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et ponts
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notions générales
))
Des informations précieuses sur l’évolution d’une
2.1 - Notions d’hydrologie formation pluvieuse peuvent être obtenues à l’aide
des radars météorologiques couvrant le territoire
national, mais elles intéressent plus l’annonce de
2.1.1 - Rappels généraux sur l’hydrologie crue que le concepteur de projet de pont. Couplé
aux pluviomètres, le radar permet toutefois une
des cours d’eau connaissance améliorée de la répartition de ces pluies
pour conduire les études de débits.
Définition de l’hydrologie Des opérateurs statistiques permettent de déduire de
L’hydrologie est la science qui traite de l’occurrence, ces mesures pluviographiques des relations intensité-
de la distribution et de la circulation de l’eau tout au durée de pluie pour une fréquence donnée.
long de son cycle, ainsi que de ses propriétés chimiques
et physiques et de ses interrelations avec le milieu et Paramètres caractéristiques du bassin versant
les êtres vivants.
Un bassin versant est d’abord caractérisé a minima
Elle repose essentiellement sur les sciences statistiques et par l’aire d’interception des pluies. En fait, bien que
sur des modèles conceptuels de transferts hydriques. des considérations hydrogéologiques puissent parfois
interférer, il s’agit de la surface cartographique de
Paramètres hydrologiques mesurés l’espace délimité, à partir de l’exutoire retenu pour
effectuer le calcul, par les lignes de partage des eaux.
Les pluies sont un bon point de départ dans l’examen Cette aire est désignée par A, en kilomètres carrés.
du déroulement du cycle de l’eau quand on s’intéresse
aux rivières. Elles résultent des interactions en altitude S’agissant de ruissellement, une caractéristique
des masses d’air chargées en eau évaporée et sont essentielle du bassin versant est le temps de
caractérisées par plusieurs quantités : concentration, c’est-à-dire le temps que met la goutte
d’eau tombant au sol sur la partie du bassin versant
• la hauteur P de pluie (sous-entendu, tombée au sol), la plus éloignée de l’exutoire pour rejoindre celui-
exprimée en millimètres de pluie tombés sur un mètre ci. Ce temps est généralement exprimé en minutes
carré de surface, ou encore, ce qui est équivalent, en (mn). Il dépend de la longueur du plus long chemin
litre par mètre carré ; hydraulique à parcourir (L, exprimée en mètres) et de
• l’intensité I, exprimée en millimètres de pluie par la vitesse avec laquelle l’écoulement dévale ce chemin
unité de temps (généralement la minute ou l’heure) ; (V, exprimée en mètres par seconde), laquelle dépend
• la durée D, généralement exprimée en minutes ; étroitement de la pente motrice P (exprimée en mètres
• la fréquence F ou probabilité de non-dépassement par mètres) le long de ce cheminement.
ou encore période de retour T. Lorsque le plus long chemin hydraulique à parcourir
Ainsi, pour une probabilité de non-dépassement (ou vers l’exutoire passe par plusieurs tronçons homogènes
période de retour) donnée, on peut considérer (au en pente, le temps de concentration est la somme
moins) deux pluies équiprobables, l’une d’une durée des temps mis pour dévaler chacun des tronçons
moins longue que l’autre, mais avec une intensité de consécutifs. La vitesse est alors estimée en fonction de
pluie plus forte que l’autre, et vice versa. A contrario, la pente et du degré d’accident des surfaces traversées
il est absurde de parler d’une intensité de pluie de (forêt, prairie, surface imperméabilisée, etc.).
période de retour donnée, sans préciser quelle est Des formules expérimentales établissant la valeur du
la durée de cette intensité. Pour une période de temps de concentration. La plus connue est la formule
retour donnée, l’intensité de pluie est une fonction de Kirpich :
décroissante de la durée de la pluie tombant avec
cette intensité.
Les caractéristiques de base des pluies sont mesurées
à l’aide de pluviographes qui mesurent a minima les [Équation 1 - Temps de concentration, formule de Kirpich]
hauteurs de pluie interceptées par une surface de
référence d’entonnement vers le récipient mesureur pour les bassins versants d’une taille inférieure à
ou encore, dans des versions un peu plus élaborées, 1 km².
mesurent le temps nécessaire au basculement d’un
auget étalonné ou le nombre de basculements L’intensité étant une fonction décroissante du temps
d’auget étalonné dans un temps fixé (laps de temps, et le débit de pointe n’intervenant a priori que
généralement de 6 minutes(1)). lorsque l’ensemble du bassin versant a contribué au
ruissellement (t ≥ tc), on considère généralement
(1) Ce qui permet d’avoir une appréciation quasi directe de l’intensité en mm/h,
par multiplication par un facteur 10 de la valeur lue en 6 minutes
z
ho
notion de temps de concentration n’a pas de sens.
ej
fs
!W
Enfin, la troisième caractéristique fondamentale
ef
uf!
du bassin versant est le coefficient de ruissellement
D
Wfsejhoz
instantané (noté C, adimensionnel). Ce coefficient
traduit la fraction d’eau incidente qui ruisselle, et
donc, celle qui demeure pour quelque temps dans le
sol et ses accidents. Il dépend de la couverture végétale,
de la morphologie du sol, de la pente, du matériau de
surface de sol et même de la saison. O
Tbot!difmmf
28-6
Tbcmf
)61!¶!,3!nn*
Ainsi dans ce type de modèle, le coefficient de
ruissellement, non constant, devient une fonction 28-6
du temps : à chaque pas de temps il correspond au
rapport entre le volume non infiltré et le volume 28-6
Gpsuf!tfotjcjmju!!mb!cbuubodf
Hydraulique et ponts 17
notions générales
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progressive des pores et à l’imperméabilisation de ou saturée, dont l’étendue varie avec le niveau moyen
la surface du sol. Sur la croûte structurale ainsi de la nappe phréatique, et qui compose ce qu’on
constituée, le ruissellement diffus commence à se appelle les « aires contributives saturées » : ce n’est plus
produire, entraînant des particules de sol dans les une partie des précipitations sur toute la surface du
micro-dépressions de la topographie, dans lesquelles bassin, comme dans la théorie de Horton, mais toute
elles se déposent en couches stratifiées reposant en la précipitation sur une partie du bassin qui génère
discordance sur la couche précédente, et renforçant le ruissellement.
