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SDL/L&S Naissance de la grammaire 18.10.

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La grammaire (latin grammatica, du grec : la connaissance des lettres, l'art de lire et


d'écrire), a pour objet une étude du langage dans une certaine perspective. Cette étude se
propose un double but :
1° l'élucidation des structures et des règles qui permettent de bien parler, écrire une
langue particulière;

2° la mise en évidence systématique des éléments constitutifs d'une langue particulière.

Le nom de grammairiens s'applique à ceux qui s'occupent de ces études, bien qu'il soit
aujourd'hui peu nombreux et qu'on aime mieux se traiter de philologue, de linguiste ou de
tout autre nom qui semble plus relevé. Il est vrai aussi, que l'objet de la grammaire a
changé au fil du temps et que le terme de philologue, de linguiste et de grammairien ne
sont plus synonymes. On a ainsi considéré d'abord comme faisant partie de la grammaire
les études consistant à analyser et comprendre les textes, (principalement dans les
langues anciennes), ce qui relève aujourd'hui de la philologie. De plus, on a assigné à la
grammaire pour but de faire la comparaison des différentes langues, ce qui a donné
naissance à la grammaire comparée et qui est aujourd'hui du domaine propre de la
linguistique (linguistique synchronique).

La grammaire proprement dite se limite donc, dans sa forme la plus traditionnelle, à


étudier une seule langue, dans sa forme la meilleure et la plus conforme au bon usage, en
donnant les règles pour la bien parler et l'écrire correctement.

Dans une acception plus contemporaine, la grammaire vise simplement à


l'établissement des règles permettant de produire tous les énoncés possibles dans une
langue donnée.

Il y a ainsi la grammaire de chaque langue, de chaque variété de langage. La grammaire


d'une langue se propose classiquement de connaître deux objets :

1° la manière dont les sons articulés sont combinés pour signifier les idées ; c'est ce qui
est nommé quelquefois la morphologie ;

2° la manière dont les mots constitués sont construits pour exprimer la pensée ; c'est la
syntaxe.

Histoire de la grammaire :
La grammaire est née de la nécessité d'interpréter les textes dont la langue était morte ou
vieillie; elle s'est développée spontanément chez les Indiens, qui voulaient interpréter les
Védas, et chez les Grecs, pour lesquels la langue d'Homère avait besoin d'être expliquée.
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L'Inde communiqua la science grammaticale à la Chine; la Grèce la donna à Rome, d'où
elle passa chez les peuples occidentaux, et aux Syriens, qui la transmirent aux Persans et
aux Arabes. Les premiers grammairiens, chez les Grecs, furent les philosophes et les
dialecticiens, qui commencèrent à étudier la proposition et les parties du discours; Platon
(Cratyle, le Sophiste), Aristote (Rhétorique et les Stoïciens nous montrent les débuts de
cette science.
Denys le Thrace (ling, gram Grec 2s av,j), auteur d'une tekne grammatke, où nous
trouvons une définition de la grammaire qui nous montre le sens qu'on attachait alors à ce
mot :
« La grammaire est la connaissance expérimentale de ce qui se rencontre le plus communément chez les
poètes et les prosateurs. Elle contient six parties : l'art de la lecture; l'explication des tropes; l'art de
reconnaître les archaïsmes et les détails de mythologie et de géographie ; l'exposé raisonné des règles de
déclinaison et de conjugaison; la critique littéraire qui est la plus belle partie de l'art. » .

Les premiers grammairiens :

A partir du XIIe siècle, s'occupèrent assez peu d'étudier les mots et leurs fonctions ; leurs
ouvrages ne furent que des compilations qui devaient servir de thème à l'argumentation et
au commentaire; l'esprit scolastique s'en tenait principalement à l'étude des traités passant
pour faire autorité, dont on discutait les théories en commentant les idées générales sans
se soucier beaucoup de l'usage; tout au plus se référait-on au latin de la Vulgate (ver lat
bib) et des Pères de l'Église.

il fallut arriver à la Renaissance pour que la grammaire latine se fondât sur l'usage des
écrivains latins classiques; Lorenzo Valla ( Rome, 1407–1457), humaniste, philologue et polémiste
italien). (Elegantiaes linguae latinae) fut en quelque sorte le rénovateur de ces études.

