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Fondations et Ouvrages en terre (L3-TP) Nouri Said

Chapitre 3 : Stabilité des pentes et des talus

CHAPITRE 3 : STABILITE DES PENTES ET DES TALUS

1- Généralités:

Les mouvements et glissements de terrain sont généralement des accidents graves de


grande ampleur qui provoquent des dégâts matériels considérables et peuvent causer des
pertes en vies humaines (spectaculaire et parfois très meurtriers).

La stabilité des pentes intéresse les pentes naturelles (mouvements de grande ampleur
en montagne qui affectent des millions de m3) et les pentes crées par l’homme (barrages,
digues, talus).

Dans ce chapitre, nous allons nous efforcer de montrer le mécanisme qui conduit à la
rupture de certains talus ou pentes naturelles. Nous verrons les méthodes de calcul qui
permettent d’évaluer si un talus est stable ou non. Ces méthodes d’études de stabilité
permettent de déterminer le coefficient de sécurité d’une pente ou d’un talus vis – à – vis
d’une rupture.

2- Définition des glissements:

Les glissements de terrain sont des mouvements de masse de sol qui se développent
dans les matériaux meubles, et en général argileux.

Les glissements de terrain peuvent affecter :

- Les versants naturels des vallées, des bords de mer, des sites de montagnes.
- Les talus en déblai réalisés lors de terrassements, les talus en remblais et les digues en
terre.
- L’arrière des écrans des ouvrages de soutènements (murs de quai, murs de
soutènements, des parois moulées et des rideaux de palplanches).

3- Description du phénomène:

Le moteur des mouvements de terrain est la pesanteur, mais d’autres causes peuvent
déclencher le phénomène :

- L’eau sera, très souvent, une cause très aggravante par l’action de la pression interstitielle,
des forces hydrodynamiques, de la modification des caractéristiques mécaniques des sols fins.

- Les séismes pourront être un facteur de très grandes ampleurs, spécialement bien entendu
pour les zones fortement sismiques.

- Les variations climatiques ; pluie, fontes des neiges, sécheresse, gel - dégel.

4- Classification des glissements:

Les glissements de terrain se caractérisent par l’apparition de surface de cisaillement


bien définie à l’intérieur du milieu. Selon la géométrie de la surface de glissement, on
distingue trois types de glissements (Fig. 1):

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- Les glissements plans.


- Les glissements de surface circulaire
- Les glissements quelconques.

4-1 Glissements plans :

Le glissement plan, en milieu rocheux et en terrain meuble, s’effectue le long d’une


surface de rupture sensiblement plane. En général, la ligne de rupture peut correspondre au
cisaillement d’une couche mince de faible résistance à laquelle s’exerce souvent l’action de
l’eau.

4-2 Glissements circulaires (rotationnels) :

Le glissement rotationnel ou circulaire, en terrain meuble et en débris de roches très


fragmentées, s’effectue suivant une surface plus ou moins circulaire, il se caractérise par une
ligne de cisaillement peut être assimilée à un cercle.

4-3 Glissements quelconques :

Le glissement quelconque, est une combinaison des deux cas précédents. Il se


caractérise par un glissement multiple (emboîté) les unes dans les autres.

Figure 1 : Différents types de glissement.

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5- Calcul de la stabilité dans le cas de glissement circulaire :

5-1 Principe de calcul :

La plus grande partie des méthodes de calcul de stabilité des pentes supposée que tout
le sol est en état d’équilibre limite du moins le long de la ligne de glissement où la relation de
Coulomb est supposée vérifiée.

Le critère de rupture utilisé est le critère de Coulomb :

   ' tg '  c '

La définition classique du coefficient de sécurité est donnée par :


 max
Fs 

max: La contrainte maximale de cisaillement du sol.


: La contrainte de cisaillement mobilisée le long de la ligne de glissement.

Avec :
 max   'tg '  c '

’: La contrainte effective normale à la surface de rupture.


