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Yves DEBARD Février 2001

Institut Universitaire de Technologie


Département Génie Mécanique et Productique
Avenue Olivier Messiaen
72085 Le MANS Cedex 9

http://iut.univ-lemans.fr/gmp/cours/rdmyd

Résolution d’un problème d’élasticité plane


par la méthode des éléments finis

Introduction

Ce texte est consacré à la résolution d’un problème d’élasticité plane par la méthode des éléments
finis. Nous supposons connus les principes et les principaux résultats de la théorie de l’élasticité. De
plus, nous supposerons le solide en état de contraintes planes.

Un problème d’élasticité est résolu si l’on connaît le vecteur déplacement en tout point du solide.
Notre problème est donc défini par un nombre infini de paramètres. Un tel système est dit continu. La
méthode des éléments finis remplace le système continu par un modèle discret caractérisé par un
nombre fini de paramètres.

Les principales étapes de la méthode des éléments finis sont :

1 – La géométrie est décomposée en domaines de forme géométrique simple (les éléments) reliés
entre eux en des points appelés nœuds. L’élément utilisé sera le « triangle à trois nœuds ».

2 – Le champ de déplacements dans chaque élément est défini en fonction des déplacements des
nœuds de l’élément. On en déduit l’état de déformation et l’état de contrainte en tout point de
l’élément ainsi que l’énergie de déformation de l’élément et sa matrice de rigidité.

3 – La matrice de rigidité globale est construite à partir des matrices de rigidité élémentaires.

4 – Après mise en place des conditions aux limites et des charges, on calcule les déplacements
inconnus puis, dans chaque élément, les déformations et les contraintes.

Les déplacements nodaux sont les inconnues du problème. Cette méthode qui consiste à prendre les
déplacements nodaux comme inconnues du problème s'appelle la méthode des déplacements.
2 Yves DEBARD

I – Rappels.
Un solide est en état de contraintes planes par rapport au plan
{O;x,y}, s'il existe un repère {O;x,y,z}, lié au solide, tel qu'en z
tout point M du solide, le tenseur des contraintes soit de la
forme:

σ xx σ xy 0 y

[Σ(M)] = σ yx σ yy 0


x
 0 0 0

où σxx , σyy et σxy sont indépendants de z. L'axe z est donc, pour tous les points du solide, direction
principale et la contrainte principale associée est nulle.

Le tenseur des déformations est de la forme :

ε xx ε xy 0 
[Ε(M )] = ε yx ε yy 0 
 0 0 ε zz 

La loi de comportement s’écrit :

σ xx  1 ν 0  ε xx 
  E ν 1   
σ yy  = 1 − ν 2  0   ε yy  où γ xy = 2 ε xy soit [σ] = [D] [ε]
σ xy   0 0 (1 − ν) / 2  γ xy 
   

−ν
De plus : ε zz = (σ xx + σ yy )
E

L'état de déformation est donc entièrement défini par les trois quantités : εxx , εyy et γxy.

Les déformations et les contraintes ne dépendent que des déplacements u(x,y) et v(x,y) parallèles aux
axes x et y.

II – Maillage de la structure.

Le solide à étudier est décomposé en triangles à trois nœuds.


Cette opération s’appelle maillage. Il en résulte deux tables :

- la table des nœuds : elle contient les coordonnées des nœuds.

- la table des éléments : pour chaque élément, elle contient les


numéros des trois nœuds (dans le sens trigonométrique). Elle
contient éventuellement d’autres paramètres : matériau,
épaisseur…
Méthode des éléments finis 3

III – Etude élémentaire.

Considérons l’élément (e) dont les nœuds sont (i,j,k).

1 - Approximation du champ de déplacements sur un élément.

vk
a - Vecteur déplacement élémentaire. uk

C’est le vecteur qui regroupe les composantes des k (xk,yk)


déplacements des nœuds de l’élément. Il s’écrit : vi

ui e
ui 
v  i (xi,yi)
 i vj
u  y
[δ e ] =  j  uj
vj 
u k  j (xj,yj)
  x
 v k 

b - Approximation du champ de déplacements.

 u ( x , y) 
A l’intérieur de l’élément, le champ de déplacements [δ( x , y)] =   est défini comme étant une
 v( x , y ) 
interpolation linéaire des déplacements nodaux :

u ( x , y) = N 1e ( x , y) u i + N e2 ( x , y) u j + N 3e ( x , y) u k

 v( x , y) = N1 ( x , y) v i + N 2 ( x , y) v j + N 3 ( x , y) v k
e e e

Les fonctions N ie ( x , y) sont les fonctions d’interpolation. On appelle matrice d’interpolation la


matrice :

