Vous êtes sur la page 1sur 168
SCUTENANCE D'UN MEMOIRE PRESENTE POUR 10! DU DIPLOME NATIONAL D'EXPERT COMPTAB: —<——$$ $$$ L'AUDIT FISCAL DES SOCIETES DANS LE CONTEXTE MAROCAIN : ASPECTS METHODOLOGIQUES ET PRATIQU PAR Rachid SEDDIK SEGHIR Directeur de recherche : Mr Abdelkrim HAMD! Expert Comptable DPLE Jury de soutenance : a Président: -Mr Rachid M'RABET Directeur Général de I'iSCAE Suffragants : - Mr Abderrahmane SAAIDI - Expert Comptable DPLE. Ministre de la privatisation chargé des entreprises d'Etat - Mr Abdelaaziz MECHATT - Expert Comptable DPLE Président du Conseil Nationa! de !'Ordre des Experts Comptables - Monsieur Abdelkrim HAMDI - Expert Comptable DPLE Jer Vice Président du Conseil National de Ordre des Experts Comptables - Mr Tijani ZAHIR! - Expert Comptable DPLE Secrétaire Général du Conseil National de 'Ordre des Experts Comptables Kemerciements fe teens & remercier tout ceux gui out contribue de pred ou de loin d Cdaboration de ce thauad. Mes remerctements s'adressent également a tous les Experts Comptables ef ensetguants gui out seuuné ocr la mise en place et ta contiautté du cycle National d' Expertise Comptable. fe remerciée particutiérement Monsieur Abdelknim HAUDI. mon Directeur de Recherthe, gud a sa me motiver et m'srienter & thavert see consedls ef remargues constructives et gui n'a fas ménagé d'efforts four que ce thavadl aboutiee, fle remercie également Ur Abdenahmane SAAIDT gui n'a ineutaué te réffere fiscal et gui a toujours constitué pour mat un modéte d'Ergert Constable Be remerece Ur Rachid U'RABET ct Monsieur Abdelaziz UMECHATT qui ne cessent de dépleyer leurs efforts pour la réussite da eyele de U'Expertise Comptable, Enfin.ma gratitade s'adresse partieulicrement a ma femme Msuuta, gui n'a beaucoup appuyé four la réalisation de ce mémotre et pour Cachiuement de ma formation. LtAuort Fiscac Des Sociérés Das Le ConTExTe MAROGAIN : Aspects METHODCLOGIqUES ET PRATIQUES SOMMAIRE LIMINAIRE 4 INTRODUCTION 5 PREMIERE PARTIE : LA MISSION DE BASE : LE CONTROLE DE LA REGULARITE FISCALE 20 1. Régles générales applicables a 'auditeur fiscal : 21 1, Indépendance 2 2. Compétence 21 * Le Juriste 23 © Le conseiller fiscal 23 * L’expert comptable 23 3. Secret professionnel 25 Ul, Méthodologie de l’audit fiscal Et Regles de travail : 26 4. Démarche générale de l'audit fiscal 26 2. Phase préliminaire 30 2.4. Objectifs de la phase préliminaire 30 2.2. Lalettre de mission 20 2.2.1. Obligations de l'Auditeur fiscal 30 2.2.2. Obligations de l’entreprise 31 3. Prise de connaissance Générale de la fonction fiscale 31 3.1. Objectifs de Ia prise de connaissance générale 3 3.2, Eléments de la prise de connaissance générale 32 L’Aupit Fiscan Des Soctérés Dass Le ConTENTE MaRocAIN : Aspects MErHoDoLoGQces Et PRATiQuES 4, L’étude du contréle interne spécifique a la fonction fiscale 7 4.1. Objectifs de cette phase 4.2. Mise en ceuvre de l'étude du systéme de contréle interne inhérent a la fonetion fiscale a7 4.2.1. Description du systéme de controle interne spécifique a la fonction fiscale 38 4.2.2. Vérification de existence du systéme 38 4.2.3, Evaluation préliminaire du contréle interne spécifique a la fonetion fiscale 39 4.2.4, Questionnaire de contréle inteme fiscal 40 5, Le contréle des opérations fiscales 42 Objectifs du contréle des opérations fiscales 42 Modalités de contréle de la régularité fiscale 44 Le contréle par questionnaire 44 Les contréles complémentaires 90 5.2.2.1. Contréle de l'exhaustivité des déclarations <0 5.2.2.1.1. Contréle de la forme des déclarations 90 §.2.2.1.2. Contrdle des délais de déclaration ot 5.2.2.2. Contréle de la cohérence des déclarations st 5.2.2.2.1. Contrdle de cohérence : passage du résultat comptable au résultat fiscal 92 8.2.2.2.1.1. Impat sur les sociétés 110 5.2.2.2.1.2, Taxe sur ia Valeur Ajoutée ro §.2.2.2.1.3, Impot général sur le revenu Retenue a \a