encore l’imperméabilisation du sol. (…) Lors de
l’occurrence de telles Ops, ce n’est plus la conductivité Il convient aussi de souligner la variabilité spatiale
intrinsèque du sol qui constitue la limite d’infiltration, des aires contributives saturées lors d’un événement
mais bien celle de la couche de surface. Or cette pluvieux : on assiste à une extension des surfaces
perméabilité de la couche de surface varie très saturées vers l’amont.
rapidement, en relation avec l’évolution de l’état de
On a aussi montré que les aires contributives saturées,
surface. »(3)
si elles se situent le plus souvent au niveau des talwegs,
La formation de ces Ops et l’aptitude correspondante peuvent aussi apparaître sur certaines parties du
des sols à générer un ruissellement va dépendre : bassin versant. Jordan (1992) étudiant la formation
des crues fréquentes sur le petit bassin versant de
• du taux de couverture du sol. Ainsi, indépendamment
la Haute Mentue (Suisse), observe que les nappes
de la nature du sol, l’absence ou non d’une couverture
temporaires qui, lorsque les pluies sont faibles, ne se
et le type de végétation sont les premiers paramètres
forment que sur une partie du bassin, qui correspond
qui interviennent au niveau de la potentialité d’un sol
aux zones à faibles pentes. Ces nappes sont à l’origine
à développer des Ops ;
du ruissellement par saturation dans les zones très
• de la nature du sol en place et en particulier des locales d’affleurement de la nappe. La haute densité du
formations superficielles. Certains sols par leur texture réseau de drainage (naturel ou anthropique) constitue
même sont ainsi aptes à développer des Ops ; on probablement des éléments d’accélération du transfert.
parle alors de sols battants. Une bonne indication Jordan conclut de ses différentes observations que
de la fragilité des sols par rapport à la battance est sa « bien que la topographie soit un élément important
teneur en argiles et limons, et la mesure fréquemment pour la prédiction des zones saturées, d’autres facteurs
proposée est celle du rapport limon/argile. Le ont certainement une importance équivalente »(4).
diagramme de classification des textures (pédologie,
cf. Partie 2 - Figure 2) peut ainsi être renseigné en Chacun de ces ensembles de processus (ruissellement
classes de sensibilité à la battance ; hortonien / organisations pelliculaires de surface
• du stade de développement des Ops et de / aires contributives saturées) induit un type de
« l’histoire du sol ». Ce n’est pas la seule intensité de fonctionnement différent du « système bassin
l’averse génératrice du ruissellement qui conditionne versant », et donc un poids très différent des facteurs
l’état de surface du sol ; celle-ci résulte entre autres directement ou indirectement responsables des crues
de son histoire récente et est notamment fonction (intensité des pluies, hauteur totale des précipitations,
de l’intensité des pluies récentes ayant précédé état des réserves hydriques et hydrologiques). Il
l’événement et ayant modifié la surface du sol. De convient aussi d’examiner comment ces différentes
même, pour un événement donné, la réponse globale formes de ruissellement s’organisent à l’échelle
d’un sol à une pluie aux caractéristiques générales d’un bassin versant, leur combinaison induisant le
équivalentes (même hauteur totale, mêmes intensités fonctionnement global du bassin.
moyenne et maximale) va dépendre de l’ordre de
successions des intensités. Transformation des pluies en débits - formules empiriques
Ruissellement à partir des sols saturés : les « aires Lorsqu’une pluie tombe au sol, elle suit de nombreux
contributives saturées » cheminements avant d’atteindre l’exutoire du bassin
Dans certaines conditions géologiques, topographiques versant. Une fraction non négligeable est interceptée
et géomorphologiques, la nappe peut être proche de la par la couverture végétale et n’atteint le sol qu’après
surface, et l’état de la réserve hydrologique se marquer un délai de ruissellement le long des ramifications
directement dans le paysage sous la forme de zones végétales si tant est qu’elle ne soit pas finalement
humides dont l’extension est variable. Aussi sur ces consommée par l’évapotranspiration. La fraction
bassins versants, le ruissellement est produit par la qui atteint directement le sol chemine à travers les
totalité de la pluie tombant sur une zone imperméable accidents du terrain dans le sens de la plus grande
(4) De l’eau qui tombe à l’eau qui s’écoule. Processus de transferts à l’échelle des
(3) De l’eau qui tombe à l’eau qui s’écoule. Processus de transferts à l’échelle des
versants du bassin versant, Hydrologie continentale, Partie III. Claude Cosandey,
versants du bassin versant. Hydrologie continentale, Partie III. Claude Cosandey,
Mark Robinson - Armand Colin.
Mark Robinson - Armand Colin - 2000.
Hydraulique et ponts 19
notions générales
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Ainsi, une valeur de référence de débit de période de des eaux (confluence au sens large, en crue) des deux
retour T0 = 100 ans a : affluents : le déséquilibre induit par le remblai peut
• 10 % de chances d’être dépassée dans les 10 alors être plus prégnant pour une crue forte sur l’une
prochaines années, des rivières et modeste sur l’autre.
• 18 % dans les 20 prochaines années, La concomitance d’événements hydrologiques ne
• 40 % dans les 50 prochaines années, donne pas systématiquement lieu à un événement de
• 65 % dans les 100 prochaines années, probabilité plus faible que celle des deux événements
qui l’ont généré. L’indépendance statistique des crues
• 87 % dans les 200 prochaines années, etc.
de l’un et l’autre affluent conditionne directement la
Qspcbcjmju!ef prise en compte d’une probabilité résultante comme
eqbttfnfou Qsjpef!ef!sfupvs!ef!qsgsfod le produit des probabilités des événements séparés
211!&
3 6 21 31 61 91 211 qui lui ont donné naissance ou comme la fusion de
31
3
ces probabilités. Ainsi, si les crues des deux affluents
61
91!& sont totalement indépendantes, une crue décennale
71!&
6 21 211
2!11 sur l’un n’aura qu’une chance sur cent de rencontrer
31
311
une crue décennale sur l’autre affluent exactement à
51!&
61 91 la confluence, soit une crue résultante centennale.