 N e ( x , y) 0 N e2 ( x , y) 0 N 3e ( x , y) 0 
[A] =  1 
 0 N 1e ( x , y) 0 N e2 ( x , y) 0 N 3e ( x, y) 

Avec cette notation, le champ de déplacements s’écrit :

[δ( x , y)] = [A ] [δ e ]

Les fonctions d’interpolation sont telles que l’on retrouve les déplacements nodaux quand on remplace
x et y par les coordonnées nodales. En particulier :

u (x i , y i ) = u i , u(x j , y j ) = u j , u(x k , y k ) = u k ∀ui , u j , uk


4 Yves DEBARD

La fonction d’interpolation N 1e ( x , y) doit donc vérifier les conditions :

N 1e ( x i , y i ) = 1 , N1e ( x j , y j ) = 0 , N1e ( x k , y k ) = 0

Posons : N 1e ( x , y) = a 1 + b1 x + c1 y .

Les trois conditions ci-dessus s’écrivent :

 a 1 + b 1 x i + c1 y i = 1
a + b x + c y = 0
 1 1 j 1 j
a 1 + b1 x k + c1 y k = 0

On obtient :

1 1 1
a1 = ( x j y k − x k y j ) , b1 = ( y j − y k ) , c1 = (xk − x j )
2 Ae 2 Ae 2 Ae

où l’aire Ae de l’élément est définie par la relation :

 1 xi yi 
2 A e = dét  1 x j y j  = x i ( y j − y k ) + x j ( y k − y i ) + x k ( y i − y j )
 1 x k y k 

Les deux autres fonctions d’interpolation s’obtiennent par permutation circulaire sur i, j et k.

2 - Expression des déformations en fonction des variables nodales.

Les déformations sont égales à :

∂u ∂v ∂u ∂v
ε xx = ε yy = γ xy = + d’où :
∂x ∂y ∂y ∂x

 ∂ N 1e ∂ N e2 ∂ N e3  ui  ui 
 0 0 0   v 
∂ ∂ ∂  vi 
 b1 0 b 2 0 b 3 0   
ε xx   x x x  i

   ∂ N1e
∂N2 e e 
∂N3  u j    u j 
 ε yy  =  0 ∂y
0
∂y
0    =  0 c1 0 c 2 0 c 3   
∂y   v j 
 γ xy   vj 
   ∂ N 1e ∂ N 1e ∂ N e2 ∂ N e2 ∂ N e3 ∂ N e3   u   c1 b1 c 2 b 2 c 3 b 3   u 
   k
k
 ∂y ∂x ∂y ∂x ∂ y ∂ x
 
 k
v   v k 

soit sous forme matricielle : [ε] = [B] [δ e ]

Remarque : avec l’approximation choisie, les déformations sont constantes sur l’élément.
Méthode des éléments finis 5

3 - Energie potentielle de l’élément.

L’énergie potentielle de l’élément est égale à :

1 1
we =
2 ∫(σ xx ε xx + σ yy ε yy + σ xy γ xy ) dv =
2 ve ∫
[ε]T [D] [ε] dv
ve

En utilisant les relations précédentes, on obtient :

1 e T 1
we =
2 ∫
[δ ] ( [B] T [D] [B] dv ) [δ e ] = [δ e ]T [k e ] [δ e ]
2
ve


où [k e ] = [ B]T [D] [B] dv est la matrice de rigidité élémentaire.
ve

4 - Expression de la matrice de rigidité élémentaire.

Les matrice [B] et [D] sont constantes. Si de plus l’épaisseur de l’élément est constante et égale à t, la
matrice de rigidité élémentaire s’écrit :

[k e ] = [B]T [D] [B] t A e

IV – Analyse globale : assemblage.

L’énergie de déformation de la structure est la somme des énergies de déformation élémentaires :

1
W=
2
[ U]T [K ][ U] =
e
we ∑
[U] est le vecteur déplacement global (ensemble des déplacements nodaux) et [K] est la matrice de
rigidité globale.

La construction de [K] à partir des matrices de rigidité élémentaires s’appelle assemblage.

Pour réaliser cette opération, on exprime les énergies élémentaires en fonction des variables globales :

1 1 1 1
W = [ U]T [K ][ U] =
2
∑ 2 [δ
e
] [ k e ] [δ e ] =
e T
∑ 2 [U]
e
T
[ K e ] [ U] = [ U] T (
2
∑ [K
e
e
] ) [U]

Dans la matrice [Ke] obtenue par expansion de [ke], les seuls termes non nuls sont les termes associés
aux degrés de liberté de l’élément e.

On en déduit : [K ] = ∑ [K
e
e
]
6 Yves DEBARD

V – Résolution.
Les équations d’équilibre de la structure s'écrivent : [F] = [K] [U].