source surles salaires = 112 §.2.2.2.1.4, Honoraires versés 112 6. Le rapport d’audit fiscal 113 6.1. Forme et contenu du rapport 114 6.2, Forme et contenu du rapport de recommandations 115 6.2.1. Recommandations consistant & redresser les irrégularités fiscales 115 6.2.2, Recommandations consistant 4 prévenir les irrégularités fiscales 116 L'uorr Fiscat Des Socitrés Dans Le Cowrexre MaRocaln * Aspects METODOLOcIQUES Er PRATiQues DEUXIEME PARTIE : APPRECIATION DE LA GESTION FISCALE De L’ENTREPRISE 118 1. Domaine d'application du contréle d'efficacité 119 2. Objectifs du contréle d'efficacité 122 2.1. Aptitude de lentreprise a identifier toutes Jes options fiscales possibles 123 2.2, Aptitude de l’entreprise a choisir les options fiscales optimales 2.3. Exempie dillustration 124 3. Démarche de |'auditeur fiscal pour l'appréciation de la gestion fiscale 125 3.1. Critéres d’appréciation de l'efficacité fiscale 126 3.2. Deémarche liée a l'aptitude de l'entreprise a identifier les options fiscales 126 3.3. Démarche liée a l'aptitude de l'entreprise a choisir les options 128 fiscales optimales 4, Le Rapport sur le contrdle de l'efficacité fiscale 129 CONCLUSION 130 ANNEXES 132 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 155 LEXIQUE FRANCO-ARABE 157 Junie isc Des Sociérés Dawss Le Contexts Magscuy : specs METHODOLOGIQUES Er PRATIQUES LIMINAIRE ous tenons tout d’abord a remercier Monsieur Abdelwaret Nese et Monsieur Mohamed BENNEHHOU, Experts Comptables DPLE et membres du jury d’agrément des sujets de mémoires, pour leurs remarques pertinentes que nous avons bien prises en considération lors de I’élaboration de ce travail Par ailleurs, compte tenu du fait que le mémoire de fin d'études revét beaucoup plus un aspect technique qu’académique, nous avons sciemment priviligié, les développements concernant la premiére partie qui porte sur le contréle de la réguiarité fiscale Ainsi, ce travail se propose de : ‘© Définir, dans une premiere partie, une démarche et quelques outils pouvant permettre ta réalisation de la mission de base portant sur la régularité fiscale qui constituera certainement V’axe principal du développement de l’Audit Fiscal au Maroc ; * Initier une réflexion sur le contréle de ta gestion fiscale dont la démarche et la méthodologie ne pourraient se préter 4 une standardisation. INTRODUCTION L'Auprr Fiscu, Des Soci TES DANS Le ContEXTE MAROCAIN : Asprers Mirwopavoaroves Er Prarigues Intropuc TION 2 totic coasiue aout une composante essenticlle dans la vie des entreprises appelées, plus que jamais, a la manipuler au quotidien. Ainsi, et en examinant I’évolution de la fiscalité au Maroc, nous constatons que celle-ci a connu un développement important induit principalement par la loi eadre n° 3-83, portant réforme fiscale ainsi que par les impératifs de développement économique qui connaissent, de plus en plus, des mutations profondes et imposent réguliérement des changements et adaptations de cette discipline Le Dahir n°1-83-38 portant promulgation de la loi cadre n° 3-83 (Bulletin Officiel du 2 Mai 1984) portant Reforme fiscale constitue, en fait, un veritable tournant dans l'histoire de la fiscalité Marocaine dans la mesure ou il a fonciérement modifié le paysage du systéme fiscal. Les objectifs fondamentaux énoncé par cette loi cadre peuvent étre résumés comme suit 1. Corriger les disparités du systéme fiscal Marocain 2, Instituer toute mesure de nature & prévenir et supprimer la fraude et I'évasion fiscale Metre en place des procédures légales garantissant les droits des contribuables 4, Promouvoit et consolider les finances des collectivités locales en tenant compte des exigences du développement économique et social, dans le cadre dune justice sociale 5, Préserver les mesures tendant 4 encourager les investissements L'objectif de la modernisation du systéme fiscal tendait a sa