611
31!&
2!111
Inversement, si les crues sont totalement liées
1!& (événements climatiques et cinétiques de crue), la crue
2 21 211 2!111 résultante ne sera que décennale.
Mbqt!ef!ufnqt!!wfojs
Partie 2 - Figure 3 : probabilité de dépassement d’une crue de
référence – Source : D. Goutx (CETE Normandie-Centre - LRPC Blois) Crues de conception du projet
Le projet doit être conçu pour n’avoir aucun impact
Crues significatives sensible sur la crue de plein bord, afin de ne pas
provoquer de débordement prématuré du fait de sa
La variété des incidences du pont sur les écoulements
seule présence.
de rivière s’accompagne d’une variété presque
équivalente de situations hydrologiques de projet pour Il doit également limiter ses impacts hydrauliques à
lesquelles le projet doit être conçu. des valeurs admissibles pour la crue de référence du
risque d’inondation, à savoir, les Phec (Plus Hautes
On peut ainsi considérer :
Eaux Connues) si la valeur du débit correspond à une
• la crue de plein bord (de période de retour de 1 à période de retour au moins centennale ou, à défaut,
5 ans en général, selon le degré d’artificialisation du la crue centennale.
cours d’eau), pour laquelle les obstacles en lit mineur
génèrent l’impact maximal, tout exhaussement de
la ligne d’eau se traduisant directement par une Crues de vérification du projet
aggravation du risque d’inondation ;
Le projet doit être conçu pour ne pas aggraver le risque
• la crue moyenne (de période de retour 10 à 30 ans), d’inondation par sa présence ou sa défaillance possible
susceptible de survenir pendant le chantier : lors des crues exceptionnelles dépassant les crues de
- la crue forte (de période de retour 50 ans environ), conception du projet. Une valeur de débit de pointe
pour laquelle le pont ne doit subir aucun correspondant à une période de retour comprise entre
dommage ; 200 et 500 ans, en fonction de la sensibilité des enjeux
- la crue rare (de période de retour 100 ans environ), environnants, pourra être retenue.
pour laquelle le pont ne doit provoquer aucune gêne
sensible alentours ;
- la crue exceptionnelle (de période de retour 200 à Crues de chantier
500 ans), pour laquelle le pont doit limiter la gêne
alentours en cas de dysfonctionnement. Le chantier de construction obstrue généralement
plus le cours d’eau que le projet lui-même, et doit être
A cette liste, il faut ajouter toutes les combinaisons conçu de manière à satisfaire aux exigences de bonne
possibles avec un affluent d’importance équivalente gestion du risque d’inondations. Il est admis que les
au cours d’eau franchi par le projet de pont. La chantiers dans le lit des cours d’eau doivent minimiser
concomitance de crues d’ampleur équivalente sur le autant que faire se peut l’impact hydraulique pour
cours principal et sur l’affluent n’est pas nécessairement toutes les crues de période de retour inférieure ou égale
la combinaison la plus pénalisante, notamment quand à 10 ans par année de durée du chantier, et devenir
le remblai d’accès du projet coupe la zone de mélange
(5) Cette notion et l’exigence de transparence hydraulique qui lui est corollaire
sont précisées au paragraphe 2.3.3.
Hydraulique et ponts 21
notions générales
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)
Grandeurs hydrauliques
• et, pour l’énergie cinétique, liée aux forces
Pour une section d’écoulement S donnée, on définit
le débit comme étant le volume de liquide écoulé à d’inertie.
travers la surface S de cette section pendant l’unité de
temps. Il est noté Q, et s’exprime en m3/s. Si V(M) Pour un écoulement à surface libre, la pression dans
désigne la composante normale à la section considérée le liquide étant considérée comme hydrostatique, et
en un point M de celle-ci, on a : l’écoulement ne décrivant pas une courbe prononcée,
on peut établir la charge hydraulique de toute une
section d’écoulement à partir de la somme des charges
des points la constituant :
On définit la vitesse moyenne de l’écoulement, notée
V et exprimée en mètre par seconde (m/s), le rapport
du débit par la section normale d’écoulement.
[Partie 2 - Équation 5 - Charge hydraulique dans une section]
Le niveau d’eau, noté Z et exprimé en mètres (m), est
compté dans un système de référence altimétrique(6). où est le coefficient, dit de
La hauteur d’eau, notée h et exprimée en mètres (m),
est comptée à partir du fond de la rivière en un endroit Boussinescq, qui traduit l’hétérogénéité des vitesses
donné. Lorsque le fond est irrégulier, on estime que dans la section en travers. Usuellement, ce nombre
la hauteur moyenne hmoy est le rapport de la section varie entre 1 et 1,15.
mouillée S par la largeur au miroir B.
Dans la pratique, il est rare de considérer B ≠ 1,
mais certains modèles de simulation permettent au
Charge hydraulique modélisateur de fixer une valeur de ce paramètre
différente de 1.
Le niveau d’eau n’est que l’une des composantes d’une
grandeur caractéristique plus pertinente de l’énergie Les perturbations induites par une infrastructure de transport
du cours d’eau : la charge hydraulique, également traversant une vallée inondable sont généralement rapportées à la
appelée charge de Bernoulli, notée H, exprimée en charge hydraulique dans la section concernée, et appelées pertes de
mètres (m). charge singulières. Les répercussions de ces pertes de charge singulières
En un point M donné de la trajectoire d’une molécule portent à la fois sur la hauteur d’eau et sur la vitesse d’écoulement,
de fluide, cette quantité a pour expression : mais dans des proportions et des directions qui dépendent étroitement
du régime d’écoulement du cours d’eau.
Régime d’écoulement
[Partie 2 - Équation 4 - Charge hydraulique en un point]
On classe les cours d’eau et leurs écoulements en
Z est la cote absolue ou le niveau d’eau, exprimée en deux catégories d’hydraulique : ceux du régime
mètres (m). fluvial et ceux du régime torrentiel. Pour une charge
P est la surpression, exprimée en Pascals (Pa), au-dessus hydraulique H donnée, deux couples (Z, V) peuvent
de la pression atmosphérique. convenir : (Zf, Vf ) et (Zt, Vt).