Le jésuite Manuel Alvarez (1526 –1582 portugal), continua cette tradition au 15ème et au 16ème
siècle; le plan d'Alvarez fut suivi, en général, par les jésuites qui s'occupèrent des langues
américaines, et la grammaire latine de Lancelot (Grammaire latine de Port-Royal, 1644).

La grammaire grecque, déjà même avant la prise de Constantinople, fut traitée par des
érudits comme Chrysoloras et Théodore Gazis, qui connaissaient les grands écrivains et
songèrent plus à donner les règles de la langue classique qu'à s'occuper de discussions
subtiles; aussi leurs ouvrages sont-ils bien supérieurs aux grammaires latines
contemporaines; et celle de Lascaris, qui vint après, est loin d'être dépourvue de valeur;
mais les premières grammaires grecques qui eurent de la réputation sont dues à des
savants occidentaux, le Flamand Clénard et le Toscan Canini.
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D'autres savants, et quelques théologiens du 15ème siècle, en vue d'une étude approfondie
du Nouveau Testament, composèrent des grammaires grecques : Enoch, Sanchez,
Ramus, etc., jusqu'à ce qu'enfin Lancelot (Grammaire grecque de Port-Royal, 1655) fit
pour le grec ce qu'il avait fait pour le latin en réunissant dans une vaste compilation les
vues et les théories de ceux qui l'avaient précédé. Les grammaires dites de Port-Royal
jouirent d'une grande renommée en France et à l'étranger, et servirent longtemps de
manuels pour l'étude des langues latine et grecque; mais, à mesure qu'on pénétra
davantage dans la connaissance des chefs-d'oeuvre anciens, qu'on collationna les
manuscrits, qu'on remania les textes, et qu'on se rendit un compte plus exact des
caractéristiques de chaque langue, les théories se développèrent avec plus de précision,
et les traités de grammaire, jusque-là presque exclusivement empiriques, prirent un essor
tout nouveau, en s'appuyant sur des principes plus raisonnés.

La grammaire des langues anciennes devint de plus en plus grammaire historique, et


l'origine même des formes, ainsi que leur évolution, fut un des principaux objets d'études;
la syntaxe, jusqu'alors assez négligée, fut une des parties importantes de tous les
ouvrages.

Enfin, pour contribuer plus efficacement encore à la connaissance des langues, des
savants plus particulièrement familiarisés avec un auteur classique entreprirent de donner
des grammaires de la langue spéciale d'un grand écrivain ; c'est ainsi que nous avons des
études sur la langue d'Homère, de Virgile, des Pères de l'Eglise, etc. La connaissance du
sanscrit, favorisée en particulier par l'occupation anglaise des Indes, fut le point de départ
des études de grammaire comparée.

La grammaire française :

L'étude de la langue française ne commença qu'au 15 ème siècle; au Moyen âge, il n'y a
pas de grammaires françaises, bien qu'il existe déjà, en Angleterre, des traités de
prononciation du français. On distinguera, pour l'histoire de la grammaire du français, deux
périodes :

1- de Palsgrave (1530) à Vaugelas (1647);


2- 2° après Vaugelas.

Dans la première période, nous trouvons deux classes de grammairiens : les uns,
connus sous le nom de maîtres de langues, font des grammaires pour apprendre le

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français aux étrangers, Anglais, Allemands, Hollandais; les autres sont des Français qui
composent des ouvrages pour donner de l'importance à leur langue et rivaliser avec les
grammairiens latins et grecs ; ils s'occupent surtout de la prononciation et de
l'orthographe. Parmi les premiers, Palsgrave (1480-1554 uk) est le plus connu, était un
prêtre catholique à la cour de Henri VIII d'Angleterre. Il est l'auteur de Lesclarcissement de la
langue francoyse. C’est un ouvrage écrit en Anglai malgré son titre français et publié en 1530 est
considéré comme la première grammaire de la langue française. Il s'adressait à des Anglais voulant
apprendre le français.