simplification tout en lui assurant une cohérence avec le niveau de développement des structures économiques et sociales et une harmonie avec l'environnement international. Ainsi, des impots généraux et de synthése (TVA, IS et IGR principalement) furent introduits pour remplacer les cédules dimpéts existants L-Auprr Fiscat Des Socteés Dans Le ConTexre MARocany : Aspects MéTHODOLOGIQUES Er PRATIQUES Ces impats de synthése sont =» — Dans la catégorie des impéts directs L'Impét Général sur le Revenu : Cet impét frappe les revenus des personnes physiques et s'est substitué a plusieurs impéts qui sont = © Le Prélévement sur traitements publics et privés, les indemnités et Smoluments, les salaires, les pensions et les rentes viageres ; * La taxe urbaine pour les revenus locatifs ; ‘© Limpot sur les bénéfices professionnels pour les personnes physiques ; © Liimpét Agricole ; * La contribution complémentaire sur le revenu Global des personnes physiques, © La taxe sur les produits des actions et parts sociales et revenus assimilés L'Impét sur les sociétés : Frappant les revenus des personnes morales, cet impét se substitue a © Liimpét sur les bénéfices professionnels ; © Limpet Agricole ; + La taxe urbaine pour les revenus locatifs - Dans la catégorie des Impéts indirects La Taxe sur la Valeur Ajoutée : Assise sur le chiffre d'affaires, cette taxe est venue remplacer © Lataxe sur les produits ; « La taxe sur les services. Par ailleurs, la loi cadre, en se fixant comme objectif la consolidation des finances des collectivités locales a affecté le produit de certains impéts et taxes aux budgets des collectivités locales. LAvorr Fiscat Des Soctérés Dans Le Conrexte Manocun Aspects METHODoLoGIQUES Er PRATIQUES De méme, elle a prévu la création de nouvelles taxes destinées 4 augmenter les ressources de ces collectivités. De surcroit, lefficience de la réforme fiscale nécessitait une céorganisation profonde des structures de Administration des imp6ts visant 4 rapprocher davantage le contribuable des services dassiette, de contréle et de contentieux. Crest pourquoi le principe de base de cette réorganisation repose sur Tidée de fusion des services "assiette”, "vérification” et “contentieux” au niveau des régions économiques de tele maniére que le contribuable puisse avoir & faire, dans sa région, 4 un interlocuteur unique ayant des compétences trés larges Cette fusion a eu par conséquent le mérite de favoriser une approche globale de Timpot et une harmonisation des méthodes. Cette nouvelle structure a permis de faire face aux nouvelles ragles (codifiées) en matiére de contentieux et également de moderniser l'ancien systéme dans lequel tous les dossiers de contentieux et toutes les décisions devaient étre réglés au niveau central & Rabat. Compte tenu de ce nouveau contexte, nous constatons que la fiscalité dans sa nouvelle structure, se traduit également par une certaine pression sur les opérateurs économiques qui se caractérise par sa permanence et son omniprésence, a tel point que chaque opération effectuée au niveau de lentseprise croise l'impat. L'Auore Fiscat, Des Soctérés Dans Le Conrexte MAROCAIN Aspects Mérmovovocioves Er PRATIQUES Cette influence réguliére et envahissante exercée par la fiscalité sur lentreprise peut étre résumée dans le schéma suivant Ces différents éléments imposent aujourd'hui a Pentreprise Marocaine de nouvelles cégles et contraintes Gscales dont les plus importantes peuvent étre résumées dans les points suivants 1. Un systéme d'imposition basé, dans la plupart des cas, sur les déclarations spontanées du contribuable, chargé dans ce nouveau contexte détablir lui méme ses déclarations et de verser I"imp6t correspondant en respectant les délais prescrits (annexe n° 2) ; 2. Des échéances fiscales, importantes en nombre, qu'il faudrait suivre continuellement afin d’étre en régle avec la loi ; 3. Un