R est la masse volumique de l’eau (1 000 kg/m3). Le régime fluvial se caractérise par une vitesse faible
g est l’accélération de la pesanteur (9,81 m/s²). et une hauteur d’eau importante, tandis que le régime
torrentiel se caractérise par une vitesse importante et
V est la vitesse, exprimée en mètres par seconde une hauteur d’eau faible :
(m/s).
L’un des intérêts de cette charge hydraulique est Zf > Zt et Vf < Vt
d’intégrer les contributions des trois facteurs d’énergie
« mécanique » hydraulique que sont : La pente détermine le régime qui s’établit en un
endroit donné pour une charge hydraulique donnée,
• Z, pour l’énergie potentielle, liée aux forces de mais le critère d’identification du régime repose sur
volume ; le nombre de Froude :
• , pour l’énergie de pression, liée aux forces de
pression ;
[Partie 2 - Équation 6 - Nombre de Froude]
(6) Le système altimétrique de référence est actuellement celui du Nivellement
Général de la France de l’IGN fixé en 1969, en abrégé : NGF IGN 69. De
Le régime fluvial est caractérisé par F < 1 tandis que
nombreuses données sont toutefois encore connues dans des systèmes altimétriques le régime torrentiel est caractérisé par F > 1.
antérieurs : « NGF ortho », « Bourdaloue », « Lallemand ». Les écarts entre ces
référentiels peuvent être de plusieurs décimètres.
Hydraulique et ponts 23
notions générales
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)
Les pertes de charge singulières sont estimées à l’aide
d’une formulation dite de « Borda » directement
empruntée à l’hydraulique des écoulements en
Cx = 2,0 Cx = 1,6 Cx = 1,2
charge :
L
Pile n°1
Pile n°2
Partie 2 - Figure 8 : modélisation 2D des écoulements dans le sillage des piles Partie 2 - Figure 9 : modélisation 2D d’un écoulement
du pont de Chaumont sur Loire en crue centennale – Source : K. Leroy, D. Goutx (CETE tourbillonnaire entre deux piles de pont – Source : D. Goutx (CETE
Normandie-Centre - LRPC Blois) Normandie-Centre - LRPC Blois)
Hydraulique et ponts 25
notions générales
)
)
Courbes de remous Les courbes de remous ci-dessous montrent qu’en
régime fluvial local, à partir d’une hauteur h donnée,
En dehors de toute perturbation, l’écoulement tend à on tend toujours à l’amont vers une valeur déterminée
adopter les valeurs des variables d’état d’un écoulement hn ou hc : il suffit de connaître la hauteur dans une
uniforme équivalent à cet endroit, caractérisé par la section donnée pour déterminer la hauteur dans les
géométrie locale et notamment, la pente locale. La sections situées en amont. Et de fait, une perturbation
hauteur d’eau de l’écoulement uniforme équivalent de l’écoulement (telle qu’un pont) à un endroit donné
vers laquelle tend l’écoulement réel graduellement n’a de répercutions qu’en amont de celui-ci.
varié est appelée hauteur d’eau « normale », hn.
A l’inverse, en régime torrentiel local, à partir d’une
La gêne d’un obstacle sur l’écoulement se traduit en hauteur h donnée, on tend vers une valeur connue
réalité, pour un cours d’eau à surface libre, par une hn ou hc... vers l’aval : il suffit de connaître la hauteur
répartition spatiale de la perte de charge singulière en d’eau dans une section donnée pour déterminer la
amont et en aval de l’obstacle qui la génère. Écartée hauteur d’eau dans les sections situées en aval. Une
de son niveau normal, la ligne d’eau tend à retrouver perturbation (telle qu’un pont) apportée à l’écoulement
celui-ci moyennant des courbes de raccordement n’aura de répercussions qu’en aval de celui-ci.
qu’on appelle « courbes de remous ». Autrement dit,
pour une hauteur d’eau h s’écartant de la hauteur Pour ces raisons, on dit que le régime fluvial est
normale hn, on connaît la courbe d’atténuation de la contrôlé par l’aval, tandis que le régime torrentiel est
quantité |h - hn| vers l’amont ou vers l’aval de la contrôlé par l’amont.
perturbation, selon le régime.
A titre d’illustration, en lit simple, l’équation de ces
variations s’écrit :
hn
hc hc
J < Jc
hn
J > Jc
Partie 2 - Figure 10 : régime fluvial normal (hn > hc ) Partie 2 - Figure 11 : régime torrentiel normal (hn < hc )
Source : D. Goutx (CETE Normandie-Centre - LRPC Blois) Source : D. Goutx (CETE Normandie-Centre - LRPC Blois)
• Régime fluvial local (h > hc) • Régime fluvial local (h > hc)
➩ vers l’amont, h tend à retrouver hN ➩ vers l’amont, h tend vers hc
➩ vers l’aval, si h > h n, la ligne d’eau tend vers ➩ vers l’aval, la ligne d’eau tend vers l’horizontale
l’horizontale et si hn > h > hc, h tend vers hc
• Régime torrentiel local (h < hc)
• Régime torrentiel local (h < hc) ➩ à vers l’amont, si h > hn, h tend vers hc et si h < hn,
➩ vers l’amont, h tend vers zéro h tend vers zéro
➩ vers l’aval, h tend vers hc ➩ vers l’aval, h tend vers hn
Remous Remous
(cm) (cm)
11 11
10 10
9 9
8 8
7 7
6 6
5 5
4 4
3 3
2 2
1 1
0 0
0 10 000 20 000 30 000 40 000 50 000 60 000 70 000 80 000 90 00 0 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000 3 50
(9) Nicollet, G., and Uan, M. (1979). « Ecoulements permanents à surface libre
en lits composés » La Houille Blanche (1), 21-30.
