie, dans le comté d'Allegheny, !'Etat est responsable de
Pour ce qui est de la muséologie, la description d'Ellis 1254 ponts. Sur ce nombre, beaucoup ont dû être fermés,
Burcaw est claire et exhaustive: remplacés ou déplacés en raison de leur âge et des détériora­
tions qui lui sont dues, mais beaucoup d'autres sont «con­
La muséologie est la branche du savoir qui traite des buts et servés», au sens muséal du terme, grâce à une scrupuleuse
de l'organisation des muséefo2). restauration. Les ingénieurs chargés de cette conservation
ne sont certes pas gens de musée, mais il conservent des ob­
Ajoutons pour cette présentation la définition que donne jets.
Hurcaw de la muséographie: . De même, l'étude des objets de musée n'est pas le mono­
le corps des techniques se rapportant à la muséologirfJ). pole des conservateurs. Ceux qui se livrent à ces études, ar­
tistes, historiens de l'art, géologues, biologistes, anthropo­
Dans le contexte du thème de cet essai, nous pouvons dire logues, sont extérieurs au musée aussi souvent, sinon plus
que pour savoir si la muséologie est ou non une science, il souvent que l'inverse. Ce sont des gens qui pratiquent leur
nous faut examiner si elle constitue effectivement un corps métier dans les musées pour la simple raison que les objets
de savoir systématisé duquel se déduisent la nature et les qui les intéressent se trouvent dans les collections des mu­
principes du travail du musée et à partir duquel a été élabo­ sées. Leurs bàses philosophiques et leurs buts sont propres à
rée une théorie universellement applicable au travail du mu­ leur discipline et ne se confondent qu'accidentellement avec
sée. les buts proprement muséaux des gens de musée.
Le titre de l'essai situe le champ de réflexion sur la mu­ On peut affirmer que lorsqu'un conservateur travaille sur
séologie en laissant entendre qui'i s'agit peut-être non d'un les objets de son musée comme historien de l'an ou comme
corps systématique de savoir, mais d'un ensemble de tech­ géologue selon les règles de cette discipline, il n'agit pas en
niques dégagées empiriquement utilisées dans les musées, tant que conservateur mais en tant que spécialiste d'un aUlre
donc essentiellement la «muséographie» de Burcaw. domaine, et que c'est seulement lorsque l'étude et les résul­
En réalité, nous ne pouvons pas dissocier muséologie et tats sont sciemment orientés vers une application dans le
muséographie. POUf que puisse se constituer une science de contexte d'un musée qu'il travaille vraiment comme conser­
la muséologie, il faut que les théories soient mises à l'é­ vateur.
preuve, et les théories montrant la voie du plus haut degré Cette façon de voir est tout aussi juste s'agissant de
d'accomplissement des finalités du musée doivent être mises l'objectif du musée qui consiste à expliquer ses objets ou les
à l'épreuve dans les seuls laboratoires valables: les musées. principes découlant des exemples fournis en utilisant ces
Pour éprouver ces théories, nous devons faire appel aux objets. Quand nous évoquons l'explication par le musée ­
techniques de la muséographie et les efforts en cours pour l'éducation par le musée, comme on dit souvent - nous
édifier une science de la muséologie sont tournés pour une pensons automatiquement aux musées publics(4). Assuré­
large part non vers la muséologie en tant que telle mais vers ment la plupart des profanes voient dans le musée des salles
l'efficacité de diverses techniques muséographiques. Pour d'exposition où ils viennent pour se récréer et s'instruire. Le
toutes les fins pratiques, muséographie et muséologie sont degré d'éducation structurée qu'il est possible d'acquérir
les deux faces d'une même médaille, non des entités distinc­ par le moyen des musées publics est discutable, mais la plu­
tp.s. part des profanes sont persuadés qu'ils apprendront tou­

45
jours quelque chose de nouveau de la visite d'un musée, en plus représentative, la plus belle, la plus complète, la plus
regardant les objets et en lisant ou écoutant des explications utile du point de vue éducatif, de tOUI ce qui se situe dans sa
auxquelles ils ne peuvelll accéder dans aucun aulre cadre(5). ou ses sphères d'intérêt: production de sel du Salzberg à
Mais seuls le cadre et les objels sont l'exclusivité du mu­ Hallein en Autriche, effigies d'or précolombiennes à San
sée. L'expérience et la pratique actuelles aux Etats-Unis José, Costa-Rica, brasserie à Bruxelles, Belgique, ou musée
montrent que les tenants de l'éducation par l'utilisation des Salvador Dali à Cleveland, Ohio, Etats-Unis. Je ne crois
objels de musée ne se recrutent pas parmi le personnel des pas qu'à l'heure actuelle il soit possible d'élaborer une phi­
musées, mais parmi ceux qui ont une formation d'éduca­ losophie de la collection pour le monde du musée dans son
teurs en général et ont reçu une formation dans le cadre du ensemble.
musée en vue de J'utilisation des objets de musée dans le La muséologie peut être vue comme un ensemble de prin­
processus éducatif. cipes universels relatifs aux meilleurs moyens pour chaque
Les expositions sont des présentations de spécimens desti­ musée de rassembler, de conserver, d'étudier et d'expliquer,
nées à instruire sans la présence physique et la conduite d'un mais ce n'est pas là une science. C'est une doctrine et une
enseignant. Aux Etats-Unis, un mouvement général se des­ bonne doctrine, mais ce n'esl pas une science.
sine, tendant à faîre appel à des entreprises professionnelles Comme je J'ai indiqué plus haut, la plupart des travaux
d'exposilions pour des expositions qui sont plus que mi­ que j'ai éludiés, qui sont censés êlre scientifiques et deslinés
neures. Ceci n'est pas aussi vrai des musées d'art que des à fournir un savoir systématisé sur lequel conslruire une
autres genres de musées car les musées d'art peuvent réaliser structure de principes universellement applicables ne trai­
l'une de leurs fonctions éducatives simplement en présen­ tent pas des buts ou de l'organisation des musées, mais de
tant les objets de telle sorte que le public avisé puisse obser­ J'amélioration des techniques du musée. Si Ja muséologie et
ver au mieux leurs qualités uniques, mais la tendance n'en la muséographie sont des phases distinctes de l'activité du
existe pas moins. musée, il n'y a pas grand-chose de fait pour élaborer une
Les autres moyens d'explication, articles, livres, émis­ science de la muséologie en tant que telle.
sions de télévision et de radio, conférences, ne sont pas le Les vérifications de beaucoup de travaux effeclués au
monopole des gens de musée. De plus en plus, il n'est fait nom de la constitution d'une science du travail du musée ne
appel au personnel des musées que comme à une ressource sont guère propres à fournir des résultats scientifiques. Les
dont des écrivains de métier, des cinéastes el d'autres utili­ observations, l'éLUde et les expériences scienlifiques requiè­
sent le savoir pour élaborer des présentations jugées stimu­ rent des mesures de vérification comparatives rigoureuses
lantes et efficaces du point de vue éducatif, dans le cadre du qui sont absentes de presque toutes les élUdes qualifiées
musée ou en dehors. d'études scientifiques sur les buts el l'organisation du mu­
Il existe bien entendu des collectionneurs et des collec­ sée.
tions privés, mais pour notre propos nous ne considérerons Je pense qu'il est plus fructueux de considérer la muséolo­
que les collectionneurs et les collections en régie publique: gie comme un corps de techniques du musée visant à pro­
les musées. Là encore, muséologie et muséographie s'inter­ mouvoir les buis et l'organisation du musée, qui ont été
pénètren!. mises au point et jugées pratiques el fécondes par les gens de
A première vue, on pourrait dire que la pratique de la col­ musée dans l'accomplissement de leurs lâches quotidiennes.
lection ne requiert pas l'application de techniques muséo­ Un jour peut-être la muséologie sera une science, encore
graphiques. En fait, c'est pourtant les cas. Ce que collec­ que j'en doute, mais ce jour n'est pas encore venu.
tionne un musée est condilionné non seulement par l'objet
de ses collections, mais par ses collections du moment, par
l'espace disponible pour le stockage ou l'exposition, par les
facilités de réparation, de restauration et de conservation, et Notes
aussi par des ressources financières suffisantes pour J'achat (1) liuralnik. Da\'id 13 .• cd. (1970J. Web...·/(·r·... Nell' World Diclioflury of Ihe AII/C'f­
ou le traitement approprié des collections, et tous ces fac­ il"Un lunKlIuKe. p 1275. World Publil>hing Company. New York and Cleveland
(2) 8ur~·aw. G. EIli1. (1971). Museum TruinÎtIK Courses În Ihe Unifed SlUte.\ und (u·
teurs, y compris le financemcm, som des plus muséogra­ nudu. p 8, Arncrkan Alosocialioll of Mu'>eullh. WashinglOll. D. C.
phiques. (3) Ibid. P Il
(4) Wicgman, P::Jul G. and Wicgman. Pamela M. (1972). é'I'uluutio/l in Museums.
Un musée peut avoir sa philosophie de la collection. Il unpublished ms. Curnegic Museum of Nmural HislOry. Pill~burgh
peut s'assigner pour objectif de rassembler la collection la (5) Ibid

46
Soichiro Tsuruta

Professeur de muséologie, Département d'enseignement


de la Faculté des Lettres de l'Université Hosei, Tokyo, Japon

1 Définition de la muséologie Bien que leurs idées n'aient pas été approuvées, le Comité
Qu'était la muséologie, qu'est-elle et que devrait-elle être? international de l'ICOM pour la muséologie a été créé et ap­
Les mots qui actuellement signifient muséologie sont ap­ prouvé par la 12ème Assemblée Générale de l'ICOM, à
parus avant la seconde guerre mondiale. Parmi eux, on Moskva, en 1977.
trouve: museology, museography, museum studies, Mu­ Voici donc un bref passage en revue du développement
seumskunde, Museologie, muséologie, muséographie, mu­ des concepts de la muséologie au cours des cinquante der­
seografia. Muzeyevedeniye, etc. Près d'un demi-siècle s'est nières années, vu par un muséologue d'Extrême-Orient.
écoulé depuis la publication de «Muséographie», ouvrage D'après moi, on pourrait établir le tableau suivant sur
en deux volumes compilé par l'Office International des Mu­ l'hypothèse de l'apparition et du développement de la mu­
sées à Paris. séologie:
Malgré cela, aucune définition précise ce ce que l'on ap·
pelle «muséologie» n'a été trouvée. En fait, on utilise ces
termes pour résumer tous les aspects des musées: défini­ Processus Phases Caractéristiques Epoques
tions, fonctions, collections, architectures, types, person­ Mouseion et l'ère seuls les musées de Mouseion à
nel, administration, services des musées, réseaux de musées, des musées apparaissent et Alexandrie au
etc. Ces définitions devraient plutôt être considérées comme existent Moyen-Age
une sorte de science descriptive et exprimées par le mot: Il Ere «muséolore» ensemble des in­ de la Renaissance
«muséo + graphie = muséographie», bien que les savants ac­ (muséo + lore) formations sur à la révolution
tuels ne la considèrent pas comme une science moderne les musées industrielle
mais seulement comme des travaux pratiques.
III Ere de la muséo­ développement de 19ème au début
En 1958, des définitions de base de la muséologie et de la graphie la description des du 20ème siècle
muséographie ont été énoncées au Séminaire régional inter­ musées
national des musées de l'UNESCO, tenu à Rio de Janeiro,
Brésil, qui disaient: «La muséologie est la science ayant tV Ere de la muséo­ début de la re­ de nos jours.
pour but d'étudier la mission et ('organisation des musées. logie et de la cherche scienti­
muséographie tique, mais quali­
La muséographie est l'ensemble des techniques en relation tative, sur les
avec la muséologie.)) Ces définitions ont été réaffirmées au musées
5ème Séminaire régional des musées de Mexico en 1962.
V Ere des sciences nécessité d'une fin du 20ème
En 1972, des définitions plus détaillées ont été données et des techniques recherche quanti­ siècle
dans le document de l'ICOM intitulé: «Formation profes­ des musées talive et systéma­
sionnelle du personnel de musée dans le monde»: tique sur les
- la muséologie est (da science du musée». Elle en étudie musées
l'histoire, le rôle dans la société, les systèmes spécifiques de
recherche, de conservation, d'éducation et d'organisation, Les phases et époques ci-dessus sont encore hypothé­
les rapports avec l'environnement physique, la typologie. tiques, mais il est évident que la muséologie a passé par ces
- la muséographie est un ensemble de technique et de pra· processus de développement de sa nature. Il est intéressant
tiques, déduites de la muséologie ou consacrées par l'expé­ de noter que les musées ont bel et bien existé d'abord et en­
rience, concernant le fonctionnement du musée. suite seulement des descriptions et théories ont été émises
Ces essais de définitions ont été faits au début de la révi­ èontinuellement jusqu'à aujourd'hui. A l'avenir on aura
sion des Statuts de l'ICOM en 1974, juste avant la lOème besoin de davantage de recherche scientifique et systéma­
Conférence Générale de Copenhague, par quelques mem­ tique. Ainsi le thème «La muséologie - science ou travaux
bres du Conseil Exécutif et du Comité Consultatif qui s'ef­ pratiques de musées)) ne veut pas dire une discussion sur la
forçaient d'inclure des définitions de la muséologie dans les muséologie seulement, il dépend des conditions et des cir­
Statuts de l'ICOM. constances dans les musées où se trouve le muséologue.