enforcement des sanctions prévues par lAdministration fiscale en cas @inobservation des régles et obligations fiscales (Annexe n° 3) et I’'acheminement progressif vers plus de rigueur au niveau des contréles fiscaux opérés par le fisc comme en témoigne le projet de loi de finances 1996/1997 qui prévoit, entre autres dispositions, d’ériger la fraude fiscale « caractérisée » en délit penal ; L'duprr Fiscat Des Socrénts Das Le Cowrete Manocarn : “Aspects METHODOLOGIQUES EY PRATIQUES 4. La subordination du bénefice de certains avantages fiscaux au respect d’ obligations de forme et a l’accomplissement de certaines declarations , 5. Le renforcement de la position du contribuable en tant que partenaire & part entiére, ant ses droits par une codification des procédures de notamment en lui garant contentieux et de recours (Annexe n° 4) que le contribuable doit également observer afin de garantir ses droits : 6. Des modifications, importantes en nombre, au niveau des textes de lois régissant les différents impéts et taxes que le contribuable doit désormais suivre rigoureusement afin d’ éviter des sanctions de plus en plus lourdes et codteuses ; 7. L’enirée en vigueur de la loi comptable n° 9-88 qui consacre Pautonomie des régles comptables par rapport au droit fiscal et qui oblige entreprise 4 gérer simultanément deux types d’obligations ayant généralement des objectifs différents et parfois méme contradictoires (Annexe n° 5 ) 8. L’imminente réforme du droit des sociétés et du code de commerce qui devraient renforcer les mesures visant la transparence et doter le systéme économique d’un cadre réglementaire moderne et approprié ; 9. Louverture de possibilités de gestion fiscale a travers l'insertion dans les différents textes de dispositions permettant au contribuable d’opérer des choix fiscaux en fonction de ses objectifS économiques et stratégiques de telle maniére que la fiscalité puisse étre « gérée » et non subie d'une maniére passive. Dans ce nouveau contexte, l’entreprise se doit d’étre vigilante au niveau du suivi du paraméte fiscal afin de minimiser le risque fiscal qui pése en permanence sur sa situation et qui pourrait menacer sa pérennité, voire méme sa survie Partant du fait que la fiscalité constitue une matiére dense (Annexe n° I) et complexe aécessitant 4 la fois une mise & jour permanente et une intégration profonde par rapport aux réalités de l’entreprise et de son environnement immédiat et futur, il est aisé de constater que les responsables des entreprises sont rarement des « fiscalistes » et que, pris dans le feu de I’action, ils peuvent commettre volontairement ou involontairement L'Avprr Fiscat. Des Socitris Dans Le ConTexTe MsRocasn “ASPECTS METHODOLOGIQUES Et PRATIQUES des infractions susceptibles d’engendrer des coats financiers plus au moins importants pour Pentreprise et subir éventuellement des sanctions judiciaires. Compte tenu de ce qui précéde, nous pouvons affirmer que le terrain est aujourd’hui propice pour le développement au Maroc d’une nouvelle discipline intitulée « Audit Fiscal » et qui pourrait parfaitement contribuer @ aider l’entreprise maitriser et a gérer sa situation fiscale, Dans un environnement aussi mouvant et caractérisé par I'existence de régles heétérogénes et parfois contradictoires, lentreprise Marocaine se trouve de plus en plus en situation de risque permanent, tui imposant de surveiller attentivement son environnement fiscal. Ainsi, ’Audit fiscal pourrait constituer un recours privilégié pour prévenir et réduire ce + risque fiscal Cest pour cette raison que nous nous proposons dans le cadre de ce travail, de tenter de définir les aspects méthodologiques qui, a notre avis, méritent d’étre intégrés afin dassurer le développement et le succés de ce genre de missions auprés des entreprises Marocaines De méme, ct afin de donner a ce travail une dimension