Hydraulique et ponts 27
notions générales
)
)
naturelles et les obstacles naturels et artificiels qui
2.2.2 - Complexité des écoulements réels parsèment le lit majeur.
d’un cours d’eau Selon l’ampleur du débordement, les mêmes obstacles
En réalité, l’écoulement ne répond pas toujours aux peuvent voir leur influence varier sensiblement.
hypothèses filaires. Plusieurs facteurs sont susceptibles Lorsque le débordement n’est que de l’ordre de
de perturber les caractéristiques locales spatialisées quelques décimètres, la moindre route en léger
des écoulements. Ces facteurs doivent être anticipés remblai, le moindre massif de ronces denses, le
correctement par le concepteur de pont pour minimiser moindre champ de blés levés peuvent constituer un
la gêne occasionnée par son projet. obstacle quasiment infranchissable par l’écoulement
en lit majeur à ces endroits. Cela se traduira par une
vitesse moyenne nulle ou quasi-nulle. Mais de fait,
Zone de cisaillement à la frontière entre lit mineur et lit une telle obstruction locale se traduira par un report
majeur des écoulements ici contrariés vers les quelques zones
de lit majeur où l’écoulement est possible ou favorisé,
En premier lieu, les écoulements en lit mineur sont comme par exemple une rue parallèle à l’écoulement,
plus rapides que les écoulements dans le lit majeur, un chemin forestier entretenu au milieu d’un massif
car la rugosité du lit mineur, fréquemment en eau, est densément boisé.
moindre que celle du lit majeur, occasionnellement ou
rarement en eau et moins adapté au passage de l’eau. Ces exemples montrent également à quel point la
On peut ainsi considérer séparément un écoulement saison pour laquelle l’hydraulique est étudiée peut
dans le lit mineur et deux écoulements de lit majeur avoir une forte incidence lorsque le lit majeur est
de part et d’autre du lit mineur, reliés par une zone majoritairement consacré à l’agriculture. Si un champ
de transition turbulente où les écoulements sont de blés levés peut constituer un obstacle sérieux au
fortement cisaillés. On considère communément que passage des eaux, le même champ en hiver, figé par
cette zone de transition dans le lit majeur présente une gelée sévère, devient une zone préférentielle
une largeur égale à 1/5ème de la largeur du lit mineur, d’écoulement.
et que la vitesse moyenne y passe linéairement de la
valeur du lit mineur à la valeur du lit majeur. De même, il est évident qu’avec l’amplification du
débordement, des obstacles très contraignants peuvent
La situation réelle est toutefois compliquée par le fait être vaincus et voir leur influence sur les écoulements
que la vitesse moyenne d’écoulement en lit majeur est fortement amoindrie. Ainsi, des blés finissent par se
généralement une vue de l’esprit, une valeur moyenne coucher lorsqu’ils sont submergés par plusieurs mètres
ne rendant pas compte des fortes hétérogénéités de d’eau, les petits remblais sont surversés, etc. Or, il est
vitesses d’écoulements dans chaque lit majeur. évident que, pour une crue de très fort débit maximal,
le lit majeur passe successivement par des états de
Le concepteur veillera donc à ne pas perturber la zone de cisaillement, rugosité "apparente" correspondant à celle de faibles
et donc, à enjamber non-seulement le lit mineur tel qu’il est perçu débordements contrariés par le moindre obstacle, puis
à l’étiage ou sur les cartes, mais aussi les 20 % de surlargeur à celle de débordement moyen trouvant son passage
supplémentaire de part et d’autre, sauf à considérer que des éléments dans les obstacles les moins durs, puis de débordement
topographiques structurants empêchent la formation de cette zone majeur faisant fi de la plupart des obstacles submergés,
latérale. avant d’amorcer la décrue.
Les configurations de projet doivent donc considérer l’état général
Hétérogénéité des rugosités et des écoulements en lit des facteurs concourrant à la rugosité hydraulique.
majeur
Le lit majeur n’est par définition pas une zone Topologie des écoulements en lit majeur
façonnée par l’écoulement pour une optimisation
des cheminements hydrauliques comme peut La rugosité locale apparente qu’un obstacle peut
l’être le lit mineur. C’est plutôt une zone dont opposer aux écoulements en lit majeur ne suffit pas à
la topographie est assez faiblement accidentée, appréhender correctement les écoulements débordants
et dont l’occupation du sol et les aménagements dans la situation non encore aménagée. Il ne suffit pas à
anthropiques s’affranchissent totalement ou presque une zone locale d’être de faible rugosité pour entraîner
des caractéristiques topographiques à l’échelle de un écoulement de vitesse sensible. Encore faut-il que
variations qui intéresse l’hydraulique, c’est-à-dire, les écoulements trouvent leur chemin à travers le lit
de l’ordre du décimètre au mètre. Ainsi, lorsque les majeur pour atteindre cette zone, et qu’ils puissent en
eaux d’un cours d’eau débordent et s’épandent dans le sortir. L’analyse des cheminements de l’eau à travers le
champ d’expansion, elles doivent littéralement trouver lit majeur permet d’établir une topologie hydraulique
un chemin à travers les opportunités topographiques du lit majeur.
Hydraulique et ponts 29
notions générales
)
)
• le type de traitement du sol dans les ouvrages de
décharge ;
et ce, afin d’améliorer la précision des estimations des
pertes de charge singulières engendrées par chaque
ouvrage de décharge, mais également, vérifier la bonne
répartition des écoulements provenant de l’amont
dans les divers ouvrages de décharge, à l’aide d’une
analyse fine des écoulements. Celle-ci peut se réaliser
soit à l’aide d’un modèle numérique 1D permettant de
différencier les tubes de courant desservant les divers
ouvrages, soit à l’aide d’un modèle 2D si la complexité
de la topologie des écoulements ou encore, le biais
de l’infrastructure routière en travers de la vallée
inondable, le justifient.
Enfin, le maître d’œuvre devra produire une étude
d’impact en bonne et due forme, dans laquelle il
devra notamment démontrer l’innocuité relative de
l’infrastructure pour la crue de référence et pour la
crue de chantier notamment, en fonction des options
de conception découlant des précédentes analyses.
i(O
iO i(O iO
id id i(d
i(d
iO iO
id id
Partie 2 - Figure 15 : transition de régime fluvial à régime fluvial Partie 2 - Figure 16 : transition d’un régime fluvial à un régime
via un remous d’accélération au droit de l’ouvrage fluvial via un régime torrentiel et un ressaut au droit de l’ouvrage
Source : D. Goutx (CETE Normandie-Centre - LRPC Blois) Source : D. Goutx (CETE Normandie-Centre - LRPC Blois)
(10) On rappelle que la hauteur critique est celle pour laquelle le nombre de
Froude est égal à 1.