Les Remarques de Vaugelas (1647) font époque dans l'histoire de la grammaire française;
elles eurent une grande influence surtout sur la langue écrite, et assurèrent au style
français deux qualités précieuses: la netteté et la régularité. Vaugelas est pourtant un
faible grammairien, en ce sens qu'il s'occupa exclusivement de l'usage et voulut décider
des cas douteux seulement par le raisonnement, sans chercher d'appui ni dans le latin ni
dans la langue du Moyen âge.

Olivier Patru (né en 1604 à Paris et mort le 16 janvier 1681, est un avocat et écrivain français).
rechercha les causes de certains faits dans l'ancienne langue.

La publication du Dictionnaire de l'Académie (1694) et ses éditions successives


ravivèrent encore les études grammaticales et surtout la recherche du bon usage; les
travaux sur cette partie de la grammaire deviennent de plus en plus nombreux au XVIII e
siècle; citons les noms de d'Olivet, Dumarsais, de Wailly, Domergue.

Plus près de nous, enfin, Auguste Lemaire (1802-1887) publia une grammaire bien
supérieure (Grammaire des Grammaires ou Analyse Raisonnée des meilleurs traités sur la langue
française), dont les définitions sont généralement nettes et justes, et qui a le mérite de citer
exclusivement des écrivains faisant autorité ; notons encore la Grammaire comparée de la
langue française du professeur suisse Ayer. Nous ne pouvons terminer cette rapide
histoire de la grammaire française jusqu'au seuil du XXe siècle sans citer le grand nom
d’Emile Littré (1801-1881), dont les travaux sur la langue française ne sont pas un des
moindres titres de gloire.

De tels ouvrages ont été composés pour toutes les langues, et chaque peuple peut faire
ainsi l'histoire de sa grammaire.

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D'autres savants, guidés par une pensée plus philosophique, s'attachèrent à considérer le
langage en lui-même, dans son essence première, et à découvrir les lois de sa structure
intérieure, dans leur rapport avec les opérations de l'esprit, indépendamment de toute
langue particulière; ce genre d'études fut appelé grammaire générale, ou « la science
raisonnée des principes communs à toutes les langues » (Littré). Mais les théories
grammaticales n'en sont pas restées là; la grammaire se créa encore d'autres domaines,
ou plutôt l'observation des phénomènes du langage donna lieu à des études plus élevées,
à mesure que la connaissance des langues devint plus étendue.

Des esprits chercheurs et audacieux ne se contentèrent plus d'étudier le langage en


purs philosophes ou en simples grammairiens; ils considérèrent non plus le langage dans
ses principes, ni une langue unique dans sa structure; ils embrassèrent dans leurs travaux
plusieurs langues qui leur parurent avoir des affinités, puis, tentant enfin une classification
des langues, les distinguèrent en groupes et en familles, pour étudier les divers idiomes
d'un même groupe dans leurs ressemblances et leurs différences, les ramener à leurs
types primordiaux et découvrir les lois de leur évolution respective, au triple point de vue
phonétique, flexionnel et syntactique : c'est là l'objet de la grammaire comparée, terme qui
chez nous s'est substitué dans l'usage au nom plus exact de grammaire comparative, que
lui donne la science allemande. Enfin l'on reconnut, en ce qui concerne une langue
unique, qu'il ne suffisait plus de l'étudier dans sa forme actuellement vivante, et de
constater simplement les lois de son développement général; on voulut connaître les
intermédiaires entre son origine et son état présent; on rechercha les monuments de cette
langue aux différentes époques de sa vie, on en publia et commenta les textes, on
reconnut les stades de son évolution, les aspects divers qu'elle revêt dans le cours des
siècles, et l'on établit ainsi, par une méthode d'investigation appropriée, à l'aide de la
diplomatique et de la paléographie, la grammaire historique de cette langue, c.-à-d.
l'histoire de ses états successifs et de leur enchaînement pendant toute la durée de son
existence.

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