professionnelle, nous visons 4 travers ce mémoire d’initier une réflexion destinée a ouvrir la voie sur le développement de ces missions qui pourraient largement bénéficier a l’expert comptable. Cependant, la réflexion sur un théme aussi profond et complexe imposerait d’apporter au préalable des éclaircissements sur certains points trés importants a savoir ion d’audit fiscal ? Quelle est la nature d’une Quels en sont les objectifs ? Quelle est la nature du risque fiscal ? Qui peut entreprendre une mission d’audit fiscal ? Quelle est la relation entre Audit fiscal et Audit comptable ? Quelle est la démarche et la méthodologie de travail de |’Auditeur fiscal ? aepenn 10 L'Avorr Fiscas Des Socistés Dans Le CoNTEXTE MAROCAIN. “ASPECTS MéTHopoLocIQUes Er PeaTiQvEs Les réponses que nous essayerons d'apporter 4 ces questions contribueront, dans une large mesure, a fixer quelques orientations futures pour le développement de ce type de missions. De meme, autiter ta fiscalité de Ventreprise, impose de faire appel & certaines notions et techniques que nous nous efforcerons de symhétiser dans le cadre de tableaux annexés au présent travail, Traditionnellement limitée 4 V'expression d'une opinion sur la qualité de (‘information comptable et financiére émise par les sociétés, lz formule d’ Audit a fini par connaitre une extension 4 d'autres domaines opérationnels intéressant lz gestion de lentreprise et V’évaluation de ses performances. Ainsi, de larges perspectives sont ouvertes pour pratiquer audit sur des informations autres que comptables (Audit financier) et l'on commence aujourd’hui 4 se familiariser de plus en plus avec de nouvelles disciplines' ‘elles que [Audit de la qualité, Audit Marketing, Audit opérationnel, |’Audit social, [Audit de management, [Audit stratégique, J"Audit industriel, Audit juridique, l'audit des performances etc... Au Maroc, catte extension du domaine de I’ Audit s'est faite d’une maniére assez timide et a concerné essentiellement des missions effectuées généralement soit pour le compte entreprises publiques soit pour le compte de sociétés multinationales ou encore les grands groupes Marocains soit carrément dans le cadre des entreprises privatisables. Qu’en est il de extension de I’ Audit 4 la fiscalité ? A premiére vue, la fiscalité peut constituer un champ propice 4 l’application de I’ Audit En dehors des arguments que nous développerons a Loccasion de l’examen de ia démarche de l'auditeur fiscal, cette affirmation peut étre également appuyée par le lien Giroit qui existe entre fiscalité et comptabilité et qui peut s'illustrer a travers les points suivants Vor 8 costes caters argae n° 248 Aust et Maragemar dans esavels une syrtheso res eres tenn de Rust ‘aneree L'Auprr Fiscat. Des Socitré’s Dans Le ConTexre MAROCAIN | Asrects MéTHopoLocigues Er PraviQues 1. L’activation de la fiscalité est généralement concomitante aux opérations comptables qui traduisent les flux économiques et financiers de l’entreprise. A titre d’exemple, la cession d'un élément d’actif se traduit par une opération comptable et financiére accompagnée d’une incidence fiscale au niveau de Pimpét sur les sociétés (imposition des plus-values) et au niveau de la taxe sur la valeur ajoutée (Remise en cause éventuellement de la TVA récupérée initialement) mais également au niveau de Vimpot des patentes du fait du changement de la base imposable. 2. Les questions fiscales se traduisent toujours par une incidence financiére ou comptable du fait d'un coat fiscal supporté, 4 payer ou alors sous forme d'un avantage fiscal qu'il faut consacrer par une inscription comptable. 