Hydraulique et ponts 31
les incidences
)
)
h1 h2 h3 h4 h5 h6 h7 h8 h9 Ces ouvertures ont une capacité d’évacuation de
Rh2 débit sous un niveau d’eau donné qui est moindre
Rh74
que la capacité naturelle du profil en travers avant
Rh4 Rh5 aménagement, si bien que les reports de débits dont
le cheminement est contrarié en lit majeur ne peuvent
s’écouler à travers les ouvertures disponibles qu’au prix
de pertes de charge qui s’apparentent, en termes de
Partie 2 - Figure 17 : segmentation d’une section en travers par circulation routière, à un encombrement.
tubes de courant – Source : D. Goutx (CETE Normandie-Centre - LRPC Blois)
Ces pertes de charge sont la principale composante
du remous d’exhaussement qui est à craindre (et à
Dans un tube de courant rectangulaire, en faisant résorber) par le concepteur du projet.
abstraction des interactions avec les tubes de courant
mitoyens qui ne sont pas nécessairement en régime Elles sont d’autant plus importantes que la répartition
torrentiel, on peut estimer la longueur maximale du des débits entre le lit majeur et le lit mineur dans
ressaut à l’aide des formules(11) : l’état avant aménagement fait jouer au lit majeur un
rôle non-négligeable dans l’acheminement du débit
total. Ainsi, à titre d’illustration, une répartition de
débit de 95 % en lit mineur et 5 % en lit majeur
[Partie 2 - Équation 13 - Longueurs conjuguées du ressaut]
(situation fréquente sur la Seine) avant aménagement
ne fait pas craindre une grande gêne à l’occasion de
qui fournit les hauteurs conjuguées h 1 et h 2 la construction d’une infrastructure barrant la vallée,
respectivement en amont et en aval du ressaut, et tandis qu’une répartition de débit de 80 % en lit
mineur et 20 % en lit majeur (situation classique pour
Lressaut = (4,9.S + 6,1).h2 des vallées naturelles à pente moyenne, de l’ordre de 5
à 10 pour mille environ) nécessitera une conception
où S est le degré de submersion du ressaut lorsque h2 soignée des ouvrages de décharge sous peine de subir
est inférieure à la hauteur normale en aval des remous d’exhaussement très importants.
hn : Une solution de base qui peut être étudiée lors de la
conception d’une infrastructure de franchissement
de vallée inondable est celle d’un ouvrage simple
2.3.2 - Remous d’exhaussement généré par ouvert sur le seul lit mineur et des remblais d’accès
sans ouvrage de décharge. Cette solution, minimaliste
un pont et susceptible de ne pas satisfaire à de nombreux
critères d’analyse environnementale, fournit en effet
Perturbation de la répartition des eaux l’impact maximal prévisible en termes de remous
d’exhaussement.
Contrairement à une idée reçue, la principale
incidence d’un pont sur les écoulements d’un cours
d’eau n’est pas liée aux formes des éléments constitutifs Conception des ouvrages de décharge
du franchissement lui-même (tels que piles ou culées), Dans la plupart des cas, des ouvrages de décharge sont
mais plutôt à la perturbation de la répartition des nécessaires pour atténuer le remous d’exhaussement
eaux entre le lit majeur obstrué sur tout ou partie lié à l’obstruction du lit majeur par les infrastructures
de sa largeur par les remblais d’accès à l’ouvrage de d’accès au franchissement proprement dit. Même
franchissement proprement dit. lorsque ce n’est pas directement le cas, l’opportunité
En effet, ces remblais représentent un obstacle aux de prévoir des ouvrages de décharge dans le projet peut
écoulements en lit majeur, qui sont contraints de être appréciée au regard d’objectifs environnementaux
rejoindre une ouverture dans cet obstacle pour tels que rétablissement du passage de grand gibier,
poursuivre le cheminement vers l’aval. Or, les rétablissement de la continuité hydraulique de
ouvertures disponibles sont généralement de deux cheminements secondaires d’eaux de débordement ou
types : de portions de réseau hydrographique, etc.
• le dégagement réalisé dans le franchissement du lit Le concepteur du projet devra profiter au maximum
mineur ; des possibilités d’ouverture de décharge hydraulique
• les éventuelles ouvertures ménagées dans le remblai offertes par les contraintes de conception routière
à cette fin, appelées ouvrages de décharge. relatives au rétablissement du réseau intercepté par
l’infrastructure.
Hydraulique et ponts 33
les incidences
)
)
Il est naturellement recommandé, tant pour des de flottants en temps de crue, etc, peuvent dégrader
raisons purement hydrauliques que pour des raisons fortement la capacité théorique d’évacuation d’un
de coût, de limiter au maximum le biais de l’ouvrage ouvrage de décharge en « asphyxiant » le cheminement
par rapport à l’écoulement. Autrement dit, il convient d’alimentation par les eaux provenant de l’amont.
de concevoir le franchissement aussi orthogonalement
que possible à la vallée traversée. Les contraintes Il peut alors être utile, voire nécessaire, de procéder
opérationnelles liées aux projets réels ne permettent à une optimisation des cheminements des eaux
hélas que très rarement d’effectuer cette optimisation provenant de l’amont, en aménageant par exemple
du tracé par rapport à la vallée, et souvent, un biais des chenaux libres en amont de l’infrastructure. Ces
non-négligeable est prévu entre l’infrastructure et le chenaux ne sont pas nécessairement creusés dans le lit
cours d’eau. Ceci peut contrecarrer très sérieusement majeur : il peut s’agir simplement d’une portion de lit
la validité des méthodes présentées ci-dessus pour le majeur aplanie et arasée à la cote du terrain naturel
dimensionnement des ouvrages de décharge, car dans ou très légèrement en-dessous, et surtout, dégagés de
un tel cas, le niveau d’eau ne peut être considéré comme toute végétation.