47
Dans (<Principes de muséologie» (en japonais), 1956, j'ai Je crois que ce troisième domaine devrait être le pilier ori­
défini ainsi la muséologie: ginel de la muséologie; la combinaison des valeurs des
«La muséologie est une sorte de science appliquée haute~ objets et des être humains est l'unique méthode en muséolo­
ment développée qui étudie les objectifs des musées et leurs gie. Naturellement, avant d'entrer dans ce troisième do­
méthodes de réalisation. Leurs résultats devraient viser à dé­ maine, les objets et les humains devraient être étudiés com­
velopper les musées et contribuer au bonheur de J'humanité plètement. En d'autres termes, la muséologie ne doit pas éli­
et à la paix mondiale». miner les deux domaines existants, mais les utiliser comme
.le crois que mon énoncé résume clairement les compo­ une importante base d'étude. Ce troisième domaine d'étude
sants de base de la muséologie, c'est-à-dire que la muséolo­ est la spécialité très définie de la muséologie mais également
gie est une combinasion systématique de téléologie et de mé­ un domaine hautement développé des sciences appliquées.
thodologie sur les musées. Fonctions, organisation, types,
histoire, administration, etc. ne sont que quelques uns des
éléments de chacune de ces deux classifications; si l'on es­ 3 Eléments de base des études de muséo­
sayait de réaliser une étude complète, les éléments de ces
deu?, classifications seraient nombreux. C'est pour cela que logie, spécialisation et systématisation
j'ai défini la muséologie de la manière la plus simple mais en de la muséologie
même temps j'ai ajouté qu'elle devrait contribuer au déve­ 3.1 Les éléments de base des études de muséologie peuvent
loppement des musées et aussi au bonheur de l'humanité et être classés sous 4 aspects:
à la paix du monde. Ces <<idées ajoutées» peuvent ne pas
être agréés par les savants puristes, mais après avoir étudié 3.1.1 Un musée peut être reconnu comme une unité mini­
des publications sur le musées jusqu'en 1979, je maintiens mum de la même façon qu'un être humain. C'est là un pre­
ma définition. mier aspect: étude des musées en tant qu'unités. Cet aspect
peut être ensuite décomposé en trois points:
3.1.1.1 Etude de la classification scientifique des musées;
2 Spécialité de base de la muséologie 3.1.1.2 Etude des formes et structures (internes et
externes);
en tant que science indépendante 3.1.1.3 Etude des fonctions des musées.
Si la muséologie est une science indépendante par rapport
aux sciences actuelles, y compris les diverses sciences appli­ 3.1.2 Un musée peut être reconnu comme un individu dans
quées, elle doit avoir un domaine de spécialisation et des une unité, un membre d'un groupe, un membre d'une asso­
méthodes scientifiques spécifiques. ciation, etc. Pour tous ces types il yale second aspect: étude
Les spécialités de base des sciences actuelles peuvent être des musées en tant que population d'unités.
classées dans les deux domaines suivants: 3.1.3 Un musée ne peut exister indépendamment de ses
conditions. Au contraire, cet aspect est l'un des plus impor­
2.1 l'étude des objets et leurs fonctions est le premier do­ tants pour un musée. Ce qui veut dire que les relations entre
maine scientifique spécifique. Pour utiliser une expression les musées et leur environnement naturel et social doivent
s'appliquant aux musées «la science de l'étude des objets de être étudiées comme une discipline de base. Sous cet aspect,
musée eux-mêmes)). Les sciences physiques ou concrètes ap­ peut être rangée l'étude de la base historique des musées.
partiennent à cette catégorie. On pourrait aussi dire: «la
science de l'étude des objets eux-mêmes)); 3.1.4 Les trois aspects décrits ci-dessus sont les principales
spécialisations des études de muséologie, mais sont similai­
2.2 le second domaine scientifique spécifique est la science res à une analyse des musées. Les résultats de ces études doi­
de l'étude des êtres humains, et les sciences métaphysiques vent être combinés synthétiquement et systématiquement et
entrent dans ce domaine défini simplement comme «une servir de base pour gérer et administrer les musées efficace­
science pour l'étude des êtres humains»; ment afin de satisfaire les besoins de la société. Une autre
conséquence de J'étude des musées dans leur ensemble est
2.3 Ces deux domaines des sciences actuelles reposent en­ l'étude de l'administration et de la gestion des musées y
tièrement respectivement sur les objets, et sur les humains. compris l'association des musées, le réseau des musées, une
Mais il pourrait y avoir un autre domaine scientifique qui souhaitable répartition des musées, etc.
repose à la fois sur les objets et sur les humains. Ce serait un
troisième domaine scientifique spécifique et il pourrait con­ Si je compare cela à une pièce d'étoffe, 3.1.1, 3.1.2 et
stituer la spécialité de base de la muséologie en tant que 3.1.3 sont les fils longitudinaux (c'est-à-dire la chaine) et
science indépendante. 3.1.4 les fils transversaux, c'est-à-dire la trame, la pièce
d'étoffe étant le concept muséologique dans son ensemble.
Dans ce cas, la systématisation et la synthèse de chaque
domaine spécialisé de la muséologie serait le quatrième et
dernier aspect de la muséologie.

Diagramme montrant les r:lpporl~ enln.: Diagramme Je la muséulogic dans ~on

les trois domaines d'élude t:n~crnblc el de ses r..:omposanls

),l.J ).1.2 J.U

J.1.4

1cr. lèmc cl )ème a~pttt .le la muséoloi/,ic

48
3.2 Systèmes de muséologie proposés
3.2.2 Muséologie spécialisée
Selon les quatre aspects de base de la muséologie décrits ci­
Il sagit d'un stade intérimaire pour transformer la mu!'.éolo­
dessus paragraphe 3.1, je propose les systèmes suivants de gie en sciences quantitative ct physique. Prc!'.quc toule!'. Ic~
muséologie à propos desquels j'ai déjà écrit en japonais un études de musée et les effons pour le développement de~
article en 1976, et utilisés comme base des cours de muséo­ . musées ont cu rapport à cc domaine; disons muséologie de
logie à l'Hosei University de Tokyo. l'an, muséologie de l'histoire, muséologie de la science,
aquaologie, si l'on peut les appeler ainsi. Elles sont très uti­
3.2.1 Auto-muséologie (muséologie individuelle)
les pour la gestion pratique des musées et aussi pour encou­
Etude des musées en tam qu'unités. Ceci entrant dans le
rager le développement des musées spécialisés mais en
pont 3.1.1 et selon les points 3.1.1.1,3.1.1.2 et 3.1.1.3,
même temps, elles pourraient être placées au même niveau
l'auto muséologie peut se classer dans trois domaines:
scientifique de la muséologie ainsi appelée excepté en ce qui
3.2.1.1 Taxonomie muséale concerne le très étroil domaine de leurs objet~.
Bien qu'il y ait de nombreux exemples de classifications de
musées par genre, il n'y a pas d'approche systématique et 3.2.3 Syn-muséologie (muséologie de la population)
taxonomique. Cependant, une classification systématique Ceci entre dans le point 3.1.2. Etudes des musées en tant
que «population» existant aClUeliement sous forme d'A~so­
des musées, quelque chose comme une taxonomie bota­
ciations nationales de musées. Association Jnternationalc
nique, est nécessaire. En 1973 j'ai écrit un article sur ce
thème. J'établissais un prototype de musée comme une des Musées de Plein-Air, et même l'ICOM pourrait être
partiellement inclus dans cette catégorie. La syn-muséologie
espèce en biologie et j'ai pris cinq critères de base, pour
de la populalion vise à systématiser en science les relalions
nommer chaque espèce de musée, par une <<nomenclature
entre les musées et groupes de musées. Par exemple, les rela­
penta-nominale». Actuellement, j'essaie de remplacer celte
tions de base entre musées seront appelées «action, réac­
méthode par des chiffres pour établir une méthode de classi­
tion, co-action», et les prototypes de structures comme la
fication décimale.
population muséale serait classés comme «structures disper­
3.2.1.2 Muséologie morphologique sées, structures ouvertes et structures fermées». Ce type
Du point de vue des formes et des aspects, les composants d'élude est un aspect vital de la muséologie.
des musées sont habituellement considérés comme étant les
matériaux tangibles Cl l'environnement physique. c'est-à· 3.2.4 Socio-muséologie

dire tcrre (superficie, limites, campus, elc.), bâtiments (ar­ Ceci entre dans le point 3.1.3. Ce type d'élude s'est déve­

chitecture, installations, mobiliers, équipements, etc.), ma­ loppé au cours des vingt dernières années, mais reste encore
{(~riel de musée (collections, objets. matériaux, etc.), êtres
une sorte de stade d'approche de la science. Celle panie de
humains (personnel de musée, visiteurs, public potentiel, la muséologie devra donc continuer à évoluer vers la socio­
etc.). muséologie. En même temps, la base historique des musées
relalive à leurs sociétés humaines ct naturelles devrait con­
Ces éléments ont été étudiés et discutés en détail, mais
jusqu'à préselll, il n'y a pas eu de recherche de base systé­ stituer la panic la plus importante de celle catégorie.
matique par des critères communs basés sur les formes et 3.2.5 Gestion des musées
aspects. Des concepts comme la morphologie, l'histologie. Ceci entre dans le point 3.1.4. On n'a pas encore trouvé de
l'ostéologie, l'organologie devraient faire panie de la mu­ mot exact qui résumerait la science de l'administration et de
séologie. la gestion des musées (voir 3.1.4). Aussi, temporairement,
3.2.1.3 Muséologie fonclionnelle je parlerai de gestion des musées.
On considère habituellement que les fonctions des musées
sont la collecte, J'acquisition, J'enregistrement, la conserva­
tion, la restauration, J'étude, la recherche, la présentation, 4 Conclusion
J'éducation, l'interprétation, la communication, etc. Mais il Mon exposé est basé sur les informations dont je dispose. Je
est difficile de déterminer quelles sont les fonctions de base, crois que la muséologie est une science et que des effons
quelles sont les relations fondamentales entre ces fonctions doivelll être accomplis duralll les dix années actuelles grâce
et quelles sont les fonclions idéales des musées dans leur en­ à la coordination et à la coopération illlernationaies entre
semble. Ces concepts pourraient être classés dans une mu­ musées et muséologues scientifiques pour développer
séologie fonctionnelle. l'étude de la muséologie.
Bachir Zouhdi

Conservateur du Musée d'antiquités gréco-romaines et d'art byzantin


d'AI Matha! al-Watani (Musée National) Damas. Chargé de cours
d'Etudes esthétiques à l'Université de Damas, Syrie.