3. Seule la comptabilité peut rendre compte des opérations génératrices de revenus et de la formation de la base imposable ou taxable. Ce constat est largement démontré par le fait que méme I’Administration fiscale s'appuie, dans ses controles, sur la vérification de la comptabilité De méme, la fiscalité a pendant longtemps influencé la préparation des comptes sociaux au Maroc, tel point que les comptes étaient souvent caractérisés par omniprésence de la fiscalité en tant que principal paramétre a respecter. Fort heurcusement, les choses ont changé avec la promulgation et l’entrée en vigueur de Ja Joi 9-88 portant obligations comptables des commergants qui assigne désormais a la comptabilité comme unique et ultime objectif, a finalité d’image fidéle du patrimoine, de la situation financiére et des résultats de l’entreprise Cependant, il ne faut pas perdre de vue que dans le cadre de cette loi comptable, larticle 23 stipule que I’ Administration des impdts peut rejeter les comptabilités qui ne sont pas préparées conformément a cette loi”, Leterdependence ent comrabite ot ecaltésusct ayourdhs un grand dat cue nous ne manquetone pas daboder dans et ‘Sercoppementesocetnant a réguant Fcale. 2 1 Aunyr Fisc. Des Soctiés Dans Le Cowrexre Maroc : Aspects MeHovaLocrgues Er PRstiQues Ainsi, la notion d° Audit fiscal peut parfaitement se développer dans le contexte Marocain qui connait des mutations profondes engendrées par le mouvement d’internationalisation de son économie, Ce mouvement impose la mise en place progressive de certaines reformes et techniques qui ont déja été adoptées au plan international. L’Audit fiscal qui a été dgja adopté au niveau des pays développés a conmu un essor assez important au niveau des pays occidentaux comme en témoignent certains ouvrages publiés par des professionnels d’audit, dont nous citerons 4 titre d’exemple Audit et gestion fiscale : Patrice BOUGON dans I'édition CLET ATOL ‘* Guide d’Audit fiscal qui constitue le fruit dune concertation entre la compagnie nationale des commissaires aux comptes et institut frangais des auditeurs consultants interes, De méme, il est important de signaler qu’au Maroc, plusieurs services d'audit interne au niveau de certaines sociétés Marocaines ont ceuvré pour la confection de guides d’audit fiscal adaptés au contexte Marocain I est cependant & craindre que Padoption de l'audit fiscal ne bute sur des préjugés qui risqueraient de créer une confusion sur sa finalité, dans l'esprit des décideurs au niveau des entreprises Marocaines. Cette confusion proviendrait principalement de Ia diversité des missions de contréie auxquelles pourrait étre soumise entreprise. Ainsi, une mission d’Audit fiscal ne constituerait-elle pas un double emploi avec les autres contrales auxquels se trouve assujettie ’entreprise ? Pour répondre & cette question, nous dressons ci-aprés un tableau récapitulant les objectifs de quelques missions d’audit susceptibles de faire double emploi avec l'audit fiscal, en les analysant par rapport aux préoccupations fiscales de l’entreprise, B L'Auorr isc. Des Sociéris Dans Le Conreste Manocain Aspects Métwopavocigues Er PraniQues ‘TABLEAU RECAPITUALTIF DES OBJECTIFS ET LIMITES DE CERTAINES MISSIONS D'AUDIT “Hype de contrale Objects Lents [Audit Financier |Emeite une opinion motide et| Le faitement des questions tiscales limilé car la responsable sur les comptes démarche de audit financier (Approche globale annuels. . + ** Leoresion vsicaton des comprabités ext souvent wtlsée dans ee cruiares de Taamnsrion Reege oe dese! Ws Hava ce contlles auejues dt peed lineeectour fecal por eet corr fiscal, Aust Seance Guile pour Yael tomaton fale des etopines et iganalene-ATH Ebon CLET un L’Auprr Fiscat. Des Sociérés Dans Le CowTexTE Maroc Aspects MéTHODOLOGIQUES Er PRATIQUES Lapplication de cette démarche a audit fiscal implique que la situation des impéts de Ventreprise au cours d’un exercice est le résultat d'un processus général de traitement de information qui peut étre résumeécomme suit : FONCTIONS DE L'ENTREPRISE ENREGISTRE- FISCALITE DE MENTS LENTREPRISE MPTABLES. DECLARATIONS FISCALES ‘* Obligations Déclarations| * Production | * Joumaux déclaratives périodiques * Commercial j* Grand-livre j~ Obligations « Déclarations © Personnel {+ Balance comptables ponctuelles * Direction * Obligations de * Avis de versement versement ¢ Demandes et déclarations diverses Transcription des, operation Pentrepris Fait générateur Indices du respect des obligations fiscales fiscales propres it la situation de lentreprise} Dans son approche, !'auditeur fiscal serait amené & privilégier l’analyse des risques qui pourraient soit étre a Vorigine d’irrégularités fiscales, soit empécher les irrégularités éventuelles d’ Ainsi, cette approche par les risques permettrait 4 l'auditeur d’optimiser son travail notamment en ‘© Adaptant son travail en fonction des risques réels encourus # Véifiant ce que les comptes et des déclarations fiscales contiennent, mais également ce qui devrait s'y trouver . ‘© Planifiant efficacement son intervention en identifiant & l'avance la majeure partie des problémes. A ce stade, il serait important de se prononcer sur le référentiel par rapport auquel Pauditeur portera son jugement. L’Auditeur fiscal serait appelé dans le cadre de sa mission a examiner la fiscalité sous tous ses aspects. Cette fiscalité obéit généralement aux régles de territorialité qui sont 28 Lsuore Fscu Des Soctérés Dans Le Cowra Manocum ASPECTS MeTHODOLOGIQUES ET PRATIQUES définies au niveau de chaque texte de loi. Les régles de territorialité sont dans la majorité des cas accompagnées de limitations lorsque lentreprise entretient des relations affaires avec l’étranger. De méme, le droit fiscal se dissocie difficilement de la comptabilité ce qui ne manquerait pas d'affirmer que la référence & ce droit et éventuellement aux conventions fiscales de non double imposition, devrait s'accompagner d'un jugement par rapport aux principes comptables dont le non respect entrainerait un rejet de ta comptabilité et exposerait en conséquence l’entreprise & un risque de taxation d’office. Il apparait done que le référentiel de Pauditeur est pour T’essentiel constitué de régles fiscales et comptables nationales. L’ensemble de ce référentiel est synthétisé dans te cadre des annexes présentés 4 la fin de ce mémoii Aussi, la démarche générale de !auditeur fiscal pourrait se baser ainsi sur trois étapes fondamentales qui sont représentées dans le schéma suivant ‘Evatuation du Contréte interne inkérent aux questions fiseales Contrate des opérations & ‘caractire fiscal Prise de connaissance Générale 29 L’Auprr Fiscat. Des Socitrés Dans Le CONTEXTE MAROCAIN: Aspects MétHovoLoctoves Er Prarigues 2, Phase préliminaire : 2.1. Objectifs de Ia phase préliminaire : Préalablement a l’acceptation de la mission, l’auditeur fiscal est amené a entreprendre un diagnostic dont l’objectif serait de savoir si la mission demandée par le client est possible, dans quels délais et 4 quel cout. Cette phase débouchera sur la préparation d’un contrat d’audit appelé communément lettre de mission qui devrait résumer les conclusions de l'auditeur, les modalités intervention et le budget propos pour la réalisation de la mission. 2.2. La lettre de mission : La lettre de mission permet de définir les obligations réciproques des parties afin de pouvoir s'y référer en cas de ltige. Des termes de Ia lettre de mission, il sera possible de définir avec précision Pobjectif assigné & ’Auditeur, la périodicité des contréles, les critéres de contréle, I’étendue des travaux 4 réaliser dans le temps (Exercices & contréler) et également dans espace ( Impéts, activités, entités juridiques) (Voir ci-dessus les objectifS de I’ Audit fiscal ) Cependant, et compte temu de la nature méme des risques fiscaux, il est souhaitable de prévoir & l'avance une ouverture permettant de redéfinir I’étendue et les objectifs de la mission lorsqu’il s’avére au cours des premiéres investigations