le même pour chaque ouvrage de décharge. Autrement
L’optimisation peut également consister en un
dit, les ouvrages de décharge prévus dans le remblai
traitement des cheminements de desserte latérale
ne sont pas desservis simultanément par l’écoulement
des ouvrages de décharge hydraulique. Les eaux
provenant de l’amont, mais successivement, si bien
proches des points de séparation des eaux en amont
que des phénomènes d’accumulation de coins d’eau
des ouvrages de décharge sont celles qui subissent
peuvent avoir lieu. Le dimensionnement des ouvrages
le cheminement le plus tortueux depuis la ligne de
de décharge par les méthodes précédentes est alors
courant théorique d’avant aménagement jusqu’à
faux. Il est nécessaire de recourir à des calculs plus
l’ouverture de décharge. Ce cheminement tortueux,
sophistiqués tenant compte de la répartition spatiale
générateur de perte de charge hydraulique, et donc,
des écoulements : un modèle numérique filaire à
de risque de remous d’exhaussement, peut être facilité
casiers peut être suffisant s’il est correctement conçu
grâce à un traitement équivalent à celui proposé en
et notamment si les cheminements hydrauliques
amont droit devant les ouvrages de décharge.
sont finement analysés, mais un modèle numérique
réellement bidimensionnel est sans doute préférable. Enfin, quoique cela ne soit pas véritablement crucial
pour la capacité d’évacuation des ouvrages de
Optimisation des ouvrages de décharge décharge, il convient de prévoir un raccordement
aussi doux que possible des surfaces de traversée
Le lit majeur intercepté ne présente pas nécessairement du remblai de l’infrastructure et du talus de cette
des caractéristiques idéales d’acheminement des infrastructure. Les pertes de charges singulières à
eaux de débordement vers les ouvrages de décharge. l’entrée et à la sortie des ouvrages de décharge en
Même lorsque la topologie de la vallée est favorable seront sensiblement réduites, et ainsi, les risques de
à la desserte des ouvrages de décharge, de simples dégradation des abords immédiats et du pied de talus
obstacles tels que chemin rural légèrement surélevé, du remblai seront amoindris.
petit bois dense, haies susceptibles de se colmater
Partie 2 - Figure 18 : modélisation 2D des écoulements de l’Aveyron dans Partie 2 - Figure 19 : modélisation 2D des écoulements de l’Aveyron dans
son lit majeur de rive gauche au droit d’Albias (noter la direction des son lit majeur de rive gauche au droit d’Albias, à travers les ouvrages de
écoulements, orthogonale à l’axe du lit mineur) – Source : K. Leroy, D. Goutx décharge de l’autoroute A20 (noter les écoulements qui longent le remblai
(CETE Normandie-Centre - LRPC Blois) sans s’engouffrer dans les ouvrages de décharge) – Source : K. Leroy, D. Goutx (CETE
Normandie-Centre - LRPC Blois)
Partie 2 - Figure 20 : modélisation 2D des écoulements de l’Aveyron dans Partie 2 - Photo 1 : encoche d’érosion formée à l’aval d’une buse
son lit majeur en rive gauche au droit d’Albias, détail des écoulements traversant un remblai routier interceptant un petit bassin versant
aux abords immédiats d’un des ouvrages de décharge (noter la ligne Source : D. Goutx, S. Piney (CETE Normandie-Centre - LRPC Blois)
de séparation des flux provenant de l’amont et la faible desserte réelle
de l’ouvrage par les eaux provenant de l’amont) – Source : D. Goutx (CETE
Normandie-Centre - LRPC Blois)
Hydraulique et ponts 35
les incidences
))
Cette perte de charge singulière liée spécifiquement Cependant, dans tous les cas, il faudra prévoir
à l’ouvrage de franchissement du lit mineur peut être que le franchissement du lit mineur lui-même soit
estimée à l’aide d’abaques classiques, telles que celles insubmersible, pour éviter le risque d’accumulation
de Rehbock, Bradley ou Matthai(12), ou de leur version d’encombres flottants qui obstrueraient l’ouverture
numérisée dans des modules de calcul informatique. hydraulique.
Q100 Q100
Q50 Q50
Q20 Q20
Q2 Q2
Partie 2 - Figure 21 : principe d’itinéraire insubmersible Partie 2 - Figure 22 : principe d’itinéraire submersible au-delà
jusqu’à Q100 – Source : D. Goutx (CETE Normandie-Centre - LRPC Blois) de Q50 – Source : D. Goutx (CETE Normandie-Centre - LRPC Blois)
(12) Telle qu’intégrée dans la méthode « WSPRO » développée dans le rapport (14) Cet aspect sort du champ classique de la conception des infrastructures
de recherche Bridge Waterways Analysis Model édité par le Federal HighWay traversant une vallée inondable. Il doit être traité conformément aux dispositions
Administrations (FHWA) en 1986. prévues pour les digues dans le décret et l’arrêté du 13 février 2002 et la circulaire
(13) Pour l’appréciation des fréquences ou probabilités de submersion, se reporter interministérielle du 6 août 2003.
au paragraphe 2.1.2.
Hydraulique et ponts 37
les incidences
))
ZRDC (Zone de ralentissement dynamique des crues)
2.4 - Risques hydrauliques
L’exigence de transparence hydraulique d’une
infrastructure linéaire de transport ne s’applique encourus par les ouvrages
évidemment pas aux cas où le remblai de l’infrastructure
est érigé en cohérence avec une zone de ralentissement
dynamique des crues, dont l’objectif est de faire 2.4.1 - Encombres flottants ou embâcles
obstacle aux écoulements de crue pour offrir au
laminage de l’onde de crue un volume de sur-stockage Parce que les cours d’eau en crue ne sont pas constitués
contre le remblai. d’eau claire, le concepteur de projet de franchissement
d’un cours d’eau doit prêter une attention toute
Le ralentissement dynamique est une doctrine particulière à la combinaison « accidentelle » (en terme
officielle de traitement global et durable des d’approche semi-probabiliste) que représente le risque
risques d’inondations, du ministère de l’écologie d’accumulation d’encombres flottants (appellation
et du développement durable. Il vise à ralentir les tombée en désuétude), usuellement appelés embâcles
ruissellements dans leur cheminement vers les cours ou débris flottants.