Je me permets de remercier «Le Conseil de rédaction du Co­ En effet, la muséologie est née d'une certaine connais­
mité international de l'ICOM pour la muséologie» qui m'a sance scientifique, d'une certaine sensibilité esthétique et du
donné j'occassion et le plaisir de préparer cette modeste désir de former des collections d'objets.
étude sur: La muséologie, science ou seulement activité pra­ Notre époque offre à la muséologie une nouvelle possibi­
tique de musée? lité, non seulement de prouver son droit à l'existence, mais
aussi et surtout de jouer un rôle important et décisif dans
Deux questions se posent:
l'attribution aux musées de tâches nouvelles, véritablement
- Qu'est-ce la science?
essentielles et dynamiques, dans la société actuelle et aussi
- Est-ce que la muséologie est une science? Quelle est
dans l'avenir de notre humanité.
son histoire, quelles sont ses missions? Le plus ancien «traité» relatif à ce domaine muséologique
date de 1727. Il est dû à un marchand de Hambourg, Gas­
La science par F. Neickel, qui a donné des conseils sur le choix de ta­
Il est bien connu que la science est, en général, une connais­ bleaux les plus dignes d'être acquis et sur la meilleure ma­
sance exacte et raisonnée de certaines choses déterminées. nière de les classer et les conserver.
Ou bien, c'est un ensemble de connaissances coordonnées Quant à la France, c'est à la fin du 18e siècle qu'on a
relatives à un objet déterminé, ou encore, c'est un ensemble commencé à y faire des recherches en vue d'une rationalisa­
de connaissances humaines. Elle est le savoir sûr. EUe est tion des méthodes de conservation et de présentation des
comre "ignorance et l'inconnu. Les découvertes scienti­ oeuvres d'art et d'histoire dans les musées. Ceci s'est fait
fiques couronnent les effons des gens de science. sous l'impulsion du Comte d'Angevillier. La révolution
française a réalisé le célèbre projet de présentation publique
Est-ce que la muséologie est une science? des collections royales. Elle a même déterminé une intense
C'est une question embarrassante qui n'a cessé de se poser activité muséologique qui s'accrut encore sous l'Empire
sous des formes différentes. d'où elle s'étendit à tous les pays d'Europe.
Un auteur anonyme, probablement J. G. Rhesser, a écrit: Dans la seconde moitié du 1ge siècle, c'est l'Allemagne
«Si,i1 y a 30 ans ou même 20 ans, quelqu'un, dans ses pro­ qui prit l'initiative des études muséologiques d'unc façon
pos ou ses écrits, avait considéré la muséologie comme une rationnelle et méthodique en vue d'établir les principes de la
science, il aurait suscité chez beaucoup un sourire de com­ muséologie. Il est à noter, à ce propos, que Wilhelm von
passion ou de mépris. Il est évident qu'il en va aujourd'hui Bode donna une impulsion particulière à ces recherches qui
tout autrement» (1883). prirent plus tard un caractère assez accentué lors de la con­
Cependant, la muséologie est enfin reconnue comme une struction d'une aile nouvelle au Musée de Boston en 1903.
science indépendante. Elle est la science des musées. Elle a Le progrès des recherches muséologiques doit également
son histoire, ses méthodes, ses activités, ses idées, ses re­ beaucoup aux pays anglo-saxons.
cherches, son atelier, son laboratoire, ses découvertes, ses La coordination des recherches et des méthodes muséolo­
travaux, ses expériences, ses pionniers, ses spécialistes, ses giques sur le plan international s'opéra après la première
cours publics et universitaires, ses préoccupations, ses pro­ guerre mondiale par l'institution de l'Office international
blèmes, ses publications, son organisation internationale et des musées Qui était un organisme de l'Institut de coopéra­
nationale, ses congrès. tion intellectuelle, issue de la Société des Nations. Son inté­
Elle est donc une véritable science de musée ayant ses ac­ ressante revue spécialisée était Mouseion. Il est à signaler
tivités muséales. Elle est née des activités scientifiques desque cet office fut créé sur la proposition de Henri Focillon.
pionniers qui ont contribué au progrès de la recherche scien­ L'Office international des musées fut remplacé en 1947
tifique, à la diffusion de la culture, à l'enrichissement de par le Conseil International des musées (ICOM), créé sous
nos idées, et au développement de nos connaissances. Les l'égide de l'Unesco par M. Hamlin, directeur du Musée des
recherches muséales personnifient une certaine activité créa­ sciences de Buffalo, New York, USA.
trice. Un cours de muséologie fut inauguré à l'école du Louvre

50
par Gaston Brière. Aux USA, des cours de muséologie sont sance de l'homme, à aider les peuples à bien connaitre leurs
également donnés au Brooklyn Museum et au Fogg Mu­ patrimoines culturels, à protéger et à mettre en valeur les
scum, il Cambridge, Mass. dits patrimoines naturels et culturels, et enfin à favoriser la
L'enseignement de «1'hislOire de l'art» est aussi généralisé compréhension entre les peuples.
au Musée de Toledo et au Musée de Cleveland. Des cours de L'objet réel semble un témoin irréfutable qui contribue à
muséologie sont donnés, généralement dans des universités, attirer le public au musée.
mais malheureusement s3ns véritable continuité. L'ensei· Les conservateurs préparent parfois des expositions iriné­
gnement de celte intéressante discipline muséologique dans rantes qui aident le public de la campagne il connaître l'im­
lc cadre de l'Ecole du Louvre a, depuis 1941, un caractère portance des biens culturels nationaux et meHent en appli­
permanent. cation J'idée d'amener le musée au public par touS les
La muséologie comprend: la conversation, la présenta­ moyens possibles. Il est évident que les conditions de la vie
tion, la restauration et la diffusion culturelle. contemporaine imposent un certain renouvellemem des mu­
Je considère le musée comme une tribune des civilisa­ sées en institutions scientifiques et didactiques. Le musée
lions, un foyer culturel, un centre de recherches scienti­ contemporain n'est plus un dépôt, ni un couvent, un mau­
fiques. une sorte d'université populaire et libre, et aussi un solée, un cimetière, un cabinet de curiosités ...
rendez-vous touristique. Ceci montre les différentes mis­ Le musée contemporain semble un «musée salol1» en
sions du musée: une mission humaine, une mission scienti­ Europe, un «musée club» en Amérique, un «musée école»
fique, une mission pédagogique. une mission sociale .. , en Union Soviétique, et un «musée tréSOr» en Egypte et
Tout musée semble à notre époque un important centre d'aurres pays arabes. Il reste, toutefois, une source de con­
local de recherches et d'enseignement qui faciliterait le tra­ naissances. Ses activités muséales sont multiples et représen­
vail des érudits et aiderait les étudiants. D'après Luc Be­ tent un aspect pratique el une conception théorique liée au
noist, certains musées semble être «des centres de recherches développement de la science et du profil de la culture du
dont les galeries ne forment que des dépendances.» A pays.
Bruxelles, le Musée du Cinquantenaire abrite plusieurs insti­ La bonne formation professionnelle des conservateurs
tuts. Le Musée de la céramique de Faenza, fondé en 1920, leur permet d'affronter avec brio et une cerraine vivacité des
possède un intéressant laboratoire. différents problèmes muséologiques qui se présentent sur le
D'autres musées organisent des cours spéciaux sur «l'art chemin de la recherche et du progrès muséologiques. Leurs
de regarder les oeuvres d'art». Le service éducatif confirme responsabilités sont assez lourdes et leur demandent de
aussi la mission pédagogique des musées. Les inléressantes prendre toutes les mesures nécessaires pour la protection des
collections des musées n'ont pas été formées pour rester en­ collections contre le vol, l'incendie et les destructions. Il leur
tre des murs moroses, elles doivent donc être présentée et faut penser à tous et s'instruire continuellemenl. Ils SOI1l les
exposées avec une méthode scientifique et un goût artis­ honorables gardiens de l'héritage humain.
tique.
Dans mon rapport présenté au colloque du Comité inter­
national de l'ICOM pour les musées d'archéologie et d'his­
toire, tenu en Union Soviétique du 8 au 19 septembre 1970, Conclusion
j'ai montré les problèmes de la présentaI ion des collections, La muséologie est la science de musée. Elle doit sa naissance
problèmes de l'architecture des musées, problèmes de clas­ et sa maturité aux muséologues pionniers qui ont contribué
sement et de la répartition des collections des musées, les sérieusement à son expansion dans les différent pays du
modèles de vitrines, problèmes de l'éclairage, problèmes des monde. Chaque pays possède actuellement ses musées, plus
éléments explicatifs auxiliaires, problèmes de l'adaptation ou moins riches en biens culturels. La vie contemporaine
architectonique des monuments anciens aux musées, pro­ projette l'homme dans le futur, mais l'homme plonge loin
blème de la présentation des collections dans les salles de ré­ son regard dans le passé de son humanité pour y chercher
serve ... ses racines. Le musée semble un sanctuaire où l'âme de
Parmi les tâches des conservateurs des musées, la mission "homme survit. Keats a bien dil «une chose de beauté est
de traduirc en langage courant des langages qui semblcnt une joie pour toujours)), L'homme contemporain demande
parfois hermétiques est essentielle. Leurs efforts scienti­ que celle chose de beauté soit, comme dit Luc Benoist, une
fiques contribuent aussi à élargir les horizons de la connais­ joie pour (ous.

5t
Et maintenant?

Avis du rédacteur en chef

Un debat vivant, ininterrompu sur les problèmes fonda­ Nous espérons que ce premier numéro des DoTraM éveil­
mentaux du musée, un colloque international permanent où lera l'intérêt, enflammera les esprits muséaux de partout
les gens de musée du monde entier échangeraient idees et ex­ dans le monde, de sorte que des centaines de contributions
périences. au débal, brèves et longues (mais pas plus de huit pages)
Un rêve? Folie pure? Loin de là! Les DoTraM ont fait de parviendront au bureau du rédacteur en cher. ous promet­
ce souhail leur objeclif. Leur but est d'être une plate-forme tons de publier tous les textes sérieux, et nous sommes dis­
pour la présentation, la confrontation, la cristallisation ct posés à continuer dans les numéros 3, 4 et suivants des
l'affinemenl des idees! DoTraM si besoin est. Nous espérons bien entendu que les
quinze spécialistes choisis pour le premier numéro ne se re­
Comment alleindre ce but? La méthode est très simple. poseront pas sur leurs lauriers mais descendront dans l'arè­
Voulez-vous la suivre? ne pour défendre leurs idées!
Les DoTraM viennent de paraître pour la première fois.
Leurs premier numéro est entre vos mains. Quinze éminents Quand s'achèvera le débat? Cela dépendra du nombre de
muséologues et spécialistes du musée se sont mis sur les nos correspondants. Lorsque nous aurons l'impression au
rangs el présentent ici leurs réflexions sur le thème «La mu­ Conseil de rédaction que chacun a pu dire son mot, nous
séologie - science ou seulement travail pratique du mu­ aimerions qu'il soÎl procédé à une récapi[ulation et à une
see?. Une multilUde d'idées du monde entier. Nullement évaluaI ion de chaque thème. Par le Conseil de rédaction, ou
unanimes ou concordantes. La question dont les réponses par un groupe de travail désigné à cette fin. Peut-être un pe­
sont présentées dans ce premier numéro des DoTraM est le lit colloque. Ainsi, nous tirerons un trait après chaque
thème de discussion n" 1 des DoTraM. Chacun des numéros lhème et donnerons les conclusions du débat. Pas à pas,
suivants présentera un nouveau thème, suivant le pro­ thème par thème. Les problèmes sont nombreux, et il en
gramme convenu à l'avance. Chaque fois, des spécialistes surgit sans cesse de nouveaux. Les DoTraM ne risquent pas
désignés par les comités nationaux et internarionaux de de se trouver à court de travail!
l'ICOM exposeronlleurs idées dans les pages des DoTraM.
Telle est notre atlente - el nous avons de grandes espé­
Mais: le débat vivant, qu'en eSI-il? Il viendra, chers lec­ rances. Si le débat ne s'engageait pas, les DoTraM ne pour­
teurs, il est entre vos mains et entre les mains de tous les raient remplir leur mission. Présenter une série d'articles­
membres de notre profession, comme il sera vivant, stimu­ n'importe quelle revue peUl le faire. Débaure des problèmes
lant et fruclUeux! Dans la prochaine livraison des DoTraM, communs sans obstacle et sans limitation, tel est notre ob­
Je n' 2 pour êlre précis, dans laquelle un autre groupe de jectif. Aidez-nous à le réaliser! Ecrivez-nous pour exposer
spécialistes choisis présenteront leurs idées sur le prochain vos idées. Celle fois, au sujel de la muséologie. Est-ce une
thème, n" 2, nous publierons également les réactions aux science ou non? Qu'est-ce? En avons-nous besoin? Ecrivez­
contributions des spécialistes sur le premier thème: «Muséo­ nous à la rédaction des DoTraM. La date li mile pour le n" 2
logie - science ou seulement [ravail pra[ique du musée?» des DoTraM esl le 31 mars 1981.
que nous aurons reçus de vous, de vos collègues, des gens de
musée de [out le vas[e monde. Lancez-vous dans la joute! Ecrivez maintenant!