’, c’ : Angle de frottement et la cohésion du sol.

D’où ;
 ' tg ' c'
 
Fs Fs

Cette définition conduit à étudier l’équilibre limite du sol avec des caractéristiques
tg ' c'
réduites : et
Fs Fs

On retiendra les méthodes des tranches les plus utilisées pratiquement :

- méthode de Fellenius.
- méthode de Bishop.
- méthode des perturbations.

5-2 Méthode des tranches de Fellenius (1927) :

Dans cette méthode, on suppose que la surface de rupture est circulaire, on considère
un volume de sol AMB susceptible de glisser (figure 2), on découpe ce sol en tranches
verticales élémentaires d’épaisseur (b) assez petites pour que la base de chaque tranche, soit
assimilable à un segment de droite.

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Figure 2 :

Nous allons étudier l’équilibre de l’une de ces tranches, par exemple, la tranche (abcd)
que l’on affectera de l’indice (n).

Les forces agissant sur cette tranche sont :

- Son poids W.
- La réaction Rn du milieu sous – jacent sur l’arc cd.
- Les réactions sur les faces verticales ac et bd que l’on peut décomposer en réactions
horizontales Hn et Hn+1 et en réactions verticales Vn et Vn+1, il s’agit des forces inter
tranches (internes au massif étudié).

Nous définirons par rapport au centre O :

- Le moment moteur Mm dû au poids des terres W.


- Les moments résistants Ms dus aux réactions s’opposant globalement au glissement de
la tranche, à savoir moments de Rn, Hn-1, Hn+1, Vn-1 et Vn+1.

Le coefficient de sécurité Fs est définit comme le rapport :

 des..momentsrésis tan ts.. max imaux


Fs  AB

 des..moments..moteurs
AB

M R
ou : Fs  AB

M AB
m

Et la somme des moments crée par les réactions Rn+1, Rn-1 est nulle. En effet, les moments
des forces sont opposés. Donc, pour résister aux forces motrices W, il reste que les
réactions Rn (hypothèse de Fellenius).

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 : l’angle que fait le rayon du cercle passant par le milieu de la base de la tranche avec la
verticale.
 
m
1
1 . (w. cos2   u..b)tg 'c'.b cos
Fs  m

 .w. sin 1
Pour un sol saturé :

m
 b 
 .(w'.cos .tg 'c'. cos 
Fs  1
m

 .w. sin
1

avec : w'  ( sat   w ).V   '.V


w   sat .V
En l’absence d’eau :

 .( w. cos  .tg  c.b 


m
2 1
cos
Fs  1
m

 .w. sin
1

avec : w   .V

5-3 Méthode des tranches de Bishop (1954) :

Bishop a publié en 1954 une méthode détaillée permettant de déterminer le facteur de


sécurité en tenant compte l’influence des composantes Hn-1, Hn+1, Vn-1 et Vn+1. sur l’arc
(cd) et on adopte comme hypothèse qu’il y a seulement une réaction horizontale entre les
tranches : Vn-1=0 et Vn+1.= 0.

Les valeurs des caractéristiques mécaniques qui assurent la stabilité du glissement sont
données par :
c' tg '
c' '  et tg 
''

Fs Fs

Dans ces conditions, on a :


 max

Fs
Avec :
 max  c'.l  (  u.l ).tg '
c'.l tg '
   (  u.l ).
Fs Fs

l : longueur de la couche de glissement recoupée par la tranche.

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On peut écrire que :


   'u.l

On obtient la formule générale de Bishop :

1 m
w  (Vn1  Vn1 )  u.btg 'c'.b
Fs  m  sin 
1
 w. sin 1
cos  tg '
Fs
Pour simplifier la formule, Bishop, a fait une hypothèse que (Vn+1 - Vn-1) est
négligeable et l’équation devient :
1 m
( w  u.b)tg 'c'.b
Fs  m 1 sin 
1 w. sin cos  tg ' Fs
Pour déterminer le facteur de sécurité Fs, il faut :

- Procéder des itérations successives, car Fs figure dans les deux membres des
l’équation.
- La valeur initiale du coefficient Fs0 est obtenue, en général, par la méthode de
Fellenius ; on opère ensuite par itérations successives jusqu’à la précision désirée.