d’eau, à atténuer l’accélération des eaux dans le lit des
cours d’eau, si possible, de dériver les écoulements vers
les annexes fluviales, à mobiliser temporairement des Caractérisation du risque d’embâcle
espaces de stockage pour laminer le débit de pointe
Les « flottants » sont généralement des débris végétaux
de la crue.
dérivant au fil de l’eau après avoir été mis en flottaison
Le guide du ralentissement dynamique par la submersion des berges sur lesquelles ils reposaient
pour la prévention des inondations est avant la crue. Quoiqu’ils dépendent évidemment des
téléchargeable librement sur le site du ministère caractéristiques de l’occupation végétale du bassin
(www.ecologie.gouv.fr). versant et des rives du cours d’eau considéré, il
est difficile de prédire réellement les circonstances
L’Epama (Établissement Public d’Aménagement de qui provoqueront un afflux de débris flottants. Les
la Meuse et de ses Affluents) développe actuellement tentatives connues de prédiction se sont heurtées à des
un projet de Zrdc fort bien présenté sur son site effets de seuil inexpliqués, réfutant des hypothèses de
internet, dont est extraite l’illustration suivante bon sens telles que « la première crue d’hiver est celle
(http://www.epama.fr/files_fr/fset_som.php4). qui dispose du stock maximum de débris végétaux
dans le champ d’expansion et qui va mobiliser les plus
gros volumes » ou encore « les débris les plus gros sont
transportés par les plus fortes crues ».
Zone de sur-stockage
eur
maj Digue transversale
Lit
Pertuis
Vieille Meuse
Protection végétale des berges
Lit mineur
Partie 2 - Figure 24 : principe d’un sur-stockage en crue contre un Partie 2 - Photo 2 : accumulation de débris végétaux contre les piles
remblai transversal, projet de ZRDC de Mouzon (08), EPAMA d’un pont sur le Cher – Source : D. Goutx, S. Piney (CETE Normandie-Centre
Source : D. Goutx (CETE Normandie-Centre - LRPC Blois) - LRPC Blois)
Hydraulique et ponts 39
les incidences
))
de projet à prendre en compte dans le calcul des
affouillements et des protections contre ceux-ci
(cf. Partie 3, point 3.3).
La stabilité de l’ouvrage de franchissement doit
être évaluée dans l’hypothèse d’une combinaison
accidentelle conduisant toute la surface immergée à
être le siège d’une force de pression égale à l’énergie
cinétique de l’écoulement, dont la résultante s’exerce
sur le maître-couple de la pile entre les hauteurs haute
et basse de l’amas de débris.
Enfin, le risque de vague peut être apprécié à l’aide
de formules classiques mettant en relation la hauteur
de dénivelée amont / aval générée par l’obstacle
avant rupture et les caractéristiques hydrauliques
du cours d’eau en aval des embâcles. Il est toutefois
généralement assez modeste en soi, n’affectant qu’une
zone limitée en aval du lieu de rupture.
2.4.3 - Passage en charge et submersion Partie 2 – Photo 5 : pont Farcy sur la Vire, incision du remblai
d’accès – Source : J.-C. Jouanneau (CETE Normandie-Centre)
Que ce soit parce que la conception de l’ouvrage a sous-
estimé les crues de projet ou parce que des embâcles
se sont accumulés contre l’ouvrage, il faut craindre si bien que les zones latérales de remblai bordant
la mise en charge de l’ouvrage. Cela signifie que l’ouvrage d’art sont à la fois soumises à des écoulements
l’écoulement monte au-dessus de la veine inférieure rapides entraînés par l’écoulement en lit mineur en
de l’intrados du pont. Le périmètre mouillé augmente amont et accélérés par la surverse sur la chaussée et
d’autant, sans que la section mouillée ne s’accroisse, moins susceptibles de résister à ces écoulements que
si bien que le rayon hydraulique, et donc, la capacité l’ouvrage d’art. Il s’y concentre donc des contraintes
d’évacuation des eaux, décroît rapidement. hydrodynamiques qui menacent directement d’incision
le remblai bordant l’ouvrage d’art.
Lorsque tout le périmètre de l’ouverture est mouillé,
les eaux qui passent sous le pont ne sont plus en
contact avec la pression atmosphérique, et acquièrent
une pression propre. Si le tablier est très mince, ou si 2.4.4 - Cas particulier des influences
le débit continue d’augmenter, le risque est grand de maritimes
voir les eaux passer par-dessus le tablier.
Lorsque le site d’implantation du projet de pont est
Pour empêcher ceci, il convient de prévoir le sous influence maritime, la configuration pénalisante
dégagement d’un tirant d’air entre la crue de projet est celle qui combine un débit de l’amont et un
et la veine inférieure de l’intrados de l’ouvrage d’art, niveau d’eau bas en aval. Il conviendra donc de
d’au moins 0,6 mètre(19) sur les petits cours d’eau, concevoir le projet en dédoublant les situations de
1 mètre(20) pour les grands cours d’eau, voire (dans dimensionnement avec un niveau de marée haute et
les deux cas) le double si l’analyse des débris végétaux un niveau de marée basse.
susceptibles d’être mis en flottaison en amont montre
que des arbres morts peuvent être entraînés dans le Si l’influence maritime est importante, il faut
courant. considérer plusieurs marées : coefficients de 75, 95 et
115 par exemple.
Enfin, de par la forme même des infrastructures de
franchissement, il est probable que l’ouvrage d’art Il est possible que l’influence maritime soit mal connue
surplombe significativement ses remblais d’accès, au niveau du projet. Dans ce cas, il faut prévoir une
campagne de mesures de marnage sur environ 4 jours
(19) Valeur recommandée par le Texas Department of Transportation dans son sur 4 à 6 mois.
manuel Hydraulic design manual édité en novembre 2002.
(20) Valeur usuellement prise en compte pour les grands franchissements en France.
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