52
Faits et documents

La nuovelle revue est inaugurée, son thème a été approfon­ Ceci étant, nous avons choisi le mode de travail suivant:
di, les règles du débat et des échanges de vues à venir ont été Un modèle de curriculum vitae est publié dans DoTraM
données. Le moment n'est-il pas venu de poser ce premier pour être mis à l'épreuve au cours du débat sur l'avenir de la
volume de DoTraM et de laisser mûrir les idées? revue.
Tous les curricula vitae fournis par les auleurs sont con­
Pas encore! Il arrive trop souvent que les choses tombem servés au bureau du Conseil de rédaction. Ils seront traités
dan.s l'oubli. DoTraM ne veut pas subir le même sort. et publiés - si DoTraM obtient de poursuivre sa publica­
tion - soit comme un supplément au n° 1, soit dans
Faits et documenls servira à DoTraM de documentation et DoTraM nO 2. D'ici là, ils sont disponibles au bureau du
d'archives. Sous le titre DoTraM n" 1 et NoIes sur les
Conseil de rédaction pour lOus ceux qui souhaiteraient en
auteurs, on trouvera des précisions sur le présent numéro et
prendre connaissance.
les auteurs qui y figurent. La rubrique Chronique DoTraM
En allendantla mise au point des C. V., nous publions les
reproduira des documents importants concernant DoTraM
adresses de tous les auteurs qui participent à DoTraM n° 1.
et son existence.
C'est ainsi que nous procéderons par la suite - sous ré­ La Chronique DoTraM est ce qui nous a posé le moins de
serve que le prototype d'aujourd'hui soit approuvé à Mexi­ problèmes. Les documents sont des documents et nous les
co et que DoTraM obtienne le feu vert. présentons dans l'ordre.

Les débuts sont toujours difficiles, dit la sagesse popu­ Voici donc Faits et documenls!
laire - ceux de DoTraM ne font pas exception.
La présentation de ce premier numéro s'accompagne de
certaines difficultés, du fait précisément qu'il s'agit d'un DoTraM no 1 - acte de naissance
prototype qui sera présenté pour être discuté et évalué au
Comité consultatif de l'ICOM et au Conseil exécutif de DoTraM - Do<.:Ument~ de travail ~ur la muséologie

l']COM lors de la Conférence générale 1980 de l'ICOM. Revue de débal sur les problèmes fondamentaux de la muséologie

C'est là seulement qu'une décision sera prise quant au sort Parail une fois par an au moins, sous réserve que sa publicalion soit ap­

ultérieur de DoTraM. Dans celle situation, il est difficile de prouvé par l'ICOM et ses orgallC~

dire que DoTraM est une revue régulière et quels en sont les
responsables. Sous le titre DoTraM nU 1 - Acte de nais­
DoTraM nO 1
sance. nous ne donnerons donc que [es renseignements con­
csl un prototype de la revue DoTraM

cernant la publication à l'essai de DoTraM o() l, sans plus. Publié a l'occasion de la Conférence générale 1980 de l'ICOM, pour ser­

Nous adoptons cependant une présentation nouvelle et vir de base a une évaluation ct à une décision quant a sa publication régu­

non conventionelle: sur J'intérieur de la couverture. nous lière

n'indiquons que les précisions strictement nécessaires quant


à la publication. Pas de noms, pas de remerciements dans Publié par
l'éditorial. Tous les détails relatifs à chaque numéro ­ le Comité international de l'ICOM pour la muséologie (CIIM) et Statens
c'est-à-dire une vue d'ensemble citant les institutions parti­ historiska museulTl (SHM, le Musée des alHiquilcs nationales), Stockholm,
cipantes, les collaborateurs, etc. - sont donc donnés seule­ Suède
ment dans Faits et documents.
Redacteur en chef VinaS: Solla, SHM, Stockholm
Donner des renseignements personnels sur les auteurs qui
ont apporté leur contribution n'est pas seulement une infor­ Conseil de rédacriotl du CIIM
mation utile. Il ne faut pas que le débat DoTraM soit imper­ Andreas Grole - RFA, Rolf Kiau - RDA, Wolfgang Klausewilz - RFA,
Avraam M. Razgon - URSS, Vinos Sofka (coordinateur du projet) ­
sonnel. DoTraM veut aller plus loin: un échange d'idées vi­
Suède
vant, sans formalisme d'un continent à l'autre, une collabo­
ration internationale active entre gens de musée. Si tout le Bureau du Conseil de rédactioll
monde sait quels sont ceux qui écrivent et qui débattent, Statens historiska museum, ail Dr V. Sofka,

quelles sont leurs fonclions, leurs antécédents, une commu­ Box 5405, S-11484 Stockholm, Suède

nication plus personnelle en sera facilitée. D'où l'idée de


publier sous la rubrique Notes sur les auteurs le curriculum CollaborafC'urs, par ordre alphabétique:

vitae des auteurs, d'où également leur photo accompagnant Desvallées A., Gregorova A., Hubendick B., Jelinek J., Ton Jensen V.,

chaque contribution. Klausewitz W., Lemieux L., Lewis G., NeuslUpny J., PisCulin.l. P., PorI cr

D. R., Razgon A. M., Reynolds B., Scala J. A., Schreiner K., Sofka V.,
Le travail de traduction des contributions dans les lan­
Sininsky Z. Z., Swauger J. L., Tsuruta S., Zouhdi B.
gues de l'ICOM et la révision linguistique des textes envoyés
a montré à quel point eSi difficile d'exprimer la pensée des La contribulion de V. Toft Jensen a pu être publiée grâce a l'autorisation
auteurs d'une façon adéquate. 1\ est encore plus difficile de la Division du patrimoine cullurel de l'UNESCO, 17 août 1979, réf:
d'attteindre l'uniformité dans l'emploi de divers concepts. CC/CH/SP/YRi/tb. Cet article avait été écril pour la revue de
l'UNESCO, «Museunm.
La rédaction en a fait l'expérience pour le traitement des
curricula vitae qu'ont envoyés très consciencieusement tous Traduction des mntriburiolls
les auteurs. Il s'est avéré que les litres universitaires, les Les cOiHributions remises par leurs auleurs en anglais el en français onl été
noms des institutions, des écoles, des organisations profes­ revues du point de vue linguistique par Bealrice de Chauliac Cl Suzanne
sionnelles demandaient beaucoup plus de temps que nous Pommellel, du Secrétariat de l'ICOM et du Centre de Documentation de
n'en disposions pour leur traduction el leur rédaction cohé­ l'UNESCO/1COM à Paris. Les auteurs n'ont pas indiqué les noms de leurs
rente. Iraducleurs.

53
Pour le reste, les texIes ont été traduits: La maquelfe et la couvertlire som dues à Bengt Serenander, Stockholm.
a) en anglais, par Suzanne Pommellet, Paris (Introduction par le rédacleur
La composition des textes a été effectuée par Snitz&Stil Reprosàlteri,
en chef; contribulÎons de A. Desvallées, J. P. Pistulin, B. Zouhdi; Et main­ Stockholm, la correclion des épreuves par Irma Karlernas, Lydie Rousseau
tenant? Avis du rédaCleur en chef) et Roger Tanner, Stockholm (Editorial; et Roger Tanner, tous de Stockholm.
Petit sommaire en guise d'introduction par le rédacteur en chef; Fails et
documents - introduction, DoTraM nO 1 - acte de naissance, NOles sur Les photographies illustrant les textes om été envoyées par les auteurs.
les auteurs).
L'impression et la reliure ont été réalisées par Departementens offsetcen­
b) en français, par Béalrice de Chauliac, Paris (Points de vue muséologi­
tral, Stockholm.
ques - Europe 1975 par V. Toft Jensen; contributions de J. Neustupny,
B. Reynolds, K. Schreiner, S. Tsuruta) et Lydie Rousseau, Stockholm (Edi­
Leflnancement de l'édition prototype a été assuré en partie par les ressour·
torial; Introduction par le rédaCleur en chef; Petit sommaire en guise d'in­
ces propres du Musée des antiquités nationales de Stockholm et en partie
troduction par le rédacteur en chef; Contributions de D. R. Poner, J. A.
par des crédits spéciaux alloués à cette fin par le gouvernement suédois Cl la
Scala, J. L. Swauger; Et maintenant? Avis du rédacteur en chef; Faits et
Fondation Sven et Dagmar Salen. Le Secrétariat de l'ICOM a contribué au
documents - introduction, DoTraM nO 1 - acte de naissance, Notes sur
financement en couvrant certains frais de traduction et de révision des tex­
les auteurs, Chronique DoTraM - document nO 5).
tes.
Les définitions de Provocations muséologiques 1979 ont été en partie, et
les divers documents de Chronique DoTraM entièrement traduits en Suède.
La définition d'A.M. Razgon a été traduite de l'allemand par les soins du
Secrétariat du CIIM à Brno Tchécoslovaquie; la version française a été re­
C'est à chaclln de ceux que 1I0US venons de citer - et certainement à bien
vue à panir de la version anglaise en Suède.
d'aU/res personnes qlli ont colltribué à ce projet par leurs suggestions, leurs
La participation de B. de Chauliac et de S. Pommellet a été possible conseils et leur aide personnelle - que nous devons de pouvoir présenter
grâce à l'aimable autorisation du Secrétaire général de l'ICOM, L. Monreal aujourd'hlli DoTraM. Qu'ils reçoivent ici les plus vifs remerciements dll ré·
et du chef du Centre de Documentation de l'UNESCO/ICOM, P. Olcina. docteur en chef!

Notes sur les auteurs


Les renseignements concernant les auteurs ont été recueillis au
moyen de ce questionnaire;

CURRICULUM VITAE

1 Nom (M, Mme, Mlle) Name (Mr, Mrs, Miss)

1.1 nom de famille family name

1.2 prénoms first names

1.3 nom de jeune fille maidcn name

2 Nationalité Nationality

3 Date ct lieu de naissance Date and place of birth

4 Domicile permanent Permanent address (home)


4.1 adresse address
4.2 téléphone telephone
4.3 adresse postale (si elle diffère) mailing address (if different)
5 Nom et adresse de l'employeur Name and poslal address of employer
5.1 m usée/inst itut ion / uni versit é of museum/institution/university
où vous êtes employé ou avec ill which employed or wilh which
lequel/laquelle vous collaborez connccted
5.2 postc actuel (fonction et present position (funclion and
litre exact de votre poste, cxact litle of position, place
lieu d'activitc) of work)

6 Etudes (formation) Education


6.1 nom et location des élablissements names and locations of the
d'enseignemclll, diplômes, titres, educational establishments,
matières principales academic degrees, main field of st udy

7 Expérience professionnelle Professional experiencc


7.1 les emplois (nom et adressc, employments (name and address,
fonction et titre de votre title of post, nature of duties
postes, matières principales) or activities)
7.2 ICOM-eomilés, fonctions ICOM-eommiltces, functions
7.3 associations professionnelles dont profcssional societics (membership)
vous êtes membre
7.4 autres qualifications spéciales other special qualifications

8 Publkations Publications

9 Connaissance de langues Knowledge of languages

Joignez une photographie récente en noir et blanc Atlach a recent black/white photo

54
Les données ainsi obtenues sur tous les auteurs des contributions au
thème du jour sont rassemblées au bureau du Conseil de rédaction.