Conclusions :
Les deux méthodes les plus couramment utilisées en bureau d’études sont :
- La méthode de BISHOP simplifiée, la méthode de FELLENIUS permettant de
calculer, généralement, le coefficient de sécurité initial ;
- La méthode des perturbations, en particulier pour les ruptures non circulaires. Elle a
l’avantage de fournir le lobe des contraintes normales le long de la surface de rupture.

Les calculs de stabilité de pentes nécessitent au préalable d’avoir déterminé la


répartition des pressions interstitielles dans tout le volume de sol exploré.

Généralement, pour qu’il ait stabilité, on recherchera « un coefficient de sécurité


global » de 1.5 en phase définitive et de 1.3 en phase provisoire.
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6- Calcul des glissements plans :

Les glissements plans sont des glissements qui se produisent par cisaillement ou
translation sur un plan parallèle à la pente.

Soit un massif de sol indéfini, susceptible de glisser sur un plan incliné de  sur
l’horizontale soumis à un écoulement parallèle à la direction b. On considère que le
substratum est infiniment rigide et imperméable.

Le sol ayant les caractéristiques :

- Poids spécifique au dessus de la nappe  ;


- Poids spécifique au dessous de la nappe sat ;
- Cohésion c’ ;
- Angle de frottement interne ’.

Pour l’étude de glissement plan on considère l’équilibre du prisme ABCD :

Le poids :
w   Z  hw    sat .hw .b
 w  b.   i .hi
ABCD

h : étant l’épaisseur d’une couche quelconque et son poids spécifique.

Décomposons w en deux composantes, l’une est normale (WN) et l’autre est tangentielle (Wt)
avec :

WN  W cos   b.. cos  .  i .h i


Wt  W sin   b. sin  .  i .h i

La résultante U= u.L des pressions interstitielles sur AB, orientées sur la normale AB,
qui est égale à
U  u.AB

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b
U  u.L  hw . cos2  . w .  hw .b. cos  . w
cos 

Finalement la résistance maximale mobilisée en cisaillement le long de AB et d’après


l’équation de Coulomb :

La.force.résistante: R  c'.AB  (WN  U ).tg 


b
R  c'.  (  i .hi   w .hw ).b. cos  .tg 
cos 
La.force.motrice: T  b. sin  .( w .hw    i .h i )

c’ et ’caractéristiques mécaniques du sol en contact avec le plan de rupture AB.

Le facteur de sécurité Fs du glissement plan le long de AB situé à une profondeur Z est


donné par la relation:

   i .hi   w .hw .b. cos  .tg 


b
c'
R cos 
Fs  
T b. sin  .( w .hw    .h)
c'   .h   w .hw cos2  .tg 
 Fs 
cos  . sin  .( w .hw    .h)

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Cas particuliers :
1- Sol frottant et cohérent, sans nappe (hw=0) :

Ns : paramètre souvent employé dans les abaques


Le coefficient de sécurité Fs dépend de la de la hauteur Z.

2- Sol frottant, non cohérent, sans nappe (hw=0, c=0)) :

Le coefficient de sécurité Fs est indépendant de la hauteur Z.


Pour Fs=1, =’ (angle de talus naturel).

3- Sol frottant, non cohérent, nappe affleurant en écoulement (hw=Z=h, c=0)) :

   w tg '
Fs  .
 tg

Le coefficient de sécurité Fs est indépendant de la hauteur Z.

1 tg '
Comme   2. w , on a Fs  .
2 tg
1 '
Si l’angle de frottement interne est petit, la pente stable et  max  . pour Fs=1.
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