Ce système d'équations linéaires n'a pas de solution : la matrice de rigidité est une matrice singulière.
Imposons un certain nombre de déplacements et numérotons les degrés de liberté de façon à obtenir la
partition suivante :

 U = ?
[U] =  L 
U P 

où [UL] représente les déplacements inconnus et [UP] les déplacements connus.

Cette partition du vecteur déplacement induit une partition du vecteur force et de la matrice de
rigidité :

FL   K LL K LP   U L = ?
 F = ? =  K  
 P   PL K PP   U P 

où [FL] représente les forces nodales connues et [FP] les actions de liaison.

Remarque : dans la pratique, cette partition des degrés de liberté est effectuée avant l’assemblage.

La résolution du système s'opère alors en trois étapes :

1 - Calcul des déplacements inconnus.

Du système d'équations précédent, on déduit :

[FL ] = [K LL ][ U L ] + [K LP ][ U P ] d’où :

[K LL ][ U L ] = [FL ] − [K LP ][ U P ]

Le deuxième membre de l’équation ci-dessus est connu. Si le nombre de liaisons est suffisant, ce
système d'équations linéaires a une solution et permet donc le calcul des déplacements inconnus :

[ U L ] = [K LL ] −1 ( [ FL ] − [K LP ][ U P ] )

2 - Calcul des actions de liaison.

Elles sont égales à : [FP ] = [K PL ][ U L ] + [K PP ] [ U P ]

3 - Calcul des déformations et des contraintes dans les éléments.

Les déformations et les contraintes sont calculées dans chaque élément à l’aide des relations :

[ε] = [B] [δ e ] et [σ] = [D] [ε]

Remarque : avec l’approximation choisie (triangle à trois nœuds), ces quantités sont constantes sur un
élément.
Méthode des éléments finis 7

VI – Programmation.

Le programme se trouve sur le site : http://iut.univ-lemans.fr/gmp/cours/rdmyd

Source (PASCAL) : elas2d.dpr (application console DELPHI – éditeur : BORLAND).

Exécutable : elas2d.exe .

Exemple de fichier de données : ela_1.txt .

Les données sont lues dans un fichier dont l'extension est : .txt.

Les données et les résultats sont édités dans un fichier qui se termine par : r.txt.

Format du fichier de données :

Le fichier est structuré à l’aide de mots clés.

La partie utile du fichier est comprise entre les mots clés : $debut du fichier et $fin du fichier.

$debut du fichier
$probleme
hypothèse : (1 : contraintes planes, 2 : déformations planes)
$nœuds
- nombre de nœuds
pour chaque nœud :
- numéro
- x (mm)
- y (mm)
$elements
- nombre d’éléments
pour chaque élément :
- numéro
- nœuds (sens trigonométrique)
- module d'Young (MPa)
- coefficient de Poisson
- épaisseur (mm)
$liaisons
- nombre de liaisons
pour chaque liaison :
- type de liaison : (1 : Ux = 0, 2 : Uy = 0, 3 : Ux = Uy = 0)
- noeud lié
$charges
- nombre de charges
pour chaque charge :
- type de charge : (1 = force nodale, 2 = force linéique)
- pour une force nodale : noeud chargé, Fx , Fy (N)
- pour une force linéique : noeuds chargés , fx , fy (N/mm)
$fin du fichier
8 Yves DEBARD

Fichier de données : ela_1.txt

Données du problème et maillage

6 5 4
CONTRAINTES PLANES

E5 E4 Epaisseur : 1 mm
100 mm
Module d’Young : 200000 MPa
E6 E3
3 Coefficient de Poisson : 0.3

7 8 Liaisons :
E2 - Ux = 0 nœuds 7 , 6
- Uy = 0 nœuds 1 , 2
100 mm
y
E1 Forces linéiques : fx = 100 N/mm
x 1 - nœuds ( 2 , 3 )
- nœuds ( 3 , 4 )
2
100 mm 100 mm

$debut du fichier
$probleme
1 hypothèse contraintes planes
$noeuds
8 nombre de noeuds
100 0 x(mm) , y(mm)
200 0
200 100
200 200
100 200
0 200
0 100
100 100
$elements
6 nombre d'éléments
1 2 8 2e5 0.3 1 noeuds , Young (MPa), Poisson , épaisseur (mm)
2 3 8 2e5 0.3 1
8 3 5 2e5 0.3 1
3 4 5 2e5 0.3 1
5 6 7 2e5 0.3 1
7 8 5 2e5 0.3 1
$liaisons
4 nombre de noeuds liés
2 1 type de liaison , noeud lié
2 2
1 6
1 7
$charges
2 nombre de charges
2 2 3 100 0
2 3 4 100 0
$fin du fichier

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