Pour faciliter les contacts avec les auteurs, en attendant la publica­


lion prévue des curricula vitae. nous donnons ci-dessous leurs
adresses:

Mr Andre DESVALLEES Conservateur


Mr Daniel R. PORTER M A, Prof
L'Inspection gcnerale, Direction des Musées de France
Cooperstown Graduate Programs
Minislere de la Cuhure el de la Communication
COOPERSTOWN, New York 13326, USA
Palais du Louvre
ou 22 Nelson Avenue, COOPERSTOWN, New York 13326. USA
f-750 41 PARIS CEDEX DI, France

Mr Awraam M. RAZGON oSe

Mrs Anna GREGOROVA prom fil


Musée historique d'Etat

Cenlral Administration of Museums and Picture GalJeries


Gosudarstvennyj istoriceskij muzej

Ustredmi sprava mûzei a galêrii

Krasnaja Plo~d 1-2, MOSKVA USSR/URSS

Lodmi 2,89129 BRATISLAVA, Czechoslovakia


tel 095-292 65 71

ou Haburska 1,82900 BRATiSLAVA, Czechoslovakia

lei 26745

Mr Barrie G. REYNOLDS 0 Phil, Prof

Mr Bengt HUBENDICK fil dr, Director


Matcrial Culture Research Unil

Museum of NalUral History


James Cook University of North Queensland

Naturhisloriska muscet
TOWNSVILLE, Quensland 481 l, Australia

Box 11049, S-400 30 GÙTEBORG, Sweden


tel Douglas 7937 Il, Pimlico792193

ou Galeasgalan 31, S421 71 V. FR6LUNDA, Sweden

lei 031-293870

Mr Joseph A. SCALA Dr, Direclor

Joe and Emily Lowe Art Gallery

Mr Jan JELÎNEK PhOr, Chairman


Graduale Museology Program

ICOM International Commitlee for Museology


ColJege of Visual and Performing Ans

Moravské muzeum
Syracuse University

7, narn 25. unora, 65937 BRNO, Czechoslovakia


SYRACUSE, New York 13210, USA

lei 05-226 24
let (315) 423-4098

Mr Villy TOfT JENSEN

Museumstjenestcn
Mr Klaus SCHREINER Dr, Director

Sj"rupsvej 1 Lysgard, 0-S8OO VIBORG, Danmark


Museum of Agrarian History

tel 06-66 76 66
Agrarhistorisehcs Museum Ait Schwerin

2061 AlT SCHWERIN, DDR/GDR

lei Malehow 9918

Mr Wolfgang KLAUSEWITZ Dr
Forschungsinstitul Scnckenberg
Senckenberganlagc 25
0-6000 FRANKFURT aMI, FRG Mr Zbynèk Z. STRANSKY PhDr, Director
tel 0611-754 22 55 Oeparlment of Museology - Moravian Museum
Muzeologické odd. Moravského muzea
Smetanova 14,65937 BRNO, Czechoslovakia
Mr Louis LEMIEUX D Sc, Director ou Zemb;lèlskâ 8, 603 00 BRNO, Czechoslovakia
Nalional Museum of Natural Sciences tel 05-502 56, 05-678 538
OTfAWA KIA OMS, Canada
tel (613)996-9281
Mr James L. SWAUGER 0 Sc
Carnegie Museum of Natural Hislory
Mr Gl"Offrey LEWIS MA FSA FMA, Direçtor 4400 Forbes Ave., PITTSBURGH, PA 15213, USA
Department of Museum Studies ou 179 W Hutehinson Ave., PITTSBURGH, PA 15218. USA
University of Leicester tel (412)361-0527, (412)731-3807
105, Princess Raad, LEICESTER LEI 7LG, Great Britain
tcl 0533-553560
Mr Soichiro TSURUTA B S. Prof
Oepartment of Education
Mr Jîfi NEUSTUPNY OrSe, Prof Faculty of Leuers, Hosei University
National Museum 2-17-1 Fujimi, Chiyoda-ku, TOKYO 102, Japan
Nârodni mllZCUlll ou 821-8 Shimo-Iwasaki, Kukizaki·mura
Tf. Vit. unora 74,11579 PRAHA l, Czechoslovakia Ina-;hiki-gun, Ibaraki-ken 300-12, Japan
ou Plamfnkovc 11/1561. 140 00 PRAHA 4, Czechoslovakia tel 02987-6-0773
Icl02-269451-5

Mr Bachir ZOUHDI Conservateur


Mf JUfij P. PISéuLlN CSc, Directeur adjoim Musée des Antiquites greco-romaines ct d'arl byzantin
Mu!';ee central de la Revolution de l'URSS Musee National- AI Mathaf al Walani
Gosudarstvennyj muzcj revo!ucii SSSR Direction Générale des Antiquités et des Musées
rue Gorki, N021, MOSKVA 103050, USSR DAMAS, République Arabe Syrienne
ou Novopelrovskaja ul., No lOa, app. 72, MOSKVA 125239, USSR ou Jisr Abiad, DAMAS, R.A.S.
tel 459 34 69 lei 114854, 114855,779764

55
Chronique DoTraM

Documem n° 1
Extraits du RAPPORT de la deuxième session du Co­
mité international de l'ICOM pour la muséologie
24-30 septembre 1978, Pologne

Document nO 2
RAPPORT sur les activités du Conseil de rédaction du
Comité international de l'!COM pour la muséologie
(ICofoM) pendant la période du 28-10-1978 au 20-10­
1979

Document n° 3
Extraits du RAPPORT de la troisième session du Co­

mité international dc l'ICOM pour la muséologie

(ICofoM)

22-26 octobre 1979 à Torgiano, Jtalie

Document n° 4
LelIre aux présidents et secrétaires de tous les Comités
nationaux et internationaux de l'ICOM
20 janvier 1980

Document n° 5
Documents de travail sur la muséologie - un projet de
publication du Comité international de l'JCOM pour la
muséologie
Actes de la réunion du Conseil exéutif de l'ICOM,
mai 1980

Document n° 6
Extraits du Compte rendu de la 47ème session du Con­

seil exécutif (80/Ex. 5)

20-21 mai 1980, Paris

56
1 (2) 2
Oocument no 1

Extraits du 2/ le Comité est d'avis que la recherche sur les musées _ son but
et son rôle. sa fonction, son organisation et ses méthodes etc. _
RAPPORT doit être exécutée par les musées. Cette recherche muséologique _
fondamentale et appliquée - doit @tre interdisciplinaire. En réalis­
de la deuxième session du Comité International de l' ICOM ant la collaboration entre les musées, elle doit utiliser les résul­
pour la Muséologie tats de la recherche de tous les domaines scientifiques qui peuvent
24-30 septembre 1978, Pologne contr ibuE'r au déve loppement con li nu du musée. Oes ins ti tuts mus~o lo­
giques ou des cabinets pour la muséologie devraient être créés dans
tous les pays. Un centre intern~tional pour les études muséologiQues
aiderait ~ simplifier les échanges d'idées et de résultats de la
le Comfté a accepté les conclusions et les recŒnnandations suivantes: recherche dans ce domaine.

11 le thème principal "Possibilités et limites de la recherche Afin de couvrir les besoins si hien connus et très urgents. l'ICOM
sc i ent if; que typ iques pour 1es musées" éta it di seuté ~ 1a base des devrait élaborer et publier un manuel sur la muséologie au terme le
lectures de WKlausewitz /RFA/ et de A Razgon IURSS/. et des rapports plus proche. La publication deviendrait, de cette façon, une base
de K Dabrowski fLa recherche aux musées d'archéologie en Pologne/, pour les discussions continuelles sur la muséologie et une aide aux
de J K Makulski Iles fonctions de création culturelle des musées études mus~ologiques aux universités et aux différents instituts
d'ethnographie dans une société socialiste - sur l'exemple de la d'éducation, aussi bien qu'~ la formation continue du personnel
Pologne/ et de l Przymusinski /Ouelques remarques sur les recherches des musées et ~ ses besoins pratiques. Le Comité a accueilli l'acti­
faites dans les musées régionaux/. vité du secrétariat de l'ICOM qui reprenait ce projet important.

Vu le rôle des musées dans la soci~t~ d'ajourd'hui, le Comit~ proclame Enfin. les stages de muséologie devraient être organisés pour
que la recherche scientifique dans le domaine des collections, fait tous ceux Qui ont l'intention de travai 11er au musée. Même le person­
une partie insép~rable du travail du musée, c'est-~-dire qu'elle est nel existant aux musées devrait avoir la possibilité de participer
un des devoirs fondamentaux. La formation des collections /documenta­ à ces stages. Vu les limites du personnel aux musées. notamment dans
tion, dépOt et préservation compris/, la recherche et la diffusion les petits musées, les études sur ce sujet pourraient donner la
des informations, ces trois devoirs principaux des musées sont de la possibilité de voir les problèmes actuels des musées d'une façon plus
meme valeur et importance. Négliner n'importe lequel d'entre claire et même de contribuer ~ la recherche actuelle. le Comité
eux apporterai t des conséquences négatives dans la fonction princi­ considère que, ~ la base de la collaboration, l'organisation des
pale du musée. Sans la recherche moderne et interdisciplinaire - sans lectures de muséologie et des stages pratique. pourrait se fonder
le travail sur le terrain et au laboratoire, sans les études fondamentales sur un centre international. On devrait établir le centre des études
et comparatives -le musée ne peut pas remplir ses autres fonctions de muséologie.
et deviendr~ un simple dépOt de collections et d'informations
thésaurisées sans emploi. 3/ .....

Ces trois devoirs principaux, déjà mentionnés sont communs pour tous le Comité a aussi décidé de créer le comité éditorial /G Oieszner.

les musées - grands et petits, d'Etat et municipaux, centraux et W I<lausewitz, A Razgon, V Sofka/ avec son secrétariat à Stockho~rn,

régionaux. Qui devrait élaborer une ébauche de programme Ile programme-cadre

des contributions de travail sur les problèmes fondamentaux de muséolo­

les limites données par les ressources financières et personnelles gie, et qui rassemblerait et publierait ces contributions. le pro­

exigent une collaboration féconde entre les musées eux-mt;mes et aussi granrne sera présenté à la session prochaine du Comité.

entre les musées et les organisations de la recherche - instituts de


la recherche, académies, universités etc. Afin Qu'il n'y ait pas de 7/ le programme de la session prochaine était discuté Le pro­
différences entre la recherche dans les musées. universités ou instituts. grantne-cadrelour.les travaux muséologiques, d'après le point 3/

il faut arranger la collaboration sur une base d'égalité. L'état déj~ mentionn • serait discuté.

des musées et des muséologistes devrait être 'lualifié de la même façon


et au même niveau que celui des organisations de la rechp.rche et de
leur pE'rsonnel. Les savants qui travaillent dans les musées ont besoin
des possibilités d'utiliser toutes les sources d'informations et de la Varsovie - Nlebor6w - Torûn Jan Je l fnek

....
V> technologie moderne de la même façon QtJe les autres savants. le Comité Septembre 24-30, 1978 Président

considère la· collaboration entre les musées grands et petits CQlllne


très importante pour le développement continu du travail dans les
musées.
2

Document no 2
~~it6 international de l'ICOH pour la muséologie Dane la première phase de travail, des descriptions et définitions
Torgiano - Italie, Octobre 1979 personnelles ont été élaborées par W. Klaueewitz , A. Razgon et
~
00
V. Sofka. Celles-ci, avec quelques autr~s définitions reçues par le
RAFFORT
coordinateur, ont été envoyées à toue les membres du CR ~our commentaires_
8.l.t.:' les activités du Conseil de rédaction du Comité international de Il s'avérait toutefois dans la suite des contacts par correspondance
l'IOOH pour la muséologie (ICofoH) pendant la période du 28-10-1978 et par téléphone du coordinateur avec le CR qu'une réunion était
au 20-10-1979 nécessaire pour permettre au groupe de mener à bien l'élaboration
d'une propoeition commune en vue de la rocontra annuelle du Comité
international de l'lOCH pour la muséologie à l'automne 1979.