que de nouveaux facteurs de risque font leur apparition 2.2.1. Obligations de PAuditeur fiscal ; * Obligation générale de diligence, c’est dire mettre en ceuvre tout son art, afin d’émettre son opinion sur les questions faisant I’objet du contrat d’audit fiscal, * Obligation portant sur fa remise et le contenu du rapport d’ Audit * Obligation de confidentialité 30 L'auorr Fiscu Des Socterés Dans Le ConTENTE Mawocun © Aspects MErHoDoLOGIOUES Er PeATIQUEs 2.2.2. Obligations de l’entreprise : © Obligation de faciliter le travail de I’Auditeur ou de s’assurer que Ventité auditée facilitera le travail de l’Auditeur au cas oii le client n'est que prescripteur de la mission, * Obligation de rémunérer I’ Auditeur. 3. Prise de connaissance Générale de la fonction fiscale de Pentreprise 3.1. Objectifs de la prise de connaissance générale : La phase de prise de connaissance générale est une phase commune 4 toutes les missions d’ Audit. Elle a pour objectif de permettre 4 I'auditeur fiscal de s'imprégner des spécificités fiscales de Pentreprise et de recueillir tous les éléments susceptibles de l’aider dans le cadre de Vorientation de ses travaux. Eile permet de repérer les zones de risques fiscaux lies aux spécificités de l"entreprise auditée et également la découverte de nouvelles caractéristiques susceptibles de commander une approche différente ou de conduire a la redéfinition de l'objet méme de la mission. De méme, la phase préliminaire, lorsqu’elle est bien menée, pourra réduire sensiblement la durée d’intervention de I'auditeur fiscal du fait qu'elle va lui permettre de se placer dans les conditions tes plus favorables pour optimiser son travail Ainsi, dans le cadre de cette prise de connaissance générale, l’auditeur fiscal s’intéressera par exemple aux points suivants + Les implantations géographiques qui peuvent avoir des incidences fiscales au niveau de application des conventions internationales ; + La répartition du capital social et l'éventuelle appartenance de la société a un groupe ; # L’étude des effectifs : 31 L'Avorr Fiscat. Des Sociérés Dans Le Conrete Manocan : ‘Asvects Mérnopovocigves Er Pearigues Le passé fiscal de lentreprise ; * La situation financiére de Pentreprise ; © Le profil des dirigeants ; * Les statuts, procés-verbaux de "Assemblée des actionnaires et du Conseil d’ Administration ; * Lecture des rapports des autres auditeurs, 3.2, Eléments de la prise de connaissance générale : Remarque préliminaire: I est certain que I'étendue des travaux dans le cadre de cette phase, dépendma de objectif assigné 4 Vaudteur fiscal, En effet, nous avons déja eu l'occasion de constater existence d'une mutitude d'objectits dans le sadre des missions d°Auait fiscal, Les développements qui suivront ont done wn caractére indicatif qui fait référence principelement une mission Audit portant sur la régularité fiscal. Sans prétendre a lexhaustivité, la prise de connaissance générale devrait conduire Pauditeur fiscal 4 s’intéresser aux éléments suivants avec des objectifs spécifiques ‘TABLEAU DES ELEMENTS Dz LA PRISE DE CONNAISSANCE GENERALE CARACTERISIQUES JURIDIQUES. ‘CADRE JORIDIQUE DE LENTREPRISE Forme de la socicté | Statuts de la société Changements de forme intervenus Capital social Montant du capital Principaux associés L Changements intervenus dans la structure du capital Objet social Nature de l'objet social Changemenis intervenus Clauses essentielles | Forme des titres sociaux des statuts Mode de transmission des titres Durée des exercices sociaux Modalités de répanition des bénéfices Moodalités de liquidation ORGANES DE GESTION Et DE CONTROLE ‘Assemblées des | Compétence Associés mode de convocation régles de majorité et de vote ‘Administration [Nature Pouvoirs Contréle externe et | Commissaires aux comptes, interne Auditeurs externes rvice d’audit interne, 32

Vous aimerez peut-être aussi