1. Lors de ea rencontre annuelle d'octobre 1978 en Pologne, l'ICofoH La réWlion de travail du CR eut lieu à Stockholm du 6 au 8 aoUt 1979.
a formé \Ul groupe de travail chargé "d'élaborer un programme-cadre L'Office central dee antiquités nationales et le Musée historique
pour les documente de travail sur les problèmes fondamentaux de la de Suède assumaient lee frais de séjour (hébergement et indemnité de
muséologie, de centraliser cee documente et de lee puhlierl l • Ce séjour), les fraie de voyage étant à la charge des participants.
programme-cadre devait &tre présenté à la réunion suivante de Tous les membres du CR étaient convoqués à la réunion. J~es seuls
1 t ICofoM. membres présents furent cependant W. KlauRewitz et V. Sofka. A. Razgon
était empêché. La partioipation de G. Diessner, qui n'avait pris part
Ont été nommée membres de ce groupe de travail, intitulé Conseil de à la rencontre de Pologne qu'à titre d'observateur, n'étant pas justifiée
rédaction (CR) MM. G. Dieeener, W. Klausevitz, A. Razgon et V. Bofka. selon les statuts, celui-ci n'assista pas à la réunion. Afin de r.réer
Le secrétariat du CR a été installé à Stockholm. De ce fait, c'est dans ces circonstances une plus large base de discussion, V. Toft-Jenscn
V. Sofka qui a été chargé de la coordination des activités. et R. Kiau furent invités à la réunion, après concertation avec
W. Klauaewitz et A. Razgon. En raieon d'autres obligations, R. Kiau
2. Le plan de travail et le calendrier des activités du CR ont été fixés ne put accepter l'invitat1on.
au coure de la première réunion du CR, en octobre 1978 en Pologne.
Au cours de l~ réunion, le coordinateur informa le6 participants des
Parmi les tAches de travail du CR, la priorité 8 été donnée à un mesures prises par le secrétariat pour mener à bien la tâche du CR,
essai de délimitation et de définition du concept de "muséologie" du déroulement des travaux du CR et des résultats obtenus. Un rapport
afin d'obtenir une base de départ pour l'élaboration du programme­ fut présenté sur les entretiens que le coordinateur avait eue en
cadre. Cette tAche devait s'effectuer en premier lieu par des contacts juin 1979 à Paris avec le secrétaire général de l'ICOH, L. Monreal,
par correspondance entre las membres du CR (élaboration de leure et le président de l'ICofoM, J. Jelinek,au sujet dp. la coordination
propres définitions et collecte de définitions d'autree auteurs des travaux Bur le Traité de muséologie au Comit~ préparatoire pour
- conserv~teurs, chercheurs en muséologie et analogues - tran~miasion le Traité de muséologie et des travaux du CR sur un programme-cadre
du matériel au coordinateur du projet et par son intermédiaire à toua et sur \Ul plan de publication de documents de travail eur les prohlèmes
les membres du CR, échange de commentaires sur le matériel reçu fondamentaux: de la muséologie.
entre les membres du CR. essai de définition commune). Si des tlébats
sur ce problème étaient nécessaires, ils devaient avoir lieu à
Stockholm ou à Francfort.
3
Document no 3

Sur la base des entretiens de Paris, qui ont eu lieu à l'initiative


personnelle du coordinateur, celui-ci avait rédigé et présenté à ln
réunion de travail du CR une proposition relative à la publication
des documents de travail projetés. La proposition fut adoptée par les Extraits du
participants à la réunion. Le coordinateur fut cl~rgé de présenter RAPPORT
la proposition à l'assemblée annuelle de ItlCofoH en Italie. Cette de la troisième session du Comit~ International de l'ICOH
proposition est citée à la section suivante. pour la Muséologie IICOFOMI
22-26 octobre 1979 A Torgiano, Italie

Les participants à la réunion consacrèrent uen grande partie de leur


temps à la di.scussion du concept de muséologie et de la miGe Bur pied
du programme-cadre pour les documents de travail. Ils convinrent de le Comité a approuv~ les conclusions et recommandations suivantes:
rédiger chacun, une fois rentrés chez eux, leur propre essai de définition 2/ Ont ét~ approuv~s: le rapport sur le travail de l'ICOFOM dans
de la muséologie et de le faire parvenir sans délai au coordinateur. la p~riode de novembre 1978 - octobre 1979, pr~sent~ par J Jelfnek.
le Rapport sur l'activit~ du Comité ~ditorial de l'ICOFOM et
le Rapport sur les sessions du Comit~ préparatoir pour le Trafté
Enfin, les participants jugèrent qu'une discussion sérieuse au sujet de mus~ologie. les deux ~tant présentés par V Sofka.
des objectifs de l'ICofoH était des plus souhaitable pour définir le 31
profil du Comité. Ils proposèrent qu'une telle discussion soit inscrite
au programme de travail de l'assemblée annuelle de 1979. Les définitions le Comit~ éditorial et le groupe des représentants du Conlité
préparatoire de l'ICOM pour le Trait~ de muséologie seront consid~­
mentionnées plus haut devraient être employées pour engager le débat. r~s comme un gropue de travail de l'ICOFOM.

Des essais de définition ont été remis par V. Toft-Jensen, W. Klausewitz


et V. Borka.
51 Il a ~t~ approuv~ de publier les documents de travail sur les
problèmes mus~ologiques fondamentaux, comme il a ~t~ proposé en
3. Proposition point -3- du Rapport sur lActivit~ du Comit~ éditori~l, comme il
a ~té susmentionne, avec les additions suivantes:
le texte de la proposition (3. Proposition, 3.1 - 3.4) est donn~ dans le
les auteurs des travaux fondamentaux seront nomm~es par le Comité
Document no 4 sous "Extraits du Rapport sur les activlt~s du Conseil de éditorial. On a recommand~ de demander les Comit~s nationaux de
r~daction etc" joints ~ la lettre aux pr~sidents et secrHaires de tous l'ICOM à aider le Comit~ éditorial à choisir les auteurs compétents
de sorte à assurer la repr~sentation de la mus~ologie dans le monde
les Comit~s nationaux et internationaux de l'ICOM de 20 janvier 1980. entier. le coordinateur du Comit~ ~ditorial V Sofka renseignera
l'Exécutif de l'tCOFûM sur les auteurs choisis.
Ma pr~sente proposition est en accord avec les d~ljb~r.ations d'~oQt

1919 du CR à Stockholm. auxquelles participaient W Klnusewitz et le Comité éditorial pr~sentera à l'Executif de l'tCOFOM un projet
de solution du problème de financement de la publication des docu­
V Tofl-.Jen3en. A Razgon 1\ été informé par téléphone de )a proposition ments de travail.
et n'a p~~ ~levé d'objection.
le Comité éditorial existant - WKlausewitz, A Razgon et V Sofka
- poursuivra son activité jusqu'à la prochaine session de l'ICDFOM
Je euis persuadé quc l'id~e de la publication des DTM est importante ~ l'occasion de la Conférence gén~rale de l'ICœ~ où seront ~lus
tous les éléments dirigeants de l'ICOFOf~. l'ICOFO"\ ~ d~cide
et j'esr~re que lcs ar~'i!nte développés ci-dessus en faveur des IYIM d'adjoindre R Kiau et A Grote au Comité ~ditorial pour la période
conduiront à Wle décision posHive ::tU sujet rie 10. propositie-n. en cours.

:2
Dr Vino§: Sofka
SuMe
1979-10-05
llor:ument no if 2

li
g;
STATtNS
HISTORISI(A
MUSEUM
0",,,,,,

f.,""'_
Stockholln
1980-01-20
s.,...~~,~o

(,tHo..... I~",g
VS/gb
C'est avec beaucoup d'espoir et de satisfaction que le CIIM
accueille l'entreprise dans
l'UNESCO en vue
la~lelle l'lOCH s'est enRagé avec
de la réalisation dana loa plus brefs délaie
possibles d1un Traité international de muséologie a Non seulement
Comit~ international de l'ICOM cet ouvrage apportera au personnel des musées du monde entier la
pour la Muséologie
base théorique et le guide pratique qu'il attend depuis des années,
Conseil de rédaction
mais en outre i l ne manquera pas de Busciter des débats au sujet
de tel ou tel problème eur lequel les opinions divergent _ tant
pendant la phase de la compilation que par la Buite. Si tout Be
Aux présidents et secrétaires
de tous les Comit~s nationaux passe comme prévu, nous espérons que vous aurez dans voe mains ce
et internationaux de l'ICOM Traité international essentiel au Nouvel an 1985.

Le CIIM note avec satisfaction qu'après 8tre restée en souffrance

Chers amis el; collègues, pendant plusieurs années, les travaux en vue du Traité ont maintenant
repris et avancent avec un élan qui laisee bien augurer du réRultat.
Ces deux dernières années, le Comité international pour la Il attache également une g~de valeur à toutes lee activités
muséologie (CIIM) a porté un vi~ intérêt k la question des mllséologiques qui ont lieu dans le monde, aux publications qui
moyens suceptiblea d'intensifier la coop~ration internatIonale paraissent, aux documente de colloquee qui sont diffusée et ainsi
dana le domaine de la recherche et du d~veloppement mus~ologiques de suite. Dans le m3me temps, le CIIM ressent l'impérieuse nécessité
et d'approfondir les échanges d'id~e8 et d'exp~rience8 dans le d'un débat international sur les problèmes fondamentaux de la
secteur du mus~e. muséologie. Nombre de ces problèmes sont d'une portée capitale
pour l'activité du musée dans le monde moderne mais sont encore
Le CrIM n'est pas sans savoir qu'il existe dans un certain
sane solution et peu discutés. Un échange d'idées au sujet de ces
nombre de pays une recherche mus~ologique avanc6e et un enseigne­
problèmes devrait s'engager dès que possible et se poursuivre de
ment mus6010gique de haut niveau. A l'échelon international
façon permanente pour réagir aux changements et à l'évolution en
également, et ceci en particulier gr~ce aux comités inter­
cours dane le monde, constituant ainsi un colloque international
nationaux de l'ICOM, on organise de plus en plus de manifesta­
permanent par correspondance où puissent éclore les idées et se
tions au cours desquelles sont débattus des probl~mes de mus~o­
confronter les opinions.
logie int6ressants.
Tels eont les arguments qui sous-tendent l'idée de faire parattre
Le CIIM a toutefois le sentiment que souvent ces importantes
une publication, portant le titre provisoire de Documente de
contributions aux activités muséologiques et k leur d6veloppe­
travail sur la muséologie (DTM), une revue paraissant au moins IIne
ment futur ne parviennent pas k atteindre tous ceux - c'est-à­
fois par an et se conaacrant à un débat circonscrit à un thème
dire le personnel des musées du monde entier - qui pourraient
donné, dans laquelle seront présentés eSte à eSte des points de
en tirer profit. Ceci est dn essentiellement k l'insuffisance
vue sur la muséologie venant de toutes les PArties du monde.
de la diffusion de l'information et k l'absence d'tm échange
Les DTM ne sont pas destinés à rivaliser avec le Traité do muséologie
in~ernational d'idées dans ce domaine. Le cr lM est persuadé
et 60n approche globale, pas plus qu'ile ne visent à concurrencer
qu'une coordination de diff~rents types d'actions nationales
d'autres publications. Leur but est d'apporter un complément à ce
et internationales dans le secteur de la muséologie, centrée
qui est déjà disponible et d'offrir un instnlment dynamique de
sur certains problbmeo choisis de concert, permetteralt
recherche et développement muséologiquee.
d'accélérer l'évolution des musées et d'au~lenter l'impact de
la muséologie.
)

Le projet en vue de la publication des DTM, préparé par un groupe traduction. Tout ce que nous pouvons offrir, ce sont deux exemplaires
de travail nonuné Conseil de rédaction (CR) a été examiné et d'auteur des DTM.
approuvé après un certain nombre d'additions par l'assemblée annuelle
Les points de vue critiques et autres considérations relatives aux
du ClIM en octobre 1979 à Torgiano, Italie. Un extrait des propositions
premiers textes qui seront publiés - les mémoires de base - paraitront
du CR et du projet de procès-verbal approuv4 est annexé à cette
dans la seconde livraison des DTH, dont la publication est prévue
lettre afin d'éviter des répétitions dans la description du projet.
pour l'automne 1981, en mame temps que le thème nO 2, "L'interdisci­
Le OlIM a chargé le CR de s'occuper de l'exécution de cette tAche, plinarité en muséologie - Recherche de base et recherche appliquée
mais tous deux ont conscience de ce que ce projet n'a aucune chance en muséologie", sera abordé sous la forme de mémoires de base.
de succès et que les DTH ne pourront jamais devenir une réalité si Il serait bon que l'information relative à ce débat essentiel puisse
le projet ne bénéficie pas de l'appui des gens de musée et des musées ~tre fournie immédiatement au personnel de toue les musé as et qu'au
du monde entier et, avant tout, de l'appui de l'IeOM et de Bes sein des comités de l'ICOH des délibérations concernant les auteurs
comités. Cet appui - sous la forme de points de vue au sujet des appropriés pour les mémoires de base sur le thème nO 2 puissent
propositions, avec la diffusion de l'information relative aux projets avoir lieu dès maintenant.
et la rédaction des mémoires à publier dans les DTH, sera d'une
Malheureusement, le dernier délai pour les contributions à la première
énorme importance.
livraison des DTM n'eet plue très éloigné: elles doivent @tre parvenues
L'une des tâches les plus urgentes en ce moment est la désignation au secrétariRt du CR dès que possible et au plus tard le 15 mai 1980.
des auteurs chargés de la rédaction de textes, sous forme de mémoires Le CIIH vous prie de bien vouloir examiner sans retard lequel de vos

de base, pour la première livraison des DTM, qui aura pour thème: collègues, assistants, membres et autres spécialistes voUs désirez
''La muséologie - science ou seulement activité pratique du musée?" recommander pour présenter des réflexions et idées sur le premier
Les auteurs potentiels doivent être les plus éminente spécia1iGtes thème den DTH, et de noue faire parvenir vos propositions sans délai
dans le domaine en question et le CR souhaite l'assistance des et au plus tard le 29 février, en remplis68nt le questionnaire
comités nationaux et internationaux de l'IOOH pour les choisir. ci-joint. Il va de soi que noue serone heureux de recevoir tous
Une présentation reflétant les vues et opinions du monde entier est autres points de vue au sujet de la nouvelle revue.
souhaitable, et ce voeu doit également 3tre pris en considération
Le CIIM et le CR espèrent que l'idée da la publication des DTH Bera
pour la sélection des auteurs. Le CR s'attend à recevoir une dizaine
accueillie favorablement et recevra l'appui des membres et des comités
au moins de mémoires de base s'efforçant de défin:l.r le concept de
de l'ICOH. Notre but est de faire en aorte que la première livraison
muséologie. Hais bien entendu, si plue de vingt ou trente, ou même
des DTH soit en votre possession dès l'automne 1930. Noue aiderez-vous
davantage d'auteurs se manifestent, le bénéfice n'en sera quP. plus
à réaliser cet objectifZ En conclusion, le CIIH et le CR tiennent à
grand! L'intention est que chaque mémoire de base ne compte pas plus
vous remercier d'avance pour toute l'aide et l'assistance que vous
de huit pages format standard et soit dactylographié dans l'une des
pourrez leur apporter.
deux langues de l'ICOH, c'est-à-dire l'anglais ou le français.
La traduction de textes de nature philosophique et spéculative comme Stockholm, 2O-o1-19&::l
nous en attendons dans le cas présent soulevant Bouvent des problèmes,
RJur le Conseil de rédaction du Comi té international de l'IOOH pour
le CR préférerait que les auteurs s'occupent eux-mêmes de la traduction
la muséologie
pour les deux langues. Ainsi, ils sp.ront en mesure de vérifier les
Le Coordi~1;;' /
~ traductions. r.e oui élimi.nAT8. llOmbre ne nrnhlèmes de mise au ooint ..

ftl!!::'J.PLY
Extraits du
Le Comité de rédaction RAProRr
Rl sur iflS activités du Conseil de rédaction du Comité international de
l'IOOH pour la muséologie (OlIM) pendant la période du 28-10-1978
Andreas Grote Institut fUr Mueeumekunde
Stiftung Preuesischer Kulturbesitz au 20-10-1 rn9
In der Halde 1, 1-Berlin 33
Tél: 0~/832 70 36 présenté à l'assemblée annuelle du CIIM à Torgiano, Italie,
en octobre 1979.
Rolf Kiau Institut rur Museumeweeen
HUggelseedamm 200, DDR 1162 Berlin
Tél: 02/645 54 42
3. Proposition
Wolfgang Klaueewitz Naturmueeum und Forechungeinstitut Senckenberg
Senckenberganlage 25, D-6ooo Frankfurt 1
Tél: 0611/7542-255 3.1 La société actuelle a des exigences nouvelles à l'égard de l'institution
qu'est le musée. Le rôle traditionnel de celui-ci évolue. Une participation
Awraim Razgon Mueée Historique d'Etat active à la vie de la collectivité, au premier chef pour ce qui est de
Krasnaya Ploecad 1-2, Hoecou-Hoekva, URSS
Tél: 292657', 2214311 résoudre les problèmes qui se posent à elle, devient de plus en plus
souhaitable. Des tAches nouvelles ee préBent~nt, des métllodes nouvelles
Vino! Sofka Riksantikvarielmbetet och statene hietorieka mueeer doivent être mises à l'essai.
Box 5405, S-114 84 Stockholm
Tél: 08/63 07 70 C'est pourquoi les activités de recherche et développement dans le domaine
des collections du musée doivent être complétées par l'application des
résultats obtenue dans les multiples domaines qui à un degré variable ont
une incidence Bur les activités du musée et aon suceptibles de contribuer
à son évolution future. Un débat permanent, l'échange d'idées et d'expérienc
entre les musées par-delà les frontières, sont une nécessité.

Les muaées doivent ~tre dotés de moyens nouveaux. Les conservateurs qui
sont conscients des tendances nouvelles de l'activité des musées et de la
nécessité qui en découle d'une collaboration interdisciplinaire avec
d'autres branches de la recherche et d'autres institutions doivent acquérir
une vision plus large et 3tre informés en permanence des possibilités
qu'ont ces branches de la recherche d'aider le musée dans eee efforts pour
faire face aux attentes et exigences multiples de la collectivité <1. leur
égard et à l,p.gard du musée en tant qu'institution.

3.2 A cet égard, le Traité de nroséologie, qui en eet pour le moment à sa phase
initiale, apportera un contribution nécessaire et bienvonue en ce sena.
Il donnera aux conservateurs du monde entier la synthèse des connaissances
couvrant toue lea champs d'activité des musées qui manquait jusqul~ présent.

Il est de la plus haute importance que ce projet soit réalisé conformément


aux intentions de d;;pa.rt et paraisse comme prévu au plus tard en 1981j.
Le CIll! doit AP:ir viKoureusement pour faire en sorte que cette tâche, ] 'une
2 3

3.3 La publication proposée par le CIIH lors de Ra rencontre annuelle de 1978 Le débat doit ensuite se poursui~re dans le numéro suivant des DTM par la
de documente de travail sur les problèmes fondamentaux de la muséologie publication de commentaires et de pointe de vue sur l~e mémoires de base
peut, dans ce contexto, être con(lidérée comme un comp16ment utile au TraHé et par la publication de mémoires envoyés par d'autres auteurs. Le volume
de muséologie. Grâce à leur caractère de tribune, à la forme sans prétention et le cadre thématique de cee contributions sont soumis aux mêmes règles
qu'ils doivent avoir et à la posoibHité qu'ils offrent de réagir rapi,dement que les mémoires de base.
à toutes les transfo~tion8 de la société, il~ peuvent jouer un rôle
En même tempe que se poursuit le débat sur le premier thème, le second
actif daM le développement ultérieur du musée dans le monde modern@.
numéro des DTM présente les mémoires de base sur le thème suivant; le
Les objectifs, le cnractèr~ et la forme propo8~8 pour les documents de débat se déroule ensuite selon le modèle esquissé plus haut.
travail du CrIM (DTH) sont les suivants:
Le débat s'achève autant que possible par une évaluation effectuée par le
3.3.1 Les DTH sont une publication non périodique éditée par 10 crIM. Ils doivent CR ou un groupe de travail désigné à cette fin.
paraître une fois par an au moins. La charge et la responsabilité de leur
3.3.4 Les questions suivantes sont proposées pour la composition du premier
réalisation dans les cadre~ fixés sont confiées au Conseil de rédaction (CR)
plan thématique:
désign~ par le CIIM.
Thème Dernier délai pour
Le CR comprend trois membres - cinq au plue - élus pour trois ans. Pendant le mémoire de base
cette période, les membres peuvent renoncor à leurs fonctions ou en ~tre 1. La muséologie - science ou seulement
démiG sur décision de l'ae6amblée annuelle, en présence de motifs graves. activité pratique du musée? 31-03-19&>
2. L'interdisciplinarité en muséologie
Le socrétariat du CR est établi à Stockholm. Le cllef de ce secrétariat Recherche de base et recherche appliquée
en muséologie 31-10-19&>
participe aux travaux du CR, sans toutefois avoir le droit de vote e'il
3. Objet et méthode de la recherche
n'a pas été élu membre du CR. mueéologique 31-03-1<)81
4. Les fonctions du musée peuvent-ellee
3.3.2 Le but des DTII est de créer une plate-forme pour un débat international sur
ou doivent-elles être régies au
les questions et problèmes muséologiques importants à l'ordre du jour et
moyen de la muséologie? 31-10-1<)81
pour des échanges internationaux d'idées et d'expériences sur des questions

susceptibles d'intéresser musées et oonservateurs et de leur 3tre utiles.

3.3.5 Il est proposé de donner aux DTH la même forme que celle utilisée pour la
Un tel débat permanent, un colloque international ininterrompu, peut publication de l'Annuaire 1978 du OlIM contenant les contributions présenti
apporter des contributions importantes à la recherche muséologiquo, tout à l'assemblée annuelle de 1978 en Pologne (Possibilities and Limite in
en jouant le rSle d'un cours de perfectionnement international de haut Scientific Reaearch Typical of the Museum - Possibilités et limites de la
niveau. recherche scientifique typiques flour les musées, Polsnn/Pologne 1978) et
publié par le bureau administratif du CIIM de Brno.
3.3.3
rA publication des DTM doit en principe avoir lieu suivant un plan thématique
établi par le CIIM eur une proposition élaborée par le CR.
Le CR considère que la publication de l'Annuaire du CIIM sous forme de
documênts de travail était un excellent moyen de diffuser l'information sur
Pour engager le débat sur un thème donné dans un numéro des DTM, un certain
les travaux du ClIM.
nombre de chercheurs/conservateurs choisis sont invités à donner leurs
points de vue sur ce thème dans un mémoire de huit pages au plus (appelé par Le CR compte que le bureau administratif du CIIM continuera de publier
el
la suite mémoire de base). Les n~uscrits, en anglais ou en français, sont ainsi des rapports Bur les activités du ClIM. Avec le projet de DTH décrit
remis au CR t qui s'~sure qu'ils sont conformee au volume et au cadre ci-dessus (voir 3.3), ceci signifie qu'au moins deux publjcations similairer
thématiq1le asBignés. La publication a lieu simultanément on anglaie et en seront publiées chaque année par le CIIH: l'Annuaire du ClIM et les D'rH.
français.
4

La forme choieie, d'un typographie sane prétention et par conséquent bon


marché, permet une publication rapide et une diffuAion efficace. Extraits du
?<
RAPPORT
3.3.6 La question du financement du projet de DTH nlest pas encore entièrement
de la 3e Assemblée annuelle du
résolue. Ceci vaut aU8si bien pour les activités du CR (réunions, secrétariat,
Comité international de l'ICOH pour la Muséologie
service administratif, traductions, etc.) que pour l'impression des DTH.
22-26 octobre 1979, Torgiano, Italie
Le bureau administratif du CrIH a fait savoir qu'il consentirait à fournir
les fonds nécessaires pour couvrir tous les frais d'impression et d'édition
des DTH pour 1980.

Il convient d'effectuer une évaluation de ces fraie. Le CR pense que la 5/ La publication de documents de t'ravail sur les problèmes fondamentaux
question peut Stre résolue par des négociations Bur la gestion des DTM et de la muséologie ft été approuvée comme le reconwandai t le point 3 du
par la fixation d'un prix de vente au numéro. rapport sur les activités du CR présenté par M. V. Sofka et cité plue
haut, avec les compléments suivants:
3.4 He référant aux considérations ci-dessus, je demande en tant que coordinateur
du CR Les auteurs de mémoires de base seront choisis par le OR. Il est recommandé
_ que le rapport sur les travaux du CR donné ci-dessus (point 2) soit que le CR demande aux comités nationaux et internationaux de l'ICOH de
approuvé l'assister dans le choix des auteurs potentiels aIin d'obtenir une
présentation des tdées concernant la muséologie qui soit représentative
que soit décidée la publication des DTH selon les principes ci-dessus
du monde entier. Le coordinateur du CR, M. V. Sofka, communiquera au bureau
(p. 3.1, 3.3 - 3.3.1, 3.3.2, 3.3.3, 3.3.5)
exécutif du Comité les noms des auteurs retenus.
- que soit approuvé le plan thérratique des DTH pour 19&J-1982 <3_3.4)
Le CR remettra au bureau exécutif du Cornité une proposition qU8Jlt à la
_ qu'un Coneeil de rédaction soit élu pour les années 1980-1982 (3.3.1)
solution du problème du financement des documenta de travail.
ou, si l'actuel CR est maintenu dans ses fonctions, qu'il lui Boit
adjoint des membres ayant la possibilité de participer à ses travaux L'actuel CR, W. Klausewitz, A. Razgon et V. Sofka (coordtnateur du CR)
que soient choisis dix auteurs potentiels pour les mémoires de base restera en place jusqu'à la prochaine assemblée annuelle du Comité, à
des numéros 1 et 2 des DTH, et l'occasion de la Conférence générale de l'ICûH au cours de laquelle auront
lieu de nouvelles élections pour tous les organes du Comité. Le Comité a
_ que soit mis en place un groupe chargé, après concertation avec le CR,
décidé d'adjoindre KM. R. Kiau et A. Grote au CR pour la même période.
de présenter au bureau exécutif du OlIM une proposition de solution
à la question du financement des DTM (3.3.6)

vs
Suède
1er octobre 1979
2

Veuillez remplir ce questionnaire et le retonrner au plus tard le 29 février


le Cami té a l'intention de prendre les mesures suivantes pour encourager le
======~=~=================================================================~
débat sur les mémoiree de base publiés dans la première livraiaon des DTH:
à
Dr. Vinoli Sofka
Coordinateur du Comité de Rédaction
Comité international de l'IOOM pour la muséologie
Statens hietorisk8 museum
Box 5405
S- 114 84 STOCKHOLM Suède

Le Comité national de l'ICOM de


Le Comité a examiné avec quels conservateurs/chercheurs/spécialistes le CR
pourrait se mettre en relation en vue de la rédaction de mémoires de base sur
le thème nO 2, "L' interdisciplinari té en muséologie _ Recherche de base et
recherche appliquée en muséologie":
Le Comité internatIonal de l'ICOH pour Nom Fonction. titre. adresse et n° de tél. Lieu de travail
1
2 _
a reçu par l'intermédiaire de son président/secrétaire la lettre du Comité de
rédaction du Comité international de l'ICOM pour la muséologie concernant la 3
publication d'une revue de débat sur les problèmes fondamentaux de la
muséologie. A-t-on déjà pris contact avec les personnes proposées ci-dessus? Oui Non

Le Comité formule les réflexions suivantes au sujet de la publication de cette Et se sont-elles engagées à écrire un article devant Otre
revue: parvenu au secrétariat du CR au plus tard le 31 octobre 198o? Oui Non

Si la revue de débat est distribuée gratuitement, le Comité estime pour son


pays la demande à environ exemplaires.

Si la revue de débat n'est disponible que moyennant un prix de vente égal aux
frais de production, la demande nationale est estimée à environ exemplairesa
(Cette estimation nIa pas valeur d'engagementa) -----­

Le Comité tient également à présenter les suggestions/desiderata suivants:


Le Comi té propose comme Buteurs potentiels de mémoires de base sur le thème 1,
"La muséologie - science ou seulement activité pratique du musée?"
les conservateurs/chercheurs/spécialistes suivants:

Nom FRnct' pp titre pdneS; st pO dn tél. I,j eH de tryyaj]

2 _

3 _ 00'., ___ 1980


e: A-t-on déjà pris contact avec les personnes proposées ci-dessus? Oui Non Nom complet (en caractères d'imprimerie). adresse et nu~ro de téléphone:

Et se sont-elles engagées à écrire un article devant ~tre


parvenu au secrétariat du CR au plus tard le 15 mai 198o? Oui Non
1 (3)
2
Document no 5
Canité international rie l'ICOM

pour la muséclogie

~ Conseil de rédaction

Le projet en vue de la publication des DoTraM, préparé par un groupe


Documents de travail sur la muséologie - un projet de publication de travail nommé Conseil de rédaction (CR) a été examiné et approuvé
du Comité international de l'IeOH pour la muséologie apr~s un certain nombre d'additions par l'assemblée annuelle de CIIM
Actes de la réunion du Conseil exécutif de l'IC~1. mai 1980 en octobre 1979 ~ Torgtano, Italie. les objectifs, le caract~re et
la forme assignés aux documents de travail sur la muséologie sont les
suivants:
Ces deux dernières années, le Comité international pour la muséologie les OoTraM sont une publication non périodique éditée par le CllM
(CI lM) a porté un vif intérêt ~ la question des moyens susceptibles une fois par an au moins.
d'intensifier la coop~ration internationale dans le domaine de la
recherche et du développement muséologiques et d'appronfondir les la charge et la responsabilité de leur réalisation dans les cadres
échanges d'idées et d'expériences dans le secteur du musée. fixés sont confiées au Conseil de rédaction (CR).
le CIIM n'p.st pas sans savoir qu'il existe dans un certain nombre de le CR comprend trois membres - cinq au plus - élus par CIIM pour
p~ys une recherche muséologique avancée et un enseignement muséologique trois ans. Pendant cette période, les membres peuvent renoncer
de haut niveau. A l'échelon international égalément, et ceci en parU. ~ leurs fonctions ou en ~tre démis sur décision de l'assamblée
culier grâce aux comités internationaux de l'ICOM, on organise de plus annuelle, en présence de motifs graves.
en plus de manifestations au cours desquelles sont débattus de pro­
blèmes de muséologie intéressants. le secrétariat du CR est établi à Stockholm. le chef de ce secré­
tariat participe aux travaux du CR, sans toutefois avoir le droit
le CI lM a toutefois le sentiment que souvent ces importantes contribu­ de vote s'il n'a pas été élu m~lbre du CR.
tions aux activité muséologlques et ~ leur développement futur ne
parviennent pas à atteindre tous ceux - c'est-à-dire le personnel des 2 le but des DoTraM est de créer une plate-forme pour un débat inter­
musées du monde entier - qui pourraient en tirer profit. Ceci est dO national sur les questions et problèmes muséologiques importants ~
essentiellement à l'insuffisance de la diffusion de l'information et l'ordre du jour et pour des échanges internationaux d'idées et
à l'absence d'un échange international d'idées dans ce domaine. le d'expériences sur des questions susceptibles d'intéresser musées
CIIM est persuadé qu'une coordination de différents types d'actions et conservateurs et de leur être utiles.
nationales et internationales dans le secteur de la muséologie,
centrée sur certains problèmes choisis de concert, permetterait Un tel débat permanent, un colloque international ininterrompu,
d'accélérer l'évolution des musées et d'augmenter l'impact de la peut apporter des contributions importants à la recherche muséo­
muséologie. logique, tout en jouant le rôle d'un cours de perfectionnement
international de haut niveau.
le CIIM note avec satisfaction qu'après @tre restés en souffrance
pendant plusieurs années, les travaux en vue du Traité de muséologie 3 la publication des OoTraM aura lieu suivant un plan thématique
ont repris et avancent avec un élan qui laisse bien augurer du résul­ établi par le CIIM sur une proposition élaborée par le CR. Ce plan
tat. Il attache également une grande valeur ~ toutes les activités sera fixé en tenant compte du plan d'édition des autres périodiques
muséologiques qui ont lieu dans le monde, aux publications qui de l'ICOM.
paraissent, aux documents de colloques qui sont diffusés et ainsi de
suite. Dans le m~me temps, le CIIM ressent l'impérieuse nécessité d'un le débat sur un thème donné s'engage dans un numéro des OoTraM. Un
débat international sur les problèmes fondamentaux de la muséologie. certain n~nbre de chercheurs/conservateurs sont Invités à donner
N~nbre de ces problèmes sont d'une portée capitale pour l'activité leurs points de vue sur ce thème dans un mémoire de huit pages au
du musée dans le monde moderne mais sont encore sans solution et peu plus (appelé par la suite mémoire de base). le CR s'assure que
discut~s. Un échange d'idées au sujet de ces problèmes devrait s'enga­ les manuscrits sont conformes au volume et <lU cadre thématique
ger dès que possible et se poursuivre de façon permanente pour réagir assignés. la publication a lieu simultanément en anglals et en
aux changements et à l'évolution en cours dans le monde, constituant français.
ainsi un colloque international permanent par correspondence où
puissent éclore les idées et se confronter les opinions. les auteurs de mémoires de base seront choisis par le CR. Il est
recOllJllandé que le CR demande aux comités nationaux et interna­
Tels sont les arguments qui sous-tendent l'idée de faire paraltre une t'ionaux de l'ICOM de l'assister dans le choix des auteuJ"S poten­
publication. portant le titre provisoire de Ooculnents de travail sur tiels afin d'obtenir une présentation des idées concernant la
la muséologie (DoTraM), une revue paraissant au moins une fois par an muséologie Qui soit représentative du monde entier. le coordinateur
et se consacrant à un débat circonscrit à un thème donné. dans la­ du CR conmuniquera au bUreau exécut if du COO'IHé les noms des
quelle seront présentés cOte Acôte des points de vue sur la muséologie auteurs retenus.
venant de toutes les parties du monde.
3
Document no fi

le débat doit ensuite se poursuivre dans le numéro suivant des


OoTraM par la publication de commentaires et de points de vue sur
les mémoires de base et par la publications de mémoires envoyés Extraits du
par d'autres auteurs. Le volume et le cadre thématique de ces con­
tributions sont soumis aux mêmes règles Que les mémoires de base. COMPTE RENDU DE LA 47ème SESSION DU CONSEIL EXECUTIF
Paris. 20-21 mai 1980 (80/EX. 5)
En même temps que se poursuit le débat sur le prernier thème, le
second numéro des DoTraM présente les mémoires de base sur le
thème suivant; le débat se déroule ensuite selon le modèle
esquissé plus haut.
PROJETS DE PUBLICATIONS
le débat s'achève autant Que possible par une évaluation effectuée
par le CR ou un groupe de travail désigné ~ cette fin. D'autres projets de publications sont ensuite examinés:

4 La forme de DoTraM est la m~me que celle utilisée pour la publica­ Un p~riodique sur la muséologie (MUWOP). préparé actuellement
tion de l'Annuaire 1978 du CIIM contenant les contributions pré­ par un comité de rédaction du CŒnité international de muséolo­
sentées à l'assemblée annuelle de 1978 en Pologne (Possibilities gie, et dont le responsable est M. Sofka. Le Conseil, dans le
and Limits in Scientific Research Typical of the Museum ­ but d'éviter tout double-emploi de cette publication avec
Possibilités et limites de la recherche scip.ntifique typiques "Museum" ou avec le futur Traité de Muséologie, décide d'exa­
pour les musées, Poland/Pologne 1978) et publié par le bureau miner à Mexico son premier numéro;
administratif du CIIM de Brno.
La forme choisie, d'un typographie sans prétention et par consé­
quent bon marché, permet une publication rapide et une diffusion
efficace.
5 La question du financement du projet de DoTraM n'est pas encore
enti~rement résolue. le bureau administratif du CIIM a fait savoir
qu'il consentirait ~ fournir les fonds nécessaires pour couvrir
tous les frais d'impression et d'édition de DoTraM pour 1980.
Le CR a été chargé de présenter au bureau exécutif du Comité une
proposition Quant ~ la solution du problème du financement des
documents de travail.
Le CIIM est conscient que le projet n'a pas de chance de réussir et
que les DoTraM ne "décolleront-jamais si l'idéelle projet ne béné­
ficie pas du soutien des musées et des gens de musée de partout dans
le monde, et au premier chef, du soutien de l'ICOM, de ses comités
et de ses membres.
Le C!IM espère que l'idée de la publication des DoTraM sera accueillie
favorabl~nent par les organes directeurs de l'ICOM. Il n'épargnera
aucun effort pour être en mesure de présenter une livraison­
prototype des DoTraM à l'occasion de l'assemblée générale de l'ICOM
à Mexico en 1980.

le Conseil de rédaction
du Comité international de l' ICOM
pour la muséologie

.....
Stockholm